Falling (Sean)

Tirant sur les manches d'un pull qui n'était pas le sien, la Serdaigle longeait le chemin qui liait Pré au lard à Poudlard après avoir passé une grande partie de la semaine au Ministère de la Magie pour parfaire son cursus en justice magique. Et le moins qu'on puisse dire, c'était que la journée avait été loin d'être de tout repos. La théorie était mise en pratique chaque jour depuis le début de la formation et Yeleen se donnait avec toutes les forces qu'elle pouvait afin de n'utiliser exclusivement que la magie informulée. Autant dire qu'en plus d'être éreintée le soir venu, elle était clairement bien moins bavarde lorsqu'elle rentrait chez @Iris Faux-Orpin. Son séjour avec Nyéléni ne lui faisait que du bien, l'aidant dans les petites taches ménagères en apprenant à manier d'autres sortilèges de son cru, il fallait avouer qu'elle apprenait à la connaître d'une toute autre manière depuis qu'elles se connaissaient et loin de vouloir abuser de son hospitalité, elle avait pris poliement congé pour le reste du mois.

Sans s'accorder de pause entre la fin de sa garde à la Brigade de la Police Magique et maintenant, elle avait accepté le pull d'un brigadier après avoir aider à éteindre un début de feu dans un entrepôt administratif au nord du pays en y laissant une grande partie de son uniforme et sa chemise. Le visage légèrement taché de trace de suie, elle tentait de les enlever maladroitement pour ne pas regarder cette forêt autour d'elle, qui ne lui rappelait que le moment où @Eleanora Clearwater y avait mis le feu pour leur permettre de se sauver.

Mais inexorablement, elle pensait à Sean.

Il ne se passait pas un matin sans qu'elle ne se réveille avec son prénom sur le bord des lèvres, son cœur le répétant inlassablement chaque minute qui passait sans qu'elle ne croise son regard. Et pourtant depuis trois semaines, elle l'épiait autant qu'elle le fuyait. Elle avait d'abord remarquer sa lèvre fendue et sa gueule de bois le lendemain de leur rupture, lui rappelant douloureusement que Sean avait probablement remis les pieds aux trois balais, se faisant certainement et ouvertement draguer par la même serveuse qu'il y a deux ans.

Et puis par la suite, elle s'était rendue compte que personne lui disait de se battre pour Sean. Tout le monde comprenait que sa situation n'avait rien eu d'enviable cet été et pourtant, personne ne lui disait de lui rentrer dedans pour tenter de lui faire ouvrir les yeux. Le professeur @Luke Korrigan parlait de patience, @Adil Mesli l'observait de temps en temps quand ils avaient un cours commun où Sean ne venait délibérément pas. Si certains professeurs comprenaient son absence, Yeleen ne savait pas comment le Gryffondor faisait pour rattraper son retard alors que depuis le début de sa scolarité à Poudlard, il avait toujours tout fait pour avoir les prises de note les plus parfaites qu'il soit.

Il était évident que Sean se laissait aller.

Alors qu'elle sortait encore du chemin qui avait fini par être boueux avec le temps, Yeleen se stoppa nette au moment où elle vit la pâle silhouette de Sean à seulement quelques mètres d'elle. Son coeur se serra douloureusement avant de se rappeler des paroles de Nyéléni, avouées à demi mot entre deux sanglots inexpliqués de la Serdaigle un soir venu: "Suis ton coeur." Et son coeur ne lui montrait qu'un seul chemin, celui vers Sean. Elle avait beau faire ce qu'elle voulait de ses journées et de ses nuits, le Gryffondor était bien trop ancré dans sa peau.

Elle s'avança fermement dans sa direction, le front plissé alors que les vingt et un jours passés sans lui parler, sans le toucher vinrent réveiller l'incompréhension et la colère qu'elle ressentait à cet instant. Cette rupture dont sa propre cousine @Apolline Dunn avait été mise au courant avant elle, sa façon de l'avoir tiré violemment contre lui dans le train, ces silences, ces regards qu'elle croisait pour le peu qu'elle était à Poudlard sans oser rentrer sans se prendre son absence en pleine face. A cet instant, tous se bouscula entre ses doigts dont les gestes fermes montraient à quel point elle pouvait être remonté contre Sean.

"Il va falloir qu'on se parle toi et moi. Maintenant."

Elle aurait pu grogner si elle en avait eu la capacité et elle était simplement la, à poser son doigt sur lui pour lui montrer qu'elle n'allait pas décamper de si tôt. Les cheveux décoiffés au possible dans avoir eu le temps de revoir son état, Yeleen se tenait devant Sean avec la ferme intention d'avoir des explications plus soutenues cette fois ci. Le badge du pull qu'elle portait se décrocha légèrement, le nom du brigadier luisant avec les derniers rayons du soleil alors qu'un parfum typiquement masculin embaumait la jeune femme depuis un bon moment. À cet instant la, elle ne se priva pas de déverser tous ce qu'elle se retenait de lui dire depuis des jours et des semaines.

"D'accord j'ai compris que tu n'es plus heureux avec moi et que tu n'as même pas cherché à me demander si on pouvait au moins être amis !"

Elle avança vers lui, ces chaussures glissant sur les feuilles que l'automne avait déposé tout le long du portail vers lequel ils étaient.

"Je te dégoute à ce point ? Comment ça se fait que tu arrives à parler à tous le monde sauf à moi? Et encore, je te demande pas de me parler, tu n'en a jamais eu besoin ! Mais tu t'éloignes comme si j'avais la dragoncelle alors tu vas me dire ici et maintenant pourquoi ... Pourquoi rien n'est comme avant? C'était une si grande erreur que ça d'avoir été ensemble?" Parce que je sais pas ce que tu es entrain de faire mais si je continue de lire entre les lignes, j'ai juste l'impression que tu regrettes aussi qu'on se soit connu!

Elle ne fulminait même pas mais c'était certainement la première fois qu'elle allait à son encontre en ayant le cœur aussi compressé. Soufflant péniblement, elle tenta de se mettre de côté, comme il lui avait demandé de l'être en rompant avec elle. C'était si dur de ne pas pouvoir le soutenir.

"Tu recommences à boire et pire, je te vois même plus aller à nos cours communs. Tu attends quoi exactement, que tout le monde parte? Bah tu te mets le balai dans l'œil là, ça n'arrivera pas ! "

Se rendant compte que la fatigue de la journée s'arrangeait rien, Yeleen tenta de temporiser tout ce qu'elle retenait encore de lui dire. Le cadeau qu'elle avait prévu pour son anniversaire encore dans son dortoir, elle s'était restreinte et bridée bien trop longtemps pour se taire à présent. Elle réclamait une petite place, amicale ou qu'importe comment il voulait appeler ça mais le professeur Korrigan avant raison, il avait besoin d'amis autour de lui, de la même manière qu'ils étaient tous là pour Milo et Asel.

Les doigts tremblant, elle s'éloigna légèrement de lui, se rendant compte qu'elle était bien trop proche, sans céder à la tentation de l'entourer de ses bras à cet instant.

Sean épiait silencieusement à travers les arbres la fine silhouette de Yeleen qui avançait difficilement dans le chemin boueux. Elle ne pouvait pas être plus en sécurité au Ministère ou à Poudlard, mais c’était ses allers-retours entre les deux lieux qui lui causaient du souci. L’attaque qu’ils avaient subi dans ces mêmes bois était bien trop récente pour qu’il laisse la Serdaigle se promener solitairement sans aucune aide de collègues ou camarades. Le Gryffondor avait tant pris l’habitude de l’observer de loin qu’il aurait cru que la vision de son amie, la chevelure auréolée par les quelques derniers rayons de soleil qui perçaient entre les feuillages, ne provoquerait chez lui qu’un triste élan de nostalgie. Il était cependant bien loin du compte. C’était à chaque regard comme si un poignard se plantait dans le cœur qu’il pensait pourtant desséché depuis longtemps. Tout son être mourrait d’envie de la rejoindre, de lui effleurer le bras avant d’attraper sa main, l’aidant ainsi à sauter par-dessus les flaques de boues qui parsemaient le sentier. Il n’en avait cependant aucun droit. Sa place était là, dans l’ombre, à tout faire pour s’assurer que rien ne lui arrive.

Mais pris par l’émotion, il se laissa aller à l’observer en laissant son imagination divaguer, sans s’apercevoir que l’étudiante changeait de direction pour trouver un terrain plus sec. Elle finit par avancer droit sur lui et ils se figèrent en s’apercevant l’un l’autre. Sean hésita sur sa conduite à tenir, envisageant de se détourner d’elle pour s’éloigner mais Yeleen se rua sur lui avec un air furibond, le laissant pantois, sans réaction face à elle. La Serdaigle se mit à signer, et Sean suivit ses enchaînements du coin de l’œil comme il en avait l’habitude, sans rien perdre de ses expressions du visage qui étaient toutes aussi parlantes que ses mains. Yeleen voulait qu’ils parlent. Tout en affirmant avoir compris ses intentions, elle requestionnait tout : de sa mise à l’écart jusqu’au couple qu’ils avaient formé. Son amie prouvait qu’elle était aussi attentive à lui qu’il l’était à elle en relevant sa conduite plus que douteuse des dernières semaines, le menaçant de ne plus accepter sa mise à l’isolement forcée.

Sean l’écoutait avec un air tendu, son cœur martelant dans sa poitrine à la voir si proche de lui. Chacun de ses signes était un nouveau sortilèges Doloris sur son âme endeuillée, et pourtant, ils avaient la capacité de l’enflammer, redonnant des couleurs à ses joues, et de la vie à son regard. Les yeux sombres de Yeleen étaient furieusement accrochés au siens et il lui parut impossible de détourner le visage. Pourtant, au-delà de tout son discours, quelque chose le perturba plus encore. Une odeur inconnue collait à ce pull trop grand pour elle. Un nom qui n’était pas le sien était accroché au tissu et se balançait dangereusement. Sans réfléchir, Sean effleura la petite plaque accrochée d’une aiguille sans pour autant la remettre correctement. Qui était cet homme ? Un collègue sans doute. Pourquoi avait-il donné son pull à Yeleen ? Et surtout, pourquoi cette dernière avait accepté de le porter ? Est-ce qu’ils étaient si proches que ça ? Inconsciemment, il se rappela le jour où il avait lui-même proposé à son amie de porter le pull de sa maison, et il se prit à rougir furieusement devant cette scène. Mais sentant qu’il allait trop loin, dans son geste comme dans ses souvenirs, il recula brusquement la main.

Le Clearwater se senti soudain enragé à l’idée que Yeleen reproduise avec un autre que lui ces petites preuves d’affection qui n’avaient un temps appartenu qu’à eux. Et pourtant, elle n’agissait que comme il le lui avait expressément demandé : en s’éloignant et en reprenant sa vie sans lui. Cette idée lui était intolérable mais sa colère ne pouvait être dirigée que contre lui, et contre Ryan  - celui qui l’avait ainsi poussé dans ses retranchements.

- J’ai pas dit ça Yeleen… murmura-t-il soudain blême à l’idée de lui reparler – enfin – depuis tout ce temps. J’ai dit qu’on ne pouvait plus être heureux ensemble… Il se rendait bien compte que la nuance était risible et qu’elle n’allait provoquer qu’une seule chose, c’était la colère de Yeleen à son égard.

- Tu ne me dégoutes pas… Tu pourras jamais me…

Il s'interrompit, cherchant ses mots avec un embarassement visible. C'était tellement difficile de traduire l’intensité des émotions qu'il ressentait.

- Je suis désolé si j'ai pu te laisser croire ça. Je ne pourrai jamais regretter de t'avoir connu. Mais… C’est vrai que j’espérais que… Tu me laisses partir… Même si… J’ai du mal moi aussi...

C’était ridicule. Il était là, à la suivre dans les bois comme un aliéné, tout en lui demandant de le laisser s’éloigner. Sans qu’il ne puisse pour autant s’écarter de plus d’un yard d’elle.

Elle se figea au moment où elle vit la main de Sean effleurer son pull, presque de manière évasive comme si un détail avait plus attiré son attention que tous ce qu'elle était entrain de déverser à cet instant. Savoir le Gryffondor aussi près d'elle sans pouvoir retenir de se laisser aller à un geste qui aurait été naturel entre eux était entrain de lui tordre le ventre plus intensément que ses derniers jours.

Il lui répéta alors une nouvelle fois qu'ils ne pouvaient plus être heureux ensemble, inlassablement comme un cauchemar qui passait en boucle. Mais si sur le moment, la Serdaigle trembla en entendant ces mots qui lui avait fait tant de mal trois semaines auparavant, elle les entendit comme un disque rayé de toute part. Il blêmissait à vu d'œil, ne s'attendant certainement pas à être alpaguer soudainement de cette manière et il tentait de répondre à ses questions, clairement embarrassé d'être épinglé de la sorte.

"Tu te fiches de moi? " signa-t-elle en grondant des mains

Elle s'avança d'un pas vers lui, les genoux flageolants. On lui avait dit d'être patiente, on lui avait dit d'attendre mais c'était au dessus de ses forces quand elle le voyait dépérir ainsi à vue d'œil.

"Pourquoi ... comment veux-tu que je te laisse partir Sean, tu es ma famille!" le coupa-t-elle en plein milieu de sa phrase, sans entendre malgré elle celle où il évoquait son propre mal être.

Il avait clairement sous estimé tous ce qu'elle ressentait pour lui, chaque jour depuis cinq ans et elle se rendait compte à quel point elle se blessait davantage à lui faire comprendre qu'elle ne serait jamais parti de son plein grès. Les yeux embués, Yeleen se retenue fermement à le prendre dans ses bras, rien que pour lui demander s'il ne ressentait toujours rien à son égard si elle venait à lui faire écouter ses battements de cœur. Mais la fierté d'avoir été blessé une fois la poussait à agir avec prudence, autant pour se protéger que pour comprendre réellement ce qui agitait Sean depuis des semaines.

Elle serra ses mains autour de ses propres bras, se réchauffant inutilement avec son pull sans trouver le moindre réconfort à cet instant. Détournant son regard du sien sans pouvoir le soutenir, Yeleen souffla péniblement avant de se reprendre, un peu plus calme.

"Je t'ai jamais demandé de me dire tous ce qui s'est passé cet été, j'ai pas besoin de tout savoir pour comprendre que ça ne va pas." signa-t-elle en entendant encore en écho dans sa tête que Sean ne serait pas heureux avec elle. "Mais si ton but, c'est qu'il ne reste plus rien de ce qu'on était même avant, dis le moi. Je viendrais plus t'embêter comme ça, à demander une amitié ou n'importe quoi quand tu sembles juste vouloir mener une toute autre vie sans qu'on se revoit."

Sans trop attendre que Sean démolisse encore tout l'élan d'affection qu'elle ressentait pour lui, elle se décala sur le coté en plissant les lèvres, loin d'être effectivement heureuse de voir le Gryffondor aussi mal en point devant elle. Ne retenant plus les mains, elle signa avec une nervosité qui la caractérisait depuis des semaines sans avoir un second souffle ni le moindre répit pour tasser tout le mal être qu'elle ressentait égoïstement.

"Tu sais quoi, ça aurait même été plus simple que tu me dises juste que tu m'aimais plus, que tu avais trouvé mieux pour t'épauler dans une telle situation. J'aurais compris et même si ça aurait été difficile à accepter, je l'aurais fais. Je serais franchement partie d'ici et je l'aurais fais pour toi." levant le menton, les larmes aux yeux, elle préféra lui demander avec toute la franchise qu'elle avait à cet instant pour le faire sortir de ses gonds. "Alors pourquoi tu le fais pas ... qu'est ce que tu attends pour être heureux?"

Sean observa tristement Yeleen s’emporter contre lui comme il s’y attendait. Mais ses mots signés s'ancraient viscéralement en lui. En rompant avec elle, Sean lui avait aussi retiré ce semblant de famille qu’il avaient réussi à créer, entre Poudlard et Birmingham. Ils avaient touché du doigt le bonheur, ensemble, redécouvrant chaque jour le plaisir de se réveiller l’un à côté de l’autre avant que tout ne parte violemment en fumée.

La jeune fille serra ses bras contre elle, comme si elle frissonnait et il fallut à Sean toute la force de sa volonté pour se retenir de la serrer contre lui. A la place, il fixait lamentablement les mains de la Serdaigle reprenant le rôle qu’il avait délaissé. Elle semblait si profondément blessée qu’il en succombait à petit feu, l’observant se détourner de lui pour se calmer avant de revenir à la charge.

Yeleen comprenait qu’il n’allait pas bien depuis son retour, mais refusait qu’il cherche ainsi à faire exploser tout ce qu’ils avaient patiemment réussi à construire ensemble, d’une solide amitié à une timide relation amoureuse qui s’était affirmée davantage chaque jour. Anéanti, Sean ne put lui répondre, se contentant de rester silencieusement tête baissée. Il dut cependant douloureusement relever le regard pour lire ce qu’elle signait de nouveau. Mais alors, il se mit à blêmir plus encore, semblant plus mort que vivant.

Le discours de Yeleen ressemblait mot pour mot à celui qu’elle lui avait lancé à la figure quand elle avait cru qu’il avait une autre fille dans sa vie. Croyait-elle vraiment qu’elle pouvait si facilement être remplacée ? Pensait-elle que l’âme de Sean ne s’était pas si ardemment attachée à elle qu’il pouvait continuer à vivre sans elle ? C’était tellement dur de la voir remettre en question tout ce qui comptait que le jeune homme ne put que secouer la tête sans savoir comment cacher le déchirement intérieur qui l’empoisonnait.

- Je n’attends rien, lui répondit-il - la gorge enserrée par le flot de sentiment qui déferlait sur lui. Je n’attends rien parce que je ne peux plus être heureux. Pas sans toi.

Serrant les poings, le Clearwater était prêt à tout accepter sauf de voir Yeleen se rabaisser devant lui, semblant n’être que l’ombre d’elle-même. S’il avait pu, il lui aurait menti, prétextant avoir en effet trouvé un soutien ailleurs qu’auprès d’elle - mais il en était incapable. S’il avait déjà tenté de camoufler ses sentiments pour elle par le passé, aucun mensonge n’avait jamais pu franchir ses lèvres devant la Serdaigle.

- Je ne pourrais jamais cesser de t’aimer alors n’attends pas que je te dise ce genre de chose. Mais… Le coeur brisé, Sean recula d’un pas pour remettre une distance entre lui et la sorcière. Ça ne change rien au fait que je ne peux plus être avec toi Yeleen.

Voir son visage prendre des allures fantomatiques ne fit que lui rappeler l'instant où Sean était revenu près de la forêt du domaine, déboussolé et tellement en alerte. La Serdaigle du se contenir pour ne pas trembler à son tour, souhaitant garder une image forte malgré le corps frêle qu'elle arborait à cet instant. Fronçant les sourcils avant de se détendre au moment où il lui fit comprendre qu'il ne pouvait pas être heureux sans elle mais qu'il ne pouvait plus être avec elle, Yeleen sentit son souffle se bloquer. Il l'aimait encore? Est-ce qu'il était entrain de changer de discours, passant du fait qu'ils ne pouvaient plus être heureux ensemble à ne pas pouvoir être heureux sans elle? C'était incompréhensible et la jeune femme tenta de chercher toute la patience qu'elle pouvait avoir pour tenter d'y voir plus clair sans avoir à le secouer davantage.

"Parce que tu crois que je suis heureuse sans toi?"

S'approchant de lui, Yeleen baissa un instant son regard vers ses poings qu'il serrait fortement. Elle comprenait qu'il ne voulait pas qu'elle s'approche davantage de lui et sans vouloir le braquer, elle se pinça les lèvres en sentant que chaque approche était entrain de le faire cramper sur ses positions. Sean n'était pas quelqu'un d'irréfléchi, mais c'était avec lui qu'elle avait apprit le sens du mot soutien.

"Si tu n'attends rien, c'est pas grave, je vais quand même te le dire et te le redire jusqu'à ce que tu comprennes. Je t'aime Sean Clearwater et c'est pas pour le premier, ni le quarantième obstacle que la vie nous mettra dans les pattes que je vais m'éloigner de toi. Si on tombe, on se relèvera ensemble."

Déglutissant péniblement, elle ne releva pas les yeux vers lui, bien trop peiné de comprendre que ce qui était entrain de le secouer était entrain d'affecter des pans de vie entier. Il lui semblait que dans cette volonté de vouloir protéger ses amis, Sean se mettait en retrait avec une force vindicative que personne ne comprendrait.

"Tu sais que je ne serais jamais loin ..."

Elle lui effleura la main du bout des doigts, heureuse de ne pas savoir parler tant sa gorge était serrée. Ce contact l'électrisa un moment avant d'enlever sa main à contre cœur, souhaitant plus que tout respecter ce que Sean cherchait à lui faire comprendre. Malgré le mal que cela lui faisait, elle avait l'impression que rien de ce qu'elle pouvait faire ou dire ne changerait ce qu'il lui disait. Pourtant, sa main s'agrippa alors à son bras, se rapprochant de celui qui lui faisait louper tant de battements de coeur pour coller son front au sien, simple geste qui était le leur depuis déjà des mois.
Elle comprenait, c'était sans logique mais elle comprenait. Fermant les yeux, elle chercha à peine à retenir ses larmes tandis que le souffle court, elle retenait encore un peu Sean près d'elle, juste encore un moment.

Yeleen l’observait d’un air surpris, peinant à comprendre le chemin irraisonné de l’esprit de son ami. Ce dernier regrettait déjà ses mots avant qu’elle ne lui réponde, confirmant ressentir ces mêmes sentiments à son égard. Alors qu’il s’était éloigné, elle se rapprochait lentement de lui et chacun de ses pas augmentait dangereusement son rythme cardiaque.

La jeune sorcière se fige finalement et ses mains voltigèrent pour lui, signant tout l’amour et le soutien qu’elle continuait de lui porter. Sean sentit son souffle se couper en l’observant, peinant à comprendre ce qu’il lisait. Pourtant les yeux de la jeune femme reflétait ce même discours, à travers ses pupilles aussi brûlantes que deux chardons ardents. Elle ne le détestait donc pas ? Malgré les jours, les semaines de solitude - l’attitude froide et distante de Sean - ses mots aussi tranchants que la lame d’un couteau… L’écossais fronça les sourcils, presque mécontent, mais son visage exprimait une toute autre émotion, mélange de soulagement et de désespoir.

Le regard de Yeleen s’était baissé, mais elle poursuivit pourtant pour lui faire comprendre qu’il ne se débarrasserait pas d’elle aussi facilement. Ses doigts vinrent effleurer la main de Sean qui ne sut que rester immobile, tentant de maîtriser les frissons qui le parcouraient à ce simple contact. Pourtant, il restait sur ses gardes, aussi droit et alerte que s’il s’attendait à une attaque imminente d’invisibles ennemis.

Mais passant outre son expression de glace, Yeleen finit par réduire la distance qui le séparait d’elle en lui attrapant le bras pour coller son front au sien en fermant les yeux. Le coeur de Sean sembla exploser dans sa poitrine - de crainte comme de joie. Ce geste qui n’appartenait qu’à eux lui semblait aussi attendu que redouté et s’il ne put bouger d’un pouce, ses yeux refusaient de se fermer, contemplant le visage adoré de la jeune fille tout contre le sien. Des larmes coulaient librement de ses yeux et cette vision lui parut soudain intolérable.

Sa main tremblante se leva, tentant d’essuyer du bout des doigts la trace humide que la peine avait dessiné sur ses joues.

- Yeleen, murmura-t-il sans pouvoir poursuivre dans un premier temps. Du reste, il ne savait que dire. Toute sa volonté s’effritait en sentant la chaleur de sa meilleure tout contre lui. Son corps ne lui répondait plus, restant là, à ses côtés, malgré le danger qu’il représentait pour elle. Il tremblait cependant à l’idée de perdre de nouveau le contrôle et de la blesser plus encore qu’il ne l’avait déjà fait. A moins que ce ne fut la force de ses sentiments pour elle qui l’affaiblissaient à ce point. La gorge enrouée, il ne pouvait détourner le regard des larmes brillantes de la jeune fille, ne sachant plus vraiment qui les versait, de lui ou d’elle.

- J’ai tellement peur pour toi, finit-il par balbutier, tentant de mettre en mot l’émotion qui l’étreignait.

Le vent, la neige, la pluie, rien n'aurait pu perturbé ce seul moment qui leur appartenait, la caresse sur sa joue la secouant soudainement après des semaines sans avoir eu la chance d'entendre ses souffles aussi près d'elle, de sentir sa peau et sa chaleur. Yeleen se maitrisa à peine au moment où il passa sa main sur ses larmes, levant les yeux au moment où il murmura son prénom pour poser sa main par dessus la sienne. Elle avait pourtant conscience d'en demander bien plus que ce que Sean était capable de lui offrir à cet instant, encore emprisonné dans cet été à rallonge qu'elle aurait aimé ne jamais voir exister.

"Je sais."

Elle se détacha de lui à contre cœur, frôlant son nez en ne souhaitant qu'une chose, pouvoir l'embrasser à en perdre le souffle. Mais si Sean avait passé des semaines qu'elle estimait désastreuse depuis la rentrée, s'il cachait réellement un but louable derrière cet éloignement forcé, elle ne pouvait que comprendre et se forcer aussi. Même si ce n'était en rien le but qu'elle avait cherché en le confrontant, même si elle aurait préféré exploser sa colère pour se déverser une bonne fois. Mais @Adil Mesli était parti une fois et elle n'arrivait pas à aller à ce stade comme d'autres l'auraient fait à sa place. Elle n'avait pas ce courage de vouloir le faire changer d'avis au final, elle préférait encore aller dans son sens si c'était réellement ce qu'il voulait.

"Ne laisse juste pas Ryan ériger des barrières ici."

Une partie d'elle saignait littéralement à l'idée que rien ne soit fini. Et si elle avait passé ces quinze premier jours à la Brigade de la Police Magique, elle avait été tout fait pour savoir réellement où en était l'enquête pour retrouver le lycan. Mais entre la proclamation de son oncle à la tête du Ministère et les autres affaires en cours, Ryan semblait s'être fait la malle sans donner aucun signe de vie. Et c'était probablement aussi inquiétant qu'une araignée qu'on ne verrait plus dans un coin de la pièce, on penserait la voir partout.

Ce loup était celui qui mettait une limite à Sean et elle le sentait. Le moindre fait et geste de son Gryffondor semblait être dicté par cette crainte qu'il avait, @Luke Korrigan lui avait assez ouvert les yeux pour cela. Mais au lieu de savoir ce qui se passait comme il lui avait demandé, Yeleen préféra détourner la question autrement.

"On se retrouvera après, quand on l'aura mis hors état de nuir."

Une affirmation. La tête haute, elle avait cessé de pleurer même si ces yeux en demeuraient rougis. Par un "on", elle s'embarquait volontairement sans le moindre doute, parce qu'elle avait choisi la BMP pour pouvoir prendre aussi soin de lui, tout comme il semblait craindre pour elle. Mais dans cette indépendance qu'ils se déclaraient, il y avait cette affection indétrônable qui les liait et qui rendait tous ce qu'ils partageaient comme des instants plus que précieux.

"Tu sais que je te fais confiance. Mais je ne veux pas que tu ais peur pour moi, comme toi tu ne veux pas que j'ai peur pour toi. Cette audace, qui fait de toi un Gryffondor, tu le tiens de ta maman et c'est la plus belle qualité qu'il soit. Alors je sais que ça ira..." continua-t-elle en lui accordant un tendre sourire en coin.

Elle lui aurait tout donner. Un sourire, sa chaleur, ses bras. Il lui suffisait d'un pas pour qu'elle n'ait plus la force de le lâcher alors elle recula un peu, se faisant violence encore. C'était plus que pénible de se souvenir de chacun de ses moments qu'ils avaient partagé avant l'attaque sans avoir froid et grelotter chaque soir.

Sean ne savait comment Yeleen allait réagir. Allait-elle crier, pleurer, le frapper, le mépriser… ? L’étudiant s’attendait à tout sauf à une acceptation résignée de ce qu’il lui révélait le cœur au bord des lèvres. Haussant les sourcils de surprise, il la fixa alors qu’elle se détachait de lui. Elle savait ? Et elle semblait comprendre sa décision… Yeleen était… tellement intelligente que c’en était renversant. Il aurait dû lui faire confiance dès le début et lui confier les vraies raisons de son éloignement.

Malgré la douleur qu’il continuait à lire dans son regard, Sean voyait bien que la jeune fille faisait tout son possible pour se mettre à sa place et décoder ses silences. Le sorcier se demanda soudainement à quel point Yeleen avait connaissance du danger qu’elle risquait à rester à ses côtés. Mais la phrase qu’elle signa lui retira soudain toute curiosité et il jeta un coup d’œil stressé autour d’eux.

Yeleen n’avait pas prononcé son nom, mais le Clearwater ne doutait pas que ses signes étaient tout aussi puissants que des mots. Au fond de lui, il craignait que Ryan ne soit capable de sentir qu’ils parlaient de lui, et de se délecter de leur peur en cherchant à l’activer. Il recula prudemment d’un pas, effleurant sa baguette dans une poche prévue à cet effet. Mais rien ne sembla se passer et Yeleen continua à signer avec un air de bravoure dans le regard.

Sean se tourna vers elle, voyant sa haute posture, son menton levé, l’étincelle de défi dans le regard, il se sentit manquer un battement de cœur. Elle semblait si forte, tout en lui paraissant aussi fragile qu’un flocon de neige se déposant délicatement sur une mèche de cheveux. C’était depuis toujours ce délicat équilibre qui l’avait fasciné chez elle, et il en sentit la couleur revenir à ses joues.

Yeleen poursuivait, le faisant irradier de sa confiance en lui et en son soi-disant courage. Une gêne parcourut Sean qui songea notamment à @Adil Mesli qui avait eu une vision bien différente de lui. Mais comme depuis la toute première fois qu’ils avaient échangé, Yeleen avait ce curieux pouvoir sur lui. Elle était la seule à voir Sean tel qu’il cherchait à devenir: audacieux, généreux, clairvoyant. S’il se sentait souvent bien loin du compte, le Clearwater n’en était que plus motivé à devenir celui que la Serdaigle voyait en lui.

Même en cet instant, après qu’il l'ait eu traitée d’une si rude manière, elle parvenait à lui redonner confiance en lui, lui insufflant un peu de sa force telle une fée des légendes écossaises. Yeleen agissait généreusement, de manière désintéressée, semblant n’avoir à coeur que son bien-être. Une douce chaleur envahit le Gryffondor qui l’observa, ressentant soudainement un cruel manque devant son éloignement. Alors, il l’attrapa par le bras pour la ramener brusquement jusqu’à lui, posant ses mains dans son dos pour la garder encore un tout petit peu dans ses bras.

- Merci… Merci pour ta compréhension Yeleen, murmura-t-il alors que son visage s’enfouissait dans sa chevelure. Se redressant très légèrement, il passa une mèche de ses cheveux dans son oreille avec un sourire, certes triste, mais peut-être le premier depuis son retour. Tu as toute ma confiance également… Je te promets d’être courageux. De continuer à l’être pour toi.

Il il eut un moment de silence, qu’il consacra à profiter de la chaleur offerte par la jeune femme avant de l’éloigner doucement.

- J’ai choisi de me former pour être auror… Je vais apprendre à me battre moi-aussi…

Son prénom encore sur le bout des lèvres, la Serdaigle ferma les yeux au moment où il l'a reprit contre lui. Elle sentit ses genoux trembler alors qu'il enfouissait son visage dans son cou, sa respiration soudainement plus calme alors qu'elle avait vu son geste brusque vers sa baguette, comme si la simple évocation d'un prénom le rendait aux aguets. Il s'attendait à le voir apparaître, comme ce qu'on pouvait raconter des rumeurs durant la deuxième guerre. Prononcer le nom d'on sait qui à l'époque, pouvait le faire apparaître sous les yeux. Était ce de ça dont il avait peur? Que Ryan revienne avec une porte d'entrée direct à Poudlard ou ailleurs? Non Sean se savait parfaitement en sécurité à Poudlard.

Alors qu'il lui caressait le dos pour longer ses mèches, Yeleen laissa parcourir ses propres doigts sur les joues creuses de son meilleur. Plissant ses lèvres, elle voyait à present ces cernes sous les yeux tout comme sa fatigue, comme si les nuits ne s'étaient jamais améliorés depuis son retour. Prenait-il toujours ce thé que Maggie lui faisait quand il était rentré, loin d'être aussi efficace que les potions sans rêve mais qui lui permettait au moins d'avoir un sommeil réparateur ?

Elle secoua la tête au moment où il s'éloigna, le suivant dans ces gestes pour profiter de cette présence qu'il lui offrait et qu'elle avait attendu depuis des semaines. Non, ils avaient droit à une trêve, au moins de quelques minutes, le temps de retrouver des forces ensemble. Et s'ils ne pouvaient pas le faire aussi souvent qu'avant, Yeleen ferait tout pour lui redonner le moindre petit sourire comme celui qu'il venait d'avoir. Ceux qui illumineraient ses journées comme ses nuits dès ce soir.

"Je veux juste que tu ne me repousses pas quand je viendrais vers toi." signa-t-elle en simple demande. Elle ne voulait pas ces remerciements, ni quoi que ce soit d'autre que d'avoir une petite place auprès de lui. Elle était prête à se freiner et à se brider s'il le souhaitait, sans aller vers lui ni lui parler s'il préférait se concentrer sur d'autres tâches. Au fond, c'était presque revenir au tout début de leur relation, où Yeleen lui avait presque imposée une certaine discrétion. "Tu as besoin d'un appui dans ce que tu veux entreprendre seul, au moins de temps en temps. Je ne viendrais pas sans raison, pas juste parce que tu me manquerais. Mais parce qu'on en a aussi besoin."

Elle savait que ce qu'elle demandait ressemblait à une condition mais c'était à ses yeux le seul moyen de veiller encore sur Sean sans craindre qu'il ne frôle un burnout un jour. Savoir qu'il laissait tomber son cursus de journaliste la surprit, se rendant compte à quel point une rencontre néfaste avait suffit pour le faire douter et changer de voie. Alors qu'il s'engageait vers le chemin des Aurors au Ministère, elle ne put s'empêcher de penser à son père @Braxton Clearwater dont il commençait presque dangereusement à suivre ses traces en s'engageant dans les ordres des Aurors, comme le voulait Lucy également, sa cousine ayant repris sa place chez les Serdaigles depuis peu.

"On se verra alors dans la salle d'entrainement de l'étage. Tu as intérêt à ne pas me ménager." taquina-t-elle doucement, les épaules malgré elle encore un peu lourde.

Résignée à devoir profiter de la présence de Sean qu'en cours ou uniquement durant des laps de temps où on leur demanderait d'être professionnel, Yeleen tentait d'alléger cet instant du mieux qu'elle pouvait. Peut-être que si aucun d'entre eux ne fuyait volontairement la présence de l'autre à présent, leur relation pouvait au moins subsister dans l'avenir.

"Si on est loin l'un de l'autre très longtemps comme ça... je n'y arriverais pas."

Glissant sa main dans la sienne, elle noua un instant ses doigts entre les siens, constatant à quel point tout lui manquait chez Sean. Ses petits mots du matin, comme ses lèvres le soir ou rien que sa présence à coté durant un repas. Elle ne lui demandait pas de revenir à des habitudes mais de leur laisser une petite chance entre les barreaux qu'il voyait en face de lui.

Quand Sean voulut reculer, Yeleen s’avança en signant à son encontre. Elle n’en avait visiblement pas fini avec lui et demanda de lui accorder de ne pas la repousser. Elle semblait craindre que Sean reste seul et mettait en avant la réussite de la mission qu’il s’était attribué. Le jeune homme se raidit de nouveau à son approche, se sentant à deux doigts de craquer devant sa proximité. Il n’en pouvait plus de se lever sans sa chaleur, de passer toutes ses journées à se forcer à rester loin d’elle, de se coucher en n’ayant qu’elle en tête. Le jeune sorcier se retint pourtant de lui répondre quoi que ce soit, n’observant que l’intensité de sa supplique dans ses pupilles sombres.

Tout serait tellement plus simple pour Yeleen si elle l’abandonnait à son triste sort. Qu’elle refasse sa vie sans lui, qu’elle continue d’avancer et se forge la brillante carrière à laquelle elle était promise. Sean ne méritait rien d’autre, @Adil Mesli s’était appliqué à le lui rappeler. Mais le Clearwater n’avait à présent plus le stupide courage de tenir ce genre de discours à son amie. De même qu’il aurait été mensonger de la contredire. L’étudiant n’aurait jamais la force de repousser Yeleen si jamais elle voulait venir à lui. Il le savait à présent. La jeune fille était tout autant son plus grand pouvoir que le cœur même de sa fragilité. Elle le rendait à la fois vulnérable et invincible. Et peu importait sa volonté, il n’était qu’à elle et la jolie Serdaigle pouvait disposer de lui à sa guise.

La jeune sorcière réagit plutôt bien à son annonce de changement de voie. Elle se prit même à lui lancer un léger sourire en évoquant leurs futurs exercices et Sean ne parvint pas à détourner son regard d’elle. Voir la commissure de ses lèvres reprendre ce petit rictus qui n’appartenait qu’à elle était un délice. Mais l’idée de devoir s’entraîner à lever sa baguette sur son amie était une torture. Cependant, Yeleen poursuivait, abandonnant tout sourire pour exprimer l’étendue de sa douleur loin de lui. Sa main chercha la sienne pour l’attraper et Sean baissa le regard sur leurs doigts entremêlés qui reprenaient si facilement leur place. La gorge nouée, il ne sut comment retirer la main de la sienne, et finit par replier ses doigts sur les siens, lentement, presque craintivement.

- Rentrons au château… murmura-t-il alors en se tournant vers elle en la tirant à ses côtés pour lui intimer d’avancer avec lui.

Le soleil s’était couché derrière les bois, et il n’aimait pas l’idée qu’ils avancent dans l’obscurité de cette forêt qui avait abrité de bien sinistres histoires. Pressant le pas, il continuait de tenir sa main dans la sienne comme s’il s’agissait d’un précieux trésor à protéger. Mais le jeune homme restait cependant muet, à l’affût des sons qui les environnaient. Au bout de longues minutes de marche silencieuse, Sean rompit finalement le calme environnant en demandant à brûle-pourpoint, comme si la question lui trottait dans la tête depuis un long moment:

- Tu… Tu p… portes le pull de qui ?

Le Gryffondor se sentait stupidement fou de jalousie en voyant Yeleen porter si facilement l’odeur d’un autre homme. Soudain, lui revenaient en tête les paroles de son cousin qui évoquait sa réaction si Asel venait à lui préférer un autre sorcier. Le souvenir de la haine pure qu’avait décrit le Mesli le fit presque frissonner d’effroi alors qu’il se demandait si le démon de l’envie lui ferait suivre une si terrible route. Ou plus simplement, ne pouvait-il lancer un quelconque sortilège pour faire disparaître cet ignoble pull, quitte à lui donner le sien à la place ?