Sobek Ojeda

❝ Identité

„ Ojeda “ l'empreinte hispanisante écrase la marque d'antiques rois et le filigrane d'un phébus passionné. Puis dans le tintement des écus dorés, vient s'asseoir le fortuné „ Geddes “, douceur d'un héritage opulent répudiant la misère de l'insignifiance. À leur suite, flâne le clandestin „ El-sayed “ matronyme effacé et prédestiné aux enfants béni par la grâce de Râ, une offrande sacrée réticente aux graines mâles. „ Sobek “ couché sur le carnet des civilités, le batillage de ce baptême écorche le marigot qui le voit naître. Et si ce prénom bat d'un héritage de légende, il le déteste autant qu'il le fascine.

❝ Date et Lieu de naissance

Né de la brume sableuse et de l'aqueux suc du „ Nil “ l’onyx de l'innocence s’ouvre sur les portes du désert de Thèbes. Enfant d’un horizon fauve embrassant l’azur de la vallée des rois, il voit le jour sous le doux grain de l'hiver égyptien („ 22.12.2000 “).

❝ Statut civil

„ amoureux des âmes “, plus que des corps, celles qui captent la sienne et s'y accrochent ne tardent à se heurter au néant d'une précarité sentimentale. Esprit libre refroidi de toute convoitise, il se définit lui-même, avec une certaine auto-dérision, comme un véritable „ misfit “ en amour.

❝ Scolarité

Une galabeya traditionnelle à la tête de lion brodée sur le cœur, le nomade a achevé ses premiers cycles (1ère à 5ème année) au sein de l'École de Sorcellerie de „ Louxor “. Alors réparti dans la noble maison de „ Sekhmet “ il s'est vu octroyé une instruction minutieuse et cuisante en matière de duel ou de combat magique.

Ayant obtenu une dérogation du conseil d'administration, il entre en „ sixième année “ à l'Université de „ Poudlard “ afin de suivre un double cursus en „ communication magique “ (commerce et marketing magique). Et sans grand effet, tout comme la déesse lionne avait lu dans un filet de carmin la force d'esprit de l'égyptien, à peine coiffé, le Choixpeau l'orna du pavillon rugissant de l'incarnat doré de Godric „ Gryffondor “.

Pris d'affection depuis peu pour les libertés qu'offrent les acrobaties aériennes, il a été naturellement attiré par cette pratique sportive, alors inconnue, qu'est le Quidditch. Aussi, il s'inscrit dès son entrée universitaire dans l'équipe des rouges et ors. Les sélections passées, le capitaine des lions lui a promis l'un des postes de „ batteur “.

❝ Habitation

Les éclats de sa magie ayant pris le pas sur l'asservissement maternel, à la demande des autorités égyptiennes, le néo-père le rapatrie sans question. Sédentarisé au Royaume-Uni, Sobek vit désormais dans le village semi-magique de „ Tinworth “ sous le toit de ses grands-parents. Ainsi, il apprend au fil des saisons, à se familiarisé avec ce nouveau mode de vie plus déroutant que dérangeant.

❝ Baguette magique

À l'aune d'une nouvelle aventure, elle a été méticuleusement préparée afin de parer les lacunes communes aux sorciers novices en maniement de baguette. Sculptée à même un plant de „ souchet du Nil “ vigoureux, elle délivre avec précision un éventail de sortilèges aussi vaillant que l'esprit qui la commande. D'un vert de jade de son extrémité à la garde, elle mesure „ 29.63 centimètres “ et cache en son cœur un „ crin de sphinx “ lui conférant un caractère énigmatique et protecteur. Le pommeau écailleux de cette dernière scelle finalement son allégeance à un maître unique en une gravure de hiéroglyphes vernie d'un carmin brunâtre.

❝ Famille

Le clan El-sayed est une vieille communauté de „ cracmols “ ne reposant sur l'appui de l'homme que lorsqu'il s'agit de faire perdurer leur génération de prêtresses. Micro-société de nomades où magie est proscrite, cette caravanes itinérante se déplace sur le territoire égyptien au gré des saisons. Reconnu pour la sagesse de leur oracle et le „ don de voyance “ transmis uniquement de mère en fille, il est dit que les mâles intégrés dans ses rangs n'ont de faire valoir qu'une „ vie de servitude “.

[ Nebt-Het El-sayed ] ; une mère dictant les horoscopes et tirant les fils d'un oracle pour des ptits gens dépourvu de magie et bien trop préoccupé par le sort de l'avenir ; mère certainement parfaite au regard de ces soeurs, mais qui pourtant a perdu son statut une fois que l'avorton décida de lui tourner le dos. Si avant il la trouvait attentionnée, maintenant, il n'est qu'une piètre vaurien. Tête en l'air ? Plutôt idiote vous dira Sobek. Bonne à rien. Inutile. Depuis bien longtemps il renie ce qui se doit d'être sa mère et il en est presque dégoûté de se savoir fils de cette femme - car cela veut dire ; fils de rien.

[ Témèt El-sayed ] ; ils étaient deux. Il n'est plus qu'un, seul, pour faire face à ce changement assassin. Il s'oblige à dire "je" alors qu'avant, c'était "on". La distance blesse, l'ignorance tue. Ô ça brise un enfant, ça en brise même deux. De manière différente mais, les débris de souvenirs ne sont plus à ramasser, déjà balancés dans la corbeille d'une pensine par le plus courageux des deux. Une jeunesse qui a perdu tout son sens lorsqu'elle a disparu, arraché par la volonté d'une augure et l'ignorance. Et si les perles humides ont coulé sur ce faciès quand il sanglotait son prénom avant de s'endormir, il a décidé de l'oublier cette moitié ; la jumelle maudite.

La famille Geddes est une dynastie prospère de sorciers britanniques. Implantée sur le vieux continent par le biais d'union financière, elle est à la tête d'un vaste réseau d'alliance commerciale dominant le marché européen. De la Baltique à la Méditerranée, qu'ils soient légaux ou non, aucun échange de services ou de marchandises ne se fait sans l'approbation de ce conglomérat vorace. Afin d'asseoir son autorité sur les transactions et la manne économique monstrueuse qui en découle, les ramifications de cette firme se lient au gré d'accords matrimoniaux sans lendemain.

[ Hector Ojeda-Geddes ] ; père nommé grand absent, parce que pour lui les cœurs ne battent que quand les corps s'entremêlent dans la chaleur des draps. Ô, ce n'est pas le quelques instants de luxure ou ce frêle bonheur qui l'aura retenu. Éclipsé après un round nocturne, le gouvernement magique égyptien lui a récemment communiqué l'existence d'un enfant. Alors quand au grand galop, la réalité l'a rattrapé, il a décidé de prendre sous son aile ce fils devenu homme. Trésor d'humanisme pour Sobek, il est avant tout celui qui ne l'a pas abandonné et qui depuis ne cesse de l'encouragé. Certainement stricte de temps en temps, il sait que cette figure parentale agit pour son propre bien ; le père courage.

[ Margareth Geddes ] ; femme de poigne au cœur tendre, à la tête d'un monstre opulent qu'elle a su dompté, entre sagesse et autorité, elle force le respect de ses ennemis comme de ses partenaires. Main de fer dans un gant de velours, derrière cette silhouette frêle et fragile d'apparence, se cache une matrone aussi docile qu'une dragonne couvant un œuf. Pour cette douairière, les notions de famille et d'héritage sont aux sorciers ce qu'est la magie, un indispensable. Ô, bien évidemment, elle aura grogné à la nouvelle d'un épigone orphelin dans le lointain et isolé des siens, mais ses instincts nourriciers ouvrent en grand les battants d'un essentiel giron ; la grand-mère indulgence.

❝ Hérédité du sang

Détaché des courants idéologiques prônant un purisme filial, la concupiscence de générations sorcières et moldues rutile d'un amalgame pleinement assumé. Sobek est un „ sang-mêlé “ décomplexé.

❝ Particularité magique

„ Wandless niveau 2, culturel “.
Loin des diktats occidentaux, la culture égyptienne (plus largement africaine) renie le recours aux baguettes. Ainsi, les jeunes sorciers apprennent dès la manifestation de leur pouvoir, à canaliser ce dernier grâce aux talismans, amulettes et autres bijoux reconnus traditionnellement pour faciliter la pratique de la magie. Il est ainsi courant de voir pendre au cou des jeunes sorciers et sorcières, un charme hiéroglyphique à l'effigie du dieu Heka ou de leur divinité affiliée. De même, il est de coutume d'observer des rituels, plus ou moins complexes, afin de rester maître de son flux magique.

❝ Caractère

Altruisme inaltéré, il aime à mettre les autres sur le devant de la scène, à les faire briller pour que leur confiance rayonne d'un halo gracieux. Son étendard lumineux arboré, il luit d'une assurance authentique à l'influence hardie capable de stimuler les plus couardes volontés. C'est qu'il ruisselle d'un on-ne-sait-quoi taillé à même la persévérance et la détermination. La plainte de l'initiative tarie, il sait s'éclipser pour le bien-être d'un entourage articulé sur les cendres de l'échec. Pour lui, c'est avant tout une occasion dissimulée de se racheter de ses erreurs.

Impulsivité maîtrisée, un sang-chaud prêt à tourner, lorsque le danger guette dans la brume, il est de ces individus qui laisse le courage dompter les peurs. Vision claire gommant les cernes du cauchemar, discernement sillonnant la voie des opportunités, avec flegme il affronterait la pire des épreuves pour défendre ce qui lui est cher. Enfant aux ressources intarissable, il y va au culot quitte à perdre quelques plumes dans la mêlée, ô c'est qu'il aurait presque le lustre d'un leader-né.

Soutien désintéressé, le concept d'injustice lui est totalement étranger et il se surprend à se découvrir des réactions vives à la perspective d'un abus. Faisant fi de toutes répercussion, il ne recule devant rien et une fois la machine lancée, personne ne serait assez stupide pour le dissuader de hisser le drapeau blanc. Parce que lui ne bat jamais en retraite devant le danger, à contrario, il prendrait même un plaisir capiteux à sauter à pied joint dans l'abîme du risque. Son courage est vorace, appétit insatiable d'une adrénaline grisante, c'est qu'il ressent ce besoin irrationnel de goûter aux périls pour tirer les enseignements d'expériences consommées.

Clémence frivole, il est de ceux qui croit aux secondes et troisièmes chances, celles que l'on octroie comme pour se persuader que les gens peuvent irrémédiablement changer. Après tout si lui a pu le faire, les autres en sont tout aussi capable. Passé de garantie, on jette sans remords, préférant le regret d'une perte à l'angoisse d'une trahison en suspens. La noblesse du tact ne s'effritera jamais, mais il fera danser les mots pour leur donner myriades de saveurs et consistances, accent à l'alliage respectable. D'une certaine manière, c'est aussi un moyen de se protéger.  

Serviabilité mécanique, il sera toujours plus pressant à proposer son aide qu’à en rechercher et ce qu'importe le domaine. Suffisamment à l'écoute des autres, il a espoir qu'on oublie que lui non plus ne gère pas toujours. Les épaules larges et l'esprit incroyablement ouvert, il sait écouter et encaisse le mal être de ces rares intimes avec panache. Une intention en cachant une autre, ses petites attentions seront raviver l'espoir. Sans doute est-ce un moyen détourné, pour celui qui n'avait jamais su s'alléger des calamités de l'âme, de croire qu'il n'est pas le seul à avoir subi l'arbitraire de ce monde déloyal.  

Silences noirs, quand on le questionne, il se montre réticent à l'idée de se mettre à nu. Caché derrière des sourires solaires, il cultive un jardin secret aux sombres fables. Place spirituelle bâtie sous une chappe d'ombre impénétrable, il a muré ce vécu décoloré en une forteresse de non-dits. Résolu à ne pas laisser ce qui est révolu dicter cette autre vie, il est plus aisé de feindre l'amnésie. Ainsi, les souvenirs du passé sont minutieusement atrophiés, remplacés par les mémoires plus glorieuses d'un présent maçonnant un avenir étoilé d'optimisme.

Solitude assassine, les instants de flottements où l'isolation se confond à la blancheur des silences sont létaux. Là en solitaire, c'est l'abandon et son sentiment anodin qui attise ces passages à vide épisodiques. Les impressions lugubre d'être inutile sans les autres, de n'être rien se font météo monotone d'un esprit en passe de tourner à l'orage. Et ça le tue intérieurement, alors pour composer, il s'affaire et trouve réconfort en des occupations bénignes. La culture sportive pour exutoire, quand les embruns aériens ne parviennent à le canaliser, l'onde brunâtre du lac et le vacillement du courant l'apaise.

❝ Patronus

Il se devine au devant de l'horreur battante lorsque sa lumière galvanise les âmes et embaume les cœurs d'une symphonie grisante. Un duo de pavillons auriculaires prééminents émerge du rideau argenté et étouffe les lyres d'une noirceur spectrale, car le „ fennec “ marche au rythme de son propre tambour. D'allure docile, ayant tendance à éviter les conflits, cet être créatif laisse ses instincts rugir d'un feu intestin afin d'affronter les périls.

❝ Miroir de Risèd

Il fait partie de ces happy few qui comptent leur grâce au jour le jour. S'il ne se sent pas particulièrement chanceux ou béni, avec simplicité, il se satisfait de ce que la vie lui apporte. Terre à terre, ses ambitions dévient des démesures auxquelles le commun des mortels peut prétendre. Point de prétentions puériles ou exubérantes à l'horizon, au fond, l'écho de ce miroir ne parviendrait à faire plier la probité d'un esprit serein.

❝ Épouvantard

Une ombre flânant sur le plancher des lâchetés qui le glace. Si le prisme des peurs se veut pluriel, sa mue la plus anxiogène se matérialise en une complainte métallique. Tel un serpent muselant sa proie, ses anneaux d'acier enlacent chevilles et poignets en un baiser froid et sévère.  Lourdes, ses „ chaînes “ l'asphyxient et le cadenassent alors que l'air s'empoisonne et que les poumons peinent à oxygéner un corps abandonné à l'agonie d'un spectre létal.

❝ Particularités

⇝ Il a gardé de discrètes traces d'un apprentissage sauvage à Louxor. Ça et là, de „ menues cicatrices “ strient son corps. Atténuées par les baisers solaires et un teint hâlé, sous les linges recouvrant le derme, elles constellent d'un fard rosé les réminiscences d'un passé fané seulement prononcées à la curiosité d'un œil avisé.

⇝ Nichée dans la région lombaire, une scarification accidente le cuir bronzé. Quatre lettres „ bȝkw “ (« travail et redevance ») finement sculptées et cousues sous le fil d'une lame chauffée à blanc. Un marquage au fer rouge que chaque enfant mâle se voit apposer dans le crépitement de la chair lorsqu'il est en âge de servir afin de leur rappeler la dette contractée envers les femmes en couche.

⇝ Sa liberté lui a couté une mention procédurière auprès du congrès international des sorciers pour infraction au code du secret magique. Une infraction passée sous le coup d'une immaturité sorcière. Une inscription au „ casier judiciaire “ en guise de nouveau départ, le jeune homme n'en reste pas moins conciliant. Une entrée dans cet univers qui lui ferme néanmoins certaines portes.

Facette lunaire qui voit le jour quelques instants seulement après son étoile contraire. Et les joies éprouvées s'effacent. À ce bonheur extatique créé se mêle une gène de circonstance. L'ange des tourmentes est venu s'affranchir des entrailles de la mère comme un mauvais présage, un oracle de longue date qui à l'aune d'un éveil se met en marche. Ô c'est qu'elles ne savaient pas encore ; progénitures engendrées aux conséquences drastiques. Et elles prétendront avec naïveté que rien ne pouvait mal tourner, que l'âge des désastres n'était qu'une lointain perspective. Si seulement elles avaient su ce qui se renfermait derrière cette complainte innocente. À peine né et déjà à planer, l'épée de Damoclès se languit de ce chef d'œuvre réplique.

La première lueur, celle d'une magie encore endormie qui ne tarde à montrer les dents. Crise épisodique à ne jamais en connaitre la fin, de cette envie de fuite brûlante. Appétit qui ne cesse de grandir, jusqu'à en broyer les poumons et déchirer le cuir. C'est à en s'en étouffer. Quand tout valse en dedans, calme plat sur le désert et silencieusement l'éveil se concrétise. Bras au devant à s'agripper aux tissus, lorsqu'elle décide de s'imposer en nocturne insomnie. Et les enfants qui ne comprennent pas, pourquoi soudainement l'effroi est lisible sous le regard des mères. La fourbe se désactive quand ils tentent de l'utiliser, manipulation hasardeuse. C'est l'esprit malin qui se comble. Et soudain les desseins fascinants s'entreprennent pour celles qui présument le pire sans vraiment comprendre. Voilà que deux monstres sont apparus.

La foudre des sourires s'abat, quand les corps et la féerie s'entremêlent sous cachet de clandestinité. Envoûtement fortuit, c'est à s'en abreuver de ces plaisirs, luxure de l'esprit se délivrant de la censure. Quand dans la nuitée qui perle, les rêveuses trouvent leur chemin de confession, les gémeaux s'adonnent aux lubies d'une nature proscrite. Tout devient danse, dans les tensions exagérées. À capturer du bout des doigts les notes salées de l'exorcisme, les alter egos se rapprochent à en oublier les contrastes d’un ordre matriarcal. Évasion délicate, sous l'altruisme des identités cachées, nul ne peut les arrêter. À se dérober sous le masque d’une sorgue, ils méprisent le prime d’une versatilité patibulaire. Elle guigne la clairvoyante dans le vacillement d’un fluide turbulence, mais elle n'en dira rien, parce qu'elle se veut forte.

À en craindre l'offense, quand entre les phalanges il n'y a plus que la magie qui se cache, l'âme se consume ; lutte infâme guette dans l'obscurité. L'enveloppe s'effrite pour mieux disparaître, poudreuse scintillante feuilletant la toile d'un hiver aride. L'incandescence rayonne dans le nuit noire, dernier battement d'une nébuleuse fermant les paupières. En dessous de la lune qui chante, à la vue de son pâle astre jumeau, elle rejoint le domaine des bienheureux dans le panache de l'extinction. À savoir que c'est elles qui ont créé cela, il en fulmine. Ces femmes magnanimes, elles étaient présentes au moment des faits, à l'heure du crime. À batailler pour en garder secret caché, la Sainte perd l'écho de son fardeau, de ce nom qui ne doit pas en être souillé. Le monstre crie d'une détresse légitime, un deuil que nul ne peut ignorer.

Il reste là à frôler l'invisible. Personne à l'horizon pour le comprendre, même dans les choses les plus simplissimes, pas même cette moitié. Pourquoi tout fait si mal ? Il ne devient que l'ombre de lui-même ; à compter ses incertitudes et ses peurs. Et l'instabilité, qui doucement emménage, remplace dans l'antre de l'innocent la blancheur bonté. Elle s'installe sans faire de vagues - une maladie invisible qui devient marée haute. Il hurle sans mots sa détresse, pour finalement se terrer dans un mutisme traumatisant. Et chaque jour que dieu fait, il y a cet éternel vide qui fait les cent pas autour de lui et le pousse irrésistiblement aux bords d'un précipice. Alors, il passe son temps à se retenir et à imaginer le pire, indéfectible solitaire. Il embrasse le froid pour ne devenir qu'un glacier, refoule vivant pour ne plus ressentir la chaleur des corps.

Mensonges et divagations, à laisser palabres heurter les sens, il garde la  tête haute pour en ravaler déception courtoise. Le rescapé se nourrit de la frénésie intestine qui ne cesse de croître. À prendre sur lui, à se laisser guider par ces appétences insaisissables, il lui ressemble de plus en plus. Idées obscures se concrétisant en excès surnaturels coursiers de terreur. Elles réfléchissent aux solutions qui ne viennent. Elles livrent bataille à ce pouvoir qui doit être détruit, sauvagement arraché. À ne jamais rien faire pourtant, quand c'est le flou qui s'immisce. Elle ne peut se résigner à tourner le dos à cette chair identique qui est la sienne. Comment le pourrait-elle, alors qu’il est estampillé du sceau de propriété ? Alors il faut glisser délicatement les convoitises sous le pas de la porte, nourrir l'estomac qui gronde d’une colère rouge.

Ça hante le crâne, comme si demain allait exploser entre ses mains. Les fleurs des désirs obsessionnels rient de spontanéité. À vouloir le contrôler, à souhaiter le museler, leur univers crie et lui ne veut point l'entendre. Car les mélodies d'une magie éclatent dans les airs. C'est la musique qui arrache les cœurs. Voilà qu'implose les achillées de la liberté. Bouquets de pétales embrassant l'âme. Et tout devient plus enchanté quand réalisation frappe le battant des aspirations. Spectacle irréel, pyrotechnie de la volonté. En pluie cascade coule les symphonies angéliques. Caravane de cendres, sable de cristal, désolation exaltée inhume de son tabou les us honnis. En bruine retombe les années de déni et au creux de ses paumes, les éléments semblent fléchir à ses moindres exigences. Et bientôt un gouvernement officieux cherche à posséder de sa main garante le serf capturé. Une chaîne pour une autre, d'esclave il passe prisonnier.

Roi qui accoste sans s'annoncer dans le royaume sans couleur de l'enfant abandonné. Il ne sait pas qui cet homme est, et pourtant, il n'ose même pas la questionner. Au brut d'une confrontation, le luron peint l'antre du tourmenté de teintures vives, réchauffe et apaise les déviances malsaines qui poussent à l'isolement. Il s'installe et imprègne de ses promesses l'âme brisé du garçon sans cadre ni règles. Confiance aveugle, envie d'interférence dans une vie de scandales et ulcérée de baisers hypocrites, il lui jure obéissance ; ploie l'échine, range ses crocs. Et au détour d'un serment, le regard scintille, le visage fier et haut redoré de l'abusé. Lui, rien que lui et juste lui, celui qui d'un mot, d'une caresse, a fait fuir l'enfer et le chaos de son âme. Les étoiles disparaissent les unes après les autres ; ses croyances et ses principes s'écrasent pour ne plus faire effet. Car désormais, c'est lui qui tient dans le creux de ses mains, le cœur ensanglanté du gamin, de son héritier.