Tel père... (Jameson)

Tout en avançant vers l’obscurité, baguette levée, je fronçais les sourcils sur ce qu’il me disait sur les fées et le Tir Machin. J’avais déjà entendu ce genre de chose, il y a bien longtemps dans un cours à Poudlard. Je ne me rappelais plus du nom exact, mais le nom du lieu me rappelait surtout un endroit très dangereux, dont les mortels n’étaient pas sur de revenir.

« Ah. C’était dangereux alors.. J’espère que ça en valait la peine. Béni par les fées ça apporte quoi ? On va avoir droit à un peu plus de chance que d’habit... »

Je ne sais pas si c’était le fruit du hasard, ou s’il ne fallait pas dire du mal des fées, mais je me pris les pieds dans un petit cailloux et je me manquais de me casser copieusement la gueule au milieu du tunnel. J’arrivais à me relever cependant in-extremis. Prenant soin de bien remettre les cheveux qui étaient passés devant mes yeux d’un geste de la main, je répliquais :

« Ok ok. Ca m’a l’air assez sérieux comme bénédiction. »

Alors que nous avancions, l’excitation d’en savoir plus m’envahit. Je n’avais pas peur de grand-chose, et avec mon père à mes côtés, je n’avais vraiment peur de rien. Donc, je savais que quoi que l’on trouve, je ne risquais rien et cela ne pouvait d’ailleurs être que bénéfique. Même si c’était une chimère à combattre. Observant les grimoires, ainsi que les plumes, je regardais l’aspect circulaire de la pièce pour dire :

« Ca ressemble un peu à celle qu’on a chez nous. Tout ces grimoires et ces objets doivent avoir une valeur inestimable. Il y en a pour un paquet de temps à tout éplucher. »

Je m’étais bien sûr avancé vers la porte, de manufacture Gobeline. Mes yeux se posèrent sur elle et je l’éclairais avec ma baguette pour regarder les détails, bien sur sans la toucher. J’étais téméraire, mais pas assez con pour poser mes doigts dessus. Observant le sol en marbre noir, ma baguette éclaira à nouveau les plumes étranges.

« C’est de quel oiseau ? Un Augurey tu penses ? Ou peut être un Oiseau-Tonnerre. Mais c’est curieux, à l’époque on ne connaissait pas leur existence ici. Hm… Après, on est pas à l’abri d’une surprise, et si c’est la cas, tu auras une découverte magique de plus à ton actif p’pa. »

Je me contentais de continuer à éclairer le lieu. Après avoir pris quelques secondes pour réfléchir, mes yeux se posèrent à nouveau sur la porte. C’était ancien, et d’une magie complexe. Si on s’y mettait à deux, surtout avec la connaissance de mon père, il y avait peut être moyen que l’on fasse sauter le mécanisme. Mais, d’après mon expérience du lieu, il y avait peu de chance que ce soit aussi facile que je l’estimais.

« Qu’est ce qu’on fait ? Si on arrive à l’ouvrir, et que le Ministère s’en rend compte alors que je n’ai pas l’accréditation nécessaire, je suis bon pour un Maléfice de Langue-de-Plomb, et changer de service pour aller au Département des Mystères. Et… j’taime beaucoup papa, mais t’avoir tous les jours sur le dos... »

Je me mis à ricaner. Je brûlais d’envie de savoir ce qu’il y avait derrière cette porte. Mais je sentais aussi que l’on avait bien dépassé notre accréditation pour la journée. Au moins la mienne. Même s’il était directeur du département et que j’étais son fils, ce genre de passe-droit était loin d’être bien vu en Grande-Bretagne.

« Peut être qu’un livre parle des Clearwater de l’époque. » dis-je pour changer un peu le sujet et m’éloigner de cette porte qui semblait m’appeler de plus en plus et qui ne demandait certainement qu’à être ouverte.

20.12 Jameson éclata de rire lorsque Fergus manqua de se vautrer sur le sol. S'il y avait bien quelque chose que le patriarche avait appris au cours de ses diverses aventures aux quatre coins de l'Europe du Nord, c'était qu'il ne fallait pas sous-estimer la magie, qu'elle soit d'origine féerique ou sorcière. Tout comme son fils, il avait fait quelques erreurs durant ses différents périples qui lui avaient valu quelques frayeurs et quelques salutations à la mort qui s'était un petit peu trop rapprochée de son chemin de vie.

Par chance, tout du moins le croyait-il, ils étaient, tous les deux, dans l'antre de Myrddin, sorcier-enchanteur millénaire au sang mêlé, réputé pour être quelqu'un de bon bien que l'on ne parvenait jamais à trop saisir ses différentes leçons qu'il prodigua à sa communauté du temps de son vivant.

« - Ne sous-estime jamais la magie, Gus. » Rajouta-t-il, quoique gravement, malgré le sourire rieur qui s'était figé sur son visage.

Observant la pièce avec une curiosité qu'il ne cherchait même pas à voiler, Jameson écoutait son fils d'une oreille distraite alors qu'il regardait les différents grimoires et autres outils du temps jadis. De la même manière que Fergus, il évita de toucher quoique ce soit afin d'éviter d'énerver Merlin, son aura ou son souvenir.

« - Je ne sais pas. » Répondit Jameson, alors qu'il s'était, lui aussi, rapproché des plumes.

Se penchant dessus pour les observer plus précisément, il finit par se redresser vers Fergus, un sourire amusé sur ses lèvres.

« - On peut toujours tenter quelque chose. De toute façon, c'est moi le directeur, non ? Mes règles, donc. » Trancha l'Écossais avec un air malin.

Il se recula des plumes pour longer les bibliothèques. S'il parvenait à lire certains titres grâce à de lointaines connaissances du vieil anglais et de ses dialectes ou encore de vieux gallois, il y en avait d'autres qui lui échappaient totalement.

« - Nous faudrait un ou deux Cynfeirdd pour lire ça. » Murmura Jameson, plus pour lui-même que pour Fergus.

Le Clearwater se tourna vers son fils, surpris d'une telle idée.

« - Ça serait énorme... Après tout, on était proche des Fondateurs de Poudlard. Myrddin a fréquenté l'école à cette époque. Ancien Serpentard, il me semble. »

C'était une époque où les quatre maisons étaient encore soudées les unes aux autres. Une époque où les Fondateurs de l'école travaillaient main dans la main pour former les futurs sorciers qui façonneraient à leur tour le monde que Jameson et Fergus connaissaient aujourd'hui. Une époque que Jameson aurait adoré vivre tant les mythes et les légendes qui s'en échappaient encore de ses jours attisaient son cœur de Clearwater.

« - Je me demande quel genre de lien on entretenait avec les fées à cette époque. Aujourd'hui, c'est compliqué. » Se demandait Jameson qui jeta un regard une dernière fois vers les livres avant de s'approcher de son fils et de cette magnifique porte de manufacture gobelin. « Si Gringott's voit ça... » Fit Jameson en éclatant de rire.

Levant doucement sa main vers la pierre, il effleura du bout des doigts l'ouvrage. Comme un caillou lancé dans une mare, une pulsation magique parcourut la porte de l'endroit où Jameson l'avait touché sans que rien de plus ne se passe.

« - Intéressant... » Murmura-t-il de nouveau. « Comment ça va, maintenant ? » S'enquit Jameson, faisant alors la discussion avec son fils tandis qu'il observait les lieux. Fergus revenait d'un mois de repos bien mérité, loin du Royaume-Uni et de ses problèmes.

Je tournais la tête quand il déclara « directeur mes règles. » si c’était comme à la maison, on pouvait faire ce qu’on voulait de lui au travail. Bien sûr, je gardais ça pour moi. Par contre au mot « Ancien Serpentard », je ne pus m’empêcher de rouler gravement des yeux. Je détestais cette maison depuis que j’étais né, de mémoire. J’avais même eu pour ambition de changer d’Université si on m’avait envoyé là bas. Fort heureusement et à mon plus grand soulagement j’avais été envoyé chez les Gryffondor. Bien sur, ma sœur qui ne pouvait pas faire comme tout le monde avait été envoyé à Serdaigle. Et, si par malheur elle avait été envoyé à Serpentard, j’avais même préparé un discours pour me moquer d’elle ce jour là. Fort heureusement, ça n’avait pas du tout été le cas.

« Si c’était un ancien Serpentard, c’est sur ils pouvaient pas se piffrer. » dis-je comme un nigaud.

Je me rendais compte de l’énormité de mes propos un peu tard. D’ailleurs, je me ratatinais sur moi même par peur de prendre la foudre littéralement envoyé par Merlin. Fort heureusement, ce ne fut pas le cas et je me décontractais un peu. J’observais alors mon père faire, baguette levée et prêt à assurer ses arrières. Au « Comment ça va » je répondis immédiatement :

« Bah la porte a pas l’air de bouger et… ah tu parlais de moi. »

Un vrai bon Gryffondor. Je réfléchissais à ce que je pouvais bien lui répondre. Ca allait. C’était pas la joie, mais je ne comptais pas me laisser abattre. Sans rien toucher, je restais un moment silencieux, prêt à ne rien dire et à tout garder pour moi comme le faisait les Clearwater. Mais, fort heureusement, je ne l’étais qu’à moitié. J’avais hérité de la sensibilité de ma mère pour ce genre de chose.

« Ca va. J’avance. Enfin je suis décidé à avancer. Je vais pas rester toute ma vie à pleurer sur mon sort, même s’il s’acharne. Je vais me concentrer un peu plus sur moi, et sur Perséphone. Et moi sur le boulot, j’pense que c’est une bonne option. Sinon je finirai comme tonton, et je veux pas ça. Ni pour moi ni pour personne. »

Je savais que mon père n’aimait pas que l’on parle de Braxton et de ce qu’il était devenu au fil des années. Mais, c’était quand même ce que mon grand-père m’avait plus ou moins dit et je ne voulais pas suivre le même chemin.

« J’ai ma propre route à tracer. » dis-je simplement « Et toi ? C’est pour voir Maeve que tu voulais faire venir des Cynfeirdd ? T’arrive à te faire accepter par sa fille ? Ca à l’air d’être une vraie furie, je l’ai croisé une fois… »

Je bombais un peu le torse et je déclarais comme un môme de 10ans :

« En tout cas moi j’fais des efforts. Je crois que Maeve m’aime bien. Mais tu sais ce qui me fait le plus plaisir c’est de te voir heureux. Depuis la mort de maman je t’avais pas vu comme ça. Et… ca me fait du bien et vraiment plaisir. »

Je le regardais de dos. Il y eut un silence et je fis finalement un rire super gras avec l’accent de papy :

« Ahah on va p’t’etre arrêter de se parler comme des gonzesses ! D'ailleurs en parlant de ça, depuis quand tu sais que Mamie pense que je suis homo? »

20.12 Jameson ne put s'empêcher d'exprimer un profond soulagement alors qu'il soupirait devant les propos de son fils, Fergus. Savoir que ce dernier avait conscience qu'il pouvait à n'importe quel moment vriller à cause du travail qu'il faisait rassura beaucoup Jameson. Néanmoins, il n'avait jamais pensé que son fils puisse finir pareil. Peut-être par arrogance, parce que c'était le sien et qu'il avait tout de même fait tout ce qu'il pouvait pour lui assurer une éducation plutôt stable du moment où sa mère est tombée malade jusqu'à ce que la mort ne l'emporte et après.

Enfin, il était aussi important de rappeler que Braxton avait toujours été le plus fragile de la fratrie et que ce qu'il avait vécu durant la guerre avait fini de torpiller sa pauvre âme. Jameson avait plusieurs fois tenté de le raisonner, tout comme leur sœur d'ailleurs, mais rien n'avait fait pour que le cadet des fils Clearwater ne se remette dans le droit chemin, préférant - par arrogance, peut-être - montrer qu'il était plus fort que ce que les autres pensaient de lui. Au final, il avait donné raison à tout le monde en allant se cloîtrer, Dieu seul savait où pour sa convalescence. Il était fort à parier que les Clearwater ne le reverraient plus et qu'il finirait seul comme un con à combattre des démons qui n'avait pas à l'être s'il avait accepté l'aide du clan.

« - Mets toujours Perséphone avant ton travail, Gus. On s'est pris plusieurs fois la tête avec ta mère, à ce sujet. » Commenta Jameson, sans poser son regard sur son fils, continuant alors d'observer les détails de cette porte qui semblait rester inerte malgré cette étrange lueur qui venait de pulser de son doigt sur toute la surface.

Fergus ne tarda pas à lui renvoyer la balle en le questionnant sur @Maeve Cynfeirdd. Un fin sourire se dessina alors sur les lèvres de Jameson qui se détacha de la contemplation de cette œuvre gobeline pour observer son fils.

« - J'ai élevé Lucy. À partir de là, je crois que je crains plus personne. »

Un petit rire vint ponctuer sa phrase.

« - Mais c'est compliqué, effectivement. Surtout que bon, son père n'est pas vraiment mort. Plutôt... Maudit dans le Floì, dans le nord de l'Écosse. T'as forcément dû entendre parler de ce marais. »

À la place de @Freya Korrigan, Jameson ne sait pas comment il aurait réagi. Quoiqu'il ait pu s'énerver après elle lorsqu'elle était venue lui cracher à la figure dans son bureau au ministère, il n'avait pas vraiment de colère vis-à-vis de la fille de Maeve. C'était probablement dû au fait qu'il pouvait comprendre, ou tout du moins imaginer, ce qu'elle pouvait ressentir en voyant sa mère avec un autre homme malgré le fait que Maeve ne lui ait jamais rien caché.

Lorsque Fergus parla de Caleigh, Jameson se figea un court instant. Ce fut rapide, mais perceptible. Son regard s'était légèrement éteint alors qu'il tentait de cacher cette douleur qui ne le quitterait probablement jamais avant de finalement sourire. Il fut néanmoins content de le voir changer de sujet.

Jameson éclata tout simplement de rire. Sans être homophobe, les Clearwater étaient des sorciers de la terre, vivant sur leur propre île, n'en sortant que lorsqu'ils en ressentaient le besoin pour se mêler aux autres ou non. Mais comme tout clan des Highlands, ils préféraient rester entre eux, à s'occuper de leur lopin de terre, ne rencontrant les autres que sporadiquement, voire même que lorsqu'il fallait prendre quelques décisions un peu complexe et qui nécessitait l'avis de tous les chefs de clan.

Cela pouvait très certainement passer comme tel, pourtant il n'en était rien.

« - T'es trop fleur bleue, c'est pour ça. » Répondit Jameson en s'essuyant le coin des yeux.

C'était une fausse excuse. Tous les Clearwater l'étaient. Ils le montraient tous différemment.

« - Mais je pense surtout qu'elle cherchait à te charrier. Ou à te renforcer. Elle a toujours eut peur de voir ses enfants ne pas s'en sortir dans la vie. »

Jameson ne put s'empêcher de penser à son frère un court instant.

« - Et papi, alors ? Il t'a jeté par-dessus la falaise de l'homme mort ? » Demanda Jameson avec un sourire taquin.

Je me mis à rire quand il parla de Lucy et du fait qu’à partir du moment où on l’avait connu, on ne pouvait plus rien craindre. J’étais bien évidemment d’accord avec ça, et je préférais ne pas en rajouter par simple peur que cette conversation ne lui revienne un jour aux oreilles. Les mains sur les hanches, je regardais toujours autour de moi et je compris qu’on était là pour parler, et qu’on n’en découvrirait pas plus aujourd’hui à mon sens. Il fallait qu’on soit six pieds sous terre, dans un caveau surprotéger pour se confier l’un et l’autre.

« Oui, le Ministère a eu vent de cet endroit. Il a un dossier au bureau des Aurors mais c’est MacLagan qui s’en occupe. Je sais qu’on n’a pas le droit y aller, à moins d’avoir une autorisation spécifique, c’est pour dire la dangerosité du lieu. »

Je ne faisais que dire ce que je savais et ce qui pouvait être dit, car même si c’était mon père j’avais un certain devoir de réserve. De toute façon, je n’en savais pas plus que cela. Et lui aussi, dans sa posture devait également me cacher quelques choses. Notamment tout ce qu’il avait découvert ici, car je me doutais que depuis qu’on était là, ses yeux et son expérience en avait plus que moi. Mes yeux à moi n’avaient pas changé sur lui et je le voyais toujours avec autant d’admiration.

« Ouais y’a des chances. Mais je suis sur que je suis moins fleur bleue que toi. Va pas me dire qu’avec une femme comme Maeve, t’as pas du jouer le grand jeu hein ! »

Je me surpris moi même de la tournure de la discussion. Autant avec les autres, je n’avais jamais eu le soucis d’en parler ouvertement. Autant quand mon père était là, j’avais tendance à régresser en terme de maturité. Mais… Mes séances avec ma psy me faisait prendre en compte que je vieillissais et que la vie avançait pour moi. L’espace d’un instant, je me demandais même si je supporterai un jour les responsabilités d’un chef de clan.

« Papy m’a dit de me secouer. Il était choqué par l’absence de réaction du Ministère. Il m’a dit de me reprendre en main, un peu à ta manière. »

Je le regardais dans les yeux, je savais que ma voix était en train de dérailler mais j’allais lui dire. J’allais transmettre le message, parce que je pense que ce dernier ne m’était pas destiné.

« Et il m’a également dit de prendre soin du clan et de ma famille. Que tu faisais le dur, mais que tu avais besoin de soutiens. »

Je ne bougeais pas. Et la situation devenait de plus en plus gênante. Je savais que j’allais le perturber et je sentais que la discussion allait de plus en plus loin. Pour des Clearwater, on s’en était déjà dit pas mal pour aujourd’hui.

« On devrait remonter dire à ton équipe ce qu’on a trouvé non ? » dis-je pour détourner la conversation.

20.12 Ce fut un ascenseur émotionnel que vécut Jameson durant cette conversation avec son fils. Lorsque Fergus parla de @Maeve Cynfeirdd, un sourire fier, mais terriblement niais se dessina sous son épaisse barbe blanchie par les âges. Mais lorsque Fergus témoigna de son échange avec son grand-père, une intense douleur secoua le quinquagénaire dont les yeux s'humidifièrent instantanément. Frappé par un mutisme qu'ont ces hommes qui ne savent exprimer leurs émotions lorsqu'ils sont profondément touchés, Jameson se contenta d'hausser les épaules sans poser son regard sur son fils. Bizarrement, il ne put retenir ses doigts qui avaient besoin d'exprimer son mal être en malmenant ce coin de l'épaisse bibliothèque de marbres qui contenaient quelques grimoires parmi des résidus d'autres livres n'ayant pas survécu aux affres du temps.

Jameson saisit la bouée que Fergus lui lança pour changer de sujet et remontait à la surface.

« - Ouep, bonne idée, fils. » Se contenta de dire Jameson, qui vint s'approcher de son fils pour l'inviter à le suivre en posant sa lourde main sur son épaule.

Mais cela ne suffit pas à Jameson pour sortir de cette étrange humeur dans laquelle son fils venait de le plonger. Ainsi, il ne dit rien ou pas grand-chose alors qu'ils faisaient le chemin en sens inverse. Plongé dans ses pensées, Jameson ne se rendit pas compte tout de suite qu'ils venaient enfin de sortir de château de Myrddin, retrouvant alors les équipements et les tentes disposés par les agents du ministère tout autour du site de fouille.

Jameson se figea, se tournant alors vers Fergus pour l'observer un court instant avant de finalement lui sourire.

« - C'était cool. Tu veux manger un truc ? » Proposa Jameson en l'amenant vers une tente où l'équipe venait se restaurer un peu en journée (il n'y avait que l'équipe de surveillance de présente sur le site). « Y a quelques conneries dans la boîte au fond là, juste à côté de la fontaine à eau. » Fit Jameson en lui montrant ladite boîte tandis qu'il s'approchait de la cafetière pour s'en préparer un. « Tu veux un café ? »

N'attendant pas la réponse de son fils, Jameson saisit deux tasses qu'il remplit d'un liquide ambré, fumant légèrement. Jameson s'assit sur à une table non loin de là, déposant les deux tasses l'une en face de l'autre pour inviter son fils à le rejoindre.

« - J'aimerais bien te présenter Maeve, Gus. Je veux dire, officiellement. Tu penses être prêt ? » Demanda Jameson, comme s'il marchait sur des œufs. Fergus lui avait dit un peu plutôt que c'était bien, que cette relation avec Maeve lui faisait du bien. Mais Jameson ressentait le besoin d'avoir son avis sur la question. Il ne savait pas s'il le suivrait si jamais Fergus lui demandait de ne plus la voir (chose à laquelle il se préparait depuis un an pour le jour où il viendrait le proposer à sa chère, tendre et douce Lucy), mais... Par respect pour Caleigh, sans doute....

La discussion ne m’avait pas donné tellement faim. Après être remonté à la surface, perdu dans mes pensées, j’étais entré dans la tente comme dans un rêve prêt à repartir. Mais, je sentais bien que mon père avait besoin de continuer cette conversation et qu’il voulait me dire quelque chose. Comme un gosse, je m’installais sans prendre à manger et je regardais la tasse devant moi. Les équipements autour de moi attiraient mon attention comme jamais. C’était un métier que j’aurai aimé faire si je n’avais pas fait auror, mais j’avais choisi ce dernier afin d’être toujours au coeur de l’action et parce que j’avais pris ma tante Ellie comme modèle. A sa question sur Maeve, je le vis tendu comme jamais, essayant de comprendre là où il voulait en venir, je me ratatinais un peu sur ma chaise. Sentant le poids de la perte de ma mère sur les épaules, je soupirai finalement comme pour faire sortir tout ça.

« Papa… T’es heureux comme jamais… T’attends quoi ? Ma bénédiction ? » dis-je en souriant un peu amusé. « Bien sûr que je veux que tu me présentes officiellement Maeve. »

Je laissais un très long silence derrière nous. Je savais qu’il pensait que j’allais dire cela. Quoi que, avec le recul ce n’était peut être pas si évident. Ma mère me manquait toujours, et il avait le don pour ne voir qu’un enfant alors que j’étais désormais un adulte et que de nombreuses années avaient passé depuis sa mort.
Il avait remonté la pente avec nous, et malgré nos querelles Lucy et moi, nous l’avions toujours soutenu pour qu’il soit aujourd’hui le sorcier si merveilleux qu’il était.

« Tu n’as pas à me demander notre avis tu sais. Je parle aussi au nom de Lucy, tout ce qu’on veut c’est ton bonheur. Tu peux nous la présenter, et aller plus loin si ça te rend heureux p’pa. Maman aurait voulu que tu refasses ta vie. »

Ma voix se brisa un peu, et les larmes montèrent. Ressemblant trait pour trait à mon paternelle, je m’enfermais à mon tour dans un silence pudique et je portais mon café à mes lèvres pour que le blanc ne paresse pas trop long. Posant ma tasse, je décidais de détendre l’atmosphère et je me mis à rire. Chose qui souvent chez nous, chasser la tristesse comme un Patronus.

« Et puis Lucy elle a pas trop son mot à dire ! Elle sort avec un employé du Ministère, un Brigadier ! Mohan Rajkumar. Il est beau gosse, mais lâche pas un mot quand il vient à l’appart. J’arrête pas de me foutre de sa gueule, car pour quelqu’un qui a une dent contre le Ministère de la Magie, ses choix de vie sont pas trop en adéquation avec ses idéaux. »

Amusé, je désignais alors mon flanc droit en posant mon café :

« Et sur ces paroles, elle m’a pété deux cottes en me disant de dégager de l’appart. Faut vraiment que tu lui rappelles que c’est chez nous et pas chez elle. Ni chez Mohan d’ailleurs. »

Voilà qui allait détendre mon père. Un peu d’huile sur le feu et des informations balancés à la voler pour embraser la situation de ma sœur. Je pris alors un peu de café, très content de mon petit effet. J’avais bien poukavé.

20.12 Fergus apaisait le cœur de Jameson en lui donnant sa bénédiction (et celle de sa sœur, Lucy). Avec un sourire, il ne put s'empêcher de penser à cette dernière qui pouvait se montrer particulièrement retord lorsqu'elle le voulait, surtout dans pareille situation où il semblerait que Lucy ait un besoin de tout savoir pour pouvoir apporter son grain de sel (que ce fut pour donner son accord ou pour convaincre son monde que c'était une mauvaise idée). Mais Fergus avait raison. Caleigh n'aurait pas voulu qu'il reste seul. De toute façon, c'était ce qu'elle lui avait dit dans leurs dernières discussions. S'en rappeler était terrible, même maintenant, mais cette douleur lui faisait du bien. Au moins, il n'oubliait pas son épouse que la mort lui avait enlevée bien trop tôt et c'était tout ce qui comptait.

Jameson était en train de boire son café lorsque Fergus lui fit une révélation qui allait tout changer. Aussitôt, il recracha le contenu de sa bouche sur son fils aîné.

« - Lucy... QUOI ? » S'écria Jameson, en s'étouffant à moitié.

Il lui fallut quelques instants pour pouvoir se remettre de sa quinte de toux. Claquant des doigts en observant son fils, il fit disparaître le café du visage et des vêtements de Fergus.

« - Désolé pour ça. »

Jameson se racla la gorge une dernière fois.

« - Mohan Rajkumar ? »

Il fronça les sourcils, tirant de sa poche un papier et une plume sur lequel il écrivit le nom et le prénom.

« - J'vais faire quelques recherches sur ce garçon. »

Il relut le prénom.

« - Ça sonne pas très écossais ça... Pourquoi toutes les femmes de la famille se trouvent un étranger, sérieux ? » Maugréa Jameson en pensant à sa sœur qui s'était mise avec Amastan et maintenant Lucy avec ce Mohan. Heureusement qu'il ne savait rien pour @Aram Romanez...

Ce n'était pas du racisme. Voyez plutôt là un besoin de faire perdurer l'héritage écossais... Le terroir ! Jameson était un fier Scots qui ne jurait que par sa terre. Enfin bon, vu comme il aimait son beau-frère, hein. Amastan était plus proche de lui que son propre frère (en même temps, ce n’était pas bien compliqué).

Il ne put s'empêcher de rire lorsque Fergus ajouta que Lucy lui avait cassé deux cottes en le virant de l'appartement. Elle ne manquait pas de culot celle-là, c'était terrible... Mais le pire dans tout ça, c'était que Jameson adorait ça. Il avait deux enfants totalement différents qu'il aimait tout pareils, mais qu'il ne voudrait modifier pour rien au monde.

« - Je vais surtout lui donner et t'en prendre un autre... C'est plus facile comme solution. » Avoua Jameson en ricanant.

Ah. Visiblement il n’était pas encore au courant et j’allais me faire défoncer par Lucy. Un élan de panique traversa mon corps et mon coeur, bien plus puissant que ceux que je pouvais ressentir quand j’étais en intervention. Mais maintenant que j’étais lancé… Autant aller mourir en enfer de la main de ma sœur.

« Oui, Ra-jku-mar. » dis-je d’une voix claire pour qu’il écrive correctement le nom afin que ses recherches soit plus efficace.

Car le danger rodait partout et surtout pour Lucy qui avait un caractère à s’accoquiner avec le premier mage noir par accident c’était certains. Bon, celui là semblait bien intègre de ce que j’en avais vu et entendu. Mais… peut être un peu trop, et c’était ça justement qui était suspect. A la remarque de mon père sur les origines de Mohan, je me tendis un peu sur ma chaise de camping en face de moi, car Fogg n’avait rien d’écossais. Du moins rien d’écossais pour l’instant.

« Non non t’inquiète pas pour moi. Je peux avoir un petit appartement de fonction et t’as pas à faire ça... »

C’était plus à Lucy de comprendre qu’elle devait partager. Mais ça c’était parler dans le vide… Bien que je la soupçonnais quand même d’avoir été à l’origine de la proposition de coloc quand Solvi et moi avions rompu.

« Je vais me marier avec Perséphone d’ailleurs. » lâchais-je brusquement.

Parce que je sentais bien qu’avec son histoire de Maeve, il avait essayé de me devancer là dedans. J’avais pris mon courage à deux mains, et j’avais brusquement décidé de lui raconter toute l’histoire.

« On s’est réconcilié, enfin je crois. Et j’ai demandé à ce qu’on nous marie dans l’espace internationale quand on est parti pour la Nouvelle-Zélande. Bon ca c’est pas passé comme prévu. Visiblement elle voulait un truc ou t’étais d’accord et ou t’étais au courant. Je crois que tu l’impressionnes. Je voulais un truc simple et rapide pour lui prouver mon amour mais visiblement elle voulait un truc plus compliqué avec toute la famille. J’y comprends rien aux femmes, vraiment. »

Je fronçais les sourcils comme un benet et je commençais à boire mon café en continuant sur le même ton léger de la conversation :

« Le but ultime au-delà de notre amour réciproque c’est qu’elle joue pour l’Ecosse. Attends t’imagine si elle prend la nationalité Néo-Zélandaise par droit du sol vu qu’elle joue là bas ! Hors de question qu’on laisse passé une joueuse comme ça non ? »

Bien sûr ce n’était pas la véritable raison. La vraie raison c’était que je l’aimais. Mais… je préférais tâter le terrain et ainsi donner une fausse raison de son absence à mon premier mariage dans les airs internationaux.

« Après, je sais pas si c’est une bonne idée. Peut être qu’elle va faire comme Solvi, et quand la vraie difficulté va se pointer, elle va m’abandonner. »

Ma tasse m’avait échappé des mains et était tombé sur le sol. Timide et les joues un peu rouge, je l’avais remise à sa place et j’avais nettoyé par magie, concentré sur ma tasse pour ne pas regarder mon père dans les yeux.

20.12 Jameson se figea instantanément lorsque Fergus lui annonça qu'il allait se marier avec @Perséphone Fogg. S'il savait que son fils entretenait une relation avec l'une des étoiles montantes du Quidditch de sa génération, il ne s'était pas attendu à ce que les choses aillent aussi vite entre eux. Peut-être qu'il ne s'était tout simplement pas rendu compte que cela faisait déjà un an qu'ils étaient ensemble... Ou peut-être parce qu'il jugeait ça encore trop tôt par rapport à sa relation avec Solvi ? Jameson ne saurait le dire. Mais pire encore, c'était qu'il ait fait sa demande de la pire des façons (Jameson ignorait le romantisme possible dans pareil endroit).

Le souffle coupé, il ne parvint même pas à exprimer sa gratitude envers Perséphone qui semblait être celle qui avait la tête dans leur relation. S'il était debout, ses jambes auraient probablement flanché. Il n'entendit même pas ce que Fergus lui dit après. C'était comme s'il était loin de lui ou que ses oreilles avaient perdu de leur audition au point de mettre en second plan le son de la voix de son fils par rapport à ce blanc qui traversait son esprit, incapable d'avoir une quelconque pensée.

Puis finalement, il s'anima. L'agacement déferla en lui comme un cours d'eau ayant rompu son barrage et aussitôt, Jameson leva sa tasse de café pour la vider sur la tête de Fergus avant de se mettre à rouspéter.

« - Espèce de centaure à trois pattes, je vais te tordre le cou ! Tu ne peux pas faire les choses correctement bon sang de bois ! »

En s'exclamant de la sorte, sous la colère, Jameson s'était levé pour faire les cent pas.

« - Par les couilles de Gryffondor, c'est pas possible ! Tu ne peux juste pas attendre de t'être posé avant de vouloir te propulser dans une histoire avec cette jeune femme ? Vous vous connaissez à peine ! »

Il se figea, se tournant vers Fergus, les mains sur les hanches.

« - Par Merlin, au moins, elle a l'air d'avoir la tête sur les épaules ! »

Il secoua la tête.

« - Ça rattrape au moins le fait qu'elle soit anglaise, celle-là ! » Ajouta-t-il, agacé.