“Et quand il a fallu l'aider à recouvrir ces nomdidiou de cahiers, j'ai pris le Temps.”
“♪ Ce matin, j'ai rencontré le train de trois grands rois qui partaient en voy... yaaage ♫!” Aaaah, décembre! Ses arbres dénudés de toutes feuilles. Ses toits dormant sous une couche de neige. Ses trottoirs gelés. Ses portes de maisons et d'appartements recouvertes de couronnes de Noël. Ses vitrines commerçantes décorées de rouge, de blanc et de vert. Ses grands magasins commerciaux au milieu desquels trônaient des sapins ou d'autres mastodontes décoratifs - traîneaux du gros bonhomme vêtu de rouge, avec des faux rennes et des faux cadeaux en tête. Ses chansons entêtante.
“♪ Ce matin, j'ai rencontré le train de trois grands rois dessus le grand chemiiiiiiin ♫!” Et surtout, décembre et ses repas de famille à n'en plus finir et ses chocolats et autres biscuits que vous receviez à foison, de la part de tout le monde, à chaque coin de rue.
“♪ Tout chargés d’or, les suivants d’abord, de grands guerriers et les gardes au trésor. ♫”Les chocolats, c'était souvent une valeur sûre, lorsqu'on voulait offrir quelque chose et qu''on avait pas d'autres idées. Quand ce n'était pas les familles des patients - ou les patients eux-mêmes, une fois remis sur pieds et hors les murs de l'institution médicale -qui vous offraient des boîtes entières en guise de remerciements pour les soins apportés. Ce faisant, la table de la salle de pause croulait sous ces fameuses boîtes aux couleurs et gabaries variés et dont les petites bouchées qu'elles refermaient étaient tout aussi diverses que variées.
“♪ Tout chargés d’or, es suivants d’abord, de grands guerriers avec leurs boucliers. ♫”Mais malgré cette période propice à devenir diabétique, il fallait quand même continuer à faire son travail. Et ce vendredi matin avant le week-end de Noël ne faisait pas exception à la règle. Ca ne t'avait pas empêché de quitter ta colocation sur le Chemin de Traverse pour la morgue de Ste-Mangouste en chantonnant. Le fait que tu allais bosser lundi, malgré le fait que ça soit le vingt-cinq?
Pas grave!
Que tu allais encore bosser le dernier week-end de l'année?
Pas grave non plus!
La seule chose qui pourrait entacher ta bonne humeur, ce serait ton travail en lui-même,
car la mort continuait de frapper, ne prenant jamais de congé et ce, malgré les fêtes de la nativité. Et si chaque fil de vie coupé se trouve être tragique, il y a des tragédies qui sont moins faciles à vivre que d'autres! “♪ Dans un char, doré de toutes parts, on voit les rois gracieux comme des anges. Dans un char, doré de toutes parts, on voit briller de riches étendaaaards ♫!”Mais il n'empêche que, malgré tout et parce que c'est la période des fêtes et que, pour toi, tout le monde mérite de sourire au moins une fois durant cette quinzaine, tu étais déterminée à mettre autant de paillettes que possible dans la vie des familles
venant veiller leurs morts. Certes, c'était quelque chose que tu essayais de faire tout le reste de l'année. Déjà durant tes M.U.L.O.T.S., t'étais comme ça. Petite croque-mort joyeuse, en contraste constant et total avec
Mme Casper qui, comme sa profession le voulait, pouvait passer pour être aussi sympathique qu'une tombe.
“♪ Entour’ les rois, de belles voix qui du Seigneur proclamaient les louanges. Entour’ les rois, de belles voix qui tout en haut chantaient un air de choix. ♫”Ce vendredi matin, donc, en arrivant, tu fus donc assignée à la préparation d'une dame d'un certain âge qui avait été conduite aux urgences durant la nuit à cause d'une expérience en potion qui avait mal tournée. La famille devait passer dans la journée pour apporter l'habillement et si tu savais qu'elle avait quelques effets personnels qui étaient restés aux urgences. Un oubli, à n'en pas douter, qui ne t'empêcherait pas de faire
"prendre son bain" à ta patiente, tout en te l'imaginant à avoir une vie de folie de sorcière complétement perchée qui avait dû faire mille voyages et tester autant d'expériences, un peu comme Willy Wonka dans
Charlie et la chocolaterie.
“♪ Tout ravi de les entendre ainsi, me suis rangé pour voir leur équipage. ♫”Et entre deux fredonnements de chansons de Noël, tu refessais le monde - façon monologue, certes, mais quand même! - avec la grand-mère.
Sa toilette mortuaire terminée, une blouse de l'Hôpital sur le dos et son corps conservé comme il se doit, tu quittas la morgue en trottinant pour te rendre au service des urgences pour y récupérer les effets oubliés de la défunte.
“♪ Tout ravi de les entendre ainsi, de loin en loin les ai toujours suivi. ♫”Petit nain dont les cheveux étaient un curieux mélange entre une teinture violette qui commençait à partir et leur châtain naturel, tu arrivas finalement à destination, saluant joyeusement au passage tes collègues et les gens de manière générale que tu croisais.
“♪ L’astre brillant, toujours devant, servait de guide et menait les trois mages. L’astre brillant, toujours devant, s’arrêta net, venu devant l’Enfant. ♫”A l'unité tant convoitée, c'est, selon ton point de vu, un peu Bagdad. Il était vrai que les urgences étaient souvent le premier service dans lequel les patients arrivaient avant d'être dispatchés ailleurs dans l'Hôpital si les médicomages et guérisseurs urgentistes ne pouvaient rien faire. En arrêtant un qui passait à ta hauteur, tu lui lâches simplement, sans pour autant te départir de ta bonne humeur et de ton sourire:
“Gallchobhair, de la morgue - autant commencer par ça, si le chef de service n'arrivait pas à te situer.
Je viens récupérer les effets personnels d'une patiente décédée durant la nuit, mais je peux repasser, j'ai l'impression que vous êtes débordés.” En espérant que c'était
juste une impression, parce que commencer les fêtes comme ça, c'était pas cool...