Asphyxia

Les transplanages étaient vifs, rapides. Jack se sentait balloté dans un sens puis dans un autre. Ça aurait dû lui donner le vertige mais il était bien trop habitué pour s’en sentir secoué. Au lieu de ça, l’adrénaline gonflait petit à petit son coeur, et avec ça, son sourire se faisait plus large, plus farouche que jamais. Ses muscles se bandaient sous la peau et il avait soudainement l’impression d’être à sa place, dans un chaos de sang, de hurlements sinistres et de crocs. C’était comme se sentir soudainement vivant, avec ce bourdonnement grave dans les oreilles lui rappelant qu’il n’y aurait pas de secondes chances. C’était maintenant ou jamais. Vivre ou mourir. Et c’en était presque bandant.

Le canon de l’arme tentait de trouver un angle, tout en sachant qu’il n’y aurait plus que deux balles et qu’il y avait deux loups et demi, donc un qui venait à revers - de la maison sous l’arbre - et l’autre de face.

Le bourdonnement se fit plus fort. L’instinct prit le pas sur la raison. Il s’écarta, prêt à être rattrapé quand Yara tomba juste devant lui, juste devant la gueule des fauves. Il fronça les sourcils. Une fraction d’incompréhension, où il se demanda ce qu’elle était en train de faire - la question trottait depuis l’apparition de la Peeira, mais il s’était dit qu’il trouverait la réponse plus tard - et finalement, il comprit.

L’arme se leva machinalement.

Ne bouge pas.

Ne bouge pas.

La première balle partit, touchant de plein fouet le buste d’un loup. La puissance de l’éclat de la balle eut raison de la vertèbre qui reliait la tête à l’abdomen. L’une vola dans les airs, propulsée dans une marre de sang rougeâtre, tandis que le corps s’écrasait, bousculant légèrement la Chasseuse au passage, s’enfonçant pour moitié dans la boue épaisse.

L’autre balle rata sa cible, explosant dans le sol sans faire de dégât, mais ça signifiait aussi que Jack était à court. A court de balle.

La Chasseuse se trouvait désormais juste à côté du loup - du plus gros, celui qui était sorti du terrier, celui dont la gueule était couverte d’hémoglobine séchée et qui avait compris, d’une certaine façon, qu’elle n’avait pas sauvé la Peeira.

La créature huma profondément Yara, s’imprégnant de son odeur tout d’abord, mais elle sauta d’un bond félin en arrière, grognant fébrilement. Le sorcier avait eu le temps de tirer sa baguette ; le sort avait raté, mais comme à chaque fois, ce n’était jamais qu’une question de temps. Le loup sauta sur lui ; le sectumsempra eut raison de ses pattes avant. Jack attendit que la bête ne s’écrase au sol pour en exécuter un second, qui celui-ci eut raison du crâne de l’animal qui se fendit en plusieurs gros cubes mous. Ainsi, il était certain qu’il ne regénèrerait pas, même sans argent.

Inspirant profondément et bruyamment, le Chasseur mit un petit temps à regarder autour de lui, à voir ce qui dans l’obscurité avait encore assez d’énergie pour bouger. Autour d’eux, il n’y avait plus que des dépouilles, d’hommes et de loups, y compris de fae de lune.

La Peeira avait versé son sang nacré jusque dans les marres de boue. Il était joli son sang, reflétant avec intensité les rayons de la lune, glissant dans sa chevelure noire abîmée.

Jack posa finalement son regard la Chasseuse. Son souffle était encore court, ses bras lourds. L’adrénaline était en train de hurler dans ses tempes. L’instinct lui disait qu’il y avait quelque chose.

Il jeta un oeil nerveux vers le terrier que le loup avait gardé, et dans lequel il avait déposé sa proie.

Jack regarda Yara un long moment, mais son sang hurlait.

« Bouge pas de là. »

Il n’avait aucune confiance en elle, mais il devait finir ce qu’il était venu faire.

Aucune confiance, mais il devait lui tourner le dos. La laisser avec la dépouille de la Peeira. Avec les loups éventrés, avec les morceaux de pelage et le sang épais sur le sol. La laisser alors que son visage était défait de larmes et de sang.

« Bouge pas, je reviens », répéta-t-il, pour se convaincre peut-être qu’elle l’écouterait, dans le fond. Qu’avait-il à y perdre ? Si elle bougeait, il n’avait qu’à...

Le Chasseur lui tourna finalement le dos, s’éloigna dans un silence de mort. Le terrier n’était pas bien loin, et plus il s’en approchait, plus il comprenait pourquoi les loups l’avaient gardé avec autant d’intensité, avec autant de membres. Une Peeira... et des jeunes. Des juvéniles, serrés les uns contre les autres dans le fond du trou. Leurs grands yeux, comme une douzaine de petites billes dorées. De petits gémissements malheureux, pathétiques. D'enfants.

Ils ont senti le sang dehors.
Ils ont entendu.

Jack leva la baguette, mais eut un instant d’hésitation.

J’ai un fils qui doit être aussi grand que ça.
Peut-être plus grand.

J’ai un fils maintenant.

Le doute s’insinua. Nerveusement, Jack regarda vers l’extérieur, mais Yara n’était pas là. Yara n’était pas là pour le faire, et il devait le faire.
Le Chasseur inspira profondément et finalement souffla son sortilège.

En ressortant, sa mine était fermée, pas fier comme d’ordinaire. L’idée lui trottait dans la tête : j’ai un fils. Et maintenant, il avait un problème, puisque Yara était toujours là. Il s’approcha plus rapidement, se demandant en enjambant le corps de Mallory ce qu’ils étaient sensés faire après ça. Lui n’avait lu qu’à peine les procédures. Appelez la BPM pour qu’elle vienne ramasser les morceaux puisqu’ils n’étaient bons qu’à ça ?

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Peeira

A Peeira is a guardian of wolves and werewolves. Peeiras give out a calming aura that helps soothe the pack she looks after, focussing their minds. She also has the ability to heal herself and the other members of the pack. Needless to say, this is terribly handy for the pack, and they will become the most dominant in the region. Apart from the team of ravenous super-wolves and werewolves, Peeira themselves are said to be very peaceful, pleasant, and of course beautiful. Well mostly, there are also tales that Peeira can become werewolves too.

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Le chargeur est vide !

Lance un dé compliqué pour savoir qu'un des loups fait semblant d'être mort. C'est un des premiers, et il est fortement amoché !

Lance un dé facile pour être plus rapide et pressentir l'arrivée des renforts lycans.
Si tu rates, les loups arrivent à la fin de ton poste. Tu as le droit de fuir avant, pendant ou après leur arrivée !

ft.  @Jack Deschain

Ses yeux étaient restés ouverts et ses paupières semblaient ne plus savoir comment cligner. Malgré le poids des ombres, son regard croisa celui de la bête qui s'arrêta à son niveau, juste avant l'impact. Il était si près que Yara pouvait sentir, en plus de son odeur de chien mouillé qui lui retournait l'estomac, celle de la terre détrempée que ses énormes griffes venaient de soulever. Pendant un instant, leurs souffles vinrent à se croiser et ce fut à ce moment-là que le lycan recula. Il avait senti quelque chose que la chasseuse, elle, n'assimilait toujours pas. Où était-ce de la mauvaise foi ?

Derrière, Jack était sauf. Elle était immobile et lui, il ne reculait pas. Du peu qu'elle en avait vu ce soir, il n'était pas du genre à faire demi-tour ou battre en retraite. Du peu qu'elle en avait vu ce soir, il était comme elle. Ils avaient beau ne pas se connaître, quelque chose lui disait qu'ils se ressemblaient. Bien que cette soirée avait été un carnage, eux s'en étaient sortis et ça n'était probablement pas complètement le fruit du hasard.

Un nouveau bruit sourd émanant de l'arme vint briser la tranquillité de la nuit, tirant une horde d'oiseaux de leur sommeil non loin de là, dans la forêt. Pendant ce temps, la balle touchait sa cible. Là où il fallait.

S'ils avaient le temps de faire un point sur les scores à la fin de la soirée, probablement Jack sortirait-il de cette partie de chasse comme le grand gagnant.

La violence du choc et de ce nouveau corps qui tombait lui fit perdre l'équilibre. Ses mains s'enfonçaient dans le sol et, à quatre pattes dans la boue, elle ne leur avait jamais autant ressemblé qu'à cet instant. Il ne lui manquait plus que les poils et le regard sanglant - quoique celui-là, elle l'avait déjà.

Elle eut à peine le temps de se relever pour viser l'autre loup que ce dernier fut plus rapide pour plonger sur Jack. Deux rayons de lumière jaillirent de leur combat et, à en croire leurs mouvements qui se stoppèrent tout à coup et la fine pluie qui éclaboussa les deux sorciers, Jack s'était rapidement débarrassé du problème.

Un fin fumet métallique surpassait bientôt celui du sol marécageux, plongeant les terres de Caradigan dans les ténèbres de la mort. Cette fois, le silence était plus pesant en cela qu'il témoignait qu'ils étaient les seuls survivants de cette partie de chasse. Et ainsi, les proies n'étaient plus. Quant à celles qui respiraient encore si elles existaient, bientôt, elles les rejoindraient.

Pendant un instant, Yara fut plongée dans une torpeur qui aurait du la forcer à analyser plus en détail tout ce qu'il venait de se passer. Mais ce n'était pas le moment, et la voix de Jack, plus sévère que jamais, l'aida à revenir à la réalité sans lui laisser le temps de la déconvenue. Les larmes de sang séchées sur ses joues rondes ne lui donnaient pas le droit de lui parler comme ça. La chasseuse se releva avec la détermination de ne pas l'écouter et la fierté de reprendre son habitude préférée : agir comme bon lui semblait.

Sans un bruit et alors que l'ombre de Jack se dirigeait vers le terrier, elle transplana dans la nuit jusqu'à la maison recouverte de racines, à l'intérieur de laquelle la lumière était toujours allumée. Son ambition était de trouver des indices ou quoique ce soit d'autre qui pourrait les aider à obtenir les informations qu'on ne leur avait pas données pour cette mission. Et, qui savait, à enquêter pour éviter de se retrouver balancés en plein dans d'autres fourmilières, à l'avenir.

À peine commençait-elle à sonder les lieux qu'un bruit de parquet qui grinçait, non loin de là, lui attira un regard suspicieux. Comme la traqueuse qu'elle était, elle suivit la piste pour arriver jusqu'à l'origine du bruit, et ce qu'elle découvrit la laissa un long moment interdite.

En face d'elle, elle croisa le même regard et les mêmes traits que la Peeira qu'ils venaient d’exécuter. Un nouveau spectre de la lune, à cela prêt que celui-ci était beaucoup plus petit et bien moins dangereux dans son hybridité. Yara sentit son corps s'apaiser de nouveau, lui rappelant la sensation qu'elle avait connue un peu plus tôt mais moins forte et moins présente.

L'attraction était bien là mais pas suffisamment forte pour éradiquer la pire partie d'elle-même. Cette fois, elle n'hésita pas une seule seconde pour tuer.

L'éclair de lumière verte qui jaillit de sa baguette était suffisamment puissant pour traduire son envie de mettre fin à toute cette mascarade une bonne fois pour toute. Mais aussitôt, et alors que la vie quittait les yeux du petit, une forte douleur à la poitrine lui arracha un cri qui déchira la nuit. Elle qui ne criait jamais dans la souffrance, elle devait bien admettre que cette fois, le supplice était trop fort. Sa vision se brouilla et l'instant d'après, elle fut projetée par une force invisible contre le premier mur qui croisait sa route.

Signe que contrairement à beaucoup d'autres, ce meurtre-là était singulier. Et qu'il ne resterait pas impuni.

Le mal prit fin aussi vite qu'il était arrivé, lui permettant assez rapidement de s'appuyer sur ses deux jambes pour se relever. Un peu étourdie, elle en oublia ce qu'elle était venue chercher et ressentit le besoin immédiat de retrouver l'air moite de la nuit. Aussitôt dehors, elle constata que Jack n'était pas encore revenu, mais elle regagna sa position pour lui donner l'illusion qu'elle l'avait écouté, toujours sans comprendre ce qu'il venait de lui arriver.

Mais cette fois, à sa décharge, elle ne pouvait pas savoir. Comment aurait-elle pu deviner que la mort de l'enfant Peeira orchestrée de ses propres mains venait de la condamner à une fin bien pire que la mort ?

L'air hagard, la chasseuse revit venir Jack malgré sa vision qui se troublait de nouveau. Elle ne disait rien mais sa main toucha sa tête comme prise d'une migraine. Elle tenta de ne rien montrer de plus que ça, se concentrant sur ses sens dans ce moment de battement alors que plus rien autour d'eux ne bougeait. Plus rien, si ce n'était...

Un craquement léger non loin d'eux interpella suffisamment fort son attention pour la tirer de son émoi. Elle avait beau être bousculée par ce mal invisible qui s'insinuait en elle à la manière sournoise d'un poison, elle n'avait pas perdu ses sens ni sa clairvoyance. Du moins, pas encore. De son visage implacable et de toute sa hauteur, elle toisa le lycan qui tenta une dernière fois de la prendre par surprise. Excepté qu'elle avait eu suffisamment de surprise pour toute une vie et qu'elle ne se posa pas plus de questions que ça quand ses flèches d'argent vinrent transpercer sa peau de part en part, en plein dans le cœur. Un crachat vint même saluer la dépouille avant qu'elle ne se dise que toutes ces peaux assemblées feraient un beau tapis.

Dans son attitude, tout tendait à montrer que Yara les haïssait encore plus fort qu'avant, si seulement c'était possible. Son regard rempli de haine et de colère montrait que ça l'était et que les prochains loups qui croiseraient son chemin avait tout intérêt à bien se préparer.

Et justement, quand on parlait des loups...

« T'entends ? Les renforts arrivent. »

Le bruit de leur cadence effrénée sur le sol résonnait dans un rythme sourd, semblable à quelques coups de tambour donnés directement sur la terre. Ils étaient nombreux, à en croire le nombre d'enchaînements. Et surtout, ils allaient vite.

Mais Yara était la seule à les entendre, d'aussi loin. Jack, lui, devrait certainement se contenter d'un silence de mort interrompu par une voix qui croyait encore qu'elle venait de se sortir de ses bras.

Elle ne savait pas. Elle ne pouvait pas savoir.

« Il faut qu'on se tire de là avant qu'ils nous tombent dessus. Ils savent probablement déjà qu'elle est morte, sinon, ils n'iraient pas si vite. »

Elle se gardait bien d'un ils qui ferait allusion au petit qu'elle avait fait disparaître pendant que Jack s'occupait des autres rejetons.

Les chasseurs devaient partir mais ils reviendraient, à n'en pas douter. Cette fois, ils arriveraient sur un terrain familier et sauraient à peu près à quoi s'attendre, bien qu'il fallait se douter que la meute ne resterait pas sur place longtemps après la mort de la Peeira. Et si ce n'était pas eux qui étaient missionnés la prochaine fois, alors ils auraient largement de quoi préparer les prochains à prendre leur suite.

En attendant, la Brésilienne mobilisa ses dernières forces pour faire disparaître de leurs yeux et de leurs odorats acérés les morceaux de chair, les gouttes et les flaques de sang, les corps encore chauds que la nuit se serait juste contentée d'avaler. Et les empreintes, et les parfums. Autant de preuves qui devaient être mises de côté avant d'être passées au peigne fin, analysées par les équipes qui voudraient bien s'en occuper et prendre l'affaire en charge.

Autant d'indices qui pourraient placer le reste d'une meute assoiffée de vengeance sur leur route, quand il valait mieux qu'ils fassent profil bas.

« Il faut qu'on rentre au CIS pour le rapport. »

Sa voix était redevenue si nette et son regard si froid que c'était à croire que rien de tout ça ne s'était passé. Que tout était redevenu normal.

Mais ça s'était passé. Et rien n'était normal.

La douleur revenait dans sa poitrine, signe que cette marre de sang dans laquelle ils s'étaient baignés était bel et bien réelle.

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Dé 6 faces | 3 = Yara croit entendre du bruit à l'étage : distraite, elle va voir s'il y a quelque chose et trouve un enfant Peeira. Elle le tue mais il y a une contrepartie...
dé action compliquée | réussi = Elle sent qu'un des loups fait semblant d'être mort.
dé action facile | réussi = Yara sent l'arrivée des renforts lycans.

Yara l’avait attendu. Jack la fixait sans vraiment y croire, mais il garderait pour lui tout commentaire. Son instinct ne le trompait pas ; sans ça, ça ferait bien longtemps qu’il se serait retrouvé six pieds sous terre, mais il préférait garder ça pour lui. Au cas où un jour ça lui servirait.

Ses sourcils se froncèrent alors qu’elle disait les entendre arriver. Il n’avait aucun doute qu’elle disait la vérité – jusque-là, dans un bourbier pareil, elle avait su voir plus loin que lui, ressentir avec plus de certitude son environnement. Ce qui ne jouait pas en sa faveur pourtant, c’était qu’elle ait ressenti également la Peeira, mais ça, ça resterait entre eux, au moins le temps qu’il

Le Chasseur n’avait pas envie de traîner, pas avec le sang des petits sur les mains, pas avec la boue et le sang sur ses godasses. Une bonne douche lui ferait du bien, après avoir rempli la paperasse.

Jack jeta un regard à la scène de carnage tout autour d’eux, et finalement il acquiesça.

« On se casse », décréta-t-il, sans autorité mais avec cette méchante voix, ce ton un peu rauque qui ne laissait pas place aux tergiversations.

Il transplana avant Yara, non sans un dernier regard vers l’étrange cabane.

La meute se dirigeait avec rapidité au travers du marais. Les pattes puissantes avançaient en direction de l’odeur du sang qui s’élevait. La piste était fraîche et au loin, on avait encore vu il n’y a pas si longtemps quelques éclairs de lumière.

Avance, soufflait le Loup Noir, avalant la distance en des bons puissants et nerveux.

Mais leur cœur était déjà trop plein de peine et de haine.

La Peeira était morte, et avec elle son fils, l’enfant-de-lune.

La Peeira était morte, et son fils avait été tué par une des leurs.

Quand le Loup Noir arriva sur les lieux du carnage, des volutes enragées s’élevaient au dessus de son museau épais. Il jeta un petit regard en coin, alors que déjà deux autres loups se jetaient sans retenue sur les cadavres des agents restés derrière, les secouant avec brutalité dans le seul but de désarticulé les poupées, pour décharger la colère et la peine.

Le Loup Noir approcha en silence de la Peeira et dans le silence de la nuit, le craquement de ses os lui permit de reprendre sa peau d’homme.

Il se pencha vers le visage blanc et rouge de la Peeira qui était tombée face contre le sol dans le marais. Il la retourna avec douceur et tendresse, elle et ses longs cheveux noirs décorés de ses os. Elle était belle la Peeira, et elle ne méritait pas ce qui lui était arrivé.

La petite meute de la Peeira n’avait jamais guère fait de mal à quiconque. Bien sûr parfois pour nourrir les plus jeunes, piégées dans son mode de vie archaïque, ils allaient attraper quelques bêtes dans la forêt, et il était arrivé une ou deux fois qu’à Caradigan, des voyageurs ne chuchotent le nom de ces bêtes, les comparants aux barghests ou encore aux chiens fantômes du Wistman.

C’était sans doute pour ça qu’elle avait fini ainsi.

Ryan se redressa, alors qu’un loup revenait, secouant vivement la tête négativement.

Tout le monde était donc mort.

Y compris les enfants.

Le Loup Noir fit glisser un œil sur le carnage entier, sans dégoût ni haine. Il n’était pas capable de ce genre de sentiment, lui, le chien de guerre, le fléau des champs de bataille.

S’il avait eu l’habitude que les loups-garous se fassent attaquer à vue, c’était en revanche la première fois qu’une fée-de-lune y passait également. Les Peeira étaient craintes mais respectées, comme toutes les autres fées.

Le Ministère avait dépassé les bornes.
La Confédération avait dépassé les bornes.

Ryan fronça les sourcils, et alors qu’il allait reprendre sa peau de Loup, puisqu’il n’y avait plus rien à sauver ici, un loup vêtu comme un homme sortit rapidement en portant dans ses bras une petite fille qui avait été dans le terrier. Trop petite et protégée par ses frères et sœurs, le sortilège de Jack n’avait fait qu’entamer sa chair sans la finir. Son torse était sanguinolent mais la petite s’accrochait, hoquetant du sang.

Ryan tendit les bras, alors que des vêtements apparaissaient sur lui et sur l’enfant. Il transplana sur le champ, comprenant l’urgence.