Sois digne et tais toi. (Urielle)

Je pris donc mon manteau en cuir de dragon et je lui passais devant. Être galant, c’était pour les loosers et je savais qu’Urielle détestait ce genre de chose. Je faisais donc comme avec n’importe qui et je me retournais pour dire simplement :

« On va au Chaudron Baveur. C’est plus sympa que le bar du boulot… Au moins on verra moins de tête de con. » dis-je avec un léger sourire.

Puis, je clignais des yeux et je dis quand même à défaut de passer pour un imbécile :

« J’ai rien compris à cette histoire de panier là. Va vraiment falloir qu’on se prenne un temps pour bosser vocabulaire et expressions, parce que sinon on va pas se comprendre ! »

***

Quelques instants plus tard, Chaudron Baveur.

Accoudé au comptoir, le regard perdu dans le vide et dans mes pensées, je me laissais porter par les discussions et l’ambiance générale du lieu. Les sorciers autour de nous parlaient de tout et de rien. Parfois, on entendait des critiques envers la politique d’Astor. On entendait ensuite un avis, comme si la personne serait un meilleur ministre que lui. D’autres, parlaient d’argent et de soucis avec les Gobelins sur un compte en banque suite à un héritage. Il y avait également une poignée de jeunes qui parlaient Quidditch et qui établissaient les pronostics sur la future coupe du monde. A cette pensée, je m’assombris en regardant ma bière. Perséphone me manquait.
Ayant presque oublié la présence d’Urielle, perdu dans mes pensées, je relevais la tête vers elle :

« On a jamais parlé autre chose que boulot je crois. Tu sais… Le fait que tu sois sorti avec Hank et que vous vous soyez séparé… J’ai du mettre une distance tu vois. Par respect pour lui. Je sais c’est con, mais je crois que ce genre de chose c’est automatique et ca se contrôle pas. »

Je pris une gorgée de ma bière écossaise en petit format. Je ne comptais pas me mettre la tête à l’envers. C’était des moments qui étaient devenus bien rares et qui n’avaient lieu que lorsque j’étais bien entouré et en sécurité. Là, si je perdais le contrôle, je n’avais qu’Urielle et… non seulement je ne voulais pas passer pour un débile, mais en plus je ne la connaissais pas encore assez pour qu’elle me voit sans lâcher prise. Et puis, il fallait aussi avouer que je commençais à passer l’âge de ces conneries… Il n’y avait qu’à Noël et pour les fêtes de famille que je m lâchais un peu.

« Tu fais quoi en dehors du taff ? C’est vrai c’est con comme question, mais tu vois, les collègues je ne connais pas vraiment leurs passions et leurs hobbies… Bon c’est vrai qu’on passe beaucoup de temps au taff. Mais tu savais par exemple, que Pennyworth collectionnait les vieux balais ? Je l’imaginais pas du tout faire ça sur son temps libre tu vois. Je le voyais plus à faire des duels clandestins, plutôt que d’aller de brocante en brocante pour récupérer des vieux modèles… »

Pennyworth était un chasseur redoutable de l’équipe de Crowley. J’étais persuadé que ce gars ne faisait que ça de sa vie, et qu’il passait son temps libre à faire du zèle. En réalité, il était même d’un club de collectionneur de balais… Ou étrangement, il y avait des sorciers de toutes origines. C’était bizarre.

« T’as une tête à bosser à la SPAF… Ou à bosser dans des associations caritatives ! Hmmm… Ou alors tu passes ton temps à la Pêche aux Moules et tu es un agent double... » dis-je en plissant les yeux d’un air mi-amusé mi-sérieux.

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Clearwater

Sois digne et tais toi

Chaudron baveur

02.03 « Je te trouve curieusement optimiste Fergus... »

De son point de vue, les ivrognes d'une adresse valaient les ivrognes d'une autre. De son côté, il la reprenait sur le vocabulaire. La rouquine sourit.

« Sérieux 'Gus : dans quel panier tu veux que je tape ?!! »

A sa mine sournoise, il finirait bien comprendre que c'était de ses noisettes dont il était question avec cette histoire de panier. Elle jeta sa veste sur son épaule avant de lui emboîter le pas vers le Chaudron baveur. Ils s'installèrent au comptoir et bizarrement, ils plongèrent presque spontanément dans le brouhaha, se perdant dans le quotidien des uns et des autres. La politique, les problèmes d'argent, ou d'ex jalouse. Rien de bien folichon. Avant qu'ils n'en prennent eux aussi pour leur compte, il fallait cesser de laisser traîner leurs oreilles indiscrètes.

« C'est okay t'inquiète Fergus. On va pas en faire un fromage. », elle prit une bonne rasade de bière - une Grimmbergen - son histoire avec Hank était loin derrière elle. Elle n'avait pas eu plus de rancoeur que cela envers leurs amis communs qui s'étaient avérés être plus les amis de Hank que les siens. Elle eut un petit rire, balayant pour elle ce détail qui n'avait pas d'importance à ses yeux, « Pennyworth est pas le pire point de vue collection chelou. Faut que tu jettes un oeil dans le tiroir de Killbyrnes à l'occasion. »

Elle eut un petit frisson bizarre en y re-songeant. Ce type était le genre à s'être engagé chez les aurors à défaut d'un cursus mangemort diplômant. Elle détestait ce type.

« Attends : quoi ? La SPAF ! Mais tu te fous de ma gueule. Tu me vois m'enchaîner au magicobus pour protester contre les fourrures des têtes réduites ? Non mais, sérieusement Fergus : t'as raison on passe pas assez de temps ensemble. », elle secoua la tête avec désinvolture, ses cheveux roux cascadant dans son dos sans qu'elle y prête attention. « Je dois avouer que la Pêche aux Moules me tient pas mal occupée. J'ai aussi une nièce qui doit être pas plus grande que... ça. Et un tas de frères et une soeur. De quoi me tenir occupée jusqu'à la fin de mes jours je crois. »

C'était peut-être un peu pathétique mais ce qu'Urielle appréciait en dehors de son boulot, c'était sa famille, bien avant tout le reste. Sous ses dehors un peu brute, il y avait quelque chose de plus, qui ne se montrait pas volontiers.

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Je plissais des yeux tout en écoutant ces réponses et en accordant un maximum d’attention. J’avais souvent du mal à me concentrer dans des discussions pareilles, alors que le bruit était bien présent. Je plissais des yeux tout en l’écoutant sur Killbyrnes et Pennyworth.

« Je n’aime pas tellement Killbyrnes. Il décrédibilise un peu le Bureau. »

Puis elle secoua sa tête et je regardais alors ses cheveux roux ondulaient. Comme hypnotisé, je sursautais presque et je pris une longue gorgée de bière pour faire croire que la rougeur de mes joues étaient du aux vapeurs d’alcool qui montaient un peu vite.

« J’en sais rien moi. Je juge pas quelqu’un à sa tête ! Tu sais, y’a des gens, tu croirais pas qu’ils ont la gueule de l’emploi. Rappelle le Mage Noir sur la 5eme Avenue quand on a du aller aider les agents du MACUSA à New-York. Bah, il avait la gueule du gars qui part en famille faire un pique nique le dimanche. C’est pas un argument ça ! »

Moi aussi je fis non de la tête, mais contrairement à elle mes cheveux bougèrent moins et rien qu’à cette pensée je me frappais mentalement le front pour éviter de repenser à ce court moment gênant pour éviter de rougir à nouveau. En plus, elle était du genre à le faire remarquer à voix haute, ce qui rendrait la chose encore plus gênant… Pourquoi je me fixais là dessus ? Ma psy me dirait certainement que cela faisait parti de mes troubles obsessionnels compulsifs. Je pensais encore à ça, alors que le sujet était bien décalé désormais.

« La famille, c’est important. » dis-je comme beaucoup de personne dans l’univers et dans ce bar. « Moi aussi je passe beaucoup de temps avec eux… Mais ça m’a l’air un peu moins soudé que chez toi. J’arrive pas à passer quelques minutes avec ma sœur cadette, Lucy, sans qu’on s’engueule. C’est… A chaque fois c’est pareil. Ca part de rien, et ça pète, comme si j’étais responsable de quelque chose. On est des opposés. Mais bon, je l’aime quand même, et beaucoup. Heureusement d’ailleurs, sinon nous serions ennemis... » rajoutais-je d’un air espiègle et amusé.

Au final et à la réflexion, je me rendais compte que je n’avais pas appris grand-chose sur Urielle. C’était des choses que je connaissais déjà, où que j’avais deviné. Et, il n’y avait pas de quoi remplir un emploi du temps complet, surtout que ce qui m’intéressait, à savoir la Pêche Aux Moules, avait été bien squeezer.

« Je suis en train de me dire qu’au final on a un peu la même vie. Sauf que moi je vais pas à la Pêche aux Moules. A la place, je passe mon temps à m’entraîner, et à relire de vieux manuscrits sur l’Histoire de la Magie des Sorciers d’Ecosse. J’essaie un peu de comprendre mon paternel, et surtout de m’intéresser à mon histoire familiale. »

Je marquais une pause, pris une gorgée et continuais :

« Et toi ? Ca t’arrive souvent, ce qui nous ait arrivé dans la chambre d’hôtel, dans la planque ? »

A ce moment là, un serveur passa et haussa les sourcils en entendant uniquement cette phrase. Il se mit à sourire et nous adressa un regard attendri. La seconde d’après j’étais derrière mon verre, cette fois-ci rouge jusqu’aux oreilles.

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Clearwater

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Chaudron baveur

02.03 « Et pourtant ... si tu voyais ses états de service tu serais jaloux. »

Elle ne pouvait pas le nier, Killbyrnes avait les meilleurs états qui s'étaient vu depuis près de vingt ans de Bureau. Pourtant c'était un sale type, une crevure que la bienveillance n'étouffait pas. Et il le portait sur sa sale gueule, comme elle l'avait déjà fait remarquer. L'inconvénient était que rien de tout cela ne se voyait dans les rapports ou de retour du terrain, alors on continuait d'encenser le bougre et d'en faire un exemple. Dans un coin de sa tête, elle finit par se dire qu'ils auraient pu tomber sur encore pire. Jayce Crowley par exemple. Au moins Killbyrnes avait un sens de l'hygiène irréprochable, peut-être même trop. Elle pestait chaque fois qu'il lui demandait de s'attacher les cheveux au risque de compromettre la scène de crime... un vrai maniaque et pas dans le bon sens du terme.

« Si ça peut te rassurer, on se crêpe le chignon chez les Grimm aussi. Je devrais même revendiquer une expertise dans le domaine. Je pourrais avoir ma chair à Poudlard. Cours 1, ahem, "En prendre un pour taper sur l'autre", Cours 2, "Ce commentaire que vous avez en travers depuis ce matin...", ah il y aurait aussi un module pratique pour les bagarres et vengeance à base de farces et attrapes. »

Elle avait un sourire amusé par dessus sa bière. Quelque part c'était presque le meilleur dans la relation de frère et soeur. Savoir qu'on pourrait toujours tout se pardonner, même le caractère doux et policé de Michel-Ange. Elle ne pouvait pas le nier, elle aimait ses frères et soeur d'un amour inconditionnel qui plaçait sans doute la barre trop haute ou ne laisser que peu de place à d'autres formes d'attachement venues de l'extérieur.

Là-dessus, Fergus concluait le parallèle, tirant cette drôle de conclusion qu'ils menaient des vies similaires. Ça n'était pas si étonnant quand on voyait ce que cela signifiait que d'être auror. Puis, comme un cheveu sur la soupe que Killbyrnes n'aurait pas vu, la question du Marché aux Trolls repointa le bout de son nez. C'était de bonne guerre après le coup pendable qu'elle lui avait fait en planque la toute première fois. Elle ouvrit la bouche pour répondre quand la mine attendri du serveur lui tira une espèce de grimace moqueuse.

« J'espère que Perséphone n'est pas trop jalouse et qu'il n'y a pas d'oreilles journalistiques dans le coin. Et toi qui es rouge comme une tomate, de quoi on va avoir l'air... », commenta-t-elle en reprenant une lampée de bière. Puis, balayant « Bref, oui la Pêche aux Moules c'est... un truc qui m'arrive une fois sur deux quand je m'endors. La première fois j'y suis restée deux mois. Je ne savais pas comment sortir et j'avais les - », d'un seul coup elle se dit que les Verts Galants étaient bien du genre à utiliser ce genre de sortilèges de traçage et elle se ravisa, préférant éviter de prononcer leur nom, « les types de mon affaire de tacites sur le dos. Ils ont fini par me tomber dessus pour de bon et la seule chose dont je me souviens vraiment c'est la puanteur du parfum du bordel dans lequel je me suis réveillée. Si j'avais pas pété le nez d'une grosse légume, j'y serais probablement encore quand j'y pense. Ensuite je m'en suis tirée à bon compte dans une arène de combats - j'allais dire illégaux mais à la pêche aux moules qu'est-ce qui est légal je te le demande ... Enfin bref, j'ai échangé quelques combats contre un tuyau pour sortir de là. Ca n'a pas été de tout repos. Mais cette marque que j'ai dans la main... », elle baissa d'un ton, adressant des regards suspicieux autour d'elle, « c'est pas n'importe quelle marque, c'est un bail à l'âme. Une espèce de pacte de magie noir, très ancien, un peu du même acabit qu'un serment inviolable mais à sens unique. Je suis obligée d'aller à la Pêche de temps en temps, c'est indépendant de ma volonté... et oui, c'est moche. Mais je vais trouver une solution... »

Cette fois-ci, elle avait été au bout de son histoire sans trop de vocabulaire farfelu et elle avait tout dit, ou presque.

Si elle ne remarqua rien du moment de perdition de son binôme

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Je bougonnais en rabaissant mes épaules sur ma minuscule bière qui semblait avoir rétréci comme moi quand elle parla du serveur et de Perséphone. La relation à distance tenait pour le moment, et j’étais encore bien amoureux. Me contentant de m’assombrir pour éviter de m’épancher sur mes problèmes de coeur comme la distance et le manque je me contentais simplement de répondre d’un air un peu ronchon.

« Pour une fois que les tabloïds parleront d’une romance à moi… Ca changerait... » grommelais-je en puant la jalousie.

Car bien sûr, je n’avais pas raté toutes les pages de journaux fait de fausses rumeurs ou de vraies rumeurs déformées. Et bien évidemment mon imagination débordante et ma jalousie intempestive de Clearwater les transformaient toutes en réalité absolue lorsque j’étais un peu seul.

« Killbyrnes a justement trop d’états de service resplendissant pour être trop intègre. Si tu veux mon avis. »

La jalousie était encore bien là, comme une vieille amie et visiblement ce soir, j’avais décidé d’être jaloux de tout. En même temps c’était le risque quand on me parlait de ma fiancé et de cette histoire de jalousie dans la même phrase. Terminant ma bière, je commandais cette fois-ci une boisson énergisante. Pour deux raisons, la première était que je comptais bien travailler ce soir et la deuxième en lien avec la première, c’était que l’alcool me rendait somnolent à petite dose.

« T’as l’air de bourlinguer pendant tes congés. Je t’envie presque.. » dis-je avec une réelle envie dans la voix et un peu de fatigue blasé. « Je peux regarder ? »

Je lui pris la main avec lenteur et j’observais la tâche un court moment. Le serveur leva alors les yeux pile à ce moment là et me fit un clin d’oeil équivoque qui voulait certainement dire « Bravo Champion ! » Aussitôt, je lui lâchais la main et je regardais ma boisson Wizard Dynamtie arriver.

« Je n’ai jamais vu quelque chose de semblable, même quand j’étais sous couverture chez Thanatos et que j’ai fait plusieurs formations sur des sujets semblables avant d’y aller. Mon père devrait t’aider, ou même ma grand-mère. Mais ils sont également du genre à dire que si une source de magie est incomprise mais efficace, c’est qu’elle est en lien avec celui qui la subit, et donc qu’il est le propre acteur de sa destinée. Briser un Sort, c’est peut être briser un fil du destin essentiel. »

Et voilà que je commençais à parler comme mon père. Enfin, pas tout à fait, car si j’avais été comme lui, j’aurai eu beaucoup plus de courage quand elle m’avait parlé de Perséphone, pour dire que ce n’était pas le cas haut et fort et que je l’aimais plus que tout à qui voulait l’entendre. J’avais hériter d’une certaine forme de pudeur de ma mère, dans bien des aspects.

« Si c’est un bail, tu devrais commencer par réfléchir à la fin du contrat. Car il arrive toujours à son terme, et donc il se passera certainement un évènement à ce moment précis. S’il est négatif et qu’il te pourri la vie, alors c’est une Malédiction et non une petite tâche comme t’aimes l’appeler ma pauvre… Pourquoi tu n’en parles pas à ta famille ? Je suis sur qu’il existe des artefacts pour réduire quelque chose comme ça dans une babiole... »

Je balayais cette idée en buvant quelques gorgées de ma boisson énergisante, qui me réchauffa immédiatement comme un chant du phénix. Observant Urielle dans les yeux, je poursuivais un peu vite comme si cette dernière faisait déjà effet. Ah oui, je ne lui avais pas dit mais je digérais très mal ce genre de boisson également.

« Peut être que tu devrais en apprendre plus sur la raison d’un rappel à l’endroit prévu à chaque fois. Avant de briser un sort, il faut toujours recueillir un maximum d’information. Pourquoi tu vas là bas ? Pour qui ? Et surtout dans quels intentions. » dis-je méthodique.

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Clearwater

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Chaudron baveur

02.03 Elle ne releva pas le ton grinçant qu'il prit quand il s'agit des idées que pouvait ou non se faire le barman. Apparemment le sujet était plus que sensible et Urielle n'aimait pas les histoires compliquées. Surtout pas quand c'était celles des autres. Elle laissa donc couler, s'engouffrant dans la brèche du Marché aux Trolls plus volontiers que d'ordinaire mais l'enthousiasme ne dura pas. Quelque part cette conversation la ramenait à celle qu'elle avait eue avec @Saúl Ochoa-Reyes la dernière fois qu'elle l'avait vu. Il y avait quelque chose de simple et spontanément à échanger avec leur ancien collègue, quelque chose qui ne se retrouvait pas, ou du moins pas encore avec son binôme.

« Oichtr ! Tu parles trop et t'écoutes pas assez Fergus. », envoya la jeune femme, un peu dépité, « Un bail à l'âme ça n'a rien d'un truc qui va se terminer sur une petite sauterie. Tu paie avec ton âme. C'est dans le nom bail - à - l'âme. Mais le paiement n'est débité que pour le temps que je passe dans mon appartement de la Pêche aux Moules, raison pour laquelle j'y suis constamment ramenée contre mon gré. Et de ce que j'en sais, c'est là bas que j'irais hanter quand je serais morte, jusqu'à la fin du bail. Avec un peu de chance, une petite centaine d'années tout au plus. Pour le moment, ma meillure touche serait de mettre la main sur le bailleur. »

Elle rechaussa la mitaine qu'elle avait retirée quand il lui avait demandé à voir sa petite tâche, s'assurant que le sceau de protection était bien positionné.

« Je ne mêle jamais ma famille à mes histoires au travail, encore moi quand il s'agit de Pêche aux Moules. Il y a des gens là bas qui seraient trop ravis d'avoir le moyen de remonter jusqu'à une famille comme les Grimm. »

Hors de question, donc, de solliciter l'aide précieuse de son père ou même les archives de famille de peur qu'on ne se mette à lui poser des questions un peu trop pertinentes. Michel-Ange était le spécialiste dans le genre.

« Bon, on devrait s'y remettre avant d'être trop attaqués, qu'est-ce que t'en dit ? Je passerai montrer ma petite tâche à ton père jeudi. », fit-elle en vidant finalement sa bière d'une traite.

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Au mot « Bail à l’âme » je m’assombris et je me tassais sur la chaise du bar. Mes neurones se connectèrent enfin, et je restais un long moment silencieux. C’était finalement plus grave que je ne le pensais et une vague de tristesse me prit au coeur et au corps. J’étais très sensible, surtout depuis que j’avais perdu ma mère, aux disparitions, aux abandons et autres joyeusetés dans le genre. Mon sourire s’effaça et je ne bougeais pas d’un pouce, cette fois-ci le visage terne et blême. Me donnant un air plus que malade, j’arrivais cependant à dire d’une voix sourde.

« Tu dois montrer ça à mon père. » dis-je alors d’une voix d’outre tombe, insistant sur le « dois » car ce n’était plus une option pour elle à mon sens.

Tous les scénarios passèrent sous mes yeux, et ils n’étaient pas bons. Alors qu’elle se levait pour finir sa bière d’une traite, je restais là immobile et morose, me demandant combien de personne j’étais destiné à voir partir avant moi avant d’être tranquille et paisible. L’espace d’une seconde, j’hésitais à partir. Me lever, brusquement, lui dire adieu et partir. Aller en Nouvelle-Zélande, rejoindre Perséphone, écrire des lettres à tous et ne jamais rentrer car la réalité d’ici était bien trop dur pour moi. C’était fuir, c’était abandonner, c’était de la lâcheté, et le Gryffondor en moi estima que ce n’était pas la bonne manière d’agir. Mais pourtant… j’en mourrai d’envie…
Je me levais à mon tour, laissant finalement la boisson énergisante aux trois quarts sur le comptoir comme coupé dans l’envie de boire quoique ce soit, manger quoi que ce soit, ou dire quoi que ce soit.

« Non, on va rien faire du tout, on va à la Pêche aux Moules. »

Déterminé, je posais les gallions pour payer et je réajustais mon manteau en peau de dragon qui me donnait toujours un air de quelqu’un qui sortait tout droit des années 80.

« On va là bas, on retourne tout et on essaie de voir qui t’as fait ça, pourquoi il t’as fait ça, comment on s’en débarrasse et si je vis encore, on lui fait regretter amèrement. »

Je sortais du bar sans cérémonie, droit comme un i et aussi rapide qu’une fusée. Sortant une espèce d’horloge à gousset de ma poche, je sortais également ma baguette, déterminé comme jamais et prêt à en découdre avec le monde.

« Au fait, comment on y va ? » demandais-je un peu stupidement.

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Clearwater

Sois digne et tais toi

We sometimes encounter people, even perfect strangers, who begin to interest us at first sight, somehow suddenly, all at once, even before a word has been spoken.

@Fergus Clearwater & @Urielle Grimm

Il était tombé sur Bull's Head Passage une épaisse brume, comme si le quartier moldu profitait de son micro climat bien à lui. Une purée de pois opaque qui emprisonnait le parfum du tabac froid se mêlant allégrement aux vapeurs d'échappement automobile et d'une odeur souterraine rance.

Une certaine magie était à l'œuvre, il en devenait presque dangereux de s'aventurer au delà du palier du chaudron baveur et c'est bien ce que cette silhouette tapis dans l'ombre recherchait, l'effet de surprise. Nul doute que ces 'cibles' du soir ne sauraient la balayer d'un revers d'antisort, mais l'homme comptait bien tirer avantage de cette parenthèse, de ces quelques secondes suspendues aux lèvres de l'étonnement.

Une sphère d'acier dansant au creux de la paume de sa main tendue dans le brouillard abscons, sous couvert d'un anonymat de surface, le regard de cet étranger guettait impatient. Sur le voile de ses iris basanés, la lueur d'un cloitre éclos et versant son éclat dans l'invisible, le spectre raide se redressa. Tandis qu'un couple de reflet charbonneux s'éclipsait à la faveur d'une quasi-obscurité, son empan se referma avec mécanisme sur l'orbe glacée.

Les sens en alerte, le profil de l'inconnu tressaillit l'espace d'un bref instant. Étaient-ce seulement eux ? Son embûche ne pouvait se solder par un échec. Pas maintenant, pas après avoir endurer l'attente, pas en connaissant les risques auxquels ils s'exposaient tous en laissant l'ambition des uns empiéter l'espoir des autres. Et le temps fragile, leur était devenu trop précieux, pour eux, comme pour l'équilibre d'une société magique bousculée de toute part.

Réajustant ce camouflet de tissu barrant narines et lèvres, le feu vert d'une stupidité familière brisant le quiet de la rue lui ouvrit enfin la voie. Baguette empoignée, le sang-mêlé prit le pas de partir aux devants des ennuis. Secouant la tête avec vigueur, ses mèches mi-longues et humides lui retombèrent sur le visage perfectionnant son masque d'insignifiant sorcier.

Le talon écrasant les dernières braises d'une clope à peine entamée, il quitta le confort spartiate de son couvercle de vide-ordures. Son arme plaquée contre ses flancs, sa face basse escortant ses foulées de diable, il s'avança à pas feutrés vers le grand brun.

Les ténèbres éteignaient le frottement de ses vêtements, le bruit furtif de ses semelles contre le macadam. Encore quelques ricochets de ses foulures sur le bitume et voilà que le galbe de ce fantôme nocturne se frottait sans ménagement aux gabarits de l'écossais et de sa compagnie à la chevelure de feu. Habilement, il glissa entre les écailles d'un reptile volant le rond de métal déchaîné d'un cliquetis; alors que d'un doigté fouineur, il fit serpenter à travers le tissu d'une cavité une note pourpre.

« Désolé, c'est que l'on y verrait pas sa propre ombre ! », que s'excusa sobrement cette forme indistincte filant déjà à leur opposé.

Au pas de course, le poli fugitif navigua entre les véhicules stationnés le long du trottoir. Tombant son masque, il gambada nonchalamment lapant cet air doux incomparable à l'alluvion du Marché aux Trolls, avant de disparaître dans un craquement d'éther caractéristique des transplaneurs. Et si ce bruissement était en mesure de parvenir aux oreilles des fonctionnaires penauds, ce n'était pour l'unique raison, qu'à peine cet inconnu volatilisé sous le grain d'un zéphyr, la condensation habillant Bull's Head Passage se leva comme par enchantement.

Aussi, soudainement Fergus put sentir sous l'épaisseur de son cuir de dragon le poids du présent se tortiller farouchement. Et dans le silence retrouvé, le portefeuille d'Urielle se mit à vibrer pareil à une nuée de papillon cherchant à se délivrer de leur prison.

Spoiler:

MADE BY @ICE AND FIRE.

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Chaudron baveur

02.03 Elle était assez fine pour jauger de la réaction de son coéquipier. Ca n'avait rien de bien surprenant. Il n'était pas censé bien prendre cette histoire de bail à l'âme quand bien même elle, essayait de ne pas en faire toute une histoire. Elle ne pouvait pas non plus prétendre que ça n'était pas grave. Elle acquiesça en guise de promesse. Le directeur Clearwater verrait cette petite tâche. Alors qu'elle essayait de balayer le sujet pour ce soir-là, rappelant qu'ils avaient aussi du boulot, Fergus, luttait, replaçant le Marché aux Trolls au top de leurs priorités.

Urielle eut un petit sourire un peu fané mais elle était touchée. Un bref instant, elle fut tentée de lui demander s'il se représentait réellement ce que ça représentait que de tout retourner mais elle choisit de n'en rien faire. Il s'inquiétait pour elle, ça n'était pas le genre de chose qu'elle voulait tourner en dérision. Un peu bêtement, elle le suivit à l'extérieur, puisqu'il avait l'air de savoir où il allait. Il ne tarda pas à la détromper.

« Ca va pas te plaire : j'en ai aucune idée. En fait, si, mais il faudrait que tu passes la nuit à me regarder dormir et je préfère te prévenir c'est même pas garanti que ça le fasse. Oichtr ! Fichu brouillard. C'est tombé d'un coup... », releva-t-elle, songeuse.

Elle lui épargnait le couplet sur ce qu'en penserait sa compagne du moment, voire la presse si le moindre journaliste mal intentionné flairait l'embrouille. Pour sa part, elle n'envisageait pas sérieusement qu'il se laisse embarquer dans une telle proposition, c'était d'ailleurs plus dit sur le ton de l'humour. On n'aurait pu en douter, à la voir glisser scruter la ruelle, à la recherche d'un mouvement suspect. Urielle était déjà passée à autre chose.

Une étincelle mourante attira son regard un peu plus loin, là où le brouillard était si dense qu'on n'y distinguait rien. Sans doute un fumeur désespéré par les sautes d'humeur de la météo. Trop occupée à chercher du regard, elle ne fit pas venir le type qui les bouscula.

« Y a pas de mal. », fit-elle alors que le gus s'excusait.

Il avait déjà filé et avec lui, presque instantanément le brouillard. Urielle plissa le front. Ca ne lui disait rien qui vaille. Mais, avant qu'elle n'ait pu faire part de ce début d'intuition à Fergus, son attention fut détournée par quelque chose qui s'agitait furieusement dans sa poche. Son portefeuille. Glissant le petit objet de cuir hors de sa poche, elle en vit bondir un petit morceau de parchemin barbouillé de charabia. Fronçant de plus belle les sourcils, Urielle glissa un regard interrogateur à Fergus.

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Les mains dans les poches, j’enlevais une de ces dernières, la gauche ma main directive pour la passer dans les cheveux d’un air un peu gêné suite à ses propos sur la regarder dormir. Riant d’un petit rire jaune et moqueur par ce que j’allais dire, je rosis légèrement et je me défendais comme je pouvais face à cette situation qui était curieusement devenu gênante à mes yeux, tellement ma pudeur était un vice horrible.

« Oui, alors si je dois dire à ma petite amie que je vais observer une collègue dormir toute la nuit je suis pas sur de ne pas avoir affaire à une crise de jalousie et... »

Quelqu’un nous percuta. Immédiatement, je regardais Urielle pour vérifier si elle allait bien. J’avais assez d’expérience pour savoir que ce genre de chose, dans un lieu aussi désert n’était certainement pas du au hasard. Je suivais la silhouette, remarquant qu’elle avait pris beaucoup de distance assez rapidement sans courir, ce qui confirma qu’on avait affaire à un professionnel. Ni trop lent, ni ivre, ni en courant, preuve que la personne savait très bien ce qu’elle faisait. Ma main se dirigea vers l’endroit où se trouvait ma baguette, avec pour ferme objectif de rattraper l’homme qui nous avait percuté volontairement mais le fait qu’Urielle sorte son portefeuille attira finalement mon attention. Après un dernier regard, j’estimais que la cible était déjà hors d’atteinte. Vigilant, mon regard passa sur le reste de la ruelle, déserte.

« Ca m’a l’air d’être un message codé. »

Ma poche se mit aussi à trembloter. J’en sortis un étrange objet, que je connaissais parfaitement pour m’en être servi plusieurs fois au travail.

« Et une clef de déchiffrement Ministérielle. Je me demande pourquoi l’imbécile qui m’a percuté n’a pas osé me parler. »

Je continuais de fixer l’endroit où il avait disparu, puis la ruelle. Enfin, je pris des mains le messages d’Urielle et je fronçais les sourcils tout en activant le mécanisme complexe et en essayant de me rappeler comment il fonctionnait. Noma m’avait montré plusieurs fois comment ce genre d’appareil pratique fonctionnait.

« Une chose est sur c’est qu’il veut qu’on travaille ensemble. Alors voyons voir... »

A la lueur des lampadaires, je plissais des yeux alors que je passais la clef de déchiffrement sur le message. C’était de toute évidence une adresse, et une adresse que je ne pouvais pas lire à voix haute étant donné ce qu’il y avait écrit dessus.

« The Nest. Pêche aux Moules. »

Je fis une grimace en entendant encore ma langue fourchée magiquement. J’avais l’air d’un véritable crétin… Passant le papier puis la clef à la lumière des réverbères, je fronçais les sourcils et je ne pus m’empêcher de sourire en coin devant le nouveau mystère qui s’offrait visiblement à nous.

« A croire qu’on va devoir y aller plus tôt que prévu. Tu connais cet endroit ? » lui demendais-je simplement en lui tendant les deux objets pour qu’elle vérifie bien que je n’avais pas fait d’erreurs.

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Même si le coq ne chantait pas, l'Auror viendrait. 

A little story.

Clearwater

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