Asphyxia

TW Ne pas lire si âme sensible.

Dans le grand bureau au sous-sol de la Confédération Internationale des Sorciers, il y avait ce que les briscards appelaient « le Mur de la Haine ». Le mur était simple, composé d’une épaisse couche de liège sur lequel avait été déposé avec précaution des photos des individus recherchés par le CIS pour des crimes plus ou moins vérifiables. On y trouvait de tout, de la harpie voleuse jusqu’au moremplis meurtrier du Pembroke, mais tout en haut, il y avait une photo qui n’avait pas bougé depuis le début. Une photo qui avait pris la poussière bien malgré elle. En dessous d’elle, en lettres rouge sang, on lisait : RYAN MALHORN RENFIELD.

Caradigan, 17 décembre 2024


Jack n’aimait pas particulièrement être sifflé mais pour l’argent que le CIS lui versait, il pouvait toujours faire un effort, d’autant que pour une rare fois, c’était dans la plus grande des légalités. D’un air un peu nerveux, terminant son verre qu’il frappa vide sur le comptoir, il appuya sur la tête de la chimère. Le message était passé – s’il avait bien retenu ce que Satoshi lui avait dit.


Le transplanage n’avait pas tardé et à son étonnement, il était le premier sur les lieux. En jetant un œil à son badge, il remarqua qu’un autre agent devait arriver. A trois heures du matin, il imaginait un peu que ceux qui n’étaient pas de permanence n’allaient pas lever le petit doigt. Lui n’y était pas, mais la passion du boulot bien fait et la frustration engendrée ces derniers temps avait besoin de trouver un exutoire. Un vrai bon exutoire, et pas seulement une baise moisie entre des cuisses payées plein tarif car samedi soir.

Un bâillement passa ses lèvres alors qu’il détailla du regard la zone. Il n’y avait rien autour de lui qu’un marais assez épais, et tout au loin, si loin qu’il la voyait à peine d’où il était, une maison était posée là, un énorme arbre sortant de sa carcasse comme s’il avait poussé de l’intérieur. Les pontons qui jadis avaient permis d’accéder facilement à la maison avaient rompu un par un, mais à en juger par l’état des cordes, Jack se faisait la réflexion que ce n’était peut-être pas le temps qui avait usé celles-ci. Les mains dans les poches, le chasseur jaugea la situation d’un œil circonspect.



Le CIS demandait une intervention ici, mais la lune n’était pas pleine et tout semblait bien silencieux dans les environs. Trop silencieux cela dit – ça expliquait peut-être l’intervention. Le chasseur eut une petite moue ennuyée alors qu’il tentait dans l’obscurité de voir s’il y avait des traces dans la boue, mais rien.

Il souffla par le nez et finalement fit un pas ou deux, observant les environs. Rien ne bougeait à part lui. Ça ne sentait pas bon. Même pour quelqu’un comme lui. Il sortit délicatement sa baguette, et finalement se tourna vers le craquement sonore du transplanage qui eut lieu derrière lui.

Jack voyait pour la première fois la jeune femme qui apparut mais elle avait bien la gueule de l’emploi – un petit air hargneux et un regard acéré comme une chatte sauvage. Il la salua de la tête, puisqu’il semblait que ça serait la bonne chose à faire, mais il ne perdit pas de temps et enchaîna – plus vite c’était fait, plus vite il passerait à la suite :

« Jack Deschain. On va y aller. Si d’autres arrivent, ils nous rattraperont. Tu peux rester derrière si tu préfères. »

Pas question de rester trop longtemps statique, ce n’était pas bon pour ses jointures. Il s’étira mollement, comme un énorme fauve déliant ses muscles, et finalement se mit à avancer en premier, une baguette dans la main droite. Il ne savait absolument rien de ce qu’il cherchait, mais si le CIS les convoquait ici avec si peu d’informations, c’est qu’il y avait une bonne raison. Ça signifiait aussi que la BPM finirait par venir après coup et qu’il fallait faire vite si on ne voulait pas se trouver dans un enchevêtrement de périmètres à gérer.

« Des infos avant qu’on entre ? », souffla le chasseur, peu habitué à travailler avec quelqu’un d’autre. Son regard ne restait pas sur elle mais sur l’environnement qui à tout moment pouvait se refermer sur eux.

S’il était là, c’était nécessairement pour une histoire de loup-garou ou de gros gibier, mais rien ne bougeait à l’extérieur… Rien, pas même la demi-lune au-dessus de leur tête, comme un sourire narquois dans le ciel.

ft.  @Jack Deschain

Sans grande surprise, le grand openspace du conseil international était vide.

Ça n'avait rien d'étonnant tout simplement parce qu'il y avait deux raisons principales à ces bureaux inoccupés : d'abord, le 17 décembre était un dimanche, jour sacré de repos pour la plupart des agents de l'administration sorcière. Ensuite, il était deux heures du matin largement passées. Les gens normaux avaient quitté les lieux depuis plusieurs heures, parce qu'ils avaient généralement mieux à faire de leurs piètres existences.

Pas Yara.

Pas l'ombre d'une vie ou d'un être ne l'attendait, de retour dans son appartement. À peine une photo qui bougeait et dont le cadre restait magiquement fixé sur la table de nuit de sa chambre depuis que Glenn Yard s'en était emparé dans son entrée. Au moins, quand elle dormait, elle était sûre que personne ne mettrait la main dessus sans prendre le risque de se la faire découper.

Sur son bureau au conseil international sorcier, il n'y avait aucun cliché ou quelconque élément relié à sa vie personnelle. Rien d'autre que des piles de dossiers laissées avec une grande attention par @Diego Oliviera avant qu'il ne quitte le pays pour revenir sur ses terres d'origine. Il lui avait dit deux mots quand il était venu les déposer avec fracas devant son nez : « Bonne chance. » Et ce sourire mauvais.

Ce vieux bonhomme savait se montrer particulièrement détestable, quand il le voulait.

Alors, Yara se fichait bien qu'il soit rentré au Brésil ; depuis le 1er novembre dernier, date leur dernier fiasco d'équipe et du début de son interdiction de terrain pour quinze jours, elle avait pris déjà grand soin de l'éviter autant que faire se pouvait. Non pas qu'elle le craignait - elle ne craignait personne d'autre que son propre reflet - mais elle préférait ne prendre aucun risque au cas-où il lui prendrait l'envie de raviver cette discussion qui n'avait jamais commencé, à Sainte-Mangouste.

Ainsi donc, elle passait sa nuit à éplucher les dossiers qu'il lui avait laissés, se demandant par où est-ce qu'elle allait bien pouvoir commencer pour continuer à préserver le secret sorcier encore quelque temps. C'était à se demander, parfois, comment leur monde n'avait pas encore été découvert. Les moldus étaient-ils dont si aveugles qu'on se plaisait à le dire parfois ?

Comme une réponse à la question qu'elle s'était posée intérieurement quelques secondes plus tôt, une note vint glisser sur son bureau. Particulièrement succincte, exactement comme elle les détestait. Parfois, elle en arrivait à se demander si on ne lui avait pas demandé de rejoindre le CIS pour l'amener volontairement au casse-pipe et par chance, peut-être un jour, retrouver son cadavre dénué de toute trace de bronzage au beau milieu de nulle part.

Caradigan, un dimanche à trois heures du matin, c'était nulle part.

L'avantage à cette heure-ci, c'était qu'elle pouvait se montrer réactive. Ni une ni deux, elle remit en place ses lames d'argent dans son holster de cuisse sur-mesure, et transplana sur les lieux où elle était convoquée.

Là, elle se retrouva nez à nez avec un visage qui ne lui avait même pas été présenté et qui n'avait rien de celui des Européens qu'elle avait eu à croiser jusqu'ici. Yara avait une excellente vue dans la nuit. Aucun détail de ce faciès broussailleux ne lui échappait. Pas même ce regard assuré qu'il venait de lui lancer en la saluant brièvement d'un simple mouvement de la tête.

« Charmant », siffla-t-elle simplement en prenant bien le temps de le détailler de haut en bas avant de faire de même avec la bâtisse qui se trouvait non loin d'eux. Comme ça, il ne saurait pas à qui elle faisait référence ; à lui, ou bien au lieu marécageux dans lequel ils venaient de se trouver ? « Yara Morães De Carvalho », ajouta-t-elle en reprenant ses accents bien de chez elle avant de reprendre d'un ton assuré, écarquillant les yeux alors qu'il prenait le lead des opérations : « Mais bien sûr. J'allais te le dire. »

Rester derrière n'était pas tout à fait dans ses habilitations.

À coup de grandes enjambées dans la boue, Yara arriva à sa hauteur et le dépassa même légèrement, non sans se demander silencieusement qui était ce nouvel énergumène qu'on lui avait envoyé et pour qui il se prenait. C'était précisément pour ce genre de situation que l'ancienne vert-et-argent avait toujours eu en horreur les travaux de groupe et tout ce qui impliquait de faire appel à son sens de l'esprit d'équipe inexistant. Sans compter que dans ce milieu, elle avait régulièrement l'honneur de devoir se coltiner des hommes tous plus pédants les uns que les autres qui croyaient pouvoir la piétiner avant de réaliser à quel genre de caractère ils avaient à faire.

Alors qu'elle s'apprêtait à lui rétorquer avec la grande diplomatie qui la caractérisait qu'elle avait probablement reçu autant d'infos que lui, la chasseuse s'interrompit, ses sens aux aguets. Par réflexe, elle se mit à genoux et poussa le dénommé Jack Deschain à en faire de même en tirant sur son bras, bien qu'il n'avait rien demandé. Sa baguette était brandie et elle en profita pour les mettre sous la protection d'un sortilège de désillusion.

Au loin, bien plus loin que l’œil humain ou sorcier ne pouvait le discerner, elle avait vu et entendu du mouvement. S'il y avait des chances que ce ne soit rien d'autre qu'un veaudelune malade particulièrement friand de ce genre d'endroit, elle préférait ne pas prendre de risque, ne sachant toujours pas à qui elle avait affaire dans les deux camps.

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Jack ne releva pas ; ni le fait que Yara était une femme, ni que c’était plus exactement une belle femme. Le Chasseur avait eu son lot de déconvenue récemment et s’il aurait pu se permettre une petite remarque misogyne comme on en faisait qu’au Texas, il se garda de tout commentaire, concentré avant tout sur le terrain. Un marais épais qui ne rebuter par la nouvelle arrivée, puisqu’elle avait visiblement décidé de lui passer devant. Un petit sourire fila sur les lèvres du Chasseur alors que ses yeux s’attardaient un instant sur une toute autre cible, et alors il se rappela à son grand étonnement qu’il n’était décidément qu’un homme.

Sa main serra plus fort la baguette à droite, prêt à dégainer de la gauche ce qu’il appelait gentiment « la faiseuse de veuve », un magnifique magnum de 9 mm à balle plaquée d’argent contenant un liquide autrement plus dangereux.

Le Chasseur dut retenir un grognement alors que Yara lui tirait le bras pour qu’il s’agenouille aussi. Il lui jeta un regard curieux, comprenant rapidement l’intérêt, mais s’ils avaient à faire à des loups, est-ce que cette magie d’illusion allait suffire ? Privez les de leurs yeux, ils sentiront mieux votre odeur, ils suivront à la trace les battements de vos cœurs – John Deschain avait un paquet de théorie, certaines s’étaient révélées fausses, mais beaucoup étaient vraies.

Lui n’avait rien vu, mais la Chasseuse avait l’air d’être certaine de son coup. Là-dessus, il devrait lui faire confiance, même si la confiance n’excluait pas le contrôle.

L’homme inspira doucement mais longuement, comme pour faire le plein de ses poumons, alors qu’il jetait un œil à sa droite.

A quelques mètres d’eux, alors qu’ils se trouvaient contre le vent, une ombre immense sortit mollement des buissons. Elle traînait derrière elle une biche dont la nuque avait été brisée à en juger par l’angle désagréable. L’ombre avançait calmement vers la maison, comme pour ramener son butin à l’intérieur.

Par un réflexe, le Chasseur jeta un regard à la lune avant de froncer les sourcils. Celle-ci affichait un sourire en demi-lune, bien loin des nuits pleines, et pourtant, le loup était bien là devant eux, bien plus épais et robuste qu’un animal, bien plus effrayant aussi.

Le Loup approcha des racines et sans entrer dans la maison, il pénétra à l’intérieur, creusant avec ses griffes à même ce qui pouvait être un terrier de la taille d’un éruptif, s’enfonçant dans les profondeurs. De cette distance, impossible pour Jack d’obtenir une quelconque information.

Il glissa un regard vers Yara, avant d’avancer d’un pas.

Ce fut une erreur ; un autre loup, silencieux et noir comme la nuit, passa devant lui, à une distance de peut-être trois longueurs de bras. Jack raffermit sa main sur sa baguette mais le loup, bien qu’il s’arrêta pour humer, ne sentit rien qui le déconcerta et reprit son chemin. Lui semblait tourner tout autour de la maison, et quoi qu’un peu plus petit, il n’en restait pas moins d’une taille suffisante pour s’il le désirait leur arracher la tête d’un seul coup de patte.



Jetant un œil à la Chasseuse à côté de lui, dont il ne savait pas vraiment si elle valait quelque chose sur le terrain, Jack eut un sourire en coin, faisant un petit geste de la main, l’air de dire « après vous Madame », puisqu’elle avait si lourdement insisté.

Il couvrirait ses arrières, puisqu’il semblait que dans ce décor marécageux, ses sens n’étaient pas suffisants. Ce qui était en revanche certain, c’est qu’ils avaient à faire à au moins deux individus… Etaient-ils dangereux ? La question n’effleura même pas l’esprit de Jack. Ce n’était pas une donnée importante dans l’affaire.

Être transformé, c’était déjà prendre un risque, mais en dehors des pleines lunes, c’était de la provocation, simple et pure.

Restait toujours la question de savoir ce qu'il y avait dans la maison...

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tire un dé action facile, en cas d'échec, tu peux prendre en compte que tu as fait assez de bruit pour attirer l'attention du loup qui rôde.

tire un dé action compliqué, en cas de réussite, tu peux prendre en compte que tu sens d'autres présences en plus des deux loups que tu as repéré. Lance un dé 6 pour savoir combien de présence tu pense sentir.

ft.  @Jack Deschain

L'air ambiant qui s'insinuait jusqu'à leurs narines se composait d'un mélange de senteurs moites et putrides, confiant à l'atmosphère une aura particulière en plus d'être inquiétante. Ce n'était pas seulement les effets combinés de la nuit avancée mêlée à une obscurité profonde qui les recouvrait comme un manteau ; le décor lugubre de la cahute lui donnait des airs abandonnés et le marais fétide dans lequel ils baignaient avait tout d'un piège morbide en plus de leur faire cadeau de son odeur pestilentielle.

Il y avait aussi la lumière blanche et cruellement crue de la lune qui n'aidait en rien à apporter un peu de chaleur à ces lieux. Ni à les animer.

Autant d'indices qui poussaient Yara à rester sur ses gardes, aux côtés d'un homme dont elle ne savait rien de plus en dehors du nom qu'il avait bien voulu lui donner. Car si tout autour d'eux paraissait inerte et sans vie, il était certain qu'ils n'avaient pas été envoyés là pour rien et qu'il y aurait bientôt du mouvement.

À la désapprobation visible de son nouveau camarade de jeu, Yara ne put retenir le sourire mauvais qui apparut alors au coin de ses lèvres bien qu'il s'évanouit aussi vite qu'il était arrivé. Elle avait vu juste : une grande silhouette presque aussi noire que la nuit venait se montrer à l'horizon, sortant lentement du breuil avec sa prise nocturne. Ce spectacle capta toute son attention, bien qu'il y avait sur son visage cette petite fierté de les avoir mis à couvert au bon moment et de sentir, par chance, que le vent était avec eux.

Dans ce silence de mort, elle ne s'était pas attendue à entendre Jack s'avancer littéralement vers l'inconnu. Cette fois, son bras ne fut pas assez rapide pour le retenir et le garder à ses côtés. Elle se contenta de le maudire de l'intérieur, bien que l'envie ne lui manquait pas d'y aller un peu plus fort quand elle vit un autre loup apparaître dans leur champ de vision, moins impressionnant mais bien plus proche que le précédent. La chasseuse s'arrêta de respirer comme si sa vie en dépendait et, alors que la créature faisait tout le contraire en humant l'air, elle espérait tout à coup que Jack n'était pas un stagiaire qu'on lui avait envoyé et qu'il aurait le même réflexe qu'elle. L'oxygène ne s'insinua de nouveau dans ses poumons que lorsque la bête s'éloigna pour continuer son tour de garde, remerciant intimement le vent de n'avoir porté leur parfum jusqu'à son museau.

Yara était une traqueuse doublée d'une guetteuse ; si elle avait parfois - souvent - des coups de sang qui l'empêchaient de réfléchir correctement, elle aimait la plupart du temps s'imprégner de son environnement avant d'agir, quitte parfois à s'y confondre comme elle l'avait tenté lors de sa dernière mission avec Diego. Véritable caméléon, elle pouvait passer des heures voire des jours à observer de loin sans intervenir, prête à bondir au moment qu'elle jugerait de son propre chef le plus opportun ou le plus vicieux, au choix. Moins elle avait d'informations sur une mission, plus elle prenait son temps pour en récolter par ses propres moyens. Mais Jack Deschain n'était visiblement pas tout à fait du même avis et alors qu'il l'invitait sans le dire à accélérer le mouvement, Yara fit probablement sa première erreur de la soirée en laissant son égo parler. Comme très souvent. Pour la deuxième fois donc, elle le dépassa, non sans ajouter une dose supplémentaire de discrétion à ses pas. À sa hauteur, elle ne put s'empêcher un raclement de gorge léger mais audible de son seul collègue, en même temps que ses yeux se levaient au ciel. Homens, pensa-t-elle si fort dans sa langue natale que n'importe quel legilimens alentour aurait pu l'entendre.

Alors qu'elle s'avançait dans la pénombre, plus aucun bruit ne trahissait sa présence, pas même ce vent frais et humide qui s'insinuait à l'intérieur de ses vêtements, ni celui de ses hautes cuissardes de cuir qui s'appuyaient sur une terre gorgée d'eau. Le humus sous leurs pieds avait une odeur si forte qu'elle se demandait si ce n'était pas ça qui avait pris le pas sur l'arôme de leur peau. Ou peut-être tout ça n'était-il qu'illusion. Peut-être que le lycan savait. Dans ce cas, ils étaient tous protagonistes dans ce jeu grandeur nature du chat et de la souris. Sauf qu'en l'occurrence, ils étaient des chasseurs et des lycans, et que s'ils venaient à s'attraper les uns les autres, ils ne se contenteraient pas seulement de se toucher et encore moins de devenir la nouvelle cible de qui que ce soit.

Dans son avancée à pas de loup, Yara gardait un œil vigilant sur le rôdeur désormais suffisamment loin pour leur permettre d'accélérer légèrement la cadence. Le premier lycan, quant à lui, avait disparu dans sa tanière et n'était pas encore remonté à la surface.

Mais il y avait ce trouble étrange dans l'air qui lui donnait l'intime conviction que ce jeu - et c'en était un, celui de la vie - ne serait pas tout à fait équitable. Ralentissant de nouveau alors qu'ils s'étaient bien rapprochés de la maison, elle finit par se glisser au plus près de Jack comme le serpent qu'elle était, pour lui dire le plus doucement possible :

« Il y en a un autre. Je le sens. Reste sur tes gardes. »

Par soucis du spectacle, par amour des jeux dangereux et aussi parce que sa confiance en elle n'avait d'égal que la taille de son égo - spoiler alert : il était très gros -, elle ne prenait même pas la peine de s’embarrasser d'un sortilège pour vérifier si son intuition disait vrai. Naturellement, son index était venu se poser sur ses lèvres, pleinement consciente qu'elle et Jack étaient désormais tous les deux dans le même bateau.

Et parce que cette notion d'équipe la débectait au plus haut point, sa méfiance innée la poussait à regarder dans son dos de temps à autre.

Un seul prétexte : on ne sait jamais.

Pour s'être faite déjà transpercer le cœur à travers son dos, elle le savait mieux que personne.

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dé action facile | réussi

dé action compliquée | réussi

dé 6 | 1.

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Jack observa la jeune femme d’un long regard, jaugeant ce qu’elle cherchait à faire. Elle avait l’air de s’y connaître, comme tous les sentinelles qui faisaient plus de trois mois d’après ce qu’il avait entendu dire, mais sa présence n’avait pas l’air de la réjouir. Un petit sourire moqueur glissa sur les lippes du Chasseur qui préféra reporter son attention sur le sol plutôt que de s’attarder sur l’égo de la demoiselle. Tendant l’oreille, le sorcier lança discrètement un sortilège de détection ; deux autres silhouettes lui apparurent, faisant s’élever le compte total à cinq bestiaux dans les environs.

A en juger par la maison, ce devait être un terrier. Avec cinq individus adultes, il y avait de grande chance que ce soit plus exactement une nurserie ou un garde-manger. Jack fit une pause, laissant Yara prendre de l’avance, se demandant un moment ce qu’ils devaient faire. A deux, ça devenait risquer face à des individus nés-loups. Pas de quoi lui faire peur, mais la moindre perte pouvait leur être fatal, à l’un comme à l’autre, et lui il avait une invitation au restaurant à honorer.

L’œil du Chasseur suivit la silhouette d’un troisième loup qui passa devant eux sans sourciller, d’un pas lent et lourd. Plus trapu que les autres, son pelage était aussi foncé, mais quelque chose le dérangeait. Sa nervosité était palpable. Une bataille entre mâles ? Jack n’eut pas le temps de confirmer son hypothèse que deux sentinelles arrivaient sur les lieux, transplanant à une belle distance.

Ils étaient peut-être cent mètres derrière eux, mais il semblait qu’un autre individu, que ni Yara ni Jack n’avaient repéré, était tombé nez à nez avec l’escadron.

Jack eut à peine le temps de se retourner que la gueule du fauve se refermait sur un des deux agents dans un bruit d’os qui se broie. L’homme gueula à plein poumon, même si la raison aurait préféré qu’il la ferme. Le Chasseur renâcla silencieusement, toujours caché, et pas prêt de sortir de sa cachette maintenant que le gars avait fait son boucan. Il n’allait pas sauver un mort, et encore moins se mettre en danger pour ça.

Il se redressa à peine, toujours sous sortilège de désillusion, avant de voir l’autre agent se défendre.

Les loups sortirent comme une meute entière sur le survivant ; ils étaient finalement cinq, de tailles variées mais tous au pelage sombre. L’individu qui était entré dans le terrier n’était pas ressorti, ce qui en faisait six en tout et pour tout.

Six c’était suffisant.

Six, ça pouvait le faire s’ils se montraient assez rapides.

L’agent acculé se défendait avec brutalité ; il échappa aux griffes et aux crocs avec des transplanages successifs rapides, tentant de se battre en balançant des videntrailles. Les deux sortilèges s’écrasèrent contre les arbres, esquivés par les bêtes.

Jack coinça sa baguette entre ses dents, bien décidé à profiter du chaos pour en abattre un maximum.

Il fit apparaître son magnum blanc de lune dans ses mains et visa le chaos de la chasse à cours que livraient les loups, comme s’ils étaient affamés et que l’agent était un lapin. Toujours caché, il tira deux coups ; le premier éclata la base du tronc d’un arbre qu’on entendit craquer sous l’impact, le second en revanche toucha de pleine fouet un des loups. Ce dernier eut d’abord un mauvais ricanement lupin, mais il s’écroula quelques secondes après, se mettant à couiner de douleur en se rendant compte que la blessure immense au torse ne se refermait pas comme il devait avoir l’habitude. Ses jappements excitèrent les autres loups ; deux continuèrent la chasse à l’agent, pendant que trois autres se mirent à humer les environs pour repérer les individus.

L’odeur de la poudre sur les mains de Jack allait le trahir, il le savait, aussi il se mit à reculer vers la maison, cherchant à creuser la distance le temps de trouver un nouvel angle.

Quelque chose bougea dans la maison au loin, trop loin pour que Jack ne puisse le voir. Mais cette chose avait l’air humaine et fluette aux fenêtres.


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Dé 3 : Jack repère trois individus grâce à son sort.

Action réussie / Action ratée : deux agents viennent en renfort, mais l'un d'entre eux est repéré aussitôt par les loups. Il est dévoré.

Action ratée / Action ratée : l'agent survivant, qui s'appelle Thomas Mallory, arrive à garder la distance mais il rate ses sorts de Videntraille.

Action réussie / Action ratée : Jack arrive à mettre une balle en argent liquide à un des loups. Ce dernier n'est pas mort mais il n'arrive pas à regénérer.

Action ratée : Jack est repéré par les loups.

Actuellement, il y a sept loups identifiés, dont un qui est toujours dans le terrier sous la maison.

Sur les six loups qui vous pourchassent, deux donnent la chasse à l'agent Mallory, trois vous cherchent et le dernier est grièvement blessé sur le sol.

ft.  @Jack Deschain

Si ces années d'expérience de la traque avaient bien appris quelque chose à Yara, c'est que la taille du chaos était toujours proportionnelle à la quantité d'antagonistes sur la scène de chasse. Le nombre de proies pouvait bien varier autant qu’il voulait tant que le nombre de prédateurs souhaitant les ajouter à leur tableau de chasse restait le plus bas possible. Car ensuite, trop de facteurs entraient dans la danse : entre les guerres d'égo, les sentiments, les remords, les rancunes et les haines de chacun, il n’y avait qu’une seule issue et elle n’était jamais positive.

Alors, un aléa, un seul Jack était amplement suffisant.

Un de plus, ça aurait déjà été trop. Et pourtant.

Ses yeux d'ambre s'ouvrirent en grand lorsque les deux craquements sonores annonçant l’arrivée de nouveaux danseurs résonnèrent non loin d'eux, avant que les os qui animaient l’une de ces poupées de chiffon ne se joignent ensuite à ce concert morbide.

D'où qu’ils venaient, ces idiots n'avaient rien appris. Ou bien avaient-ils simplement joué de malchance ? Quoiqu'il en soit, et maintenant qu'elle savait que les bipèdes n'étaient pas en position de force, Yara se garderait bien d'intervenir pour sa propre survie et celle de celui qui l'accompagnait, aussi fort pouvait crier l’agent en costume qui se faisait tranquillement dévorer.

Allez comprendre pourquoi, mais le fait que l'homme ait été à ses côtés depuis le début de la partie de jeu lui conférait des avantages supplémentaires que les autres n'avaient pas, comme si la chasseuse se sentait dès lors plus responsable de sa vie et de sa mort. Non pas qu'elle était réellement sensible à ces choses-là — à ses yeux, c'était avant tout une histoire de quotas. Et comme ses coéquipiers avaient tous cette fâcheuse tendance à démissionner, déménager ou à crever devant ses yeux, sa malchance devenait de plus en plus difficile à justifier. Déjà à Poudlard, elle avait changé de colocataire comme elle changeait de sous-vêtements et ça lui donnait un mauvais genre. Alors imaginez dans la cruauté du milieu professionnel…

Jack avait eu l'intelligence d'esprit et le recul nécessaire sur ses propres capacités pour lancer un sortilège de détection qui allait les aider à comptabiliser le nombre de lycanthropes susceptibles de leur arracher les entrailles dans les minutes à venir. Paradoxalement, l'euphorie de Yara montait graduellement avec le nombre de proies et elle espérait secrètement que les derniers arrivants n'étaient pas là pour lui gâcher son plaisir - en tout cas, le dernier survivant, puisque l'autre agonisant sur le sol terreux ne serait plus un frein à quoi que ce soit à l'avenir.

S'ils ne savaient rien l'un de l'autre qu'un vulgaire nom sur un visage, Yara et Jack avaient visiblement eu la même idée. Se saisir du chaos pour mieux s’en détacher, danser sur les corps encore chauds des deux camps gisant au sol, se délecter de la détresse des autres pour mieux diminuer celle à venir.

Par chance, l’opportunisme était sans doute l’art que Yara maîtrisait le mieux.

À cela près qu’elle n’avait pas forcément envisagé la possibilité que son binôme d’une nuit ne rate sa cible, dans l’ombre, à ses côtés. En revanche, maintenant que c’était fait, l’on pouvait aisément deviner ce qui allait se passer ensuite et c’était loin du scénario rêvé pour une première sortie sous la lune à deux. Il n’y avait plus le temps de réfléchir, que déjà le fumet délicat se dégageait de l’arme de Jack et menaçait de révéler sa position à chaque seconde qui s’écoulait. Sans se poser davantage de questions, la sentinelle, toujours sous couvert d’illusion, s’éloigna de quelques mètres de son collègue en tachant de mémoriser sa position approximative pour ne pas complètement le perdre de vue malgré son invisibilité et bien qu’elle pourrait le retrouver d’un seul sortilège.

Tapi au plus près de la terre, à aucun moment son regard ne croisa la maison qui se trouvait derrière eux, ni la silhouette à sa fenêtre, l’intégralité de ses sens étant focalisés sur les mouvements des trois lycans. Au loin, elle loupa même le sort réussi du survivant qui venait de mettre à terre une autre créature, au profit de cette façon particulière qu’ils avaient de s’imprégner de l’air qu’ils respiraient. Ils y mettaient une telle frénésie, une telle ardeur qu'il ne faisait aucun doute de leur détermination à trouver la trace de celui qui avait tiré et blessé un membre de leur meute.

Il fallait agir vite.

D’un geste franc et rapide, elle dégaina sa baguette pour lancer son sortilège fétiche en direction du lycan le plus proche d’elle. Une nuée de flèches d’argent, détonnant cruellement sous la lueur blanche et vivace de la lune, transperça d’abord sa peau pour venir ensuite se loger autour de son cœur. Une seule atteignit le centre de la cible, mais c'était suffisait pour faire japper la bête de douleur. Mais Yara n'y prêta pas plus attention que ça. Ce qui importait surtout, après un regard lancé un peu plus loin, c’était que la suite du plan fonctionne elle aussi, pour que Jack puisse un instant être oublié de ceux qui le cherchaient.

Les deux autres venaient justement de repérer le point de fuite. Et comme ces animaux-là n’avaient que leur instinct de survie pour eux, ils laissèrent lâchement tomber la piste de Deschain pour se concentrer sur un tout autre gibier.

Un premier loup — le plus petit des deux — vint la faucher de si près qu’il ne fit qu’une bouchée de son sortilège de désillusion, la rendant visible aux yeux de tous, lycans comme sorciers. Jusqu’ici, tout se déroulait encore à merveille et Yara, habituée des corps à corps dans le lit des autres comme sur le terrain, le laissa écraser le sien de tout son poids pour mieux se glisser dans ses entrailles avec la lame d’argent qu’elle avait réussie à attraper entre ses doigts graciles juste avant l’impact. Un nouveau jappement plus plaintif et plus profond alors qu’elle enfonçait sa dague plus loin encore à l’intérieur, si loin qu’elle aurait pu toucher son cœur, plus haut, du bout des doigts. Cette sensation crue et sanglante lui arracha un sourire mauvais et elle mit toute sa force pour soulever le point mort de ce corps incapable de se défendre maintenant que ses organes vitaux étaient touchés. Le fameux liquide vermeil s’écoula sur elle bien que sous la lune, la lumière était loin de faire honneur à la quantité de sang qui s’écoulait sur le sol déjà gorgé d’eau.

À peine eut-elle le temps de se retourner vers le deuxième loup, plus massif, que déjà elle se prenait le revers de la médaille. Sa tête et tout son corps heurtèrent lourdement le sol et elle grognait de toute son âme pour essayer de se défaire de ces nouvelles griffes qui cherchaient à lacérer sa peau.

Excepté que cette fois, sa dague d’argent était trop loin et sa baguette hors-de-portée immédiate.

C’était dans ces moments-là que les travaux de groupe avaient tout leur intérêt, bien qu’elle refuserait probablement toujours de l’admettre si on lui posait la question.


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dé action simple | réussi = Yara parvient à attirer les loups vers elle après le lancer de son sortilège (expertise Săgitae Argentum)
dé action simple | réussi = Mallory arrive enfin à viser et se débarrasse d'un lycan.

dé action compliquée | réussi = Yara prend un loup au corps à corps avec succès.
dé action compliquée | échec = Son sortilège de désillusion saute.
dé action compliquée | échec = Elle se fait surprendre par l'autre lycan qui la met à terre.

Jack dut réfléchir rapidement ; mettre de la distance pour trouver un angle de tir, mais ne pas toucher ses collègues. C’est là que travailler avec des personnes ne lui avait pas manqué. Il fallut deux transplanages d’urgence pour trouver une vue dégagée. A peine sorti du nuage noir, Jack darda le canon vers un des loups, mais finalement tourna ce dernier vers le lycanthrope qui venait de planter Yara au sol. Il comptait sur Mallory pour se défendre ou courir.
Puisque la chasseuse se débattait, la tête du loup bougeait dans tous les sens, mais le Chasseur plissa le nez, se concentrant davantage pour finalement appuyer sur la détente au moment où la gueule était repoussée par la chasseuse. La balle lui traversa le crâne et aspergea l’intérieur de sa boîte cranienne d’un argent liquide brûlant. La créature n’eut même pas le temps de hurler sa douleur qu’elle s’écroula, son cortex cérébral mort sur le coup. Une balle parfaite, ça faisait longtemps contre ces parangons de la vitesse et de la force.

Au moment où Jack allait rire, mais les deux loups se rassemblèrent autour de celui qui était blessé. Mallory avait lancé deux sortilèges pour s’assurer qu’ils seraient protéger, laissant le temps à Yara de se redresser et de reprendre une meilleure posture auprès des deux chasseurs.

Les loups observèrent leurs proies en silence, semblant les jauger. Au lieu de leur foncer une nouvelle fois dessus, l’un d’entre eux les esquiva d’un bond sur la droite, fonçant soudainement vers la maison, alors que la porte de celle-ci s’ouvrait sur une femme plutôt grande, aux longs cheveux noirs. De là où ils étaient, les chasseurs auraient eu du mal - sauf Yara - à voir qu’elle portait une longue robe blanche quasi translucide. Sur le haut de son crâne, on pouvait en revanche discerner facilement ce qui ressemblait à deux oreilles de loup, et encore derrière elle, deux silhouettes plus petites et menues se penchaient sur ses épaules.

Le second loup, quant à lui, gardait le loup-garou mourrant sur le sol, blessé précédemment par la première balle de Jack.
Il tendit la gueule et poussa un long hurlement qui semblait être une complainte.

L’américain fronça les sourcils alors que la silhouette au loin, toute proche de la maison, tirait une baguette pour incanter un sortilège. Du bout de sa baguette s’extirpa avec grâce un magnifique loup éthéré qui s’élança sans aucune discrétion dans les airs ; à n’en pas douter, c’était un patronus, un patronus qui allait on-ne-sait-où, prévenir on-ne-sait-qui. Il aurait fallu un Finite pour l’intercepter, mais c’était prendre le risque que les loups restants n’attaquent - voir que les silhouettes prêts de la maison n’attaquent aussi.

« C’est une Peeira » maugréa entre ses lèvres l’américain, avant de reprendre, quelque peu médusé : « qu’est-ce qu’elle fout ici... »

A forteriori, les Peeira étaient les esprits-louves accompagnant les meutes de warg du sud de l’Espagne. Une créature étrange mais ravissante, aux longs cheveux noirs comme la nuit et aux oreilles de loup, capable d’invoquer la pleine lune et de soigner. Aussi craintes que vénérées. Des esprits assimilés aux fées... Pourquoi alors ?

Jack jeta un oeil à Mallory qui zyeutait nerveusement le loup blessé.


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Peeira

A Peeira is a guardian of wolves and werewolves. Peeiras give out a calming aura that helps soothe the pack she looks after, focussing their minds. She also has the ability to heal herself and the other members of the pack. Needless to say, this is terribly handy for the pack, and they will become the most dominant in the region. Apart from the team of ravenous super-wolves and werewolves, Peeira themselves are said to be very peaceful, pleasant, and of course beautiful. Well mostly, there are also tales that Peeira can become werewolves too.

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Action compliquée réussie : la balle de Jack tue le loup-garou sur Yara.
Action compliquée ratée : Jack ne réussit pas à contenir l'attention des loups, qui rejoignent la maison.

Sorts réussis : Mallory crée une barrière de protection autour d'eux.

ft.  @Jack Deschain

Se battre avec un loup, c'était se battre avec la mort en personne. Sur le fil de la vie, à tout moment, tout pouvait basculer. Une morsure à la carotide, un coup de griffe juste assez profond dans la poitrine et c'en était fini.

Dans les bras du lycan, presque à sa merci, Yara luttait de toutes ses forces et avec toute sa hargne, bien déterminée à ne pas encore y passer. Si elle n'était effectivement pas en bonne posture, la chasseuse avait toujours l'impression d'avoir connu pire.

Et à chaque fois, elle s'en sortait.

C'était un peu comme si la mort lui accordait toujours un nouveau délai pour accomplir ses méfaits. À croire qu'elles étaient devenues amies avec le temps, à force de se côtoyer de près, et que celle qui portait la faux avait fini par se prendre d'empathie pour cette autre qui profitait de chaque minute comme d'une nouvelle occasion de répandre la terreur et la mort partout où elle allait. Et cette rengaine insoutenable était la même depuis plus de 10 ans.

En somme, ne pas tuer Yara, c'était aussi la garantie d'en voir dix autres crever dans le mois. Plutôt rentable comme calcul quand on y pensait.

Du moins, c'était ce qu'elle croyait. À la différence que cette fois, son ange-gardien serait un grand barbu qui visait excellemment bien.

Le sang de la bête gicla sur son visage alors que la tête explosait sous l'impact d'une balle d'argent rapide comme l'éclair. Et aussi vivement que la munition avait pénétré sa peau et ses os, il ne restait plus rien d'autre qu'un nouveau poids mort à éjecter.

Devoir son salut à un inconnu était d'autant plus frustrant quand on avait aucune idée de la taille de la dette qu'on lui devait. Mais Yara avait un sens de l'honneur bien prononcé et lorsqu'elle se releva, elle chercha son regard dans l'obscurité. Ses yeux ambrés parlaient pour elle alors qu'elle se mettait automatiquement en position de riposte auprès de ses coéquipiers après avoir récupéré ses armes, plus revêche que jamais envers ceux qui venaient de la mettre dans cette position désagréable.

Prête à en découdre depuis le dôme de protection créée par l'autre agent, sa respiration se faisait intense, saccadée, mais de plus en plus lente à mesure que le temps passait. Il n'y eut que le mouvement de l'un des quadrupèdes pour briser le silence de mort qui régnait tout autour d'eux. Par acquis de conscience, la Brésilienne tenta de lui lancer un sortilège de mort sur son chemin jusqu'à son terrier. Aucun filet de lumière ne s'échappa de sa baguette et Yara releva la tête, interloquée. Dans sa lancée, la bête les força à s'intéresser à cette maison et cette silhouette manquée, un peu plus tôt.

Alors qu'elle apparaissait dans l'encadrement de la porte, vêtue de cette robe blanche comme la lune qui lui conférait des airs de fantôme, Yara comprit immédiatement à qui ils avaient à faire. Mi-humaines, mi-louves, les Peeira étaient des créatures régulièrement citées dans le folklore portuguais et qu'elle avait elle-même étudié au début de son enseignement à Castelobruxo. Mais elle n'en avait jamais vu de ses propres yeux. Jack confirma à haute voix son intuition pendant que sa question restait sans réponse. Elle n'avait aucune idée de la raison de la présence d'une hybride dans son genre à Caradigan. A vrai dire, captivée par l'aura étrangement familière de la fée-loup, Yara ne réfléchissait à plus rien du tout. Toute sa colère l'abandonnait progressivement, comme si on venait de lui lancer un mauvais sort qui l'aurait touchée de plein fouet. Car ça ne pouvait être que ça et rien d'autre, pour que Yara soit dénuée de son envie maladive de tuer. À la place de ses envies irrépressibles de vengeance qui l'habitaient continuellement, elle se contentait de faire preuve de la plus grande discrétion pour arrêter la course folle de ce patronus d'un simple finite qui le percuta au moment où il s'apprêtait à s'enfoncer dans le breuil. L'illusion était si parfaite que les lycans n'y virent que du feu.

Les yeux toujours rivés sur cette présence, la jeune femme s'approcha discrètement de ses collègues, et murmura sans trahir cet apaisement étrange qui irradiait tous ses membres.

En dépit de tout le cœur que Mallory avait mis pour les protéger, elle s'adressait surtout à Jack :

« Quelque chose ne va pas. Il faut qu'on s'en aille. »

Malgré tous ses efforts, le ton de sa voix laissait deviner une émotion qui n'avait pas été sienne depuis plus de dix ans.

Elle ne savait même plus à quoi ça ressemblait.

La peur, la vraie.

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dé 70% | réussi = sortilège finite
dé action compliquée | réussi = Le finite lancé sur le patronus n'attire pas l'attention sur eux.
dé action compliquée | échec = Son sortilège de mort ne part même pas de sa baguette.

La Peeira observait en silence le spectacle de mort qui avait terrassé pas moins de trois des siens, dont un quatrième qui agonisait lentement, protégé par son frère ou sa sœur de meute. Pour autant, sa colère était froide. Rien n’aurait su lui retirer son masque de porcelaine, et son visage encadré par deux longues mèches sombres, il semblait qu’elle sondait de ses grands yeux noirs les trois chasseurs – ou plus particulièrement, l’une d’entre eux.

Mallory, toujours nerveux, observait d’un œil en coin l’hybride.

« Qu’est-ce qu’elle fait ? C’est quoi ça, une Peeira ? »

Le garçon était fébrile, sa baguette entre ses doigts. Il n’oubliait pas que plus loin, il y avait l’un des leurs qui n’avait pas eu son mot à dire dans l’affaire, et qui n’aurait plus jamais aucun mot pour les vivants d’ailleurs. Il l’avait vu se faire happer aussitôt arrivé par deux gueules qui s’étaient refermés l’une sur son abdomen, l’autre au niveau de la tête, sans lui laisser la moindre chance d’un informulé.

L’attention de Jack ne se porta pourtant pas sur lui mais sur la Chasseuse, dont il sentait qu’il y avait quelque chose en elle qui clochait. Une réaction épidermique. Une réaction, toute autre que la colère. Un problème à tuer les femmes, peut-être ? Mais cela, le Chasseur en doutait.

Le loup attrapa dans sa gueule la gorge de son frère blessé et commença lentement à le traîner, loin des trois étrangers toujours dans leur bulle de protection. Jack retenait sa respiration alors que Mallory perdait pieds. Il observait, l’air ahuri, le spectacle des deux fauves se dirigeant vers leur maîtresse.

De son côté, la Peeira s’était avancée, d’un pas gracile, d’une jambe fluette qui touchait à peine le sol. Sa longue traîne blanche restait parfaitement immaculée, comme si la boue n’aurait su tâcher le vêtement. Elle repoussa les longues manches qui tombaient sur ses bras vers le haut, découvrant un épiderme nacré. La femme-lune observait toujours Yara avec une infinie tendresse, et une pointe d’incompréhension peut-être, la même que ressentait Jack face au spectacle.

La fae de la lune n’avait rien à faire si loin des plaines ibériques, et encore moins avec eux. Pourquoi prenait-elle autant de temps ? Pourquoi autant d’attention ?

La peur tordait l’estomac de Mallory, et aussi, quand il tenta de s’approcher en tirant sa baguette devant lui, la contre-attaque fut aussi rapide qu’efficace ; une racine s’extrayait brutalement du sol et entoura la taille du sorcier qui fut plaqué à même la tourbe. Son visage disparut en quelques secondes dans la gueule du loup qui avait escorté la Peeira jusqu’à eux, et puisqu’elle était désormais à moins d’une centaine de mètres d’eux, un seul bond avait suffi.

En quelques secondes, Mallory gisait sans tête, et Jack n’avait pas bougé d’un seul pouce.

Au moment où Mallory avait décidé de quitter la sphère protectrice, il avait signé son arrêt de mort.

Et maintenant ?

Jack glissa un regard en coin sur Yara qui se décomposait sur place, tentant de comprendre pourquoi une telle crainte. Avait-elle déjà eu à faire à ce genre de fae ? Les Peeira étaient puissantes mais pas intuables, pour peu qu’on ait les bonnes munitions et un cœur de fer. Mais la Chasseuse n’avait plus vraiment l’air de cet avis.

La fae tendit son bras au-dessus du loup blessé. Elle se mit à humer, un chant qui ressemblait aux litanies gutturales des natifs d’Amérique, aux accents ibériques et aux grognements animaux. Une poudre blanche tomba en petits flocons jusque sur le loup, chassant l’argent de son abdomen, faisant se refermer lentement mais sûrement les plaies profondes causées par la détonation.

Si le Chasseur ne bougea pas d’un pouce, ce ne fut que parce qu’il était totalement accaparé par Yara, par sa façon de réagir, par sa façon – surtout – de ne pas réagir comme elle aurait dû. Ses sourcils se froncèrent, alors que la Peeira relevait sur eux son attention, laissant de nouveau tomber la manche de son vêtement sur son bras blanc.

« Pourquoi ? »

Sa voix, aux accents chantants et doux, s’adressait seulement à Yara.

« Pourquoi faire ça à tes frères ? »

Le troisième loup au sol tenta de se redresser, avant d’étouffer un couinement plaintif.

Il inspira profondément, et alors que la Peeira ouvrait de nouveau la bouche, il leva son arme. Une balle partit mais la Peeira pencha la tête ; en revanche, sa boîte crânienne fut transpercée par la seconde, éclatant en une nuée rouge et rose de milles morceaux de gras sur le sol. Son corps tomba en arrière, preuve en était que ce n’était pas un spectre mais une fae de lune comme une autre.

Un hurlement grave passa les babines hargneuses, profondément blessés par la mort de leur Peeira. Cette sensation de déchirement était si puissant, si fort, que Jack crut qu’ils allaient lui enfoncer le crâne à leur tour. Au lieu de ça, il tira une nouvelle balle en reculant vivant, balle qui échoua, mais dans la confusion, la quatrième toucha la patte de l’un des fauves.

Il transplana deux fois en arrière, remarquant en revanche que les loups n’attaquaient pas Yara et préféraient se ruer à ses trousses.

Au même moment, ayant senti que la Peeira avait été abattue, le dernier loup-garou, plus gros que les autres, sorti à son tour de son terrier dans un grognement sinistre et furieux à la fois.

Jack sentit qu’il n’avait pas fait les meilleurs choix ce soir, mais pour l’heure, il ne s’inquiétait pas.

Il avait vu pire. Bien pire que ça.


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Peeira

A Peeira is a guardian of wolves and werewolves. Peeiras give out a calming aura that helps soothe the pack she looks after, focussing their minds. She also has the ability to heal herself and the other members of the pack. Needless to say, this is terribly handy for the pack, and they will become the most dominant in the region. Apart from the team of ravenous super-wolves and werewolves, Peeira themselves are said to be very peaceful, pleasant, and of course beautiful. Well mostly, there are also tales that Peeira can become werewolves too.

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Mallory is down ! Action ratée.

Action simple réussie : la balle de Jack blesse un loup-garou dans la cohue.
Action compliquée réussie : la balle de Jack tue la Peeira, dont la mort provoque chez les loups et tous ses "suivants" une profonde peine, un vrai déchirement.
Action compliquée ratée : Jack est poursuivit et n'arrive pas à mettre de la distance entre lui et les loups qui le suivent à la trace.

Reste 2 balles dans le chargeur 10 coups.

ft.  @Jack Deschain

La peur s'insinua d'abord dans sa voix avant de prendre possession de son regard. Si toute envie assassine avait quitté son corps au moins temporairement, n'en restait pas moins cet effroi sourd et muet qui rendait son visage pâle comme un linceul sous la lumière de la lune. Ce qui la paralysait d'autant plus, c'était de sentir ces regards sur elle ; celui de Jack, celui de Mallory, mais surtout, celui de la Peeira. Ce qui la terrifiait, c'était de ne plus être en colère. Car sans ça, Yara n'avait plus rien à ressentir. Aucune émotion disponible. Alors qu'attendaient-ils tous d'elle comme ça ?

Son absence de discernement l'empêcha de comprendre ce qui était pourtant en train de se passer juste devant ses yeux. Les questions se bousculaient mais, comme à son habitude, elle se contentait de les balayer d'un revers de la main en se disant qu'elle aurait tout le temps d'y répondre plus tard, seule, à tête reposée. En face à face avec sa solitude.

À aucun moment elle ne pensait que cette soirée pourrait être la dernière.

Pas même quand la Peeira s'approcha d'eux comme si elle volait.

Pas même lorsqu'un Mallory trop spontané perdit sa tête devant ses yeux d'or.

L'agent venu en renfort eut à peine le temps d'hurler sur le sol terreux que le silence signa son grand retour, eux toujours sous protection, les loups toujours prêts à leur bondir dessus à la moindre nouvelle erreur de ce genre.

Pour la première fois depuis une décennie, Yara ne savait pas quoi faire, ni comment réagir. Elle était omnibulée par cette aura salvatrice qui se dégageait de la Peeira et se sentait le devoir de la protéger, quand bien même tout son corps lui hurlait de la tuer aussi froidement que tous les autres qui l'avaient précédée. Au lieu de ça, elle la regarda sauver l'un des membres de sa meute, l'air absent. Face à sa propre léthargie, la Brésilienne aurait voulu hurler à Jack de la pincer ou de la menacer de mort pour la pousser à réagir, mais aucun son ne sortait de sa bouche. Elle n'était bonne qu'à observer, elle qui était loin d'être habituée à cette immobilité aussi soudaine qu'incontrôlable.

Et puis il y eut cette voix. Si douce et si sauvage à la fois. Un ton familier, comme une musique d'enfance apprise par cœur, si souvent répétée qu'on ne l'oubliait jamais. Yara fit un pas, puis un autre en direction de celle qui l'appelait. Elle aurait voulu s'expliquer, lui dire pourquoi elle avait fait tout ça, lui promettre qu'elle ne recommencerait plus. Que la partie de chasse était finie, qu'aucune autre ne suivrait plus.

Mais à nouveau, Jack visa. Sa première cartouche se perdit dans le vide immense de la nuit, mais l'autre toucha sa cible si proprement qu'à nouveau, le décor se retrouva arrosé de quelque morceau de cervelle et gouttes de sang qui s'effacèrent sous le poids de la nuit.

La Peeira n'était pas un fantôme puisque la vie venait de la quitter sous leurs yeux.

Aussitôt, Yara en ressentit une tristesse immense, elle qui ne savait même plus comment on pleurait. Les larmes accoururent sur la peau de son visage, faisant couler dans leur sillage de larges trainées noires sous ses yeux. Elle aurait voulu demander à Jack pourquoi il avait fait ça mais à nouveau, aucun son ne sortit de sa bouche.

La réponse était si évidente que c'était peut-être mieux comme ça.

À genoux sur le sol, ce fut un mince filet d'air parcourant les parcelles de sa peau nue qui la ramena à elle, soufflé par le passage des loups enragés qui se précipitaient sans plus réfléchir sur la trace du chasseur.

Yara ne sentait plus ses membres et pendant un moment, la rancœur prit le dessus.

Elle pouvait bien rester là, après tout.

Il venait de tuer la Peeira.

Il ne méritait pas de survivre à tout ça.

Mais c'était bien des lycans dont on parlait. Ceux-là même qu'elle s'était juré de chasser, chaque seconde du reste de sa vie. Et puis, ce Jack qui avait tué la fée-loup devant elle était aussi celui qui avait tué pour sauver sa vie.

L'aura ravageuse de la Peeira qui gisait encore sur le sol s'éteignit et Yara revint progressivement à elle.

Elle rattrapa ses quelques mètres de retard en transplanant une première fois, retombant difficilement sur le sol pour continuer de courir. De là où elle était, elle tenta un nouveau sortilège de mort et si cette fois le bout de sa baguette s'alluma bel et bien, elle manqua sa cible. Elle enchaina avec un sortilège de protection qui arriva droit sur Jack pour créer un dôme de protection tout autour de lui.

Sur quelques mètres, elle courut sans s'arrêter avant de transplaner une nouvelle fois et se concentrer de toute ses forces pour atterrir à égale distance entre Jack et ce qu'il restait d'une meute orpheline. Sa vision ne la trompait pas et de tout son corps, elle tomba exactement là où elle s'était projetée, à la frontière du dôme de protection et bénéficiant ainsi de ses effets.

Immobile sur le sol, elle s'agenouillait devant les individus. Non pas en signe de reddition mais surtout pour tenter de les berner. S'ils avaient vraiment voulu lui arracher la tête à elle aussi, Yara ne serait déjà plus là pour penser.

Tout comme elle n'aurait pas survécu, 10 ans plus tôt, à Leandro.

Bien qu'elle refusait encore de voir les raisons pourtant évidentes de sa survie, elle misait tout sur une chance insolente qui n'avait jamais existé.

Avec un peu de chance, cela leur laisserait suffisamment de temps pour envisager la suite.

Si suite il y avait.

Car une partie d'elle, invisible mais pourtant bien présente, attendait l'impact.

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Expertise | sortilège Protego Totalum
dé action compliquée | échec = Son sortilège de mort est encore raté.
dé action compliquée | réussi = Yara parvient à transplaner entre Jack et la meute pour faire barrière et le protéger, puisque les lycans ne l'ont pas attaquée.