Et ça continue. *Lennox*

Le petit semblait se remettre. Je n'étais pas totalement sûre de le croire quand il me disait qu'il allait bien, mais je n'avais aucune raison de remettre en doute ce qu'il me disait. Aussi, je préférais lui sourire tout en le serrant brièvement contre moi. Ce petit avait du potentiel. Mais au lieu de devenir Dracologue comme son père, il avait préféré devenir Auror. Si c'était une profession particulièrement noble, je ne pouvais m'empêcher de m'inquiéter sur l'avenir de ce garçon quand on savait l'espérance de vie d'un sorcier au sein du bureau des Aurors. Surtout maintenant que les Clearwater semblaient être de parfaites cibles d'entrainements pour mage noir en devenir.

« - Pas de soucis ! Comme tu peux le voir, la pierre n'est pas pressée ! Plus de trois mille ans qu'elle était sous terre, elle peut attendre un petit peu plus. » Fis-je pour le rassurer.

L'avantage de mon travail en atelier, c'était que je n'étais pas pressé du tout. Bien sûr, il y avait toujours un casse-pied du Conservatorium pour me demander où j'en étais afin d'éviter que l'objet ne s'abime davantage à l'air libre, mais... J'avais beau leur expliquer que je maîtrisais certains sorts pour les préserver des effets de l'air, de la lumière et de l'humidité, il fallait toujours qu'il y en ait un pour se rappeler au monde des vivants. En même temps, travailler dans les archives, ils devaient probablement être en mal de contact humain.

Je tendis les mains pour réceptionner la photographie que Fergus me tendait. Sans attendre, je remis mes lunettes de précision, observant directement les principaux détails de la photo, comme nous avions l'habitude de le faire à l'Institut pour y découvrir des détails cachés, ou autres. Les runes me paraissaient étranges. Je réfléchissais à mesure que mes yeux balayaient la photographie, cherchant une base sur laquelle m'appuyer pour lui donner un début de réponses.

Je fus quelque peu surpris de voir que les runes me semblaient inhabituelles. J'avais une curieuse impression de déjà-vu, mais sur le moment, rien ne me vient, et cette absence de piste comme je pouvais l'avoir sur d'autres sujets, me laissa perplexe.

Je retirai mes lunettes que je laissai tomber nonchalamment sur mon torse pour m'approcher de mon bureau où je cherchais un grimoire en particulier. Thanatos... N'importe qui pouvait savoir qu'il s'agissait là du Dieu de la Mort dans la mythologie grecque. C'était, certes, une figure mineure, mais il avait tellement été repris dans la pop culture qu'elle fut sorcière ou moldue, d'ailleurs, que c'était une figure assez emblématique de cette mythologie qui avait tant inspiré le monde au cours des siècles.

Je cherchais mon grimoire sur la magie avancée dans la Grèce antique. Un ouvrage magnifique dont Circée elle-même en aurait jeté les bases avant d'être reprit par d'autres auteurs au cours du temps. Mais il n'y était pas, et je ne pouvais pas vérifier si c'était dans ce livre-ci si j'avais vu les runes ou pas...

« - ça m'agace de ne pas le retrouver ce grimoire. »
Je relevais la tête, posant la photographie sur mon bureau avant de me redresser. Mon regard se posait dessus tandis que j'écoutais mon petit cousin m'expliquait qu'il avait fait quelques recherches sans pour autant parvenir à un début de réponses. Un sourire m'effleura les lèvres lorsqu'il insinua que j'avais réponse à tout.
« - Allons, si j'avais réponse à tout, je me ferais bien ch-... Euh, je m'ennuierais. » Me repris-je alors que j'allais me montrer un peu grossier devant mon cadet.

Les mains sur les hanches, les yeux orientés vers la fenêtre, on pouvait deviner que je réfléchissais à l'endroit où j'avais bien pu poser ce grimoire. Je posai mon regard sur mon petit cousin lorsque ce dernier me donna plus d'explications. Un sourcil levé trahit ma curiosité tandis que mon regard laissait sous-entendre qu'il y avait probablement là de gros problèmes à venir. De ce qui me venait à l'esprit, tout de suite, c'était qu'il y avait des expériences de faites sur la nature profonde de l'être humain et l'essence même des créatures magiques réputées pour avoir une longévité à toute épreuve. La simple mention de Nicolas Flamel me glaça l'esprit.

Je détestais l'alchimie pour cette raison. Ce chercheur représentait tout ce que je détestais concernant la recherche, la science et tout ce qui pouvait en découler. Il était la personnification même des excès et de la connaissance utilisée à mauvais escient pour braver les interdits des lois de la nature. Je savais que de tout temps mes semblables avaient cherché un moyen à contrer la mort. Pour autant, lorsque certains parvenaient à en repousser les limites comme le faisait ce maudit Flamel, je ne pouvais m'empêcher de ressentir ce profond énervement au fond de mon cœur. Oui, je me soignais pour aller bien, oui, je militais pour que le monde entier ait accès aux mêmes soins que moi, mais en aucun cas je ne souhaitais combattre la mort comme ceci. Se soigner d'un mal comme un rhume ou une pneumonie quand dans la nature, il y avait des remèdes, c'était normal. Se soigner de la mort ou la repousser de la sorte, ce n'était pas normal.

« - Des chimères, donc. De l'alchimie. Tous les principes des lois de la physique et de la vie bafouées, j'a-d-o-r-e. »
J'étais sarcastique, malgré la réflexion que je continuais de me faire. La recherche qui semblait se faire d'après les données de mon cousin me laissait perplexe et me poussait à croire qu'il y avait de l'alchimie là-dessous.
« - Ne t'inquiète pas là-dessus, je saurais tenir ma langue. Ça m'embête de ne pas trouver ce grimoire. »

Je m'appuyais sur le bureau, hochant la tête, agacé.
« - Thanatos, c'est le Dieu de la mort, le fils de Nyx, la Nuit qui est l'épouse d'Erèbe. Pourquoi s'appeler ainsi si c'était pour défier la mort ? » Mon index tapotait le bois. « À moins-ce que cela fasse référence à la Thanatologie qui est l'étude de la mort et de ses mécanismes et qui expliquerait du coup les travaux de Flamel retrouvés et ces tentatives de croisement entre l'essence d'un Phénix et d'un être humain... ? »

Mes yeux se posèrent de nouveau sur les runes de la photographie.
« - Du coup, peut-être que ce n'est pas des runes même si ça en a tout l'air. Du moins pas dans le sens littéral du terme... Peut-être est-ce des symboles alchimiques et c'est pour cela que là tout de suite cela ne me dit rien ? »
Je me redressais pour croiser mes bras avant de me tapoter le bout du nez. Puis cette mention de Flamel, ce n'était pas anodin, c'était certain.
« - Assieds-toi. » Intimais-je à Fergus en voyant soudainement qu'il semblait nerveux.

Je sortis une bouteille de whisky pur feu de mon bureau pour lui en servir un doigt.
« - Bois-ça. »
Je voulais l'aider à se détendre un peu. La nervosité n'était pas quelque chose de bon pour pousser la réflexion.
« - Fergus... » L'appelais-je alors que je rangeais la bouteille de whisky. « Qu'as-tu vu là-bas ? Est-ce que tu as vu du matériel, ou d'autres données qui t'ont paru étranges ? Je veux dire... Entrainant des notions que tu n'aurais pas étudié dans ton cursus de Sécurité magique ? »
J'essayais de l'amener à affiner les informations qui me donnaient. Je continuais de réfléchir à tout cela silencieusement tout en essayant de me rappeler où avais-je bien pu mettre ce fichu grimoire. Quoique si c'était alchimique et que Flamel était mêlé, peut-être devrais-je juste me renseigner sur l'alchimie pure et dure. En Angleterre, nous n'étions pas aussi doués que nos voisins français ou... Même nos amis égyptiens...

J’observais mon cousin-oncle regarder autour de lui en cherchant le grimoire d’un air calme et détendu. Il m’apaisait. Il avait toujours eu cet effet sur moi, en se présence je me sentais étonnement calme et serein. Les bras le long du corps, je l’observais et je l’écoutais en silence. Il avait déjà une piste, ou un semblant de piste sans même s’en rendre compte. Là où il avait le sentiment de patiner, il avait déjà pour moi fait un grand bon en avant. M’asseyant comme un bon élève, je regardais la photographie qui était le seul élément en bazar dans cet endroit aussi bien rangé. Quand le whisky arriva devant moi, je fis une moue étrangement inquiète. J’avais pour réputation de ne pas trop tenir l’alcool… J’allais donc le boire lentement et raisonnablement.

« Merci. » dis-je simplement.

J’avais un peu perdu de ma joie de vivre d’autrefois. Aussi, je m’efforçais de sourire. Quand il me posa la question, je me mis à ricaner et je bus une gorgée de whisky. Le breuvage se lança dans mon corps et je me mis un peu à tousser. Je savais que quand je buvais du whisky, je faisais honte à mon nom !

« Teu ! Désolé. J’ai vu… Des choses étranges. Des choses surtout contre nature. Il n’y avait pas qu’un seul exemplaire de la chimère à moitié Phénix. Il y avait des principes… assez obscurs dans les carnets. Comme l’ignition et la renaissance. Il y avait des méduses. Beaucoup de méduses et... »

J’inspirai. Là, en revanche je mis un temps d’arrêt. Regardant Lennox dans les yeux, j’avais un peu blêmi. J’étais un Clearwater. J’étais courageux de nature et j’avais la constitution solide mais… Ce que j’avais vu était vraiment répugnant.

« Et un amas de chair en décomposition, dont la vie lui était revenu artificiellement. C’était… Comme tout type de Magie Noire. Contre-Nature. »

Je bus une autre gorgée, mais en prenant soin de me modérer quand même. Ma langue se délia un peu et je regardais le verre entre Lennox et moi.

« J’ai pas mal travaillé en tant qu’Auror sur des affaires de Magie Noire assez sinistre. Mais crois-moi, ce que Thanatos fait, c’est d’un autre niveau. »

J’étais toujours blême mais le whisky m’avait redonné un peu de couleur. Finalement, après voir dit mes derniers propos, je n’estimais pas réellement utile d’en dire d’avantage pour l’instant. Quelque peu silencieux, je regardais mon verre et je relevais le nez vers Lennox.

« En tout cas, un truc est sûr… C’est que je suis sûr qu’ils sont de mise avec le Ministère. C’est pour ça, après notre départ avec Gabriel ce sont les agents du Ministère qui se sont chargé de l’expertise. Je suis convaincu que cette dernière ne mènera nulle part, d’où… ma demande de traduction. »

Je restais un peu sombre. J’étais évidemment persuadé qu’on avait trahi ma couverture au niveau Ministériel. Je m’étais tellement entraîné et j’avais tellement effectué des missions périlleuses, que d’avoir été extradé du jour au lendemain sans explication n’avait fait qu’augmenter mes soupçons d’alliance avec une partie du Ministère.

« Le Ministère a toujours eu une partie corrompue de toute manière, quelque soit les époques. Il n’y a qu’ici où j’ai l’impression que les gens sont digne de confiance ! »

Je désignais mon environnement. Mais en même temps, la moitié des membres de l’IDEM devait être de ma famille éloigné. Parfois je rencontrais des gens que je ne connaissais pas avec la même couleur de cheveux ou la même forme du nez. C’était assez déroutant, mais on s’y faisait. Soudain, une porte s’ouvrit à la volée, laissant voir un jeune homme d’une vingtaine d’année.

« Monsieur MacGregor ! Monsieur MacGregor ! Le Golem s’est réveillé dans la salle où on l’avait entreposé! Il a commencé à tout attaquer, mais les Briseurs de sorts ont réussi à sceller l’endroit dans l’urgence ! Il faut… il faut vraiment intervenir ! »

Je tournais la tête. Je savais ce qu’était un Golem, et je regardais Lennox assez surpris. Qu’on vienne le chercher lui pour affronter ce genre de chose. Quel classe. L’assistant s’en alla, je vidais mon verre d’un trait.

« Je t’accompagne ! » dis-je en titubant imperceptiblement.

Mes poils se hérissèrent lorsque je tressaillis à l'évocation de la chimère. À mes yeux, il n'y avait rien de pire que ce genre d'expérience magique. Si les choses étaient faites ainsi, c'était qu'il y avait une raison. Le fait que nous ayons des pouvoirs magiques, que nous soyons des sorciers ne devait pas nous donner le droit de nous croire au-dessus des lois les plus élémentaires qui régissaient l'ordre des choses. La science, bien que magique ici, devait rester du domaine de la compréhension de la vie, du soin et de sa préservation. Ce que mon cousin  me racontait me révulser au plus haut point. Il pouvait d'ailleurs le voir sur mon visage qui exprimait un profond dégoût. Tout le monde me connaissait pour aimer la vie sous toutes ses formes. La préserver était une chose à laquelle je pensais régulièrement d'où mon adhésion au sein de la SPAF, il y a quelques années (entre autres).

« - J'imagine que le ministère garde vos trouvailles sous réserve, empêchant quelqu'un de l'extérieur d'y jeter un œil... »
Je secouai la tête, visiblement agacé. C'était tout à fait normal, j'en convenais. Mais si j'avais la possibilité d'accéder à leurs travaux, je pourrais très certainement être plus précis dans l'aide que je comptais bien lui donner. J'avais très envie d'aider Fergus parce qu'il était mon cousin et que j'avais cette tendance à toujours être présent pour les plus jeunes de la famille. Pour autant, ma morale me motivait un peu plus dans ce travail qu'il me tendait. Si je pouvais l'aider à y mettre un terme, pour sûr que je le ferais.

« - Oui, l'ignition, ça provient probablement des expériences faites sur le phénix. Quant à la renaissance, ça va de pair, effectivement. » Murmurais-je, en m'asseyant en face de lui, joignant mes mains à la hauteur de mon nez, l'air pensif.

À l'annonce de l'amas de chair, je tressaillis une nouvelle fois. Depuis combien de temps travaillaient-ils là-dessus . Même si cela me semblait être un échec, je ne pouvais m'empêcher de mesurer l'ampleur de cet échec. Pour parvenir à redonner vie à quelque chose de vivant, il y avait forcément de la magie noire. J'avais eu connaissance auprès de collègues entomologistes qu'il existait des parasites capables de prendre possession du corps d'un insecte pour en faire un zombie. Mais rien n'avait été étudié sur l'être humain. Bien sûr, je ne faisais que continuer sur l'hypothèse de cet amas de chair qui était bien humain.

« - Je comprends, Fergus. Et c'est très grave comme accusation, mais j'ai confiance en toi. »
Je ne pouvais m'empêcher de relever les choses telles que je les voyais. En lui disant cela, je lui montrais que je comprenais l'étendue de son problème tout en mesurant les conséquences de tels travaux. Fergus se mettait en danger rien que par cette photographie.

Je saisis la photo que je portais à la hauteur de mes lèvres. D'un souffle, je transformais ce que l'on voyait dessus en un magnifique paysage représentant Tuna el-Gebel, lieu de mes dernières fouilles où j'avais, justement, participé à la découverte de la palette qui se trouvait derrière Fergus. Puis, je la rangeai sous des dossiers l'air de rien.
« - Je m'en occupe dès que possible, Cousin. » Ajoutais-je en lui faisant un clin d’œil complice.
« - De toute façon, qu'est-ce que tu veux qu'il arrive ici ? Y a que des nerds ! »
Un sourire ornait mon visage. C'était vrai. Beaucoup d'entre nous étaient célibataires ! Bon, ça n'avait pas que des inconvénients, hein. Il y avait un envers du décor au sein de l'Institut que je n'ébruiterais pas. Surtout devant mon jeune cousin.

Tout à coup, la porte de mon bureau s'ouvrit à la volée devant un apprenti que nous avions pris en stage pour cette année. Son expression pressée et effrayée me valut d'arborer instantanément un air suspicieux, mes sourcils froncés.

Je secouai la tête, avant de regarder Fergus tout en me levant :
« - Bon, je retire ce que j'ai dit. On est les pires sorciers du monde. »
J'appuyais le trait devant l'urgence, mais je sentis aussitôt mon cœur s'accélérait, provoquant ce petit excès d'adrénaline dans mes veines auxquels j'avais pris goût dès ma première excursion.

Baguette levée, j'entrais dans la salle où je vis cet imposant Golem prêt à tout détruire. Autour de nous, quelques apprentis et leur maître de stage s'occupaient déjà de détourner son attention des autres objets et artefacts de valeurs.

Je jetais un regard à Fergus, qui semblait se trainer la jambe, et je lui dis :
« - Tu te sens d'attaque ? »
Auquel cas, je le poussais à l'extérieur s'il me disait que non.

Un sourire se dessinait malgré moi lorsque Fergus me répondit. Bien sûr qu'il allait bien, qu'il était prêt. C'était un Clearwater. Je ne pouvais m'empêcher d'admirer le courage ou la témérité dont ils faisaient preuve. Fut un temps, j'en aurais eu bien besoin pour ne plus avoir ce sentiment de honte à chaque fois que je repensais à ma lâcheté durant la Deuxième Guerre. Un mouvement brusque du Golem m'arracha de mes pensées et bien qu'il ne me voulait aucun bien, je ne pouvais m'empêcher de lui en être reconnaissant.

La baguette magique de Fergus lança un sort permettant à ce pauvre stagiaire de survivre à l'assaut de l'imposante créature que j'avais réussi à ramener de Palestine lors d'un arrêt dans ces contrées si riches en histoire lors d'un voyage vers la tour des Nuages, cette célèbre école qui avait bâti son empire sur le mythe de la tour de Babel. Un ami juif, Ezra, m'avait permis de le ramener pour en Angleterre. Un exemple de magie aussi vieux que le monde (c'était du moins ce qu'il m'en avait dit s'appuyant sur les textes talmudiques de sa religion) que je ne pouvais laisser moisir dans cette grotte sombre barrée de multiples protections pour ne pas effrayer les civils des environs.

Comme Fergus me le faisait très justement remarquer, il y avait un truc avec cette marque sur le front. Lançant quelques charmes de bouclier pour protéger les autres artefacts ou le personnel, je tentais de réfléchir vainement à ce qu'Ezra m'avait dit au cas où ce qui se produisait devant nous venait à arriver.

Son mantra, comme l'appelait Fergus, avait une signification. Mon hébreux était aussi bon que mon italien - c'est-à-dire en dessous du niveau de la mer, juste de quoi faire quelques bulles - je me devais donc suivre l'idée de mon cousin qui mettait le doigt sur quelque chose. Tout ce que je me souvenais, c'était que אמת voulait dire vérité. Il y avait une histoire là-dessus, c'était certain. Je me souvenais vaguement de ce qu'Ezra m'avait dit. C'était il y a si longtemps, maintenant.

Le Golem se mit à charger dans notre direction, sans réfléchir, comme dans un tombeau, je sautais pour esquiver l'assaut. C'était le plus facile. Avant ça, je n'étais pas un grand sportif, mais quand ma vie était menacée, il y avait comme un enchantement qui opérait, c'était super ! Cette excitation dans mon ventre alimenté par mon instinct de survie me rendait accro. J'étais aussi débile que n'importe lequel des MacGregor du coin. Non, mais sérieusement : Qui pouvait aimer se sentir vivre à l'article de la mort ?

Un regard vers Fergus qui semblait tout aussi fracassé que moi, je me concentrai sur le Golem. À nouveau, je bondis, m'aidant de ma baguette pour me propulser un peu plus loin tout en atterrissant sur mes pieds. Les stagiaires commençaient à sortir, et il me fallait survivre pour avoir une rapide discussion avec celui qui l'avait activé. Très sincèrement, je voulais savoir comment il s'y était pris.

Baguette tendue, je lançais un sortilège d'explosion à plusieurs reprises pour attirer l'attention de l'imposante statue animée. Fergus semblait superviser la fuite de mes stagiaires et chercheurs, je devais leur faire gagner un peu de temps.

« - En Palestine, y a dix ans. Un ami, Ezra, un sorcier juif, m'en a fait cadeau pour que je puisse l'étudier. Il avait l'air de vouloir s'en débarrasser au plus vite, je crois que je commence à comprendre. » Répondis-je avec un sourire amusé, avant de reprendre rapidement mon sérieux pour me jeter à plat ventre, esquivant ce poing de pierre qui aurait pu me fracasser les côtes.

À nouveau, baguette tendue, je me remettais sur pieds à deux mètres de là pour lancer un incarcerum sur ses jambes pour immobiliser le Golem au sol. Il serait plus aisé de le faire redescendre d'un bon mètre si ce n'était plus pour mieux viser sa tête.

Je ne pouvais m'empêcher d'admirer l'esprit de Fergus à tenter des trucs pour parvenir à son objectif. Ici, mettre le golem à l'arrêt. C'était une créature antique, voir millénaire, capable de survivre à bien des cataclysmes avec cette capacité à se mettre en off pour un temps donné ou jusqu'à ce qu'on le réveille. Comme dans le cas présent où un de mes assistants avait probablement du faire la chose à ne pas faire. En l'activant, il avait causé bien des soucis. On s'en rendait tous compte maintenant. Le truc, c'était que je ne me souvenais plus vraiment de ce qu'Ezra m'avait dit à propos de ces runes.

J'aurais sincèrement dû apprendre à lire l’hébreu, car la réponse était sous mes yeux. Je n'avais plus que deux solutions : parvenir à isoler mes pensées pour me souvenir de ma conversation avec mon ami Ezra ou tenter des trucs comme le faisait Fergus. Il aurait pu faire un excellent scientifique par cette simple méthode de travail. C'était probablement un trait qu'il avait obtenu au cours de sa formation d'Auror. Combattre la magie noire s'était se battre contre l'inconnu des ténèbres. C'était aussi faire des expériences, tenter de nouvelles choses pour parvenir à mettre un peu de lumière dans ce monde si sombre quand il le voulait. C'était aussi un métier qui pouvait s'apparenter à celui du Briseur-de-Sorts au vu des malédictions et des maléfices parfois très similaires à ce que l'on pouvait trouver dans des tombeaux à ceci près qu'à l'époque, ils utilisaient des langues aussi mortes que leur civilisation aujourd'hui.

« - Je ne suis pas fichu de lire une seule ligne en hébreu moderne alors imagine l'antique. » Fis-je en rigolant, levant ma baguette pour lancer toutes les plumes du bocal à l'aide d'un waddiwasi en direction du tatouage.

Cela n'avait rien fait, sinon le pousser à se protéger de cette attaque après que les premières plumes aient touchés leur cible.

« - Oui, oui, j't'assure, on a partagé plus d'un repas ensemble ! »

Je levais de nouveau ma baguette magique avec une idée de génie. Son poing était criblé de plumes. Je n'avais plus qu'à les transformer en... Non, ridicule, il n'y aurait jamais de poids même si je les changeais en fer ou en un truc plus lourd. L'idée étant de l'handicaper.

J'éclatai tout simplement de rire à la blague de Fergus. J'en avais un peu honte, mais elle était drôle. Je lançais un sort pour éteindre les flammes, avant d'ajouter :
« - Ne le sous-estime pas, un mauvais coup et tu pourrais mourir s'il... Mourir... Mourir... »

Je pointais ma baguette sur Fergus pour le pousser d'un mètre ou deux pour lui éviter un autre assaut et lui donnait plus de liberté de mouvement. Mes yeux trahissaient ma réflexion. Quelque chose s'éveillait en moi alors que je prononçais le mot mourir.

« - Oh, mais oui ! Fergus, vise la dernière lettre ! Si on la retire, ça veut dire Mort et il est censé retourner à l'état de poussière ! »

Je fronçai les sourcils.

« - Enfin, on pourrait trouver autre chose, hein ? ça m'embêterait de le détruire ! »

Même si Fergus était convaincu qu'Ezra m'en voulait pour quelque chose ou qu'il me faisait une vilaine blague, je ne pouvais m'empêcher de penser que ça restait tout de même un cadeau et que je ne pouvais pas me permettre de le détruire. Surtout que c'était un vestige de la sorcellerie juive datant d'une époque où je doutais même que le nom de MacGregor arpente les terres écossaises.

Le golem semblait réellement en découdre. Le parchemin derrière était peut-être un élément clé pour le désactiver, mais...
« - Si on s'en sort, j'apprends l'hébreu. »

Je lançai un sort de ma baguette pour ouvrir une fenêtre de tir à mon jeune cousin. Je fis apparaître de nouveau deux cordes épaisses pour lui ouvrir les bras.
« - Vas-y, Fergus ! La dernière lettre ! »
Si ça ne marchait pas, je pouvais toujours le verrouiller ici en espérant qu'il y ait au moins UN sorcier dans l'institut capable de nous fournir l'aide nécessaire, non ?