Maestria Botanika

16 octobre 23
Conservatoire d'Oxfordham

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AESTRIA
BOTANIKA

C'était la plus étrange des choses que de venir travailler là, dans ce petit hameau médiéval en lisière de la grande Oxford. Là où quelques semaines plus tôt les rues animées grouillaient de vie des petites heures du matin jusqu'aux dernières heures de l'après-midi, il n'y avait plus que les feuilles d'automne pour folâtrer sous la caresse du vent. Les rues étaient désertes. Les maisons éperdues de solitude, prisonnières de leurs murs couleur du temps et dénudés de vie. Oxfordham avait fait taire son impressionnant marché naturaliste sous l'injonction implacable de l'Ordonnance Internationale. Ne restait plus que ce petit îlot hors du temps, le Conservatoire de Botanique, qui, sous l'égide bienveillante du très respectable Bacchus Moonflower, s'était vu octroyer des passe-droits pour que les précieuses études se poursuivent. Mais il y avait eu un prix à tout cela.

Comme tous les matins, ce matin-là, Ana avait présenté sa baguette à l'agent en charge de la surveillance du réseau. Elle avait toujours eu horreur des voyages par le biais du réseau de cheminette et la perte de sa main de baguette n'avait rien fait pour lui rendre ce genre de trajets plus agréables. Son pas, décidé, se posa de l'autre côté de l'âtre, sous la grande verrière où s'ébattaient joyeusement une myriade de piments oiseaux de feu, à plusieurs mètres au-dessus de sa tête. Là, un autre agent cintré dans l'uniforme sinistre des sbires du Conseil Sorcier International, la salua d'une espèce de signe de tête avant de recommencer la même minutieuse inspection. L'extension mécanique qui lui tenait lieu de bras faisait toujours l'objet d'une attention particulière, pour le plus grand déplaisir de la jeune femme qui ne se faisait décidément pas à cette prothèse. L'inspection terminée, la jeune directrice de recherche se dirigea vers Le Grand Odéon. Comme bon nombre de ses collègues, elle ne comptait pas passer à côté de la venue d' @Amaranth Mapleleaf, oratrice de qualité qu'elle avait déjà manquée au Symposium Sanitas de Septembre.

« Un sujet qui aurait quelques raisons de tutoyer les vôtres n'est-ce pas ? »

La voix de Brienne MoonFlower la cueillit avant même qu'elle n'ait pu prendre place. La gracieuse fille du doyen tenait le Conservatoire d'une main juste et avisée. Elle avait été la première à reprendre contact avant la fin de l'été pour proposer à Ana le poste sur mesure qu'elle occupait aujourd'hui et qui lui donnait tout loisir d'étudier sa plante, comme il se murmurait dans les couloirs. Elle n'en était pas assez loin dans ses recherches pour s'enorgueillir de lui avoir donné un nom.

« J'en conviens. La création et l'aliénation me paraissent étrangement familières... », reconnut Ana, invitant d'un regard Lady Moonflower à assister à cette conférence en sa compagnie.

Sous sa longue demi-cape prune, Miss Souvorv jouait de ses doigts artificiels, cherchant comme toujours cette sensation de vivant qui ne viendrait plus. Dans l'intervalle, l'Odéon s'était rempli. Les silhouettes noires du CSI s'escamotant ici et là quand toute l'attention se portait au centre de l'auditoire.

C'était un matin presque tout à fait ordinaire au Conservatoire de Botanique d'Oxfordham.

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16 OCTOBRE 23
CONSERVATOIRE D'OXFORDHAM*
Feat @Ana Souvorov

Le Conservatoire de Botanique d'Oxfordham était un endroit empreint de magie et de savoir, niché au cœur de ce hameau médiéval figé dans le temps. Le bâtiment principal, une structure élégante faite de pierre blanchie à la chaux, se dressait majestueusement parmi les ruelles étroites et les bâtiments historiques de la ville. Sa façade était ornée d'une vigne magique aux feuilles chatoyantes qui changeaient de couleur en fonction des saisons, offrant ainsi un spectacle visuel en perpétuelle évolution.

Lorsque l'on pénétrait dans la bâtisse on était accueilli par une symphonie d'arômes botaniques, un mélange enivrant de parfums floraux provenant des nombreuses plantes magiques qui peuplaient les serres. La lumière naturelle inondait l'intérieur grâce à une grande verrière qui s'étendait au-dessus du hall principal. Des puits de lumière supplémentaires étaient dispersés stratégiquement dans tout l'espace, créant une ambiance chaleureuse et accueillante.

L'institution abritait une collection impressionnante de plantes magiques provenant des quatre coins du monde sorcier. Des serres spéciales étaient dédiées à chaque type de plante, offrant ainsi des environnements parfaitement adaptés à leurs besoins. On y trouvait des serres tropicales, des serres désertiques, des serres humides, et bien d'autres encore, chacune abritant des spécimens uniques et rares.

Le Grand Odéon, où se déroulait la conférence, était une salle magnifique située au cœur du Conservatoire. Ses murs étaient décorés de fresques représentant la diversité botanique du monde magique. De grandes fenêtres en arc laissaient filtrer la lumière naturelle et offraient une vue sur les jardins luxuriants du Conservatoire.

Des sièges confortables étaient disposés en rangées devant l'estrade, où se tiendrait la conférence. Seule la présence des agents du ministère venait entacher cette matinée de rencontres scientifiques.

"L'Algostrophe Maculatum : Pont entre la Magie et les Afflictions Mentales"

L'ancienne professeur avait récemment exploré une nouvelle application fascinante de son Algostrophe Maculatum, une plante magique hybride résultant de la fusion entre le Dictame et la Ciguë. Cette découverte révolutionnaire promet de bouleverser la compréhension des maladies psychologiques d'origine moldue, ou non et offre un espoir pour ceux qui en souffrent. Bien entendue, elle tairait l'origine et les circonstances de sa découverte. Puisqu'elle l'avait utilisé sur elle, sans en avertir la communauté scientifique ni même ses proches.

Le concept clé de cette nouvelle thématique est l'utilisation de l'Algostrophe Maculatum pour faciliter une forme d'introspection profonde, de transe ou d'hypnose contrôlée. Cette méthode permettrait d'isoler les différentes aliénations ou traumatismes psychologiques qui affligent un individu et, potentiellement, de les extraire de son psyché. Bien que cette approche soit encore à l'étude et loin d'être parfaitement maîtrisée, elle offre un aperçu passionnant des liens entre la magie et la psyché humaine.

Cependant, il est important de noter que cette approche est encore expérimentale et qu'elle comporte des risques potentiels.

C'est ce qui était inscrit dans ses notes. Un dernier coup d'oeil à sa main gauche bandée et astucieusement cachée par sa longue manche. Elle soupira de nervosité, trouvant le courage qu'il lui était nécessaire pour franchir cette nouvelle étape dans son travail. Tous ses derniers mois rythmés par ses crises, et ses blessures avaient permis cette découverte. Son affliction, son autre, Morri, était là pour une raison. Et enfin, Amaranth pouvait enfin penser que c'était pour faire avancer la communauté scientifique. Son affliction deviendrait bientôt une source d'inspiration. Tout n'était pas gagné, mais l'horizon se faisait moins orageux pensa t elle.

Elle réajusta son chignon élégant, et entra sur l'estrade avec un sourire presque naturel. La conférence pouvait commencer.

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Conservatoire d'Oxfordham

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@Amaranth Mapleleaf & @Ana Souvorov

Sans vraiment prêter attention à ses lieux qu'elle avait fréquentés depuis l'enfance, Ana s'apprêtait à prendre place sur les gradins de l'odéon, taillés à même la roche pour être sûr que personne ne s'endormirait, s'était amusé Bacchus Moonflower un jour où, adolescente, elle s'était risquée à poser la question. Il était vrai que l'Odéon faisait partie des curiosités du Conservatoire en ce qu'il ne s'intégrait pas vraiment au reste, avec ses allures de vestiges romains, protégé par un dôme magique mais livré au spectacle des météores cléments du ciel oxfordien. Le fondateur des lieux avait littéralement élevé la pierre brute au milieu de ses luxuriants jardins, toujours dans l'idée de ne jamais s'éloigner de son domaine d'étude. Un petit cousin de velours la surpris. Lady Moonflower lui accorda un petit sourire compréhensif. Cela faisait partie des petites attentions qu'on adressait à Ana depuis qu'elle avait perdu sa main de baguette. Remerciant d'un pâle sourire, la jeune femme tira une longue plume à papote de son havre-sac et un rouleau de parchemin en cent soixante. Elle n'entendait pas prendre le verbatim de ce qui se dirait mais pour autant, elle entendait en retenir l'essentiel tout en s'attendant à ce qu'il y ait tout de même un peu de matière.

Le programme lui passa sous le nez une nouvelle fois. Ana le saisit au vol, étonnée de ce bon réflexe de sa main gauche. Elle l'avait déjà lu quoique le nom de Mapleleaf eut été suffisant pour justifier sa présence. En refaire rapidement le tour lui permettrait sans doute d'avoir une écoute plus perspicace et puis, cela lui permettrait de survoler l'attente avant le début de la plénière. Justement, Amaranth Mapleleaf ne tarda pas à faire son apparition au centre de l'Odéon et, comme Ana s'y était attendu, un silence fervent s'installa dans l'auditoire. Studieuse elle aussi, la jeune femme replia le programme, dardant de ses yeux bleus l'oratrice dont tous attendaient la révélation.

De prime abord, la jeune anglaise ne put que se faire cette remarque, la sorcière était drapée dans une dignité qui correspondait parfaitement à ce qu'elle s'était imaginée d'elle jusque-là. Pour Ana c'était plutôt une bonne chose. Elle avait toujours du mal à prêter son attention aux orateurs qui misaient sur une espèce de mise en scène forcée, le pire étant encore ceux qui jouaient la carte de l'humour désopilant ou de la vulgarisation à outrance. Par chance, l'oratrice du jour ne semblait pas faire partie de ceux-là.

Dans l'assemblée, un impatient se portait déjà volontaire pour une question. Quels risques précisément ?

« Intéressante question à laquelle elle aurait probablement répondu avec cinq minutes de patience supplémentaires. », glissa la jeune Souvorov à sa voisine de droite, sur le ton de l'amusement.

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Feat @Ana Souvorov

Amaranth Mapleleaf avait captivé l'audience de l'Odéon avec ses paroles, décrivant la nouvelle manière d'utiliser sa création, l'Algostrophe Maculatum, pour explorer les affections mentales moldues et potentiellement les guérir. Cependant, comme c'était souvent le cas dans le monde de la recherche magique, il y avait toujours des risques à considérer, et un sorcier dans l'assemblée avait soulevé la question cruciale.

L'ancienne enseignante feignit un sourire charmant tout en élevant un sourcil, montrant ainsi qu'elle était prête à répondre à cette préoccupation légitime.

"Les risques sont grands, Monsieur", commença-t-elle, sa voix empreinte d'une autorité rassurante. "Celui d'une mauvaise dose pourrait conduire le patient à demeurer dans son inconscient, ne jamais retrouver un esprit sain et cohérent. Dans le cas où la plante est utilisée pour permettre une guérison, un coma est envisageable."

Les mots d'Amaranth résonnèrent dans la salle, soulignant l'importance cruciale de l'administration précise de l'Algostrophe Maculatum. Les risques étaient bien réels, et il fallait faire preuve d'une extrême prudence lors de l'utilisation de cette plante magique hybride.

Elle continua, offrant des éclaircissements sur les propriétés particulières de la plante. "Il s'agit également d'une plante qui réagit à la nature même de la blessure. Un doigt coupé : une phalange peut être reconstituée, du moins dans une apparence partielle. Ses propriétés particulières ont été ajoutées par ma propre magie. Cependant, si le tangible est presque similaire, l'intérieur peut faire défaut. Elle doit être associée à un traitement de fond."

La sorcière marqua une pause, posant son regard orage sur l'assemblée, avant de reprendre son explication.

Si l'hybridation d'une plante est un procédé unique, complexe et révolutionnaire, il est également difficile à appréhender. Et le contexte, l'individu et ses capacités sont à prendre en compte dans l'utilisation de sa création. La plante.. peut être une extension du sorcier, elle fait presque partie de lui. Et leur essence peut être.. parasitaire. Il faut donc, répliquer naturellement la plante jusqu'à obtenir une souche stable.

Ainsi, Amaranth mettait en garde contre une utilisation inconsidérée de l'Algostrophe Maculatum et insistait sur l'importance de l'approche holistique de la guérison. Sa réponse était à la fois informative et préventive, rappelant aux chercheurs présents que la magie, même lorsqu'elle était utilisée à des fins bénéfiques, comportait toujours des défis et des dangers potentiels.

L'agitation de sa main s'éveilla, des tremblements infimes qu'elle cacha dans le fait de tenir ses fiches de discours. Il y avait des mots déclencheurs de son mal, et cela elle n'y pouvait rien. Elle reporta son attention sur le sorcier curieux, en lui demandant si elle avait répondu à sa question.

Réponse satisfaisante, elle poursuivit sa conférence.

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@Amaranth Mapleleaf & @Ana Souvorov

Si elle avait d'abord désapprouvé l'intervention cavalière, Ana ne put que se satisfaire de la réponse circonstanciée que la lectrice y apporta. Exhaustive et étrangement percutante pour son propre cas. Tandis que le silence se posait sur l'assistance comme un suaire presque étouffant, la jeune femme jouait distraitement de ses doigts de chair sur l'alliage grossier de son avant-bras mécamagique. Dans son cas, et dans son état d'esprit actuel, elle ne trouvait rien qu'elle regretterait trop fort d'avoir perdu. Aussi son appréciation des risques était elle fortement biaisée. Lady Moonflower ne manqua pas de relever le petit air momentanément absent de son amie. Elle eut la délicatesse de détourner le regard. Mieux valait se focaliser sur leur prestigieuse invitée que de faire montre d'une compassion qui aurait pu être plus dégradante qu'elle ne l'aurait voulu.

« Avez-vous pu expérimenter vous-même de tels défauts ? Si tel est le cas, c'est un sujet qui mériterait d'être creusé avec nos confrères médicomages. »

Toujours le même ostrogoth mal au fait des convenances.

La question suscita cette fois un petit soulèvement poli dans l'auditoire et une autre sorcière se leva, prête à débattre l'idée :

« Je serais curieuse tout de même de savoir dans quel cas nous trouverions une application qui n'ait pas déjà sa solution dans l'arsenal des sortilèges et potions qui sont déjà pratiqués en cas d'amputation. »

Et d'autres d'appuyer cet argument percutant. Ana, elle, ne bronchait pas, visualisant pourtant parfaitement bien le genre de réponse qu'elle aurait pu faire à ce contre-argument. C'était un sujet sur lequel elle était encore trop à fleur de peau. Elle avait sous estimé largement l'impact psychologique de quatre amputations successives et infructueuses, auxquelles elle avait toujours assistée en pleine conscience. Si la première avait été la seule à s'être fait dans la douleur, les autres n'en avaient pas moins été traumatisantes.

D'une légère pression de la main Lady Moonflower l'enjoignait de faire la sourde oreille, mais le débat autour d'eux bourdonnait comme un ensemble de musiciens sans aucun sens de la mesure. Finalement quelqu'un eut l'indélicatesse de brandir son propre cas à elle à titre d'exemple. Cela suffit à faire bondir Miss Souvorov.

« Je vous remercie Lord Woodcroft pour cette mention, si cela peut couper court à un débat oiseux. Il y a en effet à mon sens, des cas similaires au mien pour lesquels l'hybridation pourrait apporter des solutions, qui restent à expérimenter. Mais je pense que nous devrions laissez Amaranth Mapleleaf aller au bout de son intervention. Je ne doute pas qu'elle aura des exemples autrement plus factuels sur les applications de sa découverte et les expérimentations qu'elle a pu mener jusqu'alors. »

Elle se rassit, très digne dans son attitude. Le ton ferme et posé avec lequel elle avait ramené le calme malgré son jeune âge n'était pas sans rappeler les interventions de sa propre mère dans ce même Odéon du Conservatoire.

La conférence reprit, plus studieuse que jamais. D'autres questions se firent entendre, plus pertinentes et moins belliqueuses. Il fallait dire que tous ici, même les plus virulents, étaient passionnés par le sujet. Ana, elle, ne pouvait que convenir que l'intervenante mettait les mots sur des sujets qui ne lui étaient que par trop familiers. Et tout comme elle essayait de ne pas trop penser à son propre sujet d'étude, qui illustrait à la perfection l'idée d'une symbiose entre le sorcier et la plante, si catastrophique puisse-t-elle être, sa plume grattait frénétiquement le papier, ne comptant pas les mots.

Au bout de trois heures d'échanges nourris, la conférence s'acheva sur un apéritif dînatoire, sous l'oeil très satisfait de Bacchus Moonflower. Le doyen et fondateur des lieux s'était empressé d'aller cueillir Amaranth, concluant par un mot d'éloge très poétique, comme il en avait l'habitude. Bon vivant, il n'avait pas manqué ensuite de faire en sorte qu'ils soient servis les premiers et, justement, comme sa fille Brienne venait dans leur direction, il engloutissait un petit four aux baies de lune. Un autre sorcier le sollicitait plus loin et il s'escamota poliment.

« Amaranth : votre allocution était d'une richesse ! C'était fantastique ! et ces opportunités pour le futur... Vraiment, c'était une magnifique intervention. »

Elle saisit au passage une coupe de pétillant léger.

« J'aimerai vous présenter quelqu'un. Une jeune femme avec qui vous aurez probablement de nombreux sujets de rapprochement, je l'espère. Ana ? », fit-elle comme elle voyait justement la jeune femme à proximité, « Je vous présente Ana Souvorov, notre toute jeune Directrice de Recherche. »
« Mrs Mapleleaf, je suis tout à fait honorée. La conférence était brillamment menée, extrêmement instructive. Nous recevons rarement des orateurs aussi diserts, je dois dire. Je n'ai eu qu'à regretter qu'on vous ait trop souvent interrompue. », reconnut la jeune anglaise, sa demie cape noire escamotant la disgracieuse absence de son avant bras droit lui donnait quelque chose d'un peu guindé, à moins que ce ne fut simplement le naturel.

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Amaranth était reconnaissante pour les mots d'encouragement et de louange du doyen Bacchus Moonflower. La conférence avait été un succès, malgré quelques interruptions et objections, et elle était heureuse de constater que son discours avait été bien accueilli.

Mais la démonstration terminée, Amaranth ne pouvait dissimuler une légère tension. Elle était plus à l'aise lorsqu'elle était sur scène, présentant ses recherches et répondant aux questions du public. En dehors de cet environnement familier, elle se montrait plus réservée et prudente, consciente de l'importance de chaque mot qu'elle prononçait.

Bien qu'elle reste aimable et attentive à la conversation, Amaranth n'était pas aussi loquace qu'elle pouvait l'être lors de sa conférence. Elle préférait offrir des sourires polis à chaque nouvelle rencontre, tendant son autre main à la surprise de certains invités.

Le doyen entre deux petits fours gourmands, l'introduit à une sorcière dont le patronyme ne lui était pas familier.

"Souvorov," prononça-t-elle lentement, essayant de se rappeler si elle avait déjà croisé ce nom dans ses lectures ou ses recherches. "La plus jeune Directrice de recherche de cette institution. Je suis honorée de faire votre connaissance, Mlle Souvorov. Votre réputation vous précède."

Amaranth inclina légèrement la tête en signe de salutation, montrant son respect pour la jeune Directrice de Recherche. Elle appréciait toujours l'opportunité de rencontrer d'autres chercheurs, en particulier ceux qui étaient réputés pour leur expertise.

"C'est un véritable plaisir," dit-elle avec politesse. "Je ne peux que vous remercier pour vos mots. Les interruptions sont le risque d'une conférence," ajouta-t-elle avec un sourire. "Bien que je préfère m'assurer des connaissances de mon interlocuteur pour pratiquer l'art subtil du débat, il est important de partager le savoir... Dans une certaine mesure. Toute vérité n'est pas bonne à scander au premier venu."

Elle observa brièvement la salle de réception, notant les conversations animées qui avaient lieu autour d'eux. Les événements sociaux de ce genre étaient souvent des lieux de discussion et d'échange d'idées, mais il fallait être prudent avec les informations sensibles.

"La recherche de la vérité peut avoir des conséquences plus dangereuses que ce que l'on pense," ajouta-t-elle, baissant légèrement la voix pour un peu plus de confidentialité. "J'ai beaucoup entendu parler de vos talents," dit-elle avec un sourire en coin, faisant référence à la réputation d'Ana en tant que experte de botanique, et sujet de plusieurs amputations suite à un rencontre avec une étrange plante.

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@Amaranth Mapleleaf & @Ana Souvorov

Elle ne put dissimuler un sourire, heureuse de rencontrer un peu de réelle reconnaissance. Ca n'était pas que l'IDEM ne lui avait pas donné l'attention qu'elle méritait, loin de là, mais son jeune âge avait joué en sa défaveur jusqu'au bout. Ainsi, un chercheur dont ça n'était pas le domaine d'études avait pu librement empiéter sur ses travaux, ce qui avait mené au désastre dont les journaux scientifiques avaient fait leurs choux gras au printemps. Les choses s'étaient un peu tassées mais Ana savait bien que cela ferait partie de son bagage pour encore un bout de temps.

Elle ne put qu'approuver cette remarque de Mrs Mapleleaf. Toute vérité n'était pas à la portée de n'importe quelle oreille.

« Nous avons encore la chance de frayer avec les esprits les plus brillants ici. Le doyen Moonflower est souvent récrié pour faire montre d'une certaine forme d'élitisme mais si vous voulez mon opinion, ça n'est pas une mauvaise chose... »

Héritage familial ou opinion affûtée par l'expérience, si Ana se gardait de préciser que ça n'empêchait pas certains de s'égarer par moment, c'était uniquement parce qu'elle était trop grande classe pour cela.

A nouveau, comme Amaranth Mapleleaf mettait en perspective, objectifs et conséquences, la jeune mademoiselle Souvorov acquiesça d'un signe de tête. Les doigts de sa main métallique la démangeaient, toujours inertes sous sa demi-cape élégante.

« Autant que de mes mésaventures je présume... », concéda la jeune femme très consciente que ses travaux avaient de fortes chances d'avoir été éclipsés par le récit d'horreur qui les accompagnerait désormais. Elle aurait du mal à le faire oublier, « Je vous prie de m'excuser, ces derniers temps on ne m'aborde guère que pour parler récits à sensation et mécamagie. Des sujets très éloignés de mes domaines de prédilection. Lord Moonflower, vous a-t-il proposé une résidence ? Ce serait l'occasion idéale de reparler de nos travaux respectifs. »

Il n'était pas rare en effet que Lord Moonflower propose à ses invités une résidence de quelques jours au sein du Conservatoire, mettant ainsi à leur disposition l'entièreté des extraordinaires ressources de son établissement. Si tant était qu'on puisse en faire le tour en si peu de temps.

« Je n'ai pas pu m'empêcher de relever des points d'intersection entre vos recherches et les miennes. Si le coeur vous en dit et si votre agenda le permet, bien sûr. »

Elles auraient même pu s'éclipser tout de suite qu'Ana n'aurait rien regretté des petits canapés et autres rafraîchissements qui concluaient l'évènement.

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Du moment que l'élitisme était purement intellectuel, la sorcière écarlate s'en réjouissait. Mais elle doutait que ce doyen, aussi sympathique qu'il puisse paraître soit équitable dans sa manière de gérer les scientifiques. Elle connaissait les mécaniques de cet univers. Le mépris des classes, ou de l'âge. Ou encore celui du genre. Amaranth étant une femme, la misogynie était assez courante lors des conférences ou des sommets. La différence, était peut être le nom de famille qu'elle portait : Mapleleaf inspiré la crainte par son histoire. C'était peut être ça qui lui permettait d'être moins confronté aux inégalies d'une jeune et remarquable sorcière comme Souvorov. Presque 10 ans les séparaient en âge.

Amaranth écouta attentivement les paroles de la Directrice, tout en gardant un air compatissant à l'égard de la jeune chercheuse. Elle avait entendu parler des mésaventures d'Ana, de sa rencontre avec cet étrange cerf aux ramures fleuries, de la confusion qui avait entouré cette découverte, et des conséquences tragiques qui s'en étaient suivies. La perte de son bras était un rappel douloureux de ces événements, et l'écarlate ne pouvait qu'imaginer la souffrance et la frustration qu'Ana avait dû endurer.

Lorsque la protégée des Moonflower évoqua la possibilité d'une résidence au Conservatoire et de la collaboration sur leurs travaux respectifs, Amaranth sentit un regain d'intérêt. Elle avait entendu parler des recherches d'Ana et avait été intriguée par les similitudes entre leurs domaines d'études. La perspective de travailler ensemble pour approfondir leur compréhension de la magie végétale la séduisait.

« Je n'ai pas pu m'empêcher de relever des points d'intersection entre vos recherches et les miennes. Si le coeur vous en dit et si votre agenda le permet, bien sûr. »

La sorcière termina sa liqueur aux embrunts chaleureux, la reposant sur un des plateaux flottants.

- Voudriez-vous m'accompagner dans les jardins, interrompit elle presque brusquement. Ses doigts la brûlaient, et elle y voyait un moyen de s'extraire de cette cérémonie qui semblait s'alourdir de conventions, heures par heures.
- J'ai besoin d'air.. Et votre compagnie sera appréciée, ajouta la sorcière pour lui faire comprendre qu'elle acceptait avec plaisir de poursuivre.. Ailleurs.

Elle prétexta donc un mal de tête aux autres invités avec l'assurance d'une véritable migraine, et prit la direction de la sortie, la jeune sorcière à ses côtés. L'air frais, et les jardins étaient une solution provisoire pour calmer la tempête qui s'emparait d'Amaranth.

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@Amaranth Mapleleaf & @Ana Souvorov

Une échappée aux jardins ? Ana plissa légèrement le front, partagée entre l'étonnement et le ravissement. Elle ne s'était pas attendue à ce soudain revirement de la part de l'invitée d'honneur de Lord Moonflower. Elle la suivit néanmoins sans se faire prier le moins du monde.

Les jardins étaient un endroit enchanteur où s'épanouissait des centaines d'essences, peut-être même plus, et d'espèces auxiliaires fabuleuses. Les résidents du Conservatoire y passer le plus clair de leur temps et en cela Ana ne faisait pas exception. Par habitude, elle tendit la main pour effleurer les feuilles pelucheuses de la Scintillia Magnifica. Un geste auquel elle n'avait jamais dérogé depuis l'enfance mais cette fois-ci, la vision de sa main de métal la figea dans son intention. Elle passa son chemin, escamotant le membre sous sa demie-cape en un battement de cils.

« Vous vous sentez bien Amaranth ? », s'enquit la jeune femme comme elle repérait, sans le vouloir, quelques symptômes sur lesquels elle ne mettait pas encore de nom.

Elle saisit au passage deux verres de Rosée des Hindrés et en offrit un à sa consœur, déjà assurée de l'effet revigorant de la seule boisson qui était autorisée dans les jardins.

« C'est une forme d'attention et d'agitation qui n'a rien de naturel n'est-ce pas ? », engagea Miss Souvorov sans rien soupçonner du terrible double sens de cette phrase.

Il allait sans dire qu'elle parlait de toute l'effervescence suscitée par la conférence, un exercice auquel elle se préparait car, sa participation à l'Exposition Universelle des Sciences Magiques n'avait pour l'instant pas été déprogrammée. Elle doutait toutefois que l'évènement soit maintenu dans le contexte sous haute surveillance du moment. Tout ce qu'elle pouvait espérer c'était que la situation ne s'éternise pas. Pour elle ça n'était pas une question de lieu d'habitation. Elle avait, de façon tout à fait fortuite, fait l'acquisition d'un manoir à Flagley le Haut peu avant les événements de septembre. C'était une question de projection et de liberté de mouvement.

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Amaranth observa avec un mélange de soulagement et de gratitude la réaction d'Ana à sa proposition de se rendre dans les jardins. L'air frais et la nature environnante semblaient avoir un effet apaisant, même si temporaire, sur la sorcière écarlate. Elle sentit un poids se lever de ses épaules alors qu'elle quittait la cérémonie en compagnie d'Ana. Les conventions et les regards indiscrets semblaient s'éloigner, du moins pour un moment.

Le parc du Conservatoire était un véritable havre de paix pour tous ceux qui appréciaient la nature. Les plantes magiques et les créatures fantastiques qui le peuplaient donnaient l'impression d'être transporté dans un monde enchanté. Amaranth savait que c'était un endroit spécial pour Ana, qui y passait une grande partie de son temps.

Alors qu'elles se promenaient dans les jardins, Ana posa une question préoccupée à Amaranth. La sorcière ne répondit pas tout de suite, et préféra répondre d'une autre manière.

Doucement, l'héritière Mapleleaf commença à défaire les bandages qui entouraient ses doigts, révélant progressivement la chair brûlée en dessous. Les bandages étaient imprégnés d'une teinte sombre, témoignant de la nécrose qui rongeait lentement ses doigts. À mesure que les bandages tombaient, la réalité de la situation devenait de plus en plus apparente.

L'extrémités des doigts d'Amaranth étaient déformés et noircis, les marques brûlées couvrant presque toute leur surface. La peau était rugueuse et fissurée, donnant l'impression que la fin de ses doigts étaient des branches calcinées d'un arbre mort. Les cicatrices laissaient entrevoir les terribles souffrances qu'elle avait endurées, et l'odeur âcre de la chair brûlée imprégnait l'air.

Le silence régnait dans les jardins alors qu'Amaranth achevait de dévoiler ses doigts mutilés, laissant Ana prendre la mesure de l'ampleur des dégâts.

- Pas vraiment.. Si vous souffrez encore aujourd'hui de la perte d'un membre. Le mien, se nécrose jour après jour. Je le vois dépérir lentement. Avoua l'ancienne professeur avec une sincérité troublante. Peut être que pour la première fois, elle ne se sentait pas seule, et avait saisi chez cette jeune beauté, un mal presque similaire.

- Si aujourd'hui, je peux vivre, c'est du à mes recherches. Ajouta t elle, et mes expériences. Ne perdez pas espoir, Ana.. l'agitation et les attentions peuvent amener des rencontres uniques Dans un sourire presque amer, la sorcière vint s'asseoir aux abords d'une fontaine particulièrement ouvragée, pour reprendre son souffle, et doucement, se rebander les doigts.

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INFOS FICHE DE PERSO

DEC.23-FEV.24

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