We need to talk

Monsieur et madame Dunn, comme tous les matins, étaient dans le petit salon prévu pour le déjeuner où Adair lisait la gazette du sorcier, tout en buvant son thé sous le regard fatigué mais déjà actif de son épouse qui s'affairait aux dossiers de la journée. Leur servante allait et venait pour voir si tout allait bien, remplissant la tasse d'Adair lorsque cette dernière arrivait à moitié. Il y avait une certaine alchimie que l'on trouvait dans ces vieilles familles nobles, comme si les Dunn étaient une référence dans le domaine.

Le silence était probablement la chose qu'ils aimaient le plus. C'était le premier moment de la journée, et depuis le début des élections, c'était aussi le seul moment de la journée où le calme régnait. Alors lorsque leur fille aînée déboulait dans le salon comme une tornade, Adair ne put s'empêcher de lever son regard agacé vers cette dernière en guise de bonjour.

Il évita un commentaire sur sa tenue plus que déplacée tandis que Love levait son regard vers Apolline en fronçant les sourcils.
« - C'est une façon de s'adresser à ses parents, Apolline ? » Demanda Love, surprise.
Elle retira ses lunettes qu'elle posa sur ses dossiers.

Adair continuait de lire jusqu'à ce qu'Apolline leur annonça les attaques de la nuit qui venaient de se terminer. Il leva son regard vers sa femme qui le regarda l'air interloqué. Qu'est-ce que c'était que ces bêtises ? Il referma son journal, le posant à côté de lui. Mi-ennuyé, mi-intrigué par les propos de sa fille, Adair croisa ses jambes lui donnant son entière attention.

Love s'était levée de sa chaise, s'approchant de sa fille.
« - Assieds-toi, Apolline. » Demanda Love, oubliant de la vouvoyer sous le choc.
Bien sûr que les parents Dunn croyaient leur fille, s'il y avait bien une chose dont ils étaient fiers et certains, c'était que leurs enfants n'étaient pas des menteurs. Au pire, ils pliaient la vérité selon leur désir, mais aucun mensonge ne sortait de leur bouche. Apprendre à détourner l'attention, à contourner une question ou à répondre par une autre question avaient été une des nombreuses leçons qu'ils eurent de leurs parents.

Adair se passa la main sur son menton parfaitement rasé. Ainsi donc, le clan Clearwater avait subi une attaque. Cette petite Misra, aussi. Adair se tapota le bout du nez. Oui, c'était le clan MacGil Fhaolain, un autre clan d'écossais vivant en autarcie sur les îles de Skye.
« - Premièrement ma chérie, tu vas commencer par te calmer. »
Love faisait venir une chaise qui glissa vers Apolline qu'elle invita à s'asseoir en posant doucement ses mains sur ses épaules.
« - La Gazette n'a rien mentionné de tout cela, sinon une explosion de gaz sur Finsbury Park... Little Algeria. » Traduisit Adair à sa fille, en rajoutant le petit nom que c'était donné ce quartier du fait de sa grosse communauté d'algériens. Bizarrement, dans sa voix, il n'y avait aucun agacement. Au contraire, ce qu'Apolline venait de leur dire nécessitait une enquête plus ou moins approfondi. Il ne remettait pas en cause les propos de son aînée. Sa gestuelle, de toute façon, parlait pour elle.

Apolline rentrait dans la cours des grands. Love lui caressa les cheveux. Son visage trahissait la réflexion. Adair se leva du fauteuil.
« - On va faire quelque chose, oui. Il va me falloir partir plutôt, Love. »
Elle acquiesça d'un signe de tête. Adair posa son regard sur Apolline.
« - Si je vous demande qui vous a tenu informer, vous ne me direz rien, n'est-ce pas ? »
Il sous-entendait bien sûr qu'il ne révèlerait pas cette information, mais qu'il en avait besoin pour enquêter de son côté. Ancienne langue-de-plomb, Adair était rompu à cette exercice. Même sous la torture, aucun son ne sortait.

« - Oui, ma chérie, ça, on le sait. » Rassura Love, lorsqu'Apolline s'énervait à propos de la Gazette du Sorcier.

Adair fit comme s'il n'avait pas entendu les grossièretés de sa fille. La situation était bien trop importante pour qu'il ait le temps ou l'énergie de la reprendre là-dessus. Love fit servir du thé à sa fille qu'elle lui tendit avec amour.

Tout comme son mari, elle réfléchissait. Il y avait plusieurs cartes à jouer, mais probablement aucune qui plairait réellement à leur fille. Cette dernière était bien trop passionnée pour se contenir à une simple image, à laisser les choses se faire afin de préparer un coup aux petits oignons.

Les élections arrivaient, c'était une certitude. Dans un peu moins de deux mois, les sorciers du Royaume-Uni éliraient le futur ministre de la magie pour les sept prochaines années. Si Adair n'était pas du genre à mettre les charrues avant les hippogriffes, il se voyait bien ministre pour une bonne vingtaine d'années. Mais ce n'était qu'un rêve qu'il devrait bâtir doucement sans trop avoir à sacrifier sur ses propres idéaux. Car tout comme Love, ils savaient pertinemment que les idéaux conservateurs qu'ils amenaient devraient être atténués tout en promettant un peu d'évolution au sein de la société sorcière pour contenter tout le monde.

C'était donc une situation épineuse dans laquelle Adair se trouvait. Le ministère en place avait donc opté pour le silence. C'était un coup à jouer, il en était certain. Il fallait juste bien la réfléchie pour éviter de se prendre un retour de flammes. Il était bien conscient que son parti avait quelques poubelles dont ils ne parvenaient pas à se défaire, notamment sur l'adhésion de certains sorciers aux idées plus qu'obscures.

Ne pas savoir qui était la source de sa fille l'agaça quelque peu. L'idée de lui faire confiance était une chose que Love adorerait, mais il ne pouvait pas jouer sa carrière sans vérification. Il soupira, se tapotant le bout du nez. Adair allait devoir utiliser certaines cartes qu'il avait dans sa poche. Avoir été une Langue de Plomb était un véritable atout pour les élections, n'en déplaise au parti R.A.S.
« - Ma réponse risque de ne pas vous plaire, ma fille, mais je vais faire quelque chose, oui. » Rassura Adair, tout en la modérant quelque peu. L'idée n'était pas de foutre le ministère à feu et à sang.
« - Vous êtes pleine de ressources, cela dit, et j'apprécie énormément ce que vous avez fait. »
Un sourire vint se perdre sur ses lèvres. Love lui fit un sourire plein d'amour, serrant les épaules de sa fille avec excitation et ravissement. Ce n’était peut-être rien pour beaucoup, mais de tels mots dans la bouche de son mari à l'égard de leur fille, c'était quelque chose de fort qui lui fit le plus grand bien.
« - Il est temps, je pense, de vous initier au jeu de la politique. Votre mère va très certainement s'occuper de cela. »
Un petit sourire sur le coin des lèvres, une expression chaude dans le regard et une légère inclinaison de la tête à l'égard de Love, Adair se surpassaient. Il se leva.
« - Je vais d'abord me rendre au ministère. J'ai quelques personnes à contacter, puis j'irais me renseigner. Je suis persuadé que ce qui s'est passé sur Finsbury Park doit secouer tout le magenmagot. Auquel cas, je me chargerais de mettre un peu le feu aux poudres. »

Love vint vers lui, resserrant sa cravate avant de lui baisser le col avec tendresse.
« - N'oublie rien, et reste discret. N'oublie pas que ta plus grosse carte à jouer sera lors du débat. »
Adair tenta de réprimer un sourire victorieux, mais quelques traces furent visibles sur ses lèvres. Ne pas mettre les hippogriffes avant la charrue.
« - Décidément, le langage n'est plus ce qu'il était dans cette maison. » Fit-il, l'air mutin, relevant alors que sa femme le tutoyait devant leur fille. Elle eut un petit rire amusé, avant de se rapprocher de ses dossiers.

Il posa la main sur l'épaule de sa fille.
« - Pour le moment, je vous demanderai de faire comme d'habitude. Si vous avez des questions, n'hésitez pas à les poser à votre mère. Nous savons tous ici que c'est elle la plus redoutable. »
Adair lui fit un clin d’œil, avant de disparaître dans le couloir.

Pour Love, ce qui venait de se passer entre son mari et sa fille était une véritable petite victoire personnelle. Elle se battait depuis la naissance de @Thésée Dunn pour qu'Adair se montre tout aussi affectueux avec l'un que l'autre, mais ça a toujours été compliqué. Probablement une trace de l'éducation que ce dernier reçu de ses parents vu les spécimens.

L'idée de former leur fille Apolline aux rouages de la politique était une bonne idée bien que cette dernière ne semblait pas de cet avis. Love lui fit un sourire pétillant. Pour elle non plus, ce ne fut pas facile. Mais elle avait très vite su tirer son épingle du jeu, comprenant très vite comment fonctionner la société sorcière britannique. Comme elle le voyait avec son mari, c'était un milieu patriarcal où il valait mieux ne pas brusquer le petit monde pour éviter de les sortir de leur zone de confort.

Si avec Adair, cela avait fonctionné, c'était parce qu'elle lui avait un petit peu forcé la main pour le mettre devant cet état de fait. Très vite, comprenant que les femmes pouvaient être tout aussi redoutable que les vieux sorciers du coin, Adair a rapidement laissé sa femme prendre une part importante dans ses affaires, qu'elles furent professionnelles ou politiques. Love savait quand se mettre en avant et quand se mettre en retrait, faisant exactement ce qu'on attendait d'elle.

Mais pour Apolline, cela se passerait autrement. Elle n'était pas aussi fine qu'elle. Ce n'était pas une critique, pour autant. Pour Love, sa fille était l'image du deuxième millénaire. Une ère où les sorcières reprendraient forcément les choses en mains pour guider les sorciers vers un âge prospère. Elle comptait bien jouée sur l'émotivité de sa fille en lui faisant comprendre que c'était une force plus qu'une faiblesse.
« - La première règle en politique, c'est d'amener l'autre à penser comme toi en lui faisant croire que c'est son idée. » Fit-elle, l'air espiègle.

« - Je sens très bien que vous ne vous sentez pas forcément à votre place dans un tel milieu. Pourtant, je pense très sincèrement le contraire. »
Elle croyait fermement que la génération de ses enfants allait donner un coup de pieds dans ce milieu de vieux rabougris, même si cela pourrait prendre une tournure qui ne lui plaisait pas. Ou plutôt qui n'était pas raccord avec ce que l'on attendait d'elle à cause de son héritage de sang pur.

Les autres sorciers pouvaient croire ce qu'ils voulaient sur les Sangs purs, ils étaient loin d'imaginer la pression qu'ils vivaient depuis leur plus tendre enfance pour être ce que leurs parents voulaient qu'ils soient jusqu'à la fin de leur jour.

Si Love n'était pas aussi fermée que les autres, elle n'hésitait pas, cependant, à garder ses idéaux en tête. Du moins, pour sa propre vie. Elle s'était toujours demandée ce qu'elle ferait si un de ses enfants déviait du chemin. Si elle n'était pas sûre pour Adair, pour elle, c'était clair : Jamais elle ne le tournerait le dos, même s'il devait se marier avec un sang inférieur. Après tout, comme elle aimait s'en convaincre, d'excellents sorciers avaient prouvé qu'il ne fallait pas forcément être pur pour être redoutable.

« - Votre émotivité est une force, une source de motivation inépuisable vous donnant la force de déplacer les montagnes. Il vous faut juste apprendre à la canaliser. À savoir quand la laisser s'exprimer, et quand rouler sept fois sa langue dans sa bouche avant de l'ouvrir. »

« - Celui de voir ses propres idées, ses propres intérêts se concrétisaient. » Répondit tout simplement Love, avec malice.
« - Je viens d'une famille où la bienséance a toujours été de mise. Le dévouement pour son mari, aussi. »
Love n'avait pas vraiment besoin de re-présenter la famille de Clare. Apolline connaissait très bien ce pan de famille, notamment par ses liens avec la petite @Yeleen Sô (quelle tristesse et quelle honte, même si une petite partie d'elle comprenait les raisons qui l'avaient poussé à faire ce qu'elle avait fait en prenant le nom de Sô) et de @Lyssa de Clare (probablement l'une des meilleurs sorcières de sa génération).

Une famille de tout ce qu'il y a de plus banal chez les Sangs pur. Pour autant, l'excellence était de mise, et c'était ainsi que Love fut élevée.
« - Mais nous savons, vous et moi, que cette éducation est désormais obsolète. »
Elle n'en pensait pas moins, pourtant, Love n'en dit rien à sa fille même si elle se doutait qu'Apolline le comprenait. Elle était loin d'être dupe sa fille. Peut-être un peu trop sanguine, mais c'était ce qu'ils avaient besoin chez les Dunn. Love aimait Adair de tout son être. Mariage arrangée, ils avaient appris à s'aimer d'un amour fort et durable. Si ce ne fut jamais le coup de foudre, Adair l'a toujours aimé pour ce qu'elle était. C'était drôle d'ailleurs de se dire que ni l'un ni l'autre n'en serait là s'il n'y avait pas eu ce mariage.

« - Je sais bien. Et votre père a grincé des dents lorsqu'il a vu votre choix. Néanmoins, il ne vous a rien dit à ce sujet. »
Love lui fit un clin d'oeil, lui signifiant silencieusement que c'était de son fait et que c'était de cette manière dont elle exposait plutôt les mérites qu'elle y était parvenue.
« - C'est un jeu fastidieux la politique. Très rare sont les gens à aimer cela, mais beaucoup se prêtent au jeu pour finir par adorer cela. J'ai toujours voulu changer ET préserver notre condition de sang. »
Elle lui fit un sourire tendre. Apolline avait toujours été sa préférée. Peut-être parce qu'Adair avait toujours témoigné ouvertement son attachement à leur fils, @Thésée Dunn. Ou alors, parce qu'elle se reconnaissait en elle ? Elle ne saurait le dire.
« - La politique est aussi une épreuve de force. Bien que sournoise. Vous apprécierez vos victoires autant que vos belles notes sur vos bulletins scolaires. Mais pour cela, la première chose sur laquelle il vous faut travailler, c'est sur votre caractère. Le fait que vous soyez sanguine, émotive est à le fois une force et une faiblesse. Il vous faut juste apprendre à vous servir de votre émotivité à bonne escient. La patience est une vertu qu'il vous faudra acquérir rapidement. »

Elle retira de nouveau ses lunettes, l'air pensive.
« - Je crois que j'ai beaucoup appris par moi-même. Mais je dois énormément à votre père qui m'a très vite permis d'apprendre et de m'immiscer dans ses affaires lorsque je suis parvenue à le convaincre sur une histoire somme toute banale qui lui a valu son siège au Magenmagot. Depuis, même si j'agis sous le nom de votre père, je ne me suis jamais sentie aussi libre. »
Love posa son regard sur le visage de sa fille. L'envie de lui coiffer les cheveux lui démangeait les mains.
« - Il vous faut un mari ouvert sur la question. Avez-vous déjà réfléchie à la question, Apolline ? »

Comme elle l'aurait parié, connaissant sa fille peut-être un peu trop, la question sur les sentiments vint en premier lieu. Avant même de lui demander si Love s'était sentie en sécurité, ou tout simplement, si elle aussi, avait été d'accord en acceptant de toute son âme, ce mariage que lui promettait ses parents. Un sourire se lova sur les lèvres de l'épouse d'Adair avant de répondre à sa fille.
« - Vous ne comprendrez peut-être pas, mais non, je ne l'aimais pas. Du moins, pas comme vous, vous l'entendez. »
Son regard disparut par la fenêtre alors que Love se plongeait dans les souvenirs de cette étrange rencontre avec la famille Dunn. Elle connaissait Adair de Poudlard, bien sûr, comment ne pas le connaître, lui qui était si populaire. Un Serpentard qui attirait le regard, quoique mystérieux, car on ne l'entendait jamais parlé de ce qu'il pensait très sincèrement sur les problèmes de société de l'époque.

Love, qui avait été à Serdaigle, n'avait remarqué que la finesse de son esprit au travers de certaines de ses prestations publiques. Elle avait toujours aimé le théâtre, mais le voir, lui, jouer, ça lui avait toujours provoqué un petit quelque chose si particulier en son cœur. Ce n'était pas de l'amour. Peut-être juste une profonde admiration.
« - Nous nous sommes plu. Puis, nous avons appris à nous aimer. Ce fut compliqué au début. J'étais trop progressiste selon lui. »
Un sourire se dessina sur ses lèvres, se rappelant la première fois où il lui avait dit qu'il l'aimait. C'était sur ce petit restaurant à Paris... Mince, comment s'appelait-il déjà ? Ah oui, la Passion de la Rose.

Apolline la tira de ses pensées en lui demandant quelle était la partie qui n'avait plus cours dans leur éducation désormais. Love sortit de ses rêveries, plongeant ses iris dans celle de sa fille.
« - Je vous laisserais répondre à cette question quand vous y aurez réfléchi. »

Elle lui fit un clin d'œil. Si Adair était encore bien trop conservateur, Love, elle, pensait qu'il était peut-être temps de laisser tomber certaines règles... Notamment celle du sang. Mais elle n'en avait jamais exprimé un traître mot à quiconque. C'était le genre d'informations qui pourrait mettre autant de plomb dans son couple que dans la vie professionnelle de son mari, bien qu'elle se doutait que cela pourrait attirer une certaine forme de compassion de la part du public.

« - Votre père vous aime, Apolline. Il est... Il a toujours été particulier, vous le savez tout aussi bien que moi. »
Bien sûr, Love n'irait pas plus loin. C'était à Adair de lui répondre, pas à elle. Les sentiments de son mari avaient toujours si particuliers à définir. Mais elle était persuadée qu'il se tenait loin de sa fille à cause de la séparation qui viendrait, le jour où elle prendrait le nom d'une autre famille. C'était ce qu'elle pensait. Et bien qu'elle n'en avait pas la confirmation, elle était presque sûre que c'était ce qu'il pensait. Love se souviendrait toujours du regard si expressif qu'il eut lorsqu'il avait posé ses yeux pour la première fois sur leur fille qui venait de naître.

« - Deuxième règle, Apolline. Ne vous comparez jamais à quelqu'un. Même si c'est de moi qu'il s'agit. » La reprit Love, bien que flattée. « C'est s'imposer des limites que de vouloir devenir quelqu'un d'autre. Et c'est un luxe que nous, sorcières, ne pouvons pas avoir. »

Love la laisserait méditer ces mots. Si l'éducation était quelque chose qu'elle avait toujours surveillé chez ses enfants, elle avait aussi veillé à ce qu'ils aient la capacité de se questionner. De trouver les réponses par eux-mêmes. Il était hors de question pour un Dunn, ou un de Clare, d'être dans la passivité quand on vivait dans un monde en constante évolution. Le monde sorcier avait toujours été plus ou moins stagnant. Il n'y avait qu'à voir les moldus qui semblaient dans le futur là où les sorciers étudiaient à peine la mécamagie. Ce n'était qu'un exemple parmi tant d'autres...

« - Les livres possèdent des réponses, oui. Mais les véritables réponses, elles sont en nous. Faites donc ça, Apolline. Abordez la politique comme vos études, et vous deviendrez peut-être ministre de la magie. » Fit-elle avec un petit sourire amusé, avec un peu de rêverie dans le regard.

S'en vint sa question sur son futur mariage. Love vit très rapidement qu'elle venait de prendre sa fille de court. Un sourire se dessina sur ses lèvres.
« - Troisième règle, ma chérie : Pensez à tout pour éviter d'être surprise comme vous l'êtes actuellement. »
Un brin de malice dans son regard, elle laissa continuer sa fille.
« - Votre père a déjà quelques prétendants en tête, oui. Hélas, nous venons d'apprendre que James Grey était déjà promis. Nous avons pensé à Andras Souvorov dont le père siège au Magenmagot en compagnie de votre père... Il y a aussi ce Phénix, mais je ne sais pas trop quoi en penser. Les frères Grimm aussi. Mais votre père, et il a raison sur ce point, ne pense pas qu'il soit judicieux de se joindre à eux. Leur relation plus que compliquée avec Gringott's ne serait pas bon pour les Dunn. »
Elle se tapota le bout du nez.
« - Dans le pire des cas, nous pourrions aller voir à l'étranger. Votre père a des relations très intimes avec certains membres de la confédération internationale sorcière. Mais je préfèrerais vous garder près de moi... » Fit-elle dans un sourire débordant d'amour.

Une servante apparut alors, sur le pied de la porte.
« - Madame, désolée de vous déranger, mais vous avez reçu un hibou urgent de... »
Love leva le regard vers la nouvelle venue, la surprise se lisant sur son regard.
« - Par Merlin, je n'ai pas vu l'heure ! »
La servante s'inclina légèrement avant de disparaître. Love se retourna vers sa fille.
« - Je dois me dépêcher, je suis en retard. »
Elle lui embrassa la joue avant de lui dire rapidement :
« - Méditez donc cette conversation, nous en reparlerons plus tard. Et gardez espoir sur ce que vous êtes venu nous dire. D'accord ? »

N'attendant pas la réponse de sa fille aînée, elle se dirigea prestement vers la sortie. On l'entendait marmonner sur son retard. C'était presque un crime chez les Dunn.