Lest You Become One

La proximité le rendait plus monstrueux encore. Drapé dans cette immobilité inquiétante, il donnait à voir de sa figure tout le cruel et tout le contre-nature. L'enchantement perpétuel qui voilait son regard laissait croire à des yeux aveugles ou mutilés. Les cicatrices et runes scarifiés qui couturaient sa peau burinée, son crâne à demi rasé, surplombé d'une longue crinière poivre et sel, excitaient l'imagination dans ce qu'elle avait de plus horrifique. On ne pouvait s'attendre à rien de bon de Jace Crowley. Même dans ses cuirs les plus impeccables, le Boucher qui avait abattu Antonia Longerbane et plus tard Alaric Longerbane loin des regards indiscrets, transpirait le vice à l'état pur.

Cela c'était joué à peu. Une place de choix à Poudlard aurait été une forme de consécration mais le joli matricule de Maeve Cynfeirdd avait joué en sa défaveur comme toujours depuis qu'ils étaient eux mêmes étudiants. La galloise avait toujours le don de lui passer devant quand bien même lui, Jace Crowley, avait largement démontré qu'aucun chasseur ne le valait. Ses trophées s'accumulaient dans les locaux comme multiples preuves de son engagement et de son efficacité sans exemple. Pourtant, le Cabinet du Ministre avait jugé bon de s'en remettre encore une fois aux Cynfeirdd pour leurs savoirs encyclopédiques, jalousement gardés dans le fin fond du Pays de Galles.

Avec une grimace tout sauf élégante, Crowley fit claquer sa langue derrière ses dents. La veuve était un joli petit lot malgré ses grands airs. Cela ne suffisait pas à lui faire oublier la nature de leur petit entretien.

« Lady Longerbane... », commença-t-il en débitant ce nom avec lenteur, « Vous devez bien avoir une petite idée de ce que nous faisons là hein ? », jeta le rustre à la jeune femme de l'autre côté de la table.

Avachi contre le dossier de sa chaise, Crowley semblait se magnifier dans l'ambiance glauque et tamisée de la petite salle d'interrogatoire où il avait déjà achevé Alaric Longerbane. Il n'était pas censé s'en vanter - la version officielle stipulant que l'aristocrate avait succombé à ses blessures de son propre chef. On ne pouvait pas le nier, cela lui laisser un petit goût de reviens-y... comme s'il n’était pas encore tout à fait rassasié.



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action compliquée réussi

tw : vulgarité, racisme, menaces

S'il y avait quelque chose que Jace Crowley ne supportait pas c'était bien de laisser indifférent. En cela, l'entrée de Miss Waldorf-Longerbane-je-ne-sais-trop-quoi lui tira un petit rictus de contrariété assaisonné d'un soupçon de frustration. L'ancien Gryffondor n'était pas réputé pour sa tempérance.

« Non ça j'm'en tamponne le coquillard. Ça m'intéresse pas dans quels draps vous vous roulez ma petite. Mais moi aussi j'ai des affaires à régler et il me manque encore une tête de sparas à mon tableau de chasse. », annonça-t-il d'un ton carnassier, scrutant la moindre de ses réactions.

L'objectif derrière de si rudes manières était bien évidemment de mettre mal à l'aise la petite bourgeoise quoi qu'il n'ait guère eu besoin de forcer quoi que ce soit pour arriver à ce résultat.

« Pas la peine de me jouer la carte de la Sainte N'Y Touche. Vous avez peut-être la mémoire courte mais moi pas. Accouchez tout de suite ça vous évitera des ... épreuves supplémentaires. », la manière dont il appuyait sur le mot, épreuves, ne laissez aucun doute sur le genre de géhenne auquel il songeait sans doute déjà rêveusement, « Alors, Lady Longerbane, quel genre de saloperie cachez vous à l'intérieur ? »

Son regard la disséquait déjà, s'imaginant sans doute ce qu'il pourrait bien justifier si l'interrogatoire devait se faire moins cordial...

tw : vulgarité, racisme, menaces

Les choses prenaient doucement la tournure d'une joute d'égo. Rien de plus jouissif pour le Boucher qu'était Jace Crowley. Finalement, la gamine cessait de feindre les trous de mémoire. Mieux encore, elle le provoquait délibérément, revenant sur les accusations qui avaient été portées contre lui à la suite de son agression à elle.

« Je vous remercie de votre sollicitude Lady Longerbane mais... à votre place, », il se laissa aller plus profondément contre le dossier de son fauteuil laissant couler sur elle un long regard mesquin. Puis, écartant un pan de sa veste, il tapota du bout de l'index un petit écu d'or monté sur un ruban vert émeraude qui trônait sur son torse, jurant avec le reste de son accoutrement miteux de chasseur, « je ne me ferais pas trop de souci pour moi. Il se trouve, par ailleurs, qu'on vous a tiré dans le dos. Un acte d'une extrême lâcheté si vous voulez mon avis, et je me trouvais, dans votre ligne de mire si je me souviens bien... », conclut le nouvellement décoré Commandeur de l'Ordre de Merlin. Son sourire carnassier n'était donc pas prêt de se faner.

Il poursuivit comme si de rien était, jouant carte sur table. Ce qu'il attendait de la jeune veuve était transparent, ses intentions en cas de refus aussi. Mais la jeune femme semblait imperturbable. Cela venait tout de même écorner un peu son moment de triomphe.

« Quelle bonne nouvelle Lady Longerbane. Nous allons devenir les meilleurs amis du monde vous et moi. », grinça-t-il. L'argument pécuniaire rendait crédible cette réponse mais il n'entendait pas se priver d'une confirmation. D'un geste rustre, il plaqua sur la table un petit objet, une cuillère cabossée, invitant d'un geste la jeune femme à s'en saisir... « En témoignage de votre bonne foi. J'espère que vous ne me tiendrait pas rigueur de ne pas vous croire sur parole. »

A la grimace sur l'hideux visage du chasseur, on pouvait venir voir l'accès de colère et celui-ci ne tarda pas. Le plat de sa main s'abattit violemment sur la table.

« Fais pas la maline Longerbane. C'est moi qui t'ai amenée ici, si je décide que tu y restes tu y resteras compris. »

Devant une telle démonstration d'égo et de pouvoir, il y avait fort à parier que la jeune veuve Longerbane allait se frotter les mains mais il ne lui laissa pas le loisir prendre la balle au bond, que déjà il amenait le sujet qui l'intéressait vraiment.

« Et vous vous n'êtes pas la chips la plus croustillante du paquet Mrs Longerbane. Bien sûr que vous allez la prendre cette cuillère, à moins que vous n'ayez quelque chose à cacher bien sûr. Dans ce cas, nous pourrons en reparler à votre interrogatoire au Département des Mystères, là où la dissection résout les problèmes de mutisme... »
« J'ose espéré que je n'ai pas entendu ce que je viens d'entendre ? », s'offusqua une voix pincée.

Un petit monsieur en costume de tweed venait de pousser la porte de la salle d'interrogatoire. Avec ses lunettes en demi-lune et sa moustache taillée en petit guidon, sa serviette de cuir sous le bras, le petit bonhomme détonnait avec le reste du décor.

« Qu- mais c'est qui c't'empaffé ? »
« Maître Ignatius DeLeVign, exécuteur testamentaire de feu notre regretté Lord Atreus Longerbane et gestionnaire du patrimoine de la famille Longerbane, autrement dit de votre hôte, Lady Chelsea Longerbane Waldorf. J'ai ici un mandat signé de la main des 9 autres plus grandes fortunes d'Europe, ainsi qu'une main courante contre vous qui n'a pas encore été déposée mais le serait incessamment sous peu si vous n'aviez pas l'obligeance de libérer ma cliente sans différer. »

« Quoi ??? », Crowley se leva rageusement...

La colère commençait à sourdre de tous les pores de la peau de Jace Crowley. Au gonflement de sa veine temporale, on pouvait se l'imaginer charger le petit binoclard comme un taureau. Mais ce qui acheva de lui faire voir la vie en rouge, ce fut cette petite peste impertinente qui se foutait de sa gueule et reprenait ses propos contre lui-même. Mais mieux encore, elle s'imaginait le menacer. Lui ! Le héros de la nation !

Le petit bureaucrate acquiesçait sans vraiment répondre, comme le cabot de cette fichue blondasse. Il grattait le papier à la vitesse de l'éclair, soumis au moindre battement de cil de l'héritière.

« Tentative de - mais c'est qu'elle se fait mousser la grognasse en plus. », cracha Crowley, les jointures de ses doigts blanchies tant il serrait fort les poings, « Personne ne me soupçonne de quoique ce soit ma jolie. Je pense que nous en avons fini pour aujourd'hui. Vous pouvez lever le camp vous et votre toutou. Mais croyez moi, vous n'avez pas fini d'entendre parler du Ministère Longerbane. Un jour ou l'autre, il faudra bien que vous vous prêtiez à mon petit jeu. »

D'un coup de baguette rageux, l'agent Crowley rappela la petite cuillère à lui et, la logeant dans la poche intérieure de sa veste comme s'il s'était agi d'un objet précieux, il sortit de la salle d'interrogatoire en repoussant la porte violemment.

Maître DeLeVign sursauta :

« Grossier personnage. Je pense que nous n'avons plus rien à faire ici mademoiselle et, par ailleurs, j'aimerai vous entretenir de votre agenda. Les actionnaires sont plus que pressants. Ils tiennent à vous rencontrer pour vous présenter leurs condoléances et savoir à qui ils ont affaire. Mais rassurez-vous, je ne vous quitterai pas d'une semelle... », expliqua le notaire en rajustant ses petites lunettes sur son nez.