Rhys était resté un moment silencieux après la révélation de Selma, ce qui ne la gêna pas outre mesure. La jeune fille avait toujours préféré le silence à n’importe quel bruit, une salle obscure emplie d’ouvrage à la lumière éclatante d’une rue bondée, la solitude à l’oppression d’une foule. Peut-être que le Gryffondor n’avait tout simplement rien à répondre. Et après tout, elle ne lui avait posé aucune question. Tout ce que la Montero avait fait, c’était s’interroger elle-même, comme si elle avait eu besoin d’extérioriser ses doutes pour enfin en prendre pleinement conscience.
Le sorcier avait un petit sourire accroché au coin de ses lèvres et la cubaine était bien en peine d’en comprendre le sens. Aussi, elle détourna le regard, restant plantée dans la salle jusqu’à ce qu’il reprenne la parole. Elle aurait pu rester là jusqu’à la nuit tombée, perdue dans ses pensées, et peut-être ne l’aurait-elle-même pas vu disparaître. Mais le Gryffondor ne donna pas l’impression de vouloir fuir toute cette noirceur. Au contraire, il tenta de la rassurer en lui expliquant que son fonctionnement n’avait pour une fois rien d’inhabituel.
Pourquoi ne parlait-elle pas de tout cela à
@Sheraz Mahal ou à
@Alejandra Montero ? Parce qu’ils étaient les deux personnes qu’elle avait le plus à cœur de défendre. Ne voyait-elle à l'inverse Rhys que comme un outil destiné à parfaire sa vengeance ? Les yeux sombres de la cubaine se posèrent de nouveau sur lui en détaillant sa carrure carrée, sa manière qu’il avait de parler sans détour, usant de la même énergie qu’il mettait à combattre pour ce qu’elle en avait vu. La jeune sorcière avait beau avoir de grande difficulté à nouer des liens avec ses camarades, il lui apparaissait clairement que le Gryffondor était plus qu’un simple support d’exercice. Pour la première et bonne raison qu’il était toujours là devant elle à lui proposer noblement son aide malgré ses sinistres propos.
La deuxième raison, c’était que pour la première fois, elle entendait exprimer des compliments sur sa sœur si chère à son cœur. Alejandra avait beau incarner la perfection à ses yeux, ses camarades ne semblaient pas être du même avis qu’elle et sa jumelle s’était fait toute une ribambelle d’ennemis plus idiots les uns que les autres dans toutes les maisons du château. Mais Rhys, lui, avait su percevoir le cœur pur de la cubaine, vu la manière dont il en parlait.
Selma n’eut cependant pas le temps d’exprimer son contentement car déjà le duelliste la mettait face à sa propre contradiction. Tout portait à croire qu’Alejandra suivrait le même raisonnement qu’elle. Et quand bien même Selma allait jusqu’au bout de son plan et finissait par se briser, qu’adviendrait-il d’Alejandra ? Deux corps pour un même cœur, aimaient-elles se répéter lorsque les temps étaient durs et qu’elles n’avaient que le soutien l’une de l’autre pour survivre… S’il avait un temps exprimé le doute, voire un élan de pitié vis-à-vis d’elle-même, le regard de Selma s’était à présent affermi en se plantant dans celui de Rhys.
Il avait raison. Peu importait son choix, elle devrait en faire part à Alejandra pour qu’elles agissent ensemble. Deux mains pour un même geste. L’épée et le bouclier. Elles avaient toujours agi ainsi et c’était sans doute
ça l’étincelle qui maintenait leur résistance allumée.
- Nous agirons ensemble, répondit-elle d’un ton catégorique au gryffondor,
et nous agirons vite, je peux te le garantir.Il n’y avait plus de place ni au doute ni au regret dans sa voix alors qu’elle s’approchait de lui. Si ses cheveux avaient légèrement palis, variant de ton au cours de leur échange, ils avaient à présent retrouvé le brun ténébreux de ses iris.
- Merci Rhys. Je ne savais pas exactement à quelle aide m’attendre en venant te voir, mais avant même de commencer le combat, tu m’as déjà apporté plus que je n’aurai imaginé. Tu m’as écouté, tu n’as pas fui, tu m’as apporté des conseils avec franchise et droiture… Je serai honorée d’avoir la chance un jour de te considérer comme un ami. A présent… Attaque-moi !La sorcière se mit en garde à la manière cubaine, les jambes fléchies et pieds posés en perpendiculaire se déplaçant lentement sans perdre un seul instant son appui. Son poignet se tourna pour assurer la prise sur sa baguette, prête à la passer d’une main à l’autre ainsi qu’on le lui avait appris.