Rookie (Yara)

ft. @Fergus Clearwater

Au Ministère de la Magie, les journées passaient mais ne se ressemblaient jamais.

Enfin, jamais complètement.

Depuis qu'elle était venue grossir les rangs du département de contrôle et de régulation des créatures magiques, Yara Morães De Carvalho semblait enfin avoir trouvé sa place loin d'un Poudlard qui ne l'avait jamais vraiment acceptée pour ce qu'elle était. Aujourd'hui, elle était aussi à l'aise dans les missions qui lui étaient confiées qu'un poisson pouvait l'être dans l'eau. Comme un loup le serait dans sa tanière.

Ses résultats du trimestre, affichés sur un grand tableau noir actualisé comme par magie en temps réel, en étaient d'ailleurs la plus belle preuve. Jour après jour, alors même que sa journée n'avait pas encore officiellement commencé, c'était un passage obligé devant l'affichage officiel pour s'assurer que son prénom figurait toujours en haut de la liste. Un petit plaisir personnel alors que la cuillère tournait seule dans une tasse remplie de ce café noir immonde qui mettait trois heures à refroidir et dont les Britanniques semblaient pourtant raffoler comme d'une drogue, plus encore que de leur eau chaude à peine aromatisée.

Et puis, comme chaque matin, la même routine se poursuivait : parler seulement lorsqu'il n'y avait aucune autre solution, éviter de sourire au maximum, prendre connaissance de son ordre de mission. Yara reprenait vie lorsqu'elle devait passer à l'action pour remplir chacun des objectifs qui y étaient listés, s'offrant chaque jour une parenthèse exclusive et unique sur le terrain. Durant quelques heures, elle se sentait vivante et pour le moment, ça lui suffisait. Ainsi, sa journée s'achevait sur le même sentiment d'avoir œuvré pour le bien commun, avec la fausse impression d'avoir temporairement rassasié sa faim de vengeance. Jusqu'au lendemain matin.

Mais voilà ; aujourd'hui, la liste comportait un point noir qu'elle aurait largement préféré ignorer. Tout comme l'énergumène qui venait de lui foncer dessus d'ailleurs, renversant dans sa course son café sur ses vêtements de mission. Lentement, elle releva la tête vers le fauteur de trouble, serrant les dents pour se retenir de le mordre ou de lui aboyer dessus. Parce que c'était précisément ce que les règles de la bienséance européenne lui avaient appris : maîtriser ses émotions pour ne pas paraître faible.

C'était sans compter sur l'inconnu qui lui faisait face et qui semblait de surcroît incapable d'enchaîner deux mots pour en faire une phrase compréhensible pour quelqu'un qui n'avait pas l'anglais pour langue natale. Levant les yeux au ciel, la jeune femme frôla l'épaule de celui qui devait être à peine plus jeune qu'elle pour faire demi-tour dans son propre bureau. Son air agacé s'intensifiait alors qu'elle venait de comprendre quelque chose d'essentiel pour la suite du déroulé de sa journée : le point noir de sa liste était juste devant elle et se permettait de lui donner des ordres.

Elle appuya ses mains sur son bureau et releva ses yeux d'ambre, aussi durs que la pierre, vers le dénommé Fergus qui n'était sans doute pas près pour ce qui allait suivre - le pauvre.

« On va reprendre. » Le silence qui suivit lui rappela de desserrer ses dents pour apaiser sa mâchoire. « Tu t'appelles Blairwater et tu viens de foutre en l'air ma tenue et ma journée. Puisque je dois me coltiner ta présence jusqu'à ce soir, on va être très clairs : c'est moi qui donne les ordres et qui dit quand est-ce qu'on doit partir. Ici, t'es pas chez les Aurors, mets-toi bien ça dans le crâne », grogna-t-elle en joignant le geste aux paroles, montrant sa tête du bout de l'index.

D'un coup de baguette magique, la tâche de café brûlant sur son débardeur couleur crème disparut, de même que la brûlure qui était venue rougir sa peau non loin de sa poitrine. Elle s'avança vers le trublion et attrapa d'un geste étonnamment vif le morceau de papier qu'il avait fièrement brandi dans sa direction pour en découvrir le contenu.

Ses yeux parcoururent les lignes du fameux ordre de mission et un sourire mauvais vint donner vie à ses traits pourtant naturellement doux.

« J'imagine que t'as pas lu l'ordre de mission en entier pour être si pressé de partir, Blairwater. »

Un rictus encore plus terrible ponctua ses mots, montrant l'étendue de sa délectation pour le visage déconfit qui allait bientôt apparaître sur le visage de la jeune recrue des Aurors lorsqu'il découvrirait le déroulé de la suite de sa journée :

ft. @Fergus Clearwater

Clearwater. Maintenant qu'il la reprenait, ce nom sonnait d'un façon étrangement familière dans son esprit. Se pouvait-il qu'ils se soient déjà croisés, à Poudlard ou au Ministère ? Ou bien était-ce simplement le fait qu'il y avait, en Grande-Bretagne, autant de Clearwater que de Smith ou de Jones ? Si Yara avait fait preuve d'un minimum d'intérêt pour autrui, probablement se serait-elle vraiment posée la question. Mais comme à son habitude, elle n'avait d'yeux que pour sa petite personne.

« Peu importe comment tu t'appelles. De toute façon, ce soir, on ne se rappellera plus de nos existences mutuelles. »

Son ton était toujours aussi glacial, contrastant avec la chaleur des ambres dans ses iris. Sa mâchoire toujours trop serrée pour tenir une position naturelle, elle attendait naturellement qu'il réplique ou se défende pour voire à qui elle avait à faire, mais ce qui suivit ne fut qu'un enchainement de déceptions. N'avait-il pas encore saisi qu'elle aurait un rapport à fournir sur sa personne avant la fin de la journée ?

« On ne m'avait pas prévenue qu'on recevait un petit génie au Ministère. Si t'es si intelligent, Blairwater, t'as qu'à trier comme tu le sens, et tu verras bien si ce bon vieux Merritt s'en satisfaira. »

Merritt, c'était l'homme à tout faire du Ministère. Celui qu'on appelait pour toutes les tâches un peu trop pénibles pour les agents qualifiés, mais qui devaient être réalisées malgré tout. C'était celui qui se plaignait tout le temps mais qu'on supportait pour ne pas avoir à faire à sa place. Aujourd'hui, malheureusement, Merritt était absent, ce qui expliquait que le petit Blairwater venait d'hériter d'une partie de ses missions ingrates. Mais après tout, ça faisait partie du boulot. Un dossier à risque devait être correctement rangé pour le jour où on avait besoin de ressortir ses dessous crasses. Yara aurait probablement pu faire preuve de pédagogie et expliquer le bien fondé de la mission qui lui était confiée à Fergus, mais elle préférait que le stagiaire pense que c'était dans l'unique but de lui nuire. Ainsi, elle verrait s'il tenait la route. Et à vrai dire, le petit chiot avait du répondant, même si ses aboiements intempestifs faisaient surtout beaucoup de bruit.

La chasseuse souffla du nez. Elle se moquait ouvertement.

« Oh non, t'as du mal comprendre. Toi, tu tries. Moi, je bois du café en te regardant faire. C'est beaucoup plus stimulant. »

La situation prêtait à sourire uniquement parce que Yara avait vu le matin même qu'elle faisait toujours partie du haut de la liste et que la façon de penser des étudiants de Poudlard ne l'avait jamais intéressée. Ce n'était pas aujourd'hui que son avis sur la question allait changer. En d'autres circonstances, un tel manque de respect adressé à un agent du Ministère aurait pu lui valoir un blâme.

Mais pour ça, Yara attendrait la fin de la journée.

Son sourire l'abandonna lorsqu'il fit mention de son accent. Fergus continuait sa petite tirade et pendant ce temps, elle continuait de ranger son bureau sans même l'écouter. Ou en tout cas, elle se contentait de le faire d'une oreille distraite.

« C'est bon, t'as fini de raconter ta vie ? Où est-ce que tu as vu qu'il y avait écrit "Psychomage" sur ma porte ? Je suis pas payée à être rayonnante. Encore moins à t'écouter. Alors maintenant, tu vas me faire le plaisir de faire ce que je te demande ou je te dépose dans le bureau de Eva Baxter. »

La simple mention de ce nom pouvait suffire à faire trembler n'importe quel débutant dans leur service. Eva Baxter avait beau avoir pris en âge, elle n'avait rien perdu de sa ferveur et de son franc parler. Elle avait arrêté la plupart des hybrides qui croupissaient encore en prison, sûrement grâce à ses dents limées comme des crocs pour s'attaquer directement aux plus gros morceaux.

« C'est bien ce qu'il me semblait », continua-t-elle avant qu'il ait le temps d'apporter une vraie réponse. En vrai, s'il venait à se faire tordre par Eva Baxter, nul doute que ça lui retomberait dessus. « Avant de monter aux archives, Angus...» Elle lui tendit sa tasse vide avec un sourire faux et pincé. N'importe qui comprendrait qu'elle l'invitait à réparer sa bêtise et lui servir un autre café. « Direction la salle de pause, troisième porte à gauche. Pendant ce temps là, je rassemble les dossiers à monter aux archives. »

Elle se gardait bien entendu de préciser qu'elle avait horreur de cette boisson.

ft. @Fergus Clearwater

Un sourcil circonspect, quoi qu’un peu amusé, se haussa avec naturel au-dessus de ses yeux. Il y avait un jeu dans la vie que Yara aimait encore plus à jouer que la traque des lycans ; la provocation. C’était l’un de ses passe-temps préférés et en plus le visage de la recrue rougissait à mesure qu’il parlait, plus elle jubilait. Ça se voyait sans difficulté sur son visage, d’ailleurs. Elle n’avait pas pour habitude de se cacher — bien au contraire.

« Voyez-vous ça. Cette relation va trop vite, Blairwater… », murmura-t-elle avec un petit rire mauvais, mais mignon aussi.

Finalement, la mine déconfite, le futur Auror n’eut d’autre choix que de se soumettre en quittant son bureau comme elle le lui avait demandé. L’alpha en elle, silencieuse et invisible comme à son habitude bien que chaque jour un peu plus enragée, s’en félicitait bien qu’elle n’avait jamais douté qu’il finirait par se plier à sa volonté. Yara ne doutait pas de grand chose, quand on y réfléchissait. Elle n’était pas faite de ce bois-là.

Aussi, elle hésita à sortir à son tour en entendant un gros bruit sourd en provenance du couloir, peu après qu’il s’y soit glissé. Ce n’était pas dans ses habitudes de s’occuper des problèmes des autres parce qu’elle estimait qu’elle avait bien assez des siens. Mais si elle voulait garder sa place bien au chaud au Ministère de la magie qui la couvrait pour tuer, il fallait bien s’adonner à quelque sacrifice.

« Repos, Sullivan. Il fait trois têtes de moins que toi, t’as pas honte de t’en prendre à plus petit que toi ? »

L’épaule appuyée sur la paroi de verre qui donnait sur son bureau, la chasseuse avait à nouveau ce sourire mauvais que Fergus apprendrait bientôt à reconnaître, bien malgré lui. Sullivan, lui, savait déjà que ce sourire-là ne craignait rien du monde qui l’entourait. Sa tête pivota lentement vers Yara, mais elle ne bougeait pas, les bras croisés sur sa poitrine attendant qu’il exécute cet ordre qu’elle avait à peine sous-entendu avant cet instant.

« Allez, lâche-le. Tu vois bien qu’il devient tout bleu. Tu devais pas retrouver la trace du lycan de Piccadilly Circus, toi, d’ailleurs ? Ça donne quoi ? » Visiblement, ces mots eurent l’effet escompté, puisque la brute épaisse relâcha sa proie. « Hmprf », fit-il simplement, signe que ses recherches n’avaient pas du beaucoup avancer. « Ouais. C’est bien ce que je pensais. Allez Sullivan, bouge de là et va jouer ailleurs. »

Un regard noir plus tard, mitraillant ses ambres, il finit par s’en aller sans demander son reste. Yara venait de taper dans le mille et son stagiaire était à nouveau libre de ses mouvements.

« T’es pas en terrain conquis, ici, Lucius. Tu ferais mieux de faire profil bas. On n’apprend pas à avoir peur dans ce service, mais à faire peur. Tu ferais mieux de t’en souvenir, même si t’es qu’un Auror. »

C’était les premières phrases qu’elle prononçait avec sérieux, approchant ses lèvres suffisamment près de son oreille pour qu’il soit le seul à l’entendre.

« T’as échoué ta première mission », grogna-t-elle après s’être éloignée, en reprenant sa tasse d’un geste aussi vif qu’elle lui avait dérobé l’ordre de mission sous le nez un peu plus tôt. « On va espérer pour ton rapport de fin de journée que la suite sera meilleure. »

ft. @Fergus Clearwater

L'égo mal placé de la jeune recrue fut accueilli par des yeux couleur ambre levés vers le ciel. C'était un regard dans le vide qui en disait long et qui semblait demander à quiconque pouvait s'y trouver : « pourquoi lui ? », et puis « pourquoi moi ? »

Ce n'était pas un secret que ce genre d'attitude avait le don d'exaspérer Yara. Les hommes avaient toujours du mal à assumer qu'ils pouvaient se trouver en difficulté en sa présence et, mieux que tout de grosses lacunes quand il s'agissait de dire merci. Titillée un cours instant par l'idée sournoise de de rappeler Sullivan pour qu'il mette à Fergus la raclée qu'il méritait, la chasseuse écouta sa piteuse défense sans rien dire. À ses yeux, les actes avaient toujours eu beaucoup plus de valeur que les mots - et celui-là parlait beaucoup, même pour un stagiaire.

« Suis-moi », finit-elle par dire sans lui adresser une oeillade ni même répondre à sa question.

Sa silhouette élancée prit les devants, déjà vêtue de tout son attirail de terrain bien qu'il y avait de fortes chances qu'il lui fut inutile, ce jour-là. Sa lame d'argent savemment accrochée à sa cuisse, elle passa volontairement devant le tableau qui exposait les performances de son service, spécialisé dans la traque des lycans, sans s'y attarder cependant. Il ne valait même pas la même de se pavaner devant ces gens-là ; ils croyaient tout mieux savoir que tout le monde et Yara n'avait aucune volonté de perdre son énergie à le convaincre qu'il se trompait. Mieux encore : même si l'envie de se rendre sur le terrain ne lui manquait pas, la jeune femme ne prendrait jamais le risque de s’embarrasser d'un tel boulet. Il était hors de question de nuire à ses chiffres et encore moins mettre en péril à la carrière qu'elle était en train de se construire du mieux qu'elle pouvait depuis sa sortie de Poudlard avec les honneurs.

Finalement, dans le silence, ils arrivèrent jusqu'à la petite salle des archives où ce bon vieux Merritt passait tant de temps. Une petite pièce d'apparence exiguë, probablement sous l'effet d'un puissant sortilège d'extension et cachée derrière une porte d'à peine un mètre trente de haut. Devant cette ouverture construite d'épaisses planches de bois datant certainement du siècle dernier, on avait du mal à imaginer que de tels secrets pouvaient se trouver.

Mais il y avait deux petites commissures en son centre, à peine perceptibles à qui ne savait pas regarder mais qui revêtaient pourtant une importance tout à fait cruciale pour la suite. Car à l'approche de Fergus et Yara, des lèvres très fines apparurent pour demander d'une voix forte, surprenante dans le silence ambiant :

« QUI VA LÀ ?! »

Heureusement, Yara était déjà venue ici suffisamment souvent pour ne plus se laisser surprendre par ce timbre grave et menaçant, ni par ses dents taillées dans le bois avec une grande finesse et qui n'étaient pas sans rappeler celles, particulièrement aiguisées, de l'agent Baxter. Peut-être avait-elle été une muse à quiconque avait pensé cette pièce, qui sait ?

Volontairement, depuis quelques mètres déjà alors qu'ils se rapprochaient, la chasseuse s'était effacée pour laisser avancer l'Auror en premier vers la porte enchantée qui n'était pas connue pour son accueil chaleureux envers les petits nouveaux...

...Envers quiconque n'était pas Merritt, d'ailleurs.

ft. @Fergus Clearwater

Plus le temps passait en la compagnie du Rookie, plus Yara s'exaspérait - en silence - de son comportement. Son attitude devant la porte ne fit pas exception à la règle, uy compris quand elle crut le voir bomber fièrement le torse comme pour mieux décliner son identité.

L'égo des agents du Ministère - et plus particulièrement des Européens de sexe masculin en général - lui était devenue franchement insupportable depuis sa sortie de Poudlard, quand bien même la Brésilienne savait faire preuve d'une arrogance bien plus grande encore.

Les hommes avaient cette sale manie de croire qu'ils avaient encore tout à apprendre aux femmes et semblaient jouir de ce plaisir sournois qu'ils avaient à leur expliquer la vie. En cela, Fergus était comme les autres bien qu'il semblait oublier que Yara était de quelques années son aînée et qu'en l'occurrence, c'était à elle que revenait le rôle d'enseigner, pour une journée.

En bonne formatrice qu'elle était, Yara n'attendait qu'une erreur de sa part pour intervenir et, à ce stade de la rencontre avec la porte des archives, elle ne se doutait pas encore que sa patience allait rapidement être récompensée. Fergus lui non plus ne se doutait de rien : alors qu'il continuait de parler, bavard comme il était, l'ancienne Serpentard levait à nouveau les yeux au ciel en signe d'exaspération.

« Il se méfie de tout et de tout le monde. Comme nous tous dans ce service. Si t'es pas plus bête que t'en as l'air, tu devrais comprendre pourquoi », répondit-elle en se gardant de donner une suite pourtant méritée à sa provocation ouverte, préférant toujours laisser le silence faire son œuvre.

Les hybrides pouvaient être partout, cachés sous n'importe quel visage. Sullivan, comme toutes les recrues du service de contrôle et de régulation des créatures magiques, avait dû apprendre à douter de tout et ne se satisfaire de rien. Qu'une future recrue des Aurors ne sache pas s'en rendre compte était inquiétant, car après tout, les mages noirs n'avaient pas non plus de profil type.

Ses yeux d'ambre le toisaient avec intensité. À ce jeux de regards, c'était toujours Yara qui gagnait. Elle adorait plonger ses proies dans le malaise, bien que quelque chose lui disait que l'étudiant en face d'elle n'allait pas se laisser faire. Dans un sens, ça lui plaisait, bien qu'elle ne l'admettrait jamais. Il y avait tant de choses qu'elle haïssait chez celui qui lui faisait face. Peut-être parce qu'une partie d'elle se reconnaissait en lui et qu'elle avait toujours eu du mal avec son propre reflet.

La porte enchantée semblait s'impatienter de ne pas recevoir d'excuses après s'être fait qualifier de soupe au lait. S'il y avait bien un objet enchanté en ces lieux qui n'était pas soupe au lait, c'était bien lui, et il était hors de question de laisser son agresseur s'en tirer ainsi. Il allait lui montrer, qui d'eux deux se montrerait soupe au lait dans quelques minutes.

La poignée de la porte s'anima avec une telle vigueur que même Yara qui s'y attendait ne put retenir un sursaut de surprise.

L'acier devint aussi souple que du caoutchouc et s'étendit en un long bras qui vint soulever Fergus à deux ou trois  mètres du sol. Un moment, il resta en l'air sans que la chasseuse ne fasse rien. Les bras croisés sur la poitrine, elle attendait qu'il lui demande de faire quelque chose pour s’exécuter.

En sa présence, il ne pouvait rien lui arriver.

Dans un élan d'audace, elle attrapa une chaise qui trainait par là et posa ses jolies fesses dessus, prête à patienter aussi longtemps qu'il le faudrait.