Mon ouïe était bien moins entaché que mon âme. Relevant la tête avant que Nikolai n’ouvre la porte, je tournais mon regard, assis dans la canapé vers cette dernière sans rien dire. N’écoutant plus tellement Irja ou Kira, je me focalisais sur cette porte, sans plier le regard. Ainsi donc le moment allait arriver. A son entrée, où il ne se fit pas prier pour jouer son rôle de chef de clan avec toujours un aussi bon caractère, je manquais de rire. D’un rire gras et sournois. Je l’avais vu se cogner sur les tables du salon du domaine familiale en Scandinavie, et voilà que maintenant, il me parlait comme à un moins que rien. Me levant, je m’approchais pour le saluer. Sans peur et sans crainte comme toujours. Ma barbe hirsute masquait mon visage et me donnait un air encore plus redoutable que la dernière fois que l’on s’était rencontré. Passant mon regard sur Njal d’un petit coup d’oeil très légèrement amusé, je me contentais de répondre pour compléter la réponse d’Irja :
« Jusqu’à preuve du contraire, je suis chez moi. » dis-je froidement.
Je le fixais. Avec Nikolai, il n’y avait pas défiance. Mais un respect mutuel ancestral. Il gouvernait, j’exécutais. C’était ainsi depuis le jour de ma naissance et de la sienne et de la mienne. Mais les traditions faisaient que mon ancienneté et mes anciennes capacités d’autrefois m’avait fait gagner un certain respect reconnu de tous dans cette famille. Et je venais de lui prouver que ce soir, il était hors de questions qu’il les ballait d’une simple remarque.
« J’étais de retour pour le domaine, afin de te rencontrer et de discuter des raisons de mon absence en tête à tête quand je suis tombé sur deux Loups Garous. J’ai eu le premier, et nous dirons que le deuxième a été exécuté par Kira parce que j’étais concentré sur sa sécurité. »
Je le regardais dans les yeux. Je m’avançais et je lui saisis l’avant bras en maintenant mon regard. Je poursuivais et je déclarais :
« Je te conterai toute cette mauvaise histoire quand nous ne serons que tous les deux. Les mauvais songes ne sont pas fait pour être entendue par tout le monde, sauf si telle est ta décision. »
Je n’avais absolument pas envie que Njal et Kira entende l’histoire et le passé que je venais de traverser. Je ne voulais pas les effrayer sur les méfaits que pouvait avoir un amour lorsqu’il tournait au drame et qu’il était ma foi mal choisi. Je me contentais simplement de répliquer :
« Disons que les noces ne se sont pas terminés comme prévus, mais ça tu devais être au courant. Puis je n’ai pas eu la force de poursuivre la vie que j’avais autrefois. Même les plus grands ont un pied d’argile. » dis-je simplement.
Ce n’était pas de l’orgueil. Mais la stricte vérité. Et puis je venais d’en dire assez pour que tout le monde comprenne le principal. Les autres détails, les plans d’actions et les traques que j’avais mené dans les coins reculés de Scandinavie et tout le reste serait réservé à Nikolai.
« Mais ton discours dans une gazette m’a donné envie de revenir vers les miens. Je pense que vous aurait besoin de soutiens, enfin si tu veux toujours de moi bien évidemment. »
Je continuais de le regarder dans les yeux, puis je me décalais très légèrement pour regarder Njal appuyé sur une rambarde. Il avait le regard des gens qui se levait le matin en se demandant si le monde était digne de le porter ou non… Je ne pus m’empêcher de ricaner.
« Serais-ce de la barbe que je vois sur son visage ? La tienne est apparue un peu plus tôt…Mais il te ressemble déjà. Cintrer comme un taureau, avec le regard de celui qui pense être au dessus. Bien que je sois visiblement en tord à tes yeux, Njal, un salue à ton oncle aurait été fort appréciable. Mais je m’en accommoderai ne t’en fait pas… J’ai reçu un meilleur accueil avec toi qu’avec Irja... »
Je me retournais, de dos, les autres ne me voyaient pas et j’adressais un léger clin d’oeil et un sourire amusé et espiègle à cette dernière et à Kira. D’ailleurs…
« Et ta fille a déjà le sens du devoir familial. Un trait de son père et non de son parrain il faut croire. Je suppose qu’elle a du me voir au loin comme le dit Irja, et qu’elle n’a pas pris conscience d’avertir les autres dans la précipitation. Ce n’est pas tous les jours que l’on voit un mort marcher, ou encore mieux raconter des histoires. »