Falling (Sean)

Un geste aussi timide que sa main entre la sienne lui donna soudainement l'effet d'une fournaise dans son estomac et Yeleen, rougissante derrière son épaisse chevelure, ne su qu'hocher la tête au moment où Sean lui proposa de rentrer au château. Un "nous" silencieux s'imposa dans son esprit, un sourire relativement naïf se posa sur ses lèvres alors que la légèreté du moment lui donna envie de venir goûter à ses lèvres. Depuis combien de temps se privait-elle de l'embrasser? Ce fut avec innocence qu'elle sentir des papillons lui picorer le ventre comme une adolescente éperdument amoureuse

Alors, comme au premier jour où ils s'étaient embrassé dans cette salle de classe vide, la Serdaigle garda ses doigts autour des siens en ne souhaitant que faire durer ce moment le plus longtemps possible. S'approchant un peu plus de lui alors qu'ils marchaient vers le château, elle se rendit compte à quel point son regard se posait sur chaque détail qui les entourent et serra un peu plus ses doigts entre les siens. Elle devait le rassurer que tout irait bien, tant qu'ils étaient sous la protection de Poudlard et lorsqu'ils n'y étaient pas, la famille Clearwater prenait soin des uns des autres. Si @Adil Mesli et Sean ne s'étaient pas fritté il y a quelques jours, ils auraient probablement vu à quel point l'affection qu'ils se cachaient l'un pour l'autre pouvait les protéger contre tout. Le pouvoir inestimable d'avoir une famille, d'éprouver des sentiments aussi purs... Yeleen ferait tout pour que Sean puisse s'en imprégner pour s'épanouir à travers la peur du lendemain. C'était bien lui qui lui avait donné tout le courage de se défaire des de Clare sans le moindre regret alors elle le savait capable de plus grandes choses.

Elle lui avait toujours dit qu'il serait un grand sorcier, elle avait une confiance absolue. Mais la question que lui posa Sean la laissa un moment dans le vague, sans trop savoir à quoi il pensait alors qu'elle longeait son pouce sur le dos de sa main, sans en revenir encore de leur soudain rapprochement.

"Je dois t'avouer que..." commença-t-elle à signer d'une main avant d'être contraint de lui lâcher la main pour continuer.

Cependant, loin de pouvoir lui expliquer pourquoi elle portait un pull deux fois trop grand pour elle, la Serdaigle sortit sa baguette au moment où elle entendit plusieurs bruits de pas, courant à la hâte dans leur direction, firent apparaître des étudiants affolés qui les dépassaient à une vitesse fulgurante.

"Rentrez tous au château !!" entendait on crier au loin, la voix de la préfète des Serpentards venant vers eux.

Yeleen fronça les sourcils devant soudainement autant d'animation, tâtonnant doucement jusqu'à pouvoir reprendre la main de Sean. Elle ne voulait plus le perdre comme elle avait pu en être séparée dans le train ou durant ces dernières semaines. Debout, au milieu d'étudiants qui les contournaient avec hâte, la Serdaigle se rapprocha de son meilleur, dans la simple volonté de capter son regard pour le centrer sur ce qui se passait et ce qu'on pouvait entendre autour d'eux.

"Ils ont entendu des râles... C'était la pleine lune, ça semble évident... Il est mort .. c'était un Dunn, pas étonnant... C'était un préfet, comment ..  "

Elle ne put que blêmir en pensant à sa cousine avant de se rendre compte avec effroi que la présence d'un loup venait clairement d'être évoqué.

"On rentre ... d'accord ? Je vais rester avec toi .. laisse moi rester avec toi."

Sean était sa priorité, même si l'évocation d'un Dunn lui fit froid dans le dos. Des professeurs étant également de sortie venaient les presser pour qu'ils rejoignent les murs du château et Yeleen attira Sean à sa suite, ne cherchant qu'à l'éloigner de ce qu'elle craignait le plus à cet instant.

"Viens... Faut qu'on rejoigne Apo et les autres."

Yeleen ne semblait pas s’attendre à la teneur de sa question et elle mit un long moment avant de se décider à lui répondre. L’agonie de Sean fut à son comble quand elle commença à signer qu’elle devait lui avouer quelque chose mais des bruits de pas de courses et des cris se firent soudain entendre non loin d’eux. Sean se raidit immédiatement en attrapant sa baguette, son pouls s’accélérant alors qu’il cherchait à identifier l’origine de cette panique. Des étudiants firent leur apparition, les dépassant en courant et la main du Gryffondor chercha sans réfléchir celle de Yeleen pour l’attraper dans la sienne.

Des bribes de phrases affolées leur parvinrent et le sorcier sentit son sang se figer dans ses veines quand il comprit que les indices menaient droit à l’attaque d’un loup garou. Ryan… Ce fut comme si une chappe de plomb venait de s’abattre sur sa poitrine et Sean commença à avoir des difficultés à respirer convenablement. Le sang. La douleur. La mort… Il était là… Ryan était là. Et il venait de tuer l’un de leur camarade, peut-être uniquement pour les narguer… Yeleen s’était rapprochée de lui pour lui parler, mais dans un premier temps, il ne la vit ni ne l’entendit, entièrement submergés par la terreur de son traumatisme. Ce ne fut que quand elle le tira par le bras, l’intimant à se mettre tous deux à l’abri que le jeune homme reprit doucement conscience de son environnement.

Son regard retrouva un éclat bien plus net quand il quitta ses démons intérieurs pour se poser sur Yeleen. La jeune fille était là, à l’observer avec inquiétude alors qu’elle essayait vainement de le pousser à la suivre. Se reconnectant avec le présent, Sean la plaça alors instantanément comme sa priorité absolue. Il la suivit en raffermissant sa prise sur sa main pour la dépasser rapidement. Son visage était aussi pâle que la lune – pleine – au-dessus de leur tête, mais les yeux posés sur son plus précieux trésor, il semblait retrouver un courage qu’il pensait perdu à jamais.

- Il est hors de question que je te laisse, lui souffla-t-il en l’entraînant à son tour derrière lui. La sensation de ses doigts contre les siens lui provoqua une chaleur qui lui parcourut tout le corps. C’était comme si un lien puissant les unissait, que rien ne parviendrait à rompre. Sean puisa dans cette force nouvelle qui explosait en lui pour lever as baguette, lançant non pas un mais trois patronus. Des chauve-souris, petites boules de lumière, s’élevèrent en s’éloignant à tire d’aile pour prévenir son oncle @Jameson Clearwater,  @Luke Korrigan, et enfin son cousin @Adil Mesli de ce qu’ils venaient d’apprendre. Meurtre d’un Dunn par un loup garou.

Les étudiants ne mirent pas longtemps à rejoindre les murs protecteurs du château, pressés par certains enseignants et préfets qui semblaient déjà au courant de la situation. Ils furent tous conviés à se rassembler dans la Grande Salle, par maisons et par années, pour vérifier rapidement qui pouvait manquer à l’appel. Mais Sean, fidèle à sa promesse, refusa de s’éloigner d’un pas de son amie autour de laquelle il passa un bras protecteur alors qu’ils se faufilaient parmi les étudiants. Rapidement, le Gryffondor chercha du regard @Apolline Dunn mais ne la trouva pas. Les battements de son cœur s’affolèrent, inquiet, alors qu’il tentait de se rassurer en se disant qu’au vue de la situation, elle devait être avec des professeurs. Son regard parcouru rapidement le reste de l’assemblée, identifiant ça et là ses différents cousins avant de se poser sur Yeleen, aussi crispée qu’essoufflée.

- Tu vas bien, lui demanda-t-il en la lâchant pour poser ses mains sur les joues brulantes de son amie.

Dans la précipitation qui régnait autour d'eux, la Serdaigle avait tenté de faire abstraction du visage soudainement si pâle mais au fur et à mesure qu'ils avançaient, Sean marchant bien plus vite qu'elle, elle ne put s'enlever cette image de l'esprit. Tout comme la mésaventure dans le train qui les avait mené à Poudlard à la rentrée, il suffisait qu'un détail pour que la panique danse dans le regard brun de son Gryffondor.
Mais au delà de tout, ce fut cette main dans la sienne qui lui donna la force de garder les pieds sur terre alors que ses pensées allaient et venaient vers Apolline. Le seul Dunn qui se trouvait à Pré-au-Lard était certainement son frère, cela ne pouvait être que lui, sachant @Alister Dunn à Poudlard pour la journée à réviser comme un digne membre de leur maison.

Puis il eut des mots qu'elle ne pensait pas entendre après tant de jours et d'heures passés loin de lui. Pour la première fois depuis leur séjour forcé au domaine des Clearwater, elle frissonna comme une feuille d'automne sous une promesse et des mots qu'elle espérait avoir bien entendu. Levant les yeux vers la silhouette de Sean qui l'entrainait sous son sillage, imperturbable et sa prise se raffermissant tout en se faisant étonnamment douce, Yeleen eut l'impression d'avancer dans un monde à part jusqu'à ce que son regard s'attarda sur les trois magnifique Patonus que Sean lui dévoila soudainement. A l'image de Dorsha - animal singulier dont elle n'avait jamais soupçonné que sa présence lui manquerait un jour - des chauves souris aux reflets argents et bleus volèrent avec grâce jusqu'au château de Poudlard, avertissant certainement qui de droit de ce qui était entrain de se passer. Timidement, Yeleen serra ses doigts entre les siens, marquée par cet enchantement qui montrait là tous le courage et la force d'esprit que Sean traversait pour les produire.

D'où tenait-il ce bonheur à cet instant là?

Même arrivée dans la Grande Salle, tandis que les préfets présents demandaient à ce qu'ils se classent par maison, Sean resta à ses cotés, non sans regarder si les autres élèves de leur promotion étaient là. Entre @Apolline Dunn, qui n'était déjà certainement plus à Poudlard avec des nouvelles qui couraient aussi vite, Yeleen espérait voir le visage familier d'@Adil Mesli ou même d'@Asel Misra avant de souhaiter, on ne sait comment que @Michel-Ange Grimm ne soit pas très loin de sa cousine à cet instant là.

Elle sursauta au moment où Sean posa ses mains sur ses joues, le regard tendre et intense en sa direction, qui la rendit confuse. Sean était là sous ses yeux, la touchait, lui parlait et cette simple attention était entrain de rendre ses genoux aussi mou que du coton. Comment faisait-il pour lui donner un tel souffle dans un tel moment?
Rougissante, elle tenta presque d'éviter son regard, sans savoir comment soutenir autant de sentiments et eut presque envie de se râcler la gorge, comme une étrange habitude. Allait-elle bien? Elle était pourtant incapable de répondre à cette question avec le Gryffondor à ses côtés.

"C'est plutôt à moi de te demander ça. Tes Patronus ... ils sont magnifiques." signa-t-elle dans la cohue autour d'eux. S'assoir à la table des Serdaigles n'était pas envisageable et Yeleen capta le regard d'@"Alistair Dunn" par chance au moment où elle s'installa à la table des Gryffondors pour la première fois depuis des semaines. La proximité soudaine avec Sean lui donnait de plus en plus chaud, une fièvre méconnue la rendait presque timide devant autant d'étudiants. Par instinct, elle ôta les mains de son visage pour continuer de les retenir du bout des doigts sur le banc.

Un sourire en coin perla sur ses lèvres, menant au loin la nervosité qui l'avait gagné au milieu de la foule. Logeant son regard dans celui de Sean un instant, elle ne put s'empêcher de voir le temps s'arrêter entre eux. Dans ces beaux yeux noirs, elle se retrouvait enfin. Elle irait bien s'il allait bien, c'était la seule certitude qu'elle avait à cet instant la. Pourtant, par réflexe après tant de jours à se brider et à se priver de ressentir pleinement tous ce qui l'animait lorsqu'elle voyait Sean, la Serdaigle se fit silencieuse, presque par peur de le voir repartir de nouveau à la moindre parole. Elle aurait tant aimé pouvoir se reposer un peu sur son épaule à cet instant, elle aurait tant aimé pouvoir l'embrasser ne serait-ce que sur le bout des lèvres.

Les sorties à Pré au lard venaient toutes d'être interrompu pour la journée et lorsque l'appel se termina, Yeleen se tourna vers Sean tandis que les étudiants regagnaient leur dortoir respectif. Au fond, elle n'avait pas envie d'être aussi vite séparé de lui et cherchait probablement le moyen de rattraper le temps perdu sans son meilleur jusque là.

"J'ai quelque chose pour toi... " l'attaque d'un loup garou, aussi proche des portes de Poudlard, lui donnait envie de remettre toutes ses forces à Sean qui devait affronter ces pires craintes prendre le goût amer de la réalité. "Est-ce que tu veux qu'on se retrouve dans la salle de lecture ?" proposa-t-elle non sans sentir ses oreilles chauffer. C'était probablement le seul endroit relativement désert et certainement le meilleur endroit pour lui remettre son cadeau d'anniversaire. "Je ne prendrais pas beaucoup de ton temps ..." souligna-t-elle rapidement pour ne pas lui faire croire qu'elle abuserait de son attention. Tirant une nouvelle fois sur les manches de son pull, Yeleen préférait encore y aller en douceur pour ne rien brusquer.

Pourtant un seul de ses regards lui suffisait pour retomber amoureuse de lui comme au premier jour. Elle ne pouvait le nier, Sean était son évidence depuis le premier jour où elle avait mis les pieds à Poudlard.

Yeleen parut soudain gênée, presque mal à l’aise sous son toucher. Sean sursauta à moitié, se rendant compte de son geste et baissa prestement ses mains. Il était paniqué certes, mais le jeune homme ne devait pas oublier l’état de leur relation et des sentiments de son amie. Voilà des semaines qu’il se tenait éloigné d’elle, observant de loin la douleur qu’elle camouflait derrière un masque de résignation. De quel droit se permettait-il à présent de la caresser aussi impunément comme s’il n’avait pas été le premier responsable de son malheur ?

Ne relevant pas son comportement insensé, Yeleen commenta les patronus que Sean avait pu si facilement produire. En fronçant les sourcils, le Gryffondor baissa le visage. Dans le feu de l’action, il n’y avait prêté aucune attention, mais de ce qu’il savait, c’était la première fois qu’il parvenait à réaliser de nouveau ce sortilège. Son animal totem avait évolué, se rapprochant de la forme de Dorcha - le petit animal que lui avait confié @Braxton Clearwater et qui avait facilité leur rapprochement au début de l’été. Ce nouveau lien créé avec son père, la volonté de protéger Yeleen, et la chaleur de la main dans la sienne avaient semble-t-il été suffisants pour lui permettre de dépasser son blocage.

Au fur et à mesure que l’appel se déroulait, les étudiants s’installaient aux tables de leurs maisons, et les deux amis se dirigèrent naturellement vers celle des lions, où ils avaient leurs habitudes. Si Sean restait muet, il remarqua pourtant sans difficulté la forme de légère raideur qu’adoptait Yeleen, lui interdisant de se laisser aller. Les rumeurs se répandaient rapidement autour d’eux, et il semblait à présent évident que la victime n’était autre qu’Ulysse Dunn. Sean ne lâchait pas la Serdaigle du regard d’un air inquiet.

La jeune sorcière venait d’apprendre la mort de son cousin, et là, au milieu de la foule, elle devait se forcer à se montrer forte sans se laisser aller à son malheur. Il eut la soudaine envie de la prendre dans ses bras, afin de la cacher de son corps aux yeux des autres et lui permettre de pleurer librement contre son épaule. Sa main cependant se contenta de tressauter vers elle sans pour autant l’atteindre, craignant de ne faire rien d’autre que la blesser d’avantage.

Mais loin du regard larmoyant qu’il s’imaginait, elle se tourna pour plonger son regard ardent dans le sien, le contemplant un moment avant de signer à son égard. A moitié hypnotisé, et son coeur s’emballant, Sean dû se faire violence pour se concentrer suffisamment afin de comprendre ce qu’elle voulait lui dire. Autour d’eux, les étudiants regagnaient peu à peu les dortoirs, et la jeune fille souhaitait confier quelque chose à Sean avant de s’accorder à son tour un peu de repos. Sean se leva brusquement alors qu’elle faisait de même.

- Je te l’ai dit, je ne te laisserai pas, se contenta-t-il de lui répondre en secouant la tête.

Il ignorait ce que Yeleen voulait lui donner, peut-être lui rendre certaines de ses affaires. Son cœur se serrait à cette idée, mais il n’était pas l’heure de verser dans le sentimentalisme. Sa priorité était de vérifier que Yeleen aille bien. Aussi, il lui fit comprendre qu’il l’accompagnerait jusqu’à son dortoir. Les couloirs étaient remplis d’étudiants nerveux et apeurés, et Sean dû se rapprocher de la jeune sorcière, vérifiant qu’elle ne se sente pas oppressée ou que ses forces ne l’abandonnent pas soudainement, tout en respectant une certaine distance pour ne pas la gêner. Arrivés devant la porte de a Salle Commune des aigles, Sean s’immobilisa devant Yeleen qui se tournait à moitié vers lui.

- Je t’attends là, lui indiqua-t-il en désignant le mur d’un signe de tête. Mais alors que Yeleen se tournait, il eut un geste en direction de sa manche pour l’effleurer.

- Yeleen je… déteste ce pull. Sean se figea, son regard passant sur le badge à moitié décroché du vêtement. Il n’avait plus aucun droit à ce genre de remarque. Je t’attends…

Avait-il repris conscience de ses gestes au moment où elle avait sursauté par leur soudaine proximité ? S'était-il rendu compte qu'il avait fait écroulé une partie du mur qu'il avait choisi d'ériger entre eux jusque là? Était-ce pour cela qu'il maintenait une distance à présent, comme s'il reculait de nouveau? Elle ne sentait plus sa main entre la sienne alors qu'il choisissait de l'accompagner jusqu'à sa tour, les étudiants se pressant de nouveau autour d'eux. Si les Dunn étaient épié à cet instant, beaucoup se tournait vers les membres de la famille pour d'avoir avidement ce qui avait pu se passer. Ces cousins et cousines se faisant soudainement assaillir de questions, Yeleen pressa le pas jusqu'à la tour des Serdaigles, observant un certain silence. D'après les dires du professeur Korrigan, Sean avait cherché à s'éloigner et repousser tous ses proches parce qu'il cachait une information capitale. Ce meurtre sans précédent en faisait-il parti? Ou était ce simplement l'évocation d'un lycan dans les parages qui changerait sa façon d'être?

Alors qu'il disait l'attendre en dehors de la tour, Yeleen se sentit retenue par sa main qui effleura son bras alors qu'il se répétait une nouvelle fois. Sean semblait imprévisible à cet instant et elle entoura son bras en retour pour le rassurer, se demandant si c'était ce qu'il attendait sur le moment. Elle se précipita à l'intérieur, croisant quelques élèves de la maison qui cherchaient à comprendre comment un loup garou pouvait approcher Poudlard après autant de proclamation du Ministère et elle en sortit l'écrin qu'elle avait acheté quelques semaines auparavant sans avoir le cran ni l'occasion de le lui donner jusque là. L'enroulant dans l'écharpe de Gryffondor qu'elle avait depuis l'an dernier, elle dévala les escaliers pour ressortir avec hâte, craignant dans un sens que Sean soit déjà parti. Pourtant il était là. Il était là comme si toutes ses semaines n'avaient jamais existé et de subtiles papillons avaient éclos au moment même où elle rencontra de nouveau ses iris. S'approchant doucement de lui, elle lui tendit le paquet qu'il pouvait aisément défaire de son écharpe s'il le souhaitait.

"Ce n'est pas grand chose mais ça pourra probablement te servir un jour. Je voulais que tu puisses avoir un petit plus pour ta nouvelle baguette." signa-t-elle avant de passer ses mains dans ses mèches rebelles pour les caler derrière l'oreille.

L'écrin était en bois gravé par la manufacture Grimm, @Michel-Ange Grimm ne saurait se retenir de sautiller s'il savait que ses amis reconnaissaient allègrement le savoir faire de sa famille. C'était un simple accessoire qui ne servait, qu'en apparence, à agrémenter le manche d'une baguette magique, dont elle avait réussi à avoir les mensurations exactes pour que le manchon puisse se fixer sur le bois sans jamais s'en déloger. Mais le petit plus, était qu'il était en argent, une petite dague dans la même matière fixée sur le dessus et facilement rétractable à l'instar d'un grand couteau suisse.

"Et j'en profite pour te rendre ton écharpe, il commence à faire froid." surtout si Sean allait à présent devoir faire des allées retours lui aussi au Ministère, elle préférait encore qu'il regagne les affaires qu'il lui avait prêter au fil du temps. Pourtant, cela lui écorchait les doigts de se dire qu'elle devrait probablement lui rendre également ce pull qu'elle avait gardé depuis le mois d'Avril, sans oser s'en séparer même durant l'été. Si elle avait pris toutes ses affaires en partant du domaine des Clearwater cet été, elle s'était bien rendue compte qu'elle avait gardé des affaires à Sean sans le vouloir, par simple besoin d'avoir une présence résiduelle, à défaut d'avoir sa chaleur. Mais égoïstement, elle n'était pas encore prête. Lui rendre ses affaires signifiaient beaucoup trop encore, bien plus que la simple ombre de Ryan qui planait au dessus de Sean.

"Joyeux anniversaire Sean." teinté d'un sourire en coin, la Serdaigle ne put s'empêcher de sentir mal, à l'idée de n'avoir  pu être présente le jour de son anniversaire. Bien qu'elle avait passé sa semaine chez @Iris Faux-Orpin, elle n'avait cessé de se demander si elle pouvait lui écrire pour l'occasion, sans se sentir de trop ou totalement à coté de la plaque. Ils n'étaient plus ensemble, encore moins amis mais c'était un présent qui lui servirait peut-être, surtout s'il se préparait à une confrontation. Elle lui avait proposé de se retrouver à l'issu de ce combat mais rien ne l'empêchait de le soutenir entre temps.

"Tu n'es pas obligé de le garder, je comprendrais." ajouta-t-elle précipitamment en se rendant compte qu'il n'attendait probablement pas ce genre de chose de sa part. Dans la hâte, elle décrocha totalement le badge de son collègue qu'elle fourra dans la poche de son pantalon. Elle ne voulait pas se bercer d'illusions à cet instant, Sean avait probablement besoin de temps pour accepter que sa famille et ses amis soient là pour lui. Adil en premier lieu d'ailleurs.

Alors que les préfets demandaient à tous les étudiants de regagner leur dortoir, Yeleen leva les yeux vers le Gryffondor, sans avoir la moindre envie de le voir lui tourner le dos de nouveau. Pourtant, elle le retenue une dernière fois, se demandant s'il accepterait de la prévenir une fois rentré dans sa tour qui était malgré tout de l'autre coté du chateau.

"Tu m'écris quand tu rentres?" demanda-t-elle en posant quelques signes timides, les joues légèrement roses par une habitude qu'elle lui demandait de reprendre après des semaines sans nouvelles.

Posté contre le mur de la tour des Serdaigles, Sean avait croisé les bras en baissant le visage. Les étudiants passaient devant lui, lui jetant parfois des œillades interloquées - mais l’étudiant ne leur accordait aucune attention. Ses pensées volaient vers Pré-au-Lard où un étudiant venait de perdre brutalement la vie. Des frissons de sueur froide parcouraient le jeune homme quand il se rendait compte à quel point le danger les avait frôlés. Dès qu’il aurait le temps, il enverrait un courrier à son père dans l’espoir d’en savoir plus de sa part. S’agissait-il de Ryan ? Son kidnappeur était-il finalement revenu, abattant ses cartes au grand jour ? Sean songea aux membres de sa famille, les passant rapidement en revue pour vérifier qu’ils soient tous en sécurité. @Adil Mesli avait-il reçu son patronus ? Choisirait-il de revenir à Poudlard, même s’il continuait à refuser d’approcher son cousin ?

Mais Yeleen parut de nouveau devant lui, des mèches folles encadrant son visage, prouvant qu’elle avait fait au plus vite. Sean baissa les yeux sur l’écharpe qu’elle tenait entre les mains et il eut soudain envie de tourner les talons. Son amie voulait réellement lui rendre ses affaires, et faire disparaître ainsi les dernières traces de l’intimité qu’ils avaient partagé. Mais en tendant les mains pour recevoir le vêtement, le Gryffondor sentit un objet dur caché dans ses replis. Défaisant avec surprise le paquet improvisé, il découvrit une petite boîte en bois marquée de la manufacture Grimm. Sean releva le nez vers son amie alors qu’elle signait nerveusement quelque chose à propos de sa baguette.

Le Clearwater se figea un instant de surprise avant de baisser les yeux sur le présent. Car c’en était un. Yeleen voulait tout simplement lui donner son cadeau d’anniversaire. Un flot d'émotions envahit l’étudiant qui eut du mal à se contenir alors qu’il ouvrait l’écrin, dévoilant un magnifique manchon en argent à fixer au bout de sa baguette. Ce dernier permettait de dévoiler une lame - en argent elle aussi - par le biais d’un subtile mécanisme. Sean jeta un regard ébranlé à son amie, puis se hâta de sortir sa baguette pour y insérer la bague qui se fixa parfaitement à son manche. L’étudiant soupesa le poids - très léger - de cet ajout, faisant tourner sa baguette entre ses doigts, et fixa de nouveau la Serdaigle qui continuait à signer.

Elle lui expliquait à présent vouloir lui rendre son écharpe, et Sean serra la laine tricotée fermement, lisant son souhait d’anniversaire à travers ses signes. Les premiers qu’il avait d’ailleurs appris à ses côtés, afin de lui demander sa propre date de naissance. Le souvenir de leur premier tête-à-tête près du lac faisait douloureusement écho à cet instant, alors qu’il n’avait jamais été tant fasciné et attiré par la jeune femme tout en ne pouvant se permettre de le lui dévoiler. Mais Yeleen poursuivait, lui indiquant qu’il n’était pas dans l’obligation de conserver son cadeau s’il ne le souhaitait pas. Sean lui attrapa prestement le poignet pour l’arrêter dans son geste.

- Merci Yeleen. Ça me touche beaucoup…

Il eut un sourire dans lequel il cachait bien mal l’ampleur de la tristesse qui s’était emparée de lui. Son regard glissa de nouveau vers sa baguette, sans qu’il ne lâche pour autant le poignet de son amie. Une lame en argent. Offerte le soir-même du meurtre d’un loup garou. Le destin leur jouait décidément bien des tours… Mais par cette attention, Yeleen lui prouvait encore une fois sa confiance, lui apportant tout son soutien dans le combat qu’il avait entrepris de mener. Sa main glissa de son poignet jusqu’au dos de sa main qu’il caressa pour appuyer son remerciement.

La lâchant à contre-coeur alors que les préfets cherchaient à rabattre les étudiants dans leurs dortoirs, Sean rangea l’écrin dans l’une de ses poches, se retrouvant avec son écharpe dans les mains sans qu’il ne sache quoi en faire. Lui-même conservait précieusement l’écharpe de Yeleen dans ses affaires, et il n’avait aucune intention de la lui rendre. Aussi, il passa la laine rouge de sa maison autour du cou de son amie, la faisant volontairement pendre par-dessus cet informe pull trop grand qu’elle avait enfilé.

- C’était un cadeau, lui souffla-t-il, sa voix perdant soudain en intensité alors qu’il dégageait de l’écharpe l’un de ses mèches de cheveux emprisonnée. Garde-la… Ou fais-en ce que tu veux…

Un des préfets leur intima de rejoindre leur maison respective, et Yeleen fut sur le point de s’éloigner, lui demandant s’il pouvait lui écrire quand il regagnerait sa propre chambre. Sean hocha la tête, brusquement angoissé à l’idée de la voir s’éloigner de lui. Le Gryffondor voulait s’assurer que son amie allait vraiment bien. Ils n’avaient pas eu le temps de parler. La salle de lecture leur aurait permis un échange un peu plus intime, mais les patrouilles des préfets leur interdisaient à présent tout changement de programme. Des envies se bousculaient en lui: la retenir par le bras, l’enlacer, et trouver le moyen de la garder auprès de lui jusqu’au matin. Mais il se contenta de reculer d’un pas pour la libérer de l’obligation de sa présence et lui permettre d’aller se reposer.

En réalité, Sean patienta un long moment après que Yeleen ait disparu à travers la porte de sa maison, le regard droit devant lui, comme s’il avait le pouvoir de s’assurer que rien de mal ne franchirait ce pas. Il fut cependant obligé de regagner ses propres quartiers sous peine de prendre une sanction de la part d’un préfet. Regagnant sa chambre, il tint sa promesse en envoyant un mot à son amie avant de sortir de nouveau sa baguette pour examiner son présent sous tous ses angles. Ses yeux se relevèrent pour fixer les murs de la chambre - vide - avant de se pencher pour attraper l’écharpe de Yeleen dans ses affaires. Le jeune homme la posa contre son visage alors qu’il s’affalait sur son lit. L’écharpe plaquée contre son nez, Sean respira l’odeur encore légèrement présente de son amie alors que la laine épongeait les discrètes larmes qui s’échappaient de ses yeux.