Non Mayline, tu ne peux pas le dire à tout le monde.

Non Mayline, tu ne peux pas le dire à tout le monde.

Je rongeais mon frein depuis que la psychologue Madame Cynfeirdd était venue me voir à l’orphelinat, depuis qu’elle nous avait téléportées dans cette école, depuis que j’avais vu cet hippogriffe, depuis que j’avais admis que la magie existait. J’avais eu du mal à l’admettre, mais devant cet animal qui concordait avec mes souvenirs, je ne pouvais plus fermer les yeux.

Elle avait fini par me ramener à l’orphelinat à mon grand regret. J’étais maintenant pressée de quitter cet endroit maudit que je détestais plus que tout. Désireuse de découvrir ce nouveau monde, j’étais impatiente que Jameson vienne me chercher pour me sortir de cet enfer. Je voulais découvrir l’univers dans lequel j’étais née, qui aurait dû me voir grandir. J’espérais de plus en apprendre un peu plus sur mes parents.

Déprimée et mélancolique, je n’avais plus le goût de faire des efforts pour m’intégrer parmi eux. Je laissais même tomber les cours. À quoi m’aurait servi un diplôme qui n’aurait aucune utilité et reconnaissance là où je me retrouverais bientôt. Seule la musique parvenait encore à me sortir de l’ennui de cette interminable attente.

Je désespérais de revoir, celui que j’avais pris pour un rockeur, un infirmier travaillant dans un hôpital psychiatrique, un comédien doublé d’un menteur. Monsieur Latour m’obligeait de nouveau à suivre des séances, mais je n’y participais pas. Le nez collé à la pendule, je regardais les imperturbables aiguilles tourner dans leurs courses infinies. Le soit disant psy ne parvenait plus à me faire dire un seul mot et je restais sourde à toutes ses tentatives.

J’annonçais à quiconque voulait l’entendre que j’allais devenir magicienne, que j’allais aller dans une école pour y apprendre la magie. Je restais indifférente aux moqueries qui avaient redoublé depuis, mais dans un même temps, je commençais à redouter la mauvaise blague.

Jameson arriva lors d’une de ces sempiternelles séances avec le psy comme la première fois que je l’avais rencontré. Jameson, l’accueillais-je rayonnante de joie. Cette fois, si je me levais pour lui sauter dans les bras que trop heureuse de le revoir. Mes derniers doutes venaient de s’envoler. Sarcastique, je me tournais vers le psy : vous voyez-je vous l’avais dis qu’il allait revenir pour m’emmener dans cette école de magie et que je deviendrais une sorcière. Dans le même temps monsieur Latour furieux, s’écria VOUS ! Qu’est-ce que vous avez fait à cette pauvre fille ?  

Non Mayline, tu ne peux pas le dire à tout le monde.

Alors que l’instant d’avant j’étais heureuse de revoir Jameson et que l'avais même prit dans les bras voilà qu’une vague de frayeur me submergeât. Je m’écartais tout aussi vivement du sorcier. Le psychologue visiblement tout aussi terrorisé que moi partit sans demander son reste. Effrayée, je reculais contre le mur, cherchant à m'éloigner du professeur. Tout à coup, je me demandais si c'était une bonne idée de partir avec lui.

Ma peur première fut petit à petit remplacer par une colère indescriptible. Sans réussir a contrôler ces deux émotions, je le blâmais accusatrice : Vous n'aviez pas le droit de m'abandonner avec eux ! J'étais consciente que je l'avais repoussé, mais il n'avait pas fait grand-chose pour me convaincre. Comme Madame Cynfeirdd, il aurait pu m'emmener voir cette école ou peut être faire de la magie, mais non rien, il s'était contenté de me parler.

Je finis par appuyer fortement sur la blessure encore fraîche que je m'étais faite avec la psychologue. La douleur m'aidait à reprendre le contrôle de mes émotions. Les idées un peu plus claires, je repris d'une voix morose : Avez vous idée de ce que j’ai subi ces derniers jours par votre faute. Et aussi celle de Madame Cynfeirdd, mais c'était lui qui était venu me trouver en premier alors que je n'avais rien demandé.

Me concentrant sur la douleur, je réussis à me calmer. Je ne pouvais plus faire marche arrière. Plus personne ne voudrait embaucher une jeune femme avec des antécédents psychiatrique dans son dossier et qui refusait d’aller voir un psy. J’étais désormais coincé dans ce monde qu’il m’avait vendu. Je passais d'un avenir certain à ne pas savoir comment serait le lendemain. Avais-je réellement fait le bon choix. Ébranlée, je demandais d’une voix hasardeuse : et maintenant ?

Non Mayline, tu ne peux pas le dire à tout le monde.

Je croisais les bras bougonne. Je n’aimais pas vraiment son explication. J’aurais très bien pu me braquer et perdre toute confiance en eux. Je ne pus toutefois m’empêcher de sourire quand il affubla mon ancien psychologue de charlatan. Je repris mon air boudeur en fronçant le nez et les sourcils. Vous auriez pu vous montrer plus persuasif rétorquais je toujours accusatrice. Je protestais pour la forme sans vraiment être convaincu par ce que je disais. J’étais que trop consciente de notre première entrevue.

Je répétais irriter : juste passer un peu de temps avec moi ? Vous allez donc encore me laisser ici ? Pourquoi revenait-il dans ce cas ? Je ne comprenais pas pourquoi il me faisait miroiter une plausible vérité s’il n’agissait pas après. Vous êtes pire qu'eux ! finis je par lâcher autant par colère que par dépit. Je ne comptais même pas mes espiègles camarades. Une menace bien plus lourde pesait sur mes épaules. J’étais maintenant majeur et si Monsieur Latour décidait que j’étais mentalement inapte, il pourrait facilement m’envoyer dans un établissement spécialisé.

Je me laissais glissé contre le mur encore plus déprimé que précédemment avec le psychologue. J’avais bien des questions, mais surtout une en particulier. Quand est-ce que je partirais d’ici ? Demandais-je tristement. Pour la première fois de ma vie, je me sentais faible. Je m’étais battus pour qu’on ne me prenne pas pour une folle et maintenant que je comprenais que je l’avais jamais été, que des personnes pouvant le comprendre m’avait trouvé, que j’avais accepté avec difficulté cette vérité, on m’abandonnait à mon triste sort au milieu d'être incapable de me comprendre

Face à cette envie de fondre en larme, j’enfonçais une fois de plus mes ongles sur la blessures. Un peu de sang se mit à goûter de mon poing fermé. Me concentrant sur la douleur, je haussais les épaules pour répondre les larmes aux yeux. À quoi bon ? Je tournais la tête pour regarder le charlatan qui essayait visiblement de percevoir ce qu’il se passait dans son bureau. Il allait très certainement me faire interner à la fin de l’année. Je m’étais juré que je me suiciderais avant d’en arriver là. Quand Jameson reviendrait, ce serait pour s’excuser devant un cercueil.


Visiblement, il avait eu vent de mon escapade à Poudlard avec la psychologue. J’acquiesçais simplement de la tête. Quoi qu’il se passait à Poudlard ou dans ce soit disant monde magique était forcément préférable à ce que je subissais ici. Pour me faire réfléchir, on m’avait interdit toute activité en dehors des cours. Je n’avais même plus le droit de jouer de la musique. Je n’avais plus rien à perdre si ce n’est un diplôme que je n’arriverais probablement pas à obtenir . Emmenez moi avec vous suppliais je

Non Mayline, tu ne peux pas le dire à tout le monde.

Jameson me laissa m’énerver sans rien dire ni réagir. Je me déchargeais donc sur lui mon exaspération de ces derniers jours. Je n’allais pas accepter qu’on brise ma routine avec des rêves qui ne se révélait être de lointaine illusions sans rien dire. Mon animosité finit par se tarir alors que je me laissais aller contre le mur. Je me sentais prise au piège à l’intérieur de cet orphelinat. Ma maison, mon refuge, c’était transformé en prison depuis que j’étais revenue de Poudlard.

Persuadée, qu’il allait me laisser moisir ici, je me renfermais sur moi-même. Adossée contre le mur, mes genoux contre la poitrine, mes bras les ceinturant, je posais ma tête sur ces derniers pour laisser couler silencieusement des larmes de désespoir. Pour avoir dit la stricte vérité, monsieur Latour ne me ferait plus jamais confiance. J’avais de plus très certainement gâché toutes mes chances de devenir musicienne pour suivre les dires de deux hurluberlus que je n’avais jamais vu auparavant.

Soudain, une lumière passagère mais vive me fit lever la tête. Je me serais bien écarté encore plus de cette même source de terreur, mais j’étais déjà contre le mur. Ma frayeur ne dura pas et fut vite remplacée par de l’émerveillement. Un ours venait d’apparaître et semblait écouter le professeur. C’était donc ça de la magie. Les yeux encore humides, je demandais curieuse : vous parlez aux animaux ? Je n’avais rien compris de l’ordre que Jameson lui avait donné, mais l’animal disparu dans une fumée tel un ninja d’un animé japonais.

Depuis que je suis revenue de Poudlard ? Répétais-je pour être bien certaine d’avoir saisi la question. Les yeux aux plafonds, je remis les événements dans l’ordre avant de lui confier : Monsieur Latour m’a convoqué dans son bureau. Je lui ai dit la vérité et depuis nos séances ont redoublé et j’ai été privée de sortie. Quant à mes camarades, ils ont dû entendre des rumeurs alors j’ai voulu les faire taire en leur racontant tout en détail. Mais ça n’a fait qu’empirer les choses.

Me remémorer ces événements que je devais subir par sa faute me remis en rogne. Il me demandait ça comme si c’était moi la fautive. Telle une furie, je protestais : j’aurais dû dire quoi, hein ? Ironique, je rajoutais : leur mentir ? Je suivais un psychologue depuis tellement de temps que mentir me semblait impossible.

J’étais déçue, j’aurais bien aimé apprendre à parler aux animaux. Au moins, eux ne me trouveraient pas mes manières étranges. Pour le moment, je préférais de loin leurs compagnies à celle des miens. Je n’avais de toute façon aucun réel ami ici. Je dis d’une voix amère : dommage. Je me ragaillardis bien vite. Il ‘n'avait peut-être pas suivi les bons cours pour acquérir cette faculté. Et d’après ces dires, je pourrais moi aussi apprendre à invoquer mon ami imaginaire dans le pire des cas.

Je me relevais pour faire face à Jameson qui se rapprochait de moi. Je fus ravie quand il annonça qu’il allait avoir une discussion avec ce psychologue. Un sourire sadique s’afficha sur mes lèvres alors que je l’encourageais : allez y ! Vous pouvez même le faire disparaître ou le transformer, il n’a pas de famille personne ne s’en souciera. Je me demandais même s’il n’avait pas été lui-même orphelin par le passé. N’oubliez pas les autres aussi ! précisais-je. Par définition, les orphelins aussi n’avaient pas de proche.

Ne pas forcément leur mentir, mais leur cacher la vérité. J’avais été tellement habituer à tout raconter que je ne voyais pas vraiment la différence. Ils verront que je ne mens pas quand je reviendrais avec des pouvoirs, annonçais je le regard noir plein de sous-entendu. Je me promettais de les faire souffrir autant que j’avais souffert.

Je restais un moment interdite n’arrivant pas à croire ce qu’il me disait. J’avais douté de lui plusieurs fois, mais encore une fois, il me surprit en me détrompant. Je n’arrivais pas à réaliser que j’allais pouvoir quitter cet endroit. La surprise fit peu à peu place à l’euphorie et comme a son arrivé, je me jetais une fois de plus sur lui. Laissant paraître mon soulagement, je le remerciais : merci Jameson. Je finis par le libérer de mon accolade pour lui demander aussi curieuse qu’inquiète : je dormirais ou ce soir ?