A Ballet On Eggshells

ft. @Aphrodite Longerbane

Au petit matin du 4 mars, toute la tablée des Serpentard n'avait qu'un seul sujet à la bouche. Le bruit en avait même fini par se propager aux autres maisons voisines, qui n'avaient d'autre choix que d'y aller, elles aussi, de leurs théories et de leurs hypothèses, toutes plus farfelues les unes que les autres.

Ce qui était certain, c'est que tout le monde semblait avoir son petit avis sur la question — tout le monde, sauf Siobhán. La préfète de la maison des vert-et-argent avait pris une puissante potion de sommeil la veille et ne savait même pas comprendre de quoi il était question. Elle avait alors interrogé Martin, qui déjeunait souvent non loin d'elle ces derniers temps, et son résumé ne l'avait pas franchement aidée à y voir plus clair.

« Il s'est passé un truc dans les cachots cette nuit. T'es pas au courant ? Mais t'étais où d'ailleurs ? Toute la maison était en dehors des dortoirs. » Sa mâchoire se serra en entendant ses mots. Probablement parce qu'aucune excuse ne serait suffisante pour justifier son absence au vu de la bombe qu'il s'apprêtait à lâcher sans aucune restriction. « Quelqu'un a tagué les murs de l'entrée de la salle commune. Un truc genre "Mes voeux de bonheur à Chelsea et Atreus Lobgerbane", ou quelque chose du style. Elle était folle, Waldorf, t'imagines ! Elle a pété un plomb. T'as vraiment loupé un truc de fou Korrigan. »

Les sourcils de la vélane se froncèrent davantage alors qu'elle répondait un simple « Je veux bien te croire », à voix basse. Puis, relevant son regard vers lui, elle l'encouragea à continuer. Elle sentait qu'il y avait autre chose, et il ne se fit pas prier :

« Puis y a la nouvelle, là... Grace Davis. Quelle affaire... »

À ces mots, elle tâcha de ne pas réagir pour éviter de trahir sa stupéfaction. Ce nom, elle l'avait déjà entendu quelque part.

Grace Davis...

Elle dut puiser dans les recoins de sa mémoire pour se rappeler pourquoi ce nom sonnait si familier à ses oreilles. La note de @Xris Andērson, arrivée juste à temps pour l'interrompre en plein milieu d'une nouvelle session de recherches à la bibliothèque quelques jours plus tôt, lui revint subitement à l'esprit.

Comment la fille du directeur avait-elle pu passer à côté de l'information ? Pourquoi ne s'était-elle pas empressée de faire ce que son rôle au sein de l'école demandait ? Pourquoi le nom de Grace Davis avait-il été si vite écrasé par ces autres noms qui la hantaient ?

@Céleste Delacroix.
@Eynaelle Sanderson.
Arès Longerbane.

Siobhán sentit sa gorge se nouer. Martin, lui, jubilait de se voir offrir une telle tribune devant son bol de céréales trempés dans une mare de lait. Sûr que lorsqu'il reprendrait le fil  de son petit déjeuner, la mixture serait devenue immangeable. Mais sa camarade ne l'interrompit pas pour autant.

« Elle s'est mise à pleurer comme ça sans raison, j'te jure, comme si quelqu'un était mort... Bon, après tout on sait pas, peut-être qu'ils sont tous morts les Longerbane, d'ailleurs. Et s'ils sont pas encore morts, ça va peut-être venir... On en sait rien ! M'enfin se mettre dans des états pareils pour quelqu'un que tu connais pas... C'est impossible. Du coup elle s'est reçu un sort de confusion, c'est certain. Ça peut pas être autrement ! Et ce matin elle est introuvable. Probablement à l'infirmerie. Ces Yankees, qu'est-ce qu'ils sont fragi... MAIS HÉ ! J'AI PAS FINI ! »

Siobhán en aurait probablement perdu l'appétit si elle en avait eu ne serait-ce qu'un peu à perdre. Mais le mois de février avait eu son lot de complexités, et celui de mars qui s'amorçait ne s'entamait pas sous de meilleures augures avec ce qu'elle venait d'apprendre.

Elle avait quitté la table d'un coup, jugeant qu'elle en avait suffisamment entendu et laissant dans son dos un Martin très déçu de n'avoir pu partager son avis complet sur les Américains et leur sensibilité légendaire. Et puis, il n'avait même pas eu le temps de lui raconter la galère des brigadiers pour nettoyer le mur !


La nausée l'avait ensuite suivie toute la journée, et toute la nuit, puis la journée d'après aussi, de salle de classe en salle de classe. Son estomac était gonflé de cette culpabilité aux multiples facettes.

D'abord, elle était passée complètement à côté de l'arrivée d'une nouvelle élève dans sa propre maison. Elle qui se faisait une obligation de réserver un accueil digne de ce nom à tous les entrants dans les nobles quartiers de Salazar Serpentard, d'autant plus en cours d'année...

Ensuite, elle avait dormi d'une traite toute la nuit pendant que les nobles quartiers de Salazar Serpentard, dont elle avait la garde, se faisaient vandaliser. Cerise sur le gâteau,  @Chelsea L. Waldorf s'était faite harcelée de la plus violente des manières.

Heureusement pour Siobhán, son emploi du temps au lendemain des méfaits lui allouait deux heures de tranquillité dans l'après-midi, le temps de se remettre de ses émotions et éventuellement, de trouver une solution pour réparer ses impardonnables et nombreux manquements.

Ce n'était pas parce qu'elle était la fille du directeur qu'elle devait bénéficier d'un traitement de faveur et clairement, ces derniers temps, Siobhán avait failli à la mission qui lui avait été confiée. Rectifier le tir n'était dès lors plus une option, mais une nécessité.

Comme si la providence l'avait entendue au fil de ses pérégrinations dans l'immense château, sa route croisa par hasard celle d'une élève qui portait des vêtements aux couleurs de Serpentard, et dont le visage ne lui disait rien.

« Grace ? », tenta Siobhán, le visage moins lumineux qu'à son habitude mais la voix teintée d'une certaine douceur qui donnait parfaitement l'illusion que son intérieur n'était pas actuellement remué comme le tambour d'une machine à laver.

La jeune femme semblait perdue dans la contemplation d'une tapisserie qu'elle connaissait bien. Mais ses souvenirs n'étaient clairement pas les bienvenus si c'était vraiment la fameuse Grace Davis qui se trouvait en face d'elle.

Plutôt que de lui faire un cours d'histoire de l'art, Siobhán n'allait pas laisser passer sa chance de se rattraper, bien qu'elle se doutait qu'il lui fallait faire preuve d'une grande délicatesse au vu des événements de la veille.

« Enchantée, je suis la préfète de Serpentard. Siobhán Gavalagh-Korrigan... Je suis heureuse de faire enfin ta connaissance. »

Ainsi, elle éludait complètement s'être rappelée de son existence seulement la veille au matin.

« Et complètement navrée de ce qu'il s'est passé hier dans la nuit, je... »

À nouveau, sa gorge se serrait. Tant pis pour les apparences. Elle n'avait plus la force de faire semblant et de continuer de jouer son rôle de Madame Parfaite. Tout ça n'était qu'un écran de fumée. Et de toute façon, Grace s'en était probablement déjà rendue compte.

« Pour être honnête, je prends une potion de sommeil et je ne t'ai même pas entendue sortir du dortoir... Je n'ai pas du tout réalisé le grabuge qui a suivi et je n'ai appris ce qu'il s'était passé qu'hier matin. Les graffitis avaient disparu, j'imagine que ce sont les brigadiers qui les ont effacés... »

Siobhán y avait passé tellement peu de temps ces dernières semaines que pas une fois, elle n'avait croisé la petite nouvelle, trop déconnectée pour ne serait-ce que se rendre compte qu'un lit vide avait trouvé preneur. La honte empourpra légèrement ses joues.

« Je sais que tu n'es pas là depuis longtemps et que je n'ai même pas été là pour t'accueillir dignement. Mais je compte bien tirer au clair cette affaire. Et me faire pardonner pour ce cruel manque d'organisation dont j'ai fait preuve... »

Son attitude trahissait une réelle envie de réparer ses erreurs. Quant à savoir si Grace Davis la laisserait faire, c'était une toute autre histoire.

ft. @Aphrodite Longerbane

Le sourire qui accueillit ses propos fut suffisant pour ajouter un peu de baume sur son cœur. Certes, il aurait pu être plus grand, plus large. Mais étrangement, la taille de celui qui venait de lui être adressé était amplement suffisante au vu de la nature des aveux qui l'avaient précédé. Siobhán pouvait donc largement s'en contenter et la réaction de la jeune femme la mit dans de meilleures conditions pour reprendre son rôle là où elle l'avait arrêté.

« En effet », grimaça-t-elle sans même s'en rendre compte.

C'était même un euphémisme que de dire que certaines personnes avaient été plus touchées que d'autres, étant donné qu'elle-même pouvait compter parmi ces certaines personnes. Mais elle ne pouvait décemment pas se montrer plus démonstrative que ce simple constat, pour des raisons évidentes. Il en allait de sa sécurité et de celle de sa famille.

Aussi, elle préféra profiter de la perche qui venait de lui être tendue pour rebondir sur ses propos, une esquisse de sourire au bord des lèvres. Le manque de sommeil l'empêchait de se montrer plus enjouée qu'elle ne l'était déjà - c'est-à-dire bien trop peu pour accueillir décemment une nouvelle arrivante au sein de la maison dont elle avait la garde en tant que préfète.

« Oh, c'est vrai, Xris me l'a dit dans sa lettre, tu viens de loin ! Je suis d'autant plus impardonnable qu'il m'a prévenue de ton arrivée le jour de ton transfert et... » La fatigue l'empêchait de filtrer ses propos, mais elle se reprit avant même de chercher une excuse invalide qui, de toute façon, n'avait pas lieu d'être. Elle était, à juste titre et comme elle venait tout juste de le préciser, impardonnable. « Tu viens des États-Unis, c'est bien ça ? Je sais que nous avons pour coutume de nous taquiner entre britanniques et américains, mais ce qui t'est arrivé est intolérable et je serai intransigeante, tu peux me faire confiance. C'est allé beaucoup trop loin, y compris vis-à-vis de @Chelsea L. Waldorf. »

Malgré son piteux état, son menton n'avait pas perdu cette fâcheuse habitude de se relever dès qu'il s'agissait de laisser transparaître son égo. L'étudiant qui avait tenu entre ses doigts la bombe de peinture n'avait qu'à bien se tenir (@Alejandra Montero).

Car s'il était clair que les vivants n'avaient rien vu, nulle doute que les morts, eux, n'avaient encore eu le loisir de s'exprimer sur la question.

Grace pouvait bien dire ce qu'elle voulait pour l'adoucir ; Siobhán n'était pas partie pour faire l'impasse sur ce qui s'était produit, surtout si cela lui pouvait lui permettre de rattraper ses erreurs passées.

Une tâche à laquelle elle s'affairait d'ailleurs dès à présent.

« Très gentils ? Vraiment ? », demanda-t-elle, un sourcil arqué. « J'apprécie beaucoup que tu veuilles me préserver de la piètre mentalité des Serpentard, mais je sais qu'ils ne sont pas parmi les plus réputés pour leur sens de l'accueil, malheureusement », regrettait amèrement la demie-vélane. « C'est une bonne chose que tu aies rencontré @Xris Andērson, en revanche. Il compte parmi les meilleurs d'entre nous. Il peut paraître un peu froid de prime abord mais c'est quelqu'un de bien, un véritable ami sur qui on peut compter », confessa-t-elle avec un sourire en pensant à lui.

Il s'était montré présent plus que n'importe qui ces derniers temps. D'une certaine manière, et parce qu'ils avaient chacun perdu quelqu'un avant de travailler ensemble à les retrouver, ils se comprenaient et son amitié était un véritable pilier au quotidien.

« D'ailleurs, avez-vous déjà eu l'occasion de faire le tour du château ensemble ? Sinon, on peut s'y mettre dès à présent. Enfin, si tu n'as rien d'autre de prévu et que tu n'as pas déjà tout vu », reprit-elle pour ne pas brusquer son interlocutrice et lui laisser une porte de sortie.

Ça aurait été un comble pour elle de s'imposer dans sa vie après s'en être aussi  soigneusement tenue éloignée depuis son arrivée...

ft. @Aphrodite Longerbane

Étrangement, la mention de @Chelsea L. Waldorf ne passa pas inaperçue aux yeux de Grace. Pendant un court instant, Siobhán avait imaginé le scénario le plus probant à ses yeux : à savoir que la première année allait certainement contribuer d'une façon ou d'une autre à corroborer ses propos à venir sur les Serpentard et leur sens inné(xistant) de l'accueil.

Il fallait dire que depuis l'arrivée de la Waldorf entre les murs de Poudlard, celle-ci s'était illustrée par bien des manières à ses yeux. Et le moins que l'on pouvait en dire, c'est que personne n'était indifférent à celle qui s'était imposée au fil des semaines comme l'une des grandes personnalités de l'école. À commencer par Siobhán qui lui devait, en partie, une montagne de papiers administratifs venus enterrer son mariage.

Mais les propos de Grace à son sujet la surprirent. D'abord, parce qu'elle prit immédiatement sa défense et que ça n'était pas forcément la réaction la plus évidente à son sujet. Ensuite, parce qu'un quiproquo venait apparemment de naître sous ses yeux alors même que Siobhán avait dû se faire violence pour masquer son opinion sur l'étudiante.

« Oh, non, je me suis mal exprimée », précisa-t-elle avec un léger sourire. « Chelsea est aussi une victime dans cette affaire et justement, je ne comptais pas laisser impunie cette tentative d'intimidation à son égard... Pas plus que celle qui t'a touchée. »

Ses sourcils se froncèrent alors qu'elle s'affairait désormais à sonder la réaction de son interlocutrice, de plus en plus convaincue qu'un élément lui échappait. Son sourire s'effaçait à mesure qu'elle réfléchissait sur la question.

« Pourquoi penses-tu que j'aurais pu avoir une bonne raison de lui en vouloir ? Est-ce qu'il y a quelque chose que Martin ne m'aurait pas dit hier matin ? »

Et la voyant mettre beaucoup d'efforts pour édulcorer la maison des verts-et-argent qui n'était pas reconnue non plus pour sa gentillesse, son sourire signa finalement son retour sur son visage fatigué. Sa première impression sur l'étudiante était positive et cet optimisme lui faisait si chaud au cœur qu'elle se promettait de ne plus rien faire pour tenter de la convaincre du contraire.

« Je suis sincèrement heureuse que tu sois bien tombée, Grace. @Lheina Fahey est une cousine éloignée, et certainement pas du genre à parler dans le dos des gens, je te rassure. Martin... Et bien, c'est Martin. Il est adorable mais il parle beaucoup tout court, alors pars du principe que tout ce que tu lui diras, le château finira par le savoir aussi, ce sera plus simple », expliqua-t-elle, un peu rassurée et plus détendue, sans remarquer que ses propos sur @Xris Andērson restaient lettre morte. Sans doute la faute à ce cerveau qui, lui aussi, n'y voyait pas toujours très clair.

« Dans ce cas, ce serait un honneur d'être ton guide. Poudlard est si grand, je ne sais pas si nous aurons suffisamment de temps pour tout voir mais ce sera déjà ça... Qu'en dis-tu ? Cela nous permettra de faire plus ample connaissance et j'en serais tout à fait ravie. »

Et si cela pouvait lui permettre de perdre pendant quelques heures le fil de ses pensées les plus sombres...

ft. @Aphrodite Longerbane

Alors que Grace insistait pour ne pas donner à cet événement les proportions qu'il méritait, Siobhán ressentait avec encore plus de vigueur l'envie de la venger ou a minima de rectifier le tir.

De ses premières impressions, il y avait chez cette jeune femme une douceur naturelle, une sincérité presque curieuse, un sens inné de la bonté qui donnait envie de la protéger férocement, plus encore que ce qu'elle croyait sans doute mériter en tant que dernière arrivée.

Et ainsi, plus elle cherchait à empêcher la bosse d'enfler, plus Siobhán campait sur ses positions, persuadée qu'il s'agissait de la bonne attitude à tenir et que c'était exactement pour des gens comme Grace que son rôle de préfète lui importait.

« J'ai été trop souvent ailleurs ces derniers temps. J'ai laissé passer trop de choses juste sous mon nez seulement... parce que je ne pouvais pas les voir. Tu ne me feras pas changer d'avis, Poudlard a besoin de rigueur, surtout en ce moment », insista-t-elle avec assurance.

C'était l'excuse qui paraissait la plus juste à servir à ce stade de leur discussion. Elle ne pouvait tout de même pas lui avouer que tout en elle lui donnait envie de faire les choses bien, ni qu'elle commençait à avoir l'impression de l'avoir toujours connue quand bien même c'était la première fois qu'elles se voyaient.

Grace l'aurait prise pour une folle et même si l'avis des autres lui importait peu, bizarrement, celui-là avait une certaine importance.

« Mais promis, je ferai en sorte de leur éviter Azkaban », reprit-elle en faisant mine de lui glisser un secret, non sans un petit sourire pour venir adoucir ses propos.

Et ceux de Grace concernant Chelsea vinrent confirmer ce qu'elle avait pensé au sujet de l'Américaine un peu plus tôt.

En plus de chercher à défendre l'indéfendable, le harcèlement, elle semblait chercher le meilleur chez les gens, même quand la majorité se contentait de pointer du doigt le pire.

Siobhán s'évertuait à en faire de même, à ne pas se fier aux opinions des autres quand ils s'agissait de se forger le sien, mais parfois, leurs actions donnaient raison aux bruits qui circulaient à leur sujet.

« Avec son journal, Chelsea a le moyen de blesser beaucoup de monde », admit Siobhán, rassurée que Grace n'ait pas répondu par la positive à sa question. Mais dans le doute, Martin se ferait sans doute un plaisir de reprendre son récit. « C'est évident que dans ces conditions, il peut être difficile de se faire des amis - ou en tout cas, de ne se mettre personne à dos », tempéra la demie-vélane.

Pour en avoir fait les frais quelques mois plus tôt, ces propos auraient pu passer pour un euphémisme. Son divorce soudain et inattendu avait laissé des séquelles indélébiles, que seule une personne lui avait permis d'oublier.

Et ainsi, Arès Longerbane revenait dans ses pensées. Ça en devenait presque barbant tant cela devenait une habitude.

Cette visite improvisée arrivait à point nommé.

« Bien. Je te propose de commencer notre petit tour par... ici-même », enchaîna-t-elle avec un sourire en pivotant légèrement vers le mur vide opposé à la grande tapisserie de Barnabas Le Follet.

Tout pour éviter de repenser à certaines discussions qui avaient eu lieu devant cette même œuvre d'art.

De ses yeux, elle s'assura néanmoins que le couloir était vide avant de poursuivre sur sa lancée.

« C'est sûrement l'un des secrets les mieux gardés de Poudlard mais je ne pense pas qu'il y ait de bonne visite guidée sans mystère alors... » Une pointe de malice retrouvée fuita à travers ses mots. « Grace, nous nous trouvons juste devant... La salle sur demande ! »

Ses deux bras montraient un simple enchainement de pierres blanches les unes sur les autres, mais a priori, rien qui ressemblait à l'entrée d'une quelconque salle...

ft. @Aphrodite Longerbane

L'attention portée à la défense de Chelsea Waldorf la fit grincer des dents. Tenter de tempérer sa propre opinion au sujet de la première année était une chose, devoir approuver des propos légitimant son comportement en était une autre. Malgré elle, Siobhán avait la mâchoire serrée, les yeux voilés d'une tristesse légitime en repensant à l'échec de son mariage, quelques mois plus tôt. La Serpentard était loin d'être la fautive dans ce fiasco, mais elle avait tout de même était la première à allumer la mèche, puis, une fois le feu attisé, à venir danser sur les braises.

« J'espère de tout mon cœur que tu ne te retrouveras pas sous la lumière de ses méfaits », argua Siobhán sans pouvoir s'empêcher de laisser entendre à demi-mot qu'elle-même s'était retrouvée du mauvais côté. « Tant que ton discours est celui-là, c'est que tu n'en as pas subi les conséquences et cela me convient parfaitement. Tant que cela ne change pas. »

Le reflet de sa propre expérience passée devait se lire dans ses yeux, mais il n'était pas question d'influencer une nouvelle arrivante avec ses propres sentiments. Siobhán croyait en la force du libre-arbitre, intransigeante quand il s'agissait de se faire sa propre idée des gens ou d'une situation. Ce n'était pas pour ôter ce droit à quelqu'un qu'elle ne connaissait pas et sur qui elle n'avait aucun droit, en dehors de ceux que son rôle de préfète imposait.

Et d'ailleurs, elle s'efforçait de mettre de côté cet échange pour s'adonner pleinement à cette visite guidée improvisée.

Pourtant, quelque chose dans l'attitude de la nouvelle recrue de sa maison lui donna l'impression qu'un détail venait de lui échapper. Siobhán mit tout de suite ce changement d'attitude sur le coup de la déception.

« Oh. Tu connaissais déjà cet endroit, pas vrai ? C'est sûrement pour ça que je t'ai trouvée ici, d'ailleurs, maintenant que j'y pense. Mais dis-moi, qui a vendu la mèche aussi vite ? Je sais que tout va très vite à Poudlard, mais c'est généralement un des rares secrets qui parvient à se garder... »

Sa première intuition allait naturellement vers ce bon vieux Martin, mais encore fallait-il que lui-même soit au courant et bien que Siobhán savait le pouvoir des oreilles à rallonge, elle n'aurait pas forcément misé sur cet étalon. Mais alors, qui ?

« Tu es bien renseignée, en effet. Je serais curieuse de connaître l'identité de tes informateurs, surtout si j'apprends qu'ils m'ont gâché l'essentiel de ma visite ! »

Car bien entendu, elle n'avait jamais envisagé un circuit touristique comme il s'en trouvait déjà dans tant de livres que  @Yaslana Yamatao aurait pu prêter...