Lights Out

Braxton déglutit. "Lucy ?" répéta-t-il, effrayé et furieux à la fois. Jameson était fou s'il avait laissé sa fouineuse de fille travailler délibérément dessus. Braxton avait une idée où ses dossiers de mars étaient passés.

"Sous prétexte ? C'est une calamité ! Une catastrophe ! La moitié de la famille est à l'hôpital ou détenue dans la nature, je ne sais pas quel putain de prétexte il te faut !" cracha Braxton, comme un animal acculé.

La culpabilité le ravagea de l'intérieur comme un feu d'été. Reinfield, l'accueil de Jinx, sa paranoïa de tromperie, tout ça était arrivé parce qu'il avait pris cette fille sous son aile. Des morts et des blessés par vingtaine, trentaine, pour une paranoïa de coucherie de la part d'un malade mental sanguinaire.

"Alors c'est ça, le grand clan Clearwater va rester les bras croisés pendant que nos enfants se font kidnapper ?" Braxton se retint de siffler que cela ne serait jamais arrivé sous papa. Beau mensonge, leur père avait juste eu l'idée de mourrir un an avant que les évènements se produisent.

Mais Braxton tenait un point, un clan renommé et employé pour ses sorciers guerriers ne pouvait survivre sans inspirer respect et crainte.

Jameson était mal à l'aise. Cela ne l'empêcha de frapper dur, là où c'était sensible. Se faire passer pour le père de Sean.

"T'as été souvent dehors Jameson ? T'as souvent mordu la poussière avec ces tarés à tes trousses, t'as eu récemment affaire à beaucoup de tarés de la magie noire Jameson ? Tu m'entends Jameson ?"

Une médicomage qui s'était approchée avait reculé.

"T'as vu ce qu'ils pouvaient faire quand il en avait six, qu'est-ce que tu crois u'il essayeront quand il en a vingt ?" continua-t-il de tonner, furieux.

Braxton allait tourner les talons alors que Jameson mentionna Betty. Braxton, tel un chien formidablement dressé au rappel, se tourna immédiatement vers Jameson, le visage implorant. Il glissa un regard vers son chat.

Jones avait transplané pour sauver Betty et Sean. Comme un gifle, Braxton fut saisit de torpeur, avant de baisser les yeux sur le chat.

Ce fut le moment que choisi la médicomage pour s'approcher.

"On m'a dit que votre amie avait besoin de soin..." glissa-t-elle, en tendant les bras. "Je vais l'emmener aux urgences, si vous voulez bien me le confier..."

Braxton à contre coeur, regardant partir son chat comme s'il avait du céder son nourrisson, finit par laisser la médicomage glisser ses mains sous le petit chat blessés et s'écarter avec un sourire. Elle fila en trottant vers le service, laissant le silence entre les deux frère.

Jameson brisa le silence en posant la question que Braxton ne pouvait éviter, entortillé dans ses non-dits. Le visage de Jameson, n'affichait qu'une touchante inquiétude qui effleura la colère de son cadet.

Braxton baissa les yeux. Le poids et la chaleur du petit chat lui manquait dans ses bras et il s'inquiétait déjà pour elle. Il repensa à la description de Betty, il emboita immédiatement le pas à Jameson qui lui désignait une chambre.

Braxton s'arrêta devant les portes. La visite guidée de Jameson ressemblait presque à un éloge funèbre. Ellie, Adil,  @Fergus Clearwater, Betty...

Les larmes montèrent aux yeux. Ces portes closes le défendait d'avancer, de pénétrer dans le repos de ses innocents membres de sa famille. Chacune d'elle lui hurlait sa culpabilité. Et lui en-dedans.

Jameson le libéra de ce procès des portes-closes, le libérant sans le savoir d'un mal aux racines profondes et lui ouvrit la porte de la chambre de Betty.

Braxton se précipita dans la pièce abritant son épouse. Il vit la jeune Yeleen dans un coin, et se précipita au lit de sa femme.

Betty était là, son visage marqué de bleu et de rouge qui s'estompaient sous l'effet des sortilèges. Ses beaux cheveux noirs encadraient son fin minois comme une image religieuse. Belle-au-bois dormant sur son lit d'hôpital, les roses troquées pour des perfusions, les étoffes par des draps stérilisés, son repos tranquille n'en apparu que plus mortuaire aux yeux de son mari.

"Mo Luaidh" souffla-t-il entre deux sanglots, abandonnant toute bienséance, avachi sur les draps, sur elle dont il avait osé prendre le bras.

Il enfouit ses pleurs dans la silhouette de ses formes à travers le drap, le front contre sa jambe.

"Mo Luaidh" l'appela-t-il d'une voix brisée depuis le royaume de l'au-delà. Effleurer sa peau, voir les draps se soulever à sa respiration lui apporta un soulagement immense. Cela creva l'abcès purulent de sa culpabilité. "Je te demande pardon..." implora-t-il, misérable devant ce monument qu'avait été sa femme, qu'il avait délaissé, abandonné, mis en danger.

"Je t'avais dit plus jamais, je t'avais promis, c'est ma faute. Nora va bien mon amour, Sean je le ramènerais, je le ramènerais à la maison, personne pourra y rentrer. Je t'en supplie Betty tu seras heureuse la prochaine fois, c'était la dernière fois Mo Luaidh, je te le jure sur la tête de nos enfants, jamais plus. Je les retrouverais, je les retrouverais tous cette fois."

Un bras en travers d'elle, sa tête reposait près de la sienne, caressant ses cheveux d'une main tremblotante. Derrière ses murs, il y avait Fergus qui avait failli mourrir avant de se marier avec la belle @Solvi Nibelungen, leur soeur qui avait failli perdre son premier enfant, Adil qui avait la vie devant lui, la petite Yeleen qui s'était retrouvée au mauvais endroit au moment. Jamais Sean ne lui pardonnerait que sa petite amie ait été mise en danger. S'il revenait.

"Jameson..." appela-t-il, sachant son frère non loin. "Jameson il faut qu'on parle..." réussit-il à dire. Braxton s'était redressé, assis sur le bord du matelas, ses doigts entrelacés dans ceux de son épouse endormie. C'était à la fois un soulagement profond et un avant goût du mise en biere. Il fouillait son visage à la recherche de vie, de prise à laquelle se raccrocher.

"Il s'arrêtera pas. Je savais pas qu'il avait atteint autant de monde. C'était pour moi." creva-t-il. "C'était... pour Jones..." dit-il en ne jetant que de rapide coup d'oeil à Jameson, ne supportant pas de se détacher trop longtemps de sa femme.

"Jones a fui à Poudlard pour fuir Reinfield. C'était... une indic... Elle se faisait battre, j'ai cru qu'elle allait crever. Alors, un jour, je l'ai caché. Elle est restée, puis repartie, puis revenue. Jusqu'à l'hiver dernier. Cette enflure pensait que je me tapais sa chose. C'était qu'une grosse racaille de la meute y a quelques années... Il est rentré à Thanatos, il s'est fait un nom. Asel a croisé une Vixie dans la forêt qui connaissait mon nom et portait des menaces..."

Braxton prit une respiration, fixant Betty comme pour imprimer éternellement son visage sur sa rétine.

"Jones m'avait prévenu, j'étais à l'appartement, puis le gallion d'Ellie a chauffé et..." Braxton fut secoué à nouveau d'un pleur. "Puis tout le monde a manqué de crever." reconnu-t-il, dévasté.

Il embrassa la main de sa femme, le dos tremblant. "Il faut que tout le monde revienne aux Hébrides, contacter les autres. Jameson, ça s'arrêtera pas à du simple règlement de compte."

« - Je t'ai déjà dit que le prétexte qu'il me fallait, c'était d'en savoir plus. On ne lance pas une guerre sans avoir d'informations suffisantes si ce n'est pour remplir les cimetières. » Lâcha Jameson, d'un ton acerbe, sentant la moutarde lui montait au nez alors que son frère Braxton, ne démordait pas sur sa volonté à convoquer le Gathering. Mais lorsque le Langue de Plomb s'en prit au clan Clearwater, Jameson du faire des efforts titanesques pour lui demander ce que lui, il avait fait pour le clan sinon lui fournir deux gosses qu'il n'avait même pas éduqués. C'était gratuit, il le savait, et c'était bien pour cela que l'ainé des Clearwater se tempérait du mieux qu'il le pouvait pour ne pas envenimer une situation qui dévoilait tous les signaux avant-coureurs de sa plus grande peur : celle de devoir un jour affronter son frère.

Mais plus la conversation continuait, plus ça devenait difficile. Cette impression d'être sous-estimé pour n'avoir été qu'un briseur de sorts, puis un professeur à Poudlard sous prétexte que monsieur était devenu un Agent du Ministère le rendait dingue. Mais comme il se refusa de lui dire : entre sa vie professionnelle et sa vie de famille, lui, il avait choisi. Un choix qu'il ne regretterait jamais, car il lui avait permis d'être présent pour Caleigh jusqu'à son dernier souffle, avant d'épauler sa fille Lucy face à ce terrible drame dont il ne se remettait toujours pas, malgré lui et ses sauteries d'un soir.

Ce qui n'était pas le cas de Braxton qui avait délaissé femme et enfants pour traquer ses démons du passé, d'un temps révolu, dont il ne parvenait à se défaire, probablement entretenus par ses confrères et supérieurs. Jameson se rendait bien compte que son jeune frère ne voyait même pas l'étendue des dégâts qu'il avait causés sur sa propre famille. Alors, l'entendre dénigrer tout un clan sous prétexte qu'ils ne fonceraient pas tête baissée dans une situation qui les dépassait très certainement, ça mettait Jameson en rogne.

Mais son devoir de grand frère lui intimait de ne rien dire, de serrer les dents, de ronger son frein, de le préserver de tout cela. Braxton n'en avait pas besoin. Il était meurtri et bien trop borné pour se rendre compte des dégâts qu'il causait malgré lui. Jameson aimait son petit frère. La peur de devoir un jour lui lever la main dessus était réelle. La Norvège était constamment dans ses pensées dès qu'il pensait à lui. Il allait devoir passer outre ça. En tant que Patriarche, il ne pouvait avoir de telle peur.

Peut-être qu'il tenterait de joindre leur père pour qu'il discute avec lui ? Après tout, Jameson n'avait pas pu lui révéler tout ce qu'il avait découvert sous le phare grâce au fantôme d'Ewan.

Un médicomage vint vers eux pour leur récupérer le chat de Braxton. L'indic' de son frère. Cette boule de poils lui quittait enfin les bras. Jameson n'aimait pas beaucoup les chats. Il y avait trop d'histoires étranges autour, et même s'il était sorcier, il ne pouvait s'empêcher de croire qu'ils étaient malins, mesquins et probablement des assassins sanguinaires. Il préférait très largement le petit furet de sa nièce.

Ils entrèrent dans la chambre de Betty. Jameson resta en retrait quelques instants, laissant le temps à son frère de redevenir humain, à pleurer sur le corps de sa femme, en disant qu'il était désolé, qu'il allait les retrouver, qu'il... Jameson secoua la tête, posant son regard sur la petite Yeleen qui dormait paisiblement. Leur échange de fin d'année lui revint en mémoire, forçant le professeur de Sortilèges à baisser le regard. Oui, Braxton n'allait pas bien. S'enfonçant encore dans des désirs de vengeance voilée en lui promettant de les retrouver, Braxton semblait passer à côté de quelque chose.

Le regard de Jameson se leva vers le visage endormi de Betty dont les cataplasmes de dictames faisaient disparaître progressivement les cicatrices de magie noire qu'il n'avait pu retiré avec son sortilège. J'ai juste l'impression que c'est toujours pire. Nous deux. J'en ai marre Jameson. Juste. Marre. Des mots qu'elle avait prononcés à la remise de diplôme des petits, des mots qui raisonnèrent difficilement dans le crâne du patriarche, alors qu'il voyait son frère pleurait sur son corps. Jameson déglutit péniblement. Dire qu'elle devait juste passer les vacances en compagnie de ses gosses, dans l'amour et la joie, dans la chaleur de sa petite maison sur Birmingham en compagnie de la jolie métisse.

Jameson s'avança dans la pièce doucement. Il s'appuya sur le mur, les mains entre ses fesses et la cloison, les jambes croisées. Il soupira. Cette situation de ne rien contrôler l'agaçait au plus haut point. Son cerveau tentait toujours de comprendre, d'assembler les pièces dans sa tête pour terminer d'assembler le puzzle. Cette histoire restait toujours incompréhensible. Alors, lorsque Braxton se tourna vers lui pour lui dire qu'il comptait passer à table, Jameson leva son regard vers lui, tentant d'adopter un air ouvert, malgré ses traits de visage plus fatigué par l'émotion que par une réelle fatigue au vu de l'heure qu'il était.

Il ? Ryan ? Jameson fronça les sourcils, ne souhaitant pas lui couper la parole. La vision de cette tête de con lui revint en tête. Une haine sourde se mit à gronder chez le professeur de Sortilèges qui s'était juré de lui faire sa fête. Maintenant qu'il savait qu'il était un loup-garou, qu'il était à la tête de ce groupe de lycanthropes qui défrayaient les chroniques depuis un certain temps, il comptait bien ne pas en rester là.

« - Jones ? » Comme Kathleen Jones ?
Jameson se décolla du mur, se rapprochant du lit de Betty. Qu'est-ce que c'était que cette histoire ? Cela confirmait bien ce qu'il avait pensé d'elle en la voyant chez Betty, expliquant la raison de sa présence chez sa belle-sœur. Ryan avait peut-être attaqué Betty parce que Kathleen était chez elle ? Non... Non, ce n'était pas ça. Ce fils de chien de casse n'en avait qu'après les femmes Clearwater, se rappela Jameson, même s'il restait tout à coup très suspicieux à l'égard du professeur de Soins aux Créatures magiques.

Lorsque Braxton lui dit que Ryan pensait qu'il couchait avec Jones, un éclair d'illumination le frappa. À la remise des diplômes, était-ce ça qui avait fâché Betty ? Il préféra ne pas y penser. Pourtant, plus Braxton en parlait, plus il témoignait qu'une étrange relation s'était nouée entre Jones et lui. Quelque chose qui n'était pas forcément sexuel, du moins l'espérait-il ardemment pour Betty, mais qui avait son poids. Betty ne lui avait pas tout dit. Peut-être que Jameson extrapolait. Mais au fur et à mesure que Braxton parlait, dans l'esprit de Jameson, les pièces s'assemblaient, lui faisant comprendre l'histoire qui s'était déroulée ce soir.

Une conséquence des activités de Braxton.

Jameson sentit comme une pression douloureuse l'envahir lorsqu'il entendit parler d'Asel. Jones, par sa simple présence, mettait tout le monde en danger. Y compris les élèves de Poudlard. La colère gronda en lui. Jameson faisait des efforts surhumains pour ne pas éclater. Ses mains blanchissaient alors qu'il serrait le rebord du lit de Betty.
« - Je vois. »

Jameson souffla.
« - Le chat. C'est Jones ? » Demanda-t-il, posant ses yeux, une lueur flamboyante dans le regard.
« - Je récapitule. Tu me demandes de convoquer un Gathering parce que vous avez merdé ? »
Sa mâchoire serrée, il avait envie de lui casser la figure.
« - On va chercher Sean. »

Il se retira du lit de Betty, jetant un bref regard vers Yeleen.
« - Prie pour qu'elles n'aient rien entendu. Ta femme en a ras le cul de tes absences. »
Jameson se dirigea vers la porte.
« - Avec un peu de chance, Sean est avec Milo et Asel. »

Il avait la tête sous pression, ses pensées étaient vives, sa colère s'enflammait en lui. Il n'y avait qu'une chose qui pouvait l'aider à se sortir de cet état, c'était de s'occuper. De travailler.
« - J'vais prévenir Amastan. Qu'il prenne le relais sur les gosses, aussi. »
Jameson disparut quelques instants. Amastan avait levé le regard vers lui, soulevant son menton de ses mains, l'air fatigué. Il y avait quelque chose dans son regard qu'il n'avait jamais vu chez cet homme plein de gentillesse. Une conséquence de l'effet Brax-Jones.

Jameson le remercia, avant de retourner dans la chambre de Betty.
« - On y va ? » Fit-il, en sortant sa baguette magique de sa manche.

Pendant ce temps, chambre n°9...

cw : blessures, sous-entendus sordides

L’infirmière attrapa le chat qui ouvrit les yeux, offrant un superbe feulement entre douleur et colère à la jeune femme qui recula avec le félin contre elle. Elle eut une petite moue en s’écartant des frères Clearwater, ne sachant pas bien quoi faire avec le petit chat noir. Elle jeta un œil curieux au médicomage qui se rapprocha avant de lui montrer une chambre qui avait été libéré des suites des attaques.

A peine la porte refermée que le chat et déposée sur le lit que Kathleen reprenait forme humaine, s’écrasant à moitié sur le sol. L’infirmière poussa un petit cri de surprise alors que dans sa demi-chute, la brune avait renversé un plateau resté sur une desserte roulante.

« Madame ? »

Des habits couverts de sang jusqu’aux déchirures profondes qui donnaient à la vue certaines parties de ce corps qu’elle aurait préféré cacher, Kathleen jeta un œil à l’infirmière désemparée, secouant la tête pour que cette dernière garde le silence.

Au lieu de ça, la jeune fille sortit de la pièce aussi vite qu’elle y était entrée et revint avec le médicomage précédemment croisé dans le couloir. La femme fronça les sourcils, ayant assez d’années derrière elle pour savoir ce que ça signifiait exactement.

« Rapporte-moi du dictame en quantité, et des onguents. »

La jeune femme hocha vivement la tête avant de s’extirper, trottant à petite allure dans les couloirs afin de ne pas déranger le repos de certains et les quelques arrivées qui se faisaient désormais et fort heureusement au compte-goutte.

« Est-ce que vous pouvez vous relever ? »

Kathleen, une main agrippée au lit, un pied manquant, lui jeta un regard terrible derrière ses mèches de cheveux mal coupées.

On aurait dit un chat acculé, pris au piège des phares d'une voiture.

« Est-ce que je peux vous aider ? »

Jones baissa les yeux, avant de hocher la tête positivement et douloureusement. En s’approchant, la médicomage vit que la gorge de la jeune femme était couverte d’ecchymoses diverses et variées, de traces de doigts, de traces de poings. Elle serra la mâchoire et aida Kathleen à s’allonger sur le lit, la couvrant presque aussitôt d’un drap.

« On va devoir couper vos vêtements. Pour le dictame. »

La sorcière renifla mais ne dit rien. Ce n’était pas comme si elle avait vraiment le choix de toute façon.

Elle détourna le regard, le corps crispé et tendu, laissant à la médicomage le soin de découvrir son nouvelle peau couleur panthère.

L’infirmière, à la demande de la médicomage, se mit à la porte et fit le pied de grue, empêchant quiconque d'entrer en attendant que sa tutrice de MULOT ne fasse le travail, le visage toujours marqué par ce qu’elle avait cru voir.
Quel monstre faisait ses griffes ainsi… ?

Jameson était bien resté dans un coin, même si Braxton aurait préféré être seul. Frère sans pudeur, sans pitié pensait-il, à tord. Ses vieilles rancoeur se dissipèrent dans l'air alors qu'il lui délivrait en larmes sèches ses aveux sur le lit de son épouse. Son frère s'était approché au bord du lit, prêtant une oreille absolu à son récit.

Lorsque Jameson souffla, Braxton cru que les choses en resteraient là. Que Jameson ne dirait pas grand chose, fatigué ou méprisant. Que se serait facile.

Braxton ne répondit, gorge sèche et restant stupide. Il serra les dents et lui lança un regard brûlant et larmoyant alors que Jameson refusait le meilleur moyen de protéger le clan.

Vous avez merdé. Braxton voulu lui hurler que non, que Carron avait même été d'accord il y a des années. Que ce n'était pas sa faute.

Le chat c'est Jones ?

Braxton laissa passer un silence, se posant la même question à lui-même. Jameson ignorait tout du poids que relevait cette question pourtant si simple. C'était toute la preuve de sa connerie et de sa faiblesse sur dix ans. Une confiance abusée et trahie. Il reniflant et affrontant ce regard implacable qui le faisant tant ressembler à leur père. Comme un fils bien dressé à répondre, même sachant la gifle qu'il allait prendre derechef.

"Je sais pas... Peut-être..." répondit-il d'une voix faible, sans vraiment répondre, sans vraiment mentir.

Jinx était déjà sérieusement dans la merde si l'information quittait Saint-Mangouste. Il allait falloir effacer des dossiers. Oublietter des infirmières des médicomages...
Les pensées et les plans se succédaient à une vitesse frénétique, toute plus violentes, paniquées et expéditives les unes que les autres.

Jameson avait ce dont, comme leur père, de pouvoir assommer avec quelques mots. Braxton baissa la tête, incapable de répondre. Alors qu'il s'éloigna, lui signifiant qu'il en avait assez de lui, s'en allant quérir Amastan, le nom de Sean, fit relever la tête du père, recevant ses mots attendus.

Braxton laissa aller de nouveau son front sur les draps les courtes secondes où Jameson le laissa seule en tête à tête avec sa femme et son propre jugement.

Que cela devait être amer, pour ce frère, de le voir lui, prosterné de culpabilité au chevet d'une épouse vivante, malgré toutes les imprudences qu'il lui trouvait, quand lui portait encore l'alliance de sa défunte âme-soeur. Si Brax n'en parlait jamais, cette pensée était loin de ne l'avoir jamais effleuré. Nero s'était chargé de lui rappeler, une fois, à bout.

Le passé l'assaillit comme un fauve lui lacérant le dos.

Toutes ses soirées avec une autre, à rire, à lâcher un sourire par inadvertance, à se demander, parfois, si elle serait là cette fois. Une autre femme qu'elle, qui était à la maison, avec leurs enfants, à attendre, du moins au début, alors que lui n'avait fait que poursuivre ce qui les avait mené là. À cette chambre où elle reposait, sorti de la mort grâce à la sorcellerie. Pas grâce à lui. À ce vide, laissé par l'idée de l'absence de son fils.

Braxton haleta, contemplant ce visage qu'il avait tant aimé. Quand était-il devenu synonyme de remontrances, de brides alors qu'il n'avait été qu'amour, de la mère vénérée de leurs enfants. Quand avait décidé qu'il était mieux seul à la planque qu'à table avec eux ? Quand avait-il commencé à craindre pur leur vie au point de ne plus partager la leur ?

Le vertige existentiel le broya.

Il n'y aurait pas de chat à la sorte de cette chambre. Pas de Kathleen.

Elle les avait sauvé pourtant...

Il aurait voulu pouvoir attraper cet insecte qui lui courait dans le crâne. Cette chose qui lui courait les veines et l'envoyait frapper des âmes plus faible que lui avec @Nero MacGregor. Cette engeance qui le montait contre son frère à la moindre étincelle, construire avec une patience acide ce brasier depuis vingt ans.

Il avait tout fait en leur nom. Les absences, la violence, la mort. Pour les retrouver. Cet amour qu'il avait désigné comme tel, infini, sacrificiel, débordant d'abnégation, cet amour retournait sa pièce enfin, d'une face que seul lui n'avait pas vu. Une noirceur infinie. Depuis quand l'amour qui leur portait en était devenu le véhicule ?

Avait-il était sincère en leur disant à tous qu'il les aimait ?

Braxton, pour la première fois, frissonna en se regardant, s'observant véritablement pour la première fois dans le miroir que lui offrait les plaies de son épouse. Sa Betty.

Le grincement de la porte annonça le retour de Jameson et celui qui n'était jamais revenu de la nuit se retourna et acquiesça en silence.

"Mo Luaidh" souffla-t-il une dernière fois avant de poser un baiser d'adieu sur les lèvres de son épouse endormie. Baiser volé, immérité, sali, mais sans lequel il n'aurait pu repartir. La douceur de ses mensonges quotidien ne lui apparu que plus en lumière.

Tout lui revenait soudain, leur première maison, les premiers pas des enfants. Tous les bons souvenirs, curieusement. Un rideau de beau souvenir, comme un patronus face à un détraqueur. La toile crevée ne pouvait projeter comme avant ses mirages. Le langue de plomb se releva et marcha vers son frère, son sac en travers.

"J'ai une veste." dit-il. "Sa veste." résuma-t-il à Jameson le regard brûlant de haine.

Braxton voulu suivre son frère dehors. Il manqua de s'effondrer sur lui. Faiblesse passagère, inattention et choc, en est-il qu'il se rattrapa à son bras et son épaule Le petit fit un effort pour se hisser grâce au grand. Braxton souffla quelques secondes la tête en bas. Puis il se releva, comme il l'avait toujours fait, s'ignorant, et s'accrocha à une pensée unique et irrépressible.

" Sean..." bredouilla-t-il, chancelant, sans avoir lâché sa prise sur son frère.