TW : Amour consanguinLes papiers avaient été fait en temps et en heure, merci la place privilégiée de James Grey au sein du Ministère. Il avait récupéré les deux accords de sortie du territoire le vendredi pour le mardi et il avait laissé les deux billets juste à côté du portoloin officiel qu’on lui avait confié, ainsi qu’un autre billet afin d’obtenir le portoloin retour auprès de l’Ambassade Anglaise à Vienne. Tout semblait être parfaitement réglé, et on avait même autorisé ses cinq jours de congés sur la semaine, ce qui était plus qu’exceptionnel pour le Département des Mystères.
Il n’avait qu’à peine pu dormir, et cela avait servi puisque la veille du départ,
Joleene Grey s’était déplacée en personne et avait vu l’état des cernes sur le visage de son fils. Elle l’avait jugé, lui avait rappelé de prendre soin de lui, mais face aux rares réponses de son cadet, elle avait fini par s’effacer dans un petit grincement de dent. Elle venait aux informations, mais James ne lui ferait pas ce plaisir.
Au lieu de ça, il s’affaira le reste de la nuit à préparer sa valise et à repenser à tout ce qu’il avait prévu de leur voyage. Son coeur battait dans sa poitrine comme s’il avait préparé leur voyage de noce, et l’idée même le fit rougir un peu.
Le matin même du départ, James avait ramené ses affaires dans les appartements voisins d’Ana Souvorov. Il s’était fait la réflexion que dormir toute la semaine précédente hors du Manoir d’Ana ne lui avait pas apporté la moindre satisfaction, alors qu’il s’était imaginé s’éloigner de la tentation ultime, puisque la jeune Souvorov semblait toute douce avec lui depuis l’annonce de leur voyage. Une grâce tactile qui lui déchirait le corps et l’empêchait dans la journée de penser à autre chose qu’à elle.
Un soupire piqua ses lèvres, avant qu’Ana Souvorov ne lui apparaisse, plus belle que la veille, moins que le lendemain. Il lui embrassa avec tendresse la main, avant de lui montrer le portoloin qui n’était pas encore actif.
« C’est toujours une surprise » s’amusa à souffler le jeune homme, ses doigts dans les siens.
Il fallut attendre de prendre le portoloin et de voyager par-dessus la mer, et de s’éloigner bien au-dessus de la France pour comprendre que leur port d’attache serait en réalité Vienne. C’est ainsi que les deux silhouettes se posèrent avec douceur sur le sol de l’Autriche magique, dans un quartier chic qui n’était pas sans rappeler les extravageances de Flagley-le-Haut, avec ses façades gothiques et ses allées fleuries.
Dans un premier temps, James, tenant toujours Mademoiselle par la main, marcha avec elle jusqu’au petit hôtel particulier où il avait pu dégoûter une chambre au goût exquis et très bien placé, à quelques pas seulement de la plus part des grands passages vers les points qu’il avait prévu pour cette première journée.
Ils passèrent à droite
d’une statue qui tenait l’avancée d’une devanture, toute faite d’un marbre ayant jauni avec le temps. Quand les deux bruns passèrent en dessous, elle ouvrit ses yeux et salua le joli couple avec un grand sourire lumineux, son drapé nacré roulant à chacun de ses mouvements. Elle invitait d’une main gracieuse à entrer dans les magasins qui se trouvaient déjà attaquer par la foule de sorciers curieux et pressés.
Au lieu de ça, James prit une venelle discrète jusqu’à arriver à la devanture de l’hôtel réservé. A l’entrée, un homme d’une grande taille et d’une moustache guidon parfaitement taillée les invita, soufflant un simple
« ein Herr », avant de s’écarter.
La pierre noire dévoila derrière lui une arche ronde sous laquelle James entraîna Ana, découvrant
une cours intérieure plutôt intimiste, où malgré les très nombreuses fenêtres éclairées, on ne devinait aucune silhouette, tout étant fait ici pour privilégier les secrets des rares invités. Une adresse qu’il avait eu grâce à Jane Ward, qui ne pensait pas qu’il l’utiliserait dans un autre cadre que celui du travail - mais James Grey n’était-il pas un homme plein de surprises ?
« J’espère que la vue te plaît » souffla James, un brin nerveux,
« je n’ai pas été très original », et il était vrai que l’intérieur qu’il avait loué pour les trois jours de Samhain avaient été décoré selon l’avis du Grey. On y retrouverait des parures épaisses et riches, des fleurs - des roses, très majoritairement - mais d’un vieux rose, et d’une douceur où aucune épine n’aurait été laissé sur les tiges épaisses.
A l’accueil, on lui donna la clé des appartements, non sans un sourire de la part de la réceptionniste, et James monta avec une étrange sensation - cette incroyable substance. Il se fit la réflexion qu’il était bon d’être des anonymes dans ce monde, puisque depuis leur arrivée, sa main n’avait pas quitté celle de sa cousine, sans qu’il ne ressente la moindre honte ou la moindre crainte.
Il ouvrit finalement l’appartement dont la baie vitrée du salon donnait sur la rue marchande juste en dessous, sans le son et sans qu’on ne puisse deviner leur silhouette. Du reste, il y avait
une cuisine simple où les cuivres attendaient, et
une seule chambre dans lequel un grand lit trônait au milieu, entouré de multiples vases et miroirs, dans une décoration toute florale.
Enfin, et à la demande de Grey, un piano avait été mis tout près de la cheminée qui crépitait d’une douce chaleur. A l’intérieur on trouvait une bûche éternelle, toute droit sortie de la Forêt Noire plus lointaine, et qui brûlait disait-on tout l’espace d’un hiver lorsqu’elle était allumée.
« Nous allons pouvoir déposer nos affaires. Nous avons toute la journée pour faire le tour des environs, et ce soir, je nous ai réservé une table dans un petit restaurant. D’après mes sources, ils ont une superbe verrière qui permettrait de voir les mannes de Tir Na Nog, en plus d'un petit orchestre symphonique qui joue du Bach. » Un sourire fin passa sur ses lèvres :
« Oui, je suis un grand romantique, je sais. »MADE BY @ICE AND FIRE.