A Ballet On Eggshells

5 mars 2024 Il y avait tout de même une étrange récurrence dans les médisances qui suivaient la fiancée d'Atreus comme une traînée de poudre. Aphrodite savait bien à quoi s'en tenir et d'où cela venait. Mais sous les traits de Grace Davis, elle ne pouvait guerre s'épancher. De toute manière, elle ne l'aurait certainement pas fait, par respect pour la principale intéressée.

« Oh... il n'y a rien de très intéressant à dire à mon sujet. Pas de quoi tenir plus qu'un tout petit paragraphe en tout cas. », répondit-elle, apparemment assez sereine.

Il n'y avait rien que Chelsea aurait pu révélé qui se trouve avoir une réelle importance aux yeux d'Aphrodite. Pas même les sentiments qu'elle peinait à dissimuler quand elle se trouvait à portée de vue du capitaine des Serpentards. Mais ça ne suffirait pas à révéler d'elle ce qu'il y avait de véritablement intéressant...

Elle en déduisit tout de même, au ton de Miss Siobhán, qu'elle, ne pouvait pas en dire autant. Elle se demandait bien ce que Chelsea avait bien pu trouver à dire pour se gagner l'évidente inimitié de la préfète. Un sourire suffit en guise de réponse. Aphrodite était bien trop respectueuse de la vie privée des autres pour s'engager sur ce terrain-là. Et puis, elle voyait bien que l'irlandaise faisait au mieux pour réserver la substantifique moelle de sa pensée, dans un souci, sans doute, de préservation de la paix des ménages. Cela aussi, paraissait respectable. Un instant, Aphrodite regretta fortement qu'Ares ait tant et si bien fait qu'il les avait en quelque sorte privés de mieux connaître Miss Korrigan. Elle croyait encore entendre Lady Antonia tempêter après lui et son manque de transparence.

Laissant les mots s'envoler, la jeune femme s'apprêtait à suivre Siobhán quand là révélation de leur destination lui fit l'effet d'un coup d'arrêt. La salle sur demande. Comment faire semblant maintenant alors qu'elle avait, de toute évidence, donné à lire en elle comme dans un livre ouvert. Il allait falloir être meilleure actrice si elle espérait rattraper le coup.

« J'avoue tout - ou presque. Ce ne serait pas très élégant de vendre quelqu'un qui a simplement voulu m'impressionner, non ? »

Son sourire se fit plus taquin. Plus naturel. Evidemment qu'en tant que préfète, Siobhán mettrait parfaitement bien en perspective ce qu'elle avait voulu dire. Les prérogatives du préfet l'autorisait parfaitement à sanctionner l'utilisation de la salle sur demande, d'abord parce qu'elle ne pouvait , par déduction logique, que se faire à l'heure où les couloirs auraient dû être déserts, ensuite parce que cela ne pouvait qu'être à des fins contraires au règlement de l'école. Enfin presque. Elle peinait à trouver une intention louable pour laquelle un étudiant aurait voulu venir se cacher ici. A moins que ce ne fut pour trouver quelque chose. Mais dans ce cas quoi ? Encore une fois, le règlement tirait la grise mine.

« Mais je suis certaine qu'il y a encore un millier de choses que je n'ai pas vues. Je te suis les yeux fermés. »

Sauf dans la salle sur demande aurait-elle dû préciser...

5 mars 2024 Ses yeux s'arrondirent d'étonnement. Elle ne se débarrasserait pas si facilement de l'attention que sa préfète du maison semblait décidée à lui porter. Intérieurement, elle se sentit l'envie de sourire, reconnaissant dans cette innocente ténacité, celle d'un brun aux yeux d'azur qu'elle aurait aimé pouvoir gourmander encore une fois. Ce naturel curieux et indécourageable lui manquait à chaque instant et, parfois, il lui semblait n'avoir jamais été une personne à part entière mais le troisième élément d'un tout parfaitement fonctionnel. Allait-il falloir désormais rechercher les pièces manquantes. N'était-ce pas ce qu'elle était en train de faire, malgré elle, en voyant en cette jeune femme le reflet presque trop évident d'Ares Longerbane ? Et comme pour ne surtout pas la contredire, Siobhán commençait à s'intéresser plus précisément à son cas.

Encore une fois, elle se demanda si la jeune femme la testait ou si tout ceci était sincère. Dans ce cas, il fallait croire que le Directeur  @Luke Korrigan s'était finalement ravisé. Il n'était pas difficile de le croire, aussi, toujours prudente, Aphrodite résolut qu'il fallait entretenir l'image de Grace Davis, jusqu'à ce que la fille du directeur ne pose cartes sur table. Peut-être ne le ferait-elle jamais.

« Oh eh bien... je crois que j'avais besoin de quitter un peu le nid. J'ai toujours voulu voyager, voir du monde. C'était l'occasion. Je n'avais pas osé me lancer l'année dernière. J'avais le choix entre plusieurs écoles mais ma mère a une grande-tante à Londres, ça a largement facilité l'échange. J'étais venue une ou deux fois avec ma mère quand j'étais petite mais j'avoue que je m'en rappellais pas grand chose. », elle s'entendait en écho répéter encore et encore cette phrase sous l'oreille attentive de M. Plinx.

Cette fois-ci, ce ne serait pas son oreille d'elfe qui jugerait de l'authenticité de son jeu. Reparlant de ses talents d'actrice ou peut-être de son entêtement à ne pas tout dévoiler, Siobhán lui glissa ce qui, à ses yeux à elle, était un compliment.

« Ah ! C'est ce que je me tue à dire. Les Serpentards sont loyaux envers les leurs. Personne ne veut me croire. Dennis Popplewell me soutient mordicus que la loyauté est le propre des Poufsouffle. », maugréa-t-elle en haussant les épaules.

Elle avait bien lu la Rhétorique des Quatre Maisons à son arrivée et à ses yeux à elle, beaucoup n'avaient retenu que les qualités les plus superficielles de chaque maison. Ainsi, aux yeux du commun des étudiants, Gryffondor était la maison des courageux, Poufsouffle celle des loyaux, Serdaigle celle des érudits et Serpentard tantôt celle des sangs purs, tantôt celle des sournois. Il n'y avait vraiment pas de quoi se glorifier...

Là-dessus, elles laissèrent la Salle sur Demande derrière elles, au grand soulagement d'Aphrodite. Aurait-elle trouvé à dire en se trouvant devant ses propres effets sous le regard atterré de Siobhán. En pareille situation, la préfète se serait fait un devoir renouvelé de poser des questions.

Au lieu de cela, elle se contenta de la mettre en garde, pour le bien de leur avancement dans la course aux sabliers. Le préfet de Poufsouffle lui avait semblé être la plus adorable des personnes mais elle ne pouvait pas en dire autant de la préfète alors elle se promettait intérieurement de se méfier. De toute manière, elle n'avait pas intérêt à ce que quiconque la surprenne allant ou venant dans ce qui était à ses yeux, sa chambre, ni plus ni moins.

Finalement, Siobhán se décidait pour une destination plutôt mystérieuse. Un endroit où elle même n'avait encore jamais mis les pieds. A nouveau, Aphrodite se sentit l'envie de sourire, repensant à son frère. C'aurait été le genre de proposition qui l'aurait tout de suite accroché. Intriguée, elle suivit Siobhán jusqu'à une porte sans lustre qui se situait au cinquième étage, à quelque pas de la statue d'un sorcier sans doute très étourdi à en juger par son allure.

La porte s'ouvrit à la faveur d'une formule prononcée par la préfète de Serpentard qui lui céda le pas. Aussitôt, les volutes embuées et chaudes de la salle de bain des préfets l'enveloppèrent, et, il lui sembla bien reconnaître un parfum familier. Son coeur se serra alors qu'elle faisait un pas à l'intérieur, attirée malgré elle par l'envie de le retrouver. Mais il n'y avait personne. Sans doute s'étaient-ils manqué de peu. C'était mieux ainsi.

Sous ses grands yeux brun vert, la luxueuse salle de bain des préfets et ses marbres immaculés dominait les deux étudiantes, les baignant dans une lumière douce et le mélodieux cliquetis de l'eau. Elle qui, pourtant, était habituée au faste, ne pouvait que s'en trouver émerveillée.

« C'est... », absolument magnifique s'apprêtait-elle à dire, sans oser aller plus avant, « A qui sert cette salle ? », demanda-t-elle avant que la réponse ne la fauche, « Mais... comment se fait-il que tu ne sois jamais venue avant ??!! », se récria-t-elle ne fois que Siobhán lui eut répondu.

Voilà une chose qui lui échappait totalement...