How to save a life 

résumé:

Tout s’était passé si vite: la porte, le couteau, le gallion, le fantôme, la disparition.  @Milo Clearwater n’était plus là, et même s’il avait le don de lui courir sur le haricot, Norà ne pouvait qu’observer les faits, les yeux emplis d’épouvante. Encore flamboyante pour essayer de faire tenir les quelques murs restants prêts à s’effondrer, la petite flamme serrait  @Queenie Walker dans ses bras. Sans l’étouffer mais comme si elle craignait de la voir s’enfuir. Elle était ligotée, elle n’aurait pas pu courir bien loin, même avec tous les efforts du monde. En réalité, n’était-ce pas sa propre peur qu’elle essayait de camoufler sous leurs deux chevelures, comme un secret précieux qu’aucune des deux n’aurait jamais voulu livrer? Le temps sembla aussi fugace que long avant que  @Jameson Clearwater n’intervienne pour libérer Queenie de son maléfice. Si seulement il avait eu le pouvoir de changer la donne. Jamais Norà ne se sentait si imbécile. Une erreur de première année qui pouvait coûter cher, très cher. La vie de Milo ne tenait certainement plus qu’à un fil.

La résolution qui sonnait dans la voix de leur directeur de maison laissait peu de place à la tergiversation. Ils iraient tous à Sainte-Mangouste, sans sourciller. Alors Norà suivit, elle ne dit rien. Le transplanage ne fut pas agréable, comme le peu de fois où elle s’était laissée embarquer. En arrivant à Sainte-Mangouste, Norà était certainement plus grise ou verte que rose. Mais elle ne dit plus rien, le regard happé par les médicomages qui s’affairaient de tous côtés. Que s’était-il réellement passé ce soir? Plus le temps passait, plus le malaise prenait de l’ampleur, laissant Norà fébrile à l’idée qu’on la questionne ou qu’on la touche. La certitude de n’avoir rien à faire ici s’installait à mesure que les secondes défilaient. Un Episkey aurait suffi. C’était tout ce dont elle avait besoin, histoire de guérir l’éraflure qui traversait sa joue. C’était tout. Elle n’avait rien à faire là.

Elle laissa  @Israfel Clearwater  la bercer d’illusions sans broncher. Bien sûr que c’était de sa faute. Elle l’écoutait sans rien dire, serrant sa main à chacune de ses phrases. Répétait-il cela pour finir par s’en convaincre? La petite flamme s’était éteinte en posant ses pieds dans les couloirs froids de l’hôpital, laissant les « grands » prendre les choses en main. Elle guettait Israfel du regard, le laissant chapeauter les opérations. Inutile de lui dire que faire ou que dire, la tête brûlée franchirait n’importe quelle limite que ce fut pour parvenir à ses fins. Faire examiner Queenie au plus vite, retrouver Milo coûte que coûte.

Les paroles du jeune Clearwater résonnèrent en Norà comme un gong, soulevant subitement une vague d’émotions disproportionnées. Pas de sa faute. C’était de sa faute. Rester au domaine. Et subir le regard et le jugement de tous les Clearwater. Contacter les parents. Et les abandonner pour sauver sa peau au détriment de la leur. Sa mère. Qui ne manquerait pas de lui rappeler combien elle avait été stupide. Son regard parcouru le côté droit du couloir, songeant un instant à prendre la fuite par le premier escalier de secours qui s’offrirait à elle.

La petite braise finit par ouvrir la bouche pour la première fois depuis son arrivée, regardant Israfel de ses deux grands yeux désolés. « Je… Je ne peux pas. » Elle observa l’autre côté du couloir. « Je… je dois rentrer chez moi. Mes parents ne sont pas en sécurité. Ils ne doivent pas savoir. »  Elle se leva, manquant de bousculer Israfel au passage, une main sur sa joue. Comment pouvait-elle ne serait-ce que considérer d’aller chez les Clearwater? « Je dois m’occuper de ça et.. ce sera bon. Je… je dois… rentrer. » Et peut-être ne jamais revenir.

C’était la pure pagaille. Le ministère s’agitait dans tous les sens, accusant le coup de plusieurs attaques simultanées que l’on n’arrivait pas à gérer. Quoi, pourquoi, comment? Même les questions les plus simples semblaient sans réponse. Le brouhaha général ne laissait aucune chance d’y comprendre quelque chose. Elle tenta de demander des informations sur ce qu’il s’était passé, sur les personnes visées par les agressions. Un premier frisson lui parcouru l’échine lorsqu’elle entendit le mot Auror traîner au loin. Après tout, ça pouvait être n’importe qui.  @Fergus Clearwater comme quelqu’un d’autre. Si Fergus avait été touché d’une manière ou d’une autre, elle aurait certainement déjà été tenue au parfum.

Elle s’était inquiétée de voir un patronus de canard passer sous ses yeux quelques minutes plus tôt. Alors elle avait transplané jusqu’ici, abandonnant Sören et Kani derrière elle. Juste histoire de vérifier que tout allait bien, juste pour voir Fergus courir comme les autres dans les couloirs du Ministère, sous le joug d’une panique incontrôlable. Mais cet espoir avait été rapidement éclipsé par une note volante qui vint se déposer au creux de sa paume. Fergus à Sainte-Mangouste. Signée de la main de @Gabriel Standford. Pas besoin de retenir une Solvi chancelante: ce n’était pas la peur qui coulait dans ses veines mais la terrible envie d’en faire baver les responsables. Le patronus n’avait pas suffi à rassurer la belle brune. Que lui était-il arrivé depuis cet énième effort? La note de Gabriel apaisa son angoisse, ainsi consciente que son fiancé était probablement toujours en vie. Gabriel ne l’aurait pas fait venir pour lui annoncer une terrible nouvelle. Il serait venu de lui-même. Sans perdre une seconde, Solvi referma son poing sur la note puis transplana à l’hôpital.

Elle n’était pas Auror, et ainsi n’avait certainement pas le droit d’être là, pourtant Solvi ne se fit pas prier pour transplaner dans la zone qui leur était dédiée. Elle marcha d’un pas un peu trop rapide, un peu trop nerveux pour inspirer confiance. « Le numéro de chambre de Fergus Clearwater s’il vous plaît. » lança-t-elle à la secrétaire qui se tenait derrière le comptoir d’accueil. Elle secoua la tête calmement, refusant platement de lui divulguer la moindre information. Solvi fronça les sourcils, visiblement mécontente de recevoir un tel refus. Était-ce parce qu’elle n’avait pas dit bonjour? Elle s’éclaircit la voix avant de s’accouder avec un grand sourire carnassier. « On reprend du début, je crois que nous sommes parties sur de mauvaises bases. Bonjour, j’aimerais connaître le numéro de chambre de Fergus Clearwater s’il vous plaît. » Elle patienta là, avec son grand sourire puant l’hypocrisie avant d’essuyer un nouveau refus. « Par Merlin, je suis sa femme! Enfin, sa fiancée. Solvi Nibelungen, dites quelque chose, je ne sais pas moi! » Elle secoua de nouveau la tête avant de lever les bras au ciel, s’emportant certainement un peu trop. On la menaça de la placer sous potion tranquillisante à défaut de se calmer, ce qui ne fit que la faire bouillonner un peu plus. Elle ferma temporairement son caquet avant d’apercevoir  @Gabriel Standford au loin, derrière un mur de gardes tous aussi imposants les uns que les autres.

« Gabriel?! » hurla-t-elle pour attirer son attention, priant pour qu’il ne bifurque pas avant qu’on ne l’emporte elle. Loupé. Elle se retourna pour chercher un Clearwater parmi la foule qu’elle n’avait pas même pris le temps d’examiner. « Fergus! » cria-t-elle, espérant que son fiancé soit suffisamment conscient pour l’entendre hurler, où qu’il soit. «  @Israfel Clearwater ? Qu’est-ce que tu fais là ? Est-ce que ça va? Est-ce que Fergus est là ? Est-il vivant? » On se demandait si Solvi avait suffisamment de souffle pour poser toutes ces questions, manquant subitement d’air pour terminer sa tirade.