Quell my anger

Pensant bien faire en mentionnant sa cousine à Adil pour lui faire changer les esprits et pouvoir déporter sa colère ailleurs que sur la disparition d'Asel, même momentané, Yeleen était forcée de constater que rien ne pouvait enlever l'absence qu'ils ressentaient tous à cet instant. Mais la voix d'Ellie rompit leur pensée alors qu'elle tentait de répondre aux questions qu'elle lui avait posé et bien que la Serdaigle avait tenté d'en faire taire d'autres pour ne pas la fatiguer, il était évident qu'elle n'avait pas non plus réponse à tout. Du moins, l'éthique ne lui permettait pas de tout leur dire.

Ils avaient une longueur d'avance. Il semblait toujours en avoir une, comme pour ce plan qu'ils avaient concocté lors de l'attaque à Pré-au-lard et elle comprenait un peu mieux l'esprit paranoïaque du langue de plomb. Aucune surveillance, aucune trace ne pourrait protéger les Clearwater, à part leur propre défense. Et c'était peut-être à présent uniquement là dessus qu'il fallait se reposer. Yeleen fronça légèrement des sourcils alors qu'Ellie leur annonçait que ce n'était pas forcément une histoire de Meute et tourna son attention vers Adil. Elle avait entendu parler des attaques qui avait eu lieu dans l'appartement d'Israfel, elle n'y avait pas non plus déceler la présence d'un loup. Ryan était le seul, même s'il revendiquait des droits pour sa communauté, il avait rallié d'autres sorciers avec de puissants pouvoir pour atteindre Braxton. Si le Ministère étouffait l'attaque sous couvert d'une vulgaire explosion de gaz moldue, elle se rendait compte qu'ils étaient capables de faire bien pire afin de maintenir une image propre à l'approche des élections.

C'était terrible de cacher autant de vices.

Mais le ministère ne semblait pas entièrement corrompu vu la présence de @Fergus Clearwater, @Marleen MacGregor, @Solvi Nibelungen et Gabriel Standford dans la maison, ils allaient au delà des enquêtes confiées pour vouloir rétablir une justice. La Serdaigle se raccrocherait certainement à cette seule pensée lorsqu'elle entrerait en alternance l'an prochain là bas. Quand Sean reviendra. Parce qu'il reviendrait.

"Ils n'ont pas demandé de ran..." commença-t-elle à signer alors qu'un rouge gorge faisait son irruption dans la cuisine pour se poser à coté d'elle.

Par instinct, Yeleen se décala légèrement, loin d'être à l'aise avec les animaux même en sachant qu'il s'agissait de la forme animagus de l'oncle d'Adil. Par respect alors qu'il venait d'enterrer son frère il y a seulement quelques jours, elle baissa le visage pour le saluer alors qu'il lui demandait si son meilleur ami n'était pas trop embêtant et lui accorda un sourire en coin avant de tourner son regard vers Adil. Il était loin de l'être, c'était même avec un certain plaisir qu'elle le retrouvait enfin, même si elle aurait aimé que les circonstances soient différentes. C'était la première fois qu'elle sortait véritablement de son domaine et de tous ce qu'elle avait connu pour revoir ses amis en plein été, loin des de Clare, loin des protocoles expérimentaux de St-Mangouste. C'était censé être un été plein de promesses.
Contre toute attente, il leur indiqua qu'il avait des activités à leur proposer et Yeleen tourna son attention vers les petits bocaux qu'elle avait reçu d'@Iris Faux-Orpin un peu plus tôt dans la semaine. Alors qu'Adil s'affairait à ranger et à prendre le jus de citrouille pour aider Ellie qui devait encore se reposer après la lourde altercation entre le professeur Clearwater et son neveu, Yeleen se leva également avant de préparer un petit thé avec les feuilles que Nyéléni lui avait envoyé, l'eau qu'elle avait fait bouillir pour le thé étant encore chaude.

La donnant entre les mains d'Ellie avant de la remercier d'un regard et d'un petit signe alors qu'elle leur avait accordé du temps et de l'énergie pour répondre à leur question, Yeleen finit alors par aider Adil à couvrir les madeleines avant de sortir du domaine, l'attendant pour suivre Amastan qui voulait se changer les idées.

Elle avait pu l'observer longuement pour comprendre que la famille maitrisait la magie sans baguette depuis bien longtemps mais l'état de santé d'Adil la préoccupait un peu plus à cet instant, malgré la potion qu'il avait ingéré juste avant. Elle en connaissait assez les effets pour savoir qu'il tomberait de fatigue d'un instant à l'autre et espérait qu'il ne pousse pas ses limites à ce point là, bien qu'elle lui avait pris une tablette de chocolat dans la poche au cas où avant de quitter la cuisine, la lui tendant sur le chemin en lui adressant un sourire en coin. Selon les propos de son oncle, la famille d'Asel était sur une piste sérieuse, c'était très bon signe et certainement motivant pour la suite de la journée qui avait commencé de façon si tumultueuse. Elle lui reviendrait, tout était bon à prendre.

"Est-ce qu'on pourrait tenter de coupler la magie sans baguette et informulée?" demanda-t-elle poliement à l'oncle Amastan alors qu'ils marchaient encore.

C'était un point sur lequel Yeleen n'accepterait plus aucune faiblesse de sa part. Incapable de réunir sa concentration sous la panique, elle avait laissé Ryan filer sans la moindre trace, Sean disparaitre alors qu'elle n'avait été qu'un simple bibelot dans l'appartement de Betty qui se vidait sur le sol de la cuisine. L'idée d'être aussi impuissante était insupportable et si elle fournissait déjà deux fois plus de travail que les Serdaigles depuis sa première année pour maintenir son niveau à flot entre les potions et la fatigue des effets secondaires, elle avait réalisé qu'il était temps de se passer d'artifices et de simplement embraser la magie pure, telle qu'elle l'avait entre les mains, sans voix ni baguette. Nyéléni lui avait dit qu'elle avait cette capacité dans le sang, qu'on ne forçait pas un sorcier dans d'autres contrées à se munir d'une baguette pour se défendre. Alors si Yeleen pouvait assembler deux caractéristiques, elle le ferait sans hésitation et jusqu'à bout de souffle. Ellie leur avait montré la complexité du groupe qui avait attaqué les Clearwater et qu'ils devaient à présent pouvoir se défendre, au delà de ce que l'enceinte de Poudlard pouvait leur offrir. Les MULOTs n'étaient pas seulement un pied dans un avenir professionnel, cet été venait de leur montrer qu'ils devaient à présent protéger également d'autres personnes.

Elle eut un regard vers Adil alors qu'ils ralentissaient leur pas. Loin de s'encombrer de paroles superficielles, Yeleen rangea sa baguette dans sa poche, loin de vouloir la sortir pour se mettre à l'épreuve. Elle avait déjà prévu de contacter bons nombres de ses professeurs pour avoir des cours particuliers en plus de son alternance, elle ne ferait aucune impasse dessus. Que ce soit pour la métamorphose avec le professeur @Luke Korrigan ou même avec le professeur @Cléopatra Amonwë en Défense contre les Forces du Mal, elle prendrait de son temps pour ne plus jamais laisser filer Sean entre les mains d'assaillants.

Ce n'était qu'en tombant qu'elle pouvait se relever dignement.

Ce fut donc avec un regard emprunt du courage de Sean qu'elle demandait implicitement à ce qu'ils soient entrainés et Adil ne dirait certainement pas non, vu son entrain.

Voyant l'oncle d'Adil enlever ses chaussures pour commencer à marcher pied nu, Yeleen n'hésita nullement à en faire de même à cet instant, profitant de l'air frais pour prendre ses baskets en main. Sentir l'herbe sous ses pieds reposa soudainement une grande partie de ses anxiétés et jetant un coup d'œil à Adil qui en fit de même quelques instants plus tard, elle se rendit compte qu'ils avaient certainement besoin de se reconnecter plus durablement avec la magie qui les entourait. Le domaine n'offrait pas seulement une protection, ni une terre d'accueil, le lieu comme l'arche, devant laquelle ils étaient avant, était rempli d'une magie qui se perpétuait avec les générations et qui offrait un havre de paix.

Elle vit pourtant le regard d'Amastan sur Adil, chargé de ressentis et d'histoires qu'elle ne connaissait pas. Ce qu'elle savait sur cet oncle, c'était qu'il l'avait élevé comme son propre fils depuis son plus jeune âge et elle ne s'était jamais autorisée à demander à Adil où était ses parents. Il y avait cette barrière qu'ils mettaient tous les deux sur leur enfance et leur parent biologique, pas comme un sujet tabou mais un pan du passé qui ne devait plus avoir d'incidences sur le présent. Leur force résidait là.

Elle eut un regard pour Adil à cet instant, dont les effets de la potion de force semblaient soudainement s'amoindrir, son visage se tirant avec quelques cernes de fatigue. Si son oncle venait de lui dire de faire doucement et puisqu'il n'était pas au courant qu'Adil et elle avaient voulu fuir du domaine il y a à peine une vingtaine de minutes, Yeleen prit les devants pour faire les gros yeux à Adil.

"Tu te ménages." signa-t-elle presque plus autoritaire malgré elle "Si tu dois roupiller, tu le fais."

Elle fronça légèrement les sourcils en ne souhaitant pas voir son ami perdre encore une fois conscience et inquiéter encore plus son oncle. Elle était tout aussi enjouée qu'Amastan leur propose déjà de pouvoir user d'une certaine magie disponible sur les terres du domaine pour explorer celle qui coulait dans leur veine mais elle ne voulait le voir se fatiguer alors qu'il sortait de l'hôpital depuis seulement quatre jours et ce d'une façon presque trop miraculeuse à son goût.

Le regard emprunt d'affection d'Amastan se tourna vers elle au moment où il lui demanda si elle avait déjà pratiqué et surtout, pourquoi elle voulait le faire. Installée par terre, Yeleen resta, quelques secondes, silencieuse alors qu'elle avait posée ses mains sur l'herbe, comme pour reprendre un peu de contenance et de forces. A cet instant là, elle évita délibérément le regard d'Adil alors qu'elle avait été incapable d'arrêter cet homme qui était sorti de sa chambre et dont elle n'avait encore jamais parlé. Mais devant Amastan qui ne semblait pas lui avoir touché un mot, elle ne pouvait pas librement en parler sans en connaître les conséquences.

"La magie informulée, je la pratique depuis deux ans environ." avoua-t-elle doucement. Elle avait réussi son examen de Sortilège, sans encore oser en faire de même en métamorphose et en Défense contre les forces du mal encore. "Ce n'est pas encore un automatisme ni très évident mais j'aimerais la maîtriser par la suite. Je pense, qu'on a tous besoin de veiller les uns sur les autres maintenant et de manière bien plus concrète. De se protéger face à ce qui est dehors et ensemble."

Elle ne voulait plus rester aussi inutile sans sa voix. Si elle devait réaliser la magie qui coulait dans la partie Sô, elle devait se montrer digne de ce nom également pour protéger les siens. Cette promesse qu'elle avait fait à Apolline de veiller sur Adil, elle la tenait pour toutes les autres personnes qui constituaient chaque membre de sa famille de cœur.

Alors qu'elle écoutait Amastan de ses deux oreilles les plus attentives comme lorsqu'ils étaient en cours, elle fronça légèrement les sourcils alors que l'oncle d'Adil voyait les baguettes d'un très mauvais œil. Pendant un instant, il eut l'impression de voir @Iris Faux-Orpin parler de sa propre baguette magique qu'elle ne semblait utiliser que pour les convenances tandis qu'elle excellait probablement sans.
Etait-ce pour les sorciers occidentaux et américains une façon de pouvoir mieux canaliser leur énergie pour finir par ne plus pouvoir se passer de magie dans leur monde? Cette dépendance était des plus problématiques, qu'importe la maitrise parfaite d'un duel magique, si la baguette n'était pas entière, on pouvait si aisément être désarçonné. Combien de fois avait-elle penser briser sa baguette en mille morceau lorsqu'elle ratait une marche des escaliers de Poudlard?

Les problèmes élitistes entre les sangs purs et les moldus semblaient résider quasi uniquement dans ces pays là d'ailleurs, tandis que d'autres contrées, qui utilisaient cette même magie avec parcimonie et sans avoir toujours besoin de faire l'étalage d'un tel don qu'était la magie, n'étaient jamais confronté à ce besoin de se séparer d'une autre communauté. Amastan avait clairement raison, on ne jaugeait pas un sorcier à sa baguette mais bien à sa magie et à sa façon de l'utiliser. Qu'importe ce que pensait les plus grandes thèses quand à savoir si une magie sans baguette était imprécise ou si une magie informulée était sournoise, la magie à l'état pur n'avait pas nécessairement besoin d'être matérialisé sous un bois au fur et à mesure que l'expérience et le temps coulait entre les doigts d'un sorcier.

Alors qu'Adil soulevait sa non maitrise d'une telle forme de magie, Yeleen observa attentivement le visage de l'oncle. Les histoires sous jacentes semblaient faire surface si facilement à cet instant et la Serdaigle se mordit les lèvres pour ne pas laisser filer une autre question à travers les lèvres. Son meilleur ami semblait contraint de cacher un secret dont elle ne devait pas se montrer curieuse. Mais cette curiosité brulait depuis quelques jours, sans pouvoir être attisée parce qu'elle lui semblait dangereuse. Avait-elle remarqué une cicatrice qui ressemblait à celle d'Adil chez l'homme qui avait prit la fuite? Oui.

Alors qu'Amastan reprenait une nouvelle fois Adil, elle sentit l'empressement de la part de son meilleur ami, comme si beaucoup d'éléments tentaient de refouler ce qu'il souhaitait clairement atteindre. L'oncle partagea alors avec eux son point de vue pertinent sur l'usage de la baguette magique et Yeleen pensa soudainement à ce lobby du contrôle inhérent au sein du Ministère. Chaque baguette était consignée dans les registres, chacune était unique en plus d'être couteuse et obligatoire dans l'enseignement à Poudlard.
Combien de sangs purs ne connaissaient pas l'existence de balai simple ou même d'une éponge pour nettoyer la vaisselle? Habitué à la luxure d'un elfe de maison ou de la magie seule, les sorciers finissaient par se complaire dans une certaine aisance en profitant d'une magie qu'ils ne mettaient que rarement au service des moldus. Rares étaient les sorciers vivants dans la rue mais les moldus ... il n'y avait qu'à voir le centre de Londres moldus ou même Birmingham alors qu'elle avait exploré ce monde pour la première fois, la pauvreté ainsi que toutes les formes d'inégalité étaient bien présentes.

Elle hocha subtilement la tête, quasiment sur qu'une vie pouvait être mener dans la plus grande simplicité, comme celle qu'elle avait eu la chance de vivre avec Betty jusque là durant les vacances. Pas de baguette magique, juste ses simples mains et sa bonne volonté pour faire tourner un petit appartement, aller faire les courses, manger une glace. Retomber amoureux chaque jour du même homme. Son cœur commença à ralentir son rythme au moment où le sourire de Sean s'imposa dans son esprit et elle plissa les lèvres, laissant errer son regard sur l'herbe à ses pieds. Sean avait raison, les moldus finissaient par fournir deux fois plus d'efforts sans baguette magique tandis que les sorciers pouvaient grandement en abuser et se sentir puissant avec cette simple idée qu'un don faisait d'eux des êtres uniques et supérieurs. Il n'y avait qu'à voir comment Ryan avait attaqué Betty sans le moindre sourcillement. Mais heureusement, tous les sorciers à baguette n'étaient pas ainsi.

Amastan se mit alors à passer de la théorie à la pratique, redressant encore plus l'attention que Yeleen lui accordait déjà alors qu'elle observait ses mains puis sa posture entière. Sa mention à Uagadou n'était pas sans lui rappeler Nyéléni et Yeleen se demanda un instant l'âge que l'homme pouvait avoir et s'ils avaient pu se connaître durant leur scolarité. C'était une raison presque suffisante pour qu'Iris ne puisse pas venir la rejoindre ici, bien trop dangereux pour sa petite couverture en tant que secrétaire de l'IDEM. Jetant un coup d'œil à Adil qui clignait déjà fortement des yeux, elle s'allongea rapidement à l'instar de son oncle, alors que le vent frôlait le domaine en soulevant un millier de parfums et de sensations qu'elle aurait voulu connaître avec Sean.

Fermant les yeux, elle laissa cette nature envahir sa peau alors qu'elle était en contact avec la terre et l'air marin. Allongée à même le sol, elle ne put s'empêcher d'être ramener à une autre terre qu'elle ne connaissait que trop bien, celle des parcs de Poudlard où ils avaient tous pris l'habitude de se prélasser après des révisions. En bonne Serdaigle qu'elle était, elle rejoignait bien souvent la troupe des Gryffondors qu'ils formaient avec un ou deux livres sous la main et seul l'insistance des filles lui permettait de se détendre en plein soleil, comme aujourd'hui. Et l'espace d'un instant, elle eut l'impression de frôler la main de Sean juste à coté de la sienne.
Le domaine des Clearwater semblait avoir une magie tout aussi ancienne que Poudlard mais avec un coté sauvage qui n'était pas canaliser sous de nombreux dômes de protection. Elle respira doucement, calmant un esprit qui ne cessait de vouloir rejoindre celui de son meilleur, celui avec qui elle osait entrevoir un avenir radieux.

Elle aurait aimé pouvoir arrêter ce Ryan avant qu'il ne disparaisse avec le professeur Jones. Elle aurait aimé pouvoir arrêter cet homme qui avait fuit de la chambre d'hôpital d'Adil. Alors qu'un frisson parcourait ses mains, Yeleen reconnut soudainement cette même impression qui la poussait à sortir sa baguette magique, cette même impulsion mais loin de vouloir rompre cet instant, elle se laissa porter par cette magie qu'elle avait bien des fois ressentis entre ses doigts. Ces fois où elle aurait aimé se libérer des cages du domaine luxurieux des de Clare.
Tout aussi soudainement, elle entendit un ploc qui la poussa à ouvrir les yeux et se redressa à la dernière minute alors qu'une masse informe fonçait sur elle depuis le ciel pour se retrouver avec un hibou du domaine entre les mains. Ecarquillant les yeux, elle vit le petit animal tenter vainement de bouger pris au sort par un sortilège de stupéfix. Levant les yeux vers Amastan, loin d'être déjà très douée pour prendre soin des animaux, Yeleen tenta de réanimer l'animal par la même magie qui coulait encore entre ses mains et fut surprise par le coincement du petit hibou qui resta un moment blotti contre elle. L'Enervatum eut alors l'effet désiré alors qu'elle enlevait quelques plumes qui s'étaient délogés de ses ailes par le choc et plissa les lèvres devant le hibou qui n'y comprenait rien.

Emprunt de désarrois, elle mit un temps à caresser l'animal alors qu'elle aurait pu lui faire bien plus de mal que prévu. Muant ses lèvres dans un silencieux Je suis désolée à son encontre, elle eut un regard pour Adil qui semblait être à deux doigts de ronfler. L'animal encore en main, elle se remit en tailleur face à Amastan, sans trop savoir quoi en faire d'autres que de voir ses yeux grands bruns la fixer avec insistance. Il était peut-être encore bien trop faible pour voler de nouveau pour vaquer à ses occupations.

Merci oncle Amastan signa-t-elle poliment sans savoir comment l'appeler autrement en réalité.

Le clan Clearwater était constitué de nombreux liens familiaux qu'elle avait apprit en quelques jours à les connaître rapidement. Grand mère Maggie, tante Ellie, Maman Betty. Elle les vouvoyait comme elle les appelait exactement comme Sean ou Adil les appelait lorsqu'ils parlaient d'eux et avec tous le respect qu'elle leur devait.
Reposant alors l'hibou sur ses genoux, elle tenta d'être aussi clair que possible, s'assurant d'un regard qu'Adil était bel et bien entrain de dormir, assez pour ne pas voir ce qu'elle était entrain de signer à son oncle.

J'ai vu cet homme dans les couloirs de l'hôpital, celui qui sortait de la chambre. Vous l'avez suivi également ... qui était-il pour Adil? Qu'est ce qu'il lui a fait?

Il était inutile de nier qu'Adil était différent depuis l'enlèvement d'Asel, la rage et la colère le rongeait jusqu'à la moelle mais la récupération de son meilleur ami était encore plus impressionnante. Elle avait vu tout ce sang sur les draps, elle avait entendu que cette voiture qui l'avait percuté avait bien largement sonné un autre Clearwater également. Mais Adil hurlait la nuit, il s'efforçait de marcher avec des potions, bien plus fatigué et avec une toute autre constitution. Si elle pensait que la présence de cet homme avait été néfaste parce qu'il s'agissait d'un inconnu, cette cicatrice et ce regard qu'elle avait croisé lui avait prouvé l'inverse.

Je sais que ce n'était pas n'importe qui. ajouta-t-elle en observant le visage soudainement si serein d'Adil à coté.

Voyant l'oncle d'Adil venir s'installer à coté d'elle alors qu'il rassurait le petit hibou par sa simple présence, Yeleen déplora à cet instant cette sensibilité qu'elle n'avait pas avec les animaux et ce depuis son enfance. Dorsha était presque la preuve qu'elle était incapable de s'occuper de la nouvelle compagnie que Sean lui avait laissé depuis quelques jours ... la chauve souris préférant allègrement venir picorer dans la barbe de Braxton avant de venir se terrer dans l'armoire de la chambre pour le reste de la journée. Tournant en rond tout comme elle, elles avaient néanmoins bien plus de points communs qu'elle ne le pensait.
L'hibou, qui semblait bien plus apaisé par l'oncle Amastan, regagna ses genoux alors que le visage de l'homme se fit plus rude, plus blême également. La Serdaigle se mordit légèrement les lèvres, comprenant à quel point elle pouvait avoir mis les pieds sur bien plus grand qu'elle n'imaginait. D'un regard presque commun, elle l'observa son meilleur ami allongé allègrement sur l'herbe, le temps d'un été et d'une sieste réparatrice. Elle avait vu juste, ce n'était pas n'importe qui et se tourna vers l'oncle au moment où il lui annonça qu'il s'agissait de son frère. Adil lui avait expliqué son lien avec son oncle. Si on enlevait Reda et Younès, il ne restait que le père d'Adil et pendant un moment, elle ouvrit grand les yeux, tout en baissant le menton, par respect.

Par respect pour ce frère qu'elle avait tenté d'arrêter à la va vite, pour Adil qui avait vécu sans la présence de ce père. Par respect pour Ellie et Amastan qui avait élevé Adil comme leur propre fils. Il avait fini par être leur fils, celui qu'ils protègeraient et qu'ils houspilleraient au moindre faux pas. Elle nota alors subtilement le léger changement dans son timbre de voix, l'émotion intense d'avoir certainement revu son frère dans de telles circonstances, quand le monde s'écroulait autour de Younès.

"Je suis désolée de vous faire ressasser des souvenirs." signa-t-elle doucement en plissant les lèvres.

Sincère, elle avait soupçonné un lien de parenté sans s'attacher au seul dont Adil ne lui avait jamais parlé. Savoir qu'elle avait confronté le père dans une telle situation lui donna un frisson, surtout que la tournure de la phrase n'annonçait rien de bon. Où donc lui aurait-il fait du mal sinon? Elle leva son regard au moment où Amastan lui transmettait sans le savoir un sujet brulant du fond de ses entrailles.

"Je sais pour son père, on le devine pour sa mère et comme pour beaucoup, il y a des blessures qui ne se referment pas même avec le temps." signa-t-elle simplement

"Adil parle beaucoup de vous." Elle tenta de se détendre tout en regardant son ami endormi à leur coté. Un sourire sur les lèvres, elle l'adressa à Amastan pour le rassurer sur les seuls points qu'elle pouvait retenir d'Adil depuis ces cinq années. "Vous ne l'avez pas élevé comme un fils, c'est sincèrement le votre par extension. Il n'a jamais fait preuve de jugement hâtif, il a toujours eu cette honnêteté et cette franchise qui font de lui un centre de gravité à part. Pas seulement pour les élèves de sa propre maison." elle eut un regard brillant pour Adil. Sans sa présence, sans celle de Sean, elle ne serait certainement pas celle qu'elle était aujourd'hui et souhaitait encore pouvoir évoluer dans ce monde rempli de courage et de détermination même à l'avenir.

"Derrière chaque colère, il y a une fragilité." signa-t-elle en pensant à son lien si particulier avec Apolline ou même avec Asel. Adil était un jeune homme qui accordait une réelle importance à tous ses amitiés, à la famille, lié par le sang ou le cœur. Il pouvait devenir si expressif à souhait par le bonheur ou la peine qu'il emportant sans cesse beaucoup de monde dans son euphorie et il devenait ainsi un tourbillon d'émotion palpable. "Merci. Merci d'avoir pris le relai et d'être devenu ses parents. Encore aujourd'hui vous veillez sur lui sans jamais ... " l'abandonner ou le rejeter.

Elle n'avait jamais voulu mettre Amastan mal à l'aise avec une seule question, bien qu'elle avait appuyé nettement sur une précision dont elle aurait pu se passer. Mais il aurait été difficile de pouvoir passer à coté de cela, à coté de ce père qui était venu le voir après tant d'années, s'assurant peut-être quelque part, que son fils allait s'en sortir indemne. Virant son regard à ses chaussures, elle se rendit compte que chaque ami qu'elle s'était fait au fur et à mesure du temps avait tous une relation particulière et indéfinissable avec leur parent. Et surtout, incomparable. Est-ce que ces mêmes parents avaient le même relationnel avec leur propre parent ou était-ce seulement cette génération d'après guerre qui se réveillait avec un sentiment de décalage?

Mais lorsque l'oncle d'Adil se mit à lui expliquer à quel point Ellie et lui avaient eu du mal à concevoir un enfant, Yeleen leva les yeux vers lui, légèrement embuée. Certains avaient du mal à enfanter, tandis que d'autres n'en prenaient pas soin. Le monde était fait de deux opposés où les enfants souffraient bien souvent et pourtant, qu'importe la bulle d'innocence qu'on pouvait leur offrir, une noirceur continuait tous de les ronger quelque part. Il n'y avait qu'à voir Sean qui avait mis tant de temps à parler de Liam, sans même encore pouvoir complètement en parler sereinement. Yeleen connaissait Adil depuis sa rentrée à Poudlard, cinq ans qu'aucun d'eux n'avaient réellement abordé le sujet d'une mère, si sensible, si absente.

Elle fronça légèrement les sourcils au mot "crise", sans réellement la comprendre. Une crise d'enfant ne méritait pas une telle attention, un enfant en faisait dans tous les cas et ce n'était pas ce qui manquait lorsqu'elle se retrouvait au chemin de traverse avec des parents qui finissaient par exploser quand un de leur enfant demandait une baguette magique pour faire comme tout le monde. Non, cette crise dont parlait Amastan semblait bien plus particulière et pourtant, elle se ravisa de lui en demander plus, puisqu'il avait buté sur ses propres mots pour l'expliquer. Une crise qui s'est guérit, une crise pas comme les autres. Observant Adil qui ronflait allègrement malgré la main de son oncle sur sa jambe, la Serdaigle rassembla les informations sans pour autant aborder le terrain bien privé de son ami. Ces crises étaient-elles arrivés quand son père l'avait laissé au soin, par extension, au soin des grands parents? Ou étaient-elles le motif de l'absence de sa mère? C'était bien plus qu'une crise psychologique, elle en était certaine.

Mais elle fut désarçonner au moment où il souligna qu'elle était bien plus sage pour son âge, embrayant soudainement sur un tout autre sujet qui ne pouvait que la mettre mal à l'aise en temps normal : elle. Mais à la mention de son changement de nom de famille, Yeleen sentit son sang se glacer, ses gestes encore doux s'arrêtant momentanément.

"Non, pas pour un nom de famille." signa-t-elle sans encore lever les yeux vers l'oncle Amastan

L'émancipation qu'elle avait réalisé il y a à peine quelques mois était un fait qu'elle aurait du faire depuis bien longtemps, elle qui n'avait rien d'une de Clare. Elle n'en avait ni l'étoffe, ni l'ambition et partageait encore moins les idéaux si étroits et ancestraux, elle n'avait fait figure que de bibelot qu'on cachait au monde pour ne pas être pointer du doigt par sa difformité.
Regardant ses mains, elle l'entendit alors prononcer un nom qu'@Iris Faux-Orpin avait déjà prononcé, comme bien d'autres coupures de journaux qui avaient relayé les informations il y a quelques années.

"J'ai très loin d'avoir l'étoffe d'une Sô, ni d'une héritière." continua-t-elle alors que chaque doute la poussait à penser à Nyéléni. Elle qui lui avait dit que la famille ne pouvait qu'être une source de danger. Mais qui viendrait s'intéresser à une jeune femme comme elle? Aux yeux des autres, elle n'était qu'encore cette petite fille enlevée par Henry et surtout, muette sans avoir le moindre talent pour la magie si elle n'avait pas ses potions pour incanter. Nyéléni lui avait dit que le nom n'était certainement pas mieux comparé au de Clare, elle l'avait déjà prévenu mais avait accepté ce changement qu'elle faisait pour honorer tous ce qu'on lui avait arraché à trois ans. Mais celle qui méritait les honneurs et le titre d'héritière et de princesse, c'était bien Nyéléni et c'était elle, Sean, Adil, toute cette famille qu'elle voulait protéger sans le moindre doute.

Ecartant la possibilité d'attirer l'attention des proches ou des ennemis de Mawdo Sô, Yeleen leva les yeux vers oncle Amastan avec la ferme conviction d'être néanmoins autre chose que la petite fille qu'elle était avant. Mi de Clare, mi Sô, elle voulait simplement accepter la Yeleen qu'elle était en se détachant d'une autre étiquette, celle qu'on avait longtemps considéré comme inapte à la magie.

"Il me reste que la magie pour protéger les miens. Que ce soit ce conflit ou un autre, je ne veux plus subir ce qui est plus grand que moi. Je préfère encore pouvoir m'armer pour eux, ne plus être un poids, ne pas être quelqu'un à protéger mais au contraire, pouvoir protéger."

Elle n'avait pas osé un changement de carrière en cours d'année pour rien, elle qui semblait surtout se réserver au Quidditch et au vol, elle venait d'être accepté par la capitaine @Marleen MacGregor pour intégrer la brigade de la police magique et ainsi aller au delà de toutes ses attentes. La faction V était une possibilité qu'elle ne voulait pas frôler comme un rêve mais en faire une réalité, celle où elle était quelqu'un, celle où elle servirait à quelque chose.

Savoir néanmoins que l'oncle d'Amastan était au courant pour les Sô la surprit et elle plissa les lèvres un moment. Et si Braxton ou même Jameson (malgré la mise au point) commençait à la considérer qu'elle était plus en danger en étant une Sô qu'une de Clare, qu'adviendrait-il de sa relation avec Sean? Lui qui était déjà une victime parce qu'il était un Clearwater, est-ce qu'elle n'avait pas précipité son émancipation?
Le regard, légèrement ailleurs, Yeleen fini par poser les yeux sur Adil.

"Ses crises, elle reviendrait si son père revenait?" demanda-t-elle en déviant de nouveau la conversation vers son meilleur ami, son oncle lui ayant apprit dans un sens qu'il ne lui avait pas fait de mal là dans l'instant. Mais qu'en était-il plus tard si Adil le voyait de ses propres yeux et non endormi?