Count To Six And Die

tw : violence, monstre, gore

Un épais filet de sang manqua l'étouffer. Face à lui, Neria DeCray convulsait dans une mare d'hémoglobine mais dans son regard, on lisait toujours la même détermination à tuer. Une main crispée sur son abdomen éventré, la sorcière s'accrochait à la vie comme une teigne, l'oeil braqué sur Ares Longerbane.

Le sparas leur avait donné plus de fil à retordre que les soeurs ne l'auraient pensé. La créature était aussi hideuse que fascinante, par sa puissance, sa rapidité et son agressivité. Leurs maléfices conjoints n'avaient fait que ricocher sur sa peau membraneuse et il avait fallu beaucoup d'agilité pour échapper à ses griffes mortelles. Raver était tombé le premier, littéralement coupé en deux. Son cadavre témoignait du carnage qu'avait été sa fin, quoique rapide et efficace.

La créature gronda. Elle aussi avait eu à essuyer quelques dommages. De son long bras décharné, ce qui avait été Ares Longerbane essuya son visage encore tracé de bile et de fluides brunâtres. Un long filet projeté et visqueux alla s'écraser contre les bibelots qui décoraient le manteau bien ordonné de la cheminée. La petite danseuse en verre soufflé ne résista pas à une telle injure, basculant avant de se fracasser au sol.

Dos collé au mur de la cuisine, Narcissa DeCray tendait l'oreille, prête à bondir.


« Les soeurs DeCray n'ont plus donné de nouvelles depuis hier, trouvez moi quelqu'un pour aller voir ce qu'il se passe. »
« Mais monsieur, tous les effectifs sont déjà mobilisés et - »
« J'en ai rien à fiche. Râclez les fonds de tiroir, tapez les autres services, je veux un rapport dès ce soir... »

L'agente Hobbs déglutit péniblement. Elle avait une sainte horreur du Département des Mystères mais en l'état actuel des choses, c'était le seul endroit où elle pouvait espéré trouver des agents de terrain compétents. A condition que le nouveau directeur ne l'y prenne pas. Elle n'avait aucune envie d'avoir à tenir tête ou à se justifier devant  @Jameson Clearwater.

Par chance, le premier bureau qu'elle se risqua à tenter lui donna entière satisfaction. Il avait suffi d'en appeler aux "ordres d'en dessus" et "au caractère gravissime et urgentissime de la situation" et aussi un petit peu "à vôtre sens du devoir messieurs".

L'affaire fut pliée en un tournemain.


La respiration sifflante, Ares Longerbane sentait ses forces l'abandonner. Revenu à son apparence habituelle, il repoussa douloureusement le corps de Narcissa DeCray, flasque contre le sien. Elle avait mal mesuré l'amplitude que lui donnait son corps de sparas, même avec une aile déchirée, il n'avait eu aucun mal à l'attirer contre lui au moment où elle le projetait contre une tige en métal, tout juste arrachée du mur. La tige avait perforé son poumon. Plus petite, la tige l'avait transpercée par l'orbite droit, façonnant à travers son crâne grotesquement amoché une vue imprenable sur les titres de la bibliothèque, juste en face.

Elle retomba mollement à ses pieds tandis que lui renonçait à s'extirper de son martyr. Il avait besoin d'un temps de répit. Quelques minutes tout au plus. Sa vue se voila. Tout s'obscurcit finalement. Ce fut la lumière éclatante de la porte qui s'ouvrait qui le tira de ses limbes. Le jeune homme gémit de douleur, à nouveau il s'étouffait dans son propre sang mais plus que cela, la tige de fer qui lui labourait les intérieurs au moindre mouvement le mettait au supplice. Droit devant, une silhouette longiligne se découpait dans l'encadrement de la porte.

« Tu sais Grey, c’est pas parce que tu lèches convenablement les bottes de Clearwater qu’on va te laisser tranquille » souffla Gellert en tapotant sur le bureau de James.

L’ancien serpentard releva lentement, pour ne pas dire mollement, les yeux sur la silhouette arrondie de l’ancien de l’Ordre du Phénix, affichant un visage parfaitement impassible. Il refermait au même moment son dossier, observant sans moufter ce que Gellert pouvait bien avoir inventé encore cette fois pour le tourmenter avec une certaine lassitude. En revanche, ce qui était inquiétant, c’est que Fenryk n’était pas là avec lui. Un frisson désagréable lui remonta l’échine en se demandant s’il ne se cachait pas derrière lui, mais il doutait fortement. Il ne pouvait guère passer inaperçu tous les deux, que ce soit de par leur démarche aussi bruyante qu’assurée que de par leur corpulence.

Gellert allait se saisir de l’opportunité d’en rajouter une couche en ayant perçu dans l’oeil du garçon un doute concernant Fenryk, mais il s’arrêta aussi net qu’un agent pénétra dans le bureau de Grey. James tourna sur cette dernière un regard curieux, peu habitué à voir débarquer un autre agent que @Fergus Clearwater (ce qui lui valait d’ailleurs encore plus d’être chambré) dans son petit domaine de papiers et d’encre.

James n’eut que quelques mots et se leva, décidé. Quitter le petit recoin étouffant et la compagnie crasse de Gellert lui irait aussi bien, quoi que ce fut sans compter le courage bravache du quinquagénaire qui s’invita dans l’affaire, et ce avec les encouragements de l’agente Hobbs.

Si les soeurs DeCray n’étaient pas revenus, qu’est-ce que ça signifiait pour elles ?

James s’en doutait doucement mais il lui fallut s’abreuver rapidement du débrief de l’agente Hobbs pour se préparer au pire.

Sa première pensée alla à Ana qui devait être en train de s’occuper des fillettes.
S’il ne rentrait pas...

Il chassa cette pensée avec facilité.

Ce n’était pas une option.


« Tu entres en premier, je te couvre » assura avec un sourire Gellert. Autant dire que ça signifiait d’aller s’empaler sur l’ennemi seul, car à la première erreur, l’agent Gellert disparaîtrait et lui mettrait sans doute son «inconscience» sur le dos et son non-respect des procédures.

James leva les yeux au ciel, détournant le regard pour jeter un oeil à la bâtisse. Il repassa en mémoire les éléments du casier : le nom, Arès Longerbane, le faciès, l’espèce magique. Un sparas. Dangereux, trop dangereux sans doute pour un seul sorcier, mais les soeurs DeCray étaient là ainsi que l’agent Raver.

Grey n’avait pas peur mais comme à son habitude, il analysait les environs pour trouver la meilleure façon d’intervenir. Ce n’est que lorsqu’un bruit brut résonna jusqu’en dehors qu’il ne s’activa, déjà car il y avait urgence - pour les autres agents sur place - et car il avait de bonne chance d’intervenir au moment propice ainsi.

Il avala la distance avec aisance, ses yeux passants à peine sur les cadavres jonchants le sol, ou seulement pour les identifier.

Raver d’abord, en deux parties.

Puis Neria, les boyaux à l’air, étendue, le visage contrit dans une rage que même la mort ne saurait contenir.

Quand il dépassa la cuisine pour se rendre dans ce qui ressemblait à une bibliothèque, c’est Narcissa qui semblait lui jeter un oeil curieux, l’autre ayant été troué. Il ignorait par quoi exactement, mais à en juger par la scène, la responsable tenait aussi enfermée le suspect.

James se tint à une distance plus que respectable, observant en silence la souffrance de la créature au visage d’homme. Il n’était pas un fin spécialiste des créatures féeriques, moins que de la magie noire, mais il savait deux ou trois petites choses qui lui serviraient ce soir. Tout d’abord, que cette peau humaine n’était très probablement pas la sienne, mais un subterfuge, comme bien souvent chez les fées métamorphosées.

Un appât, une façade de circonstance.
Un joli minois en soit, pour quelqu’un qui avait abbatu pas moins de trois agents ce soir.

Une autre chose que James devinait, c’est que la magie n’avait guère eu beaucoup d’effets à en juger par les traces de sortilège et le fait que le sparas se tenait, plus touché par cette tige en fer que par tout le reste.

Toujours rester à distance, pensa James, qu’il réciterait peut-être comme un mantra si la créature se libérait de sa tige de métal.

Profitant de l’instant de faiblesse, et sans perdre trop de temps, James tira sa baguette et lança un Incarcerem d’argent suivi d’un sortilège de manipulation : une corde faite d’argent apparut et s’enroula autour du cou de la créature, se nouant avec rapidité autour de sa gorge, avant de finalement être brutalement tirée en arrière, fichant un peu plus la tige dans l’abdomen de la créature alors que l’oxygène finirait bien par lui manquer, le forçant à perdre connaissance.

Il parut à James que cette méthode était quelque peu déplacée et donnerait du grain à moudre à Gellert, puisqu’elle se rapprochait de loin au vif d’argent que Lester avait pu, un jour, utilisé, à l’exception peut-être que le jeune Grey ne comptait aucunement tuer le suspect.

Mais si ça marchait, il n'y avait pas à hésiter.

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Jet à 70%x2 réussi : Incarcerem argent + Sortilège de manipulation de la corde

tw : violence, monstre, gore

La vision légèrement trouble, il ne discerna pas précisément ce que l'homme qui venait d'entrer s'apprêtait à faire. Tout au plus le vit-il lever le bras en sa direction. Quelque chose fendit l'air saturé par l'odeur du sang, l'instant d'après, Ares Longerbane se trouvait ficelé et étranglé. Repoussé sournoisement contre le mur, il sentit comme un sursaut de panique le sortir de sa léthargie. Les fils d'argent lui enserraient la gorge, l'empêchant de respirer. C'était suffisant pour lui rappeler cette simple chose : il ne voulait pas mourir. Pas maintenant. Pas comme ça.

Un grondement furieux et douloureux s'échappa de sa gorge tandis qu'il forçait de son mieux pour se défaire de ses liens. Et puis il se débattait plus les fils d'argent serraient, plus la tige de métal lui labourait le thorax. Blême et couvert de sang, Ares Longerbane écumait et bientôt, ses doigts se mirent à se contorsionner et se briser à nouveau et les proportions démesurées du monstre à côté de l'homme finirent par avoir raison du sortilège autant que de la tige en métal dont il s'arracha avec un rugissement âcre et déchirant.

D'une seconde à l'autre, le monstre chargerait dans une nouvelle pulsion meurtrière, indifférent à l'horreur des corps déchiquetés qui l'entouraient...

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action compliquée réussi

Il y avait cru, mais il semblait que le vif d’argent de son père était somme toute un peu plus efficace que ça. James recula d’un pas, attentif, concentré. Sa vie était très clairement en ligne de mire, et il ne comptait pas mourir comme ça. Pas en laissant Ana seule, ni Brivael. Il n’eut aucune pensée pour ses deux parents qui pourtant avaient bien à faire depuis la mort d’Alice, non. Seulement pour Ana, Brivael, Symphony et Calixte.

Pensée qui était bien suffisante pour lui permettre de garder la tête froide.

La créature allait lui sauter dessus quand l’agent Gellert entra avec sa baguette, pensant qu’au vu du silence, les choses s’étaient plutôt bien goupillées. Autant dire qu’il fut surpris et se mit à arroser la chose.

Le premier sortilège ricocha, le second toucha de plein fouet mais le maléfice d’immobilisme ne fit strictement rien au sparas – et le dernier sorti fut littéralement dévié par la simple griffe de la créature.

James s’était vivement reculé, laissant une occasion à la créature de prendre Gellert plutôt que lui. Ce n’était pas qu’il voulait sa mort – quand bien même Gellert et Fenryk étaient pénibles au quotidien – mais en bon duelliste, il préférait remettre de la distance entre lui et la créature.

Dans sa tentative de recul il tenta de lancer un sort de protection à Gellert qui allait bientôt se faire trancher, mais la baguette refusa. Un grognement siffla sur ses lèvres alors que son souffle se faisait court. Il allait devoir tenter une nouvelle manœuvre. Cette fois-ci, pas question de faire dans la dentelle et il chercherait au moins à le rendre inconscient. Tant pis si la chose crevait, Gellert n’irait pas le lui reprocher – du moins il l’espérait.

Sa baguette qui jusqu’à maintenant était pointée sur le sparas se décala à la dernière minute. Un Accio informulé tira la tige de métal du mur jusqu’à hauteur des deux sorciers, tandis qu’un Waddiwasi l’envoyait contre le sparas pour la seconde fois, tentant d’épingler le papillon au mur derrière.


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Gellert (70%) rate 2 sorts et en réussit 1, mais je considère qu'il n'a pas connaissance de la résistance à la magie du sparas et que ça n'a pas ou trop peu d'effet.

James (70%) rate 1 sort (le protego sur Gellert) mais réussit 2 sorts (Accio puis Waddiwasi sur la tige en fer).

tw : violence, monstre, gore

La porte s'ouvrit à nouveau, captant l'attention affûtée de la créature qui retombait seulement sur la paume de ses mains aux longs doigts osseux. Ses membres trop longs semblaient se briser sous sa haute stature comme le sparas passait d'une posture debout à une autre plus prédatrice, plus inquiétante. Ainsi réduite à la condition d'un quadrupède, la créature paraissait gauche mais c'aurait été mal juger d'elle que de s'en tenir à cette idée-là.

Sa cage thoracite déployée de part et d'autre de son interminable colonne lui donnait une telle amplitude de mouvement qu'en seulement quelques foulées, la chose, négligeant les sortilèges lancés par le second arrivant comme autant de piqûres de mouche, avait enlacé le pauvre diable dans l'immense voilure de ses ailes membraneuses. Gellert vagit. D'horreur ? D'angoisse ? Ou peut-être était-ce de douleur ? Cela ne dura qu'une fraction de seconde. Nul ne saurait jamais ce qu'avait pu ressentir l'agent du Ministère. Complètement englouti par l'immense carcasse hérissée de crocs, il ne donnait qu'un triste concert d'os brisés et de borborygmes humides qui ne causaient qu'aux instincts de survie les plus primaires. A quelques distances de l'autre agent, le sparas maintint cette posture prostrée jusqu'à ce que quelque chose ne le frappe de plein fouet, transperçant à la fois l'aile et brisant l'avant-bras et une côte au passage.

Rageusement, le fauve feulant, découvrant là ses dents les moins carnassières qui, de toute manière, ne pouvaient imaginer se cacher derrière des lèvres inexistantes, verrouilla son attention sur l'auteur du coup. Collerette hérissée, le sparas se grandit à nouveau sur ses jambes, abandonnant sans état d'âme à même le sol les reliefs de son carnage encore dans leur jus. L'agent Gellert retomba mollement sur le sol, écartelé du crâne aux entrailles comme une grotesque poupée poisseuse et désarticulée. Il n'avait plus la pudeur de dissimuler quelques dents en très mauvais état derrière la charpie béante et sanguinolente qui avait été son visage. Ses yeux exorbités qui semblaient regarder de part et d'autre, lui donnaient encore l'air d'un stupide ruminant, alors qu'au milieu de tout ça, une coulée grasse et blanchâtre préfigurait l'échappement du peu de lumière qui avait éclairé l'employé de bureau avant qu'il ne rencontre cette fin indélicate.

De nouveau épinglé comme une phalène de collection, le sparas, enragé au plus haut point, s'apprêtait à s'arracher à sa condition une nouvelle fois, quitte achever de déchirer cette aile déjà trop handicapée pour servir...


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action simple réussi : rip gellert
action compliquée échoué : gg james

La créature clouée contre le mur, James jeta un regard à ce qu’il restait de Gellert. L’horreur de la mort aurait dû le secouer jusque dans ses entrailles, soulevait au moins son coeur, mais au lieu de ça, le jeune Grey n’eut qu’une seule pensée : Fenryk va croire que c’est de ma faute. La seconde pensée, plus logique, fut qu’il ne voulait pas finir comme ça.

Se reconcentrant sur la bête qui revenait à la charge, James sut qu’il ne pourrait pas l’arrêter s’il cherchait sans cesse à le contenir. La mort de l’agent Gellert justifiait à n’en pas douter la mort de cette créature.

Se redressant, le visage contrit en une expression méprisante, le sorcier tendit sa baguette.

Deux gestes avaient suffi, et ça avait été effectué si rapidement qu’un oeil externe aurait eu du mal à savoir ce qui s’était passé exactement.

C’est que le premier sort arracha brutalement du haut plafond le chandelier de fer forgé qui trônait, royal, et qui depuis le début avait résisté aux gestes pourtant brutaux de la bête. Sous l'effet du Waddiwasi du langue-de-plomb, le chandelier se dirigea vivement sur le sparas.

Mais cette vitesse était trop faible aux yeux de l'ancien serpentard.

Le second sort, et c’est pour ça que James s’était tant concentré à être précis et rapide, était un Expulso Maxima. Le but de la manœuvre était évident : accélérer assez brutalement la puissance de l'impact, afin d'espérer entièrement transpercer sa carcasse. Puisque la bête ne résistait pas ou peu aux dommages physiques, il lui ferait perdre assez de sang pour qu’elle ne puisse pas articuler son propre prénom après que le chandelier tout entier ne se soit enfoncé dans son abdomen.

Il fallait sans doute être dérangé pour penser à ça en quelques fractions de secondes, mais James n’avait pas l’intention de laisser Ana seule derrière, ni de finir comme une statistique dans un torchon comme le Daily Prophet.


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James, 2 sorts 70% réussis :
- Waddiwasi (James arrive le chandelier qui se plante dans le sparas)
- Expulso Maxima (enfonce brutalement le chandelier dans l'abdomen du sparas pour éviter toute résistance)

* le chandelier en question, mais à imaginer en fer

tw : violence, monstre, gore

La réplique ne se fit guère attendre mais déjà le monstre s'arrachait de son pal. Sitôt dégagé, le sparas accusa le coup du lustre qui le percutait avec rudesse, sous la poussée du sortilège. Il sentit les deux battants de sa cage thoracique ployer et rompre sous l'écrasement. La douleur fut si vive qu'il commença à reprendre forme humaine malgré lui, espérant peut-être échapper à la morsure insoutenable des pointes de métal qui le perçaient de toutes parts. Sous cette forme fragile, le jeune homme à la peau délicate n'avait pas même la force de gémir, luttant pour conserver la moindre bribe de souffle et ne pas supplier qu'on mette un terme à tout cela.

Ares Longerbane eut une pensée pour son frère Atreus. Pour sa soeur Aphrodite. Si douce, si loin de toutes ces horreurs. Pourtant, il ne parvenait plus à y croire. Qu'avait-on fait de sa douce Aphrodite, la plus fae d'entre eux et la moins à même de riposter en pareille situation ? Il voulait bien croire qu'elle se serait battu sans en démordre, avec ses métamorphoses sans doute. Qu'était-il advenu ensuite ? Jusqu'où la haine des hommes aurait-elle été  pour faire ployer le monstre ? Jusqu'à quel degré de monstruosité ? Mieux valait peut-être conserver le souvenir de son rire moqueur, de ses idéaux aussi vifs que naïfs. C'était ainsi qu'il voulait se souvenir d'elle. Un sourire caressa les lèvres du jeune homme, laissant sa marque de vermeil derrière le pli rêveur. Il sentait sa conscience s'effondrer alors qu'il n'arrivait plus à respirer. Ses yeux roulèrent dans leurs orbites, peut-être trop conscient de ce qu'il aurait pu se passer et puis...

James resta quelques longues secondes silencieux et droit dans la pièce. Sa baguette dans la main, il se concentrait à ce que sa respiration soit la moins inaudible possible, lui permettant de capturer le moindre son que pouvait émettre la créature qui s’était déparée de sa peau. C’était du moins ce que James voulait bien croire. En réalité, les yeux rivés sur ce corps adulescent, il ne voyait qu’un corps mâché et broyé qui ne bougeait plus. Un corps d’homme, un corps… un corps.

Un énième corps.

Le langue-de-plomb se décala doucement, tentant de sortir de la torpeur et du choc qui irradiait son corps. Ses sens aux aguets furent attirés par le bruit d’une baguette roulant sur le sol, sous son pied. Celle de Gellert.

Gellert.

Gellert était mort.

Les informations affluaient avec violence, les unes après les autres.

On allait peut-être l’accuser.

Pour Gellert.

James inspira profondément, se calmant aussitôt. Il n’avait rien à craindre s’il avait des preuves, et des preuves, il en avait une de taille. Celle offerte par sa mémoire impeccable.

Le sorcier dirigea sa propre baguette sur sa tempe et en tira un filament argenté, copie conforme de ce que ses yeux avaient vu, qu’il réceptionna dans une petite fiole qu’il fit apparaître dans son autre main. Le souvenir s’y glissa comme un félin, et le jeune Grey fit disparaître le souvenir qui réapparaîtrait gentiment dans un coffre caché à quelques centaines de lieues de là.

Après quoi, James se mit en branle. Les réflexes inculqués par Braxton Clearwater, son tuteur, étaient peu, mais ils étaient fiables. Il fit officiellement le tour de la propriété à pas de loup, tentant de ne rien déranger de la scène. Il se pencha sur chacune des baguettes qu’il prit, et s’attarda sur chacune à lancer un Prior Incantatem.

Si les baguettes des sœurs DeCray et de Raver le renseignèrent et ne l’étonnèrent pas, en revanche, ce qu’il trouva dans les baguettes du couple Peabody ainsi que sur une autre baguette – qu’il soupçonnait d’être celle du sparas – lui communiquèrent des informations qu’il aurait, d’une certaine façon, préféré ignorer.

Cas de conscience oblige, James se demanda quoi faire du garçon. S’il tardait trop, le gamin allait mourir, vidé de son sang – dans le pire des cas. Dans le meilleur, il allait vivre et très probablement l’attaquer une nouvelle fois. Dans tous les cas, ce n’était pas à lui de juger de la situation, aussi James termina par appeler les renforts, signalant la neutralisation du sparas mais également pas moins de six cadavres, dont quatre agents. Un triste jour pour le Ministère.

Les baguettes saisies et également envoyées en lieu sûr – que le langue-de-plomb appellerait le scellé du Ministère des Mystères – James retourna dans le salon bibliothèque. Son regard se porta sur le spectacle morbide du corps empalé contre le mur par un chandelier immense. Ses yeux le détaillèrent longuement, se demandant si c’était un homme qui se transformait en monstre, ou un monstre qui se transforme en homme.

Si le fae avait repris cette forme durant son supplice, était-ce parce qu’il était né ainsi et auquel cas, n’était-il pas un homme ? Un homme pouvait-il ouvrir en deux un homme aussi gras que Gellert par la seule puissance de son physique ?

Les réponses ne trouveraient aucune réponse. Bientôt deux agents de Sainte-Mangouste arrivèrent, l’un pour les cadavres, l’autre pour observer de près le sparas, sans oser le toucher. Il fallut attendre une minute de plus pour voir arriver enfin un petit bout de l’Unité de Capture des créatures et un envoyé référent du département de la Justice.

James, à ce moment-là, était déjà dehors et salua les nouveaux arrivants d’un geste de la tête, l’air grave.

Un message venait juste de partir vers Jameson, sous la forme d’une note qui finirait par trouver son destinataire.

« Bonsoir messieurs » lança calmement James, « le sparas est à l’intérieur, contre le mur. L’agent Hopkins et Ryler sont en train de gérer le dispatching des cadavres. Nous avons à déplorer la perte de l’agent Gellert, des deux agents DeCray et de l’agent Raver. Je vous présente mes sincères condoléances. Je vous laisse le soin de prévenir votre hiérarchie et les familles de vos agents ; je me charge de faire le nécessaire pour la famille de l’agent Gellert. »

Enfin, ce qu’il en reste…

C’est que si l’agent Gellert n’aimait pas James, c’était à cause de Cassandre Grey et ce qu’elle avait pu faire, lors de la dernière guerre sorcière, à cette famille justement. James eut un petit regard sombre, se demandant un instant comment allait réagir Fenryk, mais ça, il ne le saurait qu’une fois arrivé au Ministère.

« Je vous laisse reprendre le dossier à partir d’ici et transférer l’individu arrêté en chambre de détention préventive de haute sécurité à Azkaban en attendant son procès. Le département de la Justice voudra certainement ma déposition, je reste disponible dès demain, là, j’ai un point avec mon Directeur d’ici quelques minutes » commenta simplement James, alors qu’un troisième agent de Ste Mangouste arrivait afin de permettre l’évacuation des corps.

tw : chantage

Varley venait de s'allumer une clope lorsque la porte s'ouvrit à nouveau. L'agent ne broncha pas. Il avait sagement résolu de ne pas mettre un bien dans cette cabane des horreurs. Les larbins se chargeaient très bien du sale boulot. Miss Nancy lui adressa un petit signe de tête presque irrité. Elle n'aimait cette attitude délétère. Elle n'aimait pas que le gamin la prenne pour un bonhomme. Surtout parce que c'était une constante dans sa vie.

« Bah dis donc : ils les prennent au berceau maintenant aux Mystères. », souffla-t-elle par pure esprit de vengeance. C'était quand même drôle de voir ce gamin, presque propre sur lui sortir du massacre qu'on leur avait décrit à l'intérieur.

Le gamin fit son rapport, clair et concis, en bon petit premier de la classe. Varley n'aurait pas le temps de fumer sa clope finalement.

« Wow wow wow, tout doux gamin. On va prendre cinq minutes pour poser un petit peu les choses toi et nous, okay ? » et se faisant, de passer son bras autour du jeune langue de plomb pour bien lui faire comprendre que c'était une proposition qu'il ne pouvait pas refuser, « Allons marcher un peu, on aimerait discuter des détails de votre rapport. »

Après quelques minutes de marche sur la nationale esseulée et dans le silence, l'agente reprit la parole.

« Bien, il va falloir se montrer attentif mon garçon. Je ne voudrais pas qu'il puisse y avoir de méprise sur ce qu'il s'est réellement passé cet après-midi à Terre-la-Lande. Il serait regrettable que par manque de précision on puisse faire l'amalgame entre un honnête fonctionnaire etce genre d'individus détestables qui sillonnent le pays au moindre prétexte pour faire justice à des idéaux honteux et surannés n'est-ce pas... »
« Surtout avec votre passif... »

Ce n'était un secret pour personne, les Grey ne s'étaient guère illustrés du bon côté de la dernière guerre... il serait si facile de démontrer qu'ils n'avaient pas tant changé que ça finalement... la frêle réputation d'une si ancienne famille ne tenait qu'à un cheveu.

« Mais rassurez-vous, je ne doute pas que les individus qui ont séquestrés ce pauvre garçon seront rapidement écroués. Après tout, vous en avez déjà mis deux hors d'état de nuire. De la légitime défense, cela va sans dire. »
« Si seulement vous étiez arrivé quelques minutes plus tôt vous auriez même pu éviter ce carnage. »
« Il faudrait d'avantage de jeunes agents tels que vous M. Grey. Je ne doute pas que le Ministère saura estimer à sa juste valeur vos actes héroïques d'aujourd'hui. Mais cela va sans dire, les jaloux voudront faire croire à d'autres versions de l'histoire. Je ne vous apprends rien. Cela fait partie de votre formation de langue de plomb que de toujours défendre la bonne version de l'histoire n'est-ce pas ? Bien, n'en parlons plus alors. Nous allons vous quitter, je ne voudrais pas vous mettre en retard. Vous avez encore un rapport détaillé à rédiger. »

L'agent Nancy poussa un sourire hypocrite sur ses lèvres...

« Oh, j'ai pris la liberté d'avertir votre compagne que vous rentreriez tard ce soir. Ne me remerciez pas. Une belle brassée de roses rouges. J'espère qu'elles suffiront à vous faire pardonner. 321 Mayfair Lane, c'est bien votre compagne n'est-ce pas ? Ou bien est-ce votre cousine ? Je ne sais plus. Enfin, ça ne me regarde pas. Bonne soirée agent Grey. »
« Inutile de vous le préciser : nous ne nous sommes jamais vus. »