Point Break (Matt)

Je m’arrêtais devant la grande porte de Poudlard, écoutant Matthew et ne voulant pas ouvrir cette dernière pour deux raisons. Déjà, je n’avais pas envie de briser ce moment, car je savais qu’une fois dans le Hall, les Poufsouffles et les Serdaigles étaient à deux endroits opposés du Château. Et en plus, je n’avais pas envie de le couper dans son monologue. Pour une fois que quelqu’un me parlait… C’était si rare. Je ne savais pas s’il fallait sourire ou me mettre en colère contre la petite Serpentarde au journal si agressif (Chelsea), je préférais donc baisser les yeux et dire :

« T’inquiète pas. Au bout d’un moment, elle va se ridiculiser toute seule et plus personne n’accorda de crédit à son stupide journal. »

Je l’écoutais parler musique. Ca m’apaisait sincèrement. Finalement, je tournais la porte du Hall, me disant qu’au final il pouvait peut être m’accompagner plus loin. Je n’osais lui demandé, mais intérieurement, j’espérais. Parce que je n’avais pas du tout envie de rester seule. Quand il reparla de ma galette, mes pommettes virèrent un peu au rouge à cause de la gêne que cela me procurait.

« C’est ce que tu penses réellement ? Que je suis plus intéressante que je le crois ? »

Je m’étais arrêté, alors que les étudiants passaient, plus nombreux. Je le libérais de mon étreinte et je le fixais dans les yeux en relevant ces derniers, sombres et tristes vers lui. Avait-il la clairvoyance de voir la réalité au fond de moi ? Comment faisait-il ? Je gardais un léger silence et je poursuivais quand même avant qu’il ne réponde :

« C’est juste que c’est rare, c’est tout. D’habitude, j’invite pas trop à ce qu’on s’inquiète pour moi. Mais toi, t’as l’air à part. »

Je lui posais un doigt sur sa poitrine, en le poussant très légèrement et en m’amusant avec lui. Un sourire apparut sur mes lèvres, sincère. C’était si rare qu’on aurait pu croire à un film d’horreur. Enlevant ma main, je lui dis d’un air amusé :

« C’est ça qui fait de toi un sex-symbol Monaghan ! »

Je lui fis un léger clin d’oeil. J’aurai voulu resté là, à parler de tout ça avec lui une éternité. Tellement il m’apaisait, j’avais même envie de le ramener avec moi, et de le garder pour toujours. Mais… il avait une vie et je ne pouvais pas kidnapper un Poufsouffle pour le ramener dans les quartiers des Serdaigles sans que ça passe inaperçu.

« Je crois qu’on va devoir se séparer ici. La Tour Serdaigle est par là, et chez les Pouffy, c’est dans mon dos. Merci pour tout ce que tu as fait et dit. »

Je levais mon doigt et je le déposais avec calme et douceur sur sa joue, au niveau du coin des lèvres et je déclarais :

« T’aurais eu droit à un baiser d’adieu ici, si j’avais pas vomi. »

J’enlevais ma main, et je le laissais avec cette information. Savoir si c’était vrai ou faux, ou une plaisanterie, il n’en saurait jamais rien. Je me reculais, observant ma tenue de Quidditch qui faisait grise mine.

« Faudra qu’on se revoit, pour boire un verre et que tu m’en dises plus. Non ? » demandais-je avec une petite pointe d’espoir dans ma voix.

02.12
Ma bouche se tord dans une moue dubitative. Chelsea sait manier les mots et parler des sujets qui attisent l’intérêt des lecteurs. C’est vendeur et elle le sait. Le monde moldu regorge de torchons pareils… Sans parler des réseaux sociaux qui sont inconnus aux sorciers.

« Je ne pense pas. Il y aura toujours des gens pour la lire. Mais je ne m’inquiète pas. Ça me donne juste un avant-goût de célébrité... et c’est assez désagréable en bouche. »

Le rouge de ses joues me fait hausser un sourcil. Cette facette de sa personnalité me surprend, je la pensais plus dure à cuir alors qu’au final elle serait comme tout le monde, remplie de doute, d’incertitude et d’un manque de confiance ? Uh.

« On est tous plus que ce qu’on laisse paraître, non ? Pourquoi ce ne serait pas ton cas ? »

A part ? Je prends ça comme un sacré compliment ! Moi qui m’évertue à ne rentrer dans aucun moule même si, inconsciemment, je joue le rôle qu’on m’attribue certainement. A Londres j’étais le gamin paumé, un peu chelou. Ici, le né moldu totalement weirdo qui tente d’imposer son style ringard, tête haute, cheveux au vent…

« C’est parce que je suis cinglé. Ou particulièrement con, selon les avis. Plus on est désagréable et plus j’ai envie de sympathiser. » Mon regard se fait plus sérieux alors que je fixe le sien, songeur, interrogateur. « Et plus t’es sympa, plus j’ai peur. »

J’ai un éclat de rire quand elle me pousse du doigt en pointant ce qui, selon elle, ferait ma renommée.

« Ma folie, donc ? Je pensais que mon succès était dû à mes cheveux... »

Je secoue la tête, libère ma crinière indomptée comme dans l’une de ces publicités pour produits capillaires. L’Oreal, I’m in ! De nouveaux remerciements qui me laissent encore une fois perplexe. Je n’ai rien dit de particulièrement intelligent, enfin pas que je sache… Peut-être quelques traits d’esprit, mais rien d’exceptionnel.

« Encore une fois, je n’ai fait que marcher. T’étais juste sur mon chemin. »

La suite me laisse pantois ! Je reste figé, n’ose plus bouger et reste comme un idiot la fixer alors qu’elle balade son doigt. Elle se prend pour E.T. ?

« Pour commencer… wut ? Direct un baiser ? Je ne suis pas un garçon facile ! Ensuite… ouais, merci de t’abstenir, tu vas finir par me retourner l’estomac. D’ailleurs, si on pouvait ne plus reparler de gerbe, avant que je l’ai… »

Je grimace en me tenant le ventre. Je ne plaisante qu’à moitié. Si je peux encaisser la vue de quelqu’un de malade… Je ne suis pas un fétichiste chelou. Y repenser à tendance à me donner envie d’aller me planquer dans ma piaule et d’écouter un bon vieux disque histoire d’oublier tout ça ! Encore nauséeux, je fronce les sourcils à sa proposition. Une bière pourrait faire l’affaire et calmer mon estomac, le houblon est une autre de mes passions… Cependant…

« Je commence vraiment à flipper... »

Ça sort d’où ce bordel ? En une année c’est à peine si on s’est adressé la parole… Des cognards bien placés, oui, mais une conversation c’était quasiment impensable. Puis il y a eu ce cours de potion où on a dû faire équipe d’où les premiers vrais échanges… Mais de là à vouloir approfondir… ? Je ne sais toujours pas si je dois être flatté ou vraiment paniquer, sauver ma peau. Sa voix semble sincère… et est un brin touchante.

« Samedi prochain ? Ça te laisse une semaine pour te remettre les idées en place. Histoire d’être sûr que t’as pas juste pris un mauvais coup sur la tête à l’entraînement et que… ça là, c’est pas que le résultat d’une commotion. »

Je gesticule et finis par pointer son crâne du doigt. Ça expliquerait pas mal de chose, comme ce côté soudainement tactile avec moi qui n’est pas pour me déplaire, au fond, mais qui me paraît illogique. Je me penche, lui embrasse délicatement le sommet de la tête, certainement impacté par un cognard dont elle aurait oublié de me parler, puis m’écarte.

« Samedi prochain, vingt heures ici ? Et on ira le boire, ce verre. Si t’as pas changé d’avis d’ici-là, Montero... »

Je m’incline brièvement, théâtralement, puis fait demi-tour pour rejoindre mes quartiers, la tête pleines de questions. Je ne suis pas certain de ce qui vient de se passer et personne ne va me croire, à tous les coups...

Quand il me posa la question sur le paraître et ce que j’étais réellement, je baissais un peu les yeux et je réajustais mon balai et ma batte sur mon épaule dans un signe nerveux. C’était le contraire chez moi. Je laissais apparaître un visage dur, implacable et à toute épreuve alors qu’au fond de moi j’étais bien plus vulnérable.

« Pas vraiment non. C’est plutôt l’inverse dans mon cas. » dis-je un peu timidement.

Je me mis à rire légèrement quand il déclara que plus j’étais sympathique, plus j’avais peur. Oui, c’était souvent l’effet que ça faisait, quand on ne connaissait pas vraiment les gens, et qu’on apprenait à les connaître on était déstabilisé, voir un peu apeuré car tout était remis en question et qu’on ne savait plus comment réagir face à eux. Gardant le silence après sa petite blague, je manquais de lui donner un coup de batte pour lui remettre les idées en place quand il sembla subitement surpris. Je ne l’avais pas vraiment embrassé… Mais visiblement c’était tout comme. Quand ses lèvres se posèreent sur le sommet de mon crâne, un léger sourire en coin, un brin gênée apparut sur mes lèvres. J’agissais toujours par instinct, et passion. Qu’elles soient positives ou négatives, c’était ainsi. Les conséquences n’étaient là que pour être vécues. On n’avait qu’une seule vie, alors autant qu’elle soit palpitante, à se faire des amis, et des ennemis.

« Bien sûr que je serai là, cariño. Et viens comme tu es, pas là peine d’essayer de lisser tes cheveux ou de mettre un costard… On va juste boire un verre hein. »

Je relevais enfin les yeux vers lui. Puis, je le laissais partir. Très longtemps, je restais planté là avec mon balai. Je n’avais jamais voulu tenté la moindre relation depuis que nous étions à Poudlard, pour éviter que ma famille soit vulnérable et que l’on y décèle une faille. Mais, je savais qu’un jour, Selma allait finir avec Sheraz et que je devais m’adapter moi aussi, sinon je finirai seule. Cette petite angoisse était apparue récemment en moi, et ne me quittait pas. J’avais toujours une peur immense de la solitude.
Sursautant, je me rendis compte, j’étais perdu dans mes pensées et que je fixais le vide. Une deuxième année de Serpentard me regardait bizarrement.

« Qu’est ce que tu veux toi, un coup de batte ? »

Et je montais les marches, prenant la direction de la tour serdaigle avec pour ambition de tout raconter à Selma.