Surmenage (Zion)

Les vêtements sales, en tenue de Quiddich comme très souvent quand l’heure du repas approchait, je marchais dans les couloirs, le visage terne et perdu dans mes pensées. J’avais une mine épouvantable. Les fêtes de fin d’année ne s’étaient pas très bien passé à la Havane, et pour couronner le tout, j’avais pris un joli rateau par un garçon qui me plaisait beaucoup avant les vacances. Ca ne m’arrivait pas souvent, voir jamais. Ca avait mis un coup à mon amour propre et surtout, ça m’avait peiné car j’avais ressenti un véritable pincement au coeur quand j’étais rentré de Pré-Au-Lard. A ça, s’ajouter les entraînements de Quidditch dans mon club et à Poudlard pour garder le niveau. Ce qui donnait un tableau peu glorieux de moi, alors que je traversais le Hall d’Entrée pour commencer à monter les escaliers. Gravissant la moitié de ce dernier qui menait au premier étage, je ratais une marche, très certainement du à la fatigue. Deux Serpentards se mirent à pouffer immédiatement.
Me relevant comme une furie, j’attrapais le premier par la col et avec la force athlétique d’une joueuse de Quidditch que je collais contre la rambarde malgré le fait qu’il fasse une tête de plus que moi. 

« ¿Te estás riendo? ¡Imbécil! » *

Je sentais que j’étais en train de perdre mon sang froid. Mais j’en avais rien à foutre. Je détestais qu’on me manque de respect, surtout publiquement. J’avais un honneur familial à défendre, malgré le fait que je n’étais pas en accord avec eux, c’était hors de question qu’on se foute de ma gueule. Pour une raison aussi stupide, et surtout par des imbéciles.
Le premier que je tenais par le col sembla très surpris par ma force et il ne dit rien. Le deuxième quand à lui me mit une main sur l’épaule et la serra un peu fort. Je sortais ma baguette immédiatement pour lui pointer entre les deux yeux.

« T’en veux aussi Highway ? Vous êtes pas capable de faire vos lacets correctement et vous vous permettez de vous moquer. Bande de débile ! »

On voyait très clairement que ce n’était pas le moment de rire avec moi. Au vu de la baguette et des problèmes que cela pouvait entraîner, Highway eut la bonne idée de simplement dire :

« Viens on s’casse, elle est folle. »

Au mot « folle », je lâchais instinctivement le col du serpentard que je tenais. Les regardant partir, la main tremblante, je sentis que mon esprit était encore embrouillé, et je ne m’aperçus pas tout de suite que quelqu’un était en train de m’appeler et de me parler.

07.01 Zion était plutôt pensif, ces derniers temps. Si son escapade avec @Camaël Grimm n'avait pas été sans problème, il en était ressorti avec plus de questions que pourquoi il s'était pointé devant les cachots du Professeur Miller. Une situation beaucoup plus complexe qu'il n'y paraissait maintenant qu'il semblait toucher du doigt cette fameuse destinée que son protecteur familial lui avait annoncée après que Chinenye l'ait convoqué pour soulager ses maux de tête.

Il avait passé un week-end enfermé dans la bibliothèque, cherchant tout ce que Poudlard pouvait avoir sur la divination et le don du troisième œil sans pour autant trouver ce dont il avait besoin. Pire encore, il avait cette curieuse sensation que les choses qu'il trouvait ne correspondaient pas vraiment avec ce qu'il avait vécu. L'idée d'en parler à sa grand-mère lui avait bien évidemment traversé l'esprit, mais il n'avait pas envie qu'elle s'en fasse plus que ce qu'elle s'en faisait déjà pour lui.

Ou peut-être qu'il souhaitait garder pour lui cette bizarrerie qui devait lui promettre un avenir glorieux.

En attendant, il lui semblait bien loin l'époque où il ne s'en faisait que pour ce qu'il allait y avoir au repas suivant. Aujourd'hui, et avec cette actualité sorcière qui ne faisait qu'assombrir les cieux au-dessus des britanniques, Zion, plus que jamais, grandissait plus vite qu'il ne l'aurait voulu.

Prendre conscience que le monde n'était pas tout blanc, mais pas tout noir n'était pas une chose aisée pour quelqu'un qui s'était volontairement menti pendant toutes ses années pour ne pas avoir à souffrir du manque de ses parents.

Les mains dans les poches, l'une d'entre elles jouant avec la montre à gousset que sa grand-mère lui avait offert pour la Noël, Zion sursauta presque en gravissant les premières marches de l'escalier de marbre. Tournant mécaniquement sa tête vers l'origine de ce raffut, il se rendit compte qu'Alejandra était en train de passer à tabac deux Serpentard.

Si l'idée lui arracha aussitôt un sourire, le sortant alors de ses songes plutôt sombres, la voir dans un tel état d'énervement lui fit rapidement perdre son envie de sourire pour se rapprocher machinalement d'eux afin d'intervenir en faveur de Montero au besoin.

« - Alejandra ? » Fit Zion alors qu'il voyait cette dernière figée sur place, sans rien faire tandis que les deux Serpentard fuyaient sans demander leur reste. Il posa machinalement sa main sur l'épaule de la Serdaigle comme pour attirer doucement son attention. « Ça va ? » Demanda le Gryffondor, l'inquiétude bien prononcée dans son ton de voix.

« Quoi ?! » dis-je d’un ton un peu brusque en me retournant. « T’en veux aus... »

Mais je m’arrêtais dans ma furie, reconnaissant un peu tard le visage de Zion. Les mains toujours tremblantes, je commençais à être hors de moi. Le fait que l’on me traite de folle était bien un truc qui me rendait… justement folle. Depuis quelques temps, je m’étais rendu compte que certaines parties de la journée était flou, et que j’avais oublié des souvenirs de mon enfance. Et ça m’avait inquiété. Mettant cela sur le compte de la fatigue physique et nerveuse, je n’avais pas osé consulté de peur que l’on me déclare inapte à la pratique du Quidditch. J’avais une carrière là dedans, et des objectifs à atteindre.

« Ah, c’est toi, désolé j’ai cru que c’était encore ces trous du cul qui revenait... »

J’essayais de me détendre. Plusieurs regards passaient sur nous, et je détournais les yeux. Regardant un coin sans vraiment le regarder non plus.

« Ouais. Ca va. Disons qu’ils m’ont juste mis les nerfs. Tu sais comment ils sont... »

Je redescendais aussi vite en pression que j’étais montée. Après tout, il n’y était pour rien et le fait qu’il s’était approché pour voir si j’allais bien m’avait plutôt rassurée et fait plaisir. Réajustant une mèche de cheveux, qui était parti en vrille quand j’avais saisi le premier Serpentard, j’essayais de reprendre une conversation normale.

« Et toi ? Tes vacances ce sont bien passé ? »

On pouvait voir qu’au teint de ma peau, qui se rapprochait désormais beaucoup plus de celle de Zion que des Serpentards qui m’avaient agressé, je n’avais pas passé les vacances scolaires en Grande Bretagne. Je restais donc là, comme une truffe au milieu du passage. Finalement, chacun repris ses activités et les regards se firent de moins en moins nombreux. J’entendais quand même des murmures et des mots qui me blessaient comme « folle, elle est sérieuse, malade, barjot ». A chaque fois, je regardais ailleurs comme si j’avais honte et le rouge me montait de plus en plus aux joues. Une petite boule naquit au milieu de ma gorge.

« T’as l’air aussi fatigué que moi. Ca te dit qu’on marche ensemble un peu ? J’ai besoin de prendre l’air. »

Ces regards étaient en train de m’étouffer. Et les murmures, bien que plus légers, n’arrangeaient pas les choses.

07.01 Zion haussa les épaules, fourrant alors ses mains dans ses poches, l'air étrangement pensif. Ce n'était clairement pas ses meilleurs vacances d'hiver que le jeune Webb avait passé au cours de son existence. Le Gryffondor ne sut pas trop quoi penser sur l'instant, laissant un léger silence s'installait de son côté alors qu'il cherchait un début à toutes ses histoires de douleurs à la tête avant de se terminer sur cette étrange vision qui le poussait à croire que, désormais, il était affublé du don de voyance. S'il avait tenté de se convaincre que ce n'était que le résultat des effluves des diverses potions qui avaient pu mitonné dans les cachots lorsqu'il avait pénétré dans la salle de classe du Professeur Miller, Zion avait très vite fini par se rendre à l'évidence.

Tout ce qu'il attendait, maintenant, c'était une confirmation de tout ceci, comme si, en son fort intérieur, il espérait que ce qui s'était passé en présence de Camaël et du professeur Miller ne fut qu'une espèce de rêve qu'il n'avait pas vraiment vécu. Mais le regard perçant de Damballa lorsque ce dernier lui avait annoncé alors qu'un bienfait allait lui arriver ne cessait de le convaincre quoiqu'il espérait sincèrement que le protecteur des Ayodele puisse, lui aussi, se tromper.

Chose qui n'était jamais arrivé, ou alors, Zion n'en avait jamais été témoin.

Ses pensées se tournèrent quelques instants sur Zeke et le piège dans lequel il s'était enfermé avec le Baron Samedi avant de finalement accepter la proposition d'Alejandra d'un geste de la tête alors qu'elle commençait à avancer les loas savaient vers où.

« - Ouais... C'est compliqué en ce moment. Mais rien de grave. C'est juste... Emmerdant. »

Entre la distance que @Freya Korrigan mettait entre eux avec ses absences dans leur relation naissante, ses mots de tête et les cours qui reprenaient, Zion n'avait pas une minute pour lui. Il soupira avant de sourire lorsqu'il remarqua son teint de peau particulièrement halé en cette période de l'année.

« - Et toi alors ? T'es retourné dans ton bled ? T'as bien pris le soleil, toi ! » Releva Zion, l'air appréciateur.

Il avait choisi le terme de Bled pour éviter d'agacer Alejandra. Il ne se souvenait plus si elle était colombienne ou cubaine.

Prenant la direction de l’extérieur, je réajustais mon grand manteau et mes affaires. Le froid d’ici m’avait quelque peu calmé à mon retour, et je n’arrivais pas à m’habituer. Plissant des yeux, je vis que quelque chose le dérangeait, et qu’il n’osait pas m’en parler. Avançant toujours, je me dirigeais vers les enclos, qui étaient encore à bonne distance de nous.

« Il s’est passé un truc grave ? » demandais-je sans préavis.

Et, je pensais que la meilleure des manières pour qu’il se confie était de me confier moi même. Réajustant mon sac d’un geste un peu nerveux, je continuais à avancer tout en cherchant comment lui expliquer ma situation.

« Ouais, on va dire ça comme ça. Disons qu’avec Selma, on a appris quelque chose sur la mort de notre mère qui va peut être changé nos vies et la perception de notre famille. »

Je restais un peu perdu dans mes pensées. Notre famille n’avait jamais été parfaite. Souvent pointée du doigt, critiquée, mais toujours unie par la poigne ferme de mon père. Là, avec ce que nous avions découvert ma sœur et moi, ça rebattait totalement les cartes. Ca nous faisait sentir plus seul que jamais. Aussi, regardant mes chaussures en avançant je me contentais de dire ce que j’avais sur le coeur.

« Et quand t’as pas vraiment eu d’amis, et que tu perds la confiance la majorité de ta famille sauf de ta sœur. Ca en met un coup au moral. J’espère que j’arriverai à dévier les cognards lors de la réouverture de la saison de Quidditch. Parce que mon coach a déjà capté que ca c’était mal passé et je commence sur le banc la semaine prochaine. » dis-je avec amertume.

J’avais appris la nouvelle en rentrant il y a quelques jours. Mise rapidement sur la touche, le coach m’avait conseillé d’essayer de me reprendre, et il fallait dire que depuis pas longtemps je n’arrivais pas à joindre les deux bouts. Finalement, je m’arrêtais et je forçais un peu Zion à me regarder.

« Tu sais, les gens pensent que je suis méchante. Que je suis mauvaise comme ma famille. Mais c’est pas vrai, j’ai juste… j’ai juste pas les codes. »

Mais pourquoi je lui disais ça, dios mio ?

07.01 Zion se contenta d'observer Alejandra dans le silence alors qu'elle lui annonçait avoir découvert la véritable raison de la mort de sa mère. C'était un sujet sensible et particulièrement personnel auquel le Gryffondor ne se mêlait que trop rarement de peur de faire une bêtise qui puisse être mal interpréter. Conscient d'être le roi de la gaffe, il préféra la laisser parler pour trouver le bon moment où en placer une. C'était là, la seule maturité dont il était capable.

« - La famille, c'est toujours un sujet compliqué. » Finit-il par dire, en pensant à son cousin et des déconvenues qu'ils avaient tous vécu à la suite de son licenciement du bureau des Aurors. Son oncle n'avait pas été tendre envers son propre fils, lui demandant alors de quitter le clan pour avoir osé pactiser avec le Baron Samedi même si c'était pour sauver une innocente.

Zion ressentait ce schisme au sein de sa propre famille. Alejandra venait de trouver un écho particulier au sein du Gryffondor qui finit par passer son bras autour des épaules de cette dernière pour la serrer contre lui tout en continuant leur chemin vers les enclos.

« - Depuis quand Alejandra se préoccupe du regard des autres ? » Fit Zion, joueur, afin d'attiser le côté combatif de la moins Serdaigle de tous les Serdaigle que le Gryffondor connaissait.

Il retira ensuite son bras pour fourrer ses mains dans les poches.

« - Disons que j'ai découvert récemment que j'avais une affinité avec la voyance. Au début, je pensais juste que j'étais super bon pour dire des conneries en Divination pour expliquer mes super notes. Mais... »

Zion haussa les épaules, l'air songeur.

« - Il semblerait que mes maux de têtes sont du à mon don naissant. Je sais pas trop quoi en penser... Après tout, je n'ai fais aucune prédiction qui s'est réalisée pour le moment. »

Ce qui était vrai. Tout ce qu'il avait vu n'était autre qu'une espèce de cauchemar à l'image de cette actualité sorcière dans laquelle la communauté magique britannique était plongée depuis quelques années maintenant. Néanmoins, tout indiquait que cette espèce d'aventure vécue avec @Camaël Grimm dans les cachots du professeur @Améthyste Miller n'était l'œuvre que du Troisième œil.

Incapable de savoir si ce fut réel ou non, Zion se contentait de regarder les Gazettes du Sorcier abandonnés par ses camarades à la table de Gryffondor tous les matins dans la Grande Salle.

« - Bref, moi non plus, j'ai pas les codes. » Avoua Zion, dans un petit rire.

Son regard se posa sur les enclos qui grandissaient peu à peu à mesure qu'ils approchaient de ces derniers.

« - Tu veux qu'on en parle ? » Demanda Zion, en faisant référence à la découverte des jumelles Montero sur la mort de leur mère.

Alors que j’arrivais avec Zion au niveau de l’enclos, où les Hippogryffes avaient mis en sorti, je me contentais de baisser la tête quand il me demanda depuis quand je me souciais des autres et du regard des autres. J’aurais aimé lui dire la vérité, mais j’avais trop honte de lui dire qu’en réalité j’y accordais beaucoup d’importance et que ce n’était qu’une armure et une façade l’attitude que j’avais auprès des autres.

« No sé. C’est pas parce que je dis rien que ça m’affecte pas. » dis-je simplement

Mes yeux contemplèrent les différents Hippogryffes et je m’approchais d’eux. Sans non plus avancer dans leurs zones afin d’éviter tout conflit avec eux. Je n’avais pas le coeur à m’incliner devant eux aujourd’hui et les contempler était largement suffisant.

« C’est bien que tu emploies le terme de don. Car ce n’est pas une Malédiction. Mais garde à l’esprit que l’avenir est toujours incertain et en perpétuel mouvement. Que tes visions ne sont pas une fatalité, mais une réalité possible. Et possible ne veut pas dire qu’elle aura lieu. »

Je relevais mes yeux sombres vers lui en m’appuyant sur la rambarde pour m’occuper les bras.

« Si tu veux des philtres qui calment les maux de tête du à un excès magiques, je sais les préparer. » continuais-je simplement sans le regarder.

J’aimais bien Zion et c’était bien pour ça que je voulais l’aider. Je tournais finalement la tête vers lui, attendant quelques longues secondes avant de lui répondre. Etait-il une personne de confiance sur le sujet ?

« C’est plus dur que je le pensais, Poudlard. Je nous croyais à l’abri ma sœur et moi des rumeurs et des remarques sur notre famille, mais je me trompais. Il faut croire que ça traverse les frontières. » commençais doucement. « Et j’étais pas prête à tout ça. »

Je continuais de le regarder et finalement, j’estimais que je pouvais lui faire confiance. D’ailleurs, ce qui venait de me dire sur son don était peut être une piste que la providence m’avait envoyé.

« En réalité, nos souvenirs semblent disparaître sur le sujet avec Selma. On se rappelle de moins en moins de notre mère et certains passages sont inexistants, alors que nous les avons vécus. Il semblerait que quelqu’un nous ait caché des informations volontairement en… gommant des choses là dedans. »

Je tapotais ma tempe à plusieurs reprises avec un petit sourire en coin. C’était indolore mais ça avait le mérite de m’affectait. Pour la simple et bonne raison qu’une chose était certaine : j’aimais ma mère qui était disparu, et savoir qu’on m’avait retiré certaines choses d’elle alors qu’elle n’était plus là et qu’il n’y avait plus aucun souvenir à construire m’était beaucoup trop douloureux.

« Il faut qu’on trouve un moyen de les récupérer, et de se venger. Car personne ne fait ça aux sœurs Montero. »

Je reportais mon attention sur les hippogryffes et je demandais finalement :

« Ton don ne permet que de voir l’avenir ? Ou t’en sais encore rien ? »

07.01 Zion eut un petit rire amusé lorsqu'Alejandra lui avoua savoir faire ce genre de philtre pour dormir. S'il avait su, cela lui aurait évité bien des désagréments. Néanmoins, le Gryffondor ne regretta pas du tout sa petite escapade avec @Camaël Grimm. De cette étrange aventure ésotérique, une amitié plus forte en ressortirait et c'était quelque chose de non-négligeable. Zion soupirait doucement lorsqu'ils approchèrent des enclos pour observer les hippogriffes. De là où lui et Alejandra étaient, ils ne risquaient rien.

« - Tu pourrais me les apprendre, ça nous fera une occupation où on pourra passer du temps ensemble si tu veux. » Proposa Zion, avec un sourire doux.

Le Gryffondor aimait sincèrement passé du temps avec les gens qu'il affectionnait particulièrement. S'il était plutôt de nature populaire, il avait toujours bien appris à sélectionner les gens qu'il laissait approcher son intimité même s'il restait toujours un peu secret sur certains sujets.

Un petit silence s'installa entre eux. Seul le bruit de la nature environnante venait briser cette étrange atmosphère dans laquelle les deux amis venaient de s'enfermer. Finalement, Zion lui proposa de vider son sac. Et après un bref regard, Alejandra finit par se confier.

Zion se contenta de la regarder avec un sérieux emprunt d'empathie. Ce qu'elle traversait, c'était quelque chose que lui-même avait plus ou moins traversé puisqu'aucun de ses souvenirs précédent la mort de ses parents n'avaient été imprimé par sa mémoire. Il fallait dire qu'il était quand même très jeune lorsque cela lui était arrivé et qu'à cet âge-là...

Il soupira.

« - Je suis désolé. » Fit Zion, qui se sentait obligé de le faire après avoir entendu tout ça.

La vie des jumelles Montero semblait bien trop compliquée pour le Gryffondor qui, bien que la vie lui prit ses parents, avait une vie plutôt tranquille. Il se qualifiait de chanceux là où certains auraient clairement pu dire qu'il était, malgré tout, né avec une cuillère en argent dans la bouche. Alors qu'Alejandra et Selma...

... Qu'avaient-elles bien pu vivre pour que ce soit si lourd à porter ?

Zion se rappela furtivement leur échange au restaurant de la fois dernière où Alejandra lui fit jurer de ne pas parler de son orientation sexuel. C'était ce genre de famille, pensa Zion. Le Gryffondor avait froncé les sourcils, laissant sous-entendre qu'il réfléchissait à une quelconque façon de lui proposer son aide lorsque Alejandra le prit au dépourvu en lui parlant de son don.

« - Euh... » Commença Zion.

Détournant son regard de la Serdaigle, Zion se contenta de le jeter vers l'hippogriffe sans vraiment le voir, plonger dans sa réflexion.

« - J'en sais rien en faites. J'ai eu qu'une vision. Enfin, qu'une seule dont j'ai conscience. » Se corrigea Zion, presque instantanément. « Mais y a peut-être moyen de faire quelque chose... » Ajouta-t-il, en se gratouillant la joue.

Zion reposa son regard sur Alejandra.

« - Tu vas peut-être trouvé ma proposition débile, mais y a la remontée des Sortilèges, tu sais le sort qui permet de voir quels sorts ont été jeté par une baguette magique. J'imagine que ça doit exister pour les souvenirs... On a qu'à chercher ça à la bibliothèque ? Au pire, on pourrait aussi aller voir mon cousin. Il est plutôt doué avec son vaudou... » Fit Zion, l'air inquiet.

Toujours appuyée sur la rambarde, j’allais répliqué que je n’étais pas un grimoire de potion et qu’il pouvait se démerder tout seul. Mais, à la réflexion, j’apprenais de mes erreurs… Il voulait certainement passer du temps avec moi pour qu’on devienne ami ou un truc du genre… J’apprenais de mes erreurs, et passant ma main dans mes cheveux d’un geste amusé je répondis timidement :

« Si tu veux, ça peut être sympa. J’ai rarement enseigné quelque chose à quelqu’un. Je sais pas si j’aurai la patience. Mais t’as l’air d’avoir l’habitude de te faire gueuler dessus donc ça te dérangera pas ahah. »

J’avais plusieurs fois croisés sa grand-mère et j’avais remarqué les yeux fuyants et peureux de Zion quand elle parlait. Je connaissais ce genre de regard. C’était celui d’un petit garçon qui se faisait souvent gronder. J’avais le même. Appuyée sur la rambarde un peu perdue dans mes pensées je me mis à lui sourire calmement quand il s’excusa.

« Tu as pas à t’excuser, tu n’y es pour rien Zion. »

C’était très européen, de s’excuser à la place des autres. J’avais remarqué cela. Ce n’était pas tellement le cas à la Havane, où la parole était quelque chose de sacré et surtout le pardon. On ne l’accordait que peu de fois, et quand il avait lieu c’était généralement à la personne qui était responsable qu’on l’offrait. Là, il n’y était pour rien.

« Une seule vision… Tu dois en être au début. C’est déjà super impressionnant. C’était une vision d’avenir ? Et tu as vu quoi ? »

Je le regardais de mes grands yeux sombres, curieuses comme jamais. Avoir une vision de l’avenir était quelque chose de rare, même pour ceux qui maîtrisaient parfaitement leur don. Et c’était toujours quelque chose d’impressionnant d’après ce que j’en avais entendu. Je sursautais un peu, me rendant compte que c’était peut être personnel ce qu’il avait vu. Peut être c’était-il vu dans les bras de sa future petite amie !
Le regard plein d’espoir, je me tournais vers lui pour répondre :

« Oui, c’est une bonne idée ! Mais je ne sais pas si c’est réalisable. Il paraît qu’il faut un mage puissant pour briser une maléfice d’amnésie et que c’est assez dangereux. Et il faut prévenir Selma, je le ferai pas sans elle... »

L’espoir renaissait. Parce que je savais qu’à partir de maintenant j’avais ce qui se rapprochait le plus d’un ami et soutiens. Je sursautais presque quand il parla de Vaudou. Tournant la tête à gauche et à droite pour être sur de ne pas être entendu je répondis :

« Je ne savais pas que ta famille pratiquait le Vaudou. Il y en a à la Havane, c’est un courant appelé Santeria. C’est une branche dérivée… Mais elle prend la même base que les autres… C’est une véritable religion. C’est très complexe, et très dur à maîtriser. Ton frère doit être un puissant magicien. » dis-je avec un léger sourire

Il y avait aussi l’aspect culturel. Mais c’était quand même une magie complexe et qui pouvait s’avérer dangereuse, c’était pour ça que certains, à tord, la comparait à quelque chose d’obscure. Elle n’était obscure que parce qu’elle était inconnue.

« Peut être que tu peux t’en servir pour maîtriser ton don. C’est très lié de mémoire. A Cuba, c’est l’orisha Eluggua qui est à l’origine du destin et de sa transmission. Il a plusieurs noms suivants l’endroit où l’on se trouve, et il doit exister dans le vaudou qu’utilise ton frère. Demande lui ! » dis-je soudainement passionné.
Je me rendis compte que je faisais preuve d’un peu trop d’entousiasme. Avec un léger sourire je répliquais.

« Un de mes gardes du corps le pratiquait et m’en appris un peu. C’est fascinant. »

07.01 « - Mon cousin. » Rectifia Zion, sans trop y réfléchir. Zeke et lui avaient toujours été plus ou moins proche, surtout depuis qu'il n'était plus Auror. L'absence de leurs parents les avait particulièrement rapproché. Si les parents de Zion étaient morts, ceux de Zeke, en particulier de son père, l'avait tout simplement raillé de sa vie pour avoir tourner le dos à leur protecteur Damballa pour avoir recours aux forces du Baron Samedi.

Une chance que Chinenye se soit montrée beaucoup plus compréhensive... Cette dernière s'était mise dans une profonde colère empêchant le bannissement de son petit fils envers et contre tout. Quand bien même Zeke n'était plus vraiment sous la protection du loa familial, ce dernier s'était montré plutôt compréhensif sur les raisons et l'urgence qui avait poussé Zeke à recourir au Baron Samedi. Le seul fautif dans cette histoire n'était autre que le Baron que Damballa jugeait être celui qui était derrière tout ça.

Zeke était l'héritier prédestiné à reprendre le flambeau de famille Ayodele en ces terres. Malheureusement pour lui, ce rôle lui avait été ravi. Si le père de Zeke pensait toujours en être maître, les cartes avaient été redistribué tout récemment lorsque Zion s'était découvert voyant, arrachant un sourire victorieux sur les lèvres de Damballa qui appréciait  secrètement que Papa Legba se mêle du destin de leurs fidèles.

« - Oui, le vaudou se pratique un peu partout dans les pays ayant participé à l'esclavage de mon peuple. » Fit Zion, à la fois fier et dépité.

Alejandra lui parla brièvement de la Santeria, le vaudou de la Havane dont il avait plus ou moins entendu parler.

« - Nous, c'est Papa Legba. Mais il a les mêmes pouvoirs par chez nous. » Répondit Zion, avec enthousiasme alors qu'il pouvait enfin parler de cette différence qu'il entretenait dans le secret parmi les siens. Pouvoir en parler avec quelqu'un d'extérieur à sa culture, à sa famille, c'était quelque chose d'agréable, d'apaisant. Peut-être était-ce parce qu'il sentait qu'Alejandra l'acceptait comme il l'était ? Sans doute. Mais Zion n'était pas à ce point perspicace pour s'en rendre compte sur l'instant. Cela viendrait plus tard, très certainement...

« - On peut effectivement demander un coup de main à mon cousin. Ma grand-mère pourrait le faire mais ça impliquerait forcément des recherches sur ta famille et... »

Il haussa les épaules, préférant ne pas aller plus loin. Au vu de ce qu'Alejandra lui avait déjà dit, il ne valait mieux pas que la famille Montero apprenne qu'une juge du Magenmagot britannique ne cherche des informations sur eux.

« - Il a un boui-boui sur le...  »

Zion se rendit compte qu'il ne pouvait prononcer le nom du marché aux Trolls. Fronçant les sourcils, il retenta l'expérience mais aucun son ne sortit. Comprenant alors qu'il ne pourrait le nommer à cause de la magie qui était apposée sur le nom du lieu, Zion trouva un moyen détourné de lui dire.

« - Dans un endroit secret du monde magique. Si t'es chaude, on peut y aller après les cours. » Proposa Zion, les mains croisés au dessus de l'enclos aux Hippogriffes alors qu'il tournait de nouveau son visage vers la Serdaigle.