Something look... Wrong Ft Rhys

La journée avait été longue et le gryffondor avait besoin de se dégourdir les jambes. Essayant d'esquiver préfets et brigadiers à cette heure, il admirait les tableaux des différents couloirs. Il ne lui restait plus qu'un an et demi à faire dans ce château et pourtant, il lui semblait avoir encore tant à découvrir. Il s'était perdu en ce chemin avec toutes les rixes et la colère. Et maintenant qu'il essayait de mettre une laisse que tiendrait Madame Miller, il essayait de voir au-delà des différentes rancœurs qu'il avait eu. Quand il avait su ce qui s'était passé non loin de la salle commune de Serpentard, contre Chelsea Waldorf, le gryffondor reconnu la sagesse des mots de sa directrice de maison... La vengeance poussait parfois le cœur humain à aller trop. Lui-même, était-il allé aussi loin ? Bien sûr qu'il méprisait la serpentard... Elle lui avait fait du tort comme à bien d'autres. Méritait-elle de souffrir ? Il aurait répondu que c'était certain, si elle n'avait pas été autant dénigrée.

De manière assez surprenante, il eut de la compassion pour elle. Personne ne méritait d'être ainsi sali publiquement. Bien sûr, si la gamine était allée sur des insultes à son encontre, notamment concernant sa propre famille, il aurait pu être aussi cruel. Mais cette attaque n'était pas une réponse. Perdu dans ses pensées, il trouvait que les tableaux faisaient écho à la puérilité des actions des élèves. Combien de vendettas avaient-ils vu ? Quelle différence avec celles d'il y avait plus de vingt ans ? Il ne savait pas. La seule chose qu'il savait, c'était qu'il avait envie ce soir de ne pas être celui qui chercherait à nuire à autrui, mais davantage à protéger. Juste une fois, délaisser son envie de violence pour retrouver la chaleur des sentiments tels que l'affection et la considération. Telle une réponse à ses prières, le Gallois aperçu au loin une crinière blonde qu'il ne connaissait que trop bien.

Lheina Sanderson, Serpentard, sang pur, de bonnes familles... Que de défauts pour une femme si charmante. Pourtant, si à bien des occasions ces défauts rebutaient le gryffondor, ici il n'arrivait pas vraiment à s'en servir pour ne pas apprécier la demoiselle. Elle avait en elle un côté pétillant et insouciant qui ne pouvait que le charmer. Et ça, ce n'était que parler de sa personnalité, car son charme ne se limitait pas à une âme étincelante... Quel dommage qu'elle fut sang-pur, le garçon se serait sans doute intéressé à elle un peu plus que comme une amie.

Pourtant, c'était bien ce qu'elle était, une amie qui embellissait le paysage, une camarade de beuverie et de fête. Elle était ce petit grain de sable qui empêchait tout rouage de fonctionner correctement. Elle était un aimant à problème et c'était peut-être ça qui charmait le plus le gryffondor qui pouvait s'adonner à son sport préféré, celui de réparer les bêtises de la demoiselle. Après tout, cette relation avait commencé dès la première année où il lui avait recopié encore et encore ses cours. C'était peut-être pour ça d'ailleurs qu'il avait eu d'aussi bonnes notes, à force de copier plusieurs fois la même chose... Visiblement, elle s'était mise en tête de visiter un passage secret.

« Ben voyons... Que pourrait-il mal se passer ? »

Cette phrase, il l'avait murmuré pour lui-même, un sourire en coin amusé. Il avait toujours fait de son mieux pour monter à la demoiselle un air exaspéré et un peu distant. C'était un mauvais menteur, mais quand on ne connaissait que de loin la personne, le mensonge était plus probable que la vérité. S'avançant vers la Serpentard jusqu'à ce qu'elle l'entende, il s'enfonçait à son tour dans le tableau.

« Tu sais qu'en général tes super trucs ça finit en super catastrophes ? Enfin... Ce sont aussi les meilleures aventures ceci dit... »

Avec une fille comme Lheina, il était impossible de s'ennuyer. Bien sûr, il n'allait pas lui dire directement qu'il s'inquiétait pour elle et qu'il ne voulait pas qu'il lui arrive quoi que ce soit. L'avait-elle compris ? Sans doute. De toute façon, il n'était lui-même pas bien sûr de la personne qu'il cherchait à tromper. Lui-même ou sa camarade ?

« Par contre le coup des fontaines ça me botte bien ! Toujours le flair pour les bonnes soirées... Même si... Ce serait mieux s'il y avait des jolies filles autour de la fontaine... Quoi que je ne suis pas sûr de vouloir voir la tête de filles qui restent enfermées quotidiennement dans une salle secrète... Ni sentir leur odeur. »

Se connaissant depuis six ans, le Gallois n'avait jamais caché son penchant pour les jolies filles avec lesquelles il avait quelques fois, quand il ne s'y prenait pas comme un manche, des aventures. Combien de soirées avait-il commencé avec elle pour finalement la délaisser aux profits d'une jolie demoiselle aux yeux toujours un peu trop innocents pour être sincères. Enfin, ce n'était pas comme s'il la laissait seule, elle était toujours en bonne compagnie. Sauf que ce soir, elle était seule, il allait donc devoir délaisser son penchant pour le charme et faire en sorte qu'elle rentre dans son dortoir en toute sécurité.

« Définitivement, je te suis... Juste fais attention où tu mets les pieds, il y a une crotte de chien juste derrière toi. J'espère que c'est une crotte de chien... Oui, c'en est une... Erm. »

Allumant à son tour sa baguette avec un petit sourire en coin plein de malice, il indiqua à la demoiselle qu'il la suivrait jusqu'au bout du tunnel.

Étrangement, quand Lheina disait de ne pas s'inquiéter, c'était à ce moment-là que Rhys commençait à paniquer. Est-ce que cela allait l'empêcher de la suivre ? Bien sûr que non. Peu importait ses ennuis, il serait là pour elle pour lui servir son meilleur sarcasme. Surtout qu'il y avait un sujet dont il devait lui parler. Bon, il ne put se retenir de soupirer et de lever les yeux au ciel quand elle qualifia de valeur sûre, une source d'un Serpentard. En général, sauf exception, ce genre de source, il les fuyait comme la peste. C'était un coup à se prendre un couteau dans le dos pour une raison ou une autre. La dernière fois qu'il avait fait confiance à un Serpentard, du moins qu'il avait baissé la garde, cela avait fini dans le Chelsea Express et elle ne lui avait plus adressé la parole. Non, définitivement, les Serpentard étaient généralement assez peu dignes de confiance. Néanmoins, par respect pour son amie, il se contenta de ne rien dire. Après tout, elle faisait partie de cette maison et avoir un rappel constant d'à quel point son ami méprisait le groupe auquel elle appartenait, cela ne devait pas être très plaisant. Pour ne pas dire agaçant. Alors qu'ils plaisantaient sur les potentielles traces de vie dans la salle, la jolie blonde, lui expliqua qu'ils trouveraient sans doute des sirènes sexy ce qui fit rire le Gallois.

« Je ne suis pas un très grand fan des sirènes. À choisir, ce serait plutôt des vélanes. J'ai toujours eu un faible pour elles. »

Il gloussa de sa propre bêtise, ne faisant pas le lien avec la Serpentard. Il était vrai que depuis qu'il connaissait le principe des pouvoirs des vélanes ces dernières l'avaient toujours fascinées. Il en était même venu à se dire que seule une vélane pourrait réussir à lui faire savoir ce qu'était l'amour, aussi illusoire soit-il. Pourquoi ? Car il se pensait être incapable d'aimer comme les poètes et les bardes le chantaient. Il était trop égoïste et cynique. Ceci étant dit, il n'alla pas plus loin dans la blague, car c'était une mauvaise époque pour montrer toute forme d'affection pour les créatures magiques et leurs héritiers. C'était d'autant plus déplacé si Lheina s'avérait être une descendante de ce type d'être magique.

Puis arriva le sujet du quidditch qui figea le garçon qui ne put retenir une quinte de toux sous la surprise. D'où ça sortait ça ? Et surtout comment pouvait-elle savoir ?! Autant, il avait aperçu Circé et son amie, mais Lheina, il ne l'avait pas aperçu dans les gradins. Et pourtant, la jolie blonde était facile à repérer. Alors qu'il allait répondre, elle continua la petite provocation jusqu'à s'interrompre. Un petit bruit l'avait fait sursauter et son sursaut avait aussi fait sursauté le garçon, plus que le bruit lui-même. Voyant qu'elle était sur le point de perdre l'équilibre, sans réfléchir, il posa sa main gauche sur son dos pour la maintenir en équilibre. D'ailleurs, elle n'était pas au bout de ses surprises. Visiblement, elle venait de marcher dans quelque chose qui avait une salle odeur et une salle vue. Il soupira, avec un petit sourire amusé.

« Tu sais comment appelle ça mon ange ? Le karma. »

Le petit surnom rempli de sarcasme qui venait aiguiser un peu plus la pique donna au visage du Gallois un petit sourire en coin, iconique de son côté parfois malicieux. Puis, après une petite tape sur l'épaule pour lui dire de s'arrêter, il s'abaissa pour lui faire lever délicatement le pied avec lequel elle avait marché dans de la... Bon, Rhys n'était pas sûr de ce que c'était, mais cela sentait fort. Surmontant son dégoût, il nettoya d'un sortilège la chaussure et le sol.

« Et voilà... Comme neuf... Bon, si cela ne t'ennuie pas, je vais passer devant. Ce serait plus prudent et c'est tout droit de toute façon. »

Un peu amusé, il grattouilla le haut du crâne de la demoiselle. En somme, c'était comme d'habitude. Elle avait une idée farfelue et lui se mettait en tête de jouer les chevaliers servants. Certes, dit comme ça, cela ressemblait à un conte avec une princesse. Sauf que pour lui, la princesse était un autre chevalier extrêmement maladroit qui avait tendance à avoir les pires catastrophes possibles. S'ils étaient dans un conte arthurien qu'il affectionnait tant... Lheina aurait été le genre de chevalier qui, quand elle affrontait le dragon, aurait pu le tuer, mais non sans faire déféquer dessus, avant d'occire la bête. Définitivement, il allait passer devant.

« Et pour répondre à ta remarque... Je me moque qu'on gagne ou qu'on perde. Tant que je peux humilier Xris, Chelsea et Thalia... Je te laisse volontiers la victoire, tu seras plus joyeuse pour la soirée après le match. »

Il n'avait toujours pas digéré ce qui s'était passé en février avec le Chelsea express. Il en était même venu à la conclusion que finalement Thalia avait servi de pion à son amie afin de le mettre dans l’embarras. Explication logique quand on savait que cette dernière ne venait plus au club de duel. Elle avait juste attendu la bonne occasion pour rendre le Gallois vulnérable et pouvoir le traîner dans la boue. Sauf qu'avec cette histoire de préfet, il ne pouvait plus trop se venger. Alors qu'il arrivait au bout du tunnel qui semblait donner sur une impasse. Il aurait bien dit que la source de Lheina s'était trompée, mais ne voulant pas décevoir son amie, il décida de tenter quelque chose.

« Revelio ! »

Une petite lueur s'alluma au bout de sa baguette et ce qui semblait être un mur de pierre devint une porte incrustée aux armoiries de serpents d'argents. Évidemment... Lui ne pouvait rien faire comme les autres. Après avoir tripoté cette dernière, comme l'avait fait Monsieur Korrigan dans les cuisines quelques jours avant, il arriva à activer un mécanisme donnant sur l'extérieur.

« Tiens-moi la porte... »

Rhys, sans trop réfléchir, s'avança, baguette à l'avant. Cela ne ressemblait pas à une pièce avec une fontaine de champagne. Non, vu les arbres et le vents frais, c'était l'extérieur, une forêt sans doute. Pourvu que ce ne fût pas la forêt interdite. Illuminant sa baguette, il regarda autour, mais ne voyant rien, il préféra ne pas trop s'éloigner, priant pour que la malchance de Lheina ne la frappe pas en la faisant refermer derrière elle.

« Je ne m'y connais pas trop en champagne, mais je ne crois pas en voir... »

Il eut un petit rire amusé qui le fit après tomber dans le silence. Il y avait une question qui lui triturait les méninges depuis deux jours. Cette question qui lui brûlait et qu'il laissa filer avant de se retourner plongeant son regard sérieux bien qu'hésitant dans celui de la jolie blonde qui ne devait pas avoir l'habitude de voir Rhys dans cet état.

« Dis-moi Lheina... Ce sont les garçons qui en ont parlé dans le dortoir de ça... Donc je voulais te demander... C'est vrai que tu es une vélane ? »

L'un des principaux atouts dans le charme de Lheina était sa dérision. Certes, elle savait toujours prononcer la bonne blague au bon moment, mais elle était aussi dotée d'une auto-dérision assez irrésistible, du moins pour le Gryffondor. Si bien que quand elle assuma le rôle du karma dans son malheur, Rhys ne ressentit qu'un élan de tendresse pour elle. Était-ce en raison de son côté demi-vélane ? Peut-être. La question était de savoir s'il ressentirait la même chose pour une autre dans les mêmes circonstances... Non, en fait, c'était une très mauvaise question. Ressentirait-il la même tendresse qu'il avait envers Circé qu'une autre ? Pourtant, Circé n'était pas une vélane, mais la réponse était souvent négative. Les individus étaient tous uniques à leur manière... Et les relations entretenues avec ces derniers étaient d'autant plus uniques et dépendaient de tant de facteurs qu'il était finalement difficile d'isoler des éléments. Pourquoi ne pas juste accepter le côté vélane de la demoiselle, comme faisant partie intégrante d'elle. Cet aspect-là le charmait par magie ? Bien, soit... Cela ne changeait pas le fait que quand il irait se coucher, il ressentirait la même tendresse. Quelle différence entre l'attirance magique et celle par la biologie. On ne parlait pas de philtre d'amour, mais de nature. Elle était naturellement séduisante et charmante. Chercher à leur enlever ça sous prétexte que ce n'était pas de la biologie serait presque indigne d'un sorcier à bien des égards, surtout qu'il ne l'avait jamais surpris à en jouer. Du moins maintenant qu'il se refaisait le film. Cependant, la bonne humeur laissa place à de l'agacement amusé quand elle revint à la charge sur le quidditch.

« Ce n'est pas pour une fille. Pas vraiment. C'est surtout pour montrer ma valeur à celle... Celles qui ont ri de l'article de février du Chelsea Express. Je veux venir le parti le plus irrésistible... Range ce sourire. Je suis Rhys Ddraig, je charme, je ne séduis pas. Je ne sais même pas ce que c'est l'amour. À défaut, je prends l'amusement. »

Sur ce point, Lheina et Rhys se ressemblaient beaucoup. Elle non plus n'avait jamais été fan d'engagement. Elle avait cette tendance à repousser toute personne qui s'attachait trop. Était-ce pour ça que le Gallois n'avait jamais rien tenté ? Jolie blonde, elle était son type. Non, en réalité, il lui arrivait de fréquenter des sangs-purs, mais il ne découvrait la nature de leur sang qu'après l'intimité... Or la demoiselle, il avait su dès le départ de leur relation. Pour cette raison, il ne l'avait jamais vu autrement que comme une amie qui était parfois la tentation incarnée. Enfin, de toute façon, quand il fréquentait les filles, c'était pour l'amusement et il s'amusait assez avec elle pour ne pas désirer davantage, sauf quand son charme parlait un peu trop. D'ailleurs, autre partie charmante de la demoiselle, son pacifisme. Une bouffée d'air frais quand on connaissait sa maison.

« Hum... Je suppose que ma rancune envers eux est moins importante que notre amitié... Soit, je ferai attention si ça peut te rassurer. »

Le garçon se retourna vers elle avec un petit sourire en coin. Le même qu'il avait servi à tant de demoiselles, celui qui était charmant et malicieux, que même Lheina connaissait trop bien.

« Après tout, je serai toujours là pour toi. C'est une promesse. Et tu sais bien que je suis un homme de parole. »

Ne voulant pas se laisser aller à plus de sentimentalisme, il se contenta d'explorer le reste du tunnel évitant les quelques excréments qui y traînaient pour envers découvrir la sortie. Cela ne ressemblait pas à une fontaine, mais bien à la forêt interdite. Enfin... Après, quand un lieu avait la salle sur demande, il ne serait pas déconnant de découvrir une salle avec une forêt. Choisissant ce moment de répit pour aborder le sujet un peu sensible, il regretta vite sa décision, car d'étonnement et de surprise, Lheina finit par lâcher la porte. Ou alors c'était quelque chose qu'elle avait vu ? Peu importait. Se rapprochant de la sortie du tunnel, le Gallois chercha à rouvrir le passage, mais sans succès.

« Et merde... Bon, je suppose qu'on est bon pour traverser la forêt pour rentrer... Attends une minute... »

Bien sûr, elle lui avait posé beaucoup de questions, mais là, il devait d'abord s'occuper de leur retour au château en un seul morceau. Ce n'était pas trop le moment de tergiverser. Alors comment se retrouver dans un tel lieu ? Il ne pouvait pas vraiment... Il n'avait pas de carte. En revanche, il était doué en sortilège, très doué. Mettant sa main à plat, il murmura à sa baguette avant de la poser dans sa paume.

« Pointe vers le nord. Voilà... Ma baguette nous servira de boussole. Elle est à l'ouest du château, donc en allant à l'est, on finira par en sortir... Je te fais confiance pour assurer mes arrières, car je vais avoir du mal à être totalement concentré pendant que cherche le chemin. »

Avançant de quelques pas, une fois bien acclimatés, le Gryffondor ralentit pour marcher aux côtés de sa camarade. Il était resté silencieux pour bien peser le poids de ses mots. Il ne voulait pas lancer de flèche dont il ne pouvait assumer la cible. Rhys avait beaucoup de défauts, mais il avait toujours été honnête avec la demoiselle, pas transparent, mais honnête. Il avait toujours diminué un peu son attachement pour elle, rebuté par son sang et sa maison. Cependant, là, il sentait bien que leur relation était à un tournant. Allait-elle fuir ? L'abandonner ? Cette simple idée serra le cœur comme avec Apolline. S'il y avait bien une chose que le Gallois avait en horreur était l'abandon des gens qu'il aimait, or Lheina en faisait partie. Cela avait été long et ce n'était pas aussi fusionnel que les autres, mais elle était aussi importante.

« Je suis avec Milo, Zion et Sobek dans le dortoir. Le sujet est venu comme ça, ne t'en fais pas ce n'était pas ton ascendance le sujet, c'est juste que Zion a dit ça comme ça pour en informer Milo. Je t'assure ce n'était pas méchant. Si je t'en parle, c'est... Pour une bonne raison. »

De nouveau, il marqua une pause. C'était le pire moment pour s'arrêter, mais en même temps, il ne savait pas quoi dire. Il avait peur d'être trop... Il ne savait pas lui-même. Il était perdu. Non pas dans ce qu'il ressentait ou de ce qu'il voulait, mais plus dans ce dont avait besoin son amie. Avait-elle besoin d'espace ? D'être rassurée ? Finalement, Rhys décida de parler avec son cœur, dans un long discours qui peu à peu trahissait tout ce qu'il ressentait comme affection pour son amie et sa crainte qu'elle ne décide un jour de couper les ponts avec lui.

« Je ne vois pas pourquoi ton héritage m'inquiéterait en fait... Je ne te mentais pas quand je disais que j'avais une fascination pour les vélanes, mais ce n'est pas le sujet. Je veux dire... Tu restes Lheina Sanderson. La plus belle Serpentard du château qui a un don pour s'attirer des emmerdes équivalentes à sa beauté. Tu es une bulle de champagne qui fait que le quotidien est toujours plus agréable. Tu as des défauts, ne te méprends pas. Tu es sang-pur et Serpentard, les deux pires défauts qui puissent exister, mais il te fallait au moins ça pour ne pas être parfaite. Sincèrement, si je t'en parle, c'est... Je me suis toujours dit que les vélanes devaient être parfois malheureuses de ne jamais savoir si les sentiments qu'on éprouvait pour elles étaient sincères ou non... De mon côté, je sais qu'ils sont sincères. Je veux dire, je n'ai pas besoin que tu sois près de moi pour savoir à quel point j'aime notre relation, nos soirées, nos blagues, tes emmerdes. Ok, ce dernier, j'aime moins. Juste pour dire... C'est ton fardeau dans notre société, je ne dis pas que c'est sans importance ou que ça doit être facile à vivre. Je ne sais pas ce que c'est concrètement, ce que tu vis. Par contre ce que je sais, c'est que tu es une des meilleures choses qui me sont arrivées à Poudlard... Vélane ou non. Donc... J'espère que... Tu ne m'abandonneras pas à cause de ce doute sur la sincérité de notre relation... Car personnellement, je n'ai jamais douté ni de notre amitié, ni de mon affection. »

Rhys leva les yeux au ciel à l'hypothèse de Lheina. Chelsea qui voulait attirer l'attention ? Elle disait ça juste pour le taquiner, car Merlin seul savait à quel point elle n'avait pas besoin de ça. La princesse savait jouer de ses charmes sans même avoir du sang de vélane. Définitivement, ce n'était pas par affection ou attirance si elle avait fait ça, mais juste pour l'humilier. Une vengeance sans doute pour ce qu'il avait fait en novembre. Et maintenant qu'il était préfet, il ne pourrait plus se venger sur elle comme par le passé. Enfin, du moins pas comme il faisait. Jamais il ne s'en était pris physiquement à la demoiselle, la simple idée d'être violent avec une femme le révulsait, non, il s'en prenait à ses pions. Bien sûr, il s'était déjà battu avec des femmes qui l'avaient attaqué, mais... Ce n'était pas le cas de Chelsea. Son esprit chevaleresque avait le don de le mettre dans des situations compliquées, mais il préférait ne rien dire pour ne pas tendre la batte pour se manger un cognard. Non, il valait mieux parfois se taire et juste continuer d'explorer.

Malheureusement, il aurait dû appliquer ce mantra, car aussitôt, avait-il abordé le sujet qui fâchait que la porte s'était refermée. Il se sentait un peu idiot pour le coup. Il connaissait la maladresse de la demoiselle. Pourtant, cela ne l'avait pas empêché de lui demander de tenir la porte pour en plus aborder un sujet sensible. Déjà que Lheina avait un talent rare pour plonger dans des situations compliquées, voilà qu'il venait de lui savonner la planche. Le pire dans tout ça ? Cela l'amusait. Il aurait aimé paniquer, s'inquiéter pour sa sécurité... Il s'inquiétait pour elle, mais ce n'était pas le sujet. Il savait qu'il allait passer une bonne soirée avec elle. Peu importait les dangers, ils s'en tiraient toujours. Et le lendemain, il pourrait la taquiner en lui disant qu'encore une fois elle l'avait mis en danger, mais elle lirait dans son regard à quel point ça lui avait plu.

Assumant son rôle de sauveur de Lheina en détresse, il commença à les guider à l'aide de sa baguette. Le vent se faisait frais... Il fallait dire que l'hiver était encore là même si les dernières neiges avaient fondues pour la plupart. On pouvait entendre le vent se glisser entre les feuilles dont les craquellements étaient assez oppressants. Rhys se sentait observé, mais il n'arrivait pas à rendre le regard au prédateur. Ce qui était le plus étranger, c'était l'absence de menace. Ils auraient dû tomber sur des créatures, mais rien... Si les plus insouciants auraient vus ça comme un bon signe, quelque chose avec lequel il fallait être optimiste, le Gallois se disait surtout que si les petits prédateurs étaient absentes, c'était que le gros ne devait pas être bien loin. Afin d'alléger l'ambiance lourde, il discuta avec la vélane, se livrant un peu sur ses inquiétudes. La chose qui rendait le plus vulnérable le garçon n'était rien d'autre que sa peur de l'abandon. C'était sans aucun doute ce qui l'avait fait le plus souffrir. S'il devait revoir un proche l'abandonner, il n'arrivait pas à voir comment il pourrait se relever.

Après tout, même ses parents l'avaient qualifié de monstre. Heureusement, la demoiselle s'était montrée rassurante, bien qu'un peu taquine. En revanche, une chose figea sur place le garçon qui arrêta pendant quelques secondes d'avancer. Si elle était vélane, elle ne pouvait plus être sang-pur... C'était évident... De ce fait... Ces six années à la mettre dans la case sang-pur... Cela devait bien rebattre des cartes, non ? Non, cela ne changeait rien. Ils étaient de bons amis, il était déjà passé outre de son sang, c'était ce qu'il se disait alors que son esprit tordu cherchait déjà à la mettre dans une autre case. Car il y avait bien des différence entre la Serpentard et le Gryffondor. Si elle avait connu quelques compagnons, en six ans, Rhys n'avait jamais eu de petite amie. Il trouvait toujours une excuse pour repousser la chose et était toujours très clair dès le départ. Cela lui évitait bien des inconvénients. Même pour Léna, il avait une liste d'excuses ;.. Mais le principal argument cela avait toujours été son sang... Reprenant sa marche, il l'écouta continuer à détailler le fond de sa pensée alors que son regard concentré cherchait encore le chemin de la sortie et surtout... Une nouvelle excuse. Heureusement, il n'y avait aucune demande de sa part et dès qu'il vit une faille, il s'y engouffra pour reprendre le contrôle de l'humour.

«  Wouah… Fais attention en me disant autant de compliments, je vais finir par m’imaginer des choses sinon ! »

C'était certes petit de reprendre au mot près ce qu'elle lui avait dit, mais bon, il la disait presque parfaite, elle le disait presque génial. Il sentait déjà Sobek et Zion commencer à chanter une ballade amoureuse alors que ces deux idiots ne connaissaient rien à la chose.

« Et oui, ça doit être ton côté vélane qui me fait dire ça. Après tout, je n'ai pas dit aux garçons, alors que tu n'étais pas là, que tu étais la personne avec qui je préférais être en cas de coup dur... Erm. »

C'était exactement ce qu'il avait dit mot pour mot. Vu le côté très spécifique de son démenti, cela trahissait clairement qu'il avait été aussi gentil dans son dos que devant elle. Non, la seule différence quand il était à ses côtés, c'est qu'au lieu d'avoir un faible pour les blondes, il trouvait tout simplement que c'était la seule couleur de cheveux qui permettait de faire la beauté d'une femme... Entre autres chose, mais maintenant, il comprenait mieux d'où ça venait.

« Tu te trompes au fait. Je ne te supporte pas depuis six ans... Dire supporter voudrait dire que c'est lourd. Même si si tu dis ça pour me taquiner. En fait ta malédiction a toujours fait une bonne partie de ton charme à mes yeux... Avec une fille plus banale, je serai autour d'une fontaine de champagne... C'est marrant... Mais je crois que ce serait beaucoup moins amusant qu'une ballade dans la forêt interdite. Je me rattraperai à notre prochaine sortie à Pré-au-Lard pour la fontaine de champagne, si tu y tient tant. »

D'une certaine façon Lheina, lui permettait de vivre son aspiration chevaleresque comme il l'entendait. Elle n'était pas princesse dans une tour qu'il devait sauver d'un dragon, mais elle était celle qui l'accompagnait à l'aventure ramenant malgré elle le danger... C'était une combinaison parfaite. Même si son pacifisme était sans doute le plus grand mur entre elle et le Gryffondor. Jamais il ne pourrait être totalement lui-même, sans quoi il serait contraint de casser le nez de certains de ses amis devant elle, chose qu'il avait toujours évitée. Alors qu'ils avançaient encore, le vent souffla de nouveau. Un vent encore plus frais que les précédents. Regardant vers la demoiselle qui ne s'était sans doute pas attendue à devoir bien se couvrir, si ce n'était pour un petit plongeon dans une piscine de champagne, Rhys se défit de sa veste ornée de son badge de préfet, qu'il plaça sur ses épaules.

« Tiens... Tu vas attraper froid si on se balade trop longtemps... Même si je l'admets... Le rouge te va moins bien que le vert... Mais bon, je suis sûr que tu la trouveras quand même confortable. »

Il ne lui avait pas fait le plaisir de répondre quand elle l'avait lancé sur Serpentard, mais sachant que le compliment lui ferait plaisir, il avait fini par le céder à un moment où il serait moins ambigu. Malheureusement ce rapprochement alors qu'il n'avait pas encore trouvé d'excuse le perturba. Quelque chose le gênait, mais quoi... Il y avait un autre sujet dont il voulait parler. Si possible rapidement avant que le côté vélane fasse trop effet... Puis l'éclair de génie frappa permettant au garçon de s'éloigner d'un bon pas de la demoiselle.

« D'ailleurs... Il y a quelque chose entre toi et Milo ? Et avant que tu demandes, non, il n'en a pas parlé. Mais je suis curieux. Je ne savais pas qu'il faisait partie de ton cercle. »

Aucune jalousie, juste de la curiosité et surtout une très bonne excuse. Il ne pouvait pas se rapprocher de son amie, même si elle était charmante et parfaite... Il y avait déjà un de ses camarades sur le coup. Il ne manquait plus qu'un gros prédateur pour clore la soirée et repartir sur de bonnes bases sans devoir se poser des questions sur ce que changeaient la nature de sang de la demoiselle et ses compliments.

Elle semblait étonnée des mots de son ami. Il était vrai qu'il n'avait jamais vraiment été du genre à dire ce qu'il ressentait réellement. Pourtant, en apprenant son hybridité, il n'avait pu s'empêcher d'avoir une nouvelle empathie pour elle, quelque chose qui faisait naître en lui le désir de se rapprocher d'elle. D'une certaine façon, la simple relation superficielle qu'il avait avec elle ne semblait plus aussi confortable qu'avant. Il désirait presque avoir le même niveau de proximité qu'avec Apolline. Du moins la relation qu'il avait avec elle actuellement, quelque chose de plus ouvert, plus franc.

« Bien sûr que c'est ce que je dis, mais comme j'ai dit, ça doit être ton côté vélane qui me faisait parler. C'est aussi ton côté vélane qui fait qu'avant d'entrer en salle de cours, je sais que je veux me mettre à côté de toi... Bon, ça et aussi pour m'assurer que la salle de classe ne prenne pas feu comme en cours de potion en deuxième année. »

Il ricana à ce souvenir alors qu'elle était juste heureuse à l'idée de lui redonner le sourire. Cela lui semblait pourtant être une évidence. Il était rare que Rhys passe beaucoup de temps avec d'autres sorciers en dehors des cours. Entre les entraînements au duel, les cours, son boulot, il n'avait qu'un temps limité. Or ce temps, il choisissait de le passé qu'avec les gens qui comptaient sincèrement pour lui. Il pouvait bien sacrifier une nuit pour une inconnue, mais des semaines, des mois voire des années... Seuls quelques élus pouvaient prétendre à cela. Finn et Lheina faisaient partie de cette catégorie.

« Je pensais que c'était évident Lheina. Je ne dis pas que j'ai une vie compliquée... Ni une vie facile. Par contre ce que je peux dire, c'est que peu importe les difficultés elles semblent toujours plus légères avec toi. »

Finalement la seule chose qui séparait les deux étudiant, au-delà du sang et de la maison, c'était le pacifisme de la demoiselle. Enfin, ce n'était pas comme s'il rentrait en ligne de compte ce soir. S'ils croisaient une créature par cette belle nuit, elle serait forcément hostile. Il était très improbable que la Serpentard lui demande de se ménager. Sauf s'ils croisaient un chiot égaré, mais dans ce cas, même Rhys aurait le cœur attendri.

« Je ne suis pas... Je ne suis pas jaloux ! Juste effectivement, j'avais entendu parler de toi et Milo. Et comme c'est un chic type... Je veux juste que tu sois heureuse. Et je sais que chacune de tes conquêtes, c'est dans l'espoir de trouver le bon. Je ne veux que ton bonheur. »

Une autre différence avec la demoiselle. Si elle trouvait plus souvent chaussure à son pied que le Gallois, ce dernier ne faisait que s'amuser. Célibataire éternel, il ne savait pas ce que ça faisait d'être en couple. C'était une chose qui l'attirait autant que ça le repoussait. Se sentir aimé était une chose qui lui plaisait. Cependant, un amour sincère dans un engagement concret, c'était aussi donner un pouvoir à la personne de le faire souffrir et de lui faire connaître encore une fois le sentiment de solitude. En ce sens, les amitiés avaient plus de valeur que les histoires d'amour, car on pouvait les multiplier. Retrouver l'amour était plus complexe que retrouver un ami. Même si finalement, dans sa superficialité, le garçon se disait que nul n'était irremplaçable. Si cette phrase pouvait sembler être d'un cynisme et égoïsme à toute épreuve, elle était en réalité un des pire cauchemar du Gryffondor qui ne savait pas où était sa valeur dans cet âpre constat.

« Enfin... Je sais bien que je serai toujours un de tes amis privilégié. On est tellement proche que même ton amie Alejandra se fait des idées... Elle était persuadée que je faisais partie de ta plate-bande. J'ai dû lui rappeler que peu importait la soirée, nous finissions toujours avec quelqu'un d'autre. »

Alors qu'elle se demandait si la salle à la fontaine de champagne existait vraiment elle s’interrompit. Rhys en fit tout entend en sentant sous ses pieds le doux bruit des aventures. Restant interdit, il tourna son regard vers l'ombre au gourdin lourd. Si son sourire avait disparu, ses yeux trahissaient une excitation.

« Et donc ça, mon ange... C'est quand tu prends de Felix Felicis ? »

Le premier réflexe du garçon était le sarcasme. Cependant, même si l'humour était présent, les traits de Rhys se firent de plus en plus sérieux. Il allait enfin pouvoir s'amuser... Sentir ce frisson qui l'avait quitté depuis qu'il avait accepté ce poste préfet. Malheureusement, le troll chuta... Non, il n'allait pas laisser la boue lui voler sa gloire. Heureusement, le troll adulte se relevait... Puis une voix sortit le Gallois de sa transe. Lheina, elle était là. Elle avait tenté un sort sur la créature magique. Mauvais choix quand on connaissait sa résistance à la magie de ces derniers. Et surtout... Désarmer un gourdin... C'était quoi la probabilité ? Bien sûr... Avec sa chance, la vélane avait attiré le gourdin sur elle. Se plaçant au plus près d'elle, le Gryffondor avait déjà son plan en tête. En réalité, il l'avait avant même que son amie ne commence à attaquer le monstre. C'était comme une seconde nature chez lui, plus rien n'avait d'importance quand il combattait. Plus rien ou presque. Posant sa main gauche sur l'épaule de Lheina et prenant sa baguette bien en main, il poussa avec énergie la demoiselle.

« Cours. »

Ce n'était pas une invitation, mais bien un ordre. Il y avait une dureté dans la voix que jamais la demoiselle n'avait entendu de la part de son ami. D'ailleurs, personne n'avait jamais vraiment entendu ce timbre de voix. C'était ce qu'il était vraiment et il ne voulait pas que Lheina soit en danger alors qu'il affronterait le troll plutôt que de le fuir, du moins dans un premier temps.

« Mobiliarbus. »

Visant le gourdin, en bois, il le ralentit jusqu'à le stopper à quelques centimètres de son visage. Heureusement que la vélane n'était pas à ses côtés, il n'aurait pas réussi à tenir sa concentration. Maintenant en son pouvoir, il y avait deux écoles, essayer de faire léviter le bout de bois massif jusqu'au crâne du troll pour espérer l’assommer, ou le poser et courir. Rhys était de la troisième école. Il posa le gourdin sur un rocher de telle sorte à ce que la partie la plus épaisse soit en direction du troll, mais un peu surélevé pendant que la queue de cette batte improvisée touchée le sol. Il n'avait que quelques secondes avant que la créature magique ne le charge. Quelques secondes, qu'il mit à profit afin de bien se positionner, évaluant la distance, l'angle et surtout la vitesse de charge du lourdaud.

« Allez, viens mon beau... On t'a déjà dit que t'avais une gueule de Serpentard ? En-tout-cas, t'as l'odeur de leur salle commune... Allez... C'est bien, cours... Encore un peu... WADDIWASI. »

D'un geste, sec Rhys lança le sort sur le gourdin afin qu'il file à la vitesse d'une balle de fusil vers le crâne du troll. Dans un monde parfait, la vitesse serait suffisante pour détacher la tête du corps, mais ces bestioles avaient tendance à avoir la tête dure. Non, il se contenterait de juste le sonner avant de fuir avec la demoiselle. Oui... Lheina, elle était ce qui importait vraiment là. Pourtant, il ne pouvait pas retenir son cœur qui battait à tout rompre dans sa poitrine face à l'excitation... Ce sentiment de jouer sa vie à la seconde...