Ghost town (Sean)

Plus d'un mois et demi avait passé depuis que Sean avait remis les pieds au domaine des Clearwater et le temps n'avait jamais semblé être aussi long pour la Serdaigle qui voyait bien que plus rien n'était pareil. Si Sean était revenu sain et sauf et avait passé une grande partie des vacances d'été sous le signe de la convalescence entouré de sa famille, Yeleen n'avait pas pu s'empêcher de noter la lente et terrible évolution de leur relation se ternir au fur et à mesure des jours qui passaient.
Si au domaine, la jeune femme mettait la distance sous le compte de la fatigue et du fait qu'elle laissait bien volontiers sa place près de son chevet à Betty ou même à Braxton, la rentrée avait eu l'effet de lui ouvrir les yeux sur la réalité qui les avait englobé depuis déjà des semaines sans qu'elle ne puisse avoir le moindre contrôle. Si elle lui tenait de moins en moins la main sous les tables à l'abri des regards, les baisers échangés étaient de moins en moins fréquents, Sean détournant même son attention en plein milieu des très courtes discussions qu'ils pouvaient avoir.

Elle avait fini par diner à la table de sa maison, levant de temps à autre les yeux sur celle des Gryffondors, optant pour des sourire rassurant avant de replonger dans un livre dont elle ne faisait que relire la première page encore et encore, sans pouvoir s'enlever de l'esprit le visage de Sean s'éclairant et s'illuminant vers d'autres camarades de classe. Si une pointe de jalousie aurait pu la piquer, égoïstement, Yeleen ne put que ressentir une étrange émotion la guidant jusque loin dans ses cauchemars, l'abandon et le rejet émanant de celui qui avait pris une place si particulière depuis de nombreuses années.

La tête haute pourtant, la jeune Serdaigle menait de nouvelles habitudes, sans plus de lettres, ni des notes de Sean qui se faisaient de moins en moins fréquentes, plus formelles, ne soulevant que les instants de doutes qu'elle avait soulevé au début de l'été. Entre leur cursus différents et l'alternance qui les éloigneraient, elle n'avait pas pensé qu'il serait si simple pour Sean de passer une seule journée sans la voir ni lui parler et pourtant, c'était le cas. Le réveil se faisait le coeur lourd, le sommeil loin d'être réparateur le soir venu, ne se faisait jamais sans larmes tandis que Sean avait cessé de l'accompagner jusqu'à sa tour.

Alors elle s'était éloignée volontairement, lui laissant un espace en tentant de comprendre ce qu'elle avait fait de mal durant l'été. Avait-elle été trop présente au domaine des Clearwater en se réveillant tous les matins avec lui, s'assurant qu'il aurait toujours une oreille attentive s'il voulait parler de ses propres cauchemars? Mais une nouvelle évidence s'était déroulé sous ses yeux, Sean ne s'était pas tournée vers elle pour en parler et au contraire, il semblait un peu plus s'ouvrir à d'autres personnes qu'elle. Soulagée dans un sens qu'il ne se renferme pas totalement malgré les événements, elle se sentait pourtant seule, évitant presque un peu la présence d'Asel et Adil plus soudés que jamais alors qu'ils avaient traversé les mêmes doutes, les mêmes peurs.

Pourquoi Sean s'était éloigné d'elle, comment avait-il fait cela avec une telle facilité? Est-ce que Sean avait fini par se lasser d'elle en se rendant compte qu'il pouvait avoir mieux? Il y avait définitivement un abcès à crever mais le mal qui rongeait sa gorge et son ventre à chaque fois qu'elle le voyait l'empêcher d'aller l'épingler en plein milieu d'un couloir pour comprendre. Juste comprendre pourquoi elle avait fini par ne même plus être une amie. La peine qui l'étreignait était juste contrebalancée par le fait que Sean était rarement seul, en compagnie de ses cousins, d'autres amis de sa promotion, même si ce n'était pas avec elle. Ce n'était qu'avec elle que le changement le plus notable s'était opéré, pas avec les autres.

Alors pour la première fois depuis le début de sa scolarité, Yeleen ne s'était pas présenté en cours. Officiellement parce qu'elle devait passer sa visite médicale annuelle à l'infirmerie, même si elle n'avait plus rien d'obligatoire depuis l'arrêt des protocoles expérimentaux et officieusement parce qu'elle n'en pouvait plus. Le Quidditch, les livres de cours, sa pratique qu'elle forçait dans la magie informulée, rien de ce qu'elle pouvait faire ne lui enlevait Sean de l'esprit, ni du cœur. Accumulant la fatigue sans trouver de répit nul part, la Serdaigle était assise sur le terrain, son balai entre les mains, entretenant les pailles qui se défaisaient sans les regarder plus attentivement que la normale. Sean avait toujours été son meilleur et elle l'avait mis en tant que pilier et repère depuis son arrivée à Poudlard. Le seul qui l'avait regardé de ses yeux bruns pleins d'innocence, elle était à présent brisé à chaque fois qu'elle le croisait.

Pourtant, elle le vit de loin et un éclat de bonheur vint lui pincer le cœur, les yeux aussi brillants que cinq ans d'habitude à le voyant arriver de l'autre coté du terrain. Elle releva la tête, comme si elle pouvait le sentir parmi un milliard d'individus et c'était probablement le cas, Sean était unique et ce Sean avançait vers elle au lieu d'être probablement en cours.

De quel droit pensait-elle qu'il viendrait pour elle? Le terrain de Quidditch était le dernier endroit où elle l'aurait trouvé, même sans le faire exprès.

Elle se leva par respect, observant le terrain vide dans lequel elle se trouvait depuis déjà plusieurs heures, profitant que tout le monde soit en cours pour tenter des techniques qu'elle aurait pu très bien parfaire avec sa binôme. Sean venait probablement pour elle, même un aveugle aurait remarqué à quel point la jolie blonde avait toute l'attention de ses deux meilleurs amis depuis son arrivée à Poudlard. Détournant du regard en essuyant son nez ensanglanté alors qu'elle avait tenté de jeter des sortilèges informulés en plus de prouver ses talents de batteuse, elle fut tenter de faire demi-tour, respectant cette distance explicite que Sean avait imposé depuis quelques semaines. Par amour, elle s'éloignait, abandonnait sans comprendre mais avec un chagrin que rien n'épongeait. Depuis combien de jour n'avait-elle pas gouté à ses souffles? Ses mains nouées derrière sa nuque, la chaleur de ses bras, tout l'attirait vers Sean et elle se bridait en sentant à quel point il avait fini par ne pas en avoir besoin.

S'avançant à sa hauteur, elle fut tenter d'esquisser un sourire en coin mais se figea, pris par le doute de ne plus être la bienvenue dans une nouvelle réalité que Ryan leur avait imposé cet été. Une vie volée, une évidence bafouée et un avenir si brillamment dessiné dont les traits étaient à présent bien flous. Si elle avait eu une voix à cet instant, elle se serait étouffée tant sa gorge se serra au fur à mesure qu'elle avançait vers lui, sans pouvoir tendre la main vers lui, se glisser contre lui et lui offrir ses baisers qui prouvaient à quel point elle était terriblement amoureuse de lui.

Devait-elle le rassurer sur sa présence ici? Non, il n'était pas venu pour elle. Baissant les yeux, elle se pinça les lèvres, ravalant une fierté si durement touchée depuis la fin de l'été pour lui offrir un visage plus rayonnant, même si ce n'était qu'un faux semblant. Meurtrie, elle préférait encore tourner son attention vers lui en taisant et écrasant ses propres sentiments, puisqu'il ne souhaitait visiblement plus les voir.

"Tout va bien?" signa-t-elle en guise de bonjour après un bref instant. Cherchant à tempérer et à se désolidariser de son cœur, la Serdaigle s'appuya légèrement sur sa batte, se demandant si Sean était prêt à lui parler en toute franchise.

Il n'avait pas besoin d'elle, le savoir, le dire à haute voix ne fit que remuer le couteau dans la plaie mais elle gardait la tête haute, l'impassibilité des de Clare prenant le dessus soudainement malgré elle. Elle n'avait pas été cette jeune femme depuis le mois de Janvier, le souvenir d'avoir demandé à Sean de ne plus jamais l'écarter de lui, lui revenant en pleine face. Il avait fini par le refaire, sans explication et une douloureuse colère commença à pointer le bout de son nez, drainé par plus d'un mois de distance qui commençait à peser lourds. Prenant malgré tout sur elle, elle souffla péniblement, peinant à respirer normalement en sa présence. Cela lui semblait si facile de ne pas lui parler, ce froid la poussa à fermer sa veste, lâchant Sean du regard sans pouvoir tenir plus longtemps. Le manque, l'exclusion qu'elle subissait en silence lui donnait pourtant envie d'hurler à pleins poumons.

"Tu cherches quelqu'un?"

Les jours s’étaient rapidement écoulés après sa discussion avec @Apolline Dunn sans que Sean ne trouve le courage d’aller parler avec Yeleen. Lâchement, la jeune homme avait évité son amie, se donnant un peu de répit à chaque fois que son regard se posait sur la Serdaigle. Cette dernière mangeait de plus en plus souvent seule à la table de sa maison - silencieusement quand ses camarades ne maîtrisaient pas la langue des signes - et cette vision lui broyait le cœur. Il n’avait pas le droit cependant. Pas le droit d’être triste. Pas le droit de s’apitoyer sur son sort. Pas le droit de se dégonfler.

Et pourtant il fuyait, inlassablement, s’isolant de plus en plus au fur et à mesure qu’il creusait sa propre tombe. Yeleen était blessée par son attitude, il le voyait bien. S’il en était meurtri, une part de lui tentait de se persuader que c’était une bonne chose. Tout serait plus simple si la jeune fille se mettait tout simplement à le détester. Il allait devoir faire son possible pour qu’elle en vienne à le rejeter. Tout plutôt que la dévastation de la voir pleurer et le cœur brisé par sa faute.

Cette nuit-là, Sean avait fait un cauchemar particulièrement saisissant. Il s’était réveillé en sueur et avait eu besoin d’un bon moment avant de se persuader qu’il était bien à l’abri des murs du château et que personne n’était en danger. Du moins pas pour l’instant. Mais la peur, toujours tenace, l’avait persuadé qu’il était temps pour lui d’aller voir Yeleen. Le jeune sorcier n’avait déjà que trop attendu. Il s'acquitterait de sa tâche le matin-même. Bien que rasséréné par sa ferme volonté, le jeune sorcier ne put se rendormir - se tournant et se retournant dans le lit en proie aux pires tourments.

Quand le matin vint enfin l’arracher à son lit, Sean se dirigea vers la Grande Salle la mort dans l’âme. Sans voir Yeleen au petit déjeuner, il s’était dirigé vers le premier cours de sa journée mais sans la trouver pour autant dans la salle. Soudainement, la peur lui noua les entrailles et le jeune Clearwater se mit à courir jusqu’à la salle commune de Serdaigle. Yeleen n’avait jamais raté un cours, cela ne lui ressemblait pas. Est-ce qu’il lui était arrivé quelque chose ? Sa baguette en main, Sean s’arrêta brusquement en apercevant par l’une des fenêtres le terrain de Quidditch au loin. Mais oui… Elle devait forcément se trouver là-bas… Sans prendre le temps d’aller récupérer une veste, il déboula dans les escaliers qui menaient au hall d‘entrée.

Quelques minutes plus tard, le Gryffondor arrivait enfin en vue du terrain. Son soulagement fut indescriptible quand il reconnut la silhouette de Yeleen un peu plus loin. Son cœur battait à tout rompre dans sa poitrine, réagissant à la fois à son inquiétude et aux émotions intenses qui le traversaient à chaque fois qu’il posait le regard sur elle. Yeleen allait bien… Elle n’était pas en danger… Elle s’entraînait tout simplement en… loupant un cours par la même occasion ?

La jeune fille l’observait approcher d’un air suspicieux. Elle semblait se méfier, et avait bien raison… Finalement, la Serdaigle lui signa quelques mots, ses mains tremblant légèrement, et Sean dû se mordre et se crispant pour ne pas les attraper et mettre fin à leur frémissement.

- Oui, je te cherchais toi, Yeleen… Je… Ton nez !

Sean s’interrompit en écarquillant les yeux, observant une traînée de sang sous le nez de son amie. Il eut l’impression de se prendre un coup en pleine face alors qu’il se demandait ce qui avait pu provoquer ce saignement. Mais Yeleen s’essuya distraitement, prouvant qu’elle avait déjà réalisé ce geste qu’elle jugeait banal un peu plus tôt. La mâchoire crispée, Sean l’observait dans un silence tendu. Voir la moindre trace de blessure sur son amie lui était insupportable. Sans pouvoir s’en empêcher, il sortit sa baguette afin de réaliser un léger sortilège pour stopper l’hémorragie. Mais le jeune sorcier se rembrunit immédiatement après. Il n’aurait pas dû faire cela… Il allait à l’encontre de tout ce qu’il avait décidé… Rangeant sa baguette, Sean baissa le regard, ayant de la peine à contenir sa colère contre lui-même.

- Je dois te parler Yeleen. Je suis désolé… Désolé d’avoir attendu aussi longtemps pour le faire… Serrant les dents, il se força à relever le menton pour la regarder dans les yeux avant de continuer. Je ne peux plus être avec toi Yeleen. Tu n’as rien fait pour mériter ça, mais… Nous deux c’est juste plus possible… Je suis désolé.

Ses mains se balançaient le long de son corps, comme si elles étaient désarticulées. Chacun de ses membres ne semblait d’ailleurs plus relié aux autres, le faisant se sentir plus pantin qu’humain. Même son esprit n’était plus là. Il observait la scène de loin, comme un étranger. Il avait envie de secouer violemment ce jeune homme qui traitait son amie de la pire des manières. Il ne comprenait pas pourquoi il devait en passer par là. Pourquoi lui ? Pourquoi eux ? C’était si injuste…

Instinctivement, elle eut un geste de recul au moment où Sean écarquilla les yeux devant son nez qui ne devait pas en mener bien large mais encore plus lorsqu'elle le vit sortir sa baguette magique avant de se raviser. Personne ne la touchait avec sa baguette, comme elle ne se permettait pas de le soulager de quelques maux ainsi, surtout depuis qu'elle avait vu Braxton lever sa baguette sur lui, et cette soudaine attention la déstabilisa quelque peu. Il semblait douter de ses moindres gestes envers elle, comme s'il ne savait comment faire ni être avec elle. Était elle a ce point une étrangère à ses yeux?

Mais les prochains mots qu'elle entendit de ses lèvres sonnèrent comme le glas qui la laissa un instant pantois, la forçant à lever les yeux vers Sean, voyant ses cernes tout comme sa soudaine fébrilité. Il lui annonçait comme s'il avait réfléchit à ce moment depuis des semaines, une décision prise seul, sans en parler en amont avec elle, comme si tout était unilatéral dans une relation qu'ils avaient construit ensemble jusque là.

"Pourquoi?"

Pourquoi maintenant? Pourquoi eux? Pourquoi ça ne pouvait pas fonctionner? Pourquoi attendre plus d'un mois pour le lui dire en laissant toutes ses journées s'effriter autour d'eux? Pourquoi elle?
Elle ferma les yeux un instant devant Sean, comprenant dans la sévérité de son visage qu'il ne comptait pas revenir sur la décision, quelque soit la réaction de la jeune femme à cet instant. Rien de ce qu'il lui disais ne montrait une quelconque raison pour en être arriver là et elle ne put que frissonner en ressentant l'effet d'un sparadrap qu'on aurait enlevé alors qu'il était déjà a moitié en l'air. S'y attendait-elle? Oui. Mais elle aurait aimé une discussion, un échange qui aurait prouvé qu'elle n'était pas rien, pas juste un mouchoir à jeter à la rentrée.

"D'accord. Si ça peut te rendre plus heureux."

Elle signait, les épaules lourdes, ne voyant que Sean l'abandonnant en cours de route, acceptant encore sans broncher, la tête encore haute. S'empêchant de retrousser son nez qui commençait à faiblir sur l'instant, elle tenta de respirer profondément, se rendant compte qu'elle n'avait jamais connu de rupture, elle n'avait jamais ressenti ce qu'elle ressentait pour Sean. Le visage fermé, elle tentait de remettre une distance, excusant presque sa façon d'être désolé. Il voulait lui parler, il ne voulait pas en discuter et cette constatation lui broya le reste des papillons qui volait encore dans son ventre.

Tournant légèrement les talons, elle ne put se résoudre à soutenir son regard sans vaciller, regardant plutôt au loin voir n'importe où sauf Sean qui lui disait simplement que plus rien n'était possible. La sentence d'avoir améliorer une amitié l'avait probablement rattraper et elle se mit doucement à accuser le coup. Elle avait eu plus d'un mois pour le comprendre en réalité, lire entre les lignes n'avaient jamais été aussi simple et pourtant, les mots de son meilleur résonnaient encore dans son coeur qu'il vidait et etripait encore par sa simple présence. Aurait-elle du être plus présente finalement? Devrait-elle se battre alors qu'elle avait toujours apprit à se taire et à rester dans son coin lorsqu'on la rejetait depuis toute petite? Par instinct, elle se mettait en second plan encore une fois, privilégiant Sean plus que n'importe qui. Son ressenti n'avait plus d'importance.

"Si tu me dis que tu as trouvé ton bonheur ailleurs, alors je l'accepterais. Et je m'en irais."

Comme un écho du début d'année, elle lui ressortait cette même phrase. Parce que rien n'avait changé pour elle, c'était bien lui qu'elle voyait lorsque ses rêves se réalisaient, ce n'était que lui, pour le meilleur et pour le pire. Sean avait cependant décidé qu'il en serait autrement et elle serra les dents et les poings pour ne pas frôler l'indécence en lui posant d'autres questions. Les larmes aux yeux qu'elle empêchait de couler étaient tous ce qu'elle avait encore.

La première réaction de Yeleen, que Sean guettait avec appréhension, l’attendant avec impatience tout en la redoutant, fut la pire. La jeune fille lui demandait des explications qu’il ne pouvait lui donner. Sean savait que s’il énonçait à Yeleen le fond de sa pensée, elle ferait tout pour l’empêcher de poursuivre dans cette voie, quitte à se sacrifier elle-même. Il ne doutait pas que tous ses amis tiendraient le même discours. Ils ne pouvaient pas comprendre… Ils ne pouvaient pas voir le danger. Sean n’avait pas d’autre choix.

Mais Yeleen reprit ses signes, et sa manière d’accepter la rupture avec un défaitisme résigné glaça le jeune homme d’effroi. Il se haïssait, maudissant sa lâcheté d’avoir tant attendu pour la lui annoncer. Il était si faible, et son cœur se brisait en mille morceaux à l’idée de blesser si cruellement son amie. Mais Yeleen prouvait encore une fois la pureté de son cœur en acceptant sa décision pour son propre bonheur à lui. Elle se détourna, camouflant une partie de son visage sous sa lourde chevelure, ajoutant qu’elle s’effacerait pour qu’il puisse s’épanouir à son aise. Mais la tournure de ses signes interloqua Sean qui fronça les sourcils avec d’écarquiller les yeux, tétanisé par ce qu’elle sous-entendait.

Pensait-elle qu’il avait trouvé une autre, qui le comblerait plus qu’elle ne le faisait déjà par sa simple existence ? Son attitude lui rappelait douloureusement la situation qui avait failli briser leur amitié avant qu’ils ne dévoilent leurs sentiments l’un pour l’autre. Cet instant chéri lors duquel il avait compris la réciprocité de son amour pour elle lui semblait appartenir à un autre temps, dans un autre univers. Comme il aurait aimé pouvoir s’enfermer dans ce moment à jamais, dans une boucle infinie qui ne connaissait pas la douleur, la torture ni la séparation. Comment Yeleen pouvait croire si facilement croire qu’il ne la désirait plus, et que son cœur avait tant changé ? Le pensait-elle si pitoyable et détestable ? Avait-elle une telle image de lui ?

Sean baissa le regard, profondément blessé en songeant à cette bague qu’il avait prévu de lui offrir si Rayan n’avait pas croisé leur route, déchiquetant par la même occasion cet avenir radieux qui se dessinait devant eux. Mais dans le même temps, il se détestait plus encore que son kidnappeur. Souhaitait-il que Yeleen pleure et se brise sous ses yeux pour que son égo soit satisfait ? Voulait-il qu’elle le retienne, qu’elle se batte pour lui afin qu’il la blesse plus encore ? Non, mieux valait lui donner raison, et lui laisser croire que ses pires craintes s’étaient réalisées. Sans masquer la profonde tristesse qui le perçait de part en part, Sean lui répondit sans pouvoir la regarder dans les yeux.

- Oui c’est ça… On ne peut plus être heureux ensemble… Désolé.

C’était fini. Le bonheur, Sean ne le gouterait plus jamais. Son seul espoir était de croire que Yeleen finisse par l’oublier et se remette à sourire gaiement, profitant de cette douce insouciance qu’il tentait de préserver pour elle. Ne pouvant plus supporter de voir son amie se décomposer sous ses yeux, Sean tourna les talons pour s’éloigner. Il ne pleurait pas, car il en était incapable. Son âme et toute son humanité venaient de lui être arrachées. Il les avait laissées aux pieds de Yeleen en bien inutile hommage. Elle pouvait bien les écraser de la force de ses talons, il n’en aurait plus l’usage. Plus rien de tout ça ne comptait puisque Yeleen ne faisait plus partie de sa vie.

De sa poche, le sorcier sortit un parchemin et un crayon.  @Apolline Dunn et @Adil Mesli étaient les deux étudiants les plus proches de Yeleen qui sauraient veiller sur elle. Elle semblait si fatiguée, à bout de force à cause de son entrainement bien trop intensif. Et si elle ne parvenait pas à rentrer jusqu’à sa Salle Commune ? Si elle s’effondrait ? Si elle souhaitait quitter Poudlard ? Non… Il fallait absolument qu’elle reste dans l’enceinte protectrice du château… A la hâte, s'effondrant à moitié de douleur et d'inquiétude, le jeune homme inscrivit quelques mots qu’il envoya aux deux Gryffondors.

« Je viens de rompre avec Yeleen. Elle est sur le terrain de Quidditch. Elle a peut-être besoin de vous.
Sean »

Lire dans ses yeux puis entre ses mots qu'il n'avait pas l'intention de lui répondre plus amplement lui arracha le cœur, plissant les lèvres pour ne pas sombrer dans un torrent de larme alors qu'il s'était si vite détourné d'elle au même moment. Serrant les poings, elle sentait ses entrailles prendre feu, leur rupture balançant tous ce qu'ils avaient vécu dans une poubelle, leur amitié y compris.

Non, ce n'était pas ce qu'elle voulait. Elle aurait préféré qu'il s'approche un peu plus d'elle, il aurait certainement entendu les battements de son cœur scandé son prénom à tue-tête, elle aurait préféré qu'il s'approche assez pour qu'elle ne puisse faire qu'un seul pas pour l'embrasser, elle aurait préféré qu'il la regarde un peu plus longtemps que s'il venait de croiser une étrangère. Elle aurait préféré lui prouver qu'elle tenait à lui mais tout son être s'effondra au moment où Sean lui tourna durablement le dos, sans un aurevoir, ni d'autres explications. Entre les lignes, il lui avouait être plus heureux sans elle et cette réalité était assez difficile à concevoir.

Si elle avait été un peu plus courageuse, elle l'aurait rattrapé, le forçant à la regarder de nouveau, pour lui signer toute son affection. Si elle avait été un peu plus vindicative, elle se serait battue pour lui demander une chance d'aller au delà de cette incompréhension, d'en parler ensemble, de pouvoir trouver une solution autre que cet éloignement. Si elle avait été un peu plus rancunière, elle se serait probablement mis dans une sourde rage pour le gifler et si elle avait été un peu plus sentimentale, elle aurait définitivement sombrer dans un tas d'émotions, larmoyante et débordante de besoin.

Mais elle n'était que Yeleen. Encaissant sans cesse en silence et restant plantée dans le terrain de Quidditch avec le temps qui ne passait pas au fur et à mesure que Sean s'éloignait. Tentant de reprendre sa respiration, elle sentit l'angoisse l'envahir soudainement, bloquant son souffle sans pouvoir amorcer le moindre geste, tétanisée par l'absence de Sean qui se ferait bien plus permanente que prévu. Pas heureux ensemble. Les genoux tremblants, elle commença à marcher vers Sean.

Pouvait-elle le rattraper? Avait-elle le droit de le faire alors qu'il venait de lui dire qu'il était malheureux avec elle? Il ne lui laissait aucune alternative, aucune faille pour s'engouffrer dans ses bras pour le retenir. Yeleen restait dans le froid et dans le noir, tandis que Sean refusait à présent de tenir sa main entre la sienne.

Sean !

Sa voix s'étouffa alors qu'un point de sa clavicule la brulait, réveillant des souvenirs de potions pour aller contre sa nature muette, la faisant s'arrêter nette. Elle n'avait rien pour elle à cet instant, pas les yeux larmoyants, ni même un cœur battant dans le vide. Pourtant, elle préféra encore lui laisser un dernier murmure qu'il n'entendrait probablement plus jamais.

"Je t'aime"

Spoiler:

Je ne comprends pas...

Yeleen s'était réfugiée entre ses propres bras, le vent frais se levant alors que rien ne la protégeait de la dure réalité dans laquelle Sean venait de la laisser. Il n'était pas heureux avec elle, elle n'était pas assez bien pour ce rôle, elle ne lui suffisait plus. Percutant seconde après seconde que Sean venait de rompre, elle ferma les yeux en tentant de comprendre par elle même les raisons pour lesquelles tout avait soudoznelenr basculer.
Le vide qu'elle avait ressenti le haut de la falaise des Clearwater était rien comparé à cet instant où elle remettait tout son monde en question, son meilleur ami ne souhaitant nullement la revoir d'une quelconque manière.

Depuis quand n'avait-elle plus pensé à passer une seule journée sans lui? Quel détail lui avait échappé ? Qu'avait-elle pu lui dire qui l'aurait soudainement poussé à s'éloigner déjà durant l'été?

Je ne comprends pas...

Qu'avait-elle de mal? Qu'avait-elle d'aussi repoussant? Les questions sans réponse la secouèrent autant que les sanglots qu'elle ne cachait plus, comme une petite fille apeurée. Comment en était-elle arrivé là ? Comment était ce possible ? Ce cauchemar n'avait aucune fin, elle se réveillerait probablement dans l'appartement de Betty en plein été, la chaleur et les sourires de Sean sous ses yeux. Vingt ans après avoir été enlevé des bras de sa mère, elle se sentait tout aussi démuni que ce jour et elle manqua soudainement de souffle, les pleurs qui enlevant ce qui restait de sa fierté si bien caché jusque la.

Et lorsqu'elle entendit des pas se rapprocher d'elle, elle ne sut cacher d'autres larmes entre ses genoux déjà relevés, la présence de Sean lui manquant déjà cruellement. Adil était la, Merlin elle ne savait pourquoi il était a présent la, mais elle n'arriva nullement à lever les yeux vers lui. Pourtant, ils avaient traversé le pire ensemble au domaine des Clearwater. Ils avaient attendus ensemble, dans la colère et les entraînements, ils avaient passer des jours à se soutenir, à se garder éveiller qu'ils reviendraient tous à la maison ...

Mais Sean était revenu avec un démon sur les épaules, plus sensible, plus imprévisible avec des ombres que personne n'avait su apaiser, pas même les séances chez la psychomage, ni Betty, ni Braxton.

Asel et Adil s'étaient serré les coudes et en étaient sorti plus fort que jamais. Pourquoi ... Pourquoi Sean n'avait-il plus pu éprouvé ce même besoin? Elle se secoua la tête, dévoilant des yeux rougis. Il n'était plus amoureux, ni heureux et elle ne comprenait pas. Son coeur s'était entrain de battre bien plus fort que la normale, ces poumons manquant d'air alors elle se releva le visage, dévoilant sa faiblesse monstrueuse du moment, le souffle si court en s'accrochant aux bras d'Adil.

Je ne comprends pas...

Voilà tous ce qu'elle arrivait à exprimer d'un regard totalement vide. Tout son corps la brûlait, l'incompréhension la faisait trembler sans répit. Adil savait que Sean avait changé depuis son retour, il n'avait plus jamais été le même et ne le serait probablement jamais. Comment lui en vouloir après avoir passer des heures, des jours, des semaines enfermés loin de sa famille, sans penser à ce que les séquelles le rattaperaient à chaque instant? Elle signa toute ses incertitudes qui l'a secouait depuis des semaines pour la première fois, en y voyant nullement plus clair.

"C'est comme s'il n'était jamais rentré cet éte. Il est jamais revenu... "

La douleur crispa ses doigts un instant alors qu'elle tentait de ravaler ses larmes en vain. Elle souffla, retenant ses émotions comme elle pouvait alors que le silence dans lequel Sean l'avait enmuré sans le vouloir se fissurait autant que son propre coeur. Adil avait probablement remarqué que Sean protégeait même son propre lit, camouflant les cauchemars du soir par des sortilèges en plus de s'être éloigner de bons nombres de camarades de classe.

"Promet moi d'avoir un oeil sur lui."

Inspirer, souffler. Ce geste si automatique ne lui avait jamais semblé aussi pénible à réaliser, ses poumons la brulant de toute part alors que le monde semblait s'écrouler sous ses yeux. Depuis quand avait-elle bâti un empire entier autour de Sean? Depuis quand avait-elle ouvert autant de portes pour que le vent s'engouffre dans chaque vide laissé par son départ?

Yeleen tenta de se contenir, la présence d'Adil la maintenant ses deux pieds fermement sur terre. Adil qui ne semblait pas non plus revenir de la décision de Sean, irrévocablement sans appel. Depuis combien de temps ce dernier pensait-il à ce moment? Etait-ce la première occasion de pouvoir balayer six ans de lien au passage? Ces sanglots se calmèrent doucement, les questions s'affolèrent dans son esprit brisé. L'arrivée de sa cousine lui arracha pourtant un soupire qu'elle ne put contenir au moment où elle passa ses bras sur ses épaules avec un seul cri du cœur sur ce qu'elle souhaitait à cet instant.

Egoïstement, elle voulait qu'il revienne.

L'envie de parler et de hurler fut assez intense pour lui picoter la gorge de nouveau et Yeleen sentit toutes les défaillances de son corps lui rappeler combien elle venait d'être atteinte par une des rares personnes pour qui elle avait baissé toutes les barrières.
Serrant les bras de sa cousine, elle se tourna vers elle, tout comme elle l'avait fait vers Adil. Leur lien fraternel ne pouvait en prendre un coup, au contraire, c'était la preuve que Sean aurait besoin de se confier à quelqu'un plus que jamais. Il ne pouvait pas laisser une noirceur envahir son cœur comme son quotidien. L'effervescence de son retour n'avait duré que quelques secondes, il fallait que Sean puisse avoir le meilleur soutien possible, quoi qu'il en pense.

"Prenez juste soin de lui."

Elle baissa les yeux, préférant un instant oublier la douleur qui lui mordait le coeur. Elle n'était pas si importante que ça, Sean lui avait bien fait comprendre qu'elle n'avait pas de valeur mais ce n'était pas pour autant qu'elle allait le haïr à cet instant, malgré l'incompréhension d'un tel moment.

"Je m'en sortirais."

Des signes relativement faible alors qu'elle se concentrait sur un fil perdu de sa veste pour ne pas trembler, pour ne pas lever les yeux déjà bien trop rougis en à peine quelques minutes, jours et semaines. Elle n'avait jamais baissé les bras malgré les signes qui n'étaient pas trompeurs et elle tenta de lâcher un sourire en coin aux deux Gryffondors, bien plus courageuse qu'elle en toute circonstance.

S'oublier juste un instant, assez longtemps pour se concentrer sur le stage à venir, les cours, les examens et toute la vie qu'elle devait probablement continuer sans Sean. Apo et Adil étaient là à ces cotés, laissant Sean seul Merlin ne sait où et elle préférait encore s'inquiéter pour quelqu'un d'autres qu'elle-même à présent, comme elle l'avait toujours un peu fait. Se concentrer sur elle n'avait jamais été son point fort et encore maintenant, elle préféra parler de tout sauf d'elle. C'était bien trop douloureux d'être égoïste, elle était bien trop fatiguée à cet instant pour pouvoir réfléchir ou raisonner avec la logique de sa maison.

"Tu n'as toujours pas rendu ton livre de bibliothèque?" signa-t-elle à Apolline en passant ses manches sur ses joues pour enlever toute trace de solitude, observant son gros sac à la va vite.

Et pourtant silencieusement, d'autres larmes coulaient sans aucun contrôle. Les yeux dans le vague, elle tenta d'être un peu plus forte que l'image qu'elle devait renvoyer d'elle-même et leva les yeux vers son meilleur ami en tentant vainement de les rassurer. Elle les remercia d'un regard sincère, comprenant chaque jour la chance qu'elle avait de faire parti de leur vie.

"Ca va aller, je ne veux pas vous faire perdre votre temps..."

Sean semblait déjà en avoir assez perdu avec elle, elle ne voulait pas être un autre poids pour ses amis à cet instant. C'était bien une place qu'elle ne voulait pas prendre et elle lâcha un sourire presque nerveux, brisant l'ambiance comme elle put. Il fallait qu'elle avance et elle ferait déjà de son mieux pour le faire comme si de rien était, c'était tous ce qu'il lui restait.

"On ferait petet mieux d'y aller avant d'être en retard pour le prochain cours."