Bloody Hunter (Yara)

ft. @Aslak Dagoniat

La réponse de Kira ne fut accueillie par aucune forme de surprise. À peine par un léger sourire esquissé sur les lèvres de Yara.

« Je n’ai aucun doute sur tes convictions. Mais toute bonne chasseuse doit apprendre où est sa place, surtout quand elle débute et qu’elle a encore la vie devant elle pour accomplir son devoir. Morte, elle n’est d’aucune utilité si ce n’est la satisfaction de ceux qu’elle poursuit, Kira. Et c’est loin d’être ce que tu cherches. » Son regard se tourna vers Aslak juste avant qu’elle ne se baisse à hauteur de la Serpentard pour chuchoter : « C’est ton oncle qui me l’a appris, alors, prend-le comme un bon conseil. Mais ne lui dis pas que je t'ai dit ça.»

Hors de question de porter quelconque éloge ouverte au chasseur tant qu’il était dans cet état. Au lieu de ça, Yara préférait garder son respect et son admiration pour elle, dans le secret, d’autant qu’ils ne lui seraient d’aucun soutien tant qu’il était incapable de se sevrer.

D’ailleurs, le sermon d’Aslak qui avait suivi n’avait eu pour d’autre effet que de la convaincre de mettre son plan à exécution. Son mouvement de bras destiné à donner de l’élan à la monture du Dagoniat ne trahit aucune forme d’hésitation — bien au contraire. Sa mâchoire serrée et ses muscles tendus trahissaient toute sa volonté de déclencher en lui un quelconque sursaut, quoi que pouvait en dire Kira.

Mais en dehors de ces menaces qu’il ne mettrait pas à exécution — sauf s'il voulait s'attirer les foudres de @Jack Deschain qui n'hésiterait pas une seconde pour se lancer à sa poursuite pour la venger — sa réaction ne lui inspirait que de la déception. Une fois de plus.

Où est passé Aslak Dagoniat ?

La question, qui aurait été destinée à sa filleule, resta confinée dans le silence alors que celle-ci lui l'interrompait de son appel à l'aide.

S'excuser était un affront à sa propre personne que son égo n'aurait su supporter. Mais pour ce qui était de prêter main forte à une pair, c'était tout à fait dans ses cordes.

Yara ne retint pas ce long soupir qui la chatouillait alors que cette dernière s'élançait à la poursuite de son oncle.

« Caralho...Putain... », lâcha-t-elle, immobile, les bras croisés sur sa poitrine alors qu'elle observait les deux Dagoniat s'éloigner.

Un instant, elle envisagea de faire demi-tour, convaincue qu'elle n'obtiendrait rien de plus d'Aslak maintenant qu'elle avait fait fuir son poney de compagnie. Mais la scène qu'elle aperçut et entendit au loin la décida à aller de l'avant et à rejoindre les deux chasseurs.

Après tout, la plus jeune d'entre eux ne venait-elle pas de lui demander son soutien ?

Ses bottes claquaient le pavé dans la cohue, d'une démarche lente mais assurée. Une fois arrivée à la hauteur de tout ce petit monde, l'odeur du sang et de l'argent monta immédiatement à ses narines, la poussant à fermer les yeux temporairement.

Comment la situation avait-elle pu lui échapper à ce point ? Quoique fut la réponse à cette question, elle devait à tout prix mettre fin à cette rixe pour éviter de revivre un nouveau carnage, si peu de temps après celui qui hantait encore les rues de Pré-au-Lard.

« Vous avez terminé ? », demanda-t-elle à l'intention des trois abrutis qui venaient de s'en prendre à Aslak devant ses yeux. Sa voix était dure, inflexible et ses yeux ne prêtaient aucunement attention au morceau de papier qui se consumait tranquillement sur le sol. « Navrée de vous interrompre dans cette charmante discussion mais si quelqu'un doit remettre à sa place cet énergumène, c'est moi et seulement moi », ajouta-t-elle en parlant d'Aslak tandis qu'elle repoussait physiquement les trois malfrats, les uns après les autres, par une violente bousculade bien que deux d'entre eux venaient à peine de se relever. Visiblement, la gueule d'ange de Kira et son sort de feu brillamment exécuté avaient déjà suffi à les faire redescendre de leur soif de violence. « Vous n'avez quand même pas envie de vous mettre à dos les Dagoniat, n'est-ce pas ? »

Son ouïe, plus fine que la normale, lui avait permis de saisir au loin l'objet de leur agacement.

Si ces gars-là avaient l'envie profonde de chasser les hybrides, nul doute qu'ils avaient déjà entendu parler de cette éminente famille de chasseurs et que l'idée de les froisser suffirait à leur faire regretter leurs actions passées.

« ... Ni la Confédération internationale des Sorciers, j'imagine »,  poursuivit-elle avec assurance avant de leur présenter son badge associé, le visage fermé, intraitable. « Agent Morães De Carvalho. Dois-je appeler mes collègues de la BPM en renfort ou bien est-ce que vous allez vous calmer par vous-mêmes ? »

L'idée d'être assistée par ses collègues lui donnait la nausée au point que jamais elle ne les contacterait. Mais eux ne le savaient pas, et ils avaient de toute façon d'autres fléreurs à fouetter.

Après quelques secondes, le bilan était déjà d'un nez cassé, d'une main brûlée, d'une cuisse ensanglantée. Tout ça à deux contre trois. Mais pour autant, sortir sa baguette n'était pas encore à l'ordre du jour.

Le pouvoir de Yara envers d'autres sorciers qui se croyaient toujours plus forts et plus robustes était, justement, d'engager une autre forme de puissance qui lui appartenait. C'était là que son physique endurant, plus résistant que la moyenne et son autorité innée intervenaient.

Une autre leçon tirée des enseignements d'Aslak et qui lui permettait de tirer son épingle du jeu dans tous types de situations.

Même après toutes ces années.

ft. @Aslak Dagoniat

La méthode douce porta ses fruits plus vite que prévu. Dans un plop sonore, les silhouettes des inconnus s’effacèrent devant leurs yeux. Ils se retrouvèrent alors tous les trois.

Si ça n’avait tenu qu’à elle, Yara n’aurait pas hésité à user de ses talents en combat rapproché pour faire payer leur affront envers les Dagoniat aux trois joyeux lurons. Mais son affectation auprès de la plus grande institution internationale de leur monde la forçait à réfléchir à deux fois avant d’agir. Aslak devait comprendre qu’elle n’avait plus 20 ans et que ses responsabilités d’adulte chevronné l’obligeaient désormais. Mais Aslak était Aslak et il avait toujours eu horreur des emplois salariés. Seule Kira se montrait redevable envers la chasseuse et ses remerciements furent accueillis par un mouvement de tête étrangement modeste.

Le doyen de la fête, lui, en profita pour prendre congés. Le voyant s’affairer avec sa monture, Yara se contentait de l’observer et de l’écouter, les bras croisés sur sa poitrine. Ainsi donc, un Nian avait été vu aux abords de la forêt interdite…

Cette information l’intéressait, mais pas pour les raisons qu’Aslak aurait pu imaginer.

Dans ce qui semblait être une autre vie, Yara avait toujours nourri un profond respect pour les créatures magiques et la nature en général. La faute aux enseignements de Castelobruxo, sans aucun doute, au pays où elle était née, mais aussi aux liens étroits qu’elle avait entretenu autrefois avec les peuples de l’eau. L’un de leurs enseignements principaux était que l’équilibre de la nature ne saurait être préservé si on ne faisait pas le choix de la laisser faire au gré de ses envies. Les Nian, malgré leur férocité légendaire et la monstruosité qu’ils représentaient, participaient à leur manière au maintien de cet équilibre. Aslak Dagoniat ne pouvait rien intenter pour aller à l’encontre de ce précepte. Et s’il ambitionnait de le faire, alors Yara devait à tout prix l’en empêcher. Il n'y avait que deux raisons qui pouvaient la pousser à tuer un être vivant à ce jour : s'il s'agissait d'un lycan, ou si elle y était obligée de par son métier, pour le bien de sa couverture.

Aussi, elle ne confirma ni n’infirma sa présence, même si elle savait par avance qu’elle ferait tout pour préserver cette vie animale, et que cela passerait certainement par le sabotage de cette chasse à venir.