Meeting in a fog — ft. Farès El Mahdi

ft. @Farès El Mahdi

En comparaison avec les chambres de l’hôpital de Sainte-Mangouste, le château de Poudlard était un pays à part entière. Une contrée immense et vertigineuse avec de larges frontières espacées.

À côté de l'immense bâtisse écossaise, les quatre murs blancs de l'établissement de santé étaient de simples placards à balais. Avec un lit. Et une unique petite fenêtre.

Pour n'avoir eu d'autre décor depuis son accident à la fin du mois d'octobre dernier, Riley Fitz, qui n'était de retour entre les murs de la célèbre école de sorcellerie que depuis deux jours, avait encore du mal à retrouver ses repères. Elle connaissait pourtant par cœur chaque pavé du marché aux trolls pour les avoir tous éprouvés au fil des années, n'avait aucun mal à se repérer dans les rues aussi exiguës et insignifiantes soient-elles et jusqu'ici, trouver son chemin à Poudlard avait toujours été un jeu d'enfant. Pas une seule fois elle ne s'était perdue entre deux cours et elle avait même ses propres passages secrets pour gagner quelques précieuses secondes quand elle était trop pressée.

Mais voilà. En trois mois et quatorze jours d'absence, il semblait que tout était différent.

À commencer par elle.

Elle s'en était rendue compte la veille, lorsqu'elle avait demandé son chemin à quelques fantômes qui passaient par là. Aucun ne lui avait répondu. Avant, ils aimaient bien parler de tout et de rien avec la Poufsouffle et bizarrement, elle avait toujours semblé avoir un don avec eux. Même le Baron Sanglant se montrait doux comme un agneau en sa compagnie et elle était probablement la seule élève à n'avoir jamais souffert des mauvais coups de Peeves lorsqu'elle se rendait en cours.

Mais depuis son retour, même le Moine Gras la fuyait comme la peste, marmonnant quelques paroles intelligibles à chaque fois qu'il la croisait.

Dans tous les cas, Riley n'avait pu compter sur aucun d'eux pour lui indiquer le chemin le plus pour se rendre au bureau du directeur de sa maison, qu'elle devrait retrouver après les cours, en fin de journée. Quant à son frère, il était sans doute occupé ailleurs et elle n'avait pas la moindre envie de l'embêter avec ses bêtises et des questions qui n'avaient pas lieu d'être. Il avait suffisamment donné ces dernières semaines. Même chose pour sa meilleure amie, Alecto, qui devait être quelque part, très prise par ses fonctions de préfète

Peut-être @Sheraz Mahal aurait-il pu l'aider si elle l'avait trouvé dans les coins. Mais la salle commune était complètement vide en cette fin de journée.

Bizarre, car de ce qu'elle savait, les cours étaient bien terminés pour la semaine et à cette heure-ci, nombre d'étudiants se retrouvaient pour fêter le week-end...

Lasse de tourner en rond, l'orpheline avait fini par s'asseoir dans un siège moelleux de la salle commune, s'armant de sa plus belle plume et d'un parchemin pour écrire à son directeur et lui demander de bien vouloir lui indiquer l'emplacement de son bureau. À ses côtés, Kermit se retenait de chanter, comme chaque soir depuis qu'il avait fait la rencontre de Riley. Il se contentait seulement de la regarder avec ses gros yeux noirs, comme s'il veillait sur elle...

Car il y avait bien un détail que Riley Fitz n'avait pas remarqué en écrivant à son directeur.

C'est qu'il était très exactement 4h33... du matin.

ft. @Farès El Mahdi

Plusieurs minutes passèrent durant lesquelles il ne se passa rien.

C'était d'un ennui... Où étaient donc passés les autres ? @Rodney Fitz s'était-il encore planqué dans les cuisines ? Alecto allait-elle repasser par la salle commune après sa journée ? Et pourquoi diable le château était-il aussi silencieux un vendredi après-midi ?

Quelque chose clochait.

Le temps passait, et elle patientait... C'était à se demander si son directeur allait avoir la politesse de répondre à sa missive ! Certes, Riley avait sûrement pris du retard à ce rendez-vous. Mais s'il voulait qu'elle arrive à l'heure la prochaine fois, il n'aurait qu'à lui donner un créneau précis. Et, tant qu'à faire, communiquer l'adresse de son bureau - après tout, elle n'avait pas la tête d'une chouette à connaitre tous les recoins de l'école de sorcellerie...

Mais finalement, ce ne fut pas une missive qui arriva jusqu'à elle. Au lieu de cela, le professeur El Mahdi fit le déplacement en personne, passant la porte de la salle commune comme une seule ombre.

Son air sévère, éclairé par le feu de cheminée, aurait pu lui faire froid dans le dos si seulement le Marché aux Trolls n'avait pas été peuplé de silhouettes cent fois plus effrayantes que la sienne. Et quant à cette voix stricte qui laissait présager que l'étudiante allait passer un sale quart d'heure, et bien, ça ne lui faisait ni chaud ni froid. Riley n'avait rien d'un cancre irrespectueux - rien que ses enseignants aient pu faire remonter, en tout cas -, mais la seule vraie figure d'autorité à laquelle elle se pliait sans réfléchir était le Mentor.

Tout le reste n'était qu'illusion pour lui permettre de garder sa place là où il voulait qu'elle soit.

Kermit tourna enfin le regard pour observer le nouveau venu de sa pupille horizontale, l'air méfiant.

« Rah, le cinquième... Je le savais Kermit ! », marmonna-t-elle après un silence en regardant le crapeau comme s'il pouvait lui répondre, tandis que l'enseignant en combat magique s'installait en face d'elle.

C'était faux, bien entendu. Si elle l'avait vraiment su, elle n'aurait pas posé la question.

Mais quand Riley s'exprimait, parfois, mieux valait ne pas chercher à la comprendre... sous peine de ne pas y arriver, tout simplement.

« Bonsoir professeur. Vous n'auriez pas du vous déplacer, j'aurais bien fini par trouver ! Et pourquoi vous parlez si bas ?... », demanda-t-elle en se calant finalement sur lui. Mais il enchaîna sur une phrase qui lui fit ouvrir très grand ses deux yeux bleus.

Heure tardive ? Matinale ?

Riley n'était pas le couteau le plus aiguisé du tiroir, certes, mais à ce stade de leur discussion si peu avancé, elle ne comprenait déjà plus rien. D'autant plus qu'elle n'avait pas la moindre idée du motif profond de cette convocation. Naïvement, elle s'était dit qu'il voulait peut-être l'aider à se remettre dans le bain après ces longs mois d'absence, mais un regard aussi soupçonneux signifiait surtout qu'il se posait des questions.

Et qu'il attendait donc des réponses.

La jeune femme se replaça dans son fauteuil pour se redresser légèrement, comprenant que la discussion prenait des airs sérieux.

« Où j'étais ? Ah ! Euh... Et bien, alors, j'étais en cours de vol cet après-midi. J'ai terminé la journée par un rattrapage en histoire de la magie avec  le Pr. @Aidan Peitrake - il a pris un p'tit coup de vieux d'ailleurs en quatre mois ! Et ensuite, j'ai cherché votre bureau et comme je l'ai pas trouvé, je suis revenue ici et j'ai écrit la lettre parce que... Et bien, j'avais un trou de mémoire, voilà tout », termina-t-elle alors que ses joues rosissaient légèrement, avant de demander, tout simplement : « Mais... Pourquoi cette question ? Il s'est passé quelque chose ? »

En effet, Riley Fitz s'était rendue à ses cours de vol et d'histoire de la magie, cet après-midi là. Exactement dans l'ordre qu'elle venait d'avancer.

Ce dont elle ne se souvenait pas en revanche, et qui expliquait certainement ce trou de mémoire comme elle venait de le décrire, c'est qu'elle avait passé très exactement onze  longues heures perdue dans la forêt interdite après son cours de rattrapage d'histoire de la magie.

Et qu'après ça, elle avait repris la direction du château en plein milieu de la nuit, les yeux dans le vide, l'air absent.

Avant de subitement reprendre conscience de son propre corps en plein cœur d'une salle commune vide et bien plus sombre qu'à l'accoutumée, maintenant qu'elle y pensait...

ft. @Farès El Mahdi

L'information remonta lentement à son cerveau et lui fit l'effet d'un seau d'eau froide versé sur la tête. À tel point que les questions qui suivirent se perdirent en arrière-plan.

« 4h42... du matin ? », répéta-t-elle bêtement, aussi bas que c'était possible lorsque l'on se retrouvait confronté à un tel décalage avec le monde réel.

Son regard abandonna celui du professeur de combat pour mieux se caler sur le vide environnant. Le désarroi qui la prenait était visible, omniprésent. Pour cause : Riley n'avait jamais su faire semblant pour cacher ses émotions. Depuis toute petite, elle avait embrassé sa personnalité et s'acceptait telle qu'elle était, sans jamais rien fausser, sans jamais chercher à prétendre ou à se cacher. Sans doute cela suffisait-il à expliquer que beaucoup d'élèves la fuyaient : on craignait toujours un peu ceux qui ne cherchaient pas à rentrer dans le moule, ceux qui étaient différents.

Ses talons vinrent se caler au niveau de ses fesses sur le fauteuil alors qu'elle se recroquevillait peu à peu sur elle-même.

Bientôt, la terreur prit le pas sur la surprise. C'était la première anomalie tangible depuis qu'elle était revenue à Poudlard. À côté, le silence des fantômes et leur surprenante bouderie n'était rien.

Comment expliquer alors ce fossé entre sa perception et le temps qui s'était réellement écoulé ? Et comme le lui avait demandé initialement le directeur de Poufsouffle, où était-elle pendant cet intermède ? Qu'avait-elle fait ?

Passé le stade du questionnement, Riley tenta tant bien que mal de revenir à l'instant présent. Cette fois, le regard insistant de son enseignant lui fit froid dans le dos. Il semblait sonder son âme pour mieux comprendre ses silences et au fond, elle savait bien que les réponses qui viendraient ne lui apporteraient aucune satisfaction.

Mais elle ne pouvait tout de même pas lui avouer ce qu'il s'était réellement passé. Qu'elle avait trainé son frère jumeau, sa meilleure amie et le crush d'Alecto dans une cérémonie obscure. Que rien ne s'était passé comme prévu. Et que depuis ce fameux soir, tout avait changé.

Un instant, elle envisagea de simplement cracher la vérité, jusqu'à même ouvrir la bouche pour se confesser. Mais aussitôt, l'un des faux visages du Mentor apparut dans sa conscience et la poussa à se rétracter. Ses lèvres se refermèrent brusquement : rien ne méritait de mettre en péril l'intégrité de son frère vis-à-vis de celui qui les avait pris sous son aile, ni même de risquer son amitié avec Alecto avec un retour anticipé dans le trou à rat qui avait si longtemps fait office de maison. Elle adorait le marché aux trolls mais Poudlard leur avait apporté beaucoup plus qu'un simple toit sur la tête.

« Je, euh... », bafouilla-t-elle en sentant le rose lui monter aux joues.

Farès El Mahdi venait de la mettre au pied du mur. Faite comme un rat, son regard s'attarda un instant sur Kermit qui lorgnait encore sur l'enseignant d'un air presque menaçant. Si elle ne pouvait dire la vérité, alors, elle mentirait. Heureusement pour elle, sa réputation la précédait, de même que les rumeurs lancées par tous ceux qui la craignaient trop pour oser apprendre à la connaître.

« Bon, d'accord... », commença-t-elle en se redressant, avant finalement de se lever complètement sous le coup de la panique, en plus de parler trop fort pour cette heure avancée de la nuit - ou reculée de la matinée, selon le point de vue. « J'ai trouvé une plantation de feuillerêve près des serres à Poudlard - c'était pas la mienne je vous promets monsieur », se sentit-elle obligée de préciser sans pour autant balancer son ami @Américo Cervantes avant de reprendre : « Mais donc j'ai voulu tester, sauf que je me rendais pas compte que j'en prenais trop. Et donc j'étais un peu à l'ouest. Après j'ai fait une crise de somnambulisme à cause de ça, et je suis tombée dans les escaliers en plein milieu du Sabbat de Samhain. Mon frère a du m'amener à Sainte-Mangouste en catastrophe parce que j'étais inconsciente et j'ai été dans le comas pendant 4 mois parce que je me suis cognée la tête en tombant. Maintenant ça va mieux, enfin je croyais, mais visiblement ça va pas tant que ça puisque vous me dites qu'il est 4h42 - 4h45 même ! », précisa-t-elle en montrant du doigt la pendule de la salle commune qui ne se révélait à elle que maintenant. Elle fit une pause, mais pas suffisamment longue pour laisser au professeur El Mahdi le temps d'en placer une. « Je sais que c'est mal et je suis vraiment désolée d'avoir fait ça, je regrette sincèrement. Mon dossier scolaire est vierge, vous le savez, je suis une étudiante sans trop d'histoires... Collez-moi autant que vous voulez, mais s'il vous plait, me virez pas... », supplia-t-elle en s'approchant du fauteuil sur lequel était assis son interlocuteur.

Il y avait un réel appel à l'aide caché entre ses quelques inexactitudes.

Peut-être qu'accompagné de cette voix désespérée, il suffirait à les étouffer...

ft. @Farès El Mahdi

Après s'être presque égosillée en racontant son histoire, sa voix finit par regagner naturellement des tonalités plus basses pour venir se caler sur celle du directeur de Poufsouffle. La jaune-et-noire n'en menait pas large et cela se voyait clairement sur sa mine déconfite qu'elle aurait pu emprunter à un n'importe quel enfant en bas-âge pris sur le fait.

« Oui, m'sieur. »

Ce fut les seuls mots qui parvinrent à franchir ses lèvres en voyant que son petit mensonge avait pris. Quelque part, il y avait aussi la culpabilité d'avoir dû en arriver là, mais dans certains cas, la fin justifiait les moyens. C'était un crédo que de nombreux enfants des rues partageait, et ce n'était certainement pas @Maddox Crookhaven qui viendrait la contredire.

À mesure qu'il parlait, sa tête se baissait un peu plus pour venir lorgner ses pieds. Cela lui permettait à la fois de prouver qu'elle n'était pas fière de ses agissements, tout en ignorant mieux son discours sur la période sombre de la communauté magique et le besoin de discernement. Riley ne se sentait absolument pas concernée par les états d'âme de la société magique, quels qu'ils soient, estimant que ce n'était pas sa lutte. Quant à faire preuve de discernement, le Pr. El Mahdi s'était clairement trompé d'élève.

« Oui m'sieur », répéta-t-elle tout de même, la tête toujours rivée sur le pavé de la salle commune, pas encore suffisamment demeurée pour aller chercher le bâton.

« Quatrième année, m'sieur. J'ai eu mes B.U.S.E.S l'année dernière », le reprit-elle en relevant lentement la tête, peu assurée. C'est qu'elle avait manqué de peu les rattrapages, mais grâce à l'aide précieuse d'Alecto, elle avait fini par obtenir le précieux sésame.

Quand elle disait qu'elle n'était pas vraiment un cancre... Mais il était vrai que Riley n'était pas du genre à se faire remarquer, et que le Pr. El Mahdi avait facilement pu passer à côté de l'information. Attirer l'attention sur elle était bien la dernière chose dont elle avait besoin pour pouvoir poursuivre tranquillement l'expansion de son petit commerce à Poudlard... Dans de telles circonstances, il valait mieux que Farès El Mahdi soit avec elle que contre elle. Et heureusement, la suite de ses propos corroborait avec cette idée.

Elle poussa un soupir de soulagement, illustré par sa main qui vint se poser sur le haut de sa cage thoracique.

« Ouf. Merci Monsieur. Je vous jure que vous regretterez pas. »

Mais elle eut à peine le temps de se réjouir qu'il enchaina avec une demande des plus déconcertantes. Elle était si contente de s'en tirer à bon compte qu'elle faillit encore se mettre dans de beaux draps.

« Oui, oui, bien sûr, mon doss... Attendez, quoi ? Mon dossier médical ? »

Cette fois, sa tête était suffisamment relevée vers l'enseignant pour lui adresser des yeux ronds comme des petites citrouilles. Kermit dut saisir que sa maîtresse était en difficulté car il changea de position pour se placer à ses pieds, par terre, comme s'il voulait la défendre.

« Euh, je peux vous donner les rapports du médecin qui s'est occupé de moi à Sainte-Mangouste, ça oui. Je crois que mon frère doit les avoir gardés quelque part. Mais pour ce qui est de mon dossier médical, ça va être compliqué parce que, euh, eh bien, c'est un peu difficile à expliquer m'voyez mais... J'en ai pas. »

Ses parents adoptifs moldus avaient dû jeter tous les bilans psychologiques et quant à son carnet de santé, il était certain qu'il devait se sentir tout à fait à sa place au milieu du petit tas de cendres persistant de la cheminée.

« J'avais jamais eu de problème de santé avant l'année dernière », se justifia-t-elle, penaude.

C'était toujours plus simple à admettre que la vérité.

Farès El Mahdi aurait sans doute beaucoup à redire du fait qu'elle ait grandi dans la rue et il valait probablement mieux qu'il reste dans l'ignorance encore un peu...

ft. @Farès El Mahdi

Le regard que Farès El Mahdi porta alors sur sa personne était si lourd que ses épaules s’en affaissèrent. La mine penaude, ses yeux bleus osaient à peine se relever vers son  interlocuteur de peur de subir les foudres des siens, naturellement plus sombres.

Ce n’était pas la première fois que quelqu’un s’étonnait à son sujet. Ni même que la suspicion ou le jugement prenaient le dessus sur la surprise. La plupart du temps, et notamment quand il s’agissait d’autres élèves, Riley arrivait à s’alléger du poids de leur jugement pour conclure que ce qu'on pouvait penser d'elle lui importait peu.

Mais avec son directeur de maison, c’était un peu différent. Probablement parce que cette figure d’autorité semblait sincèrement préoccupée par son cas quand d’habitude, les autres balayaient d’un revers de main leurs questions après avoir réalisé à quel genre de cas ils avaient à faire.

Et comme il insistait, Riley se sentait de moins en moins à l’aise dans sa position, se demandant si l’entretien ne prenait pas peu à peu des allures d’interrogatoires.

Dans quelle bouse de veaudelune s'était-elle encore fourrée ?

« Non », confirma-t-elle sur la réserve alors qu'il cherchait à confirmer ce qu'il avait entendu, sans plus chercher à feindre l’assurance.

Riley était tout à fait pathétique quand il s’agissait de jouer un rôle et c’était généralement quand elle cherchait à se donner des grands airs qu’elle mettait la puce à l’oreille de ceux qu'elle cherchait à duper.

Son truc à elle, c’était plutôt d’en dire le moins possible et chercher le premier échappatoire pour s’en saisir au plus tôt.

Consciente que la dernière chose dont elle avait besoin était d’aggraver son cas en cet instant, la jeune femme pensa un moment pouvoir se contenter d'un simple non, franc, simple, succinct. Mais c’était mal connaître le directeur de la maison Poufsouffle et ancien brigadier qui n’avait peut-être pas définitivement tourné la page sur son passé.

« Là, maintenant vous voulez dire ? Mais… Je les ai pas sur moi, monsieur. C’est mon frère Rodney qui s’est occupé de la paperasse quand j’étais là-bas. Il est très fort pour ça. Mais là, il doit sûrement… eh bien, dormir, vu qu'il n'est pas encore l'heure de se lever. »

@Rodney Fitz  avait surtout le talent et l’abnégation de la manipulation à tous les niveaux et ce depuis qu’ils étaient enfants. Sans ça, sans lui, ils ne s’en seraient pas sortis.

Riley, elle, avait d’autres talents mais qui servaient surtout à les mettre dans de mauvaises postures desquelles son jumeau devait ensuite les sortir.

D’ailleurs, devant Farès El Mahdi, nul doute qu’il s’en serait beaucoup mieux sorti, lui.

À ses côtés, Kermit se manifesta en réajustant sa posture défensive et l’orpheline comprit grâce à lui qu’une réponse de sa part était attendue.

« Je l’ai perdu », confessa-t-elle, la tête baissée. « Y a plusieurs années maintenant. Et comme ma famille n'a pas beaucoup d'argent, je vais pas souvent chez le médecin. »

C'était dit. Voilà la seule excuse qui lui était venue. Et ça n'était même pas un mensonge, si l'on considérait qu'elle n'avait pas vraiment perdu son dossier médical — elle n'en avait simplement jamais eu — et que sa famille se résumait à son frère jumeau — il gagnait sa vie comme elle grâce au Mentor, mais pas suffisamment pour s'accorder ce luxe-là.

Car parmi toute la liste d'excuses qu’elle aurait pu sortir, c’était sûrement la plus probable, bien plus admissible que celle consistant à expliquer que ses parents adoptifs moldus avaient dû brûler ses rapports psychologiques et le restes de ses papiers médicaux par pure superstition après l’avoir surprise en plein rituel de magie et qu’après cela, l’orphelinat magique de Londres n’avait pas prêté plus que ça attention à sa santé…

Quant à la suite de ses aventures sur le Marché aux trolls, les médecins avaient déjà bien assez à faire pour s’embarrasser de ce genre de détails et lui faire don d'un dossier médical. C'était le genre de privilège qu'on accordait aux personnes qui avaient quelqu’un d'assez riche auprès d'eux pour se préoccuper de leur santé… Les autres avaient déjà appris à se contenter du strict minimum, déjà bienheureux s'ils parvenaient à se payer une consultation de ce genre.

Et depuis qu'elle était à Poudlard, Riley s’était tout simplement efforcée de se tenir au plus loin de l’infirmerie.

Juste au cas-où.