Diamond eyes

@Sheraz Mahal
Dortoir de Poufsouffle

Monsieur Mahal,

Je dois vous voir au plus vite. Rendez-vous ce soir, après votre ronde, sur la plus haute tour de Poudlard.

Professeur Farès El Mahdi

05.03 C'était une lettre courte, succincte, écrite avec peu de mots mais avec une attention toute particulière. La calligraphie du professeur El Mahdi n'avait pas son pareil à Poudlard et très peu de professeurs pouvaient se targuer d'avoir une écriture aussi soignée que la sienne. C'était, pour lui, un signe d'un réel intérêt pour son interlocuteur, montrant ainsi son respect envers son destinataire. Sheraz Mahal n'était peut-être qu'un étudiant, il n'en restait pas moins quelqu'un d'honorable qui avait su capté l'attention du professeur El Mahdi dès la minute où ce dernier avait passé les portes de la Grande Salle, alors accompagnés des autres étudiants de sa promotion. Préfet de sa maison, Farès entendait bien entretenir une relation privilégiée avec cet élève qui ignorait son propre potentiel.

Si Farès s'était montré avare en explication, c'était pour bien pour une raison. Depuis l'annonce du professeur @Luke Korrigan et de la présentation de leurs nouveaux protecteurs dans les couloirs du château, le professeur El Mahdi s'était contenté de les regarder de travers, ne pouvant s'empêcher de ressentir une certaine aigreur à l'intention de ces anciens collègues. Farès ne les détestait pas tous. Il n'en détestait même que très peu d'entre eux mais certaines cicatrices peinaient toujours à se refermer et la trahison de son ancien employeur en le faisant principal suspect du meurtre de son épouse peinait à disparaître de ses griefs contre la vie.

Il avait passé à peu près un mois à les observer avant de finalement leur opposer un défi s'ils souhaitaient rester dans sa salle de classe lorsque Farès se rendit compte que certains de ses élèves ne parvenaient pas à se concentrer convenablement. En effet, s'ils étaient capables de le battre en duel, alors ils pourraient rester. Sinon, ils attendraient sagement devant la porte close de sa salle.

Nul besoin d'ajouter qu'il leur mit une raclée aux yeux de ses étudiants, permettant ainsi, par la même occasion, d'augmenter sa réputation auprès des jeunes sorciers.

Farès ne comptait pas s'en arrêter là. Mais pour cela, il lui fallait un homme de main, et cela, il l'aurait en la personne de Sheraz Mahal. Il en était persuadé. Il misait peut-être sur le mauvais cheval, mais il n'en avait que faire car au sein de la maison Poufsouffle, il faisait parti des rares à posséder cet esprit combatif, cette détermination qu'il était capable de mettre dans son travail. Il ne restait plus qu'à Farès à réveiller le lion qui sommeillait en Sheraz.

La nuit était depuis longtemps installée lorsque Farès sortit à la lueur de la lune. Le ciel était dégagé, permettant ainsi aux sorciers encore debout de profiter d'une vue que peu de gens pouvaient se vanter de voir à cause de la luminosité des grandes villes moldues. Il faisait encore trop froid en ce début de mois de mars. Très vite, il appuya ses paumes de main sur son épaisse cape de sorcier pour se tenir au chaud. Enfin, il s'approcha de la rembarde, ses mains dans les poches, le regard planté dans la voûte céleste.

Quelque part, il le savait, il en était sûr, dans l'un des sept cieux du Tout-Clément, Diana l'attendait.

05.03 Le curieux message du directeur de maison l'avait cueilli alors qu'il était justement en train de commencer sa ronde sur un commentaire de Popplewell qui s'imaginait que c'était un mot doux de Selma, puis d'une autre fille puisque Sheraz se refusait à le laisser lire le message. Le préfet s'était contenté de lui rappeler qu'à cette heure Dennis n'était pas autoriser à circuler en dehors des quartiers de Poufsouffle avant de sortir. Il avait été obligé de fortement sévir avec son ancien camarade ces derniers temps mais le message commençait à passer.

Depuis que les brigadiers du Ministère avaient mis les pieds à Poudlard, les rondes étaient étrangement routinières. Il avait surpris une fois Martin avec Anémone ( @Siobhán Gavalagh-Korrigan ) mais avait dispersé les deux étudiants sans même chercher à comprendre ce qu'ils faisaient dans la salle d'études désaffectée. En dehors de cet unique incident, il ne croisait plus guère que les autres préfets. Tout était étrangement calme dans les couloirs et sur les abords du château. Les étudiants semblaient se contenter des limites de leurs maisons respectives. A savoir pour combien de temps.

Tournant et retournant les mots dans sa tête, Sheraz se demandait à quelle sauce il allait être mangé. Depuis le départ de Misia, il avait assumé seul la charge de préfet et, quoiqu'il faisait de son mieux, il connaissait l'exigence de leur Directeur de Maison. Il trouverait sans aucun doute quelque chose à lui reprocher. Et que dire du lieu du rendez-vous. Tout ceci ne lui disait rien qui vaille. Il y avait une théorie qui voulait que le cerveau se déconnectait de lui même avant le crash fatal en cas de chute au-delà d'une certaine hauteur. Il espérait bien que si aucun balai ne répondait à son accio, son cerveau ne démentirait pas cette théorie. Si ça n'était pas son cerveau, ce serait ses jambes. Il n'avait jamais aimé monter dans les tours mais cette fois-ci, il prenait l'ascension du rez de chaussée, comme pour se rendre la chose encore plus pénible.

Il arriva tout pantelant à la petite porte sur laquelle aboutissait l'interminable escalier. Le froid mordant de la nuit ne lui fit pas de cadeau après s'être échauffé de la sorte. Transit jusqu'aux os, l'étudiant se hâta de réchauffer sa robe de sorcier sans quoi il ne tiendrait pas cinq minutes.

« Pr El Mahdi ? »

05.03 Détachant ses mains de la rembarde de pierre, Farès avait noué ses doigts gantés dans son dos alors que Sheraz Mahal faisait enfin son apparition au sommet de la plus haute tour de Poudlard. Le directeur de Poufsouffle croisa le regard de son préfet avec une expression assez neutre, ce qui était plutôt bon signe, lui qui semblait continuellement agacé par la présence d'élèves qu'il jugeait trop crétin pour mériter son attention. Se raclant la gorge, il se contenta de répondre en guise de salutation d'un simple signe de la tête avant de l'inviter d'un geste de la main à venir se tenir à ses côtés devant la grandeur de la nuit sur cette tour dominant l'entièreté de la vallée de Poudlard.

« - J'ai besoin de vous. » Commença Farès alors qu'il observait l'horizon. Laissant un petit silence calculée s'installait, le sorcier maghrébin finit par reporter son attention sur Sheraz à qui il lança un regard lourd de sous-entendu. « Nul besoin de sortir de Serdaigle pour se rendre compte que le monde dans lequel nous vivons est en train de changer. »

C'était une réflexion à peine voilée sur cette actualité sorcière à inquiéter même le plus optimiste des citoyens magiques britanniques. Le Ministère de la magie menait son peuple à sa perte, laissant les ténèbres se propageaient dans tout le Royaume-Uni. Poudlard restait désormais l'un des derniers bastions de Lumière que le professeur de Combat magique comptait bien défendre jusqu'à son dernier souffle. Aussi, il souhaitait amener certains de ses élèves les plus clairvoyants sur le même chemin que lui afin d'assurer une réponse immédiate lorsque le château serait officiellement en guerre.

« - Mais avant ça, j'aimerais connaître votre avis sur la question. Bien sûr, j'ai quelques questions à vous poser afin que vous me confirmiez ce que j'entrevois déjà chez vous. »

Le jeune Mahal était bien plus que cet intello à cheval sur le règlement. Si beaucoup d'étudiants le rabaissaient à cette poule mouillée que lui-même croyait être, Sheraz était au dessus de ça. Il avait un potentiel enfoui en lui qui ne demandait qu'à s'éveiller afin de guider les autres dans la chaleur apaisante de la Lumière. D'après le professeur @Luke Korrigan, Sheraz était parvenu à sortir le bouclier d'Helga Poufsouffle. Si c'était déjà un fait extraordinaire, c'était également un symbole bien plus grand encore que ce que le commun des mortels voyait déjà. En effet, pour Farès, Mahal serait l'un des défenseurs les plus émérites d'une idéologie à laquelle le professeur El Mahdi aspirait afin d'assurer un avenir meilleur pour son fils @Hamza El Mahdi.

« - Que pensez-vous de ce qui se passe en ce moment ? » Demanda Farès, qui faisait clairement référence à ce que le monde sorcier anglais vivait actuellement.

05.03 Malgré ses traits durs, le Directeur El Mahdi n'avait pas son habituel air remonté. Des quatre directeurs de maison, et comme à contre-pied de l'image des Poufsouffle, El Mahdi était le plus sévère. Le plus intransigeant. Encore que, Sheraz ne pouvait pas vraiment juger de la nouvelle Directrice de Serpentard. Ses évaluations de niveau étaient encore dans tous les esprits mais pour autant, il n'avait pas eu le plaisir de la juger en tête à tête.

Docile, le jeune préfet approcha en évitant de faire des scénarios catastrophes dans sa tête. Il était vrai qu'à cet endroit précis de la tour, il n'aurait pas été mieux placé pour être passé par dessus le bord. Tout à coup, Sheraz se mit à réfléchir à tout ce qu'on aurait bien pu lui reprocher. Sa tête rentra légèrement dans ses épaules. Il fallait sans doute éviter de penser trop. Surtout éviter de penser aux discussions qu'il avait eu avec les quatre fantastiques dans les suites de l'affaire Longerbane. On ne savait jamais...

Coïncidence ! le Directeur El Mahdi se lança précisément sur le sujet. S'il fallait El Mahdi était legilimens et personne ne le savait. Ou alors c'était une stratégie pour voir ce que Sheraz avait vraiment dans le crâne. Avec le client d'ingérence ministérielle, c'aurait bien pu être le cas. Trop tenté de glisser un regard en coulisse au Pr de combat magique, Sheraz s'efforçait de regarder droit devant lui vers le calme placide de la vallée. Ses versants noirs roulaient à perte de vue, paisibles, comme si justement rien ne s'était passé.

Comme l'étudiant n'avait fait aucune réponse, El Mahdi choisit une approche plus directe. Cette fois-ci, Sheraz tourna vers lui de grands yeux effarés. Il se sentait pris la main dans le sac. Allait-il devoir tout avouer et passer le restant de ses jours à Azkaban ? Ou fallait-il croire en la sincérité de l'homme ? Et puis qu'entrevoyait-il au juste ?

« Qu'est-ce que vous voulez dire par ce que vous entrevoyez ? », demanda prudemment le mécamage.

Il marchait sur des oeufs avec la quasi certitude que tout cela finirait en omelette. Pour autant, il ne pourrait pas s'esquiver indéfiniment. D'ailleurs la question lui revenait déjà en pleine face. Sheraz déglutit, les épaules légèrement tendues. De toute manière si El Mahdi était légilimens, il avait déjà probablement la réponse à sa question. Et si ça n'était pas le cas, Sheraz avait beau être trouillard, il n'aimait pas mentir. Il renifla pour se donner un brin de courage avant de finalement abdiquer :

« Que les décisions qui sont prises sont à l'encontre du "bien commun" et que généralement quand les politiques commencent à recourir à ce genre de vocable ça craint. En tout cas j'ai pas un exemple dans l'histoire moldue ou sorcière qui me prouvent le contraire. »

Il n'osa pas reporter son regard sur le directeur de Poufsouffle. Le paysage, plongé dans les ténèbres avait quelque chose de presque réconfortant, quand on parvenait à oublier le vide en contrebas.

05.03 Sheraz Mahal était toujours le même. Ce jeune sorcier prometteur qui préférait réfléchir avant de parler. Cela le rendait précieux car il se démarquait des autres élèves de cette simple façon. Là où ses camarades se contentaient de répondre à fleur de peau, laissant leurs émotions les envahir au point de, parfois, les dominer, Sheraz, lui, n'avait pas ce défaut. Farès pouvait le voir réfléchir alors qu'il abordait un sujet sur lequel le préfet de Poufsouffle avait un avis bien tranché là-dessus. Sa retenue parlait pour lui et c'était quelque chose que le directeur de Poufsouffle apprécia tout de suite, ajoutant cela à cette longue liste de qualités que Farès avait décelé chez le jeune Mahal. Un élève un peu peureux qui prenait tout le monde à contrepied en se montrant aussi redoutable en cours que dans son poste de préfet. Farès avait de quoi s'enorgueillir de l'avoir dans sa maison. Cela lui permettait aussi de contrebalancer les tanches comme Popplewell dont il se débarrasserait bien.

Farès ne laissa rien paraître lorsque Sheraz lui demanda ce qu'il entrevoyait chez lui mais quiconque le connaissait pourrait y voir les traits de son visage s'adoucir légèrement, comme s'il était en train de sourire sans que ses lèvres ne s'étirent. Il ne dit rien, l'observant un peu plus, voyant alors la prudence dans l'attitude du préfet de Poufsouffle. Farès avait cette curieuse façon d'observer intensément les gens pour déceler les plus faibles d'entre eux afin de savoir vers lequel attaquait lorsqu'un interrogatoire devait se faire. Probablement une technique héritée de sa longue expérience en tant que Brigadier.

Il ne put retenir un soupir de soulagement lorsque Farès comprit que Sheraz allait là où il voulait.

« - C'est parce que cela n'existe pas, monsieur Mahal. » Coupa Farès.

L'Histoire était un domaine fascinant pour quiconque voulait s'y intéresser. Les réponses s'y trouvaient toujours, permettant ainsi de mieux comprendre son présent pour améliorer son futur. Mais les hauts-dirigeants du monde sorcier ne semblaient pas vouloir s'y intéresser plus que de mesure, s'attachant à des brides d'un pouvoir qu'ils n'avaient déjà plus. Le recours à la violence n'était qu'une facilité, sinon la seule façon de, pour atteindre leurs objectifs afin de remettre au centre le pouvoir sorcier sur le reste de la communauté magique. Une énième bassesse démontrant d'une jalousie ou d'une ignorance crasse quand on savait que les meilleurs sorciers et/ou enchanteurs de tous les temps avaient du sang de démon dans les veines.

Sheraz put voir Farès sortir sa baguette magique pour la pointer sur la porte derrière eux. Un sort jaillit du bois de sureau avec élégance pour venir taper le bois de la porte qui scintilla légèrement quelques instants avant de laisser la magie se dissipait à la lueur des étoiles. L'impassibilité était installée.

« - La présence des Brigadiers ne démontre qu'une chose : La prochaine attaque du ministère sera sur Poudlard. »

Farès laissa quelques instants de silence s'installait après sa phrase, observant alors l'impact de ses mots sur le visage de Sheraz.

« - Vous vous doutez bien que leur présence n'a rien d'anodine et qu'ils ne sont pas là uniquement pour votre sécurité. Cela, c'est notre rôle, à nous, enseignants. »

Sheraz devait avoir entendu des leçons de duel qu'il avait imposé à n'importe quel brigadier désireux d'observer ce qui se passait dans sa salle de classe pendant les cours du professeur El Mahdi. Un peu de fierté put se lire sur le visage marqué de l'enseignant.

« - J'ai une confiance aveugle en vous, monsieur Mahal. Vous êtes réfléchi, intelligent et vous savez agir lorsque l'on a besoin de vous. Sortir le bouclier de notre célèbre fondatrice n'est pas anodin. » En d'autres termes, Farès pensait Sheraz comme étant quelqu'un de spécial. « Il nous faut préparer une défense... Quelque chose qui nous permette de pouvoir agir sans pour autant mettre en péril l'intégrité de notre école en fournissant au ministère de la magie plus d'arguments pour resserrer leurs mains gantés de velours autour de notre collège. J'imagine que vous voyez où je veux en venir ? » Insinua Farès, une lueur étincelante dans le regard.

05.03 Sous le regard appuyé de son Directeur de maison, Sheraz avait l'impression d'être passé au grill. Il déglutit péniblement, ne sachant pas encore à quelle sauce il allait être mangé. Le Pr El Mahdi était ce genre de professeurs difficiles à cerner. Un homme qui pouvait faire montre d'une discipline militaire qui n'était pas pour aller de paire avec le caractère parfois de dolent de Sheraz. Pour autant, cela avait l'avantage de ne rien laisser au hasard et Sheraz savait que s'il s'agissait de faire respecter le règlement, El Mahdi ne ferait aucune concession. D'ordinaire, c'aurait été une qualité que Sheraz aurait hautement estimé mais les derniers évènements ne le plaçaient pas dans la position d'un étudiant exemplaire, il le savait parfaitement bien.

Pour autant, l'anglo-pakistanais savait bien qu'il ne pourrait pas indéfiniment atermoyer et esquiver. Il fallait faire une réponse à la question qui lui était posée au risque de paraître plus suspect encore. A la manière dont El Mahdi accueillit sa prudente réponse, Sheraz fut rassuré. Mais cette réassurance ne dura guère. Le Directeur tira sa baguette. Sheraz s'efforça de ne pas surréagir, en quoi il rencontra un succès très relatif. Il lui fallut s'accrocher à l'idée qu'il n'avait pas de si mauvaise note en vol en première année, et que certainement il pouvait siffler un balais standard des vestiaires de l'école à son secours si les choses tournaient au vinaigre. Le Professeur El Mahdi ne fit pas durer le suspens, jouant carte sur table en évoquant une attaque à Poudlard.

Sheraz planta ses grands yeux noirs sur le sorcier à côté de lui. De quoi étaient-ils en train de parler exactement ? Le jeune préfet délia ses doigts nerveusement tandis que son Directeur de maison lui accorder une reconnaissance qu'il n'avait pas cherché. Un petit élan de fierté lui étreignit le coeur mais il tacha à nouveau de n'en rien montrer.

« Je vois où vous voulez en venir mais le Ministère s'attend à une solution de ce genre. Une nouvelle armée de Dumbledore ne serait certainement pas une solution viable. Ou en tout cas, il faudrait qu'elle soit radicalement différente. Et il y a un autre sujet. Celui qui occupe le Ministère depuis l'élection du CQFD. Il y a beaucoup plus d'étudiants qui se promènent avec une cible dans le dos que ce qu'on croit. J'en connais quelques uns et ce ne sont pas tous de farouches rebelles. »

Il prêchait sa propre paroisse évidemment. A ses yeux, le glissement d'hybrides à né moldu à moldu n'était qu'une question de temps. Il eut une pensée pour ses parents. L'idée de leur faire quitter le monde magique lui trottait dans la tête depuis un petit moment déjà... S'il espérait les convaincre, il lui faudrait déjà trouver quelqu'un pour reprendre le Book Wyrm à leur place...

05.03 Farès ne put retenir l'esquisse d'un sourire sur le coin de ses lèvres. Il se contenta alors de détourner le regard pour le jeter au loin dans l'horizon de la nuit, sur un Pré-au-Lard endormi. Sheraz Mahal amenait le même sujet sur la table que le professeur @Luke Korrigan, il y a quelques jours. S'il y avait bien quelque chose qui lui plaisait chez son préfet de maison, c'était cette façon qu'il avait de toujours savoir prendre du recul sur les situations qui se présentaient à lui afin de réfléchir et d'agir de la façon la plus contrôlée possible. Avoir un apprenti sorcier de sa trempe dans sa maison était une bénédiction pour n'importe quel enseignant. Cela changeait de certains énergumènes un peu trop jeune et stupide avec lesquels ils avaient l'habitude de travailler.

« - Effectivement, monsieur Mahal. »

Car en effet, beaucoup d'étudiants avaient le sang mêlé. Si certains, c'était du sang sorcier et du sang moldu qui courrait dans leurs veines, d'autres étaient affiliés à des créatures humanoïdes d'une toute autre catégorique (dont certaines effrayées les plus faibles d'esprits et les spécistes).

« - Justement. C'est pour ces étudiants qu'il est important de réfléchir à la meilleure façon de les protéger. Comme vous pouvez le voir, le ministère de la magie a déjà un pied dans l'école. Alors même si nous pouvons faire confiance au professeur Korrigan pour éviter qu'ils y mettent les deux, il est important de se préparer au cas où les choses tournent mal. »

Farès n'avait aucune confiance dans l'entité d'autorité magique. Plus le temps passait, plus, en son coeur, Farès nourrissait un dégoût grandissant. Il avait toutes les raisons pour cela, bien sûr, mais l'injustice que le ministère de la magie faisait régner depuis maintenant deux ans n'allait pas ne s'arrangeant pour cet amoureux de la justice.

« - J'ai déjà l'endroit où nous pourrions nous rencontrer dans le secret. Tout ce qu'il me faut désormais, c'est trouver une manière de faire qui ne créera pas de vagues afin de se préparer au mieux au cas où les choses tournent mal. »

Son regard se posa de nouveau sur le profil de Sheraz avant qu'il n'ajoute :

« - Avez-vous quelques suggestions à me faire, monsieur Mahal ? »

05.03 Les mots pesaient sur lui comme une presse d'imprimerie. Dans le silence obséquieux de la nuit, Sheraz sentit sa gorge se nouer et son coeur s'emballer. Si ses cheveux changèrent de couleur, l'obscurité lui fit la faveur de n'en rien montrer. L'étudiant déglutit péniblement, baissant les yeux sur ses mains. Ses mains qui avaient tenu le bouclier de Poufsouffle bien malgré elles, tremblantes et plus cramponnées que déterminées. Mais ils avaient survécu. Certainement pas grâce à son courage mais parce que d'autres avait pris les choses en main. Où était @Eynaelle Sanderson maintenant ? Ni le Ministère ni la presse n'avaient eu un mot pour elle et cela n'augurait rien de bon. Il repensait au cas d'Ares Longerbane, cet illustre inconnu pour lequel il s'apprêtait à enfreindre toutes les règles. Malgré ses doutes, il avait pleine confiance en @Siobhán Gavalagh-Korrigan et quelque part, s'y entreprenait une telle folie, c'était avant tout pour elle. Et pour tout ceux qui, comme lui, tremblaient à l'idée de la direction que prenait les choses.

« Le cours de duel est devenu obligatoire. Vous n'avez pas la réputation d'être le professeur le plus sympa de Poudlard, sauf votre respect. Ça ne surprendrait personne que vous fassiez du forcing avec les élèves récalcitrants, et comme on est légion dans ce cas. », le fait que Sheraz déteste le cours de duel n'était un secret pour personne, « C'est ce qu'à fait le Pr Cynfeirdd avec tous ceux qui ont échoué aux évaluations de niveau. Je ne suis pas passé loin d'ailleurs. »

Il planta son regard dans celui du Directeur de maison. C'était peut-être trop simple mais par les temps qui courraient, le Ministère ne pourrait que voir d'un bon oeil un excès de discipline.

« Il vous faudra forcément l'appui de quelques pointures parmi vos chouchoux... et vous ne pourrez pas couper à faire des heures supplémentaires. Si votre sélection est trop suspecte, le Ministère va flairer l'embrouille. Par conséquent, il faudrait un critère de sélection objectif mais qui puisse englober tous ceux qui devront... », à cet instant précis, il eut une pensée pour @Michel-Ange Grimm sans que cela fasse encore vraiment sens, « Vous avez dit que vous aviez un endroit ? », s'interrompit-il.

Un grain de sable venait de bloquer la mécanique rutilante de ses réflexions...

05.03 Un rictus se dessina sur les lèvres du professeur de Combat magique lorsque son préfet de maison lui rappela sa réputation auprès des autres élèves de l'école. Farès s'en était toujours fiché éperdument, allant jusqu'à trouver cela encourageant, comme un signe de distinction. Les étudiants avaient cette tendance à préférer les professeurs qui faisaient plus offices de parents que de réels enseignants pour des raisons évidentes. Mais Farès n'avait jamais aimé cette façon de faire, même s'il en eut profité lorsqu'il était plus jeune, lui même sur les bancs de cette même école où aujourd'hui il enseignait.

Farès avait cette attitude de professeur des écoles d'un autre temps, capable d'abattre sur la tête de ses étudiants sa longue règle dédiée au tableau noir plus vite que son ombre. C'était un homme qui aimait la discipline au point de la glorifier. Probablement la meilleure façon d'atteindre l'excellence selon lui. Puis cela permettait de trier ses élèves dont la réputation de son cours faisait qu'ils étaient toujours nombreux à la tenter lorsqu'ils arrivaient en quatrième année.

« - En effet, monsieur Mahal. Il me faut quelques pointures sur lesquels m'appuyer et j'en ai une à mes côtés. »

Son regard se mit à briller d'une étrange lueur.

« - Pourquoi croyez-vous que je vous ai fait monter sur la plus haute tour de Poudlard pour avoir cette discussion ? »

Mains dans les poches, il se mit à jouer inconsciemment avec leurs contenus.

« - Bien sûr, j'ai quelques candidats à vous proposer mais on y viendra plus tard. Pour l'instant, nous n'en sommes qu'aux balbutiements de notre entreprise et je préfèrerais que nous y allons à notre rythme et parler de l'endroit n'est pour le moment pas à l'ordre du jour. »

Se détournant du profil de Sheraz, Farès observa de nouveau le Pré-au-Lard endormi.

« - Il nous faut être clair sur ce que nous voulons faire et sur ce que nous pouvons faire. Dans un premier temps, il nous faudrait donc poser les fondations de notre milice en réfléchissant à tout cela. L'idée, bien sûr, est de ne pas se faire prendre mais surtout de la jouer fine pour éviter le moindre problème. Grâce à ma position et ma réputation... » Farès lança un regard entendu à son préfet. « Je pourrais nous prémunir contre certaines situations. »

En tant que Directeur de Poufsouffle et professeur de Combats magiques, Farès avait le bras long. Peut-être pas aussi long que celui du professeur @Luke Korrigan mais il s'en fichait. Après tout, Farès savait qu'il pouvait compter sur ce dernier si jamais la situation devenait trop problématique.

« - Vous êtes quelqu'un de prudent. J'ai confiance en votre jugement sinon je ne vous aurais pas appuyé auprès du professeur Jones lors de votre nomination au poste de préfet. » Ajouta Farès, enfonçant son regard ans celui de Sheraz comme s'il cherchait à sonder son âme.

05.03Presque par réflexe, l'étudiant jeta un oeil par dessus son épaule avant de se dire que c'était stupide. Bien sûr que ce à mes côtés n'était pas à prendre au sens propre. Si El Mahdi avait cette conversation avec lui ce soir, c'était qu'il avait déjà sa petite idée de comment mener les choses et sur qui s'appuyer. Et avec un petit temps de décalage, Sheraz comprit que ça le concernait directement.

« Qui ? Moi ? », balbutia-t-il, ses grands yeux ronds comme des soucoupes. El Mahdi trancha en lui posant une question rhétorique, « Il vaut peut-être mieux que je m'abstienne de répondre à cette question. » avoua Sheraz en s'imaginant la tête que ferait son Directeur de Maison s'il se risquait à lui avouer que pendant une minute, il avait sérieusement envisagé être passé par dessus le bord pour x ou y raison. La raison n'avait pas vraiment d'importance. Le regard de l'étudiant s'évada sur le côté, comme pour laisser le temps au professeur d'en arriver seul à cette conclusion.

« Attendez, je ne suis pas ce genre de gars. Je me chie dessus rien qu'à l'idée si vous me passez l'expression. Pourquoi - », il s'interrompit en se faisant la réflexion qu'il n'avait plus posé cette question depuis un long moment. Pourquoi moi ? Une question qu'il avait si souvent eu à la bouche qu'on aurait pu en faire une étiquette à lui coller dans le dos. Quand avait-il donc cessé de demander pourquoi moi. A cela aussi, El Mahdi avait une réponse bien pesée, « Qu'est-ce que vous venez de dire ? », cette fois, Sheraz regardait son directeur complètement abasourdi, « J'ai toujours cru que la Directrice Mahyar m'avait nommé pour me punir d'avoir triché pour passer une de mes inventions au concours national des mécamages. Je n'aurais pas pu m'y inscrire autrement. C'est ce qu'elle m'a toujours dit : Mahal, ça vous mettra du plomb dans la tête... »

Et voilà que maintenant il s'avérait que sa petite entorse au règlement n'était strictement pour rien dans l'obtention de ce badge auquel il s'était fait à la longue. Pourquoi ce subterfuge ? L'ancienne directrice avait-elle craint qu'il ne s'esquive. Sheraz observa le silence un petit instant. L'un dans l'autre ça n'avait pas grande importance mais ça allait probablement l'empêcher de dormir cette nuit-là.

« Merci... enfin, je suppose. », il faudrait y réfléchir un peu plus que cela pour savoir si c'était vraiment la chose à dire, « Enfin pour en revenir à notre entreprise, la priorité pour moi serait de faire en sorte qu'il n'y ait pas d'autres disparitions suspectes, comme celle d' @Eynaelle Sanderson . Mais vous en savez peut-être plus que moi à ce sujet ... », risqua-t-il sans trop d'espoir.

Absolument personne ne semblait savoir ce qu'il était advenu de la jeune femme et le silence radio ne laissait que trop de place à l'imagination.