Confiance et re-connaissance [ft. Xris]

Xris a ses côtés semblait tout aussi désemparé qu’elle. Pourtant, Selma, du haut de sa petite taille, tournait entièrement son attention vers la sorcière qui leur tournait le dos, mue par un horrible pressentiment. D’instinct, ses pensées se tournèrent vers sa sœur  @Alejandra Montero. Comme elle aurait aimé qu’elle soit là pour lui expliquer ce qu’il se passait de son implacable logique parfois pas si raisonnée…

Gloria Montero fixa un point dans le reflet du miroir qui était curieusement proche de l’endroit où ils se tenaient tous deux. Il était impossible qu’elle se rende compte de leur présence : ils ne faisaient qu’arpenter un simple souvenir. Pourtant, quelque chose se modifia dans son visage qui grimaça de fureur alors qu’elle se tournait dans leur direction.

Interloquée, Selma recula d’un pas devant l’air en furie de la sorcière qui leur faisait à présent face. Sa mère leva brusquement sa baguette dans leur direction en vociférant quelques mots en espagnol.

- Sal de aquí !!!

Il y eu comme un bruit sourd d’explosion et avant qu’aucun des deux étudiants ne purent faire quoi que ce soit, ils furent projetés en arrière par un souffle violent. Fermant les yeux, Selma eut du mal à se réceptionner correctement car elle avait gardé son corps d’enfant qui perdait bien plus facilement son équilibre. Aussi, elle atterrit les fesses les premières sur un sol à première vue plutôt meuble, ralentissant sa glissade à l’aide de ses bras. Marmonnant un juron cubain, la sorcière frotta son coude douloureux avant de relever les yeux vers Xris.

Il s’y était sans doute mieux pris qu’elle, à moins qu’il ne se soit déjà relevé car le Serpentard était debout en train d’observer les alentours. Le Montero l’imita en détaillant le paysage qui les encerclait, sourcils froncés. Les étudiants semblaient se tenir au cœur d’une forêt. La lune brillait de tout son éclat au-dessus de leur tête, leur offrant une bonne visibilité malgré le ciel noir dans lequel elle flottait.

- On doit être dans un autre souvenir, supposa la jeune cubaine de son air bien trop sérieux pour son apparence enfantine. Selon toute logique, nous n’avons pas quitté la salle d’étude puisqu’il est impossible de transplaner dans l’enceinte de Pouldard. N’est-ce pas ?

Malgré elle, et d’une petite voix, elle avait cherché l’assentiment de son camarade. Il fallait dire que tout semblait très réaliste autour deux, et qu’elle ne se souvenait aucunement de cette scène en particulier. Est-ce que sa mère faisait partie de ce nouveau souvenir ? Est-ce qu’elle allait de nouveau les en éjecter ? Il était tout bonnement impossible qu’elle le fasse : elle ne pouvait interagir avec eux ! Il avait dû se passer autre chose ! Gloria Montero avait dû réagir de la même manière dans ce souvenir, mais en s’en prenant à des agresseurs que Selma et Xris n’avaient pas pu voir car ils étaient dans leur dos… Et l’un des deux avait dû sans s’en rendre compte user de sa magie pour les faire atterrir ici… C’était la seule explication logique…

Mais en faisant quelques pas de côté, la raison de Selma fut de nouveau mise à rude épreuve. En effet, entre deux bosquets lui apparut le château de Poudlard comme s’ils se tenaient au beau milieu de la Forêt Interdite.

- Impossible, chuchota-t-elle la mine blême avant de jeter un coup d’œil à Xris. Nous ne nous trouvons pas dans l’un de mes souvenirs car je ne suis jamais venue dans cette forêt… Je l’ai simplement longée en prenant le chemin qui relie la gare de Pré-au-Lard au château…

La scène se déroula en un instant.
Comme un ralentit que quelqu’un tentait d’accélérer.
Xris, tentant de comprendre qui étaient les protagonistes de cette scène étrangère, se sentit comme immobilisé.
Ses mouvements semblaient restreints, ralentis, alors que la scène se déroulait sous ses yeux.

Il observa la petite silhouette que se tenait non loin de lui.
Il lui la panique dans ce visage déjà empreint d’une tristesse qui ne pouvait plus être dissimulée.
Qui était cette femme ? Sa mère, songea Xris d’instinct.
Et Selma se replongeait dans un souvenir oublié. Effacé.

Puis, le regard de cette sorcière inconnue se figea vers eux.
Fixant un protagoniste qu’ils ne pouvaient voir.
Soudain, sa baguette trancha l’air chaud de la pièce et vint s’abattre dans un cri strident.

Xris et Selma furent expulsés de la pièce.
Le grand blond retomba lourdement sur le sol de ce qu’il avait pensé être le jardin de la demeure dans laquelle ils s’étaient trouvés auparavant.

Le jeune homme se releva finalement, époussetant son pull en partie couvert d’une terre sombre et humide.
Au loin, il pouvait apercevoir les fenêtres doucement illuminées par des bougies.
Mais il ne s’agissait pas de la demeure de laquelle ils avaient été éjectés.

Comme venait de le faire remarquer la version enfantine de Selma qui se tenait à côté de lui, ils étaient dans le périmètre de Poudlard.
Et cette vue ne pouvait être obtenue que depuis un seul endroit.

- Nous sommes bien dans la Forêt Interdite Selma… Tu vas bien ?

Xris tourna son regard vers elle.
La question concernait tant sa santé physique que mentale.

- C’était bien ta mère que nous avons vue là-bas ?

Où était là-bas ?
Était-ce la résidence familiale des Montero ?
Ou un lieu complètement différent ?
Et que faisaient-ils désormais ici ?

- Tu es sûre de ne jamais être venue ici ? Quand tu étais plus jeune ?

Et pourquoi gardait-elle cet apparence d’enfant ?

Xris venait de le lui confirmer : les deux étudiants se trouvaient bien au beau milieu de la Forêt Interdite. Cela ne semblait pas vraiment bon signe car, ces bois portaient sans aucun doute ce nom pour une bonne raison, non ?

- Oui, je vais bien, je suppose, murmura la jeune fille en époussetant la terre de sa jupe avant de rejeter ses cheveux en arrière. Et toi ?

Le Serpentard semblait s’interroger sur ce qu’il venait de vivre, ce qui apparaissait bien légitime. Pour être honnête, Selma avait elle-même un certain nombre de questions qui devraient pour l’heure rester sans réponses.

- Oui c’était bien ma mère que nous avons vu, lui répondit-elle d’un air grave qui resonnait étrangement avec sa voix de petite fille. Ce souvenir était censé être le mien. J’ai reconnu la chambre de ma mère, dans notre villa de la Havane. C’était avant qu’elle ne soit victime d’un terrible accident. Mais beaucoup de choses ne semblent pas cadrer avec le peu dont je me souviens d’elle. C’était très étrange…

Est-ce que ce souvenir avait été modifié avant de lui être remis, ou bien devait-elle se méfier de sa propre mémoire ? il était déjà étrange d’avoir tant de mal à se rappeler de sa propre mère. Il y avait quelque chose de louche dans tout ça mais la Montero ne parvenait à mettre le doigt dessus. Levant le nez vers les arbres imposants qui les entouraient, elle fronça les sourcils en secouant la tête.

- Non je t’assure que je ne suis jamais venue ici ! A moins que je ne m’en souvienne pas…

Devait-elle à présent douter de tout ce qu’elle avait toujours pensé vrai ou faux ? Ses souvenirs étaient-ils une science avérée sur laquelle s’appuyer ? La raison de la cubaine la poussait à commencer à en douter. L’air autour d’eux lui semblait particulièrement pesant, à moins que son regard d’enfant ne joue sur son ressenti. Observant ses minuscules mains, la Serdaigle fit son possible pour retrouver son apparence d’origine mais rien n’y fit. Après quelques instants de concentration silencieuse, la sorcière finit par relever de nouveau le menton vers Xris.

- Désolée, tu sais je suis métamorphomage, mais j’ai beaucoup de mal à contrôler mon don. Je pense que mon inconscient a été perturbé par ce que nous venons de vivre. Il se crois sans doute retombé en enfance… Tout devrait redevenir comme d’ici quelques minutes. Enfin, je l’espère…

Au-dessus d’eux, la lune éclairait le château qui hébergeait leur école au loin. Selma le montra du doigt avant de se tourner vers Xris.

- Peut-être qu’on ferait mieux de rejoindre Poudlard, qu’en penses-tu ? On trouvera sans doute une explication à tout ça quand on y sera !

Déjà, l’étudiante commençait à avancer, bien que ses jambes courtes ne lui permettaient pas d’aller bien vite et avaient tendance à buter contre toutes les racines qu’elles croisaient. Mis à part le bruit de leurs pas, il n’y avait rien d'autre qu’un silence oppressant autour d’eux.

Le bruissement des feuilles derrière lui mêlé aux hululement des chouettes et légers cris d’animaux en tous genres, ne faisait que confirmer leur localisation.
Au loin, la silhouette sombre du Château, laissait entrevoir la lueur de sécurité qui émanait de ses centaines de fenêtres.

Xris soupira.
Devant lui, la petite silhouette de Selma lui confirma qu’elle allait bien.
Elle lui confirma également que la sorcière qui les avait chassés avec violence de la pièce, était bien sa mère.
Le grand blond avança de quelques pas, réfléchissant à l’enchevêtrement d’évènements qui s’étaient déroulés ces dernières minutes.
Passant une main sur sa barbe naissante le grand blond pensa à voix haute.

- Sommes-nous toujours dans ton souvenir alors ?

Si la Serdaigle n’avait jamais posé pied dans la Forêt Interdite, alors il n’y avait que deux solutions.
Quelqu’un avait altéré le souvenir de la jeune femme.
Ou ce n’était tout simplement pas le sien.

- Selma, se pourrait-il que ce souvenir soit celui de quelqu’un d’autre ? Il marqua une légère pause. Quelqu’un que ta mère aurait connu alors que tu n’étais qu’une enfant ?

Il s’approcha d’elle et tenta de réfléchir à une solution quant à son apparence.

- Essaie de… calmer tes pensées ?

Il ne faisait que répéter ce qu’il avait entendu à de nombreuses reprises lors des cours de Métamorphose.
Un esprit troublé ne pouvait parvenir à accomplir la tâche qui lui était demandé.

- Qui d’autre aurait pu être témoin d’une telle scène… et être déjà venu ici…

Il se tourna à nouveau vers les traits lointains du Château.

- Ou qui aurait voulu que tu vois tout cela ? demanda doucement Xris.

Le mystère autour de ce souvenir ne faisait que s’épaissir, et les deux étudiants semblaient de plus en plus perdus.

- Si c’est encore un coup de ce satané professeur…

Les poings de Xris se serrèrent alors que toute logique semblait s’échapper du cours des évènements.