Don't walk alone little girl, it's can be dangerous FT Aslak

TW : Gore, violence.

Le climat de ce pays de merde n’avait absolument rien à envier à la Scandinavie. Cependant, le froid étant moins mordant, et voulant faire bonne figure devant l’ensemble des Dagoniat que j’avais retrouvé j’avais pris deux résolutions pour aujourd’hui. Un, ne pas boire. Deux, mettre un costume. La première résolution, me donnait un air maussade et mauvais. L’absence d’alcool pour abrutir mon cerveau me faisait toujours penser à des idées noires comme la pupille de mes yeux. La deuxième, à savoir mettre mon vieux costume que je ne portais plus depuis des années, me donnait l’aspect d’un clown. Il était un peu usé, et délavé par endroit, mais pour ce soir, et surtout pour me présenter à Nikolai, il ferait largement l’affaire…
Tenant un énorme sac en peau de dragon dans mon dos, j’avais un peu l’air stupide avec ce costard. Connaissant le domaine, pour y être allé plusieurs fois en vacances, j’arrivais bientôt vers la lisière du petit domaine. D’ordinaire, il y avait des Veaudelune. Une espèce de créature fantastique con comme des ânes… et beau comme les blés.
De ma démarche boiteuse, cependant, je fis une légère halte. Ils semblaient tous dans les bois. Or, à une heure pareille, ils aimaient bien aller chercher le peu de soleil que l’hiver fournissait plutôt que de se terrer au milieu d’éventuels prédateurs. Figé, je les observais. Ma vision de chasseur et de mon animal totem était toujours aussi efficace, même après tant d’année. Posant mon sac, je me baissais alors pour voir des empruntes étranges… Plus grande qu’un loup ordinaire, et… marchant avec le pas assurer d’un homme.
Sans réfléchir, je me saisis de mon arbalète, et à pas de Lynx, sans me métamorphoser, j’avançais sur le chemin.
Un peu plus loin, en contre bas, l’enfoiré qui avait du se transformer quelques minutes avant d’appréhender la jeune femme que je ne reconnaissais pas de prime abord était visiblement en pleine discussion avec elle.
Plissant des yeux, je pointais les deux antagonistes en joue. Lequel des deux étaient un putain de Lycan ?
Sursautant presque de surprise, je reconnus enfin ma petite Kira. En fait, je ne l’avais tout simplement pas reconnu, car c’était désormais une femme qui se tenait debout, dague à la main et plus une petite fille. Ma petite Kira…
Levant mon arbalète, et sans sourciller, j’envoyais le carreau d’argent droit vers la poitrine du Loup Garou. Ce dernier, avec son ouï et ses sens développés l’entendit arriver et se décala in-extremis.

« Tu m’as raté sale fils de ch... »

Comment j’avais entendu ses paroles ? Pour la simple et bonne raison que j’avais transplané dans son dos, à l’instant même ou il avait esquiver le carreau d’arbalète. Avec ces bêtes là, il n’y avait pas le droit à l’erreur.
Mon bras, armé de ma baguette, sectionna alors sa tête dans un mouvement parfaitement exécuté dans un Sectumsempra, qui envoya du sang sur l’ensemble de mon costume et en parti sur ma filleule. Le corps tomba, inerte, j’apparus alors derrière le visage couvert de sang.
Il y eut un long silence, où je mourus d’envie de la serrer dans mes bras, pour lui dire à quel point j’avais honte, et qu’elle m’avait manqué… Mais à la place…

« Qui t’as appris à tenir ce truc comme ça bordel ? » grognais-je.

Sans cérémonie, j’enlevais ma veste couverte de sang et je couvrais le corps du Loup Garou. Attrapant la tête par les cheveux, je l’observais et je fronçais les sourcils. Ce truc devait être certainement mis à prix et valoir un paquet de blé mais…

« Tourne la tête. »

J’envoyais plusieurs gerbes de flammes vertes, qui brûlèrent le corps avec une vitesse et une odeur accéléré. Au bout de quelques secondes, il ne restait qu’un tas de cendre, intraçable. En débardeur, couvert de tâche de sang, je n’avais étonnement pas froid. Au contraire, je me sentais vivant…

« Qu’est ce que tu fous dehors ? »

Bourru, je baissais mes épaules et je la regardais toujours en posture de combat, lever sa baguette sur moi. Je ne réagis absolument pas. Parce que de toute manière, je n’avais qu’une envie, c’était crever. Et vu que je n’avais jamais eu le courage de le faire, par peur d’aller là où vont tous les damnés qui font cela selon mes coutumes, peut être qu’un combat contre ma nièce me laisserait une place de choix au Val-hala.
Quand je vis le Revelio partir en fumée, je frémis puis je me mis alors à rire, d’un rire gras et moqueur.

« C’est donc ça qu’on apprend chez les Verts et Argents ? Nikolai ferait mieux de t’apprendre la magie plutôt que de jouer les starlettes de journaux... » grognais-je soudain en envoyant une pique volontaire à mon neveu.

Je reculais alors. D’un coup de baguette, j’attirais à mon mon immense sac en peau de dragon. Avec une lenteur infinie, je pris ma veste de trappeur et j’en sortis un flacon. A l’intérieur, il y avait une petite tresse de crin de licorne, que je lui montrais. Je la regardais un long moment, comme si le souvenir de ce qu’elle représentait me faisait plus souffrir qu’autre chose. Ma vie d’avant…

« Je t’ai promis que je te confectionnerai une baguette avec ça. Que tu as toi même récupéré le jour de tes dix ans. Parce que c’est comme ça que ça marche... »

Je la replaçais alors avec un calme olympien, et je mis ma veste sur les épaules. J’avais plus l’air du véritable moi désormais, mais il fallait dire que le look n’était pas trop là, en chemise, en cravate avec mon beau pantalon le tout couvert de sang. Puis, dans un dernier soupire, je me redressais et plutôt que de pleurer, car j’avais honte de le faire devant elle, je marmonnais simplement.

« Jag är ledsen, Valkirie. Jag har haft mina problem. »

Mes yeux se posèrent sur elle, et pour lui prouver que c’était bien moi, je repris la forme d’un Lynx. Seul une poignée de Dagoniat savait que j’en étais capable, dont Kira qui avait toujours adoré voir ça de ses yeux.
Sans réfléchir, et tendant une oreille pour vérifier que l’autre Loup était déjà loin, je me collais contre elle et je me mis à ronronner.

* Je suis désolé Valkirie, j’ai eu quelques problèmes. (Valkirie est le surnom qu'il donne à Kira)

Je reprenais forme humaine, les deux mains sur ses épaules. J’étais quand même toujours plus grand qu’elle et je la regardais de longue secondes, sans rien dire. Je ne fis qu’une grimace quand elle annonça qu’ils avaient du tuer un dragon pour sa baguette. C’était beaucoup gâcher, car les dragons étaient durs à éliminer, et l’on ne pouvait pas autant en tirer qu’on en avait pris. Mais, sans rien dire d’avantage, je détournais les yeux et je regardais dans le lointain. D’un regard un peu agar et vitreux, comme si mon âme avait quitté mon corps et qu’au final, ses paroles qui auraient du me blesser je le savais, ne firent pas grand-chose.

« Et tu as bien raison, c’est légitime. » dis-je simplement.

Observant Kira, je me contentais de baisser les yeux. Chose qui, autrefois, elle ne m’avait certainement jamais vu faire. Parce que j’avais honte, de n’être plus que l’ombre de celui que j’étais autrefois. J’avais honte, de ne pas l’avoir contacter. Mais à quoi bon ? Pour lui dire quoi ? Que j’étais déjà mort le jour où j’avais du tuer Margaret ? Elle était encore beaucoup trop jeune pour comprendre, dans la fleur de l’âge et je ne voulais pas l’inquiéter d’avantage avec ça.

« C’était compliqué. C’est compliqué. » grommelais-je.

Sans rien dire de plus, je tendis alors l’oreille. Mes yeux se plissèrent et ils se dirigèrent vers la forêt. Il n’était pas loin. Il avait juste fui, surpris par l’attaque de son congénère. Il guettait, je le savais. Une faiblesse, certainement le moment où nous aurions le dos tourné. Posant sa main sur son poignet, je lui indiquais d’un petit signe de tête la lame. Je l’avais arrêté juste à temps. Juste avant qu’elle ne rentre complètement dans son fourreau.

« On en parlera après, si le coeur y est. D’abord, on doit terminé ça. Tu vas me montrer ce que tu sais faire, un peu... »

Je lui laissais remettre sa lame entièrement dans son fourreau, puis, comme si de rien n’était, je la pris par l’épaule et je l’entraînais vers le Domaine des Dagoniats.

« Ne te retourne pas. Fais comme si tu me parlais. Garde un œil sur ta dague et repère toi à la lumière. Les Loups ne font que très peu de bruit, et quand tu les entends il est trop tard. Tu dois écouter ton environnement, le champs des oiseaux et les odeurs portés par le vent… Quand tu ne les entendras plus, tiens toi prêt à te retourner, nous n’aurons pas deux chances. Le vent est dans notre direction. L’odeur est légère, plein de phéromone. Si elle parvient à tes narines, c’est qu’il est en mouvement vers toi... »

D’un geste étrange, je réajustais mon arbalète sur mon épaule, comme si je la plaçais mieux pour marcher, mais en réalité, je venais de rajouter un carreau.

« Et pose pas de questions à la con. » concluais-je pour bien lui faire comprendre que ce n’était pas encore le moment.

L’odeur du Loup envahit mes narines et son odeur saline. Quand elle envoya le coup de grâce, d’un lancé de dague plutôt réussi, je lui mis immédiatement la main devant le corps pour la placer derrière moi. Un instinct de survie qui m’avait toujours réussi et qui ne m’avait jamais fait défaut puisque j’étais encore bien vivant même si je n’étais plus vraiment que l’ombre de moi même.

« Attends. » dis-je simplement.

Je m’élançais calmement vers la dépouille. Vérifiant qu’il avait bien donné son dernier soupire, je retirais la dague. Essuyant le sang sans cérémonie, je récitais une prière aux dieux. Qui m’avaient certes abandonnés, mais qui se devaient toujours d’honorer la venue dans leur monde d’un guerrier. Maudit par Loki ou pas. Terminant ma prière, je lui réservais le même sort qu’à son comparse et dans un mouvement lent je me tournais vers ma filleule pour répondre à sa précédente question.

« Faudrait déjà lancer un Revelio correctement. » dis-un encore un peu bourru en lui tendant sa dague.

Dispersant les cendres comme une tradition, je nettoyais ensuite la zone pour que rien ne laisse penser de ce que nous avions fait cette nuit là. Accroupi, je regardais les deux zones noirâtres avec un goût amer dans la bouche. La dernière fois que j’avais fait la même chose, c’était Margaret qui avait eu droit au même sort. Me dirigeant vers Kira, je repris mon baluchon et je lui collais dans les bras dans un silence évident.

« Porte ça. » grognais-je « T’as des bras on dirait des brindilles. »

Et je pris ma route, attendant bien sûr ma princesse écuyère alors que nous nous dirigions vers le domaine. Toujours aussi renfermé, je ne parlais pas beaucoup durant le trajet. Arrivé à mis chemin, j’entendis la mer sur notre droite et l’angoisse de me rendre au domaine de Tinworth m’envahit. Comment allait réagir les autres ?
Mes mains se mirent à trembler, et mon corps avec lui. Ma démarche se fit de plus en plus difficile et mon souffle se coupa. Je savais que j’étais encore en train d’en faire une autre. L’angoisse arrivait comme un poison dans mes veines. Me posant sur un roche, une main sur ma poitrine, je serrai les dents comme si je souffrais.

« On va s’arrêter là. » dis-je comme un ordre « Dans mon sac, il y a une flasque, passe là moi. »

Fermant les yeux et en attendant qu'elle m'apporte l'hydromel, je me mis alors à chanter... Cette chanson perdue, qui m'aidait toujours à tout surmonter dans les épreuves que les dieux m'avaient lancé tout au long de mon existence...

« I stormsvarte fjell, jeg vandrer alene
Over isbreen tar jeg meg frem
I eplehagen står møyen den vene
Og synger: “når kommer du hjem?” »

Traduction:

Je la regardais et je pris ma flasque sans un mot. Mon regard croisa le siens et je n’eus pas honte, j’étais de toute manière totalement vidé, comme si je ne pouvais plus jamais ressentir la moindre émotion positive de ma vie. Attrapant ma flasque dans un mouvement lent mais résigné, je fis une petite grimace et je déclarais d’un ton bourru :

« Mère sort de ce corps d’enfant. » dis-je en évoquant ma propre mère qui n’aimait pas vraiment quand nous buvions.

Je bus plusieurs longues gorgées qui furent pénibles. Aussitôt je sentis la névrose quitter peu à peu mon corps et mes idées se troubler. Mon coeur mon souffrir et mon cerveau moins penser à ce que j’avais fait par le passé. Sentant la flasque à moitié vide, je fis une grimace alors que ma filleule se décidait à me faire la morale.

« Hmmm.. » dis-je d’abord.

Puis, sans l’ombre d’un doute, je me mis à rire. A plein poumon. Comme un grognement venu du fond de ma gorge, je continuais de rire jusqu’à ce que des larmes commencent même à pointer au niveau de mes yeux. Buvant une dernière gorgée d’hydromel, je regardais alors ma filleule.

« Ahaha, regardez moi ça. Ca n’a même pas vingt printemps que ça fait déjà la morale comme personne… Ha j’te jure... »

Alors elle s’en alla. Me laissant là avec mes affaires et ma flasque d’hydromel. L’observant s’éloigner, je me laissais bercer par sa voix, qui finalement m’apaisait beaucoup plus que le vin des dieux. Regardant la petite partir, je déclarais d’une voix comme pour l’arrêter.

« Hé. Kira ! »

Elle n’allait quand même pas me laisser là et me laisser porter mes affaires ! Je grognais et finalement je déclarais comme un grognement presque haineux et rageur :

« T’avais l’autorisation de sortir après ce qu’il s’est passé à Pré-Au-Lard ?! » dis-je comme pour la figer.

Finalement, arrêtée ou pas arrêtée, je me résignais à prendre mes affaires et à me lever. Pestant intérieurement contre la fragilité des jeunes fleurs de ma famille et leur caractère de merde. Avançant moins vite qu’elle, car plus lourd et plus chargé, je la regardais de dos et je continuais à faire ma petite langue de Serpentard.

« M’étonnerait que Nikolai ait laissé sa petite chérie sortir sans surveillance. Surtout quand c’est pas capable de balancer un Revelio. Grr. »

J’arrivais finalement à la rattraper. Arrivant à sa hauteur, je la regardais dans les yeux et je déclarais sans appel.

« Je te raconterai ce qui s’est passé quand j’étais absent. Mais ça m’étonnerait que tes petites oreilles de pourcelles acceptent ce qu’elles vont entendre. Mais puisque tu te considères aussi sage que Frigg, alors on va faire comme ça. Et laisse Odin là où il est. Ca fait longtemps qu’il m’a abandonné. » dis-je sinistre.