O' brother where art thou ? - Jameson & Braxton

Onze coups avaient sonné l'horloge des Clearwater avant que Maggie ne vienne prendre son fils Braxton dans ses bras. C'était tout ce qu'elle pouvait faire, tout ce qu'elle était capable de faire. L'idée de savoir que Sean, Asel et Milo étaient Dieu seul savait où la rendait fébrile. Alors, elle avait veillé sur les autres, tandis que les hommes couraient après leurs ombres, espérant tant bien que mal de retrouver les petits qu'on leur avait pris.

Malgré tout cela, l'état de son plus jeune fils n'arrangeait rien. Betty voulait divorcer. C'était quelque chose de difficile pour un Clearwater d'entendre de tels propos lorsque tout le reste du clan vit, généralement, le plus longtemps possible avec la même personne jusqu'à ce que la mort elle-même ne vienne les séparer. C'était ce qui lui était arrivé avec Ewan. Oh, sa vie n'avait pas été rose tous les jours avec ce vieux fou. Bien des fois, elle était retournée dans sa famille pour y passer une semaine ou deux avec les enfants lorsqu'il devenait imbuvable, mais à chaque fois, elle revenait, et elle se surprenait même à s'impatienter de leur retrouvaille alors qu'ils étaient en train de se disputer.

Ewan n'avait pas son pareil pour être une sacrée tête de con. Mais il savait s'y prendre pour se faire consoler, que ce fût dans l'intimité ou dans les efforts qu'il tentait de fournir pour s'attendrir, lui, et son caractère de gros cochon. Bon sang qu'est-ce qui lui manquait... En serrant son fils contre elle, elle se demanderait bien les mots qu'il emploierait pour le consoler. Il était si nul à cela. Ça lui soulagea le cœur, l'aidant à faire un sourire doux et tendre d'une mère à son fils, comme si elle lui disait : Ne t'inquiète pas, tout va s'arranger.

Car oui, tout allait s'arranger. Et c'était en cela que les Clearwater étaient doués. Forts, robustes et résistants, ils avaient affronté les siècles sans se perdre, sans succomber, sans s'éteindre. C'était devenu un credo, une source de motivation intarissable, provoquant chez certains (comme son mari et son abruti de fils aîné) cette arrogance si caractéristique qui la rendait chèvre, parfois. Mais cela allait s'arranger. Elle en était persuadée.

Maggie était en train de lui caresser la joue lorsque Jameson débarqua dont-ne-savait-où. À la lueur des ampoules (qui fonctionnaient grâce à la magie), on voyait son visage aux traits tirés par la fatigue, mais surtout, les restes de son rituel dans cette maison abandonnée. Les yeux encoure rouges, gorgés de sang, il leur dit bonsoir.
« - Désolé. » S'excusa Jameson, brisant ce moment affectif dont ils étaient si demandeurs, mais que le temps passant s'était mis pour objectif de raréfier ce genre d'affection.
« - Ce n'est pas grave. »
Elle se détacha de son fils, s'approchant de Jameson pour lui mettre le visage à la lumière.
« - Tu veux toujours pas consulter ? »
« - Ca va, Màma... C'est bientôt fini, regarde bien ! »
Il déboucha une fiole qu'il sortit de sa poche qu'il avala d'un trait.

Maggie secoua la tête, l'air dépité. Qu'est-ce qu'ils pouvaient être stupides ces Clearwater.
« - Je vais pas tarder à aller me coucher. Si vous devez vous battre, allez dans le jardin. Faites juste attention à mes fleurs. »
Elle déposa un baiser sur la joue de Jameson, puis de Braxton, se retira de la cuisine.

Jameson observa son frère quelques instants. Presque deux semaines maintenant que les petits avaient été enlevés. Ils avaient bien avancé sur les enquêtes, mais ce n'était pas assez. Ce n'était jamais assez. Les petits étaient dehors. Les autres étaient ici, sous la surveillance d'Ellie et  de leur mère. Betty s'était bien remise aussi. Une chance qu'elle ait eu Yeleen.
« - Je voulais me coucher, mais vu l'heure... » Il jeta un regard sur l'horloge avant de regarder son frère. « Ecoute, vu que t'es là, je veux te montrer un truc. Ça va peut-être pas fonctionner, mais... Mais si ça marche alors... »
Il se gratta la barbe, l'air gêné et en même temps, il y avait autre chose. Comme lorsque l'on cache quelque chose, mais qu'on ne sait pas comment l'annoncer.
« - Viens. »

Il se recula, attrapant la tasse de Braxton qu'il vida d'un trait.
« - C'est toujours horrible, un jour, tu y arriveras, j'en suis sûr. » Il lui fit un clin d'œil avant de pousser la porte de la cuisine qui menait sur le jardin.

L'air frais de la nuit lui était agréable. Il s'étira du mieux qu'il put, tentant de chasser la fatigue de ses muscles le temps que son frère sorte à son tour.
« - J'ai... J'ai vu Papa, y a deux semaines. »
Il lui montra le phare, mais il ne lui en dit pas plus. Pour le moment, il préférait garder la cache des Clearwater secrète.
« - C'est bientôt minuit, je veux tenter un truc. » L'heure des sorcières, l'heure où le voile entre la vie et la mort est le plus fin en dehors de la Samhuinn.
Jameson se tourna dans l'autre direction, et lui indiqua les balais sur le mur de la cuisine.
« - On va avoir besoin de ça pour rejoindre la tombe de Papa. »
Il s'approcha des balais volants. Saisissant le sien, son vieux balai, il l'enfourcha. Mais avant de décoller, il se retourna vers son frère.
« - Tu comptes attendre Yule ou comment ça se passe ? » Demanda Jameson, l'air dépité.

Jameson n'était pas aveugle. Braxton en avait après lui. Sa façon de se comporter envers lui, de le regarder aussi. Des faits qu'il remarquait, peut-être à cause de cette haine qu'il avait eu envers lui à Sainte Mangouste lorsqu'ils étaient dans la chambre de Betty. S'il ne l'avait pas pris pour lui ce soir-là, les jours d'après, en observant son frère lorsqu'ils se croisèrent pour les quelques minutes où ils se parlaient, Jameson se doutait qu'il y avait un truc. Il ne savait pas quoi. Il aurait pu lui tirer les vers du nez, mais en avait-il envie ? Est-ce que, finalement, ça ne l'aiderait pas, à Braxton, de le faire de lui-même, de lui dire enfin ce qu'il avait sur le cœur ?

Là, dans la cuisine, même attitude, même regard, même visage déformé par toute cette situation. Braxton était toujours fermé, tout le temps fermé. C'était quelque chose que Jameson commençait à ne plus pouvoir supporter bien longtemps encore. S'il faisait comme si de rien n’était, tentant de garder le peu de liens qu'ils leur restaient, c'était pour lui, pour son frère, par amour, peut-être. Mais la fracture qui s'était faite entre lui et Betty semblait se répercuter sur Jameson qui lui en voulait malgré lui. Cette situation allait fracassé, le petit Sean, et ça, ça l'agaçait. Nora était plus forte, plus apte à rebondir. Pas Sean. Parce que Sean, c'était quelqu'un qui pensait avec le cœur.


Jameson le tira de la cuisine contre son gré, l'intimant même à prendre un balai pour le suivre vers le cimetière tout en lui expliquant ce qui le tracassait, ce qu'il voulait lui montrer. Mais la réaction de Braxton le prit de court.

Tu les vois aussi ?

Quelques mots qui n'eurent pour réponse que l'écho qu'ils produisirent dans l'esprit du professeur de Sortilèges. Que voulait-il dire par cela ? Mais surtout,  lui disait-il la vérité ? Cherchait-il à faire flipper son aîné ? Depuis combien de temps voyait-il cela ? Qu'attendait le ministère pour le mettre sur la touche ?

C'était avec ses pensées pour compagnie que Jameson effectua son vol vers le cromlech qui dominait le cimetière où un petit bois  de bouleaux argentés faisait office d'enclave. À chaque fois qu'un patriarche mourait, le nouveau en rajoutait un. Braxton n'avait pas pu venir lorsque Jameson le fit en compagnie des autres. La douleur fut réelle, mais il mit ça sur le dos de ses émotions à l'égard de la mort de son père.

Papa, tu faisais ça avec une telle facilité... Comment tu t'y prenais pour ne pas devenir fou ?

Une question qui lui revint longtemps en tête, et qu'il se posait encore. Y compris lorsqu'il stabilisa son balai en l'air. Braxton l'interpella pour lui demander ce qu'il avait en tête, lui rappelant qu'il devait éviter d'utiliser les runes pour un temps encore.

Jameson le fusilla du regard.
« - Tu te prends pour Maman, maintenant ? » Se contenta-t-il de lui dire au lieu de lui renvoyer la balle en lui pointant toutes ses conneries sous le nez. Parce que s'ils en étaient tous là, c'était de sa faute. Quelque chose qu'il avait gardé sous silence. Par chance, personne ne lui avait posé des questions là-dessus pour le moment. Ellie lui en avait posé une, oui. Une seule. Elle l'avait pris de court, mais elle ne dit rien lorsqu'elle vit, son frère bégayait pour lui fournir une réponse le plus vague possible.

« - On descend. » Ajouta-t-il, amorçant la descente vers l'entrée du bois.

Jetant son balai dans l'herbe, il se faufila dans le bois, suivant le sentier qui menait aux tombes des Clearwater. Au-dessus, le cromlech où les premiers Clearwater étaient enterrés.

Il s'approcha de l'endroit où reposer leur père. Jameson avait déjà préparé le terrain. Une bougie trainée à côté. Il s'agenouilla, enlevant quelques feuilles qui étaient tombées dessus avant de poser sa main sur la pierre. Fermant les yeux, priant pour le repos de son père, il se retourna lorsque Braxton vint à sa rencontre.

« - C'est bientôt minuit. » Au cas où ça intéresse le cadet.

Jameson saisit la bougie d'une main, retirant la poussière de la tombe avec l'autre. Il posa cette dernière sur la pierre. Il inspira profondément.
« - J'espère que ça va marcher. »

Il se pencha pour approcher ses lèvres de la mèche. Soufflant doucement dessus, une petite flamme apparut alors. Jameson se redressa, sortant un papier de sa poche sur lequel on pouvait lire :

Ô père aimé qui nous fut levé,
Au cours invisible à travers le temps,
Viens à nous, qui t'appelons, Ewan,
Viens à nous qui t'attendons.

« - J'ai toujours été nul pour ce genre de trucs. »
Il froissa le parchemin, avant de le déplier. Il tendit le coin à la flammèche, et aussitôt, elle se propagea sur l'incantation, réduisant le papier en cendres.

L'enchantement fit son effet quand, soudain, derrière eux, ils entendirent :
« - Bonsoir les garçons. » Si dans la voix, il y avait une joie perceptible, Jameson, lui, sursauta tout en se redressant pour faire face à leur père et son apparence fantomatique.

Jameson le rembarra avec la repartie d’un gamin, agacé primairement que son frère cadet ose lui souffler sa manière de se comporter.

Braxton souffla, délesta sa mâchoire, agacé de ce types qui supportait rien à rien venant de lui. Jameson piqua vers le cimetière avant de lui avoir ordonné de faire de même. Braxton regarda le cercle de bouleau, un angoisse lui courant dans les veines avant de descendre.

De quoi avait-il l’air tous les deux, à marcher sous les arbres à éviter la moindre brindille ?  Braxton rentra la tête dans les épaules sous le regard des pierres. Il avait longtemps eu peur du jugement de ses ancêtres. Leur présence lui hérissait l’échine de peur, mais curieusement, avec une certaine impatience.

Jameson s’était approché du tombeau de leur père. Le bouleau était bien jeune mais pousserait pour devenir aussi imposant et argenté que ses compères du cimetière-forêt.

Jameson sortit un morceau de papier qu’il brûla sur la porte funéraire en soupirant sur ses capacités de poète. Son frère, bras croisés en arrière ne put lire le contenu mais détourna la tête d’un air approbateur. Poète n’était pas l’adjectif qu’il aurait joint à la titulaire de son frère.

Il jeta un coup d’œil à la cime des arbres. Il n’osait tourner le dos à la tombe de son père, par respect et crainte à la fois. Il se sentait minuscule ici. Mais la présence des ancêtres lui  insufflait une toute autre sensation qu’il avait du mal à définir. Une sorte d’élévation, un murmure sage qui faisait une rumeur dans son esprit.

Braxton remarqua une brume

“Jameson, tu… tu… tu…"

Nécromancie.

Une vague d’effroi s’empara de lui alors que se révélait à lui l’image translucide et brumeuse de son défunt père.

Braxton, blanc comme linge, trébucha et tomba à la renverse. C’était le mort de trop.

"Jameson ! En quoi invoquer papa va nous aider à retrouver mon fils ?" demanda-t-il d’un ton tranchant, mais presque peureux, où planait l’ombre du reproche. "Pardon papa !” Se reprit-il brusquement avant de regardera son père avec douleur.

Il avait dérangé papa.

Un an, un an seulement depuis qu’il les avait quitté. Braxton ne le quittait pas des yeux.

Après son décès il avait dressé la liste de toute les choses qu’il avait voulu dire à son père. À présent devant sa figure fantomatique, et ses sourcils noirs et épais caractéristiques, il était transi.
À tout ces regrets s’ajoutaient Sean, perdu, enlevé, et le poids des tensions avec ses enfants. Ewan Clearwater lui avait donné une leçon sans le savoir. Il valait mieux être un père dur présent qu’un père doux absent.

"Papa…" Sa langue se libéra. "…Tu vas bien?" demanda-t-il d’une petite voix. S’il savait que cette méthode avait été employé par leur paires pour régler des affaires judiciaire, l’idée de troubler le repos de leur père lui retournait l’estomac.









Braxton n'aimait pas ça. Si Jameson n'avait pas été le chef du clan après tout ce qui venait de se passer, il lui aurait probablement demandé ce que ça faisait de discerner un vrai fantôme des autres, mais il n'en fit rien. Sa seule tâche était d'essayer de les garder tous unis. C'était probablement la chose la plus difficile qu'il avait à faire. Non pas parce qu'il manquait d'amour pour son frère, mais parce que d'autres désiraient un coupable qui leur était tous trouvé malgré tous les excuses ou silences que Jameson pouvait trouver. La claque qu'il mit à son neveu Adil, devant leur sœur, lui revint en tête. Pire encore, cette façon que Braxton avait d'influencé les gamins le rendait dingue. Les paroles de Milo lui revinrent en tête : tonton brax est classe. Non, il avait juste besoin d'aide.

Mais il ne voulait écouter personne. Jameson ne saurait dire si c'était par fierté, arrogance ou tout simplement part folie. Son jeune frère était un autre homme depuis tellement d'années... Et malgré tout ce qu'il avait pu lui dire, ce dernier continuait de s'enfoncer un peu plus dans la folie, effritant sa famille, puis le clan de façon générale sans même sans rendre compte.

Tout ce que Jameson voulait, c'était l'aider. C'était son frère, ce fut... Non, ils n'avaient jamais été amis. Parce que le Gryffondor qu'il fut était bien trop con avec son jeune frère. Bien sûr que Jameson avait des circonstances atténuantes, mais il ne le savait pas. Il n'en savait rien, car sa psyché avait été façonnée ainsi. Construire par un père un peu trop... Extrême dans ses façons de faire. Mais lui, il ne voyait que ce qu'il avait fait. Que ce fut du haut de cette falaise comme il avait pu le voir dans la pensine, ou encore lors de l'envoi de Braxton à Poufsouffle, ou encore...

... Puis il y avait ce discours galvanisant qu'il avait fait à Poudlard pour inspirer les jeunes à se battre pour ce en quoi ils croyaient.

Il avait beau se dire que tous les sorciers n'avaient pas fini comme son frère (comme Ellie par exemple), Jameson ne pouvait s'empêcher de se sentir fautif. Peut-être que  @Maeve Cynfeirdd aurait autre chose à dire là-dessus ? Pour le moment, il n'en savait rien. Seul le futur le lui dirait.
« - Relax, Brax'. » Murmura Jameson, qui savait que rien de mal n'allait en sortir pour avoir parlé avec leur père, il y a quelques semaines. Puis, peut-être que si, justement, ça allait les aider à retrouver Sean. Jameson avait dans l'idée qu'une rencontre avec leur père ferait du bien à son jeune frère. Le même bien qu'il avait ressenti quelques jours après, une fois qu'il eut digéré tout ce que cette rencontre lui avait appris.

Lorsqu'il entendit son frère s'excusait à leur père, Jameson se releva, son regard changeant pour y voir une espèce d'admiration. Ewan se tenait devant eux, le regard doux, le visage apaisé.
« - Mortellement bien, hein ? » Répondit leur père avec un amusement certain. Peut-être aussi pour détendre son cadet qui semblait réellement ne pas bien se sentir en sa présence.

« - Papa. » Accueillit simplement Jameson, avec un sourire tendre sur le visage.

Ewan s'approcha d'eux, avec l'intention de les prendre dans les bras. Peut-être par habitude ? Peut-être par réelle envie ? Jameson n'en savait rien. Une petite déception se lut dans le regard d'Ewan qui se tapa le torse après avoir passé ses mains dans les épaules de ses fils, malgré lui.

Un froid glacial avait envahi Jameson quelques instants, mais il ne releva pas, sentant que son cœur se serrait. Ce n'était pas la même consistance que la fois dernière. Il était pourtant si sûr de l'avoir touché... Peut-être que son rituel n'était pas bon ? Il avait très certainement raté quelque chose. Ou peut-être parce qu'Ewan lui était apparu de son propre chef ? Jameson se mordit la joue, jetant un regard vers son frère.
« - J'imagine qu'il y a une raison pour cela ? »
« - Oui, papa. Je pense que Braxton a besoin de toi et... »

Ewan semblait décrire ce qu'il voyait du visage de son fils aîné avant de regarder son fils cadet l'air triste.
« - Si vous m'appelez pour les enfants, ils ne sont pas... Avec nous. » Murmura-t-il, sans trop comprendre où voulait en venir Jameson.

Le professeur ne put s'empêcher de souffler. Il se frotta les yeux encore injectés de sang avant de répondre :
« - Non. Mais... Merci. »
Jameson leva une main pour la poser sur l'épaule de son frère.
« - Parle un peu avec lui, s'il te plaît. Nous... Je crois qu'on se comprend pas. Ou qu'on ne veut pas se comprendre, peut-être ? » Fit l'aîné en regardant son cadet, l'air triste.

Jameson lâcha son frère avant de se reculer un peu devant le regard d'Ewan qui semblait dépité.
« - James, tu... »
« - Vous avez une heure environ, je dirais ? » Fit Jameson, en posant son regard sur la bougie qui était étudié pour ce genre de rituel avec une tristesse et une douleur sur lesquels il ne saurait mettre des mots.

Ewan ne savait quoi penser. Ses deux fils étaient fatigués, mais aussi, il y avait quelque chose qui n'allait ni chez l'un ni chez l'autre. Et au vu de la surprise sur le visage de son cadet, Jameson ne lui avait rien sur leur précédente rencontre. Ewan soupira en observant le dos de son fils qui s'éloignait vers le Cromlech.
« - Qu'est-ce qui se passe, Braxton ? »

Alors que Jameson continuait à brandir son assurance insolente, Ewan, feu patriarche du Clan et feu leur père, lui répondit fendu d’un sourire acéré une de ses plaisanteries un peu noire. Braxton eut comme l’impression de redevenir un petit garçon devant cette silhouette familière, bien que transparente et d’un bleuâtre glacé.

Le contact de la main fantôme lui tira un pas en arrière. Il y en avait eu toujours eu. Une défiance, de jamais savoir si leur père allait leur donner un geste d’affection ou une claque déraisonnée.

Leur père sembla déçu, ce qui ému Braxton intérieurement. Il porta sa main à son propre torse en un geste lent réalisée de manière inconsciente.

Jameson annonça à leur père que la raison de leur visite.

"Tu as dit que c’était pour retrouver les enfants que nous étions là ! » démarra Braxton au quart de tour.

Le cadet se sentit, pour une innombrable fois, abusé par son frère. Le regard inquiet de son père, que l’âge avait assoupli et assagi. Braxton, le visage marqué par l’injustice et la colère, ne suivit pas ce chemin.

Il avait été de plus en plus silencieux à mesure de l’avancée des recherches. Ne s’exprimant que pour de l’utilitaire ou s’emportant dans une crise de colère lorsqu’on lui refusait quelque chose, puis sombrant dans un mutisme effrayant pendant des jours. Il était l’homme fait pour la guerre, solide, concentré, il avait cette façade imperturbable prête à encaisser n’importe quoi et à tenter pire qui impressionnait Et effrayait la maisonnée. Mais un regard a sa femme le plongeait soudain dans un gouffre, les yeux avertis auraient remarqué des tremblements, la régularité de ses sautes d’humeurs, ses yeux fixants des murs comme si quelqu’un si était tenu. Braxton, outré, bafoué du sens des priorités de son frère, sortit de ses gonds. D’abord triste, blessé, haineux, il était devenu un personnage soumis à la partition violente d’un compositeur torturé et indécis.

« Tu veux savoir ce qui ne pas ? » s’exclama-t-il comme si c’était une evidence en désignant Jameson qui s’éloignait.

« On m’a prit mon fils. » dit-il d’une voix blanche, dévoilant par là une blessure béante et saignante. Son père devait comprendre au moins ça. Braxton ne s’était jamais confié à son père, bien plus proche de sa mère, bien qu’il du et compris qu’elle avait du lui souffler des choses dans leur intimité, auprès

« Milo et une MacGill Faholin ont été kidnappé, ils ont tués des employés de Amastan, blessé Ellie…! Ma femme a été sauvée de justesse, ils l’ont saigné comme de la viande… ma Betty…» Sa protestation hargneuse se finit dans un tremblement enragé.

"On nous a attaqué chez nous, dans nos maisons, pris nos enfants…! Ma femme n’a plus ni de maison, ni de fils… Et ton fils à toi, refuse de convoquer un gathering, ou quoi que se soit ! On est devenu un clan de victime aux yeux de tous ! »

Il était grave d’avoir ce genre de propos dans le cimetière de leur ancêtres. Mais que diable, Braxton prenait pour témoin l’ensemble de leur aïeul dans le malheur qui s’était abattu sur eux.

Loin de renier la faute qui lui revenait, s’agitant comme il le pouvait contre le mauvais sort, enquêtant, fouillant, par tous les moyens qu’il lui restait, l’inactivité de Jameson en tant que patriarche le rendait fou.

« Ils vont pas venir nous massacrer, ils préfèrent nous arracher nos gosses un à un à la pince à épiler pour nous voir gémir ! Et qu’avons-nous fait ? Rien ! Rien du tout ! Aucune réponse. On est là faible, saigné à blanc, en train d’apprendre à tout le monde magique que les Clearwater peuvent se faire saigner comme des porcs et se faire enlever leurs enfants, qu’ils ne diront rien ! »

Son frère avait beau s’être écarté, même les morts avaient du l’entendre vociférer sa haine et sa frustration qui cachait la souffrance permanente.

« Mon fils n’est peut être pas parmi vous, mais peut être qu’il le souhaite en ce moment. Ils s’amusent avec eux… » murmura-t-il ses yeux plantés dans ceux de son père, le récit de la vision de Jameson au corps.

« Qu’est-ce que vous en dites tous ? Y en a parmi vous, qui ont déjà vécu ce que nous vivons ? Combien d’entre vous ont du perdre leur enfants et supporté d’être muselé en retour ? »

Bras à l’horizontal, il s’adressa à la forêt de bouleau silencieuse qui poussait sur le tombeau de leur ancêtres.

« Il sait peut être ce que c’est de perdre une femme, mais il n’a aucune idée de ce que c’est de perdre un fils. Ou la torture. Ou ce dont sont capable ces dégénérés. »

« - C'est ça que tu comprends pas Braxton ! C'est que tu ne peux pas aider les autres si tu ne t'aides pas toi-même, et j'en ai marre de voir un homme qui passe son temps à se battre contre des fantômes en refusant catégoriquement l'aide de tous les autres ! » Répondit Jameson, le ton cinglant alors qu'il sentait la moutarde lui montait un petit peu trop violemment après que son frère lui ait rappelé que ce n’était pas comme ça qu'ils allaient retrouver les enfants.

Braxton avait raison sur ce point. Mais il était tellement fermé à tout ce que les gens autour de lui pouvaient lui dire pour l'aider que Jameson ne savait plus quoi faire sinon le mettre devant le fait accompli. L'aîné des Clearwater était effrayé de voir son frère dans cet état sans être capable de le secouer, de l'aider. Il voulait tellement que son frère abandonne son travail de langue de plomb, qu'il vienne au domaine se ressourcer, panser ses plaies, retrouver une paix intérieure qu'il n'avait plus depuis la mort de Liam et des autres. L'idée même de le voir divorcer de Betty lui broyait le cœur. Surtout quand il se souvenait de la façon dont son petit frère parlait de cette infirmière au grand cœur.

Jameson était parti sans se retourner leur annonçant qu'ils avaient une heure, laissant son jeune frère à leur père. C'était sa dernière carte, après, Braxton devrait mesurer l'ampleur de ses conneries. Que ce fut avec lui, le clan ou les autres.

Ewan restait silencieux. Ce qui n'était pas de lui, du moins, de son vivant où il en aurait pris un pour taper sur l'autre. Mais quelque chose lui échappait, et s'il y avait bien quelque chose que l'âge, puis la mort, lui avaient apportait, c'était la patience. Il avait un regard différent, comme... Apaisé. C'était quelque chose qu'il s'était rapidement rendu compte bien qu'il n'a pu avoir que de rares occasions pour l'expérimenter.

Son fils cadet se mit à parler, déballant son sac, sans savoir qu'il était probablement le seul à qui il le faisait. Le visage apaisé d'Ewan prenait une tournure plus surprise, plus effrayée, plus stressée. Une nervosité que Braxton pouvait reconnaître avec son tic à l’œil gauche qui clignait un peu plus rapidement que le droit sur ses vieux jours. Il tentait d'écouter son fils, de tout entendre, de tout capter, les yeux sur la bougie, conscient qu'il n'aurait pas assez de temps s'il le coupait.

Chaque information était une douleur qu'Ewan ressentait au plus profond de son âme. Si son cœur était en train de battre, il aurait probablement eu une réaction beaucoup plus sanguine, beaucoup moins réfléchie avant d'être repris de voler par Maggie qui le tempérait toujours un peu. Ewan n'avait jamais été un fin diplomate. Les mots n'étaient pas son fort, que ce fut envers son épouse et ses gosses.

Ewan baissa le regard, rappelant cette façon qu'avait Jameson lorsqu'il se sentait accablé par la douleur. Il aurait tellement voulu faire plus, et pourtant,  maintenant, il ne pouvait plus rien faire sinon être un simple spectateur.
« -Je suis sincèrement désolé, fils. »
Il jeta un regard vers le chemin qu'avait emprunté son fils aîné. Et lui, qu'est-ce qu'il en pensait ?

Son regard revint vers Braxton. Le voir dans cet état lui brisait le cœur, pourtant, il n'avait rien fait de son vivant pour l'aider à se sortir de là. Il avait toujours pensé, à tort, que c'était un Clearwater, que c'était un bonhomme, que c'était son fils, qu'il s'en sortirait quoiqu'il arrivait. Mais force lui était de constater qu'il avait merdé en plein. Se reposer sur Jameson de son vivant n'avait pas été non plus la meilleure de choses à faire. S'il pensait que ça l'aiderait lorsqu'il serait patriarche, il se rendit compte qu'il avait tout faux depuis le début.

C'était très douloureux pour lui, cette situation.
« - Tu veux convoquer les clans, je l'entends bien. Tu veux leur faire la guerre, je peux le comprendre et c'est probablement une option que j'envisagerais très certainement si j'étais à votre place. Mais est-ce que tu as demandé à ton frère pourquoi il n'envisageait pas cette option ? »

Ewan s'approcha un peu de son fils. S'il avait pu le faire, il lui aurait levé le menton. Peut-être même qu'il lui aurait caressé le visage.
« - Tu as des informations sur ceux qui vous prennent pour cible ? Tu sais où les débusquer ? Tu sais comment les affronter ? Tu penses pouvoir gérer les imprévus qui se mettront très certainement sur votre chemin ? Est-ce que tu penses que les autres clans suivront ton frère qui est probablement l'un des plus jeunes chefs de clan écossais ? »

Son père se tenait là, fantomatique, écoutant attentivement ses paroles, d'un air anormalement à l'écoute. C'était Maggie, leur mère, le bureau des plaintes. Jamais il ne serait vu à l'idée à braxton de se confier à son père d'une quelconque manière. Ce n'était pas ce genre d'homme. Ni celui qui inspirait cette confiance tranquille et détendue, ni celui qui avait la nature à écouter les plaintes d'autrui. Avec Ewan Clearwater, il fallait être un homme. Et un homme, selon ses dires, cela encaissait sans rien dire. Braxton avait réalisé son souhait en sortant de la résistance comme le dernier fils qu'il aurait aimé avoir. Pas celui qui préférait jouer avec sa soeur, cuisiner avec sa mère au lieu d'aller rouler dans la boue avec son frère comme un garçon "normal". Quand le petit sensible était revenu avec l'oeil dur et des balafres plus grande que son bras, le regard du père avait brillé. C'était certainement grâce à ça que ses parents ne s'étaient pas opposé à son union avec Betty. À la nouvelle de leur premier fils, puis d'une petite fille, bien que le mariage tardif avait fait serré les dents. Il s'était prit en main, c'était devenu un homme, enfin, avait-il du se dire.

Les excuses de son père tombèrent, ne faisant ni du bien du mal au fils. Leurs absences auraient blessé. Leur présence n'était que l'introduction de ses réserves.

Braxton serra les dents alors qu'Ewan feu patriarche, supputait de ses intentions et l'interrogeait comme il le faisait autrefois avec Jameson, sorte d'entretien déguisé pour les charges qu'il lui destinait.

Braxton déglutit. Jameson lui avait dit qu'il ne convoquerait pas le gathering, alors qu'il lui avait appris le lien entre  @Kathleen J. Jones et l'attaquant de l'appartement.

"Oh, pauvre Jameson !" siffla Braxton, le visage défiguré par la colère. "..devoir faire la seule charge qui lui incombe maintenant, quel fardeau ! Eh Jameson, ça te prend trop de temps de faire tes programmes scolaires au point de laisser crever ta famille ?!" héla-t-il à travers le cimetière. À son frère dont les yeux étaient encore sanglant après son rituel runique. Braxton se savait infect avec lui. Injuste à une certaine échelle. Mais il suait trop de peine pour se raisonner avant de cracher des mots plus grand que lui.

"Je veux défendre ma famille. Ce qu'il en reste. Et ça passe par se défendre. Ça veux dire être entouré. J'ai plus fait la guerre que toi papa, tu crois que tu m'auras à disserter sur le sujet...?"

Il en avait voulu à son père, de lui témoigner plus de fierté à son retour, revenu plus cabossé et inhumain qu'il ne l'avait été.

"Le ministère mène une enquête officielle si tu veux tout savoir. Et je travaillais sur ces malades depuis 10 ans." Il baissa les yeux à cette dernière affirmation, l'ombre d'une honte dans le regard. Il revit Betty, sa Betty, dans un flash à l'hôpital (@Iris Faux-Orpin), sa Betty nettoyant frénétiquement la vaisselle au domaine pour éviter de penser. Ses promesses revinrent.

"Je sais que t'as jamais eu du mais je pensais que la disparition de ton petit fils te remuerait plus que ça ta fibre diplomatique." attaqua-t-il vicieusement pour ne pas s'étendre sur sa propre culpabilité.

Ellie était enceinte jusqu'au dent avec un mari tout sourire et bonne patte transformé en une ombre inquiétante. Jameson faisait ce qu'il pouvait, et ce que son frère aîné ne lui disait pas, Braxton l'apprenait par sa mère ou sa soeur, ou même  @Gabriel Standford ou  @Fergus Clearwater.

"Fergus a failli mourrir, le petit Adil aussi..." articula Braxton à voix haute, malgré lui, leur souvenir s'imposant à lui parmi d'autres qui lui jetait sa culpabilité au visage. Après avoir tracer un trait sur sa relation avec @Kathleen J. Jones, il s'était jeté dans les recherches, s'arrangeant à nouveau pour mettre de côté ces pensées qui le dévoraient comme des termites.

La petite Jones. Cela faisait longtemps qu'il n'y avait pas pensé. Ce fut un nouveau vertige qui le prit, le regard vide, songeant à la fourrure poisseuse de sang du petit chat. Il n'avait aucune idée de ce qu'elle était devenue. Braxton avec une brusque amertume, réalisa qu'il ne l'avait jamais remercié d'avoir sauvé sa femme. Et à quel prix ? Le sang était le sien, il n'avait pas de doute. Elle avait du en réchapper de justesse, comme à chaque fois.

Sorry Brax, broken...

En voulant stopper l'abandon ressenti par sa femme, il avait simplement abandonné Jinx. Leur relation était étrange, malsaine pour son mariage par sa seule existence bien qu'il n'avait jamais fauté, même par la pensée, mais... à présent que Jinx l'avait payé du prix du sang, comment tout Clearwater qu'il était avait-il pu ignorer la dette de sang qu'il avait envers elle ?

"Je suppose que tu répétera à personne ce que je vais te dire." dit-il ironique, bien plus mordant qu'il aurait voulu l'être avec son propre père. Il enchaîna aussi vite, aussi inconscient que poussé au désespoir ces derniers temps :

"J'ai caché une gamine, y a des années. Avec Carron." Associer son cousin exemplaire lui permettait toujours de se tirer la couverture du crédit associé à sa mémoire de feu son pauvre cousin. "Une pauvre gamine dont le mec était juste un connard de l'année des embrumes, et qui est devenu le chef de la plus grande meute de loup-garou et s'est souvenu de mon existence en devenant un gradé d'une organisation de mages noirs qui veulent vaincre la mort et kidnappe et tue des gens pendant ce temps, tu vois le tableau." Il fut secoué d'un tic, bougeant sa tête et reculant les épaules en parlant. "Alors ton Jameson a décidé que y aurait pas de gathering puisque c'était ma faute. Sauf que, papa, le fait est qu'on est déjà en guerre et quand on est menacé on se protège et on prévient les voisins de ce qui se trame pour que leur gamin soient pas enlevé à leur tour. On a des putains de barrières magiques, on a besoin de plus."

"On est pas assez pour les retrouver. Fergus est à bout, Ellie est enceinte, Gabriel Standford est seul et à la botte du ministère, Jameson est à moitié aveugle, surmené et flippé, Amastan est devenu fou, Adil veut me tuer, @Israfel Clearwater fait n'importe quoi parce que Milo a disparu, on est pas assez, on a besoin d'aide, ne serait-ce que pour les recherches. @Marleen MacGregor fait ce qu'elle peut, le reste des MacGregor est pas là ou trop frappadingue comme d'habitude pour aider, même les MacGill sont paumés, c'est te dire la montagne de merde dans laquelle on se trouve !"

Si même les MacGill, aussi puissants et connus qu'ils étaient se faisait prendre un enfant, alors personne n'était à l'abri.

"On a besoin d'aide, papa, je fais ce que je peux mais je peux plus tout seul." souffla-t-il, fatigué. "J'ai promis à ma femme que je ramènerais mon fils. Et à Duncan qu'on ramènerait le sien. Et je laisserais pas Blair penser que j'ai tué sa nièce."

Prononcer le nom de son premier amour était un supplice le rapprochant des racines du mal. C'était sorti, comme un lapsus, un aveu involontaire. Je les ai tués..

Braxton était aveuglé par sa colère. Entre ses railleries à l'égard de son frère ainé ou les énormités qu'il lui balançait à la figure sur le fait d'avoir fait plus de guerres que lui comme s'ils se mesuraient le pénis Ewan se demandait si son fils cadet ne cherchait pas tout simplement la rouste du siècle afin de retrouver l'esprit clair. Conservant un silence avec une patience qu'on ne lui connaissait pas, Ewan écoutait attentivement Braxton qui évitait soigneusement de répondre à chacune de ses questions, continuant de noyer le poisson pour cracher son venin à la figure de qui voulait bien l'entendre, trahissant une frustration si intense qu'Ewan comprenait bien que son fils était incapable de s'en rendre compte.

Tout ce que Braxton avait besoin en ce moment même, c'était un beau petit plongeon du haut du Cromlech, histoire que les eaux des mers écossaises lui rappellent que l'aveuglement n'était qu'une forme de stupidité et qu'avec ces idioties, tout ce qu'il réussirait à faire, c'était à provoquer une autre guerre où il perdrait très sincèrement le peu de bon sens qui lui restait, avec en bonus, la mort des gens qu'il aimait.

Telles les vagues déchainées des mers d’Écosse sur les falaises des Hébrides, Ewan ne broncha pas. Peut-être que s'il laissait son fils lui vomir ses conneries, il se sentirait mieux après ? C'était un risque qu'il comptait prendre. La mort lui ayant donné ce qu'il lui manquait de son vivant, il avait désormais beaucoup plus de patience à revendre qu'il n'en possédait lorsque le souffle animait son sein.

Entendre les confessions de Braxton sur cette petite le fit froncer ses épais sourcils noirs. Le reste lui fit lever un sourcil, ouvrant la bouche d'un air dépité, avec probablement l'envie de lui dire ce qu'il en pensait sincèrement. S'il réfléchissait deux secondes, il se rendrait compte que le dénominateur commun de tous ses petits problèmes, c'était lui et seulement lui. Il avait fait des choix qui avaient entraîné des conséquences qu'il n'avait jamais soupçonnées, et maintenant il attendait très sagement qu'on l'aide à nettoyer sa merde.

Ce n'était pas comme ça qu'Ewan l'avait éduqué.
Il referma ses lèvres. C'était probablement pire, mais jamais il n'avait voulu qu'un de ses fils démontre une forme de lâcheté comme témoignait Braxton depuis le début de leur conversation si tant est on pouvait appeler cela comme ça.

Au nom de Blair, Ewan tiqua. S'il pouvait inspirer pour apaiser ses émotions, ce serait probablement là où il le ferait.
« - Je t'ai posé cinq questions, Braxton. Tu n'as répondu à aucune. Pourquoi ? »
Ses yeux fantomatiques se plongeaient sans aucun état d'âme dans les yeux fatigués de son fils cadet.
« - Tu veux de l'aide, c'est ce que Jameson veut faire. »
Il leva la main pour lui imposer le silence. Il n'avait pas fini.
« - Tu brailles, il s'inquiète, il te calme, mais ça ne te convient pas. Tu es en colère et c'est normal. Après tout ce qui c'est passé, tu te retrouves là, avec ton fils dans la nature, le petit Milo ailleurs et la fille du clan de Noamhàn, sans trop savoir quoi faire, parce que tu te retrouves face à plus fort que toi. »
Il secoua la tête, visiblement las.

« - Je suis désolé, Braxton. Tu en veux à ton frère, mais c'est moi qui l'ait rendu comme ça. Si tu dois en vouloir à quelqu'un, c'est à moi et moi seul. Il y a certaines choses qui se sont passés de mon vivant qui m'ont, moi aussi, terrorisé. Moi aussi, j'ai fait la guerre. Moi aussi, j'ai eu du mal à m'en remettre, et moi aussi j'ai du faire comme je pensais bien faire pour être sûr d'armer mes enfants face à toutes les menaces qui pourraient leur tomber dessus le jour où je ne serais plus là. »
Son regard chuta sur le torse Braxton, baissant les yeux pour la première fois devant son fils. Deux guerres. Il avait combattu les mangemorts à deux reprises. Il n'avait peut-être pas la même sensibilité que son fils, mais lui aussi en était ressorti changer. Comme n'importe qui, d'ailleurs.

Ewan ne tarda pas cependant à les relever pour lui dire les choses droit dans les yeux. Il était hors de questions de lui dire les choses sans le regarder droit dans les yeux.
« - À l'évidence, je me suis trompé. Je voulais mes enfants soudés comme l'acier, et tout ce que je vois, c'est que mes fils ne sont pas fichus de discuter l'un avec l'autre. Qu'ils ne sont pas fichus de se comprendre. »

Il retira sa capuche de sa tête, espérant sentir l'embrun sur lui comme s'il espérait y trouver une forme de réconfort. Mais il ne sentit rien, sinon le vide que lui procurait cette espèce de voile qui lui permettait tout juste d’interagir avec le monde des vivants. Il y avait des sensations qui lui manquaient terriblement. Cela en faisait partie.
« - Réponds à mes questions, s'il te plaît, fiston. »