Vamos a la playa ! *ADIL *

Samedi 16 Juillet

Les mains tendus devant le feu, sur une des plages de Brighton, j’observais Adil par dessus les flammes. Depuis notre deuxième année, nous avions pour habitude de passer le deuxième week-end des vacances ici. Lors de la première excursion, nous avions trouvé un petit coin de plage un peu loin de la ville, qui nous permettait de nous isoler un peu de l’agitation moldu à laquelle nous participions de temps en temps en début de soirée. C’est là que tous les ans, Adil retrouvait sa petite Galloise blonde. Cette année, nous n’y étions pas aller, bien évidemment.

«  @Asel Misra  t’en a parlé hein ? »

Je brisais enfin le silence. Depuis qu’on était arrivé, on s’était très peu parlé. Déjà qu’Adil ne parlait pas vraiment beaucoup en temps normal, là ça avait été pire. J’avais bien senti qu’un truc clochait dés le départ… Levant mes yeux vers lui, les mains toujours tendus devant le feu j’observais mon meilleur ami dans un long silence.

« C’est que pour un an. Et tu sais, un an, ça passe vite. Il paraît qu’ils ont un bon parcours Archéologique là bas... »

Ils appelaient ça comme ça et bien évidemment, il était totalement minable à côté de celui de Poudlard qui avait l’avantage d’accueillir non loin Gringotts, l’IDEM et pleins d’autres entités où les meilleurs Briseurs de Sorts étaient demandés. Je me voilais bien évidemment la face… Il ne me restait que quelques jours pour donner une réponse définitive à Ilvermorny et Poudlard. Et bien évidemment, je n’avais toujours pas envoyé la lettre.
Elle était dans mon sac, à côté de moi.
A chaque fois que je croisais le regard d’Adil, j’avais envie de la jeter dans le feu.

« Et ils ont de bonnes équipes de Quidditich.  @Winona Barker  était là bas, et tu sais à quelle point elle est… bonne joueuse ahah ! »

Elle était la Gardienne des Poufsouffles, et nous avions gagner la coupe. Donc… Effectivement contrairement à mon mensonge sur le parcours Archéo, là ça tenait quand même la route. Jetant quelques morceaux de bois mort à l’intérieur du feu, je soupirai.

« Et il n’y aura pas  @Apolline Dunn ... »

Je gardais les yeux dans le feu. Les relever vers Adil était bien trop dur. Je savais ce qu’il allait me dire… Il me l’avait déjà dit… Quand on voulait quelque chose, il fallait tout donner pour le prendre… Seul le courage comptait et si on n’avait pas tout fait pour que cela réussisse, c’était qu’on pouvait encore trouver une solution par l’effort. C’était sa philosophie… Que j’avais toujours suivi avec scrupule pour tout le reste. Mais là… Avec Apo, ça coinçait. On était même… devenu des inconnus pour toujours. Puisqu’elle m’avait dit qu’elle me détestait.

« J’ai tout fait pour que ça marche. J’ai bien cru qu’il y a un mois, quand on s’est embrassé, ça avait fonctionné… Mais elle refuse d’avouer qu’elle m’aime. En fait, je croyais que c’était plus complexe que ça tu vois. Que y’avait une histoire de famille, un truc du genre. Mais en fait… elle ne m’aime juste pas. C’est con hein ? »

J’avais levé la tête dans un air désolé. J’avais même plus la force ou l’envie de pleurer, puisque j’étais totalement vidé de mes émotions. Je rebaissais mes yeux sur les flammes. C’était bien mieux comme ça, là bas, je ne risquais pas de la croiser au détour d’un couloir ou d’aller en cours avec elle, puisque j’avais compris que son double cursus avait été validé.

« Et toi, tout semble rouler avec Asel ! Je suis vraiment content pour vous ! Vous étiez fait pour être ensemble mon pote ! Je te l’ai toujours dit ! »

Et c’était vrai. Je lui avais toujours dit. Même quand l’année dernière, la Galloise du nom de Sophia, était en train de lui rouler une pelle au même endroit.

S'il y avait bien quelque chose qu'Adil aimait bien, c'était de se retrouver là où il était, en compagnie de Michel-Ange comme ils le faisaient depuis quatre ans maintenant. C'était devenu une espèce de rituel qu'ils partageaient, et que le jeune Gryffondor espérait garder tout au long de sa vie. Des ancres, dans la vie, qui lui donnaient cette impression de compter, qui lui réchauffait le cœur et lui plaisait peut-être plus que de passer le moment en lui-même. Ce qui était paradoxal.

Le feu ronflait devant eux. Pas ou très peu de magie, c'était des vacances particulières. Les mains tendues vers les flammes, alors que la fraîcheur de la nuit commençait à s'installer autour d'eux, Adil tourna la tête vers Micky qui entrait directement dans le vif du sujet.

« - Ouep. »
Cette simple idée l'agaçait réellement. D'une part, parce qu'il trouvait cela ridicule, et d'autre part, parce qu'il était égoïste. Savoir que son ami de Poufsouffle risquait de partir aux États-Unis pour un an, à suivre des cours à quelques milliers de kilomètres, l'empêchant littéralement de le rejoindre sauf portoloin, ça l'agaçait particulièrement. Peut-être un peu de peur d'être remplacé, il y avait aussi cette impression de voir son ami fuir ses problèmes avec @Apolline Dunn.

Néanmoins, il semblerait que cette relation était plus un cauchemar pour l'un et pour l'autre pour des raisons qui le dépassaient totalement.

Adil ne doutait pas des sentiments de l'un et l'autre. Mais des fois, en tant qu'ami, il se demandait si c'était une bonne idée de les pousser l'un vers l'autre. C'était une relation tellement toxique, qu'il se demandait sincèrement s'il ne devait pas plutôt lui présenter quelqu'un, et faire de même avec Apolline, pour qui... C'était d'autant plus compliqué au vu de la famille qu'elle se tapait.

Mais il ne pouvait s'y résoudre. Adil croyait fortement en l'amour. C'était une chose qui animait son propre sein. Il fallait qu'il trouve un moyen pour les aider. Après tout, il y était plus ou moins parvenu avec @Lyssa de Clare et @Lev Madsen. Puis... Il était avec @Asel Misra maintenant.
« - Ils peuvent même avoir une matière kebab option sauce blanche, je trouve que c'est la pire idée que t'es eu, Micky. »
Il secoua la tête, agacé.
« - Et qu'est-ce qui se passera quand tu reviendras ? En un an, il peut se passer tellement de choses... Vu la gueule de son daron, elle va se retrouver mariée avant la fin de l'année. »
Adil, qui ne s'intéressait pourtant pas à la politique de façon générale, n'avait pas pu s'empêcher de faire une entorse à ses intérêts pour lire ce qui se tramait pour les élections à venir. Le fait que le père d'Apolline fut candidat l'avait probablement motivé inconsciemment. Tout ce qu'il avait pu y lire, c'était un ramassis de conneries arriérés. À se demander s'ils avaient tous réellement assistés à la dernière guerre... Avait-il pensé, se remémorant de ses cours d'Histoire de la Magie en lisant les articles de presse.

« - Je sais que t'as tout fait, mais... Est-ce que le problème ne viendrait pas d'elle, plutôt ? Je veux dire... Tu sais comment elle est, hein, je te l'apprends pas. Mais elle est toujours à fond dans les études, à fond dans tout ce qu'elle entreprend de... Euh... Factuel ? Ouais, factuelle, parce que c'est les seules choses sur lesquels elle a un réel contrôle. »
Et encore, il en doutait. Comment pouvait-elle être heureuse et en contrôle de sa vie en s'empêchant, justement de vivre, en se plongeant corps et âme dans les études ? Elle, aussi, semblait être une adepte de la fuite vers l'avant, persuadée d'être libre, alors que c'était loin d'être le cas.
« - Je pense qu'elle t'aime aussi, Micky, sinon, vous ne passerez pas le temps à vous prendre le bec comme vous le faites toutes les semaines. » Ajouta-t-il, avec un sourire amusé, un air doux sur le visage.

Adil plongea ses pieds dans le sable, s'amusant avec ses orteils, accompagnés des crépitements des flammes. Il tira la glacière pour sortir deux bières. Il en envoyait une à Michel-Ange, avant de déboucher la sienne après avoir tracé une rune d'ouverture. Un truc qu'il avait chopé en regardant Lucy forçait le bureau de son père pour prendre les clés du phare aux Hébrides.

Il porta le goulot à ses lèvres tandis que Micky lui demandait comment ça se passait avec Asel. Un sourire niais se dessina sur ses lèvres, faisant couler quelques gouttes de sa bière sur son menton. Il s'essuya d'un revers de main, avalant sa gorgée, l'air amoureux.
« - Merci. »
Il lui fit un sourire, avant de se concentrer sur sa bière. Parler de ses sentiments, c'était toujours compliqué, même s'il faisait des efforts là-dessus. Avec Asel, c'était quelque chose. C'était tout sauf du repos. Elle était toujours à deux milles et... Ça lui laissait que peu de temps pour se poser des questions sur leur relation florissante.

Samedi 16 Juillet

Je pris la remarque du kebab droit au coeur. Il savait à quel point je les aimais, et à quel point j’étais prêt à faire des heures de vol en balai pour aller en manger un à Istanbul ou Berlin. Je le regardais par dessus les flammes sans rien dire. A dire vrai, je m’y étais un peu attendu… Ce qui me surprenait en revanche, c’était cette nouvelle attitude de daron qu’il voulait se donner depuis qu’il était avec Asel. Il se donnait des airs de vieux sages qu’on met des jours à venir consulter dans sa vieille grotte lointaine. J’en pouffais de rire.
Mais ces propos me mirent une espèce de gifle dans la tronche, comme d’habitude… Mon sourire s’effaça aussi vite qu’il était apparu.

« Tu le crois vraiment ? »

Je balançais un bout de bois mort que la mer avait ramené dans le feu. Ce dernier s’embrasa rapidement et le feu augmenta en intensité. Je me contentais d’un silence morose, puis je me renfermai de plus belle. Le problème venait justement de là.

« C’est ça le soucis. Elle m’aime, mais elle ne veut pas l’avouer et elle ne veut pas l’accepter. Et effectivement, elle est à fond dans tout ce qu’elle entreprend, sauf moi. Elle recule. Et moi tu me connais. Je suis pas le genre de gars à attendre que le train vienne sur le quai… »

C’était une superbe métaphore. En même temps avec les trains, il y en avait plein. Et j’aimais bien les trains. Ca m’apaisaient. Ils allaient d’un point A à un point B et à l’intérieur, il se passait toujours des trucs. C’était un beau résumé de la vie. Perdu dans mes pensées, je me saisis de la bière et je l’ouvris à l’ancienne. Je me saisis d’un morceau de bois pour faire levier et la décapsuler sans vergogne.

« A vous ! Ahah ! Au moins, elle va bien se terminer cette histoire là ! »

J’avais pas tellement envie de poursuivre sur la conversion @Apolline Dunn. Je continuais de contempler le feu, toujours sans rien dire de plus. Oui, il avait raison, je fuyais totalement mais en même temps j’avais trop souffert pour rester ainsi. C’était égoïste je le savais, et il devait en faire la même analyse que moi mais… c’était peut être nécessaire non ? J’ouvris la bouche pour lui dire qu’il allait me manquer, quand soudain, deux voix se firent entendre au loin.

« Ohé ! Mich ! Ad’ ! Vous êtes là ! J’étais sûr qu’on pourrait vous trouver ici ! »

Je crachais brusquement la gorge de bière que j’avais dans la bouche dans le feu. Françoise Colline et Blanche Du Fort. Deux françaises blondes, de Beaubâtons, que nous avions pour habitude de retrouver depuis deux ans ici même, à la fête du soir… Cette année, nous avions décider de ne pas y aller exprès, car Adil était maintenant avec mon amie Asel. Elles mirent leurs cheveux d’un blond dorée en arrière. Françoise vint s’asseoir à côté de moi, les jambes en tailleur et ses mains devant elle pour se réchauffer.

« Ca va Mich ? Pourquoi vous n’êtes pas venu cette année ? »

Blanche, pour sa part, commença par reprendre ses vieilles habitudes et elle s’assied à côté d’Adil. Elles étaient bien évidemment venu avec deux bouteilles de vin et des verres. Elle commença à nous servir, et posa sa tête sur l’épaule de mon ami en le regardant d’un air taquin.

« C’est vrai, vous nous fuyez ? » dit-elle avec un accent français à faire chavirer n’importe quel homme.

Je… je devais faire quelque chose ! Mon ami était en danger. Asel… @Asel Misra comptait sur moi. C’était aller très vite ! Trop vite. On s’était mis là pour les fuir, enfin, pour éviter de les croiser. Et… et elles nous avaient retrouvé !
Mes mains commencèrent à trembler alors qu’aucun d’entre nous n’osa répondre.

« Vous allez bien ? Vous en faites une tête ? Vous êtes pas content de nous voir ? »

« ADIL VA SE MARIER ! » hurlais-je.

Ah, oui. Vous devriez vous rappeler que je ne gérais pas du tout la pression non ? Quoi qu’il en soit, je m’étais mis brusquement à hurler ça. Comme un gueudin. J’avais aussi sorti ma lettre d’Ilvermorny et je commençais à la brandir devant elle.

« ET MOI LA FEMME DE MA VIE ME FAIT TELLEMENT SOUFFRIR QUE JE M’EN VAIS AUX ETATS UNIS !!! »

J’étais rouge tomate. Je n’osais pas regarder Adil. Quoi qu’il en soit, Blanche en face de moi ne s’était pas arrêter de se servir du vin, et il coulait sur sa main.

« Merde ! » fit-elle en français.

Puis, elle éclata de rire et but le surplus pour me tendre le verre. Elle se décolla un peu d’Adil, en lui lançant quand même un regard qui en disait long et me regarda d’un air… amusé. Françoise se mit à rire elle aussi. Son bras passa autour de mon cou et elle m’embrassa sur la joue.

« Tu m’avais manqué lutin farceur ! Ahah ! Et bien… faisons la fête au mariage d’Adil dans ce cas ! »

Non. Non non non non non non… Les joues rouges, je bus mon verre de vin d’un coup pour me donner du courage. Ce breuvage avait toujours eu un goût particulier et un effet spectaculaire : il me tapa directement au cerveau. Je finis ma bière de la même manière.
Voilà.
Maintenant que j’avais un peu bu… Mes yeux se plissèrent… Allez Michmich… Tu pouvais sauver Adil et Asel… C’était pas si dur… Si t’étais assez malin…
Tu finirais avec les deux ce soir.

Adil vit le visage de Micky passé du rire au silence en quelques instants lorsqu'il lui parla d'@Apolline Dunn. C'était un sujet compliqué pour plusieurs raisons. Entre les sentiments virulents de son ami pour la préfète de Gryffondor et la dispute qu'ils eurent il y a quelques mois, Adil ne put s'empêcher de baisser les yeux, laissant à son ami le temps de digérer ce qu'il venait de dire.  Lorsqu'il releva la tête, le Poufsouffle lui demanda s'il était sincère.

Adil hocha de la tête.
« - Oui, je le pense vraiment, Micky. »
Il était partisan de fermer sa gueule quand il ne pensait pas les choses qu'il disait.
« - C'est bizarre d'ailleurs que tu n'es pas le même souci. Je veux dire, t'es sang pur, tu vois ce que je veux dire ? »
La ségrégation par le sang. Par chance, c'était une mentalité sur le déclin. Beaucoup de sorciers au cours des siècles s'étaient mêlés aux nouveaux sorciers, se fichant bien de la nature de ce qui coulait dans leur veine. Pour autant, il restait certaines familles où la valeur de leur sang était un réel trésor. Prêts à tout pour le sauver, ils n’hésitaient pas à se mélanger entre eux.

Micky était un sang pur. Mais il n'avait jamais réellement agi comme tel. Alors qu'Apolline, c'était tout le contraire. Elle avait ce prestige que leur conférait son sang, bien qu'elle restait quand même vachement plus ouverte que les autres sorciers de son genre.
« - Je pense qu'elle doit attendre un jour que son père lui annonce l'élu de son cœur avec qui ils auront probablement passé un marché. »
Il haussa les épaules, secouant la tête, l'air dépité.
« - Pourquoi tu demandes pas à ton daron de régler ça sur le papier ? C'est pas très romantique, mais... Enfin, vous vous aimez, tu vois ce que je veux dire ? »

Adil était un fan inconditionnel d'amour, bien qu'il ne l'avouerait pas comme ça. Pourtant, sur sa table de chevet à Gryffondor, il y avait de temps en temps un livre qui traînait, mettant plus ou moins de temps à le lire. Que ce fut Layla et Majnun, Roméo et Juliette ou encore Orgueil et Préjugés. Des classiques qu'il aimait lire. Une passion qu'il partageait avec sa cousine Lucy qui désirait, un jour, en écrire à son tour.

Le Gryffondor éclata de rire lorsque Micky lui avoua ne pas être le genre de gars à attendre. Ce n'était pas forcément ce qu'Adil aurait dit sur lui au vu de la passion qu'il nourrissait pour Apolline mais il ne dit rien.
« - Je me doute, Micky. »

Adil, lui, c'était le gars qui attendait dans l'ombre qu'un jour, la fille de ses rêves ne le remarque. Du moins, cela aurait pu durer longtemps comme ça s'il n'avait pas finalement eu le courage de parler à @Asel Misra, justement à cause de cette dispute aux Trois Balais. Asel et Micky étant proches, elle n'avait pas trop aimé sa façon de faire. Avec le recul, Adil sut qu'elle avait raison. Il s'était comporté comme le dernier des connards avec Michel-Ange. Et c'était quelque chose qu'il avait encore à l'esprit. Quelque chose qui perdrait de sa virulence au fur et à mesure que le temps passerait. Mais sa culpabilité était toujours bien présente en lui.

Ils en vinrent à parler d'Asel justement. Le faciès d'Adil changea du tout au tout, laissant paraître un ado transi d'amour, incapable de tenir un regard, le cœur battant à tout rompre tandis qu'une sensation de chaleur l'envahissait de nouveau. Enfonçant ses orteils dans le sable, les observant sous le grain, il ne put que sourire lorsque Micky lui prédit que leur histoire ne pouvait que bien se finir. Un petit InshaAllah s'échappa des lèvres d'Adil dans un murmure.

« - Tu veux pas tout simplement an- » Commença Adil qui souhaitait revenir sur le sujet du départ de Micky pour Ilvermorny lorsqu'il se fit couper le sifflet par une voix qu'il connaissait bien.

Son regard s'écarquilla sous la surprise. Pour la première fois depuis trois ans, c'était la première fois qu'il oubliait la présence de ces deux Françaises sur la plage de Brighton. Le rouge vint rapidement sur ses joues, sentant son corps se remémorer de certains souvenirs qu'il préfèrerait oublier maintenant qu'il était avec Asel. C'était plus par pudeur que par réelle envie de les oublier. Il aimait bien ces moments, ici, sur cette plage. Ça lui ferait de bons souvenirs de jeunesse.

Il releva la tête pour voir les deux jeunes femmes apparaître devant lui. Un sourire se glissa sur ses lèvres alors qu'il observait Blanche et Françoise. Il lui faudrait se montrer suffisamment distant pour éviter tout débordement.

Françoise leur demanda pourquoi ils ne les avaient pas rejoints cette année, s'ils les fuyaient. Pour tout leur avouer, ils les avaient oubliés. Adil observa Blanche s'approchait de lui, sentant cette curieuse sensation dans le ventre qui le mettait mal à l'aise. Sa pomme d'adam semblait lui peser une tonne tellement il peinait à déglutir. Fallait dire que Blanche était plutôt jolie et... Alors lorsque Blanche posa sa tête sur son épaule, le corps d'Adil se raidit. Il aurait préféré être si loin. C'était comme s'il y avait les deux belles billes noisettes d'Asel, posées sur la voûte céleste, qui l'observait avec une envie de le tuer. C'était très étrange comme sensation.

Il la regardait servir du vin alors que Micky se mettait à gueuler, qu'Adil allait bientôt se marier.
« - Euh... »
Adil tourna la tête vers Micky, l'interrogeant du regard. Savait-il quelque chose qu'il ignorait ? Oui, Asel semblait déjà avoir réfléchi sur la question, mais lui, non. Du moins, pas comme ça, sans qu'ils n'aient rien vécu, sans qu'ils... Il voulait faire les choses bien.

Lorsque le Poufsouffle hurla par la suite qu'il se barrait aux États-Unis, Adil secoua la tête. Il ne savait plus où donner de la tête. Beaucoup trop d'émotions le traversaient. Il aurait préféré qu'elles aient eu un empêchement cette année, plutôt que de devoir avoir ce genre de discussions avec elles.

À moins qu'elles parviennent à le faire changer d'avis ?

Adil doutait. Ce n'était généralement pas pour ce genre de discussions qu'ils se retrouvaient les étés. Il saisit le verre que lui tendait Blanche, osant un regard vers elle. Par respect peut-être, elle s'était aussitôt décollée de son épaule au moment où Micky avait balancé sa première bombe comme si c'était un pétard mouillé du Dr. Flibuste.

Ils échangèrent un regard gêné, suivi d'un sourire avant de tremper ses lèvres dans le vin qu'elle leur avait mené.
« - Si vous arrivez à le faire changer d'avis, je vous paye une autre bouteille. »
Il leur fit un sourire amusé, avant de se pencher pour saisir son sac dans lequel il tira une petite trousse. Posant son verre sur la glacière, il entreprit à sortir le nécessaire à fumer. Un sourire espiègle sur les lèvres, levant les yeux vers Blanche, puis Micky et enfin Françoise, il roula le premier joint qu'il alluma directement pour le faire tourner, le temps qu'il en faisait un autre.

Samedi 16 Juillet

L’une des deux françaises ayant toujours sa tête son mon épaule, je continuais de parler à Adil comme si de rien n’était. Après tout, j’avais pas honte de mes sentiments. Surtout qu’elles étaient de Beaubâtons et qu’elles… ne connaissaient même pas Apolline. D’ailleurs elles auraient peut être un avis elle aussi. Un peu maussade je grognais légèrement.

« Ouais, son père fera ça. Et le miens certainement aussi. Mais…Tu me connais. Je compte pas me laisser faire. Quand à Apo… »

Je soupirai. Je ne savais vraiment pas où elle voulait aller avec tout ça. Elle était issus d’une famille bien plus noble que la mienne et ils avaient tendance à suivre le protocole. Nous, les Grimm, avions le sang pur. Mais uniquement l’héritier de la Forge devait s’inquiéter du paraître et de la bienséance. Normalement, cela devait être Léonard. Mais je savais que cela ne l’intéressait pas. J’avais pris la voie des Briseurs de Sorts exprès. Pour prendre le relais de mon père, quand il partirait à la retraite et que j’aurai acquis assez d’expérience à vadrouiller à travers le monde.

« J’suis pas dans sa tête. »

Et là, mes paroles se fermèrent, signifiant que la conversation était terminée pour ce sujet. C’était vrai ; j’étais pas dans sa tête. J’avais tout fait pour elle et… elle n’avait pas fait grand-chose et elle s’était contentée d’attendre et de rester spectatrice. Au final, c’était peut être mieux ainsi. Peut être que je méritais quelqu’un qui savait ce qu’elle voulait, qui elle était, et vers où elle allait. Son double cursus en était la preuve. C’était… d’ailleurs consternant de voir à quel point je la connaissais.

« Oh… Adil, tu es adorable. Et félicitations... »

Blanche s’était quand même un peu reculée de lui quand j’avais beuglé qu’il allait se marier. C’était pas encore le cas, mais il était hors de question que cette française remette en doute la relation avec la femme de sa vie ! Elle se contentait de me regarder d’un air à la fois triste et amusée. Françoise, sa tête toujours sur mon épaule quand à elle se mit à sourire et dit dans un anglais approximatif :

« Tu sais… Partir c’est fuir. Et y’a vraiment rien de biens aux Etats-Unis. Tu aurais du venir en France ! »

Elle tapa dans ses mains à cette idée, se redressa et se resservit un verre de vin. Françoise leva son verre ; observa la couleur d’un air songeur et me regarda avec un léger regard malicieux.

« De ce que tu m’en dis… Elle va surement s’en mordre les doigts et se sentir responsable que tu t’en ailles pour un an. »

Elle termina d’observer son verre, puis elle porta ce dernier à ses lèvres dans une grace infinie. Moi, je regardais tout ça en tenant mes genoux. Elle était quand même très belle et ça me perturbait un peu.

« Par contre, elle n’hésitera pas à passer à autre en ton absence. Et sérieusement Michel-Ange. Si elle doit se trouver quelqu’un, ce sera l’an prochain. Tu ne seras plus là pour la faire douter. »

HAAAAA. Je me mis à pencher mon corps d’avant en arrière. J’avais pris la lettre d’Ilvermorny instinctivement dans ma main. Françoise me regarda d’un air malicieux et me posa la main sur la mienne avant de m’embrasser au niveau de la joue et proche des lèvres.

« ...mets y juste un peu de bonne volonté, mon ami ! »

Un peu ébêté je regardais Adil. Elle avait raison… Si je partais, Apolline me remplacerait… Et par qui ? Cet idiot de Lyvan ?! Ou même Milo qui était comme un frère pour moi ? Après tout, les abandonner tous les deux les enverraient certainement dans les bras l’un de l’autre !

« Je… je sais pas ! »

J’avais repris du vin. Ils étaient tous contre moi. Il fallait que je détourne la conversation.

« Adil pense qu’elle m’aime. »

Blanche, qui s’était un peu éloigné lui fit un léger regard plein de tendresse et déclara :

« Ca ne m’étonne pas de toi, Adil. Qu’est ce qui te fait dire ça ? »

Je soupirai. J’étais un peu jaloux d’Adil… Lui c’était un vrai loveur… Moi, je n’avais que ma bonne humeur et ma tenacité...

Lorsque Blanche le félicita avec son petit accent si craquant et son ton de voix Adil sentit son estomac faire un saut périlleux avant de s'écraser sur le reste de ses entrailles comme s'il avait soudainement pris le poids d'un de ces rochers que l'on croisait sur les Cromlechs. Il déglutit péniblement, sentant cette chaleur si caractéristique qui ne signifiait qu'une chose : Tu bouges, t'es cuite. Il préféra plutôt tremper ses lèvres dans le vin frais qu'elle lui avait tendu, histoire qu'au pire, s'il devait se passer quelque chose, il s'arrêterait avant, tombant comme une masse, ivre mort.

Françoise amenait les choses mieux qu'il ne l'aurait fait lui-même. Elle avait raison, partir, c'était fuir. Partir, c'était l'occasion de donner la chance à n'importe quel autre gars avec Apolline. Il ne pouvait pas tout abandonner maintenant. Pas après tout ce qui s'était passé pendant l'année qui venait tout juste de se terminer. Abandonner alors qu'il n'avait jamais aussi proche de son but que durant les quelques mois où ils avaient réellement été ensemble il y a quelques années, c'était stupide.

Puis ce n'était pas Poufsouffle. Les Jaunes et Noirs étaient des battants, ils étaient déterminés, ils ne lâchaient rien.
« - Françoise a raison. Tu peux pas... Pas maintenant. Pas après tout ce qu'on a vécu cette année. »
Il leva son verre vers Françoise.
« - Exactement. » Renchérit Adil en vidant son verre lorsque Micky leur expliqua qu'il pensait qu'Apolline l'aimait en retour.

Blanche et Adil se regardèrent quelques instants, puis, dans un sourire, il lui tendit le verre.
« - Mets-le à ras bords. Je parle pas de ce genre de choses si je suis pas bien comme il faut. »
La pudeur d'Adil était légendaire. Son  regard capable d'être détourné par un compliment ou une attention particulière, le rouge qui pouvait lui montrer lorsqu'il se sentait intimidé par un compliment ou les formes d'une femme un peu trop dénudée, une caresse ou un regard qui en disait long, parler des émotions, des sentiments, même si ce n'était pas les siens, lui coupait toujours le sifflet.

Même avec Blanche, même s'ils s'étaient vus les étés précédents, il avait toujours eu ce petit moment de pudeur avant de jeter l'un sur l'autre pour s'unir de bien des façons.

Elle lui remplit le verre. Adil sourit, levant son verre vers Micky, avant d'en avaler une bonne moitié. Pour n'importe quel français, le voir boire du vin de cette façon était un crime passible de la peine de mort. Il posa son verre, fronçant les sourcils le temps qu'il se fasse à la chaleur qui parcourait son œsophage pour ensuite les regarder avec un sourire un peu niais.
« - Apolline... C'est le genre de fille populaire un peu trop fier qui n'hésite pas à couper court lorsque les choses peuvent être dangereuses pour son avenir, quitte à mettre une patate de forain au premier qui mettrait sa réputation en danger. Y a qu'à voir le bordel qu'elle fait dès que quelqu'un fait une connerie. »
Il eut un petit rire amusé, le regard perdu dans les flammes.
« - Pourtant, Micky, t'es le seul mec qui est capable de lui écraser le cœur - Même si elle te le rend bien ! » S'empressa d'ajouter Adil en levant l'index vers son ami qui allait sûrement vouloir se plaindre. « Et vous revenez continuellement l'un vers l'autre. Et tout ça pour quoi ? Parce que vous êtes débile ! » Fit-il en levant les bras et les jambes avec un rire con.
« - Ce que je veux dire, c'est que vous arrivez pas à vous mettre ensemble parce que vous avez peur. Enfin. Pas toi. Toi, il te manque un truc pour avoir peur. »
Adil éclata de rire, avant de vider le reste du verre. L'alcool faisait clairement son effet. Adil n'avait jamais parlé autant.
« - La peur. Apolline a peur. Je pense qu'elle a peur de te perdre, et ça... Micky... ça, c'est... Houla. »

Adil glissa de son tabouret de fortune dans un éclat de rire. Les yeux vers le ciel, il ne put s'empêcher de penser à Asel. Un sourire heureux, malgré la tête qui tournait un peu, il se redressa tant bien que mal.
« - Elle est folle de toi, Micky ! FOLLE ! Espèce de tombeur, t'as eu la Prom Queen HAHA ! »

Samedi 16 Juillet

« MOI ? PEUR ? »

Je m’étais levé et j’en avais foutu un peu partout. J’avais bien picolé aussi, et j’avais renversé du vin, Françoise ou Blanche je savais plus trop et du vin sur Françoise. Titubant encore un peu, je levais mon verre alors qu’Adil était de l’autre côté du feu, lui aussi parler plus à cause de l’alcool. Je le reconnaissais bien là.

« J’ai pas peur d’elle. J’ai peur de rien, j’ai peur de personne t’entends. Un jour, tout le monde le saura. »

Je désignais les deux filles comme témoin. J’étais torse nu. Pourquoi j’étais torse nu ? J’avais du raté un épisode. Quoi qu’il en soit, je m’étais allumé une clope toujours debout. Françoise et Blanche, elles, qui avaient moins bu commençaient à comprendre comment la soirée allait finir. Pas besoin d’être major à Poudlard pour savoir qu’on allait se gueuler dessus, se serrer dans nos bras et dormir comme des veaux sur la plage jusqu’à ce que le mal de tête et le soleil nous réveille.

« Je reviens continuellement vers elle, parce que je l’ai dans la peau. Je rame en permanence pour essayer d’exister à ses yeux. Je gesticule, je me créais tout un monde et un personnage pour que tout Poudlard me connaisse, juste pour avoir une place dans sa ligne de vue. J’dis à tout le monde que je ferai Ministre parce que j’veux lui montrer que j’ai un minimum d’ambition ! D’ailleurs j’y arriverai ! On en reparlera ! »

Je bus plusieurs gorgées d’une traite. J’avais saisi la bouteille de vin pour boire au goulot comme un sacripant. Les deux françaises pincèrent du nez et commencèrent à se reculer pour échanger entre elle en français. Visiblement elles avaient enfin compris qu’elles étaient de trop ! Je tendis la bouteille à Adil au dessus du feu. Les flammes me léchèrent le coude. Mais je tins bon. J’avais peur de rien putain et il allait le savoir.
Enfin, il s’en saisit et je retirai mon bras vivement.
C’est à ce spectacle désolant que les filles nous dirent bonsoir et s’en allèrent pour nous laisser enfin seul. Me massant le bras, je regardais toujours Adil, à travers le feu.

« C’est mon âme sœur, Adil. J’ai pas le droit de passer à côté. »

J’étais soudain devenu un peu livide. Je rigolais plus et j’avais peut être jeté un froid. J’étais devenu très sérieux. L’année dernière j’avais eu cette discussion avec Asel. Et… c’était elle même qui me l’avait signifié. Et depuis, j’en étais fermement convaincu. Il n’y avait que deux raisons, pour confirmer cette affirmation… La première, c’était quand même que c’était ASEL qui m’avait fait la SUGGESTION qu’elle puisse être une âme sœur. Elle était réputée pour n’y connaître que dalle en amour, alors si elle le disait… C’était forcément évident. Quand à la deuxième…

« Nos baguettes sont jumelles. » lâchais-je brusquement.

J’ouvris une bière, car je savais qu’Adil allait finir la bouteille de vin. La clope au bec, je titubais un peu. Putain fallait pas le dire ! On s’était plus ou moins promis de rien dire… On avait découvert par hasard, alors que nous nous entraînions ensemble pour un cours de DCFM que… nos baguettes avaient des coeurs jumeaux.
Je la sortis et la présentait à Adil. Elle était en noyer…

« On a… des épines du même monstre du fleuve Blanc... »

Je tournais ma baguette. Comme si je la regardais pour la première fois. J’avais une petite lueur démente, avec ma clope au bec et ma baguette en main.
« Tu estimes à combien les probabilités pour que cela arrive ? »

Adil éclata de rire lorsque Micky voulut réfuter ce qu'il disait sur cette peur qui les animait à tous les deux. L'amour était effrayant. Se lancer, ne pas se lancer, avancer, ne pas avancer, fermer les yeux et aller vers l'inconnu ? C'était des questions que tout le monde se posait un jour ou l'autre (ou presque tout le monde). Pour Adil, ça avait été particulièrement compliqué aussi, bien qu'il n'était encore jamais revenu là-dessus. Pour une fois qu'il pouvait se cacher derrière la pudeur qui trahissait son éducation un brin croyante, il n'hésitait et n'hésiterait pas à le faire. C'était un secret qu'il conserverait pour lui et uniquement pour lui, se rappelant alors du premier baiser, quoique timide, qu'il échangea avec Asel.

Son éclat de rire se tut lorsque Michel-Ange s'ouvrit sur les raisons du pourquoi il agissait ainsi. S'il n'y avait pas eu Blanche et Françoise, Adil se serait probablement levé pour le serrer contre lui. Si l'alcool pouvait lui faire faire cela, il y avait encore la présence des deux sorcières de Beauxbâtons. C'était important ce qu'il disait, peut-être même que ça l'aiderait à mieux se comprendre sur cette relation difficile qu'il entretenait avec la préfète de Gryffondor.

C'était son âme sœur, disait-il. Pour Adil, qui aimait entendre ou lire ce genre de choses, cela lui fit l'effet d'une bombe. Il ne pouvait décemment pas aller à Ilvermorny. C'était ce qu'il s'apprêtait à lui dire, un peu plus tôt d'ailleurs, juste avant que les deux françaises ne débarquent avec leurs petits airs mutins qui laissaient sous-entendre de la raison pour laquelle elles étaient venues.

Voir Micky passer à table, c'était quelque chose de doux. Pourtant, la soirée semblait compromise. De toute façon, Adil n'aurait rien fait sinon ronfler à la belle étoile. Mais pour Michel-Ange, il y avait de forte chance pour que ça se termine pareil. Tout comme Blanche et Françoise, Adil gardait son silence. Enfin, jusqu'à ce qu'il leur annonce qu'ils avaient tous les deux les baguettes magiques jumelles.
« - QUOI ? VOUS VOUS ÊTES BATTUS ? » S'exclama Adil, en reversant la moitié du vin que Blanche lui avait resservi.

Bien qu'il ait le cerveau embrouillé, Adil, comme tous les sorciers de façon général, connaissait ce que cela signifiait. Ils étaient donc incapables de se battre l'un contre l'autre (en théorie du moins). Alors s'ils s'en étaient rendus compte, c'est que c'était forcément ça.
« - Euh... Bah deux, vu qu'il y a que deux baguettes comme ça. » Répondit Adil, l'air sérieux, en levant ses mains comme s'il s'apprêtait à faire le pire calcule de sa vie.
« - Faut que t'annules pour Ilvermorny, hein, ou c'est moi qui envoie le courrier. Parce que tu peux pas partir, pas vrai les filles ? »

Adil avait froncé le regard, comme s'il essayait d'être intimidant. Mais avec ses yeux qui se disaient merde et le rouge aux joues, ça lui donnait une autre impression...

Samedi 16 Juillet

Je le contemplais prêt du feu. Je finis par m’asseoir et j’instaurai un silence. Une bouteille de je ne sais plus quel alcool dans la main. Le silence avait pris quelques secondes pour… devenir de longues minutes. Je me contentais de regarder le feu sans rien dire. J’entendais vaguement les françaises parler. Enfin, elles se levèrent pour nous dire bonsoir et entamèrent un départ. Je me contentais de lever la main d’un air vague. J’étais maintenant seul avec Adil.
Soudain, je me levais.

« T’as raison ! T’as toujours eu raison ! »

Un peu titubant, je me saisis de mon sac et je le balançais dans le feu d’un geste impulsif. A l’intérieur, il y avait ma lettre pour Ilvermorny à laquelle je devais répondre. Si elle brûlait, je restais automatiquement à Poudlard !
Mais pourquoi j’avais balancé le sac entier.

« Merde ! »

Je voulus récupérer mon sac mais les flammes commencèrent à le lécher. Il s’embrasa en entier. J’avais complètement oublié que j’avais… d’autres trucs dedans… Notamment des trucs que j’avais récupéré chez Zonko. J’avais acheté plusieurs mini fusées enchantées pour qu’on se fasse un petit feu d’artifice artisanal.
Et…
Elles partirent toutes en même temps. Dans un bruits de crépitement et de sifflement infernal, deux douzaines de fusées partir dans tous les sens et commencèrent à exploser dans les alentours.

« Putain ! Adil ! Faut qu’on se casse de là ! »

Une fusée panthère violette péta à ma gauche et m’envoya valser plus loin. Dans mes oreilles, le rugissement de cette dernière et le sifflement dût à l’explosion retentit encore une fois. Au loin, on commençait à entendre les moldus applaudirent et à s’amasser devant ce feu d’artifice d’une qualité exceptionnel pour eux.

« ADIL ! » beuglais-je.

Une fusée kangourou orange péta non loin de lui. J’avais pas prévu de faire ça en pleine zone moldu. Là, les employés du Ministères n’allaient pas tarder à débarquer et si on se faisait chopper, on risquait gros.

« FAUT QU’ON TRANSPLANE ! CA VA TU PEUX Y ARRIVER SANS TE DESARTIBULER ? »

On avait bien picoler. Le risque mineur s’était de se planter d’endroit si on transplanait et le risque majeur c’était la désartibulation. Ca faisait mal et là on allait forcément nous retrouver. Nos morceaux passeraient devant le Magenmagot ! Je lui gueulais dessus, parce que les fusées m’avaient rendu sourds.

« JDEVRAI PEUT ETRE RECUPERER MA LETTRE ? »

J’avais la tête de la déconne. Lui tenant le bras, je nous avais lancé dans une folle aventure à nouveau. C’était ma spécialité et j’étais certains qu’un jour, j’enverrai véritablement des potes au cimetières à force de boire. Il fallait vraiment que je songe à me contrôler.

Bien qu'ils ne se seraient rien passé avec les filles, tout du moins, avec Adil, les voir partir comme ça lui fit un curieux effet. Lui qui détestait être pris pour un gosse à son âge, se rendrait compte alors qu'ils grandissaient, voulant maintenant des choses qu'ils n'auraient jamais réellement voulues jusqu'à maintenant sinon des espèces de rêves à atteindre pour une vie future, pour quand ils auraient fini leurs études, pour quand ils seraient grands. C'était une curieuse sensation qui lui serra le cœur, avant de finalement se dire qu'il n'avait probablement pas assez bu, entreprenant de vider la fin de la bouteille de vin de Blanche.

Micky le fit sursauter lorsque d'un coup, il lui dit qu'il avait raison. Adil, qui s'était muré dans le silence ou plutôt dans ses pensées qui étaient bien trop bruyantes, tourna sa tête vers son ami, l'air hébété. Il vit le Poufsouffle saisir son sac pour le jeter dans les flammes. Ne comprenant pas où il voulait en venir, Adil éclata tout simplement de rire.

Mais Michel-Ange ne riait pas, bien au contraire. Si au début, cela redoubla l'hilarité du berbère, son visage se figea lorsqu'il se rendit compte que son ami était sérieux. Il fallait vraiment partir.

D'un coup, un véritable feu d'artifice magique jaillit des flammes au centre du camp. Adil tomba à la renverse sous la surprise, se demandant tout à coup s'ils n'étaient pas en train de se faire attaquer par il-ne-savait-quoi. Mais lorsqu'il vit une panthère s'échappait du sac puis un kangourou, Adil comprit ce qui se passait. Il éclata de rire, se jetant dans le sable lorsque le kangourou vint vers lui. Il avait dû faire des courses chez Zonko et...

... La tête dans le sable, le spectacle était magnifique. C'était dangereux, mais il n'était pas assez sobre pour s'en rendre réellement compte avec son sourire niais qui flottait sur son visage.

Micky vint vers lui en courant, lui hurlant dessus qu'il fallait partir, qu'il fallait transplaner. Adil se redressa tant bien que mal. C'était chaud ce qu'il lui demandait là. Son regard se posa sur le sac de Michel-Ange qui prenait feu. Il y avait peu de chances pour qu'ils en sortent quelque chose de toute façon.

Adil prit le bras de Michel-Ange, tentant de se focaliser sur la règle des trois D avec toute la force mentale dont il était capable sur le moment, et l'instant d'après, ils se téléportaient...

... Au milieu du camp des filles de Beauxbâtons.

« - Je peux pas mieux faire ! » S'écria Adil à Michel-Ange, à moitié sourd par le bruit des pétards. Il jeta un regard autour de lui pour voir la délégation de Beauxbâtons et un sourire se dessina sur ses lèvres. « Salut ! »
Françoise qui regardait quelque chose un peu plus à l'est se retourna vers eux, l'air abasourdi.
« - C'est vous le feu d'artifice ? »
Adil éclata de rire.