Dark blond [ft. Rhys]

Le bras du gryffondor tiré encore un peu. Sa dernière altercation avec Cromwell avait fini dans le sang... Du moins le sien. Quelques sorts avaient été échangés, mais comme bien souvent quand le Gallois menait, il finissait l'affaire avec des coups bien sentis. Quel plaisir y avait-il à lancer des Stupefix ? La douleur n'était que trop courte. Il avait enfin fini de venger l'affront qu'il avait subi en septembre avec celui-là. Il ne manquait plus Murik et Cloven pour définitivement faire payer le club des cinq. Cependant, ce ne serait pas pour tout de suite. Une fois qu'il avait désarmé le Serpentard de sang pur, il avait armé son poing pour frapper le ventre, puis les côtes... Mais c'était finalement son adversaire qui s'était jeté sur lui le mettant au sol. Au départ un peu malmené, l'endurance physique de son adversaire fut salvatrice pour lui. Après tout, ces consanguins n'avaient pas l'habitude d'avoir recours à leur poing pour se battre.

Une fois son adversaire fatigué, il avait juste eu à donner un coup de genoux pour porter atteinte aux biens les plus précieux qu'avait un sorcier mâle de son âge. Se pliant de douleur, Cromwell ne put empêcher le coup qui vint s'écraser sur son nez, achevant de le sonner pour de bon. Il ne sentit même pas Rhys prendre sa baguette pour la glisser au niveau de son arrière-train, pile au niveau de la raie. Il ne sentit pas non plus le poids du gryffondor qui lui marcha dessus comme si c'était un vulgaire paillasson. Le tout avait été réalisé à l'abri des regards, ce qui devrait éviter au gryffondor toute forme de punition. Qu'il était agréable de se venger. C'était satisfait, bien qu'un peu endolori par la douleur qu'il était ensuite allé se dégourdir à l'entraînement, laissant le soin aux amis du sang pur de le retrouver.

De son côté, Rhys était allé pratiquer les sortilèges informulés. Cela demandait une discipline mentale qui était parfois complexe pour un garçon aussi turbulent, mais depuis le début d'année il avait bien passé plus d'une centaine d'heures à pratiquer. Cherchant à réussir le sortilège reducto sous sa forme informulé, il dut s'y reprendre à trois fois avant de réussir à briser le mannequin. Oups. De base, le gryffondor voulait juste le fissurer un peu, mais le briser... Il allait encore se faire taper sur les doigts... Ce fut à ce moment-là qu'on l'interpella l'empêchant de trouver une bonne excuse pour le petit accident.

« Hmm ? »

Se retournant vers la jolie blonde qui venait de l'interpeller, il mit les deux mains dans le dos afin de cacher sa baguette, reculant jusqu'au tas de débris, qu'il poussa du pied pour les enlever de tout champ de vision possible, sans grand succès. Enfin, ce n'était pas très grave, vu à quel point la demoiselle semblait mal à l'aise. Elle en venait jusqu'à découvrir qu'elle était blonde.

« Oui... Effectivement, tu es blonde... J'avais cru remarquer ! »

Une très jolie blonde qui mettait bien en valeur son regard bleu. Le gryffondor aurait pu se perdre dans ses yeux s'il n'avait pas été dans la salle de duel et si elle ne lui avait pas parlé d'entraînement. Le charme féminin avait toujours été la plus grande faiblesse de celui qu'on prenait pour une brute à aimer le mariage du visage de certains Serpentard avec les portes, les murs ou encore les plans de travail. Voyant bien qu'elle s'intéressait assez peu à la casse qu'avait fait le garçon, il se plaça plus naturellement contre le mur, les bras croisés sous son torse, un petit sourire charmeur sur le visage.

« Et pour répondre à ta question... Non, je n'ai pas l'habitude de donner pas de cours... Mais je ne refuse jamais d'aider une jolie fille. »

Le sourire se transforma en petit rictus, conscient de sa bêtise et à quel point cette réplique était de mauvais goût. Non, définitivement, il ne pouvait pas garder son sérieux. Rhys aimait sortir ce genre de phrase au risque de se ridiculiser. Souvent, on mesurait le charme d'un garçon à sa tendance à convertir l'essai, mais pour lui, être charmant se suffisant à lui-même.

« Enfin... Non, en réalité, je ne refuse jamais d'aider quelqu'un qui le demande. Sauf si c'est un Serpentard de sang pur... Mais en dehors de cette limite de consanguinité... Je n'ai aucune raison de refuser ! »

Le garçon était en revanche connu pour une chose, son racisme paradoxal. Il affirmait haut et fort avoir un mépris pour ceux qui avaient fait de leur sang une fierté. Pourtant, parmi ses plus proches amis, il y avait des gens au sang pur. Apolline, Lheina, Finn, pour ne citer que les plus évidents. Néanmoins, presque toutes ces rixes avaient aussi été faites contre des sangs purs. De ce fait, le mythe était proche de la réalité, mais comme toute réalité, elle était plus complexe que le récit que l'on en faisait. Se détachant du mur et tournant le dos, au grand damne du plaisir de ses yeux, il s'attela à réparer le mannequin qu'il venait de briser avec un petit "Reparo".

« Du coup ? Pourquoi demandes tu ? Quelqu'un t'embête ? Te harcèle ? Si c'est le cas, je peux avoir une... Discussion courtoise avec lui. Mais avant ça, tu as un avantage sur moi. Tu connais mon nom, mais j'ignore le tient. »

Tournant sa tête vers la demoiselle, avec un regard innocent qui contrastait avec la rage dont il avait fait preuve quelques heures auparavant, il interrogea la demoiselle du regard. Cela contrastait aussi avec l’intonation sur la "discussion courtoise". Il ne fallait pas être un génie pour comprendre le sens caché derrière cette expression.

Rhys écoutait attentivement le petit discours de la demoiselle sans l'interrompre. Cela lui laissait le temps de réparer le mannequin et d'aller chercher sa gourde d'eau. Se désaltérant pendant qu'il écoutait celle qui se prénommait visiblement Selma, il manqua de recracher son eau en comprenant ce qu'elle entendait par accoster. Depuis quand avait-il cette réputation d'avoir un faible pour les jolies femmes ? Certes, depuis qu'Apolline avait stoppé cette partie de leur relation, il avait multiplié les aventures, mais il était loin d'être le Don Juan du château. À quel point était-il responsable de cette image et à quel point les articles de Chelsea avaient joué à leur tour ? D'ailleurs, en parlant du journal, s'il se souvenait bien, Selma était le nom de la demoiselle qui avait eu le droit à un des articles... Cependant, il préféra garder cette idée pour lui, ça n'aurait rien de pertinent à apporter à la conversation. Bon, à l'écouter, il savait déjà quelle serait sa première leçon, et ça n'aurait aucun rapport avec les duels. Cependant, laisser une telle personne en liberté était le meilleur moyen de la mettre en danger. Dans un monde où il y avait Rhys, Michel-Ange, Chelsea ou encore Thalia, il fallait définitivement qu'elle apprenne le sarcasme et l'humour. Cependant, une chose à la fois. Vidant le fond de gourde qu'il avait, il la jeta non loin de son sac.

« Oui, sort informulé... C'est pratique pour les duels. Je m'y entraîne depuis cette année. Je maîtrise plutôt bien la protection et le désarmement en informulé, mais j'ai besoin d'une meilleure discipline mentale pour généraliser... »

Comme pour illustrer, il mit un petit bout de bois dans la main du mannequin. Faisant quelques pas pour s'éloigner, Rhys se mit de profil, baguette vers l'avant, jambe droite devant, pliée, jambe gauche en arrière, plus tendue. Si le style du Gallois pouvait être résumé en un mot, c'était celui de l'escrime à la Française. Il avait appris l'Art des duels dans des livres à la Bibliothèque qui faisaient un résumé de cet Art vu par les Français. Pourquoi l'avait-il appris ainsi ? Tout simplement parce que lors de sa première année, il était à l'entrée de Poudlard le pire membre du club de duel. À la fin, il était parmi, non pas des meilleurs, mais de ceux qui avaient le plus progressé. À force de travail, ce style assez basique lui avait permis de défier bien des fines baguettes. Le geste ne dura que quelques secondes. Le bras expérimenté par les centaines d'heures de pratiques bougea avec fluidité sans aucun déchet dans le geste pour que, sans un mot, la lueur quitte la baguette du Gallois pour faire sauter le bois du mannequin allant le planter dans le mur.

« Une image vaut mille mots, je pense... Bref, euh... Du coup pour reprendre depuis le début... »

Il se gratta la tête. Comment dire tout ça ? La franchise de la demoiselle le prit un peu au dépourvu en réalité. Une telle candeur méritait de la bienveillance, mais le gryffondor était plus habitué au sarcasme.

« Alors d'abord, il va falloir que tu apprennes le second degré et les sous-entendus, je pense que ça te sera utile... Malheureusement, je ne suis pas très bon professeur dans la matière, donc on va revenir sur le sujet. Pour te prévenir, effectivement, j'ai bien cru comprendre pour le métamorphomage puisque tu sembles reprendre ton apparence. »

De sa main gauche, il indiqua de haut en bas le corps de la demoiselle.

« Ce qui m’amène à mon second point. Tu es une jolie fille. Ne te méprends pas, je n'essaye pas de te séduire. C'est juste que visiblement, tu n'en as pas conscience. Tu as du charme et je suis sûr que le garçon que tu décideras d'accoster aura beaucoup de chance. Tu n'as pas besoin de ton don pour être jolie. Tu l'es déjà. Il n'y a pas pire crime qu'une fleur qui n'a pas conscience de sa beauté ni de son parfum. C'est cruel pour le garçon qui aspire à la cueillir. Mais bref, passons. »

Pourquoi était-il allé sur ce terrain ? Sans doute parce qu'il avait vu trop de gens perdre confiance en eux en raison des moqueries des autres. Tout le monde n'avait pas la chance d'avoir du sang de vélane ni avoir une mère qui était un canon de beauté. Pourtant, il s'avérait que souvent la beauté de la personne était toujours trouvée par celui qui savait où regarder. Le cœur était aveugle et la beauté n'était rien d'autre que l'écho de l'âme de l'on désirait.

« Troisièmement, oublie ton aide, je n'en veux pas. On n'aide pas les gens pour qu'ils nous donnent en retour. On les aide en espérant que cette aide leur permette d'aider d'autres en retour. Si l'aide n'est que réciproque, elle ne se propage pas. Je t'aide, comme ça un jour, si quelqu'un vient te voir pour à son tour s'entraîner, tu pourras faire ce que je ne pourrai plus faire car je serai parti. »

Cela était la version noble de la chose. En réalité, Rhys était juste en recherche permanente de reconnaissance et d'admiration. Ce qui faisait que souvent, ces deux choses suffisaient à rembourser toute dette que l'on contractait auprès de lui. De ce fait, dire que le supplément que l'autre était disposé à payer pouvait aller à n'importe qui en ayant besoin, ce n'était pas grand-chose. Le simple fait qu'il ait vu cette lueur d'intérêt briller dans ses yeux à son égard faisait qu'il lui accorderait tout le temps qu'elle voudrait en ce jour.

« Quatrièmement... Non, je ne trouve pas le monde plus dangereux qu'avant. Oh, il l'est pour certains, mais je pense juste que l'on a plus conscience du danger qu'avant. Mais l'explosion qu'il y a eue... Couvait depuis longtemps et aurait pu exploser déjà avant. L'Histoire n'est rien d'autre qu'un cycle. Les temps de paix font les hommes faibles. Les hommes faibles font les temps difficiles. Les temps difficiles font les hommes forts... Et enfin, les hommes forts font les temps de paix. »

Il se contenta de hausser les épaules. Il était un né-moldu qui avait vécu toute sa vie en se battant contre des sangs-purs. Certes, cela n'était pas aussi dangereux que l'enfance d'un chasseur, que de faire sa scolarité à Durmstrang... Cependant, toute personne était confrontée au danger à sa hauteur. On n'était jamais trop préparé.

« Bref, c'est pour ça que j'ai besoin de savoir ce que tu veux exactement. Ça n'existe pas des cours d'auto-défense. Si tu veux te défendre contre un dragon, ce n'est pas la même chose que contre un sorcier. Comment veux-tu te battre ? Avec magie ou sans magie ou un mixte des deux ? Quels sont tes points forts ? Dis-moi les menaces et tes armes et je te dirai comment te défendre. Ou je t'indiquerai vers qui te tourner... Par exemple, Zion est meilleur que moi quand le sujet, ce sont les gros reptiles cracheur de feu. »

Le Gallois était passablement amusé par les réactions de la Serdaigle. Elle avait un aspect mignon à reconnaître ses défauts et à fonctionner de manière aussi robotique. Certes, l'amusement pouvait s’apparenter à de la moquerie, c'était sans doute un peu le cas, mais cela n'enlevait rien au respect que cela lui inspirait. Reconnaître avec une telle franchise, sans faiblir, ses faiblesses, c'était admirable. Sans doute un peu inconscient, mais dans le cas présent, quel danger est-ce que cela pouvait représenter ? Il serait bien mal placé pour juger les gens, lui la petite brute qui allait de rixe en rixe, comme Finn allait de femme en femme, les trahissant parfois avec des hommes. Ceci dit, Rhys trahissait parfois aussi les rixes qu'il connaissait avec les Serpentard pour les échanger contre des soirées qu'il passait avec Lheina ou Finn. Bref, elle avait un côté attachant qui faisait fondre la couche de sarcasme autour du cœur du Gallois.

Il n'était pas intéressé par elle, mais il aimait simplement l'idée que quelqu'un le soit et arrive un jour à servir de passerelle entre elle et le monde. Enfin, même si pour lui, c'était une vision romantique, certains diraient sexistes. Il valait peut-être mieux qu'elle arrive pas elle-même à se faire comprendre du monde. Quoi qu'il en soit, il écouta un peu le listing des ennemis qu'elle avait. Heureusement que sa gourde était vide, sinon il en aurait recraché la moitié sur Selma. C'était quoi cette vie ? Elle était passée sous une échelle en cassant un miroir avant de croiser un chat noir ? Certes, Rhys avait l'habitude de se battre, mais en général, ce n'était pas aussi spécifique que ce qu'elle avait connu. Pas étonnant qu'elle veuille savoir se défendre. Effectivement, comme elle le disait, les hydres et les gobelins, c'était peu probable qu'elle y soit confrontée de nouveau. Ceci dit, même si elle le risquait ce n'était pas vraiment son domaine d'expertise. Lui, il faisait plus dans le gros connard. Pourquoi ? Car c'était ce qu'il affrontait, mais aussi un peu ce qu'il était.

Faisant quelques pas autour d'elle, comme s'il analysait une marchandise, il la scrutait de bas en haut. Effectivement, ça ne lui servirait à rien de lui apprendre du combat rapproché. Quoi que du judo pouvait toujours être utile, ainsi qu'à bien frapper les parties sensibles des hommes qui s'approcheraient d'elle, mais ce n'était pas le plus urgent. Finalement, le début de la conversation allait être le plus utile. Car avec son physique et sa tendance à visiblement côtoyé d'un peu trop près des milieux violents, il allait falloir qu'elle apprenne à voir un peu plus clair dans le cœur des personnes en face d'elle.

« Hum... Je ne me bats pas avec honneur non plus... Du moins pas selon le sens commun de l'honneur. Je trouve que se battre physiquement est honorable... Mais je n'ai aucune honte à me servir de mes poings et à viser les parties... Sensibles dirons-nous... Enfin... Tout ça pour dire que je ne vais pas juger tes moyens de te défendre. Ma vie, c'est ma vie. La tienne n'appartient qu'à toi. Si tu gères d'une façon peu importe ce que j'estime d'elle... La seule chose qui compte, c'est que tu sois prête à en assumer les conséquences. »

C'était la seule chose qu'on pouvait demander à quelqu'un. Assumer ce qu'il était vraiment. C'était peut-être la plus grande différence entre lui et la princesse Waldorf. Lui, il assumait d'être un monstre... Sans doute parce que ses parents avaient assez bien gravé ce message dans le marbre de son esprit et de son cœur.

« Bon pour commencer, celui qui te dira des trucs du styles "La meilleure défense, c'est l'attaque" ou "L'entraînement te permettra de t'en sortir" est un fieffé menteur. »

Il fallait écarter ces deux choses directement de l'esprit. Elle n'était pas la première à lui demander des conseils et tous croyaient que Rhys allait faire des miracles. Mais la vérité était cruelle. Ce n'était pas toujours celui qui s'entraînait le plus qui gagnait. Parfois, le talent naturel l'emportait, parfois, la malchance s'en mêlait, parfois, il valait mieux fuir. Et si l'ego du Gallois lui interdisait de penser comme ça quand ça le concernait, il se refusait d'entraîner les autres dans sa folie.

« Je peux t'apprendre à te battre, ce n'est pas un souci, mais il te manquera des points cruciaux pour survivre... Oui, effectivement, quand on va s'entraîner, je vais te dire que te mettre de profil est mieux pour limiter la surface que ton adversaire peut attaquer... Ou encore que le protego sera ton meilleur ami et qu'il vaut mieux utiliser un stupefix qu'un expeliarmus, pour éviter les pauvres surprises... Tout ça, c'est vrai... Je pourrai même t'apprendre à mieux bouger, mieux gérer la distance... »

Tout cela, il l'avait maîtrisé. Pourtant, il lui arrivait encore de perdre ? Pourquoi ? Car même s'il connaissait la théorie, il refusait de mettre en pratique ses connaissances stratégiques. Il se laissait aller à ses émotions, s'attaquant à cinq sorciers alors qu'il est seul. Il refusait d'être aussi rusé que son esprit pouvait être. Il refusait cette partie de lui qui était teintée de vert et d'argent pour n'embrasser que le rouge et or du lion. Pourtant, ce qu'il allait lui dire, n'était en rien les paroles d'un Gryffondor.

« Sauf que ça ne fera pas de toi une combattante. Si tu veux savoir comment te battre dans un milieu hostile... Il faut apprendre le sarcasme... Ne me regarde pas comme ça, je ne me fous presque pas de toi. En fait ce n'est pas le sarcasme qu'il te faut apprendre, mais le cœur humain. Il faut que tu saches lire un visage, une voix... Pour savoir qui est sur le point de t'attaquer. Il y a des micro-expressions qui montrent la nervosité. Quelqu'un de nerveux est plus propice à attaquer, mais aussi plus propice à faire des erreurs. Il y a parfois de la froideur, lui, il attendra une bonne occasion pour te prendre par surprise, si tu es sur tes gardes, sept fois sur dix, tu ne risqueras rien. Le pire, c'est quand il n'y a pas d'expression. Une fois que t'as appris ça et à le reconnaître, tu apprends que le visage n'est pas suffisant, qu'il faut savoir lire le corps... Que certains te tromperont avec des sourires et des regards tendres alors qu'ils ont une dague en main, enfoncée dans ton cœur. Donc tu dois apprendre à élargir ta vision. Puis une fois que c'est fait, tu dois comprendre que toi-même, tu suis ces règles, il faut donc savoir cacher ses propres émotions pour prendre l'autre par surprise. Car savoir, c'est bien, mais si tu ne peux rien en faire... Il faut ensuite composer avec tes forces et celles de ton adversaire... L'attendre aux toilettes pour le prendre par surprise est parfois une bonne idée, mais s'il est bon au combat dans les petits espaces et réagit vite, c'est du suicide... Puis, une fois que tu as tout ça, tout dois réussir à appliquer tout ça en une fraction de seconde, comme si c'était une seconde nature. Car quand tu as quelqu'un en face de toi qui as ça en lui, une seconde de latence et c'est la défaite... Bref, tout ça pour dire que si tu vois l'attaque arriver, ce sera plus facile d'y répondre. »

Lui-même ne maîtrisait pas parfaitement ses conseils. Souvent certains sangs-purs se moquaient de lui. Ils disaient qu'il n'avait jamais connu le danger, ni la criminalité. Non, le Gallois, c'était juste fait harceler depuis ses huit ans. Depuis ses huit ans, il devait savoir qui se moquait de lui, qui l'attirait dans un piège. Il devait savoir quand allait y avoir le premier coup et s'il pouvait en tirer avantage. Définitivement, il n'était pas un chasseur qui avait fait face à des dragons, ni à un criminel qui devait craindre pour sa survie. Lui, il n'avait que les soucis d'un gamin des rues. Mais même une lame émoussée pouvait devenir aiguisée si on en prenait soin. Or, le regard de Rhys était aiguisé, trahissant un naturel pour les climats conflictuels. C'était peut-être dans cette tension qu'il se sentait le plus vivant.

« Or ça, personne ne pourra te l'apprendre. Ce que je peux t'apprendre, c'est à être létale quand tu as une occasion avec ta baguette. À ne pas trembler et à toujours faire mouche, mais ce ne sera pas toujours suffisant en dehors de Poudlard... Oh et un conseil... Le truc de métamorphomage... Ce n'est ni un don ni une bénédiction, mais juste un outil... Or, un couteau que tu prends par la lame peut te causer beaucoup de tort, il ne devient utile que si tu le prends par le manche. Ce sera pareil pour ça. Je n'y connais pas grand-chose, mais comme c'est une spécificité qui se base sur la volonté du sorcier... Je te conseille d'aller voir quelqu'un qui s'y connaît en Occlumancie. Je pense qu'un contrôle parfait de tes émotions pourrait t'aider dans cette voie. Après tout, pas besoin de te battre si personne ne te reconnaît, non ? Ce n'est pas honorable, mais comme je t'ai dit, c'est ta vie, pas la mienne. »

Alors qu'il parlait, le Gryffondor qui était fidèle à sa réputation de charmeur, coureur de jupon, s'était transformé dans sa version la plus sérieuse qui réfléchissait et envisageait chaque aspect d'un problème qu'on lui soumettait. En somme, il ne se comportait plus en garçon, mais bien en homme.

Elle semblait comprendre où voulait en venir Rhys. Effectivement, sans comprendre les intentions de son adversaire, sans réussir à lire en lui comme dans un livre ouvert. Oh, certes, on pouvait trouver des dizaines, voire des centaines d'exceptions à cette règle. Certaines têtes brûlées prenaient souvent des exemples assez sordides. Cependant, tous ces exemples avaient un point commun en général. Ils s'étaient tous fait battre par plus faible qu'eux. C'était d'ailleurs aussi pour ça que Rhys perdait parfois. Il était persuadé de connaître les sangs-purs en les réduisant à de simples vermines ayant un complexe de supériorité. Sauf qu'il savait la réalité plus complexe. Pourquoi s'entêter ? Car c'était son bouclier. Certes, il le rendait plus vulnérable, mais c'était aussi ce qui lui permettait de ne pas sombrer. Voire ceux qui l'avaient harceler comme des monstre indigne du titre d'humain, c'était plus simple à encaisser. Plus simple que réaliser le simple fait que même des harceleurs étaient des humains avec des amis et une forme de noblesse dans certaines de relation. Le monde n'était pas binaire, il était trop intelligent pour le penser. Néanmoins, vivre dans une illusion était parfois plus simple. Une forme de lâcheté qu'il s'autorisait qui, combinée avec son sarcasme et son irrévérence lui permettait d'être invincible mentalement. Cela lui permettait de manier la légèreté même quand il était sérieux. Alors que la Serdaigle, visiblement peu habituée à l'humour se tenta à un sarcasme, le Gallois gloussa. S'il avait été quelqu'un de gentil, il aurait félicité la demoiselle pour son trait d'esprit. Mais ce n'était pas un ange qui trônait sur son épaule, c'était un petit diable.

« Oh... Oui, sauf que ce n'est pas du sarcasme ça. Juste une assez juste prédiction. »

Il eut un petit sourire sans joie comme pour indiquer qu'il était sérieux avant d'éclater d'un petit rire accompagné d'une légère tape dans le dos qui s'apparentait plus à une petite poussette qu'à une vraie frappe comme il pouvait le faire avec Sobek.

« Je te taquine. »

Il avait pris la peine de préciser, non pas parce qu'il avait l'habitude, mais plus par empathie. Après tout, si la demoiselle n'avait pas l'habitude de l'humour, cela ne coûtait rien de lui indiquer quand il en faisait. D'ailleurs, c'était bien beau de lui dire qu'elle devait apprendre à comprendre les autres, si personne ne lui expliquait, elle ne risquait pas de progresser. Rhys n'était pas particulièrement bon juge dans le cœur des Hommes, il était bon uniquement pour reconnaître l'hostilité et sa paranoïa s'occupait de la ruse, mais s'il pouvait contribuer un peu aux progrès de la demoiselle, son futur copain n'en serait que plus heureux. Sans doute. Du moins, il l'espérait. Ce serait assez moche une histoire d'amour avortée, car la femme ne comprenait pas les sentiments d'un damoiseau qui n'arrivait pas à les exprimer... Si le garçon n'avait jamais connu l'amour, il aimait l'idée de ce sentiment, chez les autres tout du moins. Alors qu'elle lui expliquait sa résolution à prendre malgré ses avertissements des cours, elle lui rappela Alejandra. Il fallait dire qu'elle lui ressemblait comme deux gouttes d'eau, mais le Gryffondor avait mis ça sur le compte de son talent tout particulier. La laissant finir, il soupira. Visiblement, elles avaient le même problème.

« Dis-moi... Si tu es vraiment la soeur d'Alejandra... Ce qui explique la ressemblance... J'ai dû lui donner un cours en Sortilège et Enchantement dernièrement... Très jolie demoiselle... Même si c'est idiot de dire ça si tu es sa sœur jumelle. Bref, toi et elle avez le même problème... »

Il haussa les épaules, commençant à placer d'un coup de baguette des mannequins autour de la demoiselle. Il ne savait pas encore ce qu'il allait en faire, mais ça lui permettait de réfléchir et s'entraîner lui-même aux sorts informulés, non sans une certaine difficulté. En réalité, le vrai problème des sœurs Montero était qu'elles étaient trop gentilles. Peu importe à quel point elles disaient être mauvaises, chacun à sa façon, elles avaient un bon fond... Peut-être que leur environnement les avait poussées à évoluer, mais l'évolution ne rompait jamais de sa base. Quelqu'un de mauvais aurait beau se démener, il ne deviendrait jamais réellement bon. C'était d'ailleurs ce qu'il pensait de lui-même.

« Vous êtes sans doute des élèves studieuses, capables de bien bosser, mais vous n'arrivez pas à vous demander pourquoi on vous apprend des choses. Pourquoi on vous apprend le Stupéfix et le Protego ? Du moins... Pourquoi on vous apprend ces sorts-là et pas l'Endoloris et l'Avada Kedavra ? »

La question était rhétorique, mais il lui laissa quelques secondes pour y réfléchir. Ces deux derniers sorts étaient bien plus efficace pour faire souffrir quelqu'un, pour l'évincer. Pourtant, ils n'étaient pas enseignés. À Durmstrang, ils auraient été enseignés. Poudlard avait fait un choix différent, car jamais cette université ne voulait apprendre à ses élèves à faire souffrir autrui. L'objectif était autre. Il se donna alors pour mission de lui transmettre son point de vue d'une voix neutre, simple presque sans émotions sans le but de faire passer cela pour une banalité.

« Imagine la personne qui t'est la plus précieuse... Imagine bien son allure, son sourire, le son de sa voix, ses petites expressions habituelles. Maintenant, que tu as l'image bien ancrée, imagine-la au sol au milieu d'un groupe d'individus ou face à un seul individu qui s'approche d'elle, un couteau à la main, prêt à la faire souffrir... La peur que l'on ressent à ce moment-là... Ce n'est pas la lâcheté... Ni même la peur de faire souffrir l'autre. La peur que l'on ressent, c'est celle de ne pas réussir, celle de ne pas parvenir à protéger la personne à qui on tient... Car c'est de ça qu'il s'agit Selma... Ce n'est pas faire souffrir l'autre... Ce n'est pas un Stupéfix qui va la faire souffrir... On ne lance pas un sort pour ça... Sauf quand on a mauvais fond comme moi. Mais les gens comme toi, vous devez les lancer pour protéger les autres. Rien d'autre. Tu ne veux pas apprendre à te battre en réalité. Tu veux apprendre à pouvoir te protéger et à protéger les autres... Tant que tu verras la défense comme de l'attaque, tu auras ce blocage. Laisse l'agressivité aux gens comme moi... Toi concentres toi plutôt sur ce que tu veux défendre, sur ce qui te pousse à te battre vraiment. »

Tout le monde voulait être une bonne personne, pouvoir se regarder dans le miroir. Et ceux qui disaient ne pas l'être se lamentaient simplement de ne pas aimer ce qu'ils voyaient dans leur reflet. C'était le cas de Rhys. Il le pensait sincèrement ne pas être quelqu'un de bien, être vicié au fond de son cœur. Ce sentiment devenait de plus en plus important depuis peu. Était-ce la sixième année qui le tracassait ? Plusieurs fois depuis la rentrée, il avait fait preuve d'une ruse et d'une cruauté qu'il n'avait pas soupçonnée au départ. Certes, cela avait toujours été présent dans sa vie, mais pour la première fois, il en prenait peu à peu conscience n'aimant pas ce que ça impliquait. C'était pour ça que cela le faisait sourire quand Selma lui indiquait qu'elle le pensait être quelqu'un de bien contrairement à elle. Elle ne le connaissait pas. Et lui, ne la connaissait pas.

Il ne pouvait pas être sûr que la demoiselle était une bonne personne, mais dans ce qu'elle disait, il y avait une chose qui le frappait... Elle n'avait pas envie de faire du mal. C'était la nécessité qui la poussait à faire ce qu'elle faisait. Cela se confirmait quand elle parlait de sa sœur. Bon déjà elle s'était comportait comme une vraie sœur protectrice, le dévisageant de sa tête au pied. Quoi, il était si moche que ça ? Enfin, il ne fallait pas qu'elle se fasse des idées... Il n'était pas intéressé par sa sœur. En réalité, il n'était intéressé par personne autre que lui-même. Surtout, depuis qu'il savait pour l'ascendance de Thalia. Non définitivement, il était mieux seul sans attache. Cela ne voulait pas dire qu'il ne voulait personne dans sa vie, mais il voulait pouvoir les éjecter dès que cela devenait dangereux. Le rapprochement était dangereux. D'ailleurs, alors qu'il allait s’asseoir à l'opposé, appuyant son dos contre le mur pour l'écouter vider son sac, il se rendait compte que le principal point faible de Selma, c'était sa famille.

Bien sûr, il était surpris par la noirceur de ce qu'elle lui racontait. Certains auraient été horrifiés. Rhys de son côté souriait en coin. Trouvait-il cela amusant ? Non. En revanche, il aimait ce rappel de la réalité qu'il n'était pas le jeune homme qui souffrait le plus dans le château. Peu importait à quel point il rapportait tout à lui et à son sang... Il existait des gens qui côtoyaient réellement la mort... Lui, finalement, peu importe à quel point il souffrait, il n'était qu'un gamin en manque d'attention qui vivait une crise existentielle. Quelques séances chez le psychologue et le problème serait réglé... Selma de son côté ne pouvait pas en dire autant. Alors qu'elle finissait, tout comme sa sœur, par douter d'elle-même à la fin ne sachant pas pourquoi elle lui racontait ça, le Gallois laissa un blanc s'installer. D'une part, parce qu'il aimait la torturer un peu, se disant que ce silence allait lui faire croire qu'il se désintéressait du sujet ou qu'elle l'avait choqué. D'autre part, et c'était la part la plus importante, il avait besoin de réfléchir. Certes, le Gryffondor était impulsif, mais quand il le fallait, il aimait essayer d'être l'homme qu'il aurait pu être s'il n'avait pas été un petit garçon à sa maman si fragile.

« Tu racontes tout ça parce que ça te pèse... Et parfois, on a besoin de parler. Or, tu n'as personne à qui en parler... Car tous les gens à qui tu voudrais en parler sont les mêmes personnes sur qui tu ne veux pas trop peser. »

Il n'y avait pas besoin d'être doué en Legilimancie pour deviner les raisons pour lesquelles elles ne pouvaient pas en parler à sa sœur. Si elle avait un copain même chose... Ce petit Gryffondor souriant qui offrait son aide... Lui, on pouvait lui confier la chose, car finalement, il ne tenait pas à elle. Cette sympathie n'était rien d'autre que superficielle. Une fois leur cours terminé, elle retournerait à sa vie et lui la sienne. Quelle importance qu'elle parle de mort ? Elle ne faisait pas partie de sa vie. Même si elle se faisait expulser, ce n'était pas son problème. Pourtant, il ne s'arrêta pas là. Car même s'il disait être superficiel et ne pas être intéressé par elle, cela ne l'empêchait pas de compatir et vouloir, à sa mesure, l'aider.

« L'amour est le plus bel égoïsme qui existe... Cela se voit quand tu parles de ta sœur. Tu as raison, elle n'est pas que jolie. Mais je ne peux parler que de ce que je connais... Son sourire sincère, son rire qui ne donne qu'une envie, celle de sourire... Sa maladresse touchante... Sa détermination vacillante qui ne demande qu'à être soutenue... Tout ça... Je comprends que tu veuilles le protéger dans vos histoires de familles... Que je ne suis pas sûr de comprendre. Sauf que Selma... L'amour ce n'est pas que de vouloir mourir pour l'autre. Le plus grand sacrifice de l'amour... C'est de réussir à vivre pour l'autre. »

Il marqua une petite pause. Il était amusé par l’ironie de la situation. Il était incapable d'aimer... Il ne pensait qu'à lui. Incapable de sacrifice, chaque choix qu'il faisait, c'était pour lui, pour son bonheur, son honneur et sa gloire. Pourtant, il aurait sincèrement aimé être capable de ce sentiment. Un amour pur dénué de toute forme d'avarice, d'ambition et de gloriole... L'amour était égoïste, mais il n'avait pas à être cupide. Selma ne l'était pas. Encore un paradoxe, car c'était son manque de cupidité qui l'empêchait de voir sans doute le plus grand danger de sa volonté de prendre ses responsabilités.

« Maintenant, imaginons que ta sœur ait la même idée que toi... Qu'elle veuille prendre ses responsabilités et en arriver aux mêmes extrémités que toi... Peu importe le contexte, imagine que ce soit possible... En le faisant, elle perdra forcément une partie de son âme. Cette insouciance qu'elle a... Une forme d'innocence, même si je devine que c'est difficile d'utiliser un tel mot quand on parle de ta famille... En-tout-cas... Elle ne semble pas porter un poids sur ses épaules... Or, si en te protégeant, elle venait à détruire une partie d'elle-même... Ne détruirait-elle pas une partie de toi aussi ? Si ce sourire disparaissait à cause d'une mort de sa main... Est-ce qu'elle t'aurait vraiment protégé ? Oh, tu n'as pas à me répondre... Juste tout ce qui est vrai pour ta sœur... N'a aucune raison de ne pas l'être pour toi aussi. La vengeance est un jeu de fou. La seule chose que l'on ressent après c'est un vide... Qui nous pousse à le combler autrement. Je me contenterai d'un conseil. Si tu dois... Disons écarter quelqu'un... Ne cherche pas à le faire souffrir comme toi, tu as souffert. Fais ça vite. N'espère aucun soulagement au travers d'une agonie. Enfin... Tu m'as demandé de l'aide pour les duels, pas d'être ton ami, je suppose. Juste ce serait dommage qu'une bonne intention finisse en drame. »

Rhys ne comprenait toujours pas exactement de quoi il parlait. Il ne connaissait pas les détails et en vérité, il ne voulait pas les connaître. Encore une fois, il parlait un peu au travers de lui. Il n'avait jamais tué personne, en revanche se venger des autres... Il en connaissait un rayon. Or, jamais sa vengeance ne lui procurait pleinement satisfaction. Il aimait faire souffrir ceux qui l'avaient fait souffrir, mais une fois sa tâche faite, il se sentait vide et recherchait une nouvelle âme digne de son courroux. Cependant, c'était aussi sa plus grande faiblesse, car quand il s'amusait à faire souffrir les autres, c'était là où il était le plus faible. Chaque fois qu'il avait été chirurgical, frappant pour faire battre son adversaire, sans s'amuser à le torturer, chaque fois, il avait réussi son objectif. Se relevant et rapprochant des mannequins qu'il avait mis en position plus tôt, il se contenta de demander avec un petit sourire bienveillant.

« Par quoi on commence ? »