Point Break (Matt)

02.12
La séance de Quidditch avait été plus que désastreuse. Concentré comme jamais avec les Faucons, ceux de l’équipe de Poudlard me rendait chèvre. Justement, parce que contrairement aux autres joueurs professionnels avec qui je jouais, ceux de Serdaigle étaient, des chèvres. J’avais l’impression de régresser à chaque entraînement et ça me rendait folle. Je perdais mon temps, j’en avais la conviction la plus profonde mais en même temps, je me devais pour ma Maison d’être dans cette équipe. C’est donc, dans cette sombre pensée que je traversais le parc du château pour me rendre à Poudlard. J’étais arrivé à la moitié du chemin, quand un Aras rouge arriva vers moi pour déposer une lettre. Je reconnaissais l’oiseau entre tous… D’une main tremblante, je dépliais la lettre que venait visiblement de m’envoyer mon père.

« Alejandra,
Je suis avec grand intérêt ton équipe de Quidditch et ton évolution. Je vois que ton équipe n’est pas au meilleur niveau, et je me demande si tu devrais continuer dans cette voie. Les Montero ne restent pas longtemps dans l’échec, et j’espère que tu redresseras le tir et fera bientôt pencher la balance pour eux. Car, même si je suis toujours contre cette folle idée de devenir joueuse de Quidditch Professionnel, je pense que tu ne te donnes pas encore assez. Quand les Montero font quelque chose, ils y vont à fond. N’oublie pas tes études, et nous nous verrons à Noël pour parler de tes résultats scolaires et voir, s’ils n’ont pas subi le même sort que les Faucons.
Embrasse Selma, bien à toi.
Père. »

Mes mains se mirent alors à trembler, et de rage des larmes commencèrent à perler. Courant à toute vitesse vers l’arbre le plus proche, je sentis la nausée m’envahir à cause de cette lettre. Rapidement, je me mis à l’abri d’un bosquet et je me mis à vomir. Échappant mon balai, la main tremblante, j’entendis une voix derrière moi me parler, sans vraiment savoir ce qu’elle me disait, je me contentais d’un simple et bref :

« ‘vais bien, pas d’soucis... »

02.12
Alors que je remonte le chemin en direction du château après une bonne balade à Pré-au-Lard, je vois passer en trombe devant moi du bleu et argent en direction des arbres. Ma curiosité titillée, je me dirige vers la personne et arque un sourcil en reconnaissant la silhouette qui disparaît dans un bosquet. Le son qui s’en élève par la suite me fait froncer le nez et je préfère garder mes distances.

« Monterro ? Est-ce que ça va ? »

Que je demande malgré tout inquiet. Il ne me semble pas qu’elle soit du genre à trop arroser son vendredi soir, veille d’entraînement, contrairement à certains faibles d’esprit tel que moi… La réponse qu’elle me donne étire mes lèvres dans un sourire amusé. Bah voyons ! C’est évident, elle a rendu ses tripes pour le fun. Je me rapproche finalement encore un peu, pour admirer le visage ô combien rayonnant de la Serdaigle.

« Tu as l’air en pleine forme, oui… »

Je fais glisser mon sac à dos de mon épaule, l’ouvre, y glisse une main et en ressors un paquet de mouchoirs et une bouteille de jus de citrouille. Je replace mon sac dans mon dos, sors mon briquet de ma poche de veste et décapsule la bouteille que je tends à Alejandra, accompagnée d’un mouchoir en papier.

« Pour… tu sais, te rincer la bouche... »

Je détourne le regard pour ne pas la mettre mal à l’aise, bras toujours tendu dans sa direction.

Pourquoi était-il aussi gentil avec moi ?
C’était la question que je n’arrivais pas à m’enlever de la tête. Après tout, l’image que je renvoyais à tous n’était pas des plus ouvertes, car je ne voulais imposer à personne mes troubles et mes problèmes. Et pourtant, certains semblaient s’obstiner. Et ils étaient tous dans cette même foutue maison Poufsouffle. Attrapant la bouteille de jus de citrouille, je fis une grimace. Je n’aimais pas spécialement ce breuvage anglais, mais j’étais trop impolie pour refuser ça. Dans une grimace, sinistre, je m’exécutais tout en essuyant mes lèvres. Je me redressais alors :

« Merci Matt’. » dis-je en lui rendant sa bouteille.

Je me penchais en arrière, encore sous le choc de cette fichue missive. Mes yeux se posèrent sur lui. Qu’est ce que je pouvais bien lui dire ? Que j’étais malade ? Que je ne me sentais pas bien ? Non. Après tout, il méritait la vérité, pourquoi mentir à quelqu’un qui, sans poser de question, était venu de son plein gré m’aider ?

« Mon père me met une pression de dingue. Il trouve que les études sont plus importants que ma carrière de joueuse Professionnelle de Quidditch. Du coup, je suis obligée de mettre les bouchées doubles, parce que j’ai pas spécialement envie de retourner à la Havane. »

Je lui fis un sourire désolé. Parce que je ne voulais pas l’ennuyer avec mes problèmes. Dans un petit soupire, je m’appuyais contre l’arbre sur lequel j’avais vomi, et finalement, voyant que la galette était là, je me déplaçais pour aller marcher un peu, histoire de reprendre un peu d’oxygène.

« Mais je veux pas t’emmerder avec mes problèmes. On en a tous assez pour prendre ceux des autres… »

Reprenant un peu des couleurs, je lui fis un petit sourire en coin, me tenant le ventre et l’observant dans les yeux. Je savais que j’aurai du aller à l’infirmerie, mais j’avais un cours de Métamorphose et il fallait absolument que j’y assiste pour rattraper ma moyenne.

« Tu es toujours aussi gentil ? » dis-je de but en blanc.

Je le regardais toujours dans les yeux, avec ce regard noir de jais qui avait souvent tendance à être perturbant car je ne cillais pas beaucoup.

02.12
J’incline la tête face à ses remerciements mais quand elle me rend la bouteille je me retrouve comme un con. C’est que je n’avais pas prévu de la récupérer ! Je regarde autour de moi, paumé, ne sachant même pas ce que je cherche, finis par vider la bouteille dans la neige déjà souillée et ramasse la bouteille vide dans mon sac avant de reporter mes yeux sur la Serdaigle.

« Oh... »

Je me frotte l’arrière du crâne quand elle expose les raisons pour lesquelles son estomac s’est vidé. Les parents. Sujet compliqué. Sujet délicat. Sujet que je ne maîtrise absolument pas. Et, dans ces cas-là, j’ai tendance à en dire trop, ou pas assez, et surtout pas comme il le faudrait. C’est Ash qui a hérité du don des mots, elle vous cloue le bec en un rien de temps…

« Les parents… » Je commence, hésitant. Surtout que tu peux même dire triples, les bouchées ! T’enchaîne et le Quidditch à Poudlard et en dehors… Je n’ai jamais compris pourquoi tu t’emmerdes à continuer ici, d’ailleurs. »

Le Quidditch, là je suis déjà un peu plus à l’aise et je retrouve un sourire franc. L’un des rares sports que j’aime pratiquer et l’une des rares implications que j’ai. Ça et le petit groupe de geek du vendredi soir…

« Puis cette année on a tous perdus des joueurs pas trop mauvais pour récupérer des mous du genou... L’autre jour j’étais à deux doigts d’envoyer le cognard sur l’un des nouveaux poursuiveurs tellement il me gavait. »

Par chance, @Artémisia MacKintosh a su repérer mon agacement et a détourné mon précieux petit cognard. Ça m’a évité des emmerdes, c’est toujours ça de pris. Ça a du bon de faire équipe avec la préfète, elle garde la tête sur les épaules. Tant que Popplewell n’est pas impliqué, du moins. Je fronce les sourcils à sa question. Je n’ai pas l’impression d’avoir fait quelque chose de particulièrement remarquable en venant vers elle, ce n’est pas spécialement chevaleresque que de filer à boire et un mouchoir. Je hausse les épaules, perplexe.

« Bah... c’est que je n’ai pas de raison de me comporter comme un dick head… si ? »

Je plante mes prunelles dans les siennes, sombres. Ce regard si noir m’extirpe un sourire en coin, léger.

« Pour en revenir à ton problème… Je ne vais pas avoir de parole rassurante sur ton paternel. Parce que je n’y connais rien. J’ai perdu le mien quand j’étais petit. Et ma mère… Je ne sais même pas si elle réalise où je suis… Il prend le temps de t’écrire… même si c’est pour te dire de la merde. »

Mes yeux se perdent sur le parc du Château.

« Je pense qu’on est à un âge relou. Celui où faut vraiment commencer à cogiter sur ce qu’on est. Sur ce qu’on veut… Qu’est-ce que tu veux, toi ? »

Récupérant petit à petit des couleurs, je me mis à sourire quand il me parla du Quidditch. Cherchant mes mots, car malgré le fait que je parle parfaitement l’anglais il y avait toujours un léger temps de traduction dans mon esprit, je déclarais mi sérieuse mi amusée :

« Tu essaies de me convaincre d’arrêter pour que vous ayez des chances ? Ahah… Plus sérieusement, je dois me donner à fond, partout. Tu comprends ? Si je veux me faire remarquer, je dois briller ici et en dehors de l’Université. Les recruteurs suivent aussi les matchs de Poudlard. »

Quand il me parla de Dick Head, je me mis à sursauter. Pourquoi il me parlait de son pénis ? Je me mis à rougir, ne comprenant pas du tout l’expression étant donné que j’étais d’origine étrangère. Mais ça, je l’avais appris plus tard, à mes dépends. Parler une langue c’était plus ou moins facile, mais comprendre toutes les subtilités de cette dernière… C’était d’un autre niveau.

« Attends… Pourquoi tu me parles de ton sexe là ? Et de ta tête ? T’es genre un pervers bizarre ? J’te préviens tout de suite Matthew, je suis pas pour ce genre de jeu étrange… Même si t’es mignon, là tu vas un peu vite je trouve. »

J’avais les joues un peu rose par le sujet de discussion qui était devenu bizarre tout d’un coup. Il parlait de mettre son affaire quand même, sur sa tête ou sur la mienne. Je ne comprenais pas d’où ça sortait tout d’un coup. Et d’ailleurs, je me retrouvais un peu bête. Puta, ça devait être une de leurs foutus expressions et j’étais passé à côté. Rouge de honte cette fois-ci, je baissais les yeux.

« C’est une expression en vraie… Bon sang… Quelle conne. Il faudrait que j’en lise plus sur le sujet. Qu’est ce que ça veut dire ? J’veux dire… C’est dégueulasse cette histoire de sexe et de tête… Enfin ça à l’air dégueux. J’ai dit un truc qui fallait pas pour que tu me dises ça ? »

Je revenais quand même sur le fait qu’il ait perdu son père. Malgré la gêne que venait de prendre la conversation à cause de l’expression que j’avais visiblement manqué, je me contentais juste de répondre :

« Ah. Désolé je savais pas. Moi j’ai perdu ma mère aussi. Je sais, c’est pas une compétition. Mais… je comprends. Ce que je veux hein… Dans l’immédiat, pas un truc du genre dick head ! Ahaha et euh… à vrai dire j’en sais rien. Juste être reconnue telle que je suis... Mais je pense que c’est beaucoup demandé. »

02.12
Wait… wut ? Je n’ai clairement pas anticipé ce coup-là et elle part un peu trop loin dans ces déductions ! Merde, ce que je peux être idiot ! Autant j’ai l’habitude que ceux n’ayant pas évolué dans le monde moldu ne pige pas toujours mes expressions mais là le malentendu est bien plus grand ! Je lève les mains dans une volonté d’apaisement. J’ai entendu parler de son tempérament, je n’ai pas spécialement envie de me prendre une baigne, même si je m’en collerais bien une, là, tout de suite, pour cette connerie.

« WOW ! Je t’arrête tout de suite ! C’est une expr… »

Avant que je n’ai le temps de terminer ma phrase, elle en arrive elle-même à cette conclusion. Oui, une expression ! Je souffle, soulagé, parce que ça commençait à prendre de sacrées proportions. Je tique lorsqu’elle me dit mignon. Ah, cumulé à son comportement lors du cours de potion… Mais la priorité reste de calmer le délire !

« Non, c’est de ma faute. Ça ne m’est même pas venu à l’idée que… C’est une expression, oui. Attends, comment il disait l’autre déjà là… »

Je claque des doigts alors que je tente de me souvenir de l’insulte préféré de l’étudiant étranger qu’on avait eu en échange au lycée. Comme on était tous des gamins bien charmants, ça se lançait des insultes à tout bout de champs. J’ai un sourire nostalgique en y repensant. C’était une époque plutôt sympa, au fond, si on oublie la pression que mon frangin me mettait à vouloir me faire rentrer dans ses combines ou les odeurs d’alcool qui émanaient de la chambre de la daronne… Le lycée c’était assez drôle quand on arrivait à esquiver les emmerdes. Et ça me revient enfin, du moins ça remonte sur le bout de ma langue.

« Gili… Guli… AH ! C’est gilipollas, non ? J’crois que c’est ça. Je voulais dire que je n’ai pas de raison de me comporter comme un connard. »

Et j’ai encore moins envie de l’être après l’avoir vu aussi gênée. Si le rouge ne lui va pas si mal au teint, j’ai pas envie d’en être à nouveau la raison, pas pour des bêtises pareilles. Et voilà que la batteuse adverse m’attendri, bordel.

« Désolé pour ta mère. »

Je ne suis pas d’humeur à m’étendre davantage sur le sujet des parents disparus. Parce que ça ne mènerait à rien de bon et le but n’est pas de plomber l’ambiance.

« T’es impressionnante, Montero. J’pense pas que je pourrais tenir un rythme pareil. Mais rassure-moi, tu prends le temps de décompresser, quand même ? »

Le contenu de son estomac au pied du buisson laisse entendre le contraire.

Le fait qu’il soit gêné me fit légèrement sourire. Il était assez mignon dans son genre quand il s’y mettait. A croire qu’il n’y avait que les jaune et noir dans cette Université capable de ça, sans contre partie et de manière tout à fait naturel. Tout en marchant vers le Château, je restais un momeht silencieuse avant de dire :

« Ah ! Ok, je comprends mieux. C’est enregistré te mets pas dans cet état c’est pas la première fois que ça m’arrive... »

Je me mis à ricaner, car effectivement ce n’était pas la première fois que quelque chose dans le genre m’arrivait. Quand il s’excusa pour ma mère, je m’assombris un peu. Ce n’était pas vraiment à lui de s’excuser dans cette Université, et quand bien même des excuses arriveraient, je ne les accepterai jamais. La famille Almadovar m’avait pris ma mère, et rien ne pourrait changer le courroux que j’avais contre eux. Mais bien évidemment, je me gardais bien d’en parler à Matthew. Il n’avait pas à être mêler à ça ; et de toute manière, il n’aurait rien pu faire pour moi.

« C’est rien t’inquiète. On apprend à vivre avec, mais je t’apprends rien old boy. »

Je me mis à sourire, au moins cette expression là je la maîtrisais parfaitement. M’arrêtant en chemin, parce qu’une montée de stresse était de retour, je fis une horrible grimace et je m’accrochais à son bras. Le stresse reprenait de plus belle, me faisant sentir mal à nouveau mais cette fois-ci pas au point de vomir. Je serrai un peu les dents et je me rendis compte que j’étais littéralement accrochée à son bras.

« Je… je veux bien qu’on marche encore un peu. »

Mon balai lévita à côté de nous et je restais là, à le serrer tout bêtement. Je n’avais qu’une trouille, c’était me retrouver seule dans un moment pareil et je ne savais pas si Selma était disponible. Elle avait d’autres Matagots à fouetter en ce moment et je ne voulais pas la déranger avec ça.

« J’ai du mal, justement. Je dois être parfaite, réussir dans tout ce que j’entreprends, sinon mon père me ramènera à Cuba, et c’est la dernière chose dont j’ai envie pour le moment. J’ai… j’ai des choses à faire ici avant de rentrer et… je me sens plutôt bien en Grande Bretagne… Qui l’aurait cru hm ? Au départ je ne voulais pas venir. »

Mes joues étaient toujours pâle mais j’accordais quand même un petit sourire à Matthew, étrangement confiance à l’idée de lui faire quelques petites confidences. J’étais bien, là, à son bras. A parler de tout et de rien, et surtout, je n’allais pas me retrouver seule dans une pièce sinistre de ce château, qui manquait de couleur à mon goût.

02.12
Quand elle grimace soudainement, j’hésite à reculer, au cas où… sauf qu’elle s’accroche à moi, m’empêchant toute fuite. Je déglutis, me préparant au pire, priant pour que ma précieuse veste ne soit pas la victime de sa prochaine nausée, et acquiesce rapidement quand elle dit vouloir marcher. Ok… Ok, du moment que rien d’autre que des mots ne sort de sa bouche, ça me va. Je respire comme si j’étais le nauséeux et réalise que la proximité de la demoiselle y est pour quelque chose, et non son état. Depuis l’autre jour, depuis que je me pose des questions sur le regard qu’elle porte sur moi, le mien a quelque peu changé, ce qui explique ce début de nervosité qui me prend. J’éloigne ces pensées alors que je l’écoute. Je grimace quand elle confirme ce que je pensais. Montero n’a pas d’interrupteur pour couper cette dangereuse pression… J’acquiesce de la tête et ne peux retenir un rire.

« C’est notre gastronomie qui t’a convaincue, c’est ça ? Ou le climat britannique ? Je comprends, trop de soleil c’est usant. Et c’est très mauvais pour la peau ! »

Je glisse mes mains dans mes poches pour échapper au froid mordant alors que la brune est toujours accrochée à mon bras. Mon visage perd le sourire amusé pour reprendre cet air inquiet quant à sa situation. A ce rythme il n’y a pas que la pelouse qui va prendre cher. Alejandra pourrait ne pas tenir jusqu’à la fin du semestre…

« Sérieusement, il faut que tu prennes le temps de souffler. Je ne te dis pas de relâcher tes efforts, loin de là. Mais… accorde-toi quelques heures. Pour justement repartir de plus belle. »

J’évite la métaphore de la batterie à recharger, les sorciers boudant encore l’électricité, ce serait encore une expression incomprise.

« Fais un truc qui te plait. Qui t’amuse. Qui te videra la tête. Sans te coller aucune pression. Qu’est-ce que t’aimes faire ? En dehors du Quidditch, je veux dire. »

Pour ma part je n’ai jamais vu ce sport comme quelque chose d’aussi important que ça l’est à ses yeux. Oh, c’est un plaisir d’y jouer et d’être dans l’équipe, je ne prends pas mon poste à la légère, j’en suis même fier. Mais je n’ai pas autant d’attente qu’elle, je me donne le droit à l’échec. Une défaite n’est pas la fin du monde… Parce que ma vie ne s’y limite pas. Si j’ignore ce que l’avenir me réserve, je ne pense pas que ça implique un balai volant ou une batte…

« De mon côté, jouer de la guitare ça me détend. Des fois ça me permet même d’exprimer ce que je ne parviens pas à faire avec des mots. Du genre quand j’ai un coup de blues mais que je n’arrive pas à en trouver l’origine… Une fois mes doigts sur les cordes, une fois les premiers accords… ça fait tilt. Ça vient par images, par sensations… Alors ok, c’est pas toujours ce qu’il y a de plus agréable sur le moment, mais après je me sens mieux. Parce que je peux passer à autre chose. » Je hausse les épaules avant de repartir sur une note moins sentimentale. « Les jours où je suis énervé, là, par contre… c’est vraiment d’envoyer des cognards sur des abrutis... Ou à défaut, sur des mannequins d’entraînement. »

Je me mis à ricaner sur la gastronomie. Portant mes yeux noirs vers lui, je ne puis me dire intérieurement que je n’étais pas tombé mieux ce soir. Il était attachant, à sa manière et surtout prévenant. D’un air amusé, je continuais d’avancer et je déclarais sur le même ton que lui :

« Non, pour la musique… John Lenon disait que le Rock français c’était la même chose que le vin anglais… Je sais pas si tu connais. C’est un artiste moldu. J’en écoutais beaucoup dans ma chambre quand j’étais seule. Mon père me l’interdisait, tu penses bien… Mais sérieusement.. T’as déjà entendu la musique du monde magique ? Qu’est ce qui tourne pas rond avec les sorciers musiciens... »

Je n’aimais pas particulièrement les moldus par éducation. Mais, il fallait dire que s’il y avait bien une chose qui me captivait chez eux, c’était la musique. A croire que le manque de magie dans leur sang les avaient poussé à le mettre ailleurs. Toutes leurs compétences culturelles s’étaient bien plus développé que la notre et de ce point de vu là, ils nous étaient bien supérieur. Je me revoyais encore, mettre les disques dans ce vieux tourne disque que j’avais récupéré dans la chambre de ma mère à la Havane…

« Qu’est ce que j’aime faire en dehors du Quidditch et des études ?... »

La question résonna en moi. Hormis ce que je venais de lui avouer, pas grand-chose. Je m’étais pris de passion pour la quiddtich, et les matières sur laquelle j’avais plus d’avantage, car les lectures poussées que j’avais d’elles me permettaient de m’évader. Botanique, potions, et soins aux créatures magiques. Ca aussi, j’aimais bien. Mais je n’avais pas le droit de le dire étant donné qu’on était issue d’une famille de contrebandier notoire. Et puis, je lui en avais assez dit sur moi.

« Pas grand-chose, je crois. J’ai pas une vie passionnante tu sais. J’ai pas beaucoup d’amis, en dehors de ma sœur. Je suis pas fréquentable, regarde. »

Je pointais derrière moi d’un air mi amusée mi sérieuse la galette que nous avions abandonnée. Alors que nous nous rapprochions de la porte, je serrai le bras de Matthew contre moi. Il pointait si juste, si vite et si… Naturellement. Peut être que j’allais m’en faire un bon ami ? Ca ne se bousculait pas au portillon. Mais en même temps, j’étais tellement sur les nerfs en permanence que je n’avais pas la bonne attitude pour m’en faire.

« La musique, c’est bien comme passe temps. T’as raison. »

Je me fis plus mutique. Alors que nous arrivions prêt de la porte, plusieurs étudiants nous regardèrent étrangement. Quoi ? Ils avaient jamais vu deux amis se tenir par le bras ? Qu’est ce que les britanniques pouvaient être puritain. Mais je tins bon et je continuais d’avancer le plus lentement possible vers la porte.

« Tu joues quoi comme style de musique ? Même si ton look fait que c’est évident, p’t’être que tu joues du basson j’en sais rien. Vous êtes tellement surprenant vous les anglais... » dis-je avec un léger sourire.

Je m’arrêtais. Et je me tournais vers lui pour juste rajouter un peu solennellement :

« En tout cas, merci de ne pas t’être moquer de moi Matthew. Et de prendre soin de moi. » dis-je brusquement.

Parce que c’était le genre de chose qui me touchait énormément, et dont je me gardais bien de dévoiler à la face du monde...

02.12
D’abord @Eynaelle Sanderson qui me fait le coup de reconnaître les Beatles, maintenant Montero qui me cite John Lennon. Ça me la coupe tellement que je m’arrête quelques secondes et la fixe, intrigué, les yeux légèrement plissés alors que mon visage se fend d’un sourire en coin. C’est une question que je me suis sérieusement posé quand j’ai découvert la musique du monde magique. Si quelques morceaux se tenaient, la majeure partie n’était que de la bouse parsemée d’allusions à l’univers de ces… artistes. Ils doivent être de bien piètres lanceurs de sorts.

« Lennon, rien que ça ! » Je reprends notre petite marche en direction du château. « Je pense qu’ils font l’erreur de s’appuyer sur la magie qui coule dans leurs veines au lieu de chercher celle des mots ou des notes... »

Si même les sorciers sont d’accord pour dire qu’il y a un sérieux problème avec ce que certains osent appeler musique… Myron Wagtail devrait prendre mes hiboux un peu plus au sérieux, bordel !

« C’est vrai que si tu gerbes à tout bout d’champs c’est pas ce qu’il y a de mieux pour attirer les foules… D’ailleurs, si tu pouvais t’abstenir de recommencer, ça m’arrangerait. Certaines choses ne sont pas faites pour ressortir ! » Je porte le poing fermé devant ma bouche, comme pour bloquer un hoquet de dégoût, avant de partir dans un sourire goguenard qui s’évanouit alors que je plonge mon regard dans le sien, pensif.  « Mais je pense que tu te trompes, que t’es bien plus intéressante que ce que tu crois... »

Je détourne rapidement le regard et me râcle la gorge. Cette proximité est vraiment perturbante et elle appuie sur l’un de mes points les plus sensible en me parlant musique. Je m’accroche volontiers au sujet de conversation et m’y focalise, plus léger.

« C’est plus qu’un passe-temps, pour moi. Ça m’a tiré d’un mauvais pas, c’est comme l’oxygène qui nous permet de respirer, de vivre. Sans la musique, je pense que je ne serais pas là à discuter, avec toi. »

Bon, pas si léger que ça. Son soudain silence me pousse à l’observer pour vérifier que mon petit discours n’est pas responsable de son mutisme et je suis son regard. Oh… Des voyeurs. Je grogne à leur vue.

« Ne fais pas attention à eux ! Depuis que @Chelsea Waldorf m’a mentionné dans sa feuille de chou ils me regardent tous comme des veaudelunes dès que je parle à une nana. C’est fatiguant d’être un sex-symbol ! »

D’un geste de la main je balaie la vision de ces fouineurs avant de leur adresser un doigt. Certains me regardent déjà comme une bête de foire à l’occasion, je n’avais pas besoin de cette publicité supplémentaire avec la Serpentard !

« Evident ? Figure-toi que j’étais un vrai tueur à la flûte à bec ! Mais les goûts et les couleurs… Thomas, mon frangin, a explosé ma flûte et ma carrière est morte avec. J’ai plus de facilité avec du rock, voire du métal, mais le classique ça me fait de l’œil. J’arrive plus ou moins à maîtriser l’Eté de Vivaldi, j’suis pas peu fier ! »

Je bombe le torse avant d’être interrompu dans cette avancée d’escargot qu’on avait depuis plusieurs mètres. J’arque un sourcil face à ses remerciements et fronce les sourcils.

« Tu as dû avoir affaire à de sacrés abrutis pour être épatée alors que je n’ai fait que… marcher… Je serais quand même plus rassuré quand t’auras retrouvé tout ton mordant ! »