The flying leaf || Ambroise

Je m’humecte les lèvres gonflées par nos baisers, en vois les traces sur son visage avant qu’il ne s’occupe de ma poitrine qui se soulève aussitôt et que ma respiration profonde laisse place à des soupirs. De nos mains et de nos lèvres nous partons à la découverte de l’autre. Ses muscles saillants dont j’apprivoise la dureté et qui roulent à chacun de ses mouvements, le grain de sa peau sous mes doigts brûlants… Une houle me traverse quand ses mains expertes s’aventurent entre mes jambes qui s’écartent encore comme pour en réclamer davantage. Je veux aussi le tourmenter de mes doigts agiles qui viennent caresser sa virilité érigée avant de se refermer dessus...

Je lâche un juron en romani alors qu’il entre en moi. Il bouge dans une lenteur délectable qui aurait pu passer pour de la torture sauf que, au contraire, je me surprends à vouloir que cette heure s’éternise, que ce moment dure une vie entière. Nos corps enchevêtrés, nos souffles mêlés… Mes yeux s’accrochent aux siens tandis que ma paume épouse sa joue, que mon pouce caresse sa lèvre inférieure en même temps que je mordille la mienne. Mes gémissements, dont je suis loin d’être avare, se calent sur la cadence de son bassin.

Je nous fais rouler sur le lit sans défaire l’union de nos corps, dans une valse sensuelle et grisante, et le chevauche désormais. Penchée sur lui, mes boucles brunes retombent sur son visage avant que je ne les écarte d’un geste de la main. Mes lèvres déposent un chapelet de baisers sur sa mâchoire, descendent explorer son cou, embrassent avec gourmandise son torse musclé, dévore sa peau légèrement salée par le voile de sueur qui nous recouvre doucement. Mes mains frôlent ses côtes, caressent son ventre chaud, et rencontrent mes cuisses à la naissance de son bassin. Je me redresse alors, le couve du regard tandis que je roule des hanches, mue par une musique imaginaire, dans un rythme lent et envoutant. Je contemple inlassablement son visage, ses traits et lui attrape les mains, l’incite à se redresser, à me rejoindre dans cette danse d’un autre monde.

Je passe mes bras autour de ses épaules, une main venant se glisser dans ses cheveux, l’autre s’agrippant à sa nuque solide. Je plonge mes yeux dans les siens, cherche à voir au-delà de ces prunelles azur, veux unir nos désirs, nos corps… Nos âmes. Le dresseur et le dragon ne faisant qu’un, dans un moment volé, dans une nuit partagée par deux amants. Connectés d’une façon qui dépasse le temps et l’espace. Mon corps entier vibre d’une énergie forte à laquelle réagissent certains de mes talismans, présents pour canaliser, contrôler mon feu intérieur, confondant certainement les effets de ce brasier charnel avec l'annonce d'une apparition de mon autre. Mais la seule menace, ce soir, me fait face et me transperce de ses yeux bleus. Goûter à cet homme réveille les ébauches figées de sentiments depuis son départ de la réserve… J’augmente l’amplitude de mes mouvements, accélère leur mesure et retrouve ses lèvres, sa bouche, dans un baiser enflammé. J’approfondis encore mes déhanchés, leur rapidité, me retrouve essoufflée mais si proche de céder à cette immense vague de plaisir.

Sex, Nudity


La souplesse de son audace vint enflammer le corps tendu de l'héritier, sans jamais rompre l'étreinte de leurs deux corps, la bohémienne vint le dominer de toute sa beauté. Sa cascade de boucles brunes lui caressant le visage, enveloppant leurs ébats d'un parfum si unique et si familier qu'il avait l'impression de lui faire l'amour dans une pays onirique.

La brulure de ses lèvres sur sa peau transpirante, lui arrachant des frissons qu'il n'avait connu que dans les situations les plus extrêmes de sa vie, beauté et effroi. Ce mélange si particulier qui pouvait lui nouer la gorge en quelques secondes, et le faire soupire l'instant d'après. Les mains aventureuses de la belle, lui firent perdre ses mots mais pas sa langue. Obéissant à ses hanches délicieuses, il perdit ses lèvres sur sa poitrine jusqu'à être capable d'inscrire le gout de sa peau sur ses papilles.

L'invitant à se redresser, le sorcier s'éxécuta. Les bras délicats autour de son cou, leurs deux corps mêlés, Ambroise plongea de nouveau ses doigts puissants sur la rondeur de ses courbes, pour s'assurer de sa capture. Avec une nouvelle ardeur, il souleva les hanches de sa compagne pour les entrainer dans un vas et viens presque sauvage. Des perles de sueurs courronnaient son front et celui de sa princesse. Il gémissait contre ses lèvres, sans être capable de se défaire de son regard. Capturé, ou captivé il ne saurait faire la différence. De longues minutes indécentes rythmèrent leur dernière étreinte. Jusqu'à ce que les assauts de son bassin se fassent plus profonds et fatals. Les premières vagues d'extases s'accrochèrent au visage parfait de la Romanez, lui permettant de la rejoindre dans l'ultime coup de hanche du Mapleleaf. Il sentit son corps se crispait pendant quelques secondes, avant de se perdre en elle dans un râle de plaisir.

Ses membres furent parcourus de tremblements, tandis qu'il relachait lentement son étreinte sur sa partenaire. Il se refusait à la libérer de ses bras, conservant sa chaleur contre son corps nu. Il perdit son visage dans ses cheveux corbeaux. Il aurait voulu lui confier tellement de mots, mais sa gorge était sèche, et son esprit ailleurs. Loin, envolé, avec elle.

Il lui fallut tous les efforts du monde pour qu'il cède, et qu'il se glisse à ses côtés. Il attrapa d'une main, l'une de ses couvertures et la déposa délicatement sur le corps céleste de Nairi. Lentement, il déposa un bouquet de baiser sur son épaule velouté. Il y avait tant de choses à dire, et pourtant il ne voulait briser l'instant pour rien au monde.

Dans un murmure il lui indiqua qu'il allait chercher de quoi boire, avant d'enfiler un bas et de disparaitre de la chambre, lui laissant l'intimité nécessaire pour se rhabiller ou pas. Ambroise ne voulait pas forcer les choses, et ignorer si cette union était volatile ou le début de quelque chose. Il n'était pas un homme à poser des questions ou des jugements, il possédait une certaine résilience. Si ce moment était unique, il le chérirait d'autant plus.

Prenant appuie contre sa cuisine, il alluma une cigarette. Revivant avec émotion, leurs ébats.

Quand il agrippe mes hanches pour me posséder de plus belle, je m’ancre à ses épaules. Mon corps se cambre, se tend, comme foudroyé par une décharge de plaisir intense. Ma tête bascule en arrière alors que je m’abandonne à ce délicieux courant qui nous traverse et qu’une onde s’échappe, allant balayer les talismans qui tanguent doucement au-dessus de nos têtes. Étourdie, je viens me plaquer au plus près de son corps, comme pour préserver l’instant, reprends doucement mes esprits au son de sa respiration profonde. Je savoure ce silence qui me laisse à mes sensations. Je me sens tremblotante, en proie aux émotions, fragile, totalement à nu. Un doux rire m’échappe tandis que mon dos retrouve le matelas et que le dresseur me couvre. Je passe affectueusement une main dans ses cheveux alors qu’il embrasse mon épaule, espère retrouver ses lèvres mais au lieu de cela le souffle exquis de son murmure vient me chatouiller.

Je le regarde s’éloigner, mes prunelles le suivant jusqu’à ce qu’il disparaisse de la pièce, puis je reste un instant étendue sur le lit. Je m’étire paresseusement, les yeux perdus sur les talismans qui ondulent encore doucement. J’observe les éclats de lumière danser sur les murs, bercés par l’écho de l’énergie libérée plus tôt puis je me redresse et repousse la couverture pour me lever à mon tour. Je cherche de quoi me couvrir dans les vêtements jetés au sol et mon choix se porte rapidement sur sa chemise que je ramasse. Je la porte à mon visage, en respire son odeur, celle-là même que j’ai déjà l’impression de sentir sur ma peau, mêlée à la mienne… J’enfile le vêtement qui m’arrive à mi-cuisse, retrousse les manches pour dégager mes mains, puis me glisse hors de la chambre, me faufile jusqu’à la salle de bain la plus proche où je me rafraîchie rapidement.

Alors que je vais pour regagner son antre, l’odeur de tabac qui monte à l’étage m’indique que le dresseur est toujours en bas, aussi je descends l’escalier d’un pas léger et le rejoints dans la cuisine. Je viens chercher la chaleur de son corps qui me manque déjà, passe mes bras autour de sa taille, viens déposer un baiser au creux de son cou, reste lovée quelque seconde avant de m’écarter et de désigner du menton la cigarette entre ses doigts.

« Tu en aurais une pour moi ? »

Alors qu’il me tend le paquet, dont j’extirpe l’objet de ma demande, et son briquet, je murmure quelques mots dans un dialecte perse presque oublié, ressens une chaleur remonter du plus profond de mes entrailles, puis souffle lentement sur le bout de la cigarette qui s’embrase. Ma bouche se fend d’un sourire espiègle et je tire une longue taffe de nicotine.

« Un petit tour que j’ai appris chez les dragonnes. Il faut bien qu’il y ait quelques avantages à être maudite. »

J’ai toujours eu une affinité particulière avec le feu, me sens même attirer par les flammes si belles et si dangereuses. Alors apprendre qu’il m’est possible de puiser dans celui qui se cache en moi fut une découverte merveilleuse ! La cigarette coincée entre les lèvres, je me hisse à côté de lui sur le plan de travail en marbre si froid au contact de ma peau nue qu’il m’en donne la chair de poule, les jambes dans le vide. Le cylindre de tabac dans les doigts, j’observe le fin trait incandescent qui borde la cendre, dévorant doucement le papier, une volute de fumée se dispersant dans l’air. J’ai certainement beaucoup de choses à apprendre de ce village mais la déception de n’y trouver aucune solution miracle à mon problème avait eu raison de mon bon sens...

« Est-ce que vous vous accordez des vacances durant les fêtes de fin d’année ? »

La quiétude fut interrompue par la demoiselle, qui vêtue simplement d'une chemise vint rejoindre le sorcier. Il offrit un sourire tendre lorsqu'elle vint se lover contre lui. Il s'enivra de son parfum quelques instants, avant de répondre à sa demande de nicotine avec un air étonné. Il espérait que ce n'était pas sa mauvaise habitude qui l'a tentait. Il observa le tour de magie unique lui coupait le souffle.

- C'est incroyable souffla t il, en l'observant aspirer le nuage de vapeur.

La question des vacances l'étonna d'autant plus. Il lui fit fasse, glissant ses mains chaudes sous ses cuisses, appréciant le contact retrouvé avec son corps. Ambroise l'enlaça avec une douceur qui contrastait avec la passion dont il avait été épris quelques minutes auparavant.

Il lui sourit, avant de réflechir. Des vacances ? Peut être qu'Amaranth prévoyait du repos avec son tendre. Pour l'instant rien n'était acqué. Quand à lui, mh, il ne prévoyait rien.

- Ma mère n'est pas en Europe réflechit il à voix haute, et après une année aussi complexe.. Un peu de vacances ne seraient pas une mauvaise chose.. Mais où partir ? Le dresseur n'en avait aucune idée, il n'était pas le plus organisé des sorciers et préférait se laisser porter par l'aventure ou la route. Du moment qu'il pouvait rouler, ça lui convenait. Je suis plutôt du genre, à effourcher Dahlia.. enfin ma moto, et voir ou ça me mène. Conclut il avec un sourire satisfait.

- Et de ton côté ? Questionna t il. Dans mon souvenirs, les tsiganes ne fêtent pas Noel, qu'en au principe de vacances ? Vous prenez la roulotte quand ça vous chante.. Et ça c'est merveilleux.

Il aimait la liberté de ce peuple. Le principe d'être soumis à aucune responsabilité pouvait être séduisant, mais ce qui faisait battre son coeur c'était la nature sauvage, et le voyage. Découvrir de nouveaux tableaux chaque jour, bien accompagnée.. C'était ça peut être ses vacances idéales.

Instinctivement, ses doigts gourmants remontèrent sur ses cuisses pour se glisser sous la chemise bien trop grande pour sa silhouette menue. Effleurant son ventre, jusqu'à ses seins encore gonflés de leurs ébats. Son sourire se fit plus audacieux.

- Es tu déjà en train de me proposer... de disparaitre avec toi, plaisanta t il, en poursuivant ses caresses indécentes. Ambroise était d'une nature plutôt enflammé, et renonçait difficilement à ce genre de tentation.

« Ça fait son petit effet en société ! Qui sait ? Peut-être deviendrais-je une cracheuse de feu sans artifices à force d’entraînement. Une nouvelle corde à mon arc ! "Approchez, braves gens ! Venez voir la grande Naïri !" »

Je lève les bras, les écarte dans un geste théâtral, mains ouvertes, imaginant mon prénom en lettre lumineuse. Bien que ma simple nature suffirait à faire de moi l’attraction principale. Si je n’avais pas eu la chance de grandir aussi bien entourée par cette famille de cœur, j’aurais pu atterrir dans les griffes de personnes mal intentionnées qui auraient utilisé ma malédiction pour se faire de l’argent. Naïri, la femme dragon ! Je suis tirée de cette brève rêverie sinistre par la chaleur de ses mains sur ma peau, je frissonne à ce contact et cambre légèrement le bassin en réponse. J’écarte les jambes pour accueillir son corps et apprécie cette douce approche. Je l’écoute répondre à ma question, respirant les bouffés goudronnées et relâchant la fumée tête tournée sur le côté pour ne pas l’enfumer. Si mes oreilles sont attentives, mes yeux sont bien plus occupés à étudier les traits de son visage, à observer ses lèvres appétissantes bouger, s’étirer… Je hausse les sourcils, amusée d’entendre le prénom donné à sa moto.

« Dahlia… Comme le roman ? J’aime beaucoup ! C’est la même monture mécanique qu’à la réserve ? »

Je retiens qu’il semble avoir garder son goût pour l’aventure et ça me plait. Il ne s’est peut-être pas si assagi que ce que je craignais en le découvrant dans cette boutique ou quand il évoquait cette stabilité. Quand il me retourne la question je souris. Surtout face à la vision qu’il a de mon peuple.  Elle me semble un brin romancé mais c’est agréable d’avoir affaire à quelqu’un qui en a une belle image, qui ne nous voit pas que comme des gitans voleurs de poule ou que sais-je. Dans ses yeux je n’ai pas l’impression d’être une moins que rien.

« Les tziganes s’adaptent. Certains célèbrent Noël. D’autres Hanoukka… ça dépend beaucoup du lieu, de la communauté qui entoure. Je ne suis pas très attachée à votre fête. Un vieux monsieur obèse et rougeaud qui entre par effraction pour déposer des cadeaux aux enfants ? Pendant que la famille dort ? Très… très suspect ! » J’éclate de rire. « On n’a pas besoin d’un jour en particulier dans l’année pour célébrer les enfants ni la famille. Je suis plus encline à célébrer la nature. Le solstice d’hiver, entre autres. Et je ne m’attendais pas à le passer avec toi… »

J’écrase ma cigarette et vide mes poumons de la fumée. Libérés du mégot, mes doigts s’aventurent sur les cotes du dresseur. Si je n’étais pas tombée sur lui en venant faire mes achats, s’il ne m’avait pas fait cette proposition surprenante… Sans doute que je serais au coin du feu, avec les autres, à profiter de cette nuit la plus longue de l’année, à célébrer la lumière du jour qui se ferait plus présente à partir de cette nuit… Mais ce serait mentir que de ne pas admettre que j’étais mieux ici. Le solstice d’hiver a lieu chaque année. Qui sait si d’autres soirées de ce genre allaient suivre ? Non, je n’aurais raté cette nuit en sa compagnie pour rien au monde.

« Pour ce qui est des vacances… Je ne suis pas si libre que ça ! J’ai des responsabilités vis-à-vis des miens et il faut bien mériter sa pitance… Mais on a plus de liberté, probablement, oui. »

C’est avec difficulté que je garde le fil de mes pensées, de mes mots. Ses mains qui se perdent sur ma peau saccadent ma respiration, affolent mon cœur. Mon corps s’embrase à nouveau en réponse aux gestes d’Ambroise et un gémissement m’échappe alors que mes propres mains descendent lentement vers son bas ventre, désireuses. Je suis hypnotisée par son sourire et répondre à sa prochaine question devient un véritable défi.

« Je ne peux pas m’absenter plus de quelques jours... mais peut-être pourrais-tu me faire visiter ce Royaume-Unis ? Ce serait un peu comme… au bon vieux temps. Sauf que tu serais le guide. Car il doit bien y avoir autre chose que cette grisaille et cette pluie, non ? » Je viens jouer avec l’élastique de son sous-vêtements, dernier rempart avec la chemise qui sépare nos corps. « J’ai conscience que votre gouvernement ferme les portes du monde magique, alors peut-être que ce n’est pas le meilleur moment… Je ne voudrais pas t’attirer des problèmes. »

Instinctivement il fit une moue boudeuse lorsqu'elle évoqua le fait qu'elle avait pas envisagé de passer les fêtes de fin d'année avec lui. C'était logique, ils ne s'étaient pas revus depuis des années et cette soirée de retrouvailles tombait comme un cadeau du ciel. Ambroise avait un côté spontané, et presque immature dans ses réactions premières.

Un sourire mutin se dessina sur ses lèvres quand elle s'annonça qu'une escapade de quelques jours était envisageable. Et surtout, le sous entendu sur le fait qu'elle craigne de lui attirer des ennuis lui tirèrent un rire franc. Avant qu'il frissonne à son tour, en sentant ses doigts audacieux se glissaient entre son élastique et sa peau.

- Mon nom de famille c'est Mapleleaf, Nairi.. Je n'ai pas besoin d'une... superbe dragonne pour m'attirer des ennuis.. Souffla t il en effleurant ses lèvres rosées par leur proximité. J'y arrive très bien tout seul.. enfin presque, ma cousine le fait pour moi, ajouta t il avec un nouveau rire.  

- Mais je pourrais enfin... te guider à travers ce magnifique mais pluvieux pays.. Souffla t il en faisant jouer ses doigts sur le velours enflammé de sa peau, caressant l'intérieur de ses cuisses. Je pourrais te montrer les highlands.. C'est magnifique mais très humide..

Ambroise rompit le contact entre leurs deux corps avec une expression provocatrice. Reportant son attention sur un des verres de vin qui trainait sur le comptoir. Il captura une gorgée, colorant légèrement ses lèvres d'un rouge tendre. Il prit un air faussement sérieux en plongeant son regard clair dans les pupilles onyx de la princesse tsigane.

- Le risque... C'est que ce soit moi, qui t'attire des ennuis.. souffla t il, avec un sourire incendiaire. Si je décidais de te ravir pour toujours.. Etait ce un fantasme ou une promesse, même Ambroise ne le savait pas. Si la stabilité de l'affaire familiale lui convenait, il demeurait néanmoins sensible à son amour de toujours et à l'idée de s'en emparer et de disparaitre dans les landes de l'Ecosse. Ambroise était un sorcier dont l'âme appartenait à la nature et ses forces mystiques. Peut être, qu'il avait fait partie de ce peuple des routes dans une autre vie.

La succession d’émotions sur son visage me tire un grand sourire. Voilà ce que je préfère largement aux mines sombres et réservées de la population britannique que j’ai pu croiser ces derniers jours. Il a ce naturel que j’affectionne tant. Je lève les yeux au ciel alors qu’il me dit que son nom de famille est suffisant pour lui attirer des problèmes. Pour moi ce n’est pas qu’un nom, mais le lieu où je suis née, la manière dont j’ai été élevée, tout ce qui fait qui je suis. Tout mon être dérange les institutions. Et encore, c’est sans prendre en compte la version écaillée de ma personne qui les achèverait s’ils savaient.

« Fricoter avec une sans papier n’aidera pas à redorer ton blason. Peut-être qu’ils te mettront dans le même bateau pour le continent s’ils nous chopent ? »

Mes joues se colorent alors que ses doigts continuent d’explorer mon corps qui ne demande qu’à ce qu’ils ne le quittent plus et qu’ils se fassent plus aventuriers. Mes mains passent dans son dos, viennent caresser le bas de ses reins, passent sous le tissu et retrouvent les fesses musclées dont elles ont brièvement déjà fait la connaissance alors que je le déshabillais plus tôt.

« Il n’y a pas que tes Highlands qui le sont. »

Ma voix est grave, chaude en écho à la température de mon corps. J’ai soif de cette bouche, de ces lèvres si appétissantes que je fixe avec envie. Quand il s’écarte, je ne peux réprimer une protestation sonore ! A mon tour de bouder face à la distance qu’il a prise et je jalouse le verre qu’il porte à sa bouche délicieuse. Je ne cille pas quand il plonge ses merveilleuses prunelles dans les miennes. Sa réflexion, en revanche, lui vaut un sourcil arqué alors que je serre brièvement les dents.

« Le dernier qui a essayé s’en est mordu les doigts. »

Les circonstances étaient toutes autres, certes. Ari avait été un moment de faiblesse dans ma quête de réponses. La frustration de ne pas trouver ma route, de me sentir si proche de ma mère et si éloignée à la fois avait eu raison de mon moral. Je m’étais alors accrochée à la tendresse que m’offrait mon guide, jusqu’à ce que je réalise qu’il n’était pas celui qu’il prétendait être, que le masque ne se fissure pour laisser entrevoir l’homme abusif qu’il était. Un homme qui voulait me garder auprès de lui, prêt à user de la force, et que j’avais fui à tire-d’aile, non sans venir lécher son visage de mes flammes.

Ici, rien de tel. Pour l’avoir côtoyé longtemps déjà, je sais qu’aucun monstre ne se cache derrière la beauté de ses traits. Aucun danger si ce n’est celui d’y laisser mon cœur. A nôtre rencontre, ce dernier avait déjà manqué de faillir devant le regard azuré du Mapleleaf. Ce fut un délicieux mais douloureux coup du sort. La dragonne qui en pince pour le dresseur. Je me sens encore fondre sous ses yeux, prête à flancher, à sombrer. C’est une lutte qui reprend, entre la femme qui ne demande qu’à goûter à un amour véritable, qu’à voir jusqu’où ira ce qui prend forme ce soir, et la sorcière qui se sait maudite et ne veut plus y croire, qui a peur d’encore y croire.

Je descends du plan de travail en marbre, retrouve le sol avec souplesse et me rapproche d’Ambroise, viens parcourir doucement son torse du bout des doigts, remontant avec lenteur jusqu’à son cou, sa mâchoire, sa bouche, sans interrompre l’échange de regard.

« Ne commence pas à me faire miroiter une romance, dresor. Je suis le dragon qui dévore le courageux prince, pas celle qui deviendra reine à son bras. »

Ce n’est pas une menace mais une simple constatation. Une évidence que je ne pensais pas avoir à lui agiter sous le nez. Car je ne suis pas dupe, je ne le suis plus, du moins. J’ai conscience de certaines limites et m’en accommode désormais. J’ai passé l’âge des faux espoirs qui ne sont qu’une perte d’énergie. Je ne veux plus regarder l’horizon et rêver sur du long terme que je pourrais ne jamais atteindre, non, je veux profiter du moment présent, le savourer. Vivre, bon sang !

« Voyons déjà si tu survis à ces quelques jours en ma compagnie. »