En pire state of mind

Une histoire de bras. Pas de bras, pas de chocolat.

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N PIRE
STATE OF MIND

22.10. Cela faisait une semaine que Zion avait quitté l'infirmerie. Si son corps s'était rapidement remis des conséquences d'une belle bagarre avec un dragon, des gobelins et des mages noirs, l'esprit du jeune Webb semblait figé dans la tourmente de ce terrible incident. Un souvenir qui ne cessait de venir maudire chacune de ses nuits le réveillant en sueur dans cette chambre bien trop chauffée qu'il partageait avec @Israfel Clearwater. Pourtant, à chaque fois, il n'y avait rien. Rien, sinon ce bras qu'il regardait encore et encore pendant de longues minutes en se disant que ce n'était pas le sien. Que ce n'était pas celui qu'il avait avant que ce gobelin ne lui tranchait ce bras.

Emmitouflé dans une épaisse cape vermeille lui donnant des airs de venir de Durmstrang, le terrible institut sorcière du Grand Nord, le jeune Gryffondor remontait la rue de Mayfair Street pour rejoindre @Ana Souvorov. S'il y avait bien quelqu'un qui pouvait l'aider dans l'acceptation de son bras, c'était elle et uniquement elle. Pour sûr, elle n'avait pas retrouvé le sien. Mais elle seule pourrait comprendre ce qui dérangeait violemment le jeune Gryffondor qui semblait ailleurs ces derniers temps.

Ana, c'était un peu sa voisine cool et terriblement indépendante. Elle vivait, seule, dans cette imposante bâtisse. Elle avait un travail intéressant, important, qui ne laissait pas de doute sur la puissance qu'elle dégageait avec son visage aux teintes de l'hiver. Elle n'avait beau avoir qu'un bras, elle ne cessait de montrer une espèce de résilience qui la rendait plus forte encore que Zion ne l'aurait pensé. Elle était un symbole de l'indépendance et parce qu'elle lui faisait penser à sa grand-mère, Zion l'aimait beaucoup.

Il tapa une fois sur le grand bois de cette porte finement ouvragée qui protégeait l'intérieur du manoir d'Ana. Observant la fumée qui s'échappait de ses lèvres à cause du froid automnal qui s'était installé au nord de l'Angleterre ces derniers temps, il finit par tressaillir avant de retenter l'expérience. Toujours rien.

C'était bizarre parce qu'il avait entendu du bruit toute la matinée pendait qu'il tapait quelques cognards dans son jardin pour se faire à ce nouveau bras que son esprit ne reconnaissait toujours pas.

Épaulé par sa curiosité qui ne lui faisait jamais défaut, Zion finit par se dire qu'il allait faire le tour pour voir si Ana ne se trouvait pas dans son jardin. La surprise frappa Zion lorsque ses yeux reconnurent la silhouette de @Sheraz Mahal. Comme si cela suffit à le tirer de ses sombres pensées, un sourire rayonnant s'afficha sur la face du Gryffondor qui s'approcha du préfet de Poufsouffle.

« - Hey Mahal ! Qu'est-ce que tu fais là ? Je savais pas que tu connaissais bien Ana. Tu sais où elle est ? » Demanda Zion, enthousiaste tout à coup.

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"En Pire" State of Mind

22 octobre 2023

Le sinistre manoir qu'Ana avait acheté à Flagley-le-Haut avait l'avantage de pouvoir prodiguer tout le confort et même plus que Sheraz aurait pu souhaité. Il n'y avait guère que l'oeil sévère du chaton fléreur de la propriétaire - Lofn - pour le déranger vraiment. Cette bestiole avait toujours l'air d'attendre qu'il commette un impair ou quelque chose. Préférant l'ignorer, Sheraz avait tiré de sa poche une petite enceinte dont il avait magiquement détourné la mémoire tampon pour créer une boucle infinie sur les deux seules chansons que sa playlist avait retenues depuis que les sécurités magiques avaient été renforcées. C'est ainsi que Karate et Megitsune de Babymetal hurlaient depuis le début de l'après-midi dans le petit atelier sur mesure qu'Ana avait fait préparer sur mesure pour lui dans un coin du jardin.

Enveloppé par le rythme entraînant de la musique et l'extrême concentration que lui demandait les micro-soudures arcaniques de l'avant-bras mécanique sur lequel il travaillait - son premier essai à vrai dire - Sheraz en avait oublié l'existence de quelque univers que ce soit autour de lui. Ana était même passée pour lui proposer un rafraîchissement. Mais elle était repartie comme elle était venue, rebutée par la musique et surtout sans qu'il ne s'aperçoive de rien

Les cheveux attachés pour dégager son front, il avait l'air tellement sérieux et absorbé que quiconque aurait eu l'idée de venir le déranger ce serait vite ravisé... sauf peut-être Zion Webb.

Sheraz sursauta, épargnant on ne sait trop comment son travail malgré le geste incontrôlé. Il observa longuement son camarade Gryffondor à travers ses lunettes de précision, hésitant sans doute entre l'étriper tout de suite ou attendre de savoir ce qu'il voulait. Sheraz était sans doute le garçon le plus gentil de Poudlard, mais il avait sa petite fierté et il n'avait pas oublié l'humiliation que lui avait fait subir son camarade dans les grottes de Gragareth.

Finalement, il releva ses lunettes sur son front, observant Zion d'un air un peu fermé avant de mettre son enceinte sous sortilège de sourdinam. Il ne voulait surtout pas l'arrêter de peur de sacrifier la mémoire tampon. Finalement il répondit d'un ton suspicieux :

« 'scuse j'ai rien entendu de ce que tu disais. Qu'est-ce que tu fais là d'ailleurs ? »

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Une histoire de bras. Pas de bras, pas de chocolat.

@Ana Souvorov

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22.10. Zion fronça légèrement les sourcils en se rendant compte que l'origine de tout ce raffut était en réalité de la musique. Sheraz semblait écouter du bruit provenant d'une espèce de petite boîte à musique à la forme étrange. C'était particulier. Zion aimait la musique, c'était même un fan de vieux groupes de rock sorcier comme les Bizzar'Sisters ou les Children of Midnight mais ce que le préfet de Poufsouffle écoutait, ça sonnait comme une agression à ses oreilles.

Il ne lui fallut pas grand-chose pour se sortir cette critique de l'esprit quand Zion vit les espèces de lunettes que portait Sheraz sur le bout de son nez. Le Gryffondor se mordit la lèvre pour ne pas rire de la tête que le Poufsouffle avait avec son équipement de mécamage. Ce dernier s'excusa de ne pas l'avoir entendu et lui demanda ce qu'il faisait avec un drôle d'air.

Zion haussa les épaules.

« - T'inquiètes, le contraire aurait été étonnant si t'avais entendu ce que je disais à travers tout ce raffut. » Fit le Gryffondor en montrant la boîte à musique du Poufsouffle. « Je venais voir Ana. J'ai... J'avais besoin de parler un peu. »

Son visage pourtant si solaire perdit sa teinte lumineuse alors qu'il se rappelait tout à coup la raison de sa venue ici. Il était venu voir Ana pour cette même raison pour laquelle Sheraz semblait être là au vu du bras mécanique qui était en construction sur son plan de travail.

Zion baissa timidement le regard devant Sheraz, comme si tout à coup il était intimidé.

« - Merci pour les gobelins, t'as assuré avec le bouclier. »

Si le Gryffondor se montrait plutôt moqueur envers le Poufsouffle dès que ce dernier tentait quelque chose, Zion ne pouvait que saluer ce courage que Sheraz avait eu en brandissant son bouclier collé au maléfice de glue perpétuel pour protéger leurs camarades. C'était dit avec sincérité, bien que son regard restait particulièrement fuyant.

« - Tu sais si Ana est là ? Tu lui fais un bras mécanique ? » Demanda Zion qui semblait vouloir changer un petit peu trop vite de sujet pour éviter de reparler de ce qui s'était passé dans l'antre de Gragareth.

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Sheraz tiqua. S'il y avait bien quelqu'un qu'il n'imaginait pas dans l'entourage de Zion Webb c'était son amie Ana. Elle était trop ... tout en fait. Trop vieille magie, trop aristocrate, trop raffinée, trop Ana pour le gryffondor. Mais il l'avait appelée par son prénom. Il n'avait pas dit Madame Souvorov. Ca lui tira comme une petite pointe de jalousie. Zion était tout ce que Sheraz n'était pas et récemment, le Poufsouffle s'en irritait assez facilement quand d'ordinaire il n'en faisait pas grand cas.

« Ana ? Je savais pas que vous vous connaissiez... », commenta le mécamage en retournant à son camarade un oeil suspicieux. Bien loin de faire l'analyse du changement de physionomie de Zion, Sheraz continuait de se méfier, comme s''il s'attendait à ce que d'une minute à l'autre, M. Webb ne lui tombe dessus sans prévenir.

C'est un peu ce qu'il se passa mais cette fois-ci, Zion n'usa que de mots.

Merci.

Sheraz resta quelques secondes à le dévisager bêtement.

« Alors là ça me scie. », fit-il complètement abasourdi. Il posa doucement sa baguette, abandonnant pour l'instant l'idée de se remettre à ses soudures, « Ben... t'avais déjà pris le rôle du CAC alors... je crois que je te dois au moins un merci moi aussi... »

Ça n'enterrait pas complètement la hache de guerre mais c'était un bon début. Zion, sans doute plus embarrassé qu'autre chose, dévia à nouveau sur Ana.

« Oui, elle doit être dans la maison. Je m'amuserai pas à venir chez elle en son absence après tout ce qu'elle m'a raconté sur la nuit de son arrivée... », un scénario digne d'un film d'horreur mais la jeune femme en avait déroulé le fil comme s'il s'était agi d'une banale histoire de cartons... dans ces moments-là, Sheraz se disait qu'il ne serait jamais aussi sorcier que les autres, « C'est... un bras mécamagique ouais. Enfin... ça le sera un jour si j'arrive à quelque chose. Mais pour le moment c'est pas gagné. »

Il en suait pour au final n'aboutir à rien. C'était frustrant, plus frustrant que n'importe quel autre projet sur lequel il avait travaillé, plus frustrant que de se retrouver enfermé dans le casse tête de M. Vorpe. C'était décourageant parce qu'il y avait un enjeu cette fois-ci, et parce que plus il avançait plus il contemplait le gouffre immense que formait les manquements de ses compétences. Il avait purement et simplement l'impression qu'il n'arriverait pas à aboutir à quelque chose. Pourtant il le fallait...

« Oh : Ana. Zion te cherchait justement. »

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Le vague bourdonnement s'était tut, juste comme elle commençait à l'oublier. Ana plissa le front. Généralement quand Sheraz s'installait, il y en avait pour la journée si ça n'était une heure avancée de la nuit. Elle décida pour autant de laisser faire, chassant ses doutes. Lofn se serait sans doute hâtée de la prévenir s'il y avait eu le moindre soucis. La jeune femme s'efforçait donc de continue son étude mais comme un doute lui trottait dans la tête, elle ne tarda pas à sortir, son habituelle cape jetée sur l'épaule droite, pour s'enquérir de ce soudain aplanissement de l'ambiance.

« Eh bien messieurs... »

Sa silhouette gracile se découpait dans l'encadrement de la porte de l'atelier. La jeune femme amorça un geste pour croiser les bras puis finalement, sa main gauche vint simplement se poser sur la forme esquissée de son bras droit sous la cape de drap lourd. Lofn bondit d'une étagère pour venir s'enrouler autour de ses chevilles en ronronnant. Le chaton au poil couleur cendre semblait plus doux que lorsqu'il avait dardé de son oeil jaune les deux jeunes gens livrés à eux mêmes.

« Aurais-je manquer en quoi que ce soit à Mrs Ayodele ? », s'enquit-elle, tentant de se rappelait en quoi elle aurait pu faire défaut à sa vénérable voisine.

Ana et Zion avaient eu quelques occasions de conversation mais pas suffisamment pour qu'elle puisse imaginer qu'il soit venu de son propre chef frapper à sa porte, et encore, pour quelle raison. Elle n'avait évidemment pas eu vent du détail de leurs péripéties dans les contreforts de Gragareth...

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@Ana Souvorov

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22.10. Zion sourit avant de lui montrer d'un signe de la tête l'imposante bâtisse gothique qui se trouvait de l'autre côté du jardin. Il s'élevait un manoir d'une taille plus que respectable dont les pierres semblaient vibrer d'une magie puissante et étrangère à ce que l'on pouvait trouver dans le reste du voisinage.

« - J'habite là-bas. Ana est ma voisine. »

Leur rencontre datait d'août, mais déjà une relation d'amitié semblait s'être installée entre les deux jeunes sorciers. C'était du moins ce que Zion pensait puisque c'était à elle qu'il avait pensé en premier lorsqu'il comprit son mal être. Ce bras, qui, pourtant, ressemblait trait pour trait à celui que le gobelin lui avait tranché comme s'il eut coupé du beurre avec sa lame enchantée. Il n'y avait que les quelques cicatrices, vestiges d'une enfance passée à repousser ses limites, qui avaient disparu de son bras cuivré.

Zion se contenta d'enchainer en le remerciant pour ce qui s'était passé dans les grottes de Gragareth. Sheraz semblait surpris que de tels mots puissent être prononcés à son encontre et pourtant, le Gryffondor les pensait sincèrement.

« - CaC ? Corps à corps ? Tu joues à Donjons & dragons ? » Releva Zion, les yeux écarquillés sous la surprise.

Zion jouait de temps en temps avec @Israfel Clearwater et d'autres Gryffondors dans la salle commune. Un jeu comme un autre qui savait captiver son auditoire et ses joueurs quand on voyait ce que donnait la version sorcière. Un peu dans le même genre que ce livre dont on était le héros que chaque sorcier avait feuilleté au moins une fois tant il était génial.

Finalement, le sujet dévia sur la création de Sheraz. Le Poufsouffle lui expliqua bosser sur un prototype de bras pour remplacer celui qu'Ana avait perdu après avoir mentionné les malédictions lancées par sa grand-mère. Zion se contenta de garder le silence là-dessus, préférant éviter de trop s'étendre sur le secret de sa famille.

Le Gryffondor eut une moue admiratrice à l'égard du travail de Sheraz. C'était à ce moment précis que la propriétaire des lieux débarqua.

Un petit sourire se dessina sur les lèvres du Gryffondor qui laissa sa douleur s'exprimait un court instant sur son visage avant de rire.

« - Hey, Ana ! »

Zion se grattouilla machinalement l'arrière du crâne, trahissant sa gène soudain.

« - J'voulais te voir pour... Pour parler. Il s'est passé quelque chose dernièrement et je me suis dit que tu serais la mieux à même avec qui en parler. »

Il prit une profonde inspiration.

« - Disons que ce bras, c'est pas mon bras et que j'ai l'impression que... Je sais, je sais, ça a l'air dingue, mais depuis qu'il a repoussé, j'ai comme une sensation de gêne et des fois ça m'obsède tellement que... Un gobelin me l'a coupé. Il s'est passé un truc de fou à Poudlard et avec Sheraz, on s'est retrouvé embarquer dans une espèce de conspiration, t'as dû en entendre parler, non ? Ça a fait la une de la Gazette du sorcier. »

Zion évitait soigneusement le regard de Sheraz de peur de voir de sa part un jugement de sa part. Ce n'était pas qu'il y ait accordé beaucoup d'importance, mais la sensation de se mettre à nu, comme ça, devant lui, alors qu'ils n'étaient que de simples collègues de classes... C'était pas un truc dont il était habitué.

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Voisins, c'était probablement l'explication la plus simple et la plus logique. Tellement simple et logique qu'il n'y avait pas pensé une seconde. Sheraz eut un petit oh, tout en acquiesçant. La conversation dévia vite, les deux garçons n'étant pas du genre à s'étaler sur la vie du voisinage ou du moins pas assez proches pour cela.

« Mais oui !!! Mais toi ? Comment ça se fait que tu joues à DnD ? »

Alors là, c'était le monde à l'envers. Pour le coup, Sheraz était sûr et certain que Zion n'avait pas deux noises de culture moldue contemporaine. Comment se faisait-il qu'il lui parle de DnD ??? Encore un mystère qu'il faudrait éclaircir avec @Matthew Monaghan ou alors, ils étaient vraiment passé à côté d'un truc énorme.

C'est sur ces entrefaites qu'Ana montra le bout de son nez. Curieux, d'ordinaire il passait la voir dans la maison juste pour lui dire qu'il remballait pour aujourd'hui. A moins que le fait d'avoir mis la musique sur pause sans venir la voir ensuite ait éveillé quelques suspicions. Zion n'attendit pas. Il avait vraisemblablement grand besoin de parler, ce qui ne mettait pas forcément Sheraz très à l'aise. En fait, il n'aurait jamais soupçonné un tel mal être chez le Gryffondor qui paraissait toujours si sûr de lui.

Pour ce qui le concernait, il s'en tirait plutôt bien. Les brûlures avaient presque complètement disparues et il en ressortait seulement avec la bizarre impression que cette brûlure devait arriver. L'infirmière lui avait donné une espèce de cordial franchement infecte et ça avait suffi à lui faire oublier l'odeur des chairs brûlées et la douleur si violente qu'elle lui avait fait perdre connaissance, derrière son glorieux bouclier.

Sheraz s'éclaircit la voix, faisant mine de se remettre à travailler...

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Elle eut la curieuse impression d'interrompre quelque chose. Dans le même temps, elle avait le sentiment qu'ils étaient tout deux ravis de cette interruption. Intriguée, elle les observa sans rien dire, tandis que Zion, apparemment mû par quelque chose qui lui échappait, s'empressait de justifier de sa présence. Le jeune homme n'avait pas l'air bien, elle ne put s'empêcher de le noter, non plus que Sheraz qui avait l'air de prier intérieurement pour disparaître dans un trou de doxys. Pendant une fraction de seconde, elle crut qu'il parlait de son bras à elle. Elle ne se faisait toujours par à cette excroissance mécamagique. L'objet manquait non seulement de finesse mais il lui semblait parfois que pour lui rappeler une absence. Il n'était pas rare d'ailleurs qu'elle le laisse sur sa table de chevet quand elle n'avait pas prévu de mettre le nez dehors ou de recevoir.

« J'en ai entendu parler en effet. Je n'aurais jamais cru que vous... »

Son regard passa de l'un à l'autre, jaugeant de la gravité de la situation autant que de la lourdeur de l'atmosphère. Elle releva délicatement le menton dans une de ces attitudes altières qui la caractérisaient si bien.

« Nous devrions laisser Sheraz travailler. Son art requière des trésors de concentration... », elle eut un petit sourire diligent à l'attention du mécamage puis, ouvrant d'un geste ample de son bras gauche, elle invita silencieusement Zion à la suivre.

C'était une belle journée malgré la froidure naissante de l'automne. Les arbres s'étaient parés de leurs plus belles couleurs mais ils ne s'étaient pas encore mis à nus. Le temps idéal pour une tasse de thé aux jardins de roses. Elle ouvrit la marche jusqu'à un buisson alourdit de roses généreuses et parfumées. Les ronces s'écartèrent pour laisser voir un petit salon et une élégante balancelle où ils pourraient aisément prendre place tous les deux. Deux tasses en porcelaine raffinée les y attendait.

La châtelaine s'assit avec grâce sur l'assise moelleuse de la balancelle et d'un geste à la grâce étudiée, referma les fins doigts de sa main gauche sur l'une des tasses. Aussitôt, elle se remplit d'un liquide ambré et fumant.

« J'ai présumé que nous pourrions être plus à l'aise pour... discuter. »

Ce que lui demandait Zion n'était pas peu de choses. Ana n'aimait guère s'épancher sur la perte de sa main de baguette. Des mois plus tard, elle s'évertuait toujours à cacher la chose sous les drapés lourds de coquettes capes dont elle semblait faire la collection. Mais elle s'efforcerait de trouver quelques mots utiles à la présente situation. Nerveusement, sous sa cape, ses doigts métalliques jouaient une mélodie, silencieuse, c'était déjà ça.

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@Ana Souvorov

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22.10. Zion haussa les épaules. Il ne savait plus trop depuis quand il en faisait. Ce n'était pas quelque chose qu'il faisait tous les jours, mais les quelques sessions qu'il eut faites durant son adolescence et dans la salle commune de Gryffondor lui suffisaient pour dire que c'était un excellent jeu dans lequel on était le héros. Un peu comme ce bouquin dans la bibliothèque qui s'écrit en fonction des actions choisit par le lecteur.

« - Bien sûr ! C'est euh... Comme Gragareth, sauf que euh... Les coups ne sont pas réels. » Répondit Zion, le visage marqué par le souvenir qu'il tentait de banaliser sans que ce fût vraiment convaincant. Quoique pour le coup, il ne pouvait s'empêcher d'être fier de son exemple. Peut-être était-ce là une première étape vers la guérison ?

Ana lui proposa de la suivre pour laisser Sheraz tranquille. Zion acquiesça d'un signe de tête et emboita le pas de l'ancienne Poufsouffle après un rapide signe de la main pour Sheraz. Se détournant du jeune homme, Zion suivit Ana dans ses jardins pour se présenter devant une espèce de kiosque de roses particulièrement magnifiques. Même lui qui n'était pas sensible à ce genre d'art ne pouvait s'empêcher de relever la beauté du lieu. Un temps fou ou un sacré sortilège avait dû être requis pour un tel chef-d'œuvre.

Deux tasses les attendaient sur une petite table dans une porcelaine de grand raffinement. Zion vint s'asseoir en face d'Ana qui remplissait sa tasse d'un thé fumant. Curieux, le Gryffondor fit de même et il vit le même liquide ambré remplir sa tasse.

Zion hocha d'un signe de tête, se dandinant quelques instants sur sa chaise comme s'il cherchait un meilleur angle d'attaque pour amener le sujet de sa visite. Il prit une profonde inspiration pour se donner du courage, mais rien ne vint. Au final, il s'avachit dans sa chaise, soupirant de tout son soûl.

« - Un gobelin m'a coupé le bras. Et... Et à l'infirmerie, ils me l'ont fait repousser. Sauf que... Sauf que j'ai pas l'impression que c’est le mien. Tu vois ce que je veux dire ? »

Il détourna le regard. Les yeux rivés sur une rose, il ajouta :

« - Je sais, c'est débile. Mais... Mais quand j'l'ai vu par terre, je... Je sais même pas ce que j'ai ressenti en faites. C'est juste quand je l'ai senti de nouveau pousser, j'étais... »

Zion était blême. Horrifié ? Écœuré ? Dégouté ? Il ne savait pas comment qualifier exactement ce qu'il avait ressenti. Puis il y avait cette douleur... Cette terrible douleur qui lui avait probablement fait passer la pire nuit de sa vie.

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La confession fut accueilli avec un sourire en demi teinte. Si elle voyait ce qu'il voulait dire ? Ironiquement oui, bien que dans son cas, le bras ne faisant pas corps avec elle, elle pouvait difficilement imaginer le considérer comme le sien. Et pourtant, Ste Mangouste ne jurait que par cette idée. Un jour, elle l'accepterait et ne se poserait même plus la question. De cela, Ana doutait fortement.

Débile ? Non ça n'était pas le mot qu'elle aurait choisi. D'ailleurs, elle n'avait aucun mal à se reconnaître dans ceux de Zion. Si elle restait muette c'était surtout que ses mots à elle restaient murés derrière une certaine dignité, le refus pur et simple de se confronter à nouveau à cet épisode. Et pourtant, elle ne voyait pas comment l'aider autrement.

Miss Grey ouvrit la bouche une première fois, puis une seconde avant de se lancer.

« Je crois bien que je n'ai même pas regardé... », avoua-t-elle, à nouveau dans le laboratoire de botanique de l'Institut, quelques mois en arrière. Elle eut un petit rire déconfit, « Quand j'ai crié à Stormrage de le couper, je ne l'ai même pas regardé. J'ai détourné le visage au moment où le sortilège frappé et... ensuite... », elle déglutit, pinçant imperceptiblement les lèvres pour s'accrocher à un semblant de contenance comme la noble jeune femme qu'elle était, « Ça n'était déjà plus mon bras... c'était comme ... une petite bûche moussue, anormalement crépitante de vie... »

Un long silence vint couper ce récit déjà très accidenté. Entourant la tasse de ses mains d'albâtre, elle feint d'ignorer le cliquettement du métal contre la porcelaine pour mieux plonger son regard dans le liquide ambré. Finalement, elle lui rendit son regard, plus en maîtrise d'elle-même.

« Ça n'a rien de... débile Zion ce que tu ressens. On t'a pris quelque chose et il n'y a absolument aucune chance que ça te soit restitué. Tu le sais au fond de toi, c'est ce qui te le rend étranger, tout autant que ce bras-ci m'est étranger. Il n'y a rien de naturel dans tout ça... »

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INFOS FICHE DE PERSO

DEC.23-FEV.24

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