an other wand story

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17.08.2022

Ce n'était pas si simple que ce qu'il avait pensé, malgré le retour d'Asel. Adil peinait à taire sa colère qui se terrait dans un coin de son âme pour enflammer son cœur qui criait vengeance. En plus de cela, ils ne pouvaient pas se voir comme ils le souhaitaient et même s'ils s'échangeaient du courrier tous les jours, avec ce qui s'était passé cet été, cela restait particulièrement compliqué. Amastan lui avait dit que ce n'était pas forcément une mauvaise chose, tandis qu'Elisabeth avait renchéri en lui disant qu'un peu de frustration de temps à autre ne ferait que consolider les liens qu'ils les unissaient.

Pour Adil, c'était des bêtises. Comme elle le lui avait expliqué lors de leur premier baiser, à l'éveil de cette douce lueur qui les avait entourés pour ne donner qu'une apparence à cette essence qu'était l'amour qu'ils partageaient. Autant vous dire que cela nourrissait une certaine arrogance qu'il ne pouvait s'empêcher de revêtir avec cette teinte verte de la rage qui n'attendait qu'une étincelle pour déclencher la dispute.

Et il y en eut.

Le pire dans tout cela, c'était qu'Adil ne s'était pas rendu compte de cela lors de cet échange rapide, mais si rude, si violent, qu'Amastan n'avait pas su quoi répondre, se murant dans un silence comme si on lui avait retiré son souffle, laissant sa femme exprimait son sang Clearwater à travers une dispute particulièrement dure. C'était comme si son corps, son esprit, refusait de voir le mal qu'il leur faisait.

Par chance, ce n'était pas tous les jours, même si les nuages gris n'étaient jamais loin du visage d'Adil. Amastan et Eli avaient trouvé une jolie maison sur Tinworth. L'aménagement ne pouvait se faire tout de suite. L'achat nécessitait des travaux plus ou moins longs, même avec la magie comme alliée. Adil s'était porté volontaire, sa langue lui servant de frein à cette colère qui lui faisait penser à @Braxton Clearwater. Le travail manuel ne le dérangeait pas tant que ça tant que ça se passait en silence. C'était compliqué.

Ses parents avaient beau savoir que son comportement était involontaire, ils ne pouvaient tout laisser passer. Et avec l'âge d'Adil, cela rendait les choses bien plus compliquées que lorsqu'il était adolescent.

Mais ce mercredi 17 août, Adil ne serait pas là puisqu'il avait un rendez-vous avec Asel sur le chemin de traverse. Elle avait une baguette magique à acheter, et lui, il avait une nouvelle tenue de soirée à acheter en plus de quelques autres babioles nécessaires pour son année scolaire.

L'excitation fut là dès les premières lueurs du soleil. Il s'était levé tôt pour expédier le plus vite possible ce que son oncle lui avait demandé de faire la veille (autant vous dire qu'il dut repasser derrière la mort dans l'âme) avant de passer sous la douche (à moitié fini) pour se faire beau. Dans ses cartons qu'il refusait de défaire - chiant jusqu'au bout - il saisit deux, trois habits - qui ferait sa tenue d'aujourd'hui.

Devant le mur qui ouvrait le chemin de Traverse à 11h pile, Adil attendait Asel, l'impatience de la revoir lui faisant l'effet d'une pièce dans l'estomac. Le temps était clément, promettant une belle journée au dessus de Londres.

Another Wand Story

17.08.2022

Si ça n'avait été que d'elle, ils ne se seraient plus quittés d'une semelle. Cela faisait longtemps qu'Asel Misra était prête à quitter le nid. Bien avant la fin de cinquième année, elle avait annoncé son intention de prendre un appartement. Cela serait plus simple puisqu'elle envisager de travailler à Sainte Mangouste et surtout, elle avait ce besoin d'indépendance qu'elle tenait probablement de son père. Les péripéties de l'été n'avaient rien changé à ses projets de ce côté-là, ni même son inscription en M.U.L.O.T quand elle avait toujours juré qu'elle ne resterait pas deux années de plus à Poudlard.

Mais le laird avait donné un tour de vis, particulièrement à ceux qui avaient des liens proches avec les Clearwater. Si sa tante Blair ne s'était plaint de rien, Asel, pour la première fois de sa vie, ruminait sa frustration de se trouver confinée sur l'Ile de Skye. Les Mesli n'avaient évidemment pas souhaité rester à demeure et de fait, la sgitheanach n'avait eu que peu d'occasions de voir Adil. A raison d'une lettre par jour, le petit hibou d'Asel, Plume de Carotte, n'avait jamais fait autant d'aller venues de sa vie. Mais l'encre couchée sur le papier ne valait tout de même pas un baiser ou une caresse, le son de sa voix ou même un simple regard.

En attendant, elle ne s'était pas arrêté de regarder les annonces de location dans la Gazette du Sorcier, portant son dévolu sur le plus petit budget possible. Asel n'avait jamais été le genre à rêver de grands appartements en ville de toute manière. Une chambre avec une salle d'eau et de quoi faire sa tambouille lui suffirait amplement. Et dans ce rayon-ci ce n'était pas les offres qui manquaient. Ce n'était pas comme si elle avait prévu de passer sa vie dans cet appartement. En tout cas, cette occupation-ci était à peu près la seule qui lui faisait passer le temps.

Alors évidemment, ce mercredi-là, Asel était tombée du lit aux aurores. Elle avait sauté à la douche - froide, comme toujours en été - et avait enfilé un sweat et un jean par dessus sa brassière comme elle faisait souvent au grand damne de sa mère qui aurait parfois aimé qu'elle prenne le temps de vraiment choisir ce qu'elle se mettait sur le dos. Mais aux yeux de la brunette, tout cela était tellement anecdotique qu'elle ne voulait pas perdre une minute du temps qu'elle aurait avec Adil pour une histoire de fringue, encore moins de maquillage.

Elle était prête bien avant l'heure dite et comme elle tournait comme un hippogriffe en cage, il lui semblait que les aiguilles de la grande horloge étaient complètement sclérosées. Le laird la surpris même à cogner sur le coffre pour débloquer le mécanisme mais sous son regard réprobateur elle n'insista pas. Il fallait qu'elle trouve à s'occuper. Fort heureusement, il y avait toujours quelque chose à faire chez les McGill Fhaolain. Après avoir esquivé toutes les occupations salissantes et un atelier peinture sur coquillage avec sa grand-tante Órfhlaith, elle se retrouva donc à faire la trésorerie avec Isla. Une occupation qui avait le mérite de ne lui demander aucune espèce de réflexion en dehors de la pure logique mathématique. C'était le genre de tâche cartésienne auxquelles Asel excellait.

A l'heure dite, elle apparut sur le lieu de rendez-vous. Un large sourire illumina son visage comme elle avisait qu'Adil l'attendait déjà. Elle le retrouva en quelques enjambées, frustrée d'avance de devoir faire une croix sur un de ces longs baisers qu'ils avaient l'art d'échanger quand ils étaient seuls mais elle était déjà tellement ravie de passer du temps avec lui que cette petite contrariété pouvait être aisément balayée. Contrairement à ce qu'Amastan et Ellie avaient pu tenter avec Adil, personne ne s'était risqué à minimiser leur frustration chez les McGill Fhaolain, pour des raisons évidentes. Même Nihaal, le père d'Asel, s'était contenté de s'abstenir.

« Je dois te faire un aveu. J'aurais pu demander à Charlotte de nous rejoindre pour te donner son avis mais... »

Mais elle ne l'avait pas fait, trop ravie qu'elle était d'avoir un moment avec lui, rien qu'à elle ou presque. Son explication s'acheva sur ce mais et un vaste sourire plein des dents.

« Ma cousine Isla m'a dit qu'il y avait eu une invasion de doxys chez Tissard & Brodette la semaine dernière. Elle tient ça du Chicaneur. Je ne sais pas trop je pense qu'on ferait mieux d'éviter. On ne sait jamais. »

Après tout, il n'aurait manqué que les doxys pour les séparer un peu plus physiquement. Elle eut un petit sourire indéfinissable, plongeant son regard dans le sien un instant. Elle s'était déjà fait la réflexion la dernière fois qu'ils s'étaient vu. Quelque chose de sombre planait au-dessus d'Adil. Comme cette fois où ils s'étaient méchamment accrochés avec @Michel-Ange Grimm ... à ceci près que cette fois-là, ça n'avait duré qu'un tout petit instant.

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17.08.2022

feat. @Asel Misra

Lorsque mes yeux se posèrent sur le visage d'Asel qui apparaissait par la porte du Chaudron baveur, mon visage s'éclaircit. C'était un peu comme un soleil qui sortait enfin d'un ciel noirci par des nuages tempétueux. Tous mes problèmes disparurent et je sentis ma noirceur se tordre dans tous les sens pour se carapater dans un endroit bien trop secret pour moi. Elle avait ce pouvoir sur mon esprit qui me tirait vers la lumière, regonflant ma poitrine d'un sentiment nouveau alors que cette sensation d'amour infinie s'insinuait dans chaque partie de mon corps comme une douce chaleur d'un matin d'été.

Je ne pouvais m'empêcher de sourire, chassant de mes traits la colère qui les habitait continuellement depuis mon réveil de Sainte Mangouste. Mes yeux s'embuèrent légèrement alors que je prenais chaque seconde pour me rendre compte de sa présence devant moi. La petite brise me rappela au monde des vivants lorsqu'elle caressa son visage pour cligner des yeux afin de mieux observer la jolie métisse qui se mouvait vers moi avec une élégance naturelle qui captait toute mon attention.

Je tendis machinalement mes bras vers elle pour l'accueillir afin de la serrer contre moi pour lui donner ce baiser, tinté d'un amour puissant qui fracassait ma poitrine et de cette joie de la retrouver enfin. Je reculais ma tête pour mieux observer mon visage, me retenant in extremis pour ne pas défaire mon étreinte. Son petit nez me rendait dingue. Je ressentais ce petit picotement qui me pressait de lui caresser au bout de mes doigts. Mon visage éclairé, mon sourire un peu niais d'amour, et mon regard adouci, je cueillais ses paroles comme s'il s'agissait de la plus belle des histoires.

J'haussais les épaules, avec un petit sourire amusé. Je comprenais exactement pourquoi elle mentionnait Charlotte, mais je m'en fichais. Elle pouvait même s'être vêtue d'un legging à fleurs avec des chaussures dorées et un tee-shirt arc-en-ciel que cela ne m'aurait pas dérangé pour lui tenir la main en public.

J'avais cette impression de voir qu'elle allait mieux, que ce qu'elle avait vécu était désormais derrière elle. Je pris ses mains avec douceur, baissant le regard pour constater le contact de nos peaux l'une contre l'autre pour voir les petites cicatrices blanchies sur ses avant-bas. Mon cœur se serra, me rappelant alors cette peur irascible que je ressentais chaque nuit alors qu'elle était retenue au loin, dans un désert tenu secret, captive, à la merci de cette sombre sorcière aux serpents.

« - Isla lit le chicaneur ? » Demandais-je avec une grosse pointe de moquerie.

Personne de sensé ne lisait ce torchon. Franchement, qui croyait à ses sornettes ?

« - OK, on ira pas, alors. » Me rattrapais-je, même si Asel savait ce que je pensais de sa cousine. C'était plus fort que moi. Depuis cet épisode à Sainte Mangouste en mai dernier (l'origine de tous nos problèmes fit cette petite voix venimeuse dans le fond de mon cœur que je chassais d'une caresse de mon pouce sur la main dorée d'Asel), je ne pouvais m'empêcher de ressentir un profond ressentiment à son égard. C'était probablement gratuit, mais je ne pouvais m'en empêcher. Pourtant, je savais à quel point elle était essentielle pour ma petite copine que j'épiais de mon regard amoureux.

Je sortis ma baguette magique, conscient qu'elle ne pourrait pas ouvrir le chemin vers l'allée magique la plus connue du monde sorcier. Les briques nous ouvrirent la voie, s'emboîtant dans un sens défiant les lois de la physique, devant cette allée vivante. Les bruits du Chemin de Traverse nous sautèrent dessus. C'était la première fois que j'y revenais depuis l'attaque, et j'étais plutôt content de le faire en sa compagnie. Sa présence me donnait une force capable d'affronter tous mes démons. C'était donc l'esprit serein que j'amorçais la marche vers nos activités du jour que j'espérais vite boucler pour me mettre dans un coin tranquille afin de passer du temps à ne rien faire avec Asel, mais surtout à l'embrasser comme si c'était mon dernier jour sur terre avant d'aller affronter mes vieux que je ne reconnaissais plus.

Another Wand Story

17.08.2022

Asel eut un petit souffle amusé.

« Isla lit beaucoup de trucs. Elle dit qu'elle aime bien avoir une voix alternative. »

C'était dit sans commentaire aucun. Isla était un peu comme une soeur pour Asel et cette dernière s'en remettait volontiers à l'opinion de sa cousine. Elle avait souvent le chic pour sortir le petit truc bien à propos alors même qu'elle donnait toujours l'impression de s'en battre les steaks, le nez dans son livre. La plupart des gens ne voyaient pas aussi loin que ça, s'arrêtant à la première réplique un peu froide de la jeune femme.

Dans le cas d'Adil s'était encore autre chose. Asel ne cherchait pas à comprendre. Ça ne changeait rien à sa relation avec l'un ou avec l'autre. Pendant un bref instant, elle crut qu'Adil allait vouloir braver la mise en garde, rien que pour le plaisir de faire le contraire de ce qu'avait suggérer Isla, quand bien même c'était le bon sens même.

Un petit quelque chose dans la physionomie du jeune homme la laissait présumer que d'autres pensées venaient le hanter, comme un mauvais souvenir. Faisant fi de ce qu'ils passaient tant de tant à essayer de cacher aux autres, elle posa longuement ses lèvres sur les siennes, espérant que ça interromprait le flux de négativité. Depuis qu'ils s'étaient retrouvés, elle n'avait pu s'empêcher de le noter. Adil était différent. Plus sombre, plus froid, rappelant un peu ce personnage détestable qu'elle avait trouvé un soir à se prendre le chou avec Michel-Ange. Mais cette fois c'était différent. De plus, elle ne faisait jamais directement les frais de ce personnage détestable, comme si en sa présence, il donnait toujours la meilleure version de lui-même. Elle n'en doutait pas en fait. Mais elle savait que cette ombre qui lui pesait sur les épaules mettrait du temps à disparaître. Si jamais elle disparaissait...

Il ouvrit le passage pour eux deux. Cette sensation de nudité qu'elle avait eu au départ sans sa baguette s'était estompée. Le précieux instrument lui manquait tout de même en ce genre d'occasion ou, faute d'être pourvue, elle se retrouvait sur la touche, sans alternative magique, du moins à sa connaissance. Cette baguette qu'elle avait perdue, c'était celle qu'elle avait acheté pour sa première rentrée à Poudlard. Un bel objet souple et légèrement stridulant, aussi rustique et simple qu'elle. Elle n'avait jamais connu que celle-là. Mais la poursuite de ses études exigeait qu'elle en fasse le deuil. De toute manière, elle s'était faite à l'idée quasiment à la seconde où sa tante Siobhan lui avait confirmé qu'aucune baguette n'avait été trouvée devant chez les Mesli. Elle n'avait guère eu d'espoir de toute manière.

Pourtant, l'idée de repasser la porte de chez Ollivander's lui faisait drôle, sans qu'elle sache expliquer pourquoi. Elle décida de temporiser :

« Tu as beaucoup de choses sur ta liste ? »

En vérité, elle se doutait qu'il devait avoir presque tout sur sa liste, la majeure partie de ses effets ayant été réduits en poussière. Elle ne doutait pas que le clan ait pu pourvoir à la majorité de ses besoins immédiats mais quelque chose lui disait qu'Adil avait dû refuser ce genre de largesse.

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17.08.2022

feat. @Asel Misra

L'effervescence du Chemin de Traverse était tout autour de nous. Derrière Asel, le mur se refermait doucement. Ce fut ma première véritable expérience magique lorsque j'étais venu à Londres, il y a quasiment vingt ans. J'étais resté secoué, malgré la présence réconfortante de mon oncle à mes côtés. Il avait patiemment attendu que je le regarde en fronçant les sourcils pour m'expliquer comment fonctionner une partie de notre monde en Angleterre. C'était l'esprit plein de pensées qui se bousculaient les unes après les autres que j'avais suivis son pas calme et assuré pour affronter ce décor haut en couleur.

Si maintenant, je n'y faisais plus vraiment attention, la chose qui m'eut le plus marqué sur l'allée la plus connue du monde magique britannique, c'était à quel point il semblait en retard sur le monde moldu dans lequel mon oncle avait décidé d'y établir notre maison. Ma tante n'avait rien dit, me confortant dans l'idée que c'était probablement une dame au grand cœur, capable de vivre dans un endroit comme Little Algeria. De ce que j'avais vu de sa famille à l'époque, c'était très clairement le jour et la nuit. Peut-être avait-elle perçu que ça me ferait du bien de me retrouver entouré par des gens de mes origines ? Si ce n'était qu'une supposition de ma part, j'étais bien loin de me rendre compte qu'en réalité, mon oncle et elle avaient choisi cet endroit expressément pour moi.

Enfin bon, c'était du passé, maintenant. Il me fallait regarder l'avenir, mon avenir, et celui-ci se trouvait à mes côtés, tel un phare dans cette nuit interminable, sa main glissée dans la mienne.

Asel me demandait si j'avais beaucoup de choses à acheter. Je lui fis non de la tête, avec un sourire rassurant. J'étais trop pressé pour passer du temps en sa compagnie que je n'avais marqué que l'essentiel, me jurant d'y retourner lorsque la rentrée à Poudlard débuterait.
« - Deux, trois trucs, ouais. Puis, j'ai un CV à poser dans une épicerie pour me faire quelques mornilles. Mon oncle m'a mis sur le coup quand il a su que j'avais l'intention de bosser en parallèle de mes études. »

Mon oncle n'avait pas aimé cela. Pourtant, j'avais réellement besoin d'acquérir une certaine indépendance. Ellie et lui m'avaient toujours donné tout ce dont j'avais besoin. Ils continuaient toujours, d'ailleurs. L'argent que j'avais sur moi, c'était eux qui me le donnaient tous les mois depuis mes seize ans pour me permettre de me familiariser avec la monnaie. Si au départ, c'était compliqué pour moi qui semblais avoir besoin de tout ce qui avait le malheur de se trouver dans mon champ de vision, les choses s'étaient atténuées après mon entrée à Poudlard.

Je pouvais me vanter d'avoir un peu d'argents de côté. Cela restait dérisoire, mais je pouvais subvenir à mes besoins de divertissements sans avoir à demander quoique ce soit à mon oncle. Ellie m'aurait probablement ri à la figure si j'avais osé le faire. Elle était parfois dure, mais elle mettait des limites à la gentillesse de mon oncle qui en avait clairement besoin. J'avais beau être en colère constante après eux ces derniers temps, je ne pouvais m'empêcher de garder à l'esprit, lorsque celui-ci était un peu plus calme, qu'ils étaient tout pour moi.

« - Tu vois l'épicerie Aslan ? Mon oncle s'y rend toujours pour s'équiper en épice. Je crois qu'il aime sincèrement les petites boutiques, ça doit lui rappeler un peu le pays. » Fis-je avant de baisser le regard pour cacher ma douleur en voyant la devanture Mesli se dessinait dans mon esprit.

Je relevais la tête, me forçant à sourire. Aujourd'hui, le temps de cet après-midi, je ne voulais pas laisser l'ombre gagner mon cœur. La dépression, la douleur et la tristesse attendraient ce soir, au côté de ma colère et de ma rage pour me retrouver. Tout ce qui comptait pour le moment, c'était de passer le plus de temps possible devant ce sourire et ce petit nez qui me donnaient des pensées d'amour. J'adorais sentir mon cœur s'emballait en sa présence maintenant qu'elle et moi, c'était officiel.
« - Je te propose qu'on commence par ta baguette magique. Après, on cherchera un truc où manger et on fera ma liste en début d'après-midi. T'en dis quoi ? »
Je lui demandais cela en me tournant intégralement vers elle, saisissant sa deuxième main avec celle qui m'était libre. Je caressais le dos de ses mains avec mes pouces, mon amour s'exprimant subtilement à la surface de sa jolie peau métissée.

Another Wand Story

17.08.2022

Asel aussi avait préparé quelques CV mais ses plans restaient beaucoup plus vagues que ceux d'Adil. Rien qui ne mérite d'être mentionné en tout cas. Tout ce qu'elle savait, c'était qu'elle ne supportait pas l'idée que sa mère ou sa tante la paient pour travailler avec elles. C'aurait été trop bizarre. Ca ne l'empêchait pas pour autant de donner un coup de main de façon régulière mais il fallait que cela reste familial.

« L'épicerie Aslan... pourquoi ça me dit quelque chose... », répéta l'écossaise en cherchant d'où elle pouvait bien tenir ce nom. A sa connaissance, à part grand-père Imran, personne ne faisait ses emplettes sur le chemin de traverse. Et pour cause, c'était beaucoup trop loin. Mais alors... « Ah oui ! Ca me revient ! C'est l'épicerie avec l'espèce de chat bleu sur l'enseigne ? », ça n'était pas du tout un chat au passage... « Avec la fille super belle en caisse ? Mon oncle Tariq était fou de cette fille pendant des années mais il n'a jamais réussi à aligner plus de deux mots devant elle sans bégayer. Tu te rends compte ?! Tariq !! Ahah ! C'est quand même fort de mandragore tu trouves pas ? »

Quand on connaissait sa réputation de tombeur et le nombre d'enfants qu'il avait un peu partout dans le monde, ce n'était pas peu dire. Il fallait que cette femme soit vraiment spéciale pour faire à ce point perdre ses moyens au grand joueur de Quidditch.

Ils laissèrent de côté les déboires amoureux de ce pauvre Tariq pour se diriger vers chez Ollivander. Une adresse connue de tous les jeunes sorciers mais qu'Asel n'appréciait pas particulièrement. A peine entrée qu'elle avait déjà hâte de repartir avec n'importe quelle baguette. Elle n'était vraiment pas faite pour des espaces aussi réduits et mal éclairés. C'était à se demander ce qu'Ollivander pouvait bien y voir pour travailler là-dedans.

« Ces visages ne me sont pas inconnus, je me trompe ? Bien le bonjour, entrez, entrez, ne soyez pas intimidés. », fit le vieillard derrière ses lunettes.

Asel lui avait toujours trouvé quelque chose d'une vieille chouette décrépie, ainsi courbé derrière son comptoir.

« Euh... oui bonjour. On est venus pour... ben... », ça paraissait tellement évident qu'elle ne savait même pas quoi dire en fait.
« Pour vous n'est-ce pas ? », compléta le vieil homme en la regardant de pied en cap.
« Oui. Ma baguette a été... perdue ou cassée, et il m'en faudrait une nouvelle. »
« Perdue ou cassée ? Ce n'est pas la même chose. », releva le baguettier presque contrarié qu'on prenne si peu soin de ses oeuvres. Mais il tira tout de même son mètre et commença à feuilleter son carnet. « Asel Misra. Oui oui... Bois de cornouiller, ventricule de dragon. Excellente baguette. C'est regrettable... », nota Ollivander en tirant son mètre pour mettre à jour la fiche client de la demoiselle.

Asel baissa les yeux, toute penaude. Elle avait envie de se défendre en lui disant que ce qui était arrivé à sa précédente baguette ce n'était pas tout à fait de sa faute mais elle n'avait pas envie de se replonger là-dedans alors elle ne dit rien.

« Oh mais que voulez-vous, c'est la baguette qui choisit le sorcier. Les baguettes en bois de Cornouiller ont généralement un caractère... aventureux. Rien d'étonnant à ce que certaines puissent s'égarer ou se briser donc. »

Il repartit dans les allées obscures de sa boutique, laissant Asel parfaitement dubitative. Elle adressa un regard à Adil. Vu le peu de lumière, mieux valait s'abstenir totalement de contact physique ici. Ils attendirent quelques minutes avant d'entendre un "Ah ! La voilà venu du fond des rayonnages. Asel avait l'air de plus en plus sceptique mais ce n'était rien face à sa déconfiture lorsqu'Ollivander lui présenta un long rameau tarabiscoté, en apparence très mal dégrossi. Il semblait qu'on n'ait même pas pris la peine de débarrasser le bois de son écorce. Autant dire qu'aux yeux d'Asel, Ollivander essayait de lui refourguer ses fonds de tiroir. A tous les coups, il avait été cueillir ça à l'arrière de son jardin deux minutes avant qu'ils n'entrent.

« Oh je sais bien ce que vous vous dites. », Asel rougit, elle espérait bien que non, « Mais ne jugez pas cette baguette trop hâtivement. Tenez, prenez-là et vous verrez : elle sera parfaite pour vous. »

Elle avait bien envie de lui opposer un comment vous le savez ? mais c'était lui le fabriquant de baguettes alors elle obtempéra, saisissant sans grand enthousiasme la fine tige de bois.

Elle était étonnamment lourde comparée à sa précédente et, c'était bien de l'écorce, rugueuse au toucher et noire, qui s'enroulait autour d'une grosse veine un peu dorée qu'Asel ne parvenait pas à identifier.

« Le bois de vigne est surprenant n'est-ce pas ? Mais ce n'est pas ce que cette baguette a de plus étonnant si vous voulez mon avis. Voyez cet insert au milieu : c'est de l'ambre. Du vieil ambre. Cela fait partie de mes rares baguettes sans coeur... »
« Mais... il me faudrait une baguette qui marche M. Ollivander. Si je reviens avec une baguette sans coeur j'ai plus qu'à me faire embaucher au MULOT théâtre de marionnettes ! », protesta notre sgitheanach, toujours aussi brut de décoffrage.

Cela eut au moins la vertu de faire rire le vieux baguettier.

« Une baguette sans coeur, Mademoiselle Misra, c'est une expression pour dire qu'elle ne contient pas de coeur organique traditionnel. Le vieil ambre est la mémoire du monde. Il est peut-être difficile de nommer ce qu'il renferme mais vous verrez, vous ne serez pas déçue. »

Asel était fortement sceptique mais puisqu'Ollivander n'avait apparemment pas l'intention de lui présenter d'autres baguettes, elle résolut de faire avec celle-ci. Instinctivement, ses doigts se positionnèrent sur la ligne torturée du bois, adoptant une position curieusement élégante entre le majeur et l'index, le pouce servant à peine de maintien. Elle fit un pas en arrière, considérant de jeter un sortilège pour voir mais elle n'eut pas besoin d'aller jusque-là. La baguette émit comme une faible lueur. Une lueur qui ressemblait étrangement à la leur. Cela ne dura qu'une fraction de seconde et ce petit sursaut de magie la traversa comme une vague sans réplique, qui résonnait avec sa propre magie. Elle put même entendre un petit son métallique ténu.

« Mais si vous n'êtes pas satisfaite, je peux toujours vous proposer... », insista le vieux malin.
« Non ! C'est celle-ci ! C'est ma baguette. », refusa-t-elle, en ramenant l'étrange objet vers elle comme si le baguettier avait montré la moindre intention de la lui prendre des mains.

Ollivander sourit. C'était une affaire conclue. En pièces sonnantes et trébuchantes bien sûr.

« Brrrr, je suis pas mécontente d'être sortie de là-dedans. On est mieux au grand air tu ne trouves pas ? », fit Asel à la seconde où ils mettaient le pied dehors.

Elle avait toujours sa baguette tordue à la main. Impossible de la glisser dans sa manche comme elle le faisait souvent avec la précédente vu la forme du bois.

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17.08.2022

feat. @Asel Misra

Je fronçai les sourcils lorsqu'elle mentionna un chat bleu sur la devanture de l'épicerie des Aslan avant de finalement réprimer un sourire. Ce n'était pas un chat, mais un lion. Aslan, cela signifiait lion. C'était un prénom ou un nom, ça dépendait un peu des régions. Mon oncle en connaissait un. Un turc qui passait de temps en temps à l'épicerie et qui réclamait toujours une certaine boisson que mon oncle ne vendait pas. C'était devenu une blague, et finalement, ils s'étaient plutôt bien entendus. Il avait une de ces moustaches. Je m'en souvenais encore, bien que ça faisait un moment que je ne l'avais pas vu. Je laissai couler ce souvenir pour ne pas laisser mes émotions s'attardaient dessus.
« - Euh... »

Oui, la vendeuse était effectivement très belle. Elle avait un charme atypique, un regard expressif et un sourire que j'avais toujours aimé regarder. Mais là, je ne savais pas pourquoi, le bon sens, peut-être, je ne fis aucun commentaire là-dessus, me contentant d'écarquiller les yeux lorsqu'Asel mentionna le nom de son cousin dont j'étais un fan inconditionnel. Je n'en revenais toujours pas ! J'allais être de sa famille ! J'allais me la péter à Poudlard, c'était sûr, et peut-être que si je lui demandais, je pourrais assister à certains matchs en VIP ? Peut-être même que... Fallait que je débloque. Surtout si j'comptais le recroiser régulièrement à l'avenir (purée, j'étais une groupie, je ne pouvais pas m'empêcher de ressentir cette hâte et cette fascination à l'idée de le revoir en chair et en os).

« - Tu crois qu'il l'aime toujours ? Je pourrais peut-être lui en toucher deux mots à la fille de l'épicier, et peut-être que si je lui arrange le coup, il pourra m'avoir des places VIP à vie ? » On aurait presque pu voir le bout de mon nez frémir à cette idée. Il était vrai qu'ils feraient un joli couple en plus. « Il aurait peut-être dû se jeter à l'eau. Regarde, si j'l'avais pas fais, on serait pas ensemble et on aurait pas... » Je lui effleurai la joue du bout de mon doigt, levant cette petite poussière que j'aimais voir danser sur sa peau métissée avant de lui voler un baiser. « Ça ? »

Elle prit aussitôt la direction de chez Ollivander's. Sa main dans la mienne, j'avais un peu cette impression d'être un prince qatari venu acheter ce que je voulais sans me poser de question. Je me sentais riche, puissant, galvanisé par cet amour que je ressentais pour elle, mais surtout que je pouvais montrer aux yeux de tous ces inconnus que je croisais de temps à autre, ici ou là. Asel semblait ne pas être dans son élément lorsque nous arrivâmes devant la boutique du plus célèbre marchand de baguettes. Je fronçai un sourcil, me demandant pourquoi, mais je ne la coupai pas dans son élan, la laissant entrer la première pour s'adresser directement à ce vendeur si particulier dont j'aimais la présence qu'il avait.

Visiblement, ce n'était pas le cas d'Asel que je regardais d'un air soupçonneux. Peut-être était-ce à cause de l'endroit si exigu de la boutique ? Je n'en savais rien. Je ne pouvais faire que des suppositions en attendant qu'elle m'éclaire sur ce sujet après notre passage ici.

J'observai la scène avec grand intérêt. Si au départ, j'étais plutôt neutre d'expression, je ne pus m'empêcher de rire à sa blague sur le MULOT de théâtre. Si elle ne semblait pas particulièrement intriguée par sa baguette, moi, c'était tout le contraire. J'étais pressé de la voir de plus près pour l'examiner de mon œil de néophyte. Pour ma première baguette, j'avoue ne pas y avoir fait grand attention. Elle avait explosé six mois après mon acquisition. Autant vous dire qu'elle m'avait à peine marquer l'esprit.

Pourtant, j'en avais conservé chaque morceau, car c'était la première fois que je faisais équipe avec Asel. Je sentis le rouge me monter aux joues à cette pensée. C'était stupide, mais j'aimais bien ce genre de signes, de symboles, de trucs qui nous liaient toujours un peu plus. Mon oncle adorait l'amour (il en donnait tellement). Ses histoires au coin du feu, ses chansons et ses livres sur les comtes des milles et une nuit m'avaient converti à cette sensation de chaleur qui se propageait de mon cœur au reste de mon corps. C'était d'ailleurs quelque chose qui m'avait rapproché de ma cousine Lucy, qui adorait lire des histoires à l'eau de rose. J'aimais tout de même quand c'était un peu plus violent.

Lorsqu'elle eut fini, je fis un signe au marchand de baguettes magiques avant de refermer la porte derrière nous. Je levai mon regard vers elle lorsqu'elle fit la remarque qu'elle était tout de même mieux au grand air.
« - Il est cool, pourtant. » J'observais son paquet avec une curiosité à peine voilée. « Tu peux me la montrer ? » L'ambre au soleil allait probablement resplendir de mille feux.

Je la trouvais, personnellement, magnifique. Je la regardais sous tous les angles, la trouvant un peu plus lourde aussi, mais très agréable au toucher. Et comme je l'avais imaginé, les rayons du soleil qui pénétraient l'ambre la sublimaient. Mieux encore...
« - On dirait la lumière qui s'élève de... »
Je levai mon regard vers elle, rougissant légèrement avec un sourire ravi.
« - Elle te va bien cette baguette. »
Je détournai le regard, un peu embarrassé. J'observais la grande horloge sur la façade d'une boutique assez récente à l'allure steampunk.
« - Midi moins vingt, tu veux aller manger où on a le temps pour aller poser mon CV ? »

Another Wand Story

17.08.2022

Elle haussa vaguement les épaules, accordant un long regard à ses chaussures.

« Je sais pas. C'est petit. Y fait noir. Ça sent les livres mais sauf qu'y a pas de livres. Juste des boîtes à chaussures sur des kilomètres et des kilomètres de rayonnage. En plus on pourrait même pas se croiser entre ces rayonnages je suis sûre... Et puis j'aime pas sa façon de déballer ton cv quand tu entres dans sa boutique. Ça me fout une angoisse. Et c'est super frustrant. », elle entendit retomber sa propre voix comme un signe qu'elle aurait pu s'en tenir au haussement d'épaules, « Mais sinon ouais : il est cool.», ajouta-t-elle en se disant que c'était aussi une réponse satisfaisante. Après tout, Ollivander avait dû fabriquer les baguettes de la plupart des personnes qu'ils fréquentaient et ça, c'était quand même super classe.

Quand lui demanda à voir justement celle dont elle venait de faire l'acquisition, Asel tira la baguette de son étui pour la présenter à Adil. Elle n'était pas franchement sensible à l'esthétique, en dehors du fait qu'elle soit si inhabituellement tordue et qu'elle doutait encore à moitié qu'Ollivander ne lui ait pas refourguer une camelote digne d'un magasin de souvenir. Déjà avec sa première baguette, l'attachement s'était fait sur la durée et cela n'avait rien d'étonnant. Devant la légèreté de son coeur et sa capacité à passer pour une tête de linotte - chose qu'elle n'était pas, loin de là - Asel n'était pas quelqu'un de superficiel. L'aspect de sa baguette ne la touchait peu ou pas. Du moins jusqu'à ce qu'Adil y mette son regard et sa sensibilité. Le parallèle lui fit l'effet d'une caresse sur le coeur et cette caresse lui fit aimait le petit objet tordu qu'Adil tenait encore dans ses mains. Elle sourit niaisement. C'était vrai que ça y faisait un peu penser.

Quand ils eurent laissé passé ce petit moment d'exquise mièvrerie, Adil les ramena à quelque chose de plus terre à terre :

« On a le temps pour ce que tu veux. Moi ça m'est égal de manger tard ou tôt. Et puis comme ça c'est fait. »

Elle le gratifia d'un petit sourire triomphant avant de prendre le chemin de la fameuse épicerie. Ça n'était pas très loin, comme à peu près tout sur le chemin de traverse et d'ailleurs, c'était tout à côté de la pâtisserie du grand-père d'Asel, le fameux Fairy Cake, qui aurait pu se contenter d'ouvrir un jour par semaine pour faire son chiffre du mois.

La jeune femme leva les yeux sur l'enseigne. Décidément...

« On dirait plus une espèce de fennec en fait... »
« Un chacal bleu précisément.Sobh bekheyr! Je vous en prie, entrez. », répondit une voix aussi douce que le miel.

La fameuse vendeuse de Tariq. Elle portait, comme à son habitude un long foulard vaguement jeté sur ses cheveux et ses épaules, bien loin de la rigueur traditionaliste qui aurait voulu qu'elle ne montre rien de ses magnifiques cheveux noir de jais. Ils l'avaient cueillie juste comme elle aménageait le petit espace devant la boutique pour y installer des présentoirs de fruits et de petits snacks typiquement iraniens.

« Est-ce que je peux vous renseigner ? »

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an other wand story

17.08.2022

feat. @Asel Misra

J'hochai de la tête en lui prenant la main pour prendre la direction de l'épicerie Aslan. C'était une petite boutique qui sentait bon les épices où j'allais de temps en temps, que ce fût pour mon oncle ou avec lui. C'était le genre d'endroits qui rappelaient des souvenirs, des choses enfouies au fond de moi que j'aimais beaucoup bien que j'avais toujours ce petit goût d'amertume. Un peu comme si tout ce qui était oriental était empreint de ces traumatismes qui m'avaient conduit à quitter mon pays natal pour venir en Angleterre. J'adorais l'Algérie, j'adorais ce que j'étais, j'aimais les gens de mon pays, mais il y avait toujours ce petit rappel bien trop personnel qui me faisait rapidement baisser les yeux pour que je finisse par quitter les lieux.

Mais, maintenant, je me sentais plus anglais, plus européen si je pouvais dire sans vouloir renier mon double héritage algérien et kabyle. De toute façon, vu la tête que j'avais, c'était compliqué de vouloir le cacher. Puis mon oncle avait fait un vrai travail là-dessus, me connectant suffisamment avec mes racines sans pour autant me forcer à changer. J'étais anglais d'origine algérienne et musulman de surcroit. Pour autant, j'avais encore beaucoup de chemin à parcourir pour me sentir bien dans mes baskets. Je me consolai en me disant que ce n'était pas cela le cœur du problème, car ça ne l'était pas tout simplement.

Lui caressant le dos de la main de mon pouce, on ne tarda pas à arriver devant l'épicerie où Asel me disait que ça ressemblait plutôt à un fennec. Je commençai à rire pour lui dire que non - c'était un peu l'animal emblématique de l'Algérie - lorsqu'une voix s'éleva derrière nous pour corriger ma jolie princesse. Je sursautai avant de me retourner vers la voix féminine.

Je répondis à sa salutation avec un sourire franc et une petite inclinaison de la tête.

C'était la fille de l'épicier. Une jeune femme d'une rare beauté qui sentait bon les épices aux belles couleurs de l'Iran. Mon visage se fendit d'un sourire en la reconnaissant, plus poli qu'autre chose.

Je mis un coup de coude rapide dans le flan d'Asel pour lui murmurer : « Je comprends pourquoi Tariq lui parle pas. » avant d'entrer dans la boutique familiale.

Comme à l'accoutumée, mon regard balaya la pièce, ravi de voir toutes ces couleurs chaudes et ces odeurs qui m'en mettaient plein les narines. Mon oncle m'avait parlé de l'Iran et des pays voisins en me racontant quelques anecdotes sur l'école magique qui éduquait tous les sorciers du Moyen-Orient et d'ailleurs. C'était un pays qui avait l'air intrigant, bien que je n'étais pas quelqu'un qui voyageait beaucoup. Ce n’était pas un truc qui me faisait particulièrement rêver. Peut-être parce que je n'avais jamais trop expérimenté le truc. Mes rares voyages me ramenaient chez mes grands-parents, à trois ou quatre heures de Constantine ou les rendez-vous familiales chez les Clearwater.

J'étais en train de me demander si Asel avait voyagé lorsque Narghis se retourna vers nous. Aussitôt, je sortis de ma poche un parchemin plié en deux que je lui tendis.
« - J'viens déposer mon C.V. Mon père... Euh, mon oncle m'a dit que vous recherchiez de l'aide de temps à autre et vu que je cherche à me faire un peu d'argents pendant mes études... »
Je m'étais repris. Sans faire exprès, il m'arrivait de façon plus répétée d'appeler mon oncle, ou plutôt d'en parler comme si c'était mon père biologique. Je ne savais pas pourquoi ça me prenait autant ces derniers temps. Non pas que je ne voulais pas le faire, hein, mais... J'avais peur de blesser mon véritable père. Maintenant que je savais qu'il était en vie, je voulais savoir pourquoi il... Avant de juger quoique ce fut. Je me recentrai sur le visage de Narghis, adoptant un air sérieux pour cacher mon trouble qu'Asel pouvait sentir.

Asel fronce les sourcils. C'est cette petite pointe de chaleur dans sa cage thoracique, comme un incendie, qu'elle aimerait ne pas lui montrer. En vérité, elle ravale son venin. C'est vrai que la fille de l'épicerie est particulièrement belle et il va falloir que l'écossaise fasse tous les efforts du monde pour ne pas souhaiter trop fort que le CV d'Adil soit refusé. Au fond d'elle elle sait bien qu'être jalouse - et jalouse à ce point ! c'est mal. Mais qu'y peut-elle vraiment ? Alors elle serre un peu les dents, faisant mine de n'avoir pas entendu la remarque. Dans un coin de sa tête, l'idée d'aller chercher son cousin et de le décoincer pour de bon fait son chemin. Elle n'en fera rien bien sûr, encore que... Un peu en retrait derrière Adil, Asel secoue la tête pour chasser ce genre d'idées. Si elle peut faire en sorte qu'il ne se rende jamais compte de rien, elle le fera. L'idée qu'il puisse la quitter à cause de ça lui a déjà traversé la tête une paire de fois, et pourtant, elle n'est pas le genre à se poser des questions habituellement.

La grande brune prend le morceau de parchemin qu'Adil lui tend et le parcourt rapidement du regard.

« Mesli... mh mh... oh je pourrais bien avoir besoin de quelqu'un comme toi oui. Mais je te préviens, il ne faut pas avoir peur du travail ici. Les livreurs ne sont guère aidants et les jours de livraison ou d'inventaire il faut parfois faire travailler ses muscles. »

Pas un boulot fait pour tout le monde en somme. Miss Aslan continue de jauger son futur employé. Asel continue de faire de son mieux pour l'ignorer. Il y a un étale rempli de drôles de fruits verts à coque hérissée. Le prix l'assassine. Elle se demande bien qu'est-ce qui peut justifier de débourser un gallion pour se sucrer le bec.

« Il faut parfois aussi recadrer certains clients. Tu sauras faire ? »

C'est qu'elle a une idée bien précise du genre d'homme qu'il faudrait dans la boutique. Elle et sa soeur ont depuis longtemps fait le tour de ces petites choses auxquelles il vaut mieux penser avant de se lancer. Mira a d'ailleurs préféré poursuivre dans autre chose. Tout comme Dâriush d'ailleurs. L'un comme l'autre ne renforce à l'épicerie qu'à leurs heures perdues et c'est vrai qu'un peu de sang neuf, un jeune homme solide particulièrement, ça ne ferait pas de mal.

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