Patricide

Mer 9 Oct 2024 - 9:40

Observant le parchemin sans rien dire, les mains le long de mes jambes, je tendais un regard vers Selma. Avoir une dette avec un Vampire était bien moins pénible que de vivre sous la coupe d’Ernesto Montero. Et puis il fallait dire que peut être, on allait devoir changer de cible si la dette était trop complexe à honorer. Mesurant le pour et le contre, je trouvais bien plus facile d’éliminer un vampire isolé qu’un chef de cartel magique légendaire. Mais c’était peut être parce que je n’avais connu que cela. Après tout, je nous engageais toutes les deux dans un chemin qui était peut être plus complexe qu’il n’y paraissait. Je relevais les yeux vers notre Professeur, qui donnait quelques détails sans vraiment en donner. Posant ma main gauche sur le bras armé de Selma, pour qu’elle ne signe pas avant que je ne demande plusieurs informations, je regardais Aidan dans les yeux.

« Une dette d’une vie pour une vie en somme. Je pense qu’il est préférable que je la signe seule. »

Je serrai la main de Selma aussi fort que je le pouvais. Lui démontrant qu’il était hors de question qu’elle sacrifie sa vie pour moi. Elle avait Sheraz, elle avait des amis. Elle avait beaucoup à perdre, bien plus que moi. Relevant les yeux vers Aidan, je trouvais également bon de préciser.

« J’aimerai aussi savoir quelle dette je devrais honorer avant de foncer tête baissée. Si c’est pour abattre une tête d’Hydre et qu’il en repousse trois autres à la place, je ne veux pas engager la vie de ma sœur là dessus. Ni la mienne. »

Je continuais de fixer notre Professeur sans rien dire. Bien sûr que j’allais signer, mais j’étais quand même en droit de demander, cela ne coutait rien. Serrant encore plus fort Selma, jusqu’à ce que mes ongles lui serrent la chair pour bien lui faire comprendre de ne rien tenter et de ne rien signer par mesure de protection envers moi je rajoutais :

« Et je ne demande qu’une aide. J’aimerai le tuer de mes propres mains si c’est possible. Afin peut être de réduire la dette qui en découle, et parce que c’est mon combat et mon avenir. Je ne laisserai pas une tierce personne aller aux Enfers à ma place si telle est la destinée de celui qui abat Ernesto Montero. Je veux qu’il comprenne au moment où la vie quitte son corps, qu’il est responsable de son propre destin, et comme morale finale... »

Je regardais Selma en coin, puis je reportais enfin mes yeux vers Aidan, lui répétant une phrase que j’avais entendu de la bouche du Professeur Korrigan il y a quelques mois.

« Que nous créons nos propres démons. »

Sam 19 Oct 2024 - 12:04

Patricide

@Aidan Peitrake @Alejandra Montero
07/03/24

Selma crut un instant que leur requête venait d’être rejetée car l’enseignant commença à leur expliquer qu’il ne les laisserait jamais approcher la demeure du vampire. Elle voulut ouvrir la bouche pour riposter, mais son ton ne souffrait aucune réplique. Élevée de manière à se montrer docile, la cubaine resta alors silencieuse, ne lâchant pas le sorcier de son regard d’obsidienne.

Elle s’en félicita car lorsqu’il reprit la parole, la jeune fille fut soudainement emportée par un vent de soulagement qui l’aurait fait décoller du sol si elle ne devait bien garder les pieds sur terre encore quelques minutes. Leur professeur se proposait comme intermédiaire. Il s’engagerait à exécuter la mission, contractant ainsi lui-même une dette auprès du vampire, les épargnant de cette menace. Il mettrait ainsi son âme en jeu pour les protéger.

Profondément émue, Selma sentit les larmes lui monter aux yeux. Elle ne pouvait cependant pleurer car toute émotion ainsi dévoilée n’était qu’une marque de faiblesse, du moins selon sa stricte éducation. La dette qu’elles auraient à régler les liait directement à ce sorcier, devenu en l’espace de quelques secondes leur ange gardien.

Le professeur tenait cependant à les prévenir : cet engagement serait le plus lourd fardeau qu’elles auraient à porter. Sans doute voulait-il dire par-là qu’il ne ferait preuve d’aucune pitié à leur égard et qu’il entendait bien sortir gagnant de ce petit marché. Il permettait ainsi aux jumelles de conserver ce qu’elles avaient de plus précieux au monde : leur dignité. Car qui pouvait croire que le prix à payer serait pire que celui qu’un vampire aurait contracté avec elles ?

Selma se sentit emplie de reconnaissance, mais en captant le regard de sa sœur, elle comprit que cette dernière était bien loin de ressentir ce même ravissement. Au contraire, Alejandra, fidèle à elle-même, se montrait plus suspicieuse que jamais. Son premier réflexe fut évidemment de tenter de sauver sa sœur par tous les moyens, se sacrifiant volontiers dans cette mission meurtrière.

Loin de se montrer choquée, Selma l’observa avec un paisible sourire, son cœur débordant d’amour pour elle. Des deux sœurs Montero, nul ne savait laquelle ferait le plus pour sauver l’autre. Leur volonté de se protéger l'une l’autre formait un parfait équilibre les rendant toujours plus fragiles mais plus fortes aussi.

- Nada al odio satisface, murmura-t-elle à travers son ombre de sourire, reprenant les vers du poète Miguel Hernández. Alejandra les connaissant aussi ne tarderait pas à comprendre ce qu'ils signifiaient, mais plus rapide qu’elle, Selma s’était libérée de son emprise pour attirer la plume à elle d’un coup de baguette. Ni a la venganza sangrienta: sólo en la paz se apacienta quien por amor se deshace*.

En finissant son invocation, elle avait terminé de signer le parchemin à l’aide de son propre sang. C’était bien la première fois que la si sage et réfléchie Selma signait un document sans le lire, mais si c’était le prix pour sauver sa sœur des enfers, ce n’était pas cher payé. Se tournant vers elle, Selma savait qu’elle lirait sur son visage toute l’indignation que son geste lui inspirerait.

- Lo siento hermanita, je ne peux simplement pas te laisser te sacrifier pour moi.

* Rien ne satisfait la haine
ni la vengeance sanglante :
Il n'est apaisé que dans la paix
Qui, par amour, est défait

Dim 27 Oct 2024 - 16:47

Patricide

Salle d'Histoire de la Magie

feat. @Alejandra Montero & @Selma Montero
07 Mars 2024
Salle d'Histoire de la Magie

Patricide

A sword never kills anybody; it is a tool in the killer's hand.

Alejandra était prête à aller bien loin pour protéger sa sœur. Je savais bien que des deux, elle était à la fois la plus forte et la plus fragile. Bien qu'elle était officiellement une adulte, elle me faisait penser à une enfant. Étais-ce moi qui étais biaisé ? Sans doute, mais pour moi, un sorcier adulte était quelqu'un qui s'émancipait de sa famille, qui vivait sa vie et assumait les conséquences de ses actes. En ce sens, son père n'avait jamais prévu de faire d'elle une adulte, ce qui avait le don de m'enrager un peu plus contre ce mafioso à deux pesos. En ce sens, moi non plus je ne comptais pas l'aider à passer un cap. Elle voulait avoir le sang de son paternel sur les mains ? Hors de question.

« Aucune de vous ne tuera votre père. Moi non plus d'ailleurs. Je ne ferai pas de mes élèves des meurtrières. »

Si j'étais prêt à faire quelques petites choses dans le dos de Luke et garder des secrets, il y avait des lignes rouges que je refusais de franchir ne serait-ce que par respect pour ce dernier. Pour tout problème, il n'existait jamais qu'une solution. Elles m'avaient demandé d'éliminer leur père, il n'était pas nécessaire qu'elles le fassent elles-mêmes... D'ailleurs, je me demandais encore si je ne lui réservais pas un sort pire que la mort... Sans doute pas, la justice était une chose, un marché en était une autre.

« Votre père disparaîtra. Je vous en donne ma parole, mais croyez-moi, vous n'aurez rien à voir avec sa mort. »

Le plan prenait peu à peu forme. Cet homme avait de nombreux ennemis, des lieutenants qui voudraient sans doute prendre sa place... Il suffisait juste de donner à Brutus des complices...

Le principal problème de ce plan, c'étaient les capacités magiques de ce fumier. Mêler la justice ? Mauvaise idée. Non, définitivement, j'allais devoir appeler quelques faveurs que j'avais prises. Je n'aurai qu'à l'attirer à Pré-Au-Lard et à laisser la pièce se jouer... Ce que j'aimais la valeur que j'avais dans ce genre de cas. Pas sûr que je garde cet avis quand la vieille décide de s'intéresser à mon cas suite à mon excommunication. Bref, maintenant, il fallait rassurer Alejandra sans pour autant qu'elle prenne à la légère la faveur. Par Morgane, je me sentais être une version discount de Médor dans ce genre de cas. C'était son truc d'être un père spirituel pour toute autre personne que ses propres enfants.

« Que l'on soit clair... Avant que l'une de vous ne conteste... Ernesto Montero ne disparaîtra pas pour le mal qu'il vous a fait subir. Rien ne changera ce qu'il vous a fait. Rien de ce qu'il subira, aucune souffrance n'allégera le poids que vous portez. Au mieux, vous ressentirez un vide en vous. En revanche, il disparaîtra pour tout le mal qu'il aurait pu vous faire après ce jour. Vous ne vous endettez pas pour une vengeance, mais pour une protection. »

Tendant le parchemin signé par Selma vers sa soeur, je leur souriais avec une certaine bienveillance involontaire. Malgré mon ton moralisateur, dur et ferme, je ne pouvais m'empêcher d'admirer leur solidarité et leur amour fraternel. Elles méritaient d'être heureuses et éloignées de l'influence néfaste de cette mafia.

« En ce sens Alejandra... Vous serez toutes les deux protégées. Il est donc normal que vous payiez toutes les deux. N'ayez crainte, si vous n'étiez pas capable de payer ce prix, il serait impossible d'avoir vos deux signatures. »

En raison de la magie ? Non, j'en étais dépourvu. Mais cet amour, qui les poussait à vouloir partager ce fardeau, était la raison pour laquelle je savais qu'elles sauraient trouver leur bonheur une fois leur père écarter. Je n'aurai qu'à leur montrer la voie... Ce qui se résumerait sans doute par un plan menant au bureau de Korrigan... Chemin d'une aide salutaire pour certains élèves, route vers les maux de tête chroniques pour beaucoup d'autres. Bref, une étape à la fois.

« Une fois le bus parti, vous viendrez me voir à Pré-Au-Lard, la nuit. Au Sud de la tête du Sanglier, se trouve un petit bosquet. Normalement, tout sera déjà fini à ce moment-là. »

Une semaine... Morgane m'en soit témoin le bureau des aurors allait avoir du boulot vu tous les réseaux mafieux que j'allais faire bouger. Tant que ça ne prévenait pas les autres vampires de ma localisation... Erm. Ouais... Bon... Une étape à la fois, mais surtout un problème à la fois. Qui eut cru qu'un jour, je craindrai moins les chasseurs que ceux de mon espèce.

Lun 28 Oct 2024 - 23:25

Sans rien dire, je tournais ma tête vers ma sœur alors qu’elle citait les paroles du poète. Je me contentais de l’observer signer de son propre sang et j’attendis quelques instants avant de savoir quoi faire. De nous deux, c’était finalement elle qui avait le plus de courage. Elle était du genre à traverser un pont sans se soucier de sa solidité pour protéger les siens et aller plus loin. Alors que moi, je vérifiais toujours les fondations avant de traverser. Sauf quand ma sœur partait au devant… D’un geste sec de ma baguette je m’entaillais à mon tour la main, et je signais avec mon propre sang pour dire simplement à ma sœur.

« La pluma es la lengua del alma. » *

Puis je me contentais de poser cette dernière et de regarder désormais notre professeur d’Histoire de la Magie dans les yeux. Avant de partir car je sentais que désormais nous n’avions plus grand-chose à faire ici, je me contentais de lui répondre :

« Mieux vaut un vide qu’une souffrance continue et une vie que l’on a pas choisi. Je me chargerai de le combler pour nous deux si nécessaire, et d’autres nous aiderons. »

Je me prêtais légèrement à sourire. Alors que je venais de signer l’arrêt de mort d’un homme, qui était aussi mon père. Oh, j’avais déjà tué par le passé et cela ne me faisait au final ni chaud ni froid. Eliminer une cible pour mieux vivre et pour le bonheur des siens n’étaient au final qu’une vraie solvatation au milieu d’un chaos de souffrance continue. C’était une mort juste, et méritée, qu’aucune justice ne pourrait un jour décrété.

« Nous y serons, mais apporter un gage de sa mort, il n’est pas du genre à se faire prendre deux fois. Faites en sorte qu’il ne soit pas rater... »

Je serrai mes dents en parlant ainsi. Parce que quelque chose m’échappait. Un truc, une idée que je n’arrivais que faiblement à me saisir. Si nous le tuions demain, les souvenirs qu’il nous avait voler allaient certainement disparaître avec lui. C’était surtout ça qui me faisait le plus mal. De toute façon il était trop tard pour aller en arrière...

* la plume est la langue de l'âme

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