[ANIM] Festivité, le 16 à 21h, Selfish Love

La commémoration. Au départ, Levana n’avait pas l’intention d’y aller. Pas par manque de respect, bien qu’elle était à Beauxbâtons lors des événements, elle se rappelait tout de même de la vague de peur qui avait transcendé les frontières, la guerre les avait affectés eux aussi.

Non, simplement par manque de temps, ou justement, pour l’envie de profiter de l’une des seules soirées de repos qu’elle avait pour rattraper son retard sur ses téléromans préférés avec pour seule compagnie une bonne bouteille de vin.

Cependant, lorsqu’elle avait entendu de la part de ses collègues la présence de performeurs tziganes… son intérêt fut piqué. Il y avait bien des années qu’elle n’avait pas replongée dans l’univers de cette culture, une culture qu’elle appréciait beaucoup. L’idée de revoir ne serait-ce qu’une fraction de cette communauté sorcière était trop alléchante pour qu’elle rate l’occasion, ne serait-ce que pour les bons souvenirs.

Arrivée sur place, elle compris qu’elle ne regretterait pas sa décision. L’endroit était vivant. Alors qu’elle se promenait dans la foule, se frayant un passage entre les différentes attractions, elle observait le tout avec de grands yeux brillants, et presque autant d’hilarité que les enfants présents.

Tout cela la ramenait dans une époque douce, une période où elle n’avait pratiquement aucun souci en tête, seulement s’enivrer des plaisirs de la vie en profitant de la chaleur des nuits d’été, en compagnie de sa flamme estivale. Une relation libre qui s’était terminée tout simplement. Presque sans qu’elle sache que c’était la dernière fois; à force de se recroiser tous les étés, elle était habituée à le revoir l’été suivant. C’était une époque avec laquelle elle repensait avec - non pas avec nostalgie, Levana n’était pas tellement du genre mélancolique - beaucoup d’affection.

L’odeur de la nourriture était enivrante, c’est seulement à ce moment qu’elle réalisa qu’elle n’avait pas beaucoup mangé aujourd’hui. Cependant, une lumière vive dans son coin de l’oeil attira son attention, les cris d’admiration la faisant bien vite bifurquer de son appétit. Elle pouvait voir les voluptes de fumée s’élever au-dessus de la foule. Avec un sourire, elle se fraya une place parmis les spectateurs, observant avec émerveillement les cracheurs de feu à l’oeuvre.

Dans la noirceur de la nuit, leurs flammes illuminaient temporairement la foule amassée autour des performeurs, avant de les replonger à nouveau dans les ténèbres. Levana pouvait sentir la chaleur du feu sur son visage, se laissant porter par la musique que jouaient les musiciens aux alentours, ne se rendant même pas compte de l’énorme sourire qui étirait son visage.

résumé:

Levana était tellement envoûtée par le spectacle, elle sursauta presque en sentant quelqu'un tirer sur sa manche. Elle se retourna pour voir un des jeunes enfants du clan lui tendant une rose. “Pour moi?” demanda-t-elle, se penchant à la hauteur du garçon, un sourire reconnaissant mais incertain glissant sur ses lèvres. Du regard, elle suivit l’endroit que lui pointa le jeune marchand, curieuse, jusqu’à ce que ses yeux se posent sur un visage familier.

Elle se redressa, les yeux grands, ébahi, le souffle coupé. Levana avait vu bien des visages en 10 ans, et si elle était plutôt douée pour se rappeler de ceux qui croisaient sa route, sa confiance défailli un instant. Ce pouvait-il vraiment être lui? Elle pensa, l’espace d’un instant, que la musique et les festivités avaient tout simplement remonté à la surface de vieux souvenirs, ils la faisaient voir ce qu’elle voulait bien imaginer. Cependant, alors que l’homme traversa la foule en s’approchant, et que la lumière des flammes éclairaient ses traits, Levana fut bel et bien certaine.

Son sourire s’élargit à chaque pas que le sorcier faisait en sa direction. Si elle doutait toujours de son identité, elle eut une confirmation très valide lorsque le roumain lui tendit la main en lui offrant une danse.
“Aram?” Levana demanda-t-elle, le souffle court. Elle n’en croyait pas ses yeux. “Que fais-tu ici?” Quelles étaient les chances qu’ils se recroisent un jour? Encore plus ici, au Royaume-Uni? “Es-tu ici pour les festivités?” demanda-t-elle, incertaine. Elle ne pensait pas avoir entendu dire que les performeurs étaient de son clan, autrement, elle aurait peut-être tiqué.

Cependant, n’attendant pas de réponse, elle agrippa sa main avec le plus large des sourires, le cœur battant. Elle se laissa entraîner par le sorcier, prête à se laisser enivrer par la musique comme ils l’avaient si souvent fait, sans même se questionner. À quand remontait la dernière fois qu’ils s’étaient vu? 10 ans? Peut-être plus? Ça semblait être une éternité. Elle le regardait toujours avec de grands yeux et un sourire stupéfait, elle n’arrivait toujours pas à croire qu’il était là.

Elle ne put s’en empêcher, elle leva sa main libre vers le visage du sorcier et lova sa joue dans sa paume. “Tu n’as pas changé.” dit-elle, observant chacun de ses traits. Il avait l’air plus vieux, certes, était-il plus mature? Il avait toujours cette étincelle dans les yeux, cet air chevaleresque. Elle était complètement sous le choc de le voir ici.

résumé:

C’était naturel, avec lui. Alors qu’elle tournoyait, elle ne lâcha pas une seconde la main de son danseur, et elle avait l’impression d’être de retour à Séville. Elle qui avait toujours été impatiente pour le futur, pour le changement et les nouveaux endroits, Aram était comme l’odeur réconfortante de notre propre maison, c’était… connu. Ça faisait du bien, ironiquement.

“Je vois.” répondit-elle, jetant un coup d’oeil aux performeurs pas très loin, alors qu’ils continuaient à danser au rythme de leur musique. “Et bien je suis très contente qu’ils l’aient fait.” Elle lui offrit un large sourire, plongeant ses yeux dans les siens. Elle n’aurait pas cru pouvoir revoir ces iris bruns dans lesquels se cachaient énormément de douceur, et elle aurait encore moins cru pouvoir se rappeler des éclats dorés qui se cachaient dans ses yeux sombres. Et pourtant, elle connaissait ces yeux par coeur; c’était comme lire une carte du ciel, elle ne pouvait pas perdre la main.

“Mi bella.” répéta-t-elle avec un sourire espiègle, bougeant instinctivement ses pieds au même rythme que ceux d'Aram, sans pour autant quitter le sorcier du regard. “Je ne savais pas à quel point ça m’avait manqué de me faire appeler comme ça.” Du moins, venant de lui. Levana avait collectionné de nombreux surnoms au fils des ans, mais les appellations du sorcier tzigane avaient leur charme particulier. Revoir Aram n’évoquait pas la nostalgie, mais plutôt un sentiment de bonheur et de contentement. Aucun regret. Levana avait toujours su que leur idylle était temporaire, même à l’époque, mais c’était peut-être pour cette raison qu’elle avait été aussi vraie. Aujourd’hui, elle n’avait rien d’autre que du respect et de la confiance en l’homme, ayant été deux à surfer la même vague pendant un temps, et ayant toujours été sur la même longueur d’onde quant à ce que cette éphémère romance impliquait. Il y avait quelque chose de rassurant, d’être avec quelqu’un qui comprenait et qui partageait cette même envie de liberté. “J’ai un emploi ici, au Ministère.” répondit-elle. Elle marqua une petite pause, avant d’ajouter. “Du moins, pour l’instant.” Elle haussa les épaules, les yeux pétillants. Il savait bien qu’elle était difficile à maintenir à un seul endroit, ça n’avait pas changé, ça non plus.

“Ça serait avec plaisir.” Elle se laissa guider jusqu’à la table, et s’y installa. Elle attendit que Aram soit prêt avant de lui demander: “Alors, qu’as-tu fait depuis la dernière fois qu’on s’est vu?” Elle eut un petit sourire en coin, curieuse. Sa phrase laissait entendre qu’ils s’étaient quittés depuis à peine deux semaines.

Levana ne rata pas l’expression changer sur le visage de son ami lorsqu’elle mentionna le Ministère, mais elle choisit de ne rien dire, curieuse de savoir si il aborderait lui-même son malaise.

Elle préféra plutôt l’écouter parler de ses aventures, le menton appuyé dans sa paume et les étoiles dans les yeux. Elle était incapable d’effacer le large sourire sur ses lèvres. Ces choses dont le rom parlait étaient exactement ce qu’il avait dit qu’il ferait, à l’époque où ils avaient encore tout l’univers à découvrir, et quelque chose dans sa voix… ce petit air rêveur la ramenait à ses 24 ans. Ils étaient tous les deux si similaires, ils auraient eu une si belle vie ensemble, palpitante et enrichissante. Mais c’est aussi parce qu’ils étaient si similaires qu’ils n’auraient jamais fonctionné.

“Tous les métiers du monde?” taquina-t-elle “Ça semble être une vie bien remplie.”

Un autre sorcier leur apporta une bouteille et des coupes à la commande de Aram, et elle remercia d’un hochement de tête l’offre du choix. Elle prit une gorgée et hocha de la tête en direction du Bambara, un sourire sur les lèvres. Franchement, elle aurait bu une bouteille miteuse à 6 euros provenant d’une station-service si cela signifiait qu’elle la partageait avec Aram; comme dans le bon vieux temps. Mais heureusement pour eux, ce n’était pas ce genre d’alcool, ni ce genre de soirée.

Levanita. Elle eut un petit sourire, mais cacha son visage dans son verre, laissant son ami continuer sans interruption, appréciant secrètement le doux son de ses surnoms. Il avait cette nonchalance chevaleresque chez lui, quelque chose qui l’avait toujours étrangement attiré, mais qu’elle n’avait pas croisé souvent.

À sa question, elle éclata de rire, un grand rire franc, à gorge déployée.
“Moi non plus, à vrai dire.” commenta-t-elle en regagnant sa contenance. “L’an dernier, j’avais encore les deux pieds dans l’océan Pacifique, avec l’occasionnel débat à l’ambassade chilienne.” Elle eut un petit sourire, mais prit bien soin de ne pas entrer dans les détails. “Aujourd’hui, je dirige un département britannique. Qui sait où je serai demain.” Elle haussa les épaules.

“Te méfier?” répéta-t-elle, taquine. “Je suis à la Coopération Magique Internationale. J’essaye d’être une alliée plus qu’une menace la plupart du temps.”
Elle lui lança un sourire malicieux. “À moins que te me donnes une bonne raison de te pourchasser…" Elle haussa les sourcils, avant de noyer son sourire aguicheur avec une bonne rasade de vin. C'était si facile avec lui, si naturel, si près de ce qu'elle était. Il n'y avait pas de stratégie, pas de plans futurs, pas de conversations tricottées, pas de problèmes moraux ou de peurs de se faire prendre, pas de long terme. Aram représentait une jeunesse innocente, une vie libre et sans responsabilités. Mais si Levana avait beaucoup de plaisir, mais elle se força à tirer sur les rênes. Elle n’avait plus 25 ans.

Elle caressa la parois de sa coupe du bout du pouce, suivant les gravures qui la décoraient. “Après 10 ans, ne me dit pas que tu cours encore après les problèmes?” demanda-t-elle en relevant les yeux vers Aram, un sourire en coin sur les lèvres à l'honneur des bons souvenirs que ces problèmes lui avaient offert, mais sur un léger ton de reproche qu’elle avait gagné en maturant.

résumé:

Aram ricanna, passant sa main dans ses cheveux, et Levana songea à la coupe qu’il avait quand ils étaient plus jeune, luttant contre l’envie de toucher sa tête rasée du bout des doigts. Elle pris une gorgée de vin pour se dissuader, se concentrant plutôt sur ce qu’il disait.

La sorcière lui lança un regard suspicieux lorsqu’il dit être victime des problèmes plutôt que d’en être le fauteur. Elle lui offrit un sourire apaisé. “Je ne m’attendrais rien de moins venant de toi.” commenta-t-elle doucement, passant une nouvelle fois ses doigts sur la gravure de la coupe. Elle observa les reflets des flammes danser sur son visage un moment avant d’ouvrir la bouche pour lui poser une nouvelle question, mais avant qu’elle puisse le faire, l’expression de son interlocuteur changea. Aram observa autour de lui, comme si il cherchait quelqu’un. Elle tenta de suivre son regard, mais ne sachant pas ce qu’elle cherchait, elle ne remarqua la petite boule de poils que lorsque Aram s’adressa directement à lui, agacé.

Elle observa le sorcier attentivement lorsque celui-ci chorégraphia un stratagème pour l’attirer vers lui, presque sans effort, trahissant que ce n’était pas la première fois. Levana ne pouvait pas retirer l’expression ébahie sur son visage, ne sachant pas toujours exactement ce qui se passait, même lorsque Aram seccoua le petit animal au-dessus de la table, y faisant tomber plusieurs objets de valeur. À sa grande surprise, Aram pris du tas une petite chaîne en or que Levana reconnu très bien.

Elle lança un regard à Aram, puis finalement au niffleur, comprenant enfin plus clairement ce qui s’était passé. Un sourire d’amusement se dessina sur ses lèvres, les yeux brillants comme ceux d’un enfant. Eut-elle été accompagnée de quelqu'un d'autre, elle aurait peut-être été agacée. Mais connaissant bien Aram, elle trouvait la situation presque parfaite, elle avait assez confiance en lui pour ne jamais douter et simplement apprécier le moment cocasse. Elle se pencha un peu au-dessus de la table, étirant son bras pour gratter le menton du petit animal. “Enchantée, Tâlhar.” dit-elle dans une petite voix. “C’est sans rancune pour le collier.” Finalement, elle se retourna vers son compagnon, les sourcils haussés alors qu’il mentionnait ne pas être responsable de se tour.

Elle s’esclaffa.
“... Permets moi d’en douter.” dit-elle, malicieuse, alors qu’elle lui reprenait délicatement sa chaîne des mains, la faisant miroiter dans ses doigts. Elle contempla le bijou, prit une nouvelle gorgée de vin, avant de se lever de son siège avec ce même sourire amusé. “Après tout, tu as toujours été un homme de goût.”  Elle contourna la table pour rejoindre le banc où Aram était assis. Levana lui tendit la chaîne dorée sans un mot, avant de s’asseoir à califourchon à ses côtés, dos à lui. Elle éloigna ses cheveux de sa nuque du bout des doigts, commandant silencieusement à Aram de lui remettre le bijou que son compagnon poilu avait si subtilement dérobé.
“Dis moi, où t’es tu déniché un niffleur?” demanda-t-elle, observant les lumières du festival qui battait toujours son plein. En tête à tête avec Aram, elle en avait presque oublié où ils étaient.

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