Cours de Poterie Magique (Rhys)

Je l’écoutais tout en avançant deux fois plus vite que lui vu qu’il ne faisait que parler. J’avais trouvé quelqu’un qui parlait plus que moi et je devais avouer que je comprenais ce que pouvait ressentir les autres quand il s’agissait de m’écouter pendant des heures pendant un cours ou un sermon. Terminant mes tourtes, j’enlevais mon tablier et je tapais dans mes mains pour enlever un peu de farine. Puis, je laissais les elfes prendre le relai comme si j’étais déjà lassé de la tâche que j’avais commencé. Clignant plusieurs fois des yeux, je m’appuyais sur le plan de travail et je le regardais en penchant la tête comme un rapace.

« Ca doit pas être évident d’être dans votre esprit jeune homme. » dis-je avec un sourire en coin.

Je réfléchissais ensuite à lui apporter quand même quelques éléments de réponse. Il semblait égaré. Et tous ceux qui errent n’étant pas perdu, il avait juste besoin d’un petit coup de pouce, comme les autres en réalité. Peut être plus que les autres, vu qu’il n’avait pas de famille de sorcier pour l’accompagner et l’aider d’ailleurs.

« Je vais faire comme si je n’avais rien entendu sur la menace concernant la Maison Serpentard... » dis-je d’un air amusé. « Finalement, on se ressemble. » dis-je brusquement.

Je commençais à ranger un peu, comme s’il fallait à tout prix que je fasse toujours quelque chose. Prenant quelques couverts, je les balançais dans le système de lavage automatique qu’un certain Walt Disney avait du piqué aux cuisines de Poudlard lorsqu’il avait écrit et dessiné Merlin l’Enchanteur. Les couverts partirent au milieu d’éponge et de savon qui travaillaient tous seul comme en rythme sur une musique qui n’existait pas.

« Il faut savoir lâcher prise. Car un jour, à trop être exigeant avec soit même, on se perd en chemin. Vous avez déjà un pied hors du sentier, et il faut revenir absolument à l’intérieur. Vous ne méritez pas d’être un sorcier d’exception, vous méritez juste d’être vous même et heureux. Dans un monde qui est fait pour vous au final. »

Je continuais d’envoyer les couverts à une vitesse folle avec ma baguette. Plusieurs elfes me regardaient d’un air inquiet mais personne n’osait me dire quoi que ce soit bien évidemment. Cependant, le rythme était bon car aucun couvert ne tomba par terre et aucune assiette ne se brisa.

« Vous ne serez jamais le meilleur, au risque de vous décevoir. Et croyez moi, en haut, au sommet, on est toujours très seul. Sortez, buvez, voyez des amis. Profitez de la vie, révisez, bossez, surpassez vous. Mais surtout ne soyez pas trop dur avec vous même, car cela n’entrainera que déception et rejet de vous. Bien que votre melon soit assez gros pour que vous puissiez vous supporter vous même… »

Je lui fis un léger clin d’oeil, puis je m’essuyais les mains. Le regard encore une fois dans les yeux, je continuais de lui donner ma petite leçon de morale. Mais si au final, j’avais l’impression qu’on s’écoutait beaucoup parler tous les deux plus qu’autre chose.

« Vous avez l’air bien seul. Mais vous venez de gagner un allié, ce soir. Si ce n’est un ami. On est déjà en bonne voie ! Bien ! »

Je regardais ma montre.

« Je crois que le temps est écoulé pour nous ce soir jeune homme. Mais je serai curieux de voir ce que ce gros melon a à nous offrir en duel comme vous aimez tant le répéter. Je viendrais à la prochaine réunion du club de duel, et nous croiserons le bois. Avec de la chance, vous pourrez vous venter d’avoir gagner face au Directeur de Poudlard ! »

Je lui fis un léger clin d’oeil.

« Ou d’avoir perdu, ou plutôt d’avoir appris à perdre. Car c’est ce qui vous manque et c’est ce qui fera office de prochaine leçon. »

Je lui envoyais un torchon sur le visage.

« Et terminez de nettoyer cette cuisine avec les elfes à la main. Cela vaudra pour toutes les insultes que vous avez proféré envers vos petits camarades verts et argents et à tous les sous-entendu fait sur votre non-respect des règlements que je me tue à rédiger et éditer à la main ! »