White rabbit (Aram)

Il souffla au moment où il vit les marques d’Amy disparaitre du dos de sa main, son cousin acceptant en maugréant de la soigner alors qu’il luttait pour ne pas regarder en face le mal qu’il était entrain de faire à Amy à chaque essai. Il n’osait lever le regard sur la jeune femme qui ne semblait nullement atteinte par cette rune qui les liait alors que Zoran n’avait qu’une envie, celle de s’en défaire pour mieux la préserver.

Serrant les dents à la remarque du tzigane qui pointait du doigt l’inefficacité des agents du Ministère, il se retenu de lui dire en face qu’il n’aurait qu’un mot à souffler à @"Braxton Clearwater” pour qu’il se fasse embarquer jusqu'à la frontière. Cependant, il devait avouer qu’Aram était un sorcier doté d’une puissance suffisante pour soigner Amy et les guider dans cette rune mal enclenchée pour qu’elle ne puisse leur faire du mal sur la durée. Pourtant, l’envie de lui en décocher une revenait à la charge à chaque fois qu’il croisait son regard et ce n'était que par égard envers sa cousine qu’il s’en privait.

Mais alors qu’il tournait son attention vers Amy, la question d’Aram lui fit plié la plume en deux alors que son sang commençait doucement à bouillir. Pour qui se prenait-il? L’envie de lui balancer le verre à la gueule se fit encore plus pressante mais ce fut le regard d’Amy envers lui qui le déstabilisa encore plus. Elle attendait sa réponse, comme s’il avait ce pouvoir de décider pour elle et cette notion l’effraya soudainement.

Se sentait-elle enfermé dans un piège à ses cotés? L’inconscience avait-elle pris le dessus pour qu’elle ne se rende à peine compte qu’elle perdait son caractère avec lui? Il l’avait connu fougueuse et spontanée, sans avoir besoin de l’autorisation de quiconque pour être libre de ses mouvements et de ses bêtises. Alors pourquoi lui demandait-elle d’un regard cette permission?

"Ne me regarde pas comme ça, tu sais réfléchir par toi même."

Très sèchement et sans prêter attention au sifflement de l’arménien, Zoran détourna son regard de la jeune femme et se leva de la table. Il était resté assis bien trop longtemps et ses mains le démangeaient bien trop pour rester encore inactif de cette manière. Les doutes reprenaient de nouveau le dessus alors qu’il poussait la table, faisant tomber son verre qui se fracassa par terre. Il aurait certainement deux mots à deux à Aram une fois qu’il aurait éloigné Amy de lui, cette proposition était loin de lui convenir. Très loin de lui convenir.

"Tu sais quoi, vas-y."

Déboutonnant le haut de sa chemise, Zoran en fit de même sur les manches pour les relever avec soin. C'était de toute manière soit ça, soit il embarquait le tzigane ailleurs tellement il commençait à rager contre sa propre situation dans laquelle il avait embarqué Amy. Il aurait mieux fait de continuer de la repousser plutôt que de se retrouver coincer dans une telle situation. Si elle partait, il savait qu’elle l’oublierait assez facilement pour se recentrer sur elle, sur sa famille, celle qu’elle avait toujours eu avant qu’il n’arrive pour tout faire exploser.

Parce qu’au fond il le savait, elle était bien plus heureuse sans lui.

"Mais avant, je vais avoir deux mots avec ton cousin."

Amy n’était pas peu fière de la manière dont elle avait supporté l’effort. Après tout, la douleur était endurable. Ce n’était presque rien en comparaison du visage renfermé et de plus en plus défait de Zoran alors qu’il avait apparemment du mal à rompre le lien qui les unissait. Pour être tout-à-fait honnête, Amy en était secrètement ravie. Pour elle, c’était la preuve tangible de leur amour qui était plus fort que tout. La jeune sorcière était même très heureuse de se dire que grâce à elle, Zoran n’aurait plus jamais mal. Et si elle éprouvait quelques inquiétudes vis-à-vis de cette situation, ces dernières étaient bien vite balayées quand les pupilles bleu ciel du sorcier se posaient sur elle.

Lorsque l’exercice pris fin, Aram la guérit en un clin d’œil et Amy retrouva le sourire en pensant que le plus dur était à présent passé. Mais quand son cousin lui proposa de le rejoindre dans son pays natal, et qu’elle tourna le visage vers Zoran pour recueillir son avis, l’étudiante compris rapidement qu’elle s’était plantée sur toute la ligne. Le Croate la rabroua brutalement en lui signifiant de prendre elle-même ses décisions. La jeune fille ouvrit de grands yeux peinés, alors que la confiance totale qu’elle éprouvait pour le sorcier commençait déjà à s’émietter.

En l’absence de ses parents, Amy savait qu’elle devait se reposer sur son cousin concernant toutes les questions qui la dépassaient. Mais Zoran ne l’aimait pas, et ce détail d’importance comptait beaucoup pour elle, la poussant à réfléchir à deux fois aux propositions du tzigane. Mais si Zoran l’abandonnait à son tour, comment pourrait-elle y voir clair ? Le Croate n’avait que faire de sa déception et il se leva en poussant violemment la table, faisant tomber son verre qui s’éclata au sol en faisant sursauter la jeune fille. A présent, il la poussait à accepter, alors qu’il relevait ses manches, prêt à en découdre avec Aram qui affichait un sourire mauvais en l’observant.

- Oh mais j’y crois pas, s’exclama la jeune fille outrée en se relevant vivement. Je rêve ou vous comptez vous battre ?

Elle s’approcha de Zoran en pointant un doigt accusateur sur sa poitrine.

- T’es au courant qu’il ne peut pas riposter, ou alors c’est moi qu’il risque de mettre k-o ? Elle se tourna vers son cousin en le fixant également de son doigt tendu. Et toi ? Ça te fait rire de te moquer de notre malheur ? Oui notre malheur, oui…

Agacée, elle s’éloigna d’eux deux avant de se tourner pour leur faire face en croisant les bras.

- J’ai bien compris que cette rune ne t’enchantait pas du tout Zoran, même si moi je l’aime bien. Mais je vais vous rappeler quelque chose d’important : c’est moi qui prends tous les risques dans l’histoire. Alors je vais remettre les baies sur les ifs… A partir de maintenant, je refuse de faire quoi que ce soit que vous m’ordonnez, sauf si vous êtes gentils avec moi, et aussi entre vous ! Maintenant vous m’avez énervé, et déçue, alors je m’en vais ! Et vous avisez pas de me retrouver tant que vous vous serez pas calmés !

Espérant clore avec grâce ce coup d’éclat, elle transplana sur le champ avec le manque de talent qui la caractérisait. Evidemment, elle rata complètement l’effet escompté en se plantant complètement de destination et en se désartibulant le bras comme il lui arrivait souvent de faire quand elle ne se concentrait pas assez. C'était cependant toujours aussi douloureux pour son corps, comme pour son amour propre.

Une sourde colère était entrain de le prendre aux trippes alors qu’il était fin prêt à laisser sortir tous ce qu’il contenait depuis des semaines. Pendant un instant, il se demanda comment il avait fait pour tenir depuis le départ de son père, assumant famille, dette et scolarité sans même flancher un seul instant. Mais ce ne fut qu’en entendant la voix d’Amy s'élever à coté qu’il se rendit compte qu’il n'était contenté de se jeter à bras le corps dans toutes les mauvaises directions possibles pour s’en sortir. Pourtant Amy, dans toute sa splendeur, était entrain de les ramener à la raison et surtout lui.

Aram avait beau être désagréable, Zoran n'était clairement pas non plus entrain de l’inviter à diner. Les deux hommes avaient un caractère peut-être similaire à bien des égards, cette volonté farouche de vouloir protéger sa famille et ses intérêts. Mais ce que Zoran n’avait pas prévu était qu’Amy fasse parti de sa cette vie, qu’il soit là entrain de vouloir expier ses fautes par dessus chaque baiser, tout en en provoquant d’autres, comme un cercle vicieux. Il avait diablement envie de provoquer le cousin tzigane pour lui montrer qu’il était intouchable. S’il savait qu’il avait été le petit ami de sa cher et tendre Lucy la cafteuse, savait-il tout ce que cela avait impliqué? Oh il rêvait de lui demander s’il avait pu remarqué à quel point elle était sensible lorsqu’on touchait son grain de beauté, niché sur sa taille. Il en rêvait juste pour le voir se contenir de toutes ses forces parce qu'il pouvait faire du mal à sa propre cousine.

Mais Zoran était intouchable seulement parce qu’Amy était là.

Et le regard déçu de la jeune femme l’arrêta dans ces gestes comme dans ces pensées. Parce qu’elle semblait aussi voir leur lien comme un malheur finalement, le même dont Aram pouvait en rire mais tout autant empoigné le col de sa chemise comme il l’avait fait. Mais alors qu’elle tempêta devant eux avant de filer dans un craquement bien plus sonore que prévu, Zoran tourna son attention vers Aram, fronçant les sourcils et se contenant à son tour de lui envoyer son poing dans la figure.

"J’ai pas l’intention de me calmer avec toi. Tu te proposes de vouloir la faire sortir de Poudlard alors que c’est là où elle est le plus en sécurité." siffla-t-il entre ses dents en sortant une petite poupée d’argile de sa poche. Il avait bien compris que le merdeux de fils de fer d’Aram avait tenté de s’approcher d’elle d’ailleurs, au vu des fils qu’elle avait réussi à coincer entre les dents, certainement pour se protéger. Mais c'était là la poupée qui lui permettait de suivre Amy à la trace, quelques gouttes de son sang prélevé tout près de chez elle chez celle qui avait été Imperiumiser par Thanatos pour l’atteindre. "J’aurais pas le temps de courir derrière tes conneries s’il lui arrive quoi que ce soit."

Il rageait de nouveau, par cette colère induite par une perte de contrôle. Parce qu’au final, c’était bien ça qui l’emmerdait, il avait de plus en plus l’impression de n'être qu’un pion baladé de mauvaises décisions en mauvaises actes. Passant sa main sur ce qui était la main de la poupée, il se rendit compte qu’Amy n'était nullement arrivé dans la boutique sécurisée en Croatie mais bien ailleurs. Fronçant les sourcils et sortant son miroir à double sens, il le tapota pour voir ou entendre quoi que ce soit qui aurait pu lui permettre de comprendre comment la jeune femme allait. Rangeant le tout immédiatement, il tourna le dos à Aram, vidant le seul verre encore plein qui se trouvait sur la table en une seule traite.

"Contente toi de sauver ta princesse, je m’occupe de la mienne."

Et il transplana à la suite d’Amy sans demander son dû. Aram pouvait s’estimer heureux d’avoir encore son nez en place après ce qu’il venait de demander à sa cousine.