Tout cramer et reprendre à zéro

Tout cramer et reprendre à zéro

14.09.2022

Au final, ils avaient dû bien malgré eux laisser filer l'été. Déjà parce que comme le leur avait indiqué le petit bonhomme louche avec qui Michel-Ange avait fait affaire, ils ne devaient récupérer les clés qu'en Septembre. C'était chose faite. Asel avait eu l'insigne honneur de se découvrir réellement copropriétaire d'une entreprise, pour avoir filé un gallion trouvé par terre à Michel-Ange. Du moins, elle en avait pleinement pris la dimension en signant les papiers. Trinquer au champagne avec son meilleur ami dans le grand luxe de l'auberge du Chaudron Baveur, n'avait été finalement qu'une énième façon de partager son euphorie. Là maintenant c'était du sérieux. Tellement sérieux que ça avait valu le coup de louper une journée de cours pour se rendre à l'autre bout du pays, au Pays de Galles précisément, pour une première rencontre avec leur nouveau bien. Pour une fois, c'était elle qui avait jugé bon de s'en remettre à la raison. Les propriétaires précédents avaient mis la clé sous la porte, fuyant un portefeuille de dettes assez décourageant pour deux jeunes écervelés qui s'étaient dit qu'ils faisaient une affaire rien qu'à l'idée de pouvoir avoir leur propre hangar à fiesta. C'était la première fois qu'ils mettaient véritablement les pieds au Pays de Galles - du moins pour ce qui concernait Asel - et elle s'était dit que l’œil d'un expert ne serait pas de trop.

Qui de mieux placé que son oncle, ancien joueur de Quidditch international pour leur donner un avis franc et honnête. Tariq Jawahir n'avait rien perdu de sa superbe ni de son savoir-faire même s'il y avait longtemps qu'il ne faisait plus la une des tabloïds et des magasines sportifs. Vestige de son zénith flamboyant, il conservait de nombreuses récompenses prestigieuses ainsi qu'un carnet de conquêtes à faire pâlir de jalousie les petits coqs de basse cour de Poudlard. Il avait aussi des enfants tout le tour du ventre, disséminés à travers le globe, mais ça c'était une autre histoire. En tout cas, il s'était toujours très bien entendu avec Asel et avait dit être ravi de la voir se lancer dans cette nouvelle entreprise. Le petit billet qu'il lui avait adressé en réponse au sien, confirmait qu'il ne manquerait le début de son ascension pour rien au monde.

« Il a toujours tendance à en faire des caisses. », avait-elle précisé à Michel-Ange quand ils avaient ouvert ensemble ce courrier tant attendu. Enfin ensemble... disons qu'ils s'étaient tous les deux jetés sur ce pauvre hibou comme des morts de faim, se disputant la primeur de la découverte. C'était que l'avis de Tariq leur était très précieux.

La diligence de l'office de tourisme local les avait laissés à une petite demi heure de marche de leur propriété. Argumentant sur le sens dans lequel il fallait vraiment tenir leur compas d'orientation, ils avaient fini par aboutir sur un chemin tout crotté qui semblait vaguement se diriger vers la forêt qu'on voyait se dessiner contre l'horizon vallonné. Une entreprise de balais près d'une forêt c'était déjà un bon point, avait fait remarquer la jeune femme.

Après avoir débattu vertement de la direction à prendre au croisement, ils avaient fini par tomber sur un morceau de pancarte que personne n'avait jugé bon de refixer correctement ni de repeindre, puis étaient repartis vers l'est, Asel emportant la pancarte de la discorde sous son bras.

Quinze minutes plus tard, ils y étaient.

Asel fixa des yeux ronds sur la bâtisse qui se dressait devant eux. La pancarte lui tomba carrément des mains, en même temps que tombaient ses bras et sa mâchoire.

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Transplanant au point de rendez-vous, un parchemin à la main, j’observais Asel d’un air assez sérieux. Habillé en costume, comme tout bon chef d’entreprise qui se respecte, je l’observais d’un œil critique et je lui tendis le parchemin.

« C’est ton autorisation d’absence. A retourner signer à ton directeur de Maison. Heureusement que je suis là pour couvrir tes arrières Asel… On quitte pas les cours comme ça ! Ca va pas commencé hein ! T'inquiète, j'ai l'habitude des gens qui en font des caisses. Rappelle toi quand Adil s'est mis en colère ahah »

Je l’avais pris par les épaules, comme on aurait pu prendre une sœur et je lui avais mis le parchemin dans les mains. Un sourire joyeux sur mon visage, je grimpais dans la diligence. Avec prudence cette fois-ci. La dernière fois que j’étais monté dans un truc pareil, mon pantalon s’était coincé dans une pointe et je m’étais retrouvé le cul à l’air, traînant dans la boue à côté de la diligence ou Adil et Apolline avait tant bien que mal essayé de me sauver.

« Marchons ! Marchons ! »

Dynamique, comme à mon habitude, j’avançais au milieu de la forêt. Il faisait jour, et c’était plutôt agréable car nous étions sur la fin de l’été. En revanche, la nuit et l’hiver, ça devait être assez sinistre et effrayant. Une fois arrivé devant l’entrepôt ; la carte de la région à la main, je l’observais pour vérifier qu’ils ne se soient pas trompé. Face à nous, un hangar en brique, dans un style industriel anglais nous faisait face. Certaines parties étaient un peu délabré, et une partie du toit avait été fragilisé. Mais ça c’était facilement réparable avec un peu de Magie et de l’huile de coude !

« Et bah c’est… »

Je me tournais vers Asel et son cousin.

« SUPER SYMPA ! »

La mine radieuse, je me dirigeais vers la hangar, suivant un chemin ou l’herbe était monté presque au dessus de ma tête. J’observais les insectes et la vie qui était revenue. Alors que j’avançais, je désignais les hautes herbes qui entourait le hangar.

« On va pas tout couper. Il en faut pour la reproduction des insectes. On fera une zone mélifère là bas je pense, en plantant des fleurs pour le printemps. »

Rien ne pouvait arrêter mon énergie et mon dynamisme. J’avais vu le désespoir envahir les yeux d’Asel. Et ça m’avait fait un électrochoc. J’allais la porter à bout de bras pour qu’elle se rende compte de l’affaire du siècle qu’on avait fait. Un gallion, même pour un tas de ruine, ca valait grave le coup. Bon il y avait quelques mots comme « récession », « mise en demeure » ou encore « liquidation judiciaire » que je n’avais pas trop compris dans le contrat. Mais qu’importe ! Ce n’était que des mots ! Et des mots que je ne comprenais pas ! Alors autant les ignorer.

« Ah, bah ca c’est marrant c’est déjà ouvert ! »

La porte du hangar n’était fermé que par une grosse chaîne et un vieux cadenas rouillé qui avait visiblement été forcé. Ne perdant pas mon dynamisme et mon espoir, je l’ouvris et je forçais la porte pour l’ouvrir, le visage rayonnant.

« Allez Asel ! Tu vas voir les super balais de course qu’on va découvrir ! Garde espoir ! »

La porte s’ouvrit sur… un ensemble totalement vide. Il n’y avait qu’une table un peu bancale, au milieu du hangar, ainsi qu’une très vieille armoire au fond de ce qui ressemblait à un ancien atelier. Tous les outils avaient visiblement disparus et avaient été volé. Il ne restait qu’une demi-chaise, et… un tas de huit balais poussiéreux. Etant de dos, je ne montrais pas le visage couvert de désespoir que j’affichais. Quand je me retournais, c’était toujours avec la même bouille plein de dynamisme et de volonté que je regardais Asel.
Me dirigeant vers les balais, j’en soulevais un en tendant la main comme tous les joueurs de Quidditch. Ce dernier s’éleva lentement et se mit à vibrer et trembler comme jamais dans un bruit sourd et sinistre.

« Bon ! On a du boulot, je sais que c’est pas le top et le rêve mais... »

Je tenais toujours le balai dans la main. Il vibrait comme un marteau piqueur moldu dans ma main.

« Fais moi confiance. »

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Priori Incantatem.

Blacksmith

Asel jeta un regard incrédule au bout de papier que lui tendait Michel-Ange, tout fier d'avoir paré à toutes éventualités.

« Michel-Ange, je te rappelle que nous sommes majeurs. »

Elle griffonna tout de même quelque chose au bas du bout de papier, non sans l'avoir scrupuleusement lu (on ne la reprendrait plus à se laisser embarquer dans n'importe quelle folie), des fois que le vieux @Jameson Clearwater ait tout de même son mot à dire.

Tariq devait les rejoindre devant le bâtiment qu'ils finirent par trouver à force de circonvolutions forestières inutiles. Bien qu'elle eut repéré deux ou trois coins à champignons au passage, mais ça ne suffit pas à lui faire oublier le petit frisson désagréable qui lui remonta le long de la colonne lorsqu'elle découvrit leur propriété.

Un crac sonore la cueillit juste comme elle s'apprêtait à jeter son avis devant le tas de boue criblé de dettes qu'ils venaient de s'offrir à deux gallions. Tariq ne prit même pas la peine de les saluer vraiment. Sa bouche s'entrouvrit, puis il tourna vers sa nièce un visage effaré. Les yeux lui sortaient de la tête. Et les bras lui en tombaient. Asel, elle, se passait une main sur le visage pour chasser l'anxiété qui était en train de la prendre aux tripes.

« Je crois que finalement ton expertise ne nous sera pas utile... », soupira-t-elle en regardant de loin Michel-Ange forcer l’enthousiasme en même temps que la porte de l'entrepôt.
« Tout cramer et reprendre à zéro... », répondit Tariq d'une voix morne.

Ils échangèrent un regard avant de tout de même suivre M. Grimm à l'intérieur. Ce dernier déployait tous les efforts possibles pour redonner le sourire à la gryffone mais c'était peine perdue. La démonstration de balais arthritique acheva ce tableau de déception en beauté.

Il lui fallut encore bien cinq minutes pour pousser le moindre mot à sortir de sa bouche devant une telle déconfiture. Elle regardait cette image de son meilleur ami, son balais à la main, essayant de toutes ses forces d'y croire. Mais, elle, avait toujours été très terre à terre. Même pour une chef d'entreprise de balais volants.

« Franchement Michel-Ange ? En vrai on aurait meilleur compte de tout cramer et revendre à l'exploitant de la forêt à côté. »

Ce qui n'était pas totalement dénué de sens, à en juger par l'expression empruntée de la superstar de Quidditch qui se trouvait présentement dans leur "entrepôt".

Elle posa sa main sur celle de son ami, celle qui tenait le balais épileptique, comme pour l'inviter à repenser ses grands projets dans des dimensions un peu plus... réalistes.

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« Tu plaisantes j’espère ? »

Je regardais Asel et mon regard se porta sur Tariq. D’un air farouche je les regardais tour à tour d’un air déterminé. Non mais ça tournait pas rond dans leurs esprits ou quoi ? Depuis quand Asel était du genre à abandonner ? Je soupirai, passant mes doigts sur l’arrête de mon nez d’un air profond de réflexion et dépit.

« Depuis quand Asel Misra abandonne aussi rapidement. Et vous Tariq si c'est pour dire des trucs pareil, même avec tout le respect et l'admiration que j'vous dois hein...»

Je levais le nez d’un air de défi et d’un air assez provocateur. De ma poche, je sortis un gallion frappé à l’Allemande, n’ayant toujours pas accès à la banque Gringotts j’étais obligé d’aller en Allemagne le chercher par portoloin. Le posant d’un geste sec sur la seule table branlante, je fronçais les sourcils en ignorant copieusement Tariq qui n’était ici que visiblement pour critiquer.

« Tiens. Je paierai les frais de notaire. »

Boudeur, je m’étais immédiatement retourné vers le tas de balai et j’avais balancé celui que j’avais dans les mains dessus. Me dirigeant à l’opposé, une l’unique armoire de la salle était présente, je n’avais pas du tout envie de me retourner. J’avais fait un affront à Asel et je savais que la seule issue était le potentiel coup de poing dans la tronche, ou l’ignorance la plus totale. J’espérai au moins qu’elle daigne me retourner pour m’en coller une en face. Mais j’avais confiance en elle là dessus si ça devait se produire.

« Allez, qu’est ce qu’il y a là dedans ! »

J’ouvris les deux portes et immédiatement, une copie conforme de moi même en sortie. A ceci prêt qu’il avait ses vêtements en lambeau, les yeux rougis et le teint terreux. Il regarda Tariq, puis Asel et enfin moi.

« Seul. Isolé.»

J’étais tomber en arrière tellement cette version de moi même m’effrayait. Je me protégeais même le visage, comme si j’avais peur qu’il l’abîme. Lui, se mit à sourire et avança un peu plus.

« Abandonné. Et sans personne. »

Un sourire mauvais s’était dessiné sur son visage. Moi, je m’étais mis un peu en boule, le visage tendu vers Asel qui avait parfaitement entendu ce que l’autre version de moi même avait prononcé. Tendant la main vers elle, je me mis à marmonner.

« Ep...Epouv... »

Mais j’étais paralyser. Véritablement. Allais-je devenir comme lui ? Abandonner à la solitude éternelle ? On voyait qu’il était seul, par sa tenue, son physique et ses expressions. Il n’avait plus la pêche, le dynamisme et la volonté qui m’animait d’ordinaire. Avais-je trop jouer avec les sentiments des gens qui m’entouraient ?
L’Epouventard se dirigea vers Asel et Tariq. Non ! Certainement pas ! Je savais qu’Asel avait énormément souffert les derniers moi et il était hors de question que je lui fasse subir ça à nouveau. Me levant dans un élan de courage, je me mis à courir et je plaquais l’épouventard-moi dans un plaquage assez violent. Il percuta la table avec force et le gallion s’envola dans les airs. Je levais la main, à qualifourchon sur lui et je lui mis une énorme droite dans la gueule.

« Et celle là c’est pas mieux qu’un Riddikulus tête de nœuds ! Dégage de mon usine! »

Du sang sur les lèvres, il se mit à éclater de rire et m’attrapa le col pour m’empêcher de bouger.

« Seul. Isolé. Abandonné. » répéta-t-il comme un dément.

Je lui mis un bon coup de boule, mais cette fois-ci, il me rendit une jolie droite qui me fit reculer et tomber en arrière. Me redressant dans une roulade arrière, je m’élançais les deux pieds en avant pour le frapper en pleine poitrine avant qu’il ne se dirige vers Asel.

« Asel ! Casse toi de là ! »

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Tout cramer et reprendre à zéro

14.09.2022

Elle pouvait sentir la tempête venir à plein nez et pourtant, ça n'était pas son genre de dévier pour l'éviter. Au contraire.

« J'ai l'air de plaisanter ? », renvoya-t-elle du même ton buté que lui. Ca n'était pas bien difficile à comprendre. Revendre c'était du pur bon sens. Ce à quoi, Tariq, les bras croisés sur son torse, semblait adhérer complètement. N'importe qui aurait adhéré mais pas Michel-Ange. Et pourtant il y avait plus en jeu que leurs conneries de cap ou pas cap cette fois-ci. Comment ne le voyait-il pas ?

Quand il posa son gallion sur la table, avec emphase, Asel se demanda s'il avait au moins eu la jugeote de se dire que le mobilier n'allait pas supporter l'intensité de leurs gueulantes habituelles. Chose étonnante, la table émit une plainte mais ne s'écroula pas tout de suite. Tariq soupira d'agacement. C'était lunaire comme situation. Asel, elle, retenait ses coups.

« Non mais franchement ! qu'est-ce que tu veux que j'en fasse ? », lui-même avait du mal à passer ses gallions allemands sans se faire regarder de travers. Elle savait que ça le vexerait et, sans oser se l'avouer vraiment, c'était un peu le but. Michel-Ange et Asel étaient ce genre de frère et soeur qui se rentrent dans le lard pour mieux se réconcilier plus tard mais là, elle sentait qu'il y avait aussi une pointe d'orgueil dans tout cela. Après tout, ils avaient acheté ce taudis sur un coup de tête. Rien n'était fait. Rien ne les retenait là. Alors pourquoi s'accrocher, sinon par orgueil ?

« Je pense que tu peux y aller. On se voit plus tard. », grogna-t-elle à l'attention de son oncle qui était déjà en train de suggérer qu'il allait remonter la chose à Nihaal si elle ne le faisait pas d'elle-même. Asel leva les yeux au ciel. Depuis quand avait-elle besoin qu'on la menace pour être honnête ? Ses conneries elle les assumait. Même celles qui l'engageaient sur plusieurs décennies. Enfin, notons bien que c'était une première.

Elle ne put s'empêcher de penser à la conversation qui s'ensuivrait avec @Adil Mesli . Son estomac se noua. Ça n'était pas le moment d'y réfléchir. Dans l'immédiat, il lui démangeait de coller son poing dans la figure de Michel-Ange pour le faire redescendre mais elle attendrait le crac sonore qui marquerait le départ de Tariq pour ça. Justement, ce moment ne tarda pas. Dans le même temps, Michel-Ange faisait mine de trouver quelque chose à faire de tout ce merdier (on ne pouvait pas appeler ça autrement) et Asel le rattrapait d'un pas rageur, prête à lui remettre les pendules à l'heure.

C'est alors que quelqu'un sortit de l'armoire que Michel-Ange venait d'ouvrir. Asel ne s'était certainement pas attendue à ça.

Qu'est-ce que c'était que ce deuxième Michel-Ange, sapé comme un clodo ? Asel haussa un sourcil. Un épouvantard ? C'était ça son épouvantard ! Porter des vêtements abîmés. C'était bien des préoccupations de bourge ça ! Sur le coup elle aurait éclaté de rire, seulement elle était bien trop remontée pour ça.
Elle l'aurait pris avec plus d'empathie s'ils n'avaient pas été en train de se prendre le bec au départ.

L'épouvantard prononça deux mots. Asel fronça les sourcils à nouveau.

« Mais c'est quoi ces conneries ? », le changement de ton dans sa voix montrait bien qu'il y avait là plus d'incompréhension qu'autre chose. Michel-Ange se ratatinait devant son jumeau des bas quartiers. Tout ce que son meilleur ami parvint à lui dire, ou du moins à balbutier, ce fut le début du mot épouvantard. Elle lui adressa une grimace entendue. Évidemment que c'était un épouvantard. Si elle l'avait jugé un peu rapidement, elle l'avait bien compris dès le départ. Prompte, elle tira sa baguette. Cette nouvelle baguette qu'elle avait achetée sur le chemin de traverse avec Adil. Un morceau de bois tout tordu, encore dans son écorce, éventré par une veine d'ambre. La fameuse baguette "sans coeur". C'était drôle quand on y pensait.

Elle ne manqua pas de voir que l'épouvantard avait changé de cible. Cette fois ce fût son meilleur ami qui réagit le plus vite. Ils firent un rouler bouler dans les patte de cette pauvre table, décidément bien malmenée. Asel en était encore à trier dans son esprit les formes désormais diverses et variées qu'aurait pu prendre l'épouvantard en sa présence. Finalement c'était peut-être plus le fait de ne pas savoir qui l'avait tétanisée. Elle se ressaisit, exécutant avec maestria, le sortilège appris quelques années plus tôt. L'évocation du souvenir le plus puissant ne fût pas bien difficile, d'autant que l'image de ses retrouvailles avec @Adil Mesli Mesli, quelques semaines plus tôt, étaient encore bien vives dans son esprit.

Un éclair bleu fila de sa baguette avec la même énergie que le deamhain lorsqu'il prenait un voisin à deux pattes en chasse. Et à y bien regarder, c'était bien lui. Le Deamhain, avec ses cornes aussi torves que glorieuses, son épaisse toison bouclée qui semblait l'aveugler. Le bélier chargea les deux garçons, aussi furieux que dans sa version original. Dans le même temps, Asel se précipitait pour ramasser son meilleur ami, se rapprochant immanquablement de l'épouvantard à peine décontenancé par le Deamhain. Pouvait-elle être perturbée au point d'avoir lancé un patronus sur un épouvantard au lieu de...

Trop tard ! Ils se retrouvaient à la merci de l'épouvantard tous les deux maintenant et ce n'était pas les efforts vains du bélier évanescent qui y changeraient quoi que ce soit. Asel frémit, maintenant son bras tendu en guise de protection devant Michel-Ange. Pourquoi cela ne lui revenait-il pas ? Manque de sommeil ? Stress ? Désir inavoué de savoir ?

L'épouvantard commença à se fondre, à changer de forme mais au lieu de s'arrêter sur une seule, il en produisait une myriade les unes à la suite des autres comme s'il n'avait eu que l'embarras du choix avec elle. Renard rusé à la fourrure détrempée de rouge. Mouton éventré. Serpent disproportionné. Femme au visage étrangement marqué. Un grand gaillard aussi, le teint cireux, qui pissait le sang en retenant de ses grosses pattes ses chairs en lambeau que secouait un rire caverneux, venu du plus profond de sa gorge. Un autre, dédaigneux, qui se contenta de lui cracher à la figure qu'il n'avait que faire d'elle et finalement, un autre. Au départ elle ne comprit pas pourquoi l'épouvantard avait pris cette forme-ci. Oubliant Michel-Ange un instant, elle eut un mouvement, presque pour rejoindre le jeune homme qui se tenait devant eux. Un Adil en pleine santé qui les observait d'un air sévère. Ou plutôt qui la jugeait, elle.

« Je suis pas un monstre... C'est toi... le monstre. »

Asel, sentit sa gorge se nouer, aussitôt les larmes montèrent. "Adil" lui jetait ce regard noir qui le rendait si détestable puis faisait mine de se détourner. Elle réagit au quart de tour, ne supportant pas qu'il la quitte sur ces mots, prête à en découdre en essayant de forcer son esprit à regarder l'épouvantard et non celui qu'elle avait choisi. Il dût sentir qu'elle se ressaisissait et change alors radicalement de stratégie.

« Regarde, à cause de toi Asel... », lui fit-il en relevant son t-shirt pour lui montrer une plaie dévorante à l'abdomen. « Pendant que tu le soignais lui, moi tu m'as abandonné. C'est toi le monstre, Asel. »

Les doigts de la jeune femme effleurèrent la peau de son bourreau. Il ne se passa rien. Absolument rien du tout. Cela lui fit l'effet d'une douche froide. Aussitôt sa baguette jaillit et cette fois elle avait les idées claires...

« Riddikulus ! »

Un mauvais regard s'était peint sur son visage comme elle contenait au mieux un flot d'émotions aussi hétéroclites que violentes. Elle serra les dents, refusant d'abord de se retourner vers Michel-Ange mais finalement :

« Tu seras jamais seul et abandonné, c'est clair ?! », jeta-t-elle avec une certaine véhémence malgré les larmes qui coulaient à flot. « Mais je te laisserai pas non plus nous mettre un plomb dans l'aile à tous les deux. J'ai des projets. Je vais me marier. Je peux pas me permettre - », elle n'acheva pas sa phrase, ravalant ses larmes du mieux qu'elle pouvait mais l'effort était vain, et sa main tremblait encore, « Alors de deux choses l'une : soit on revend ce putain de tas de boue et son épouvantard maintenant et on n'en parle plus. Soit tu veux quand même tenter le coup et on se laisse six mois pour en faire quelque chose de viable. Mais je te préviens, si ça va nulle part on liquide tout et je veux rien entendre. Pas question de me refourguer ton or de leprechaun ou je sais pas quoi. On liquide. Tous les deux. »

Son regard noir et l'index dressé devant le nez de Michel-Ange ne laissait absolument aucune place au doute. Il liquiderait avec elle ou elle le lui ferait regretter toute sa vie.

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J’étais encore tout tremblant. Assis, les mains en arrière sur le sol, j’avais regardé Asel se défaire de l’épouventard qui était revenu dans l’armoire qui avait claqué des portes dans un bruit furieux. Elle s’était… si bien battu et avec un courage sans fin. J’avais bien noté l’ensemble des éléments que l’épouventard d’Asel avait prit. J’allais dire quelque chose, mais comme à son habitude, elle ne me laissa pas souffler. Me redressant et l’écoutant parler sans véritablement l’écouter j’entendais que des brides comme « jamais seul et abandonné » ou encore « tas de boue ».
Mon cerveau fonctionnait comme ça : d’abord il retenait que ce qu’il voulait et ensuite seulement le reste, moins important montait à mon cerveau.
Sans réfléchir, je me ruais sur Asel pour la prendre dans mes bras, profitant d’être le visage dans son dos pour cacher les larmes qui était sorti.

« Et toi non plus ! Tu seras jamais seul et je laisserai plus personne te faire du mal. »

J’avais bien compris que ceux que j’avais vu hormis Adil faisait certainement référence à ce qui c’était passé cet été. Je lui tapotais l’épaule et je la regardais dans les yeux avec un grand sourire.

« Allons… C’est pas de l’or de lepreuchaun ! C’est de l’or véritable, mais frappé en Allemagne. Tu sais très bien que j’ai pas accès à Gringotts ! Mais ne t’inquiète pas. Il faut que tu me fasses confiance. Je suis pas parti là dedans à l’aveuglette. J’ai des plans et des projets. Faut juste me faire confiance. Je vais m’occuper de ça, tu as ma parole. »

Je lui serrai l’épaule. J’avais un large sourire. Je l’observais avec un amour fraternel que je ne réservai généralement qu’à Léonard Grimm. Elle savait que quand je disais quelque chose, j’allais toujours au bout avec acharnement. Choixpeauflou, c’était cet acharnement qui avait brisé la ligne qui me séparait des Gryffondors. Comme on avait pu le constater, mon courage n’était pas encore assez fort et… ? Minute.
Je vous avais dit non, que j’avais tendance à ne retenir que ce que je voulais et que la suite des phrases et des informations montaient au cerveau à retardement.

« Tu vas QUOI ?! »

Mon QUOI résonna dans tout l’entrepôt. L’armoire se mit à bouger avec force au fond de ce dernier tellement j’avais gueuler fort. Je l’avais observé, la bouche ouverte un long moment…

« TE MARIER ? MAIS… MAIS AVEC QUI ?! »

C’était un vieux réflexe de Sang-Pur. On nous mariait souvent avec quelqu’un qu’on ne voulait pas. En théorie, le fonctionnement des Grimms n’échappaient pas à la règle. Sauf que des Grimm, mon frère et moi étions les plus malin. Et nous avions négocier notre sortie sur le fait que nous nous marions uniquement avec des Sang-Purs et en échange, l’un de nous reprendrait la Forge. C’était complexe. Volontairement complexe, pour embrouiller mes parents. Mais bon… Ils savaient que je n’avais d’yeux que pour Apolline, aussi , ils me laissaient tranquille avec ça.

« Avec Adil ?! Mais oui avec Adil ! Mais… Mais… Tu es sûr de toi ? »

La fin avait sonné non pas comme une déception, mais comme une mise en garde. J’aimais Asel. J’aimais aussi Adil de la même manière. Et je ne voulais pas qu’ils s’engagent dans quelque chose qui pouvaient les déchirer. Je savais que j’allais passer pour le relou de service, mais c’était hors de question qu’ils partent dans l’inconnu tous les deux même s’ils étaient quand même des spécialistes.

« Je veux dire… Je sais que vous vous aimez. Mais, le mariage, ça a une symbolique. Je sais que c’est l’homme de ta vie Asel. Mais entre en avoir la conviction et le faire, il peut y avoir un monde. »

Je lui avais serré l’avant bras, comme le faisait autrefois les chevaliers d’antan. Je faisais souvent cela, c’était issus de mon héritage familial lointain. L’attirant à nouveau à moi pour la serrer dans mes bras, je rigolais. Cette fois-ci d’un pur rire de bonheur qui fit sauter l’armoire où se trouvait l’épouventard de souffrance.

« Je te fais confiance ! Je vous fais confiance ! Je suis tellement heureux pour vous ! Je serai là moi aussi, dans le bonheur comme dans le malheur comme on dit non ? Je ferai tout pour vous. Je reconnais ce regard déterminé ! Ne me frappe pas pour ce que je viens de te dire… C’est que… je tiens juste à vous. »

Et je la serrai à nouveau dans mes bras cette fois-ci en la faisant décoller du sol. Je la balançais de bonheur sur le côté en la lâchant. Les mains sur les hanches comme justement un Lepreucheun, je regardais Asel avec espièglerie.

« Je sais exactement qui je vais prendre comme cavalière. »

Michel-Ange Grimm, avait toujours, un coup d’avance.

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Priori Incantatem.

Blacksmith

Elle l'enveloppa dans ses bras, serrant de toutes ses forces, le visage enfouit contre son épaule. Si des larmes coulaient, elle ne savait pas exactement pourquoi. Peut-être le contre-coup de tout ce qu'elle avait tut et de tout ce qui venait de s'enchaîner dans ce bouge sur lequel ils fondaient tant d'espoirs. Quant à la promesse qu'il lui faisait de ne plus jamais laisser personne lui faire de mal... elle sentit son coeur se serrer. Qu'aurait-il pu y changer. L'un dans l'autre, elle était bien heureuse qu'il n'ait pas été là ce jour-là. Et il y avait autre chose. Un instant, elle crut qu'elle allait être capable de le lui dire à lui mais sa bouche tomba à court de mots alors elle la referma sans même avoir rien tenté.

« J'ai dit que tu ne serais pas seul. Hors de question de te laisser tout gérer. Déjà je vais prendre la compta. Je serais le raisonnable de nous deux comme ça. », qu'il ose rigoler ! il fallait bien qu'un d'eux deux le fasse et pour le moment elle marquait plus de points que Michel-Ange.

Sans parler du fait qu'avec un père trader à la Bourse Magique, elle avait tout de même quelques notions. D'ailleurs à ce sujet...

« Mais avant toute chose il va falloir que je parle de tout ça à mon père. Du coup, notre premier taff ça va être de se faire une liste d'arguments qu'il ne pourra pas dézinguer. Au moins pour les six prochains mois... »

Au-delà, Nihaal remuerait ciel et terre pour leur faire liquider leurs affaires. S'il n'était pas un père envahissant ni franchement paternaliste, Nihaal avait tout de même un haut sens de la protection de sa famille. Cela passait souvent inaperçu d'ailleurs.

« Mais sinon je te fais cent pour cent confiance. », elle le gratifia d'un sourire presque niais qui disait toute la sincérité de ces derniers mots.

Au-delà de son air fatigué et de ses coups de sang, plus ombrageux que ce à quoi elle l'avait habitué, elle restait cette Asel qu'il avait toujours connu et qui conservait sous son lit une petit boîte à biscuit en fer blanc, remplie de post-it aux couleurs délavées. Et puisqu'ils en étaient aux promesses et aux décisions importantes, l'information importante, qu'Asel avant lancée un peu entre le fromage et le dessert comme une évidence, finit par atteindre le lobe frontal de la cervelle de moineau de Michel-Ange.

Asel crut entendre des rats détaler, poussés par l'écho de ce QUOI. Ils se regardèrent longuement sans rien dire, comme deux ronds de flan. Elle, n'y était plus du tout, se demanda ce qui pouvait bien produire une telle réaction dans ce qu'elle venait de dire, jusqu'à ce qu'il paraphrase, donnant un éclairage significatif à sa réaction.

« Mais comment ça avec qui ?! »

La question suivant aurait pu être "mais t'es con ou quoi ?" s'il ne s'était empressé de répondre lui même à cette interrogation. Juste le temps qu'elle puisse se demander ce qui pouvait bien lui passer par la tête. Elle avait toujours tendance à oublier qu'ils n'étaient pas "du même monde". Quoiqu'il en soit, Michel-Ange ne répondit à sa question - presque rhétorique - que pour mieux se tirer un cognar dans le pied. A voir les changements d'expression d'Asel, il s'enfonçait plus bas que le niveau de la mer à chaque nouvelle remarque. Comment ça sûre. Bien sûr qu'elle était sûre !!!

« Tu dis ça parce que tu as peur qu' @Apolline Dunn pète un plomb si tu m'offres des fleurs ? », demanda l'écossaise de plus en plus sceptique. Il avait été question à un moment qu'elle mange des fleurs le jour où elle croiserait le grand amour et qu'il lui offre un bouquet le jour où Apolline et lui arrêteraient de se faire des misères. « Si c'est ça te mets pas la pression, on peut annuler hein. C'est pas gravé dans le marbre. », juste sur une note orange fluo.

Finalement, elle se laissa attirer contre son épaule, toujours aussi perplexe. Son regard en biais dans son dos, elle essayait de démêler les réactions contrastées de Michel-Ange. Etait-il réponse a/ en train de lui faire la leçon sans en avoir l'air, réponse b/ trop content pour eux mais hyper maladroit, réponse c/ à deux doigts de lui avouer qu'Apolline était enceinte mais qu'ils n'avaient pas fait exprès ... ? Mystère. En tout cas, il était suffisamment lucide pour lui demander de ne pas le frapper. Asel sourit. C'était bon signe. Puis sans crier garde, il la fit balançait comme une partenaire de rock'n'roll ou une gamine de sept ans. Elle éclata de rire sous la surprise, le gratifiant d'un gentil coup de poing dans l'épaule à l'aterrissage. Elle n'avait jamais trop été le genre Autant en Emporte l'Engoulevent ~~un truc de moldu, vous pouvez pas comprendre bande de chapeaux pointus~~.

Là-dessus, Michel-Ange, qui ne perdait pas le Nord, enchaîna sur les aspects plus logistiques de l'annonce qu'elle venait de lui faire.

« Je comptais vous demander d'être mes témoins. », avoua Asel avec comme un brin de timidité. Elle ne le demandait pas en mariage mais tout de même, ce n'était pas n'importe quelle demande qu'elle venait de lui faire là, l'air de rien, « Et aussi, j'aimerai me marier à l'infirmerie. Mais il faut que tu m'aides parce que c'est clair que Mahyar ne voudra jamais. Même pas la peine de lui demander à mon avis. On ferait ça en comité restreint. Je suis sûre qu'il y a moyen de gruger et de se mettre l'infirmière dans la poche. »

Autant dire le post-it le plus important et le plus dingue qu'elle lui ait jamais glissé, même s'il n'y avait concrètement rien de couché sur le papier.

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« Hein ? Quoi ? Quoiquoi ? Annulé ? Mais ça va pas ! »

Je l’avais lâché. J’avais envie de la secouer, de tout son corps. Mais je me retins. Je me rappelais quand même qu’elle avait eu des moments éprouvant cet été. Moments dont elle n’avait d’ailleurs absolument pas parlé, ce qui ne faisait qu’accroître mon inquiétude sur le sujet. Fronçant les sourcils, je lui tapotais l’épaule.

« Tu vas te marier mais… attends où ça ? »

Je mis une seconde avant de me rendre compte du lieu de mariage. En soit ; c’était du pur Asel. Et cet imbécile d’Adil Mesli était assez amoureux pour tout accepter. Elle lui aurait demandé de se marier sur un tas de Bombabouse prêt à exploser, il aurait bien évidemment sauté sur l’occasion. Mais à l’infirmerie…

« Tu vas pas te marier à l’infirmerie, c’est méga glauque ! Et t’as pensé aux étudiants souffants ? Non non non. Je suis contre cette idée et en tant que témoin numéro 1… Attends mais tu as dit que tu voulais qu’on soit tes témoins. C’est qui l’autre ? »

J’avais une petite idée sur la question, mais j’étais plus à une question débile prêt. Bien évidemment que cela devait être Apolline. Les sourcils froncés, les mains sur les hanches, je regardais le hangar pourrave tout autour de moi quand… Soudain, une idée brillante me vint à l’esprit.

« On peut se marier ici ! Ca me donnera une occasion de réparer le toit, et de refaire la décoration. »

J’indiquais du pouce le toit qui en effet avait un petit trou de 4 mètre sur 4 mètre juste au dessus de nos têtes. Purée, mais c’était pas si compliqué, un petit Reparo et l’affaire était dans le sac ! C’était des moldus qui avaient l’entreprise avant où quoi ? Toujours les mains sur les hanches, j’étais en train déjà d’imaginer la décoration. Peut être pas beaucoup d’invité, mais plusieurs moutons pour un concours de tonte, ça, ça allait être un mariage de folie pour Asel Misra.

« Par contre y’a un détail qui cloche. »

J’avais froncé les sourcils. Les mains sur les hanches cette fois-ci je l’observais d’un air un peu inquiet. Ca m’était venu au moment où elle s’était blotti contre moi et qu’elle avait eu une attitude qu’elle n’aurait jamais eu auparavant. Elle avait changé. Elle avait mûri ou j’en sais mais il s’était passé un truc. Et une chose était quasi-certaine : Asel ne se serait jamais mariée si elle n’avait pas disparu durant les vacances.

« Pourquoi tu as accepté ? Je veux dire, pourquoi tu établis ces conditions de mariage. Rapide. En petit comité. Tu as peur de quelque chose Asel ? »

J’avais dit cela car durant la Deuxième Guerre beaucoup de membres de ma famille en avait profité pour se marier très rapidement dans la confusion générale. En petite comité, sous le feu des maléfices, sans savoir ce qui allait les attendre demain. Grand Mère Grimm nous avait raconté qu’un neveu avait exigé cela juste après avoir failli mourir éliminer par des Mangemorts.

« J’en ai parlé avec personne, ni avec Adil, ni avec Sean, ni avec qui que ce soit. Mais on m’a mit au courant. »

Soudain, je me rendis compte de ce que j’étais en train de faire. Ca ne me ressemblait pas du tout. Mais alors pas du tout. Je ne tirai jamais les vers du nez des gens, et généralement c’était ce qui poussait les gens à la confidence d’eux même. Ce qui faisait que leur secret était encore plus précieux à garder. Elle savait que j’étais une tombe à ce niveau là.

« Laisse, excuse moi. Tu sais, j’évacue par les blagues. Tu savais qu’il y avait une clause de rétractation de deux mois dans le contrat ? Je comptais voir si t’allais me suivre vraiment dans le délire. J’allais annulé et t’envoyer une lettre avec le fait que c’était une blague et… au final quand j’ai appris pour cet été… Je me suis dit que t’aurais besoin de t’occuper l’esprit. »

Je lui adressais un sourire désolé. Je ne savais pas ce qui s’était passé et j’avais peut être pas envie de le découvrir. Moi, ce que je voulais, c’était que ma Asel, ma meilleure amie, retrouve son sourire d’autrefois et n’ait pas ce regard qu’elle avait eu dans le train avec le Professeur Korrigan. Avec une lenteur extrême, je sortis un petit bout de https://images.saymedia-content.com/.image/c_limit%2Ccs_srgb%2Cq_auto:eco%2Cw_706/MTc0NDYxMTA0MjE3NzkzODk2/best-brooms-harry-potter.webp, plié en quatre.

« Et ça c’est pour convaincre ton père. »

Avec un grand sourire, satisfait du travail qui m’avait pris plusieurs semaines je déclarai :

« Je te présente la Nouvelle Etoile ! Les runes sont le modèle des enchantements que je veux y mettre. J’y ai travaillé grâce à la vieille Etoile Filante de mon grand-père, qui est chez moi. Certains fonctionnent, mais pas tous. Je pense arriver à un modèle correct à présenter d’ici Décembre. Donc c’est pas des arguments que tu vas fournir à ton père. Mais… Tu vas lui demander des investisseurs ! »

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Je ne reviens jamais sur ma parole! C'est ça être un vrai sorcier! 

Priori Incantatem.

Blacksmith

« Comment ça méga glauque ? Mais pas du tout, si tu enlèves les lits c'est un des plus beaux endroit du château et la luminosité est ... »

Grandiose ? Bon okay elle n'était pas du tout objective quant à l'infirmerie mais hors de question de laisser Michel-Angel mettre son grain de sel cette fois. Elle voulait son infirmerie, elle l'aurait ! Même si à ce stade, elle ne voyait pas du tout comment, « Tu sais en vrai c'est vide la moitié du temps l'infirmerie. Je le sais parce que c'est l'endroit où j'ai passé le plus de temps avec Adil. »

C'était relevé sans arrière pensée mais cette remarque presque insignifiante donnait tout son sens à l'idée farfelue d'un mariage à l'infirmerie de Poudlard. Mais cela ne suffirait peut-être pas à Michel-Ange pour additionner deux et deux car il était déjà parti sur un autre sujet.

« Ben c'est Apolline l'autre, ça me paraît évident. », fit-elle en le regardant comme un poulet de feu qui a trouvé une baguette. Elle ne voyait même pas où été le problème, du moins, ça ne la percuta pas dans la seconde. Mais on pouvait tabler que lui, le verrait.

Très à l'aise dans son nouveau rôle d'Organisateur de Mariage, son meilleur ami se voyait déjà investir leur taudis commun pour accueillir la noce. Asel rua dans les brancards à cette idée.

« Alors là c'est mort ! », s'insurgea-t-elle. Si sa mère avait été présente, elle aurait souri de ravissement de la voir prendre si fermement position alors que jusque-là, Asel ne prenait une part que très distante dans les préparatifs qui consistaient surtout en des prises de bec perpétuelles entre Amastan et Rhona. Jusque-là, bien consciente qu'ils avaient tous les deux une idée assez précise de ce que eux avaient envie pour son mariage à elle avec @Adil Mesli , Asel s'était contentée de dire oui oui à tout. Elle était donc à peu près assurée de se marier en robe berbère dans le jardin de l'une ou l'autre maison avec trente six tonnes de sucreries et des fleurs partout. En soi, ça n'avait pas vraiment d'importance pour elle. Mais avec Michel-Ange, c'était différent. Elle se sentait toujours impliquée avec son meilleur ami, surtout quand il s'agissait d'entrechoquer leurs opinions. « Pas question de me marier ici, au Pays de Galles en plus ! Non. Je veux me marier à l'infirmerie et ensuite on fera le mariage que nos parents ont envie de faire pour leur faire plaisir point. »

Il n'en fallait pas plus pour donner de l'eau au moulin des angoisses d'un gamin tout droit sorti des fonderies d'une grande famille de sang pur. Sans compter la rapidité avec laquelle toutes ces choses semblaient s'être décidées. C'était vrai qu'Asel ne lui avait jamais parlé de mariage avant cela. C'était vrai qu'elle est Adil ne se fréquentait que depuis un malheureux petit trimestre tout au plus. Alors oui, il y avait probablement fangieux sous roche. Sur le coup, Asel ne percuta pas mais l'air soucieux de Michel-Ange lui parla plus que ses mots. Involontairement, il la ramena à tout ce qui s'était passé. Cette ellipse dont elle n'avait finalement parlé avec personne encore.

Elle ouvrit la bouche pour dire quelque chose. Mais aucun son ne sortit alors elle se contenta d'un petit pli, esquisse d'un sourire, à la commissure de ses lèvres. Elle lui adressa un long regard entendu, comme une promesse de parler quand elle y arriverait, mais préféra prendre la porte de sortie qu'il lui ouvrait.

« Mon père m'a toujours dit qu'il fallait prendre des risques en affaire. Ça peut vraiment valoir le coup si on arrive à tirer quelque chose de ce taudis. »

Il tira un petit morceau de parchemin plié en quatre sur lequel elle reconnut sans mal son trait de crayon. Le crayonné détaillait grossièrement mais pas trop, les plans d'un balais et quelques ébauches d'enchantement. Un sourire franc se peignit instantanément sur le visage d'Asel.

« Alors là c'est mal connaître mon père ! Mais je vais me charger des investisseurs t'inquiète ! J'ai déjà deux trois idées qui devraient te plaire... Voilà ce que je te propose : toi tu gères tout ce qui peut ressembler de près ou de loin à un plan, moi à un budget et on devrait s'en sortir. Preum's pour les crash tests par contre. Ma partie est la moins fun des deux. Qu'est-ce que t'en dis ? »

Quant à son père, Nihaal Misra, elle comptait bien lui parler de ses projets mais certainement pas lui demander de l'aide. Déjà parce qu'il la lui refuserait instantanément. Ensuite parce qu'elle ne tirait pas de lui pour rien : elle ne voulait pas déméritait leur réussite, si réussite il y avait...

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« Tope là ! »

J’avais claqué ma main violemment dans celle d’Asel pour acter notre accord. Moi je m’occupais du plan, elle, elle s’occupait de l’argent. Ca m’allait parfaitement. Je repris mon projet que je roulais avec soin et je fronçais les sourcils très sérieusement.

« Tu sais très bien que je ne finirai pas Briseur de Sort à l’IDEM. C’est cool, mais je suis pas né pour ça. Tu vois, cet entrepot, c’est le début. Bientôt, on aura un nom reconnu. On sera célèbre. On sera riche. Enfin encore plus riche qu’on l’est déjà. Ou plutôt ce sera notre argent. Et surtout je gagnerai en notoriété. Après avoir réussi à épouser Apolline, je me ferai un nom en politique, et je deviendrai Ministre. Voilà le plan. »

Je lui tendis un petit bout de parchemin, que j’avais griffonné la veille car je savais qu’elle avait besoin d’espoir concernant cette affaire. Elle avait besoin de ne pas partir à l’aveugle ! Sur le petit bout de parchemin, on pouvait simplement lire « Devenir Ministre de la Magie ! ». Je lui fis un léger clin d’oeil. J’anticipais vraiment tout. Les mains sur les hanches, la réalité me rattrapa quand même.
Je réfléchissais pas comme les autres, et le coup du mariage me revint à l’esprit. C’était Apolline l’autre témoin. Comme par hasard.

« Asel. Vous vous mariez vraiment ? Ou c’est un piège pour qu’on se mette ensemble avec Apolline ? J’vous connais. Vous organisez un mariage fictif. On arrive chacun de notre côté, super bien habillés… Quand on arrive, pas de mariage… Un lit avec des bougies et des pétales de rose. Une musique Jazzie… Asel... »

Je la regardais d’un air plein de sous-entendu. Puis… Je me mis à éclater de rire. Un vrai rire bien cristallin et communicatif. Je ne savais pas si c’était sa réelle intention ou non. Je ne savais pas si elle voulait se marier, ou me jouer un tour en réalité. J’avais juste fait cette blague pour chasser l’éclair sombre qu’il m’avait semblait voir dans ses yeux lorsque j’avais parlé de l’« incident » de cet été.

« Plus sérieusement, félicitations. Si y’a bien deux personnes qui sont faites l’une pour l’autre c’est bien vous. Vous méritez d’être heureux avec Adil, et on mérite d’en être témoin…Et peut être qu’un jour, vous serez les témoins de vos témoins… Le plan... »

Je la regardais d’un air mystérieux. Le plan… Le fameux plan… La boucle était bouclée. J’enlevais une de mes mains sur les hanches et je la déposais sur l’épaule d’Asel pour lui serrer d’un air amical et… un peu plus. Fraternel. On n’était pas tellement du genre à montrer notre amitié par des gestes affectueux. En général, ils étaient vifs et brusques.

« Et ça vous a pris comme une envie de faire pipi ? Je veux dire… Ca me surprend. C’est Adil qui t’as demandé sa main ? Enfin ta main à toi. C’est comme ça qu’on fait. Et t’as dit oui… Je suis presque déçu. Tu sais que tu lui donnes raison d’être amoureux de l’amour en faisant ça... »

Je soupirai dans un air exagéré. Bien sur que je mentais, j’étais ravi pour eux. Mais… Adil allait devenir insupportable. Il allait encore être plus inattentif que jamais et ne penser QU’A ASEL quand je lui parlerai. Et j’étais sur qu’il se permettrait de donner des leçons d’AMOUR parce que MONSIEUR avait eu raison.

« C’est fou… Vous avez de la chance... » dis-je un peu jaloux et désespéré.

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