J’en avais assez vu. Observant Dilshad revenir dans la mêlée, je fis une grimace et je soupirai. La journée allait mal finir si je n’agissais pas, et rapidement. Plusieurs options s’offraient à moi, et je devais dire que l’idée de réduire à néant Crowley était celle qui me plaisait le plus. Mais, tout comme Dilshad, j’avais une responsabilité dans cette vie, c’était celle des étudiants et de leurs sécurités. Mais pas que. Celle aussi de mes enseignants. Alors, enlevant mon chapeau, je sortis une étrange clochette, aux ouvrages et aux gravures anciennes, que j’agitais rapidement. Bras croisés, j’attendis quelques secondes… L’espace d’un instant je passais pour un idiot mais…
Plusieurs détonations de transplanages se firent entendre. Un demi bataillon d’Auror, au nombre de 6 apparurent, entourant une silhouette connue de tous. La foule fut soudain muette, devant l’apparition soudaine du Ministre de la Magie.
Il balaya la foule du regard, de son habituel regard élégant et distingué. Son regard s’attarda sur Crowley, Dilshad le visage en sang, puis il se posa sur moi. Bras croisés, je le regardais droit dans les yeux.
« C’est donc comme cela que vous utilisez le canal d’urgence entre Poudlard et le Ministère, Directeur Korrigan ? »Plus personne ne parlait. Je regardais le Ministre et je me mis alors à soupirer. Désignant Dilshad de la main, je commençais à réfléchir comment expliquer la situation. Les Auroros commencèrent quand à eux à séparer la foule et à dire à tout le monde de rentrer chez eux.
« Je le crains, car un drame a certainement failli arriver si je n’avais pas eu le présence d’esprit malheureuse de vous appeler, Monsieur le Ministre. »
Je regardais alors Crowley droit dans les yeux. J’avais des droits, en tant que Directeur de Poudlard, qu’il ne soupçonnait pas. Il existait un canal d’urgence que je venais d’agiter, pour les situations extrêmes où nous devions parler immédiatement. Et je venais d’avoir le regret de l’utiliser. Il était établi dans un protocole complexe, en cas d’intrusion, ou de fait avéré grave à Poudlard. Autant dire que ce n’était pas tellement ma juridiction sauf que…
« Il se trouve que j’étais en train de réfléchir avec le Professeur Zaman à une manière d’améliorer nos cours de Métamorphose à Poudlard sur cette célèbre allée. Je vous passe les détails techniques, mais nous étions en train de vérifier si la Loi de Guliss pouvait s’appliquer sur des métaux magiques précieux et si le cours était effectivement pertinent pour les étudiants ou non. Monsieur Zaman me soutenait que tous les étudiants devaient avoir accès à ce savoir, alors que je lui soutenais qu’il était plus judicieux de ne le réserver qu’aux étudiants spécialisés en Transfiguration avancée. »C’était du blabla. Que je venais d’inventer bien évidemment mais après tout personne n’était sensé savoir les sujets de nos conversations avec Dilshad. Plusieurs badaux étaient encore là malgré les Aurors. On voyait clairement que le Ministre ne voulait surtout pas entâcher sa propre image et sa propre réputation. Ces derniers ne faisaient que les repousser gentiment, contrairement aux hommes de Crowley auparavant. Plusieurs personnes regardaient depuis les fenêtres et nous étions devenus une attraction, certaine de paraître demain à la Gazette du Sorcier, sous la plume Ministérielle bien évidemment…
« Bref. Alors que nous nous baladions en débattant comme le fond les enseignants d’une école prestigieuse et civilisée, vos agents sont intervenus pour une mission particulière. Je ne suis personne pour juger votre politique, et j’ai un devoir de neutralité. Alors bien m’en a pris de ne pas m’approcher. En revanche, mon enseignant a voulu regarder de plus prêt votre nouvel outil, qu’il croyait dur comme fer de sa conception, mais dans une version légèrement modifiée. L’Agent Crowley s’est bien restreint de lui répondre par les mots et son équipe a simplement répondu par la violence et me l’a mis dans l’état que vous voyez présentement. »Je désignais Dilshad d’un mouvement sec et sérieux de la main. Beaucoup de personne étaient rassemblés désormais et on voyait que le Ministre m’observait d’un air calculateur. Il venait bien de comprendre le piège bien ficelé dans lequel je l’avais embarqué malgré lui.
«Quand j’ai voulu m’expliquer avec l’agent Crowley, il ne semblait pas tellement enclin à me répondre. Me considérant comme un simple citoyen. Or, s’il était aller à l’Université assez longtemps, il devrait savoir que selon l’article L-214 du Code des Sorciers Britanniques daté de 1785, il est du devoir du Directeur d’assurer la sécurité des étudiants et de son personnel lorsqu’ils sont en service... »
Je sortais une montre à gousset et je regardais cette dernière d’un air calme et posé.
« Nous sommes le Vendredi 22 Mars 2023, et nous sommes tous les deux des agents de l’état magique en service, même hors des murs de Poudlard. Il est fort fâcheux je le crains d’en arriver à une pareille situation sans arriver à dialoguer, surtout quand le dialogue est impossible et visiblement à sens unique et fait uniquement de violence et de non respect des lois. C’est pourquoi j’ai utilisé le canal d’urgence, car vous connaissez l’adage, adressez vous à dieu et non à ses saints. »Il tiqua. Et je savais pourquoi il tiquait. Outre le fait que nous étions des sorciers, j’étais Irlandais, et il était Anglais. Nous n’avions pas la même éducation, et malgré le monde magique, les règles du monde moldu et la sinistre histoire des guerres de religions entre l’irlande et la grande bretagne nous suivait comme la peste.
« Je n’ai malheureusement pas accès aux services du supérieur de Monsieur Crowley. Et je n’ai d’oreille que vous, donc désolé de vous avoir importuner dans quelque chose de certainement plus important, mais il est de mon devoir et de mon droit en tant que Directeur de rappeler la loi quand il s’agit de mes usagers... »Tout le monde avait parfaitement entendu. Et de toute manière, je savais que devant ,n’importe quel tribunal, les articles de lois me donnaient tous raisons. Le Ministre serra des dents et se tourna alors lentement vers Crowley. Il fixa le pendentif et il dut se demander de quelle manière cet imbécile avait bien pu l’utiliser… La discrétion n’était pas le fort des Chasseurs…
« Très bien. Il est fâcheux d’en arriver là pour un simple incident je crois. Il est inutile d’entamer une procédure Monsieur Korrigan, car il n’est jamais bon de voir deux services Ministérielles se faire la guerre… la Sécurité, et l’Education ne sont qu’une facette d’une même pièce… Agent Crowley ? »Il se tourna alors vers la dites personne. Même si au fond, il soutenait ce brave soldat à qui il avait donner l’ordre de Merlin par pur exemple et pour qu’on lui voue un culte, il était piégé et il ne put que dire :
« M’expliquerez vous la situation ? Pour ce qui est de l’artefact, je crains cependant, avant que chaque partie ne puisse répondre, qu’il est désormais placé sous le statut d’intéret supérieur de la Défense. En revanche, frapper un fonctionnaire n’était pas la meilleure des choses à faire… Avez vous une eu une raison pour agir de la sorte ? »
On voyait que sa mâchoire se contractait. J’allais certainement le payer. J’avais encore perdu des points, à une cause qui m’échappait. Mais au moins, personne n’irait en prison aujourd’hui.