Priorité à celui qui monte. (Maeve)

Je restais silencieux. Sans trop bouger, ce qui était chose assez rare chez moi mais pour qui me connaissait comme Maeve, était le signe certains que je réfléchissais. Je n’avais pas vraiment réfléchis à la question. Ou du moins… J’y avais songé, mais je n’avais pas pris de décision. Qui étais-je pour rentrer dans la vie d’un môme comme ça ? Je fronçais les sourcils, et répondant plus à moi même qu’à Maeve, je répondis :

« Je ne sais pas. J’aurai tendance à dire que non. Que ce n’est pas ma responsabilité et que je ne fais pas parti de sa vie… Mais... »

Je relevais les yeux vers elle, brillants. Parce qu’elle me connaissait depuis des années et elle savait ce que j’en pensais tout au fond de moi.

« Tu me connais. Je l’ai rencontré, et je sens qu’il y a un vide. Une place à prendre, quelque chose. Pas celle d’un père au sens où la société veut l’entendre mais… Je pense que ce gamin a besoin de moi. Enfin, d’une certaine façon et d’une certaine forme. Tu l’aurais vu exécuté cet Effigo Faciem ! Bluffant. Mais je voyais qu’à chaque fois que j’usais de magie… Il était envieux d’en savoir plus. Comme si c’était une partie de son héritage et qu’il n’y avait jamais songé. Après… Je peux me planter. Peut être qu’il en a rien faire de moi et qu’il me renverra de là où je viens. Mais j’aurai essayé. »

Je me relevais, signe que la discussion allait certainement être close. Parce que je ne pouvais pas non plus rester éternellement en sa présence sans lui dire l’ensemble des vérités et des faits que je lui cachais. C’était peut être déjà beaucoup pour aujourd’hui, aussi, je décidais de la jouer un peu plus finement.

« Et j’ai pas ignorer tes belles paroles. Moi aussi je t’aime. »

Je lui fis un petit clin d’oeil, puis je lui déposais un baiser sur le front. La main sur l’épaule, je la passais sur l’autre avec la tranche de ma main, comme les chevaliers et je déclarais d’un ton amusé.

« Et je te nomme Directrice des Serpentards par Interim. Mes félicitations ! Et personne ne pourra rien me dire, puisque ça voudra dire que je ne fais que soutenir et amplifier la décision Ministérielle. Brillant hein, encore une fois. »

Au moment où je retirais ma main, elle put sentir en elle une vibration au niveau des épaules, et sentir dans son esprit tous les mots de passe de la Salle Commune des Serpentards à venir.

« Bichonne les bien. Surtout ta nièce et ton neveu. »

La question n'était pas si simple. Il prit le temps d'y réfléchir. De mettre des mots sur ce qui lui passait par la tête, posément, sans se disperser. C'était le plus difficile avec Luke Korrigan. Faire en sorte qu'il ne s'éparpille pas et que les choses aillent jusqu'au bout selon un ordre logique que le commun des mortels pouvait suivre. Mais c'était aussi un jeu auquel Maeve s'essayait souvent, avec plus ou moins de succès. Elle accueillit sa confession sans jugement, avec bienveillance, comme elle savait si bien le faire quand elle n'avait pas décidé de faire sa mauvaise tête.

« D'expérience la présence du deuxième parent est toujours souhaitée, même inconsciemment... », n'avait-il pas été le deuxième parent de sa fille et vice versa pendant des années ? Il le savait bien, « Mais il faut y aller comme sur des oeufs de serpencendre pour éviter... la casse. », il y avait certains mots qu'elle se défendait d'employer mais c'était bien du sentiment d'abandon dont elle parlait et de tout ce que ça impliquait émotionnellement pour lui comme pour ce gamin qui semblait déjà lui ressembler pour beaucoup.

Jugeant sans doute qu'il en avait assez dit pour ce soir, Luke se releva d'un bond. Elle accueillit ce baiser sur son front en fermant les yeux, ses lèvres prenant un doux pli affectueux. Ce fut le changement d'attitude de son beau-frère qui la prit de court. Qu'allait-il encore inventer cette fois-ci ?

« Dire - Quoi ? Mais non !! Luuuuke !!! Reviens je vais t'arracher la tête !!!! », rugit-elle en lui courant après. Trop tard bien sûr : il connaissait plus de passages secrets qu'elle.

Comment n'avait-elle pas vu venir ce petit coup bas ? Prendre sa revanche sur le Ministère, c'était bien Luke ça ! Pestant comme une diablesse, Maeve espérait qu'il n'avait pas prévu de lui laisser cet intérim ad vitam. Elle allait d'ailleurs faire en sorte que cela ne s'éternise pas trop. Mais avant toute chose, il allait falloir informer les étudiants de ce nouvel état de faits.