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Late visit [ Ft Oskana ]

Nathanael E. Pierce
Mangouste

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Nathanael E. Pierce
   
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Late visit

@Oskana Erskine  & Nathanael



 «In the morning there is meaning, in the evening there is feeling.»
Gertrude Stein 



Nathanael n'avait pas besoin que son cadet le lui rappelle, pour savoir que son monde de vie n'avait absolument rien de sain. Tous les deux s'étaient jetés à corps perdu dans leurs deux voies, l'un à l'hôpital et l'autre en voyant à travers le monde, mais au moins le dernier s'accordait-il quelques pauses bien méritées, entre deux expéditions. Ethan avait beau être passionné, il n'était pas aussi têtu que son aîné et avait appris, sans doute à force de voir Nathanael se tuer à la tâche, jour après jour.

Cependant, aussi têtu qu'il puisse être, le Pierce se rappelait des moments où Eva lui indiquait qu'il n'avait qu'une seule vie et que s'il se tuait à la tâche il ne serait en mesure d'aider personne d'autre. C'était bien le seul souvenir qui l'aidait, lorsqu'il était temps de lever le pied, comme aujourd'hui. Le médicomage avait enchaîné des horaires de dingue, plusieurs journées de suite, et il aurait sans doute continué une journée de plus si, en passant la porte de sa maison, après s'être assis sur son canapé, ses jambes n'eurent tout simplement pas la force de l'aider à se relever. Il resta donc là, pendant ce qui lui sembla être une éternité, jusqu'à ce que enfin il ait la force de se redresser de lui-même pour aller s'écrouler dans son lit. Si cela n'était pas un signe qu'il devait y aller mollo, que lui faudrait-il d'autre ?

Après avoir prévenu – non sans une certaine forme de regret – qu'il ne serait pas présent au travail le lendemain, Nathanael s'écroula et dormit pendant une bonne dizaine d'heures. Mais que faire une fois réveillé ? Vêtu d'un pantalon noir et d'une chemise grise seyante, le Pierce passa rapidement à l'hôpital pour récupérer sa commande spéciale de potions pour l'une de ses patientes qui passerait les récupérer plus tard, chez lui, avant de retourner chez lui et...faire un peu de ménage. Oui, il ne savait pas comment se reposer ! Après avoir tout rangé de fond en comble, vérifié les potions récupérées, et s'être posé pour lire un livre, au coin du feu, l'astre solaire avait déjà commencé à laisser sa place à son jumeau lunaire.

Alors que le ciel s'emplissait d'étoiles, Nathanael avait assis dans son fauteuil, sur la terrasse qui donnait sur son modeste jardin, à l'arrière de sa propriété, là où il était sûr de ne pas être dérangé. Pendant un instant il resta là, le regard perdu dans les étoiles, à se demander pourquoi il ne s'autorisait pas plus de belles soirées comme celle-ci. Pourquoi ? Parce qu'il était trop entêté, et qu'ill était convaincu de n'avoir de place dans ce monde que s'il se rendait utile. Un combat perdu d'avance, il le savait bien, mais trop profondément ancré dans son esprit pour qu'il puisse l'en extirper, malgré ses nombreux efforts.

Alors, ce soir-là, après avoir retroussé ses manches et avait senti le silence envahir le jardin, le regard de l'homme s'abaissa pour venir s'arrêter sur une forme familière et noire, celle d'un instrument à corde qu'il n'avait pas sorti depuis...Poudlard ? C'était un souvenir d'une vie passée, une vie qui lui semblait étrangère. Un instrument sur lequel il faisait courir ses doigts lorsque le moment était doux, lorsque son esprit était apaisé et il ne l'avait malheureusement pas été depuis très longtemps. Mais ce soir, noyé dans la lueur des étoiles, il se sentait prêt à essayer, prêt à renouer avec cette mélodie qui naissait de ses doigts. Dans un soupir, il s'avoua à lui-même :

« Hum. Après tout, pourquoi pas... »

La musique était vecteur d'émotions, un langage universel, un langage qu'il ne s'était pas autorisé à parler depuis très longtemps car tous ses souvenirs n'étaient pas bons à partager. Mais ce soir il était seul, avec personne pour l'espionner alors, l'espace d'un instant, il laissa tomber le masque et, tendant la main, appelle la guitare jusqu'à lui. La sensation était encore familière, même après toutes années. Fermant les yeux, embrassant le moment, le guérisseur releva la tête et laissa son regard se perdre à nouveau dans les étoiles, alors qu'il laissait ses doigts créer cette mélodie qui serait le reflet de son esprit.

Lui, les étoiles et la musique. Rien d'autre n'avait d'importance. Il était bien, il était serein.

Il était lui-même




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Late visit
Sortir avait été une expérience qui laissa la jeune louve dubitative. En soit, cela n’avait pas été aussi horrible qu’elle le pensait, mais clairement pas aussi bien qu’elle l’aurait voulu. Elle se sentait clairement en sécurité sur le domaine, mais elle se sentait aussi à l’étroit. Et cela, elle ne l’avait compris que durant la nuit, à ressasser sa sortie, en luttant comme elle pouvait contre les premiers symptômes de la lune qui arrivait. Voir des gens ne lui avait pas manqué, pas quand il y avait cette terreur sous-jacente à chaque pas qu’elle faisait. Mais cette sensation de liberté qui l’avait grisée une fois rentrée était si intense qu’elle sentait qu’elle pourrait finir en accord avec le monstre en elle sur ce point.

Elle avait besoin de plus. De plus que de simplement rester l’effrayée. Elle n’était pas si faible que ce qu’on lui avait reproché, bien qu’elle ne soit pas si puissante que ce à quoi on s’attendait de sa part. Cette nuit, elle avait peu dormi, esquissant sur ses feuilles volantes cette liberté qu’elle frôlait du bout des doigts, mais qu’elle n’osait pas encore prendre à bras-le-corps. Elle ne savait pas ce qui lui manquait pour réussir à passer outre sa peur… Son traumatisme. Car il fallait qu’elle mette les mots sur ce qui la hantait. Ses yeux s’étaient fermés lorsqu’elle l’avait clairement réalisé, retenant un flot de larmes que ses bourreaux ne méritaient pas. Elle leur accorda une seule chose : elle devait s’endurcir. Elle ne pouvait rester cette chose fragile que leurs coups et leurs mots avaient fait d’elle. Seulement, comment faire ? Comment changer sans personne pour la remodeler ? D’ailleurs, était-ce seulement une bonne chose que de vouloir qu’une tierce personne le fasse ? Ne risquait-elle pas de retomber dans ce cercle interminable duquel Glenn l’avait extraite ? Glenn… Elle s’était alors relevée brutalement de sa chaise, comprenant soudainement qui pouvait l’aider. Il l’avait sauvée et avait toujours respecté cette distance qu’elle mettait avec autrui. C’était à elle de briser la première brique de ce mur qu’elle avait érigé. À elle d’attraper cette main tendue et de faire enfin confiance aux Yard, d’étouffer cette peur de la trahison de…

Elle soupira, regardant le bout de papier qu’elle tenait dans sa main. C’était bien beau tout cela, mais c’était bien plus difficile à mettre en place. Elle avait passé une partie de la journée à chercher comment faire, et à part commencer par lui écrire une lettre, la brune ne voyait pas comment s’y prendre autrement. Marchant dans la pénombre qui s’installait paresseusement, elle leva le nez pour s’assurer qu’elle ne se perdait pas, fronçant un peu le nez, car cela lui semblait étrange qu’une clinique puisse être par ici. Enfin, il avait dit que c’était son adresse. Son adresse de bureau non… ? Plus elle avançait et plus elle comprenait que non, lui avait donné l’adresse de son domicile. Par Merlin, mais… Elle ferma les yeux en s’arrêtant devant une belle maison – trop grande pour un homme seul, mais peut-être était-il marié ? – et hésita. Longuement. Ce furent quelques notes qui lui firent rouvrir les yeux. Son ouïe, plus développée à cause de cette malédiction qui la rongeait, avait perçu quelques accords venant de l’arrière de la maison. En fouillant les alentours du regard, elle vit un petit bois qui semblait passer derrière. Elle n’hésita pas vraiment avant de s’enfoncer dedans, se servant de ses oreilles pour trouver d’où venait cette musique. Elle faillit se perdre une ou deux fois avant d’arriver en lisière de bois, quoi qu’encore cachée, pour observer.

Qu’elle ne fut pas sa surprise de découvrir son cher médecin, comme elle ne l’aurait jamais imaginé. Avait-il oublié qu’elle devait venir ? Peut-être devrait-elle tourner les talons pour ne pas le déranger. En fait, non, c’est exactement ce qu’elle devait faire. Mais ce son était doux, apaisant d’une certaine façon. Alors elle fit la seule chose qui lui vint en tête : sortir son carnet à croquis et esquisser le médecin jouant ainsi. Il était bel homme, elle l’avait déjà remarqué la veille, mais le découvrir sous cet angle, comme si rien au monde ne pouvait couper ce lien qu’il semblait établir avec le son qu’il créait, cela se révélait être magnifique. Autant la musique que la scène. Se laissant bercer, elle fit quelques pas de plus, pour mieux le voir, mieux capter les reflets des derniers éclats de lumière sur son visage, ne se rendant pas compte qu’elle devenait visible, même pour lui.

Oskana avait toujours aimé dessiner. Oh, elle n’était pas une artiste, car elle butait toujours quand il fallait passer de l’esquisse au dessin final. Il y avait toujours quelque chose qui ne lui plaisait pas, un manque de réalisme qui lui donnait cette sensation de bâclage. De fait, elle essayait toujours de s’arrêter avant d’être déçue par son œuvre. Et ce soir, force était de constater qu’elle arrivait à donner plus de détails que d’ordinaire. Était-ce la musique qui l’aidait ? Peut-être. Ne dit-on pas qu’une forme d’art pouvait en guider une autre ? Sans vraiment s’en apercevoir, elle se mit à fredonner les mêmes notes, avec un temps de retard, comme si elle voulait l’imprimer inconsciemment dans son esprit. C’était beau, quoi qu’un peu mélancolique sur les bords, mais avec une certaine… Vie ? Oui. Ou tout du moins, c’est ce qu’elle percevait, quant à savoir si c’était ce qu’il cherchait à exprimer… Elle ne comptait clairement pas le lui demander.

Se laissant totalement aller, laissant son sac se poser sur le sol pour mieux s’accroupir, son carnet sur les genoux alors qu’elle levait le nez temps à autre, la brune ne vit pas le temps passer. Ce ne fut que lorsqu’elle fouilla dans son sec, à la recherche d’une gomme, qu’elle se rendit que la musique s’était tue. Elle leva alors son visage, pour rencontrer le regard sombre du médicomage. Elle arrêta de respirer, ne bougeant plus, restant de longues secondes ainsi, perdu dans ce regard lointain avant qu’elle n’esquisse un sourire penaud.

- Bonsoir, Docteur…


PrettyGirl


Nathanael E. Pierce
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@Oskana Erskine  & Nathanael



 «In the morning there is meaning, in the evening there is feeling.»
Gertrude Stein 



Nathanael se rappelait encore aujourd'hui d'une question à laquelle il n'avait pas su répondre : qu'est-ce que cela signifiait d'être vivant ? Était-ce simplement un état physique, un cœur battant et un cerveau fonctionnel ? Était-ce la capacité d'un individu à se mouvoir, à ressentir des émotions ? Était-ce la capacité à partager ces émotions avec autrui ? Cette question, c'était son épouse qui la lui avait posé la première fois, pour le pousser à trouver la réponse...ou tout du moins sa propre version de la réponse.
Le scientifique en lui avançant qu'il suffisait d'avoir un cœur qui battait pour être vivant, mais l'autre partie de son cerveau avançant que son propre cœur battait...et pourtant il n'avait définitivement pas l'impression d'être vivant, pas depuis un bon moment. Il avait cette étrange impression d'être un observateur externe, un spectateur de sa propre vie et de voir cette dernière défiler devant lui, sans qu'il n'ait aucune emprise, aucun contrôle dessus. Lui qui avait passé à contrôler la vie des autres semblait avoir perdu toute maîtrise sur la sienne...n'était-ce pas là, la définition de l'ironie  du sort ?

En d'autres circonstances n'importe qui se serait tourné vers amis ou famille pour réconfort et réponses mais...ce n'était pas le genre de Nathanael. Une partie de sa famille ne lui parlait plus, pour l'être il ne pouvait être que fort et ses amis...trop peu nombreux ou trop occupés à son goût. Et même si cela n'avait pas été le cas...même à Ellie il hésita à parler de ses sombres pensées.

Il ne trouverait pas de remède à sa mélancolie. Pas ce soir en tout cas mais, pour l'heure, ce qu'il pouvait faire c'était de laisser ses doigts danser sur cette guitare, et de laisser son esprit se faire emporter par cette mélodie naissante. Il se fichait pas mal que cela sonne triste ou mélancolique, car ce n'était que le reflet de ses pensées, de ces mots qui ne voulaient pas sortir de sa bouche alors, à la place, il transforma ses mots en musique, pendant plusieurs minutes.
Laissant son sombre regard se perdre dans l'étendue étoilée au-dessus de lui, Nathanael laissa tomber le masque à mesure que ses doigts courraient sur les cordes de sa guitare. Ici il n'était plus un médecin,  plus un veuf, plus un frère, plus une déception. Ici il n'était plus que lui, simplement lui, juste lui et il n'avait envie d'être personne d'autre de toute façon. Il était bien conscient que son sérieux pouvait mettre bien des barrières, et que personne ne pourrait l'imaginer mélomane et pourtant...pourtant Eva avait ouvert bien des portes que le Pierce s'était refusé à fermer, même après son décès, comme si chaque porte était un souvenir d'elle.

Si c'était pour elle qu'il avait attrapé une guitare, la première fois, aujourd'hui il le faisait pour lui et lui seulement, car il ne pouvait plus se permettre de vivre dans le passé. Sa vie s'était arrêtée depuis le décès de Eva, parce qu'il craignait de refaire sa vie, il craignait d'aller de l'avant sans elle, comme si le fait de rester là, immobile, gardait sa femme vivante dans un coin de son esprit. Mais elle ne l'était pas, elle ne l'était plus et, aussi cliché que cela soit, elle n'aurait pas voulu le voir ainsi. Elle avait été la première à le secouer quand ses sombres pensées revenaient, la première à l'aider...elle n'aurait pas aimé voir ce qu'il était devenu, aujourd'hui.
Il voulait aller mieux, il voulait avancer mais il ne savait pas comment. Ethan lui aurait dit de sortir dans un bar pour rencontrer d'autres personnes, mais il ne se sentait pas encore prêt. Devrait-il en parler à Ellie ? Elle aurait des idées. La Yard n'était peut-être pas au courant des blessures infligées par son géniteur, mais elle savait pour Eva, peut-être saurait-elle ce dont le Pierce avait besoin. Qu'avait-il à risquer, de toute façon ? Il n'avait plus grand chose à perdre.

Emporté par sa musique, Nathan finit par rouvrir les yeux et, si son regard s'aventura autour d'une forme, à la périphérie de son champ de vision, il retourna rapidement à sa musique, jusqu'à ce que ses doigts ne jouent les toutes dernières notes. Enfin, la guitare dans sa main gauche, le regard du médicomage retourna vers la forme notée un peu plus temps...la forme de celle qui était sa patiente. Avait-elle sonné, sans qu'il n'ait réussi à l'entendre ? Cela ne serait pas la première fois. La guitare toujours dans sa main gauche, Nathan quitta son siège et, s'avançant vers la demoiselle, brisa le silence d'un :

« Bonsoir, mademoiselle Erskine. Vous savez que vous pouviez aussi sonner, non ? »

Se penchant vers elle, il lui tendit une main amicale afin de l'aider à se relever, avant qu'il ne note le carnet qu'elle tenait entre ses mains. Artiste à ses heures perdues ? Curieux comme toujours, il demanda :

« Oh vous dessinez ? »

Il ouvrit la bouche pour demander si elle voulait lui montrer des dessins, avant de comprendre quel avait été le sujet de ses croquis. Il décida donc de se raviser, et de laisser le temps à sa patiente de rassembler ses affaires. Après tout elle était là pour récupérer des potions, inutiles de la faire attendre plus que nécessaire. L'invitant à le suivre d'un simplement mouvement de tête, il expliqua :

« Vous aurez assez de potions pour tenir pour cette pleine lune, sans problème. Je vais en préparer d'autres à l'avance, pour la prochaine. Vous n'aurez juste qu'à me dire si vous préférez les récupérer ici ou à l'hôpital. »

S'avançant vers la porte coulissante qui menait vers l'intérieur de la maison, Nathan se figea un instant. Il voulait tellement expédier cette discussion, pour ne pas déranger la demoiselle plus longtemps, qu'il en oubliait les règles élémentaires de politesse. Se tournant vers elle, il se corrigea d'un :

« J'en oublie mes manières, excusez-moi. Comment allez-vous, aujourd'hui ? »




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Late Visit

La brune ne s'était pas attendue à trouver son nouveau médecin ainsi, emporté par une musique dont lui seul avait la signification. Ce n'était pas déplaisant, mais cela avait quelque chose d'assez intrusif. Sentiment qui ne vint qu'après coup, lorsqu'elle fut découverte. Son cœur s'était emballée et elle avait baissé la tête bien rapidement, ne sachant que faire. Devait-elle s'excuser ? Prendre la fuite de peur qu'un coup ne parte à son encontre ? Elle ne saurait dire resta figée sur place quelques secondes qui lui parurent des heures. Ce ne fut que le bruit de pas s'approchant qui la firent relever son nez vers cet homme qui pourrait peut-être la sauver.

Homme qui dégageait une odeur terriblement tentante, éveillant en elle cette sensation qu'elle exécrait alors que ces envies lubriques la reprenaient. À croire que le tue-loup ingéré le matin-même perdait en effet. C'était bien le moment tien. Ne pouvant décemment pas le regarder comme un vulgaire bout de viande sur lequel Oska s'apprêtait à sauter, elle reporta son regard vers ses dessins et le rouge lui monta aux joues tandis que la voix du Docteur s'éleva. Par Merlin, qu'elle avait honte. D'avoir agi ainsi, de ressentir cela et de...? D'exister. En cet instant, elle rêvait d'être une souris pour aller de cacher dans le trou le plus sombre qu'elle trouverait.

- Je suis navrée... J'ai été piquée par la curiosité en en... Entendant la musique, alors je l'ai suivie...

Et elle ne mentait, sa curiosité, celle qui la caractérisait plus jeune, ne l'avait jamais quitté. Cependant, il était rare désormais qu'elle se laisse guider par celle-ci. De peur. Peur de tout. Oh, elle espérait bien se défaire de ce sentiment poisseux qui l'engloutissait chaque jour un peu plus, mais elle savait que ce serait un long chemin avant de pouvoir affronter le monde la tête haute. Qui sait ? Peut-être qu'un jour, elle serait capable de luter contre ceux qui l'avaient presque brisée, et de leur lancer ce même regard rempli d'un dédain ironique puant.

-Oh vous dessinez ?

- À mes heures perdues, oui... Je... Je suis sincèrement désolée de ne pas... De ne pas vous avoir demandé la permission. Je...

Sa tête brune se secoua de gauche à droite, incapable de terminer cette phrase sans mourir de honte. Avec hâte, elle fourra le tout dans son sac et se redressa, osant une œillade à cet homme qui avait un regard si calme. Cette fois encore, nulle trace de peur ou de dégoût. Ni dans son attitude, ni dans son odeur. N'avait-il donc vraiment pas peur d'elle...? Mais c'était impossible, n'est-ce pas ? Le ministère lui-même voyant en elle un monstre qu'il fallait surveiller plutôt qu'une jeune femme en détresse. Comprenant alors qu'il l'invitait à le suivre, Oskana emboita le pas à Nathanael, profitant d'être quelques pas derrière lui pour l'observer plus en détail. La chemise légère qu'il portait permis la louve de suivre les mouvements de ses muscles sous le tissu, l'hypnotisant. De plus, elle était littéralement presque inondée par son odeur et ne se vit même pas lever la main, s'apprêtant à suivre le tracé de son corps à travers le vêtement. Ce fut une nouvelle fois sa voix qui la ramena à la réalité, la faisant rougir comme une tomate.

Baissant alors la main comme si elle allait se brûler, elle se fustigea mentalement d'être une telle idiote. Voilà pourquoi elle ne voulait pas sortir. Elle était déjà très sensible lorsqu'elle sentait l'odeur des mâles du domaine, qu'elle était obligée de s'enfermer dans sa chambre pour ne pas leur sauter dessus, et voilà qu'elle avait la bonne idée de venir seule chez un sorcier inconnu pour récupérer des potions. Elle aurait dû se faire livrer ! Mais même ça s'était impossible. N'aurait-elle pas dû supplier @Glenn Yard de venir les chercher à sa place ?! Il était largement assez puissant pour la remettre à sa place si elle ne se tenait plus et lui faisait du rentre-dedans. Ce pauvre devant elle pourrait finir en encas de minuit pour la louve, et il ne s'en doutait même pas ! Par Merlin, quel enfer de vivre avec une telle malédiction qui l'affectait ainsi. Se changer en vulgaire animal plein de poil était déjà assez humiliant, mais être en plus trop sensibles à certaines pulsions... C'était carrément immonde !

- Je verrais avec mes proches, si cela ne vous dérange pas... Je... Je ne pourrais pas revenir. Pas la veille d'une pleine lune, c'est trop dangereux.

Oska avait parlé si vite, qu'elle entendait son cœur battre dans ses oreilles, le souffle court car elle n'avait même pas prit la peine de respirer. Qu'elle minable elle faisait. Baissant un peu plus la tête, elle attendit que les remarques tombent. Elle attendit les rires sinistres qui les accompagnaient toujours. Cependant... Rien. Ni ricanement glaçant, ni remarque acerbe. Rien. Pas même un coup. C'était... Perturbant, d'une certaine manière. Elle avait appris, à force de vivre chez les Yard, que ce n'était pas un comportement commun, mais lorsqu'elle était face à quelqu'un qu'elle ne connaissait pas, la brune s'attendait toujours à ce que cela n'arrive.

Le bruit discret d'une porte s'ouvrant lui fit vivement relever le nez, inquiète. À son grand soulagement, ce n'était le médecin qui avait ouvert. Elle s'arrêta à quelques pas, afin de bien signifier qu'elle ne comptait pas entrer : ce n'était pas chez elle, hors de question d'envahir cet espace. De plus, il y avait une seconde odeur, plus ténu, qui émanait de la maison, preuve que le médecin ne vivait pas seul. Hors de question que sa... Non, son partenaire ne le voit en compagnie de quelqu'un d'autre chez eux. Elle-même ne serait sans doute pas du genre à apprécier ce genre de comportement venant d'un partenaire si elle en avait un. Et si elle avait le courage nécessaire pour bien faire comprendre ses limites, mais c'était une autre histoire.

- J'en oublie mes manières, excusez-moi. Comment allez-vous, aujourd'hui ?

Clignant des yeux, un peu prise au dépourvu par cette question, la sorcière ouvrit la bouche et la referma, non sans froncer un peu ses sourcils sous la réflexion. Devait-elle être honnête ? Le bon sens dirait que oui, car il était médecin et qu'il était de son devoir de s'enquérir de la santé de ses patients. Mais sa fichue timidité n'était pas certaine de s’en remettre s'il venait à lui demander des détails qu'elle n'était pas prête à donner. Elle en avait déjà trop dit la veille. Portant son pouce à ses lèvres, elle en mâchouilla l'ongle avant de finalement hausser les épaules.

- La... La pleine lune est demain soir.... Les... Symptômes empirent... On peut difficilement dire que je vais bien. Et vous ?

Prenant une grande inspiration - discrète malgré tout - elle releva ses yeux océan vers lui, s'intéressant vraiment à son état. Sa musique de plus tôt était si mélancolique, si... Elle ne saurait dire, mais il avait quelque chose qui s'était éveillée en elle malgré tout, comme une certaine compassion pour cet homme dont elle faisait presque la taille. Puis, elle se rappela ce qu'elle avait mit dans son sac avant de partir, et farfouilla dedans pour en sortir une petite bourse en tissu, arborant autrefois des fées, et la tendit au médicomage.

- Je... je ne savais pas à combien cela s'... S'élèverait, alors si ce n'est pas assez, je vous apporterais le reste plus tard...

Ce n'étant pas grand-chose, mais Glenn payait bien, alors qu'elle avait le gîte et le couvert en plus. Ce petit plus lui permettait de payer ses fournitures de dessins, des vêtements ou encore, comme maintenant, les potions du médecin. Car quoi que l'on puisse en penser, les ingrédients ne tombaient pas du ciel. Elle n'avait peut-être pas pu faire d'études supérieures, mais elle n'était pas totalement naïve concernant le fonctionnement de ce monde. Mira s'en était assurée. À cette pensée, le cœur de la brune se serra. Sa mère de cœur lui manquait...






Nathanael E. Pierce
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La plupart des médicomages traçaient une ligne nette entre la sphère professionnelle et la sphère privée. Beaucoup ne faisaient pas plus que le nécessaire, laissant leur casquette de guérisseur derrière eux, une fois passées les portes de Ste-Mangouste. Pour Nathanael, en raison de son passé tumultueux, ce dernier avait toujours eu des difficultés à mettre des limites, des barrières à sa capacité à vouloir aider et soigner. Aider était qui il était, même dans une autre vie il aura it quand même terminé médicomage, ce qui expliquait sans doute qu'il allait bien au-delà de son devoir – et de ses horaires de travail – pour aider quand il le pouvait. Il aurait même pu proposer ses services, comme volontaire, auprès de quelques organisations humanitaires, s'il avait pu étendre sa journée de quelques heures de plus.

Cette maison n'avait jamais été son foyer, simplement un endroit où il pouvait fermer les yeux. Un avenir aurait dû se dessiner entre ces murs. Des rires d'enfant auraient dû se faire entendre, dans chacune des chambres à l'étage, mais la vie avait décidé d'arracher cet avenir des mains du Pierce. Cette famille, il ne l'aurait pas. Ce bonheur, il en serait dépourvu, alors pourquoi tracer une limite ? Pourquoi aménager une maison où il ne se sentait pas chez lui ? Il y avait donc accueilli son frère, y accueillait parmi certains amis proches et patients, mais cela s'arrêterait là. Cette maison n'était pas son foyer, mais un simple lieu de repos où, ce soir, il se permit de décompresser quelque peu, sans jamais baisser totalement sa garde.

Enfin c'était le plan. Il s'était laissé perdre dans sa musique et pendant un instant, un très court instant, il oublia qu'il attendait quelqu'un. Jusqu'à ce que cette personne ne se présente à lui, en tout cas, d'une façon assez...originale. Elle semblait confuse et, si Nathan s'attendait à l'entendre plutôt frapper à la porte, il n'était pourtant pas homme à fustiger une personne pour si peu. Balayer ces propos d'un revers de la main, il précisa :

« Il n'y a aucun problème, mademoiselle. C'est plutôt à moi de m'excuser. J'ai quelque peu...perdu la notion du temps. »

Et c'était peu de le dire mais, heureusement, la musique était terminée et il pouvait essayer de se reconcentrer sur le moment présent. Essayer, c'était bien le mot. Curieux de savoir que sa patiente dessinait, il balaya la tête de droite à gauche, lorsqu'elle commença à s'excuser de l'avoir dessiné, sans son accord. D'autres se seraient formalisé d'une intrusion mais, même si Nathan n'était pas le plus artistique de tous, il tint à rassurer la demoiselle d'un :

« Aucune excuse n'est nécessaire, vraiment. Certes, vous n'avez pas choisi le meilleur modèle, mais qui suis-je pour brider votre inspiration ? »

Plongeant à présent dans le vif du sujet, conscient du temps de préparation de ces fameuses potions, Nathan savait qu'il allait devoir s'y prendre à l'avance pour en avoir suffisamment et, surtout, pour ne pas être pris au dépourvu si une urgence venait à lui tomber sur les bras. Prêt et préparé, comme d'habitude, il avait déjà en tête la liste des ingrédients, le matériel nécessaire ainsi que le temps de préparation requis. Heureusement il n'aurait pas à le faire lui-même, des personnes à Ste-Mangouste étaient justement payées pour le faire. Cependant, pour la récupération des potions, semblait semblait être assez compliqué et, voyant que la demoiselle se pressait à lui répondre, Nathan leva légèrement la main, pour l'inviter à ralentir et lui dire que tout irait bien, vocalisant :

« Si vous préférez que nous vous les fassions livrer, chez vous, cela peut aussi s'arranger. Loin de moi l'idée de vous presser. Prenez le temps qu'il faut, pour choisir ce qui vous met le plus à l'aise. Votre situation ne doit déjà pas être facile à vivre, je n'ai aucune envie d'en rajouter à votre stress.  »


Il avait senti que la demoiselle était stressée, lors de leur première consultation, mais il n'avait pas su dire si cela venait de sa propre personnalité, de sa condition ou d'un mélange des deux. Ce fut donc ainsi qu'il vint s'enquérir de l'état de sa patiente et, comme il en doutait, elle devait lutter pour maintenir ses émotions et pulsions sous contrôle. A quel point cela devait-il être fatiguant, de ne pas pouvoir ainsi baisser sa garde ? Triste pour la demoiselle, il avoua :

« Je ne peux qu'imaginer à quel point contrôler ces pulsions doit être difficile, épuisant même. Vous avez mon respect et mon admiration, pour ce que cela vaut... »

Ponctuant sa phrase d'un sourire, comme pour y mettre un terme ou pour confirmer à demi-mot qu'il allait bien, Nathanael n'osa pas vocaliser de réponse quant à sa propre situation car elle était...compliquée. Ce sourire-là était moins franc que d'habitude, plus discret, plus ténu car il n'était teinté d'aucune once d'honnêteté. Ce sourire-là était d'apparence. Ce sourire-là était un masque qu'il portait par réflexe, même si ce soir porter ce masquer s'avérait plus difficile, plus épuisant.
Faisant coulisser la porte arrière, il s'arrêta au moment où la demoiselle lui tendit le paiement pour les potions. C'était bien la partie qu'il aimait le moins car, s'il avait pu le faire, il n'aurait fait payer aucun de ses patients. Soupesant discrètement la bourse alors qu'elle se logeait au cœur de sa main, le Pierce hocha la tête, avançant :

« C'est gentil d'y avoir pensé. Je vais aller vous chercher vos potions, je n'en ai que pour un instant. »

Levant les yeux vers le ciel, réalisant que celui-ci commençait déjà à se couvrir de sombres nuages, Nathan avait vécu ici assez longtemps pour savoir ce que cela signifiait. Soupirant, il se tourna et fit venir à lui sa guitare, d'un simple accio utilisé sans sa baguette, avant d'inviter la demoiselle à le suivre, d'un :

« Rentrez, rentrez. Le temps se couvre, je ne voudrais pas que vous restiez sous la pluie quand elle va se décider à tomber. »

Sa condition n'était déjà pas simple, autant essayer de ne pas ajouter un rhume à la liste. La décoration intérieure de cette maison était assez sobre, boisée sans être trop chargé. Il y faisait bon vivre et, du coin de l'oeil, Oskana pourrait repérer qu'un feu crépitait dans la cheminée au fond du salon. Impeccablement bien rangée, cette maison était gérée de main de maître par un homme habitué à la propreté clinique de ses salles d'opération. Se dirigea tout doucement vers la gauche, en direction du couloir où il pourrait trouver son bureau et les potions qui y étaient entreposées, l'homme demanda à sa patiente :

« Je vous sers quelque chose ? Eau, thé, café ? Quelque chose de plus fort ?  »


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