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Les questions de Freya ne la surprirent pas. La pomme n'était pas tombé si loin de l'arbre qu'on voulait le croire et Maeve ne doutait pas un instant que Freya eut elle aussi son idée sur la question.

« Eh bien, oui. Je te donnerai accès à mes notes si tu me promets de ne rien tenter seule. En attendant, ce que je peux te dire, au vu du nombre et de la typologie de ses victimes - qui ne répond à aucun schéma sinon celui du hasard - que c'est la soif de pouvoir qui le guide. Je pense même qu'il est raisonnable de dire qu'il en est complètement dévoré au point d'avoir perdu un certain sens du réel. Quand je l'ai frappé de la Dague de Vortigern, au Ministère, je pensais que ce serait un coup mortel et que ça libérerait ton père et tous les autres. Je le pense toujours d'ailleurs mais ça n'est pas le propos. Quand la dague l'a frappé, le coup le plus dur est venu d'en dedans. Il y a eu une déflagration de magie noire qui a littéralement désintégré son enveloppe charnelle et finalement sa seule chose qui l'a réellement touché, c'est d'avoir perdu le contrôle quelques secondes, à cause de moi. La seule chose qu'il a fait après ça, c'est de me mettre en garde et - je suppose - qu'à ce moment-là, il a reporté sa colère sur ton père. Par pure vengeance. C'était une crise d'égo, rien de plus. »

En y repensant, une petit veine saillit sur sa tempe. Elle était toujours en colère.

« Je sais que je passe probablement pour une irrationnelle ou une désespérée à m'obstiner de la sorte. Mais je ne peux pas croire que l'esprit de ton père soit toujours là, dans cette enveloppe d'ours. Il a voulu se venger, et il ne lui restait plus que ça à nous prendre. Je n'ai pas de preuve mais j'en suis convaincue Freya. Fearchach détient l'âme de ton père, et de tous les autres. C'est de là qu'il tire un tel pouvoir. C'est aussi ce qui le rend si instable. C'est sa très grande force et sa principale faiblesse. »

Elle se tut quelques instants, ruminant ses propres mots comme pour maîtriser son propre désir de vengeance. Dans ce laps de temps, Freya rebondit et ses mots frappèrent si forts que sa mère releva vers elle de grands yeux bleus sidérés.

Pendant cinq secondes, Maeve ne répondit rien et tout à coup, ses fins sourcils se relevèrent, éclairant son visage d'une expression étonnée, puis hilare alors éclata de rire. Un rire franc et fort qui lui fit venir les larmes aux yeux. Il lui fallut encore cinq minutes pour se calmer.

« Oh Freya... si tu n'existais pas il faudrait t'inventer cariad! », elle n'avait plus ri comme cela depuis longtemps, « Excuse-moi, bien sûr que non. Quelle horreur. Ce triste sire n'a pas hésité à se débarrasser de sa propre femme, bien que je n'ai jamais pu savoir exactement pourquoi. Je pense qu'il s'en prend à nous parce que contrairement aux autres nous n'avons jamais lâché. Le floi ne me fait pas peur. Fearchach ne me fait pas peur. Je suis une Cynfeirdd et une Korrigan, tout comme toi. Tu as vu à quel point ton parrain @Luke Korrigan et ton grand père Geraint peuvent être des teignes? Imagine donc un mélange des deux... Fearchach McLachlan a maudit le mauvais gars, et je crois qu'il ne sait plus très bien comment se débarrasser de nous... enfin, je lui fais tout de même confiance pour se montrer créatif. Ne le sous estimons pas. »

Dague de Vortigern. Cette lame légendaire dont les Cynfeirdd étaient les gardiens depuis la deuxième moitié du Ve siècle et qui avait la réputation de ne jamais rater sa cible.

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le matin

Promettre de ne rien tenter ... ? N'était-il pas trop tard ? Fearchach McLachlan devait déjà être savoir que j'avais mis à mon doigt la bague qu'il m'avait donnée pour entrer en contact avec lui. De toute façon, je n'avais pas l'intention de ne pas poursuivre mon plan, et ce même si j'avais été totalement déboussolée par ce que j'avais vu en me réfugiant dans les toilettes de l'infirmerie.

Ma mère fut d'accord pour que je lise ses notes à propos du mage noir. Cela eut clairement pour effet de me garder apaisée. Je l'écoutais attentivement, essayant de comprendre ce qui amenait Fearchach à être aussi focalisé sur Maeve Cynfeirdd. Car je n'étais pas dupe, même si ce dernier avait réussi à faire naître un doute en moi : s'il m'avait choisie pour devenir son apprentie, c'était parce que j'étais sa fille ...

"Tu ne penses pas justement que c'est en jouant sur ce côté crise d'égo qu'on peut parvenir à l'avoir ?"

J'avais tellement envie de lui dire que j'avais un plan, que je comptais passer à l'action ... Mais jamais elle n'accepterait que je me mette autant en danger. Ma mère était comme une louve, à veiller sur moi ... Et même si j'avais eu l'impression d'avoir été oubliée ces derniers temps, je ne pouvais remettre en question son amour maternel.

Et pourtant, en moi, tout était en train de se mettre en place ... J'avais bien compris que le mage noir ressentait le besoin de transmettre ses connaissances et que s'il pouvait le faire avec la fille de Maeve Cynfeirdd, cela serait la meilleure des vengeances pour lui. Je me disais que je pouvais peut-être lui proposer un échange : Mon père contre moi ... Et je laisserai ensuite aux bons soins de ma famille de me sortir de là.

"Donc tu penses qu'en libérant l'âme de Papa, on affaiblit Fearchach McLachlan, c'est ça ?"

Le rire de ma mère était quelque peu contagieux ... et, à mon tour, je me mis à rire également, même si je ne comprenais pas pourquoi mon hypothèse était aussi ... ridicule. Néanmoins, l'explication qu'elle m'offrit me permit de mieux comprendre. Fort heureusement, elle ne me tint pas rigueur de ce que j'avais imaginé, même si cela signifiait que j'avais bien compris qu'elle avait eu un certain nombre d'hommes dans son lit.

Je lui souris alors doucement, et, pensant au petit carnet dont elle m'avait parlé, je me dis qu'il était temps de mettre fin à ce petit moment mère-fille qui devait tout de même l'avoir rassurée.

"Je ... Je te remercie de m'avoir dit tout cela. Je ... vais essayer de ne plus être désagréable avec ... Tu sais qui ... Mais ne me demande pas pour le moment de l'accueillir à bras ouverts."

Je déposais un tendre baiser sur sa joue.

"J'accepte de me reposer un peu ici jusqu'à demain mais ... J'aimerais lire tes notes maintenant, comme j'ai tout cela fraîchement dans ma tête. Tu penses que c'est possible ?"

Codage par Libella sur Graphiorum

C'était das ce genre de moment que l'on pouvait voir à quel point Freya et sa mère pouvaient être semblables. Elles avaient bien des choses en commun quand bien même elles pouvaient s'opposer aussi souvent que tombe la pluie sur le doux pays de Cymru.

« C'est précisément ce que je pense oui. » jouer sur son égo pour pousser Fearchach à la faute était la chose la plus évidente à ses yeux et le mage noir n'avait fait que la conforter dans cette idée dans ces derniers agissements. La seule donnée qui lui échappait était encore jusqu'où son égo froissé pourrait le pousser ou plutôt, jusqu'où les moyens à sa disposition aurait pu le mener. Elle eut une pensée pour sa fille qui se tenait justement auprès d'elle. S'il fallait frapper fort c'était sans doute là qu'il viserait. Se fermant un instant à cette idée, la chasseresse écarterait cette idée d'un geste simple.

D'un geste gracile, Maeve dégagea sa nuque pour défaire le fermoir qui retenait un fin lacet d'or où elle avait suspendu le claddagh des Korrigan. Son alliance. Elle le passa au cou de sa fille. Quel talisman plus puissant pour la protéger des ténèbres sournoises et rampantes ?

« Je ne connais charme de protection plus puissant que celui qui réside dans un tel gage d'amour. Garde la. Elle te protégera quoi qu'il advienne. »

Ca n'était pas un geste anodin quand on savait qu'elle n'avait jamais vraiment quitter son alliance depuis le jour où elle avait été passée à son doigt. Si l'évolution de ses sentiments envers @Jameson Clearwater l'avait poussée à la placer plus près de son coeur mais plus à son doigt, se séparer de cela voulait dire beaucoup.

« Pas tout à fait. Je pense plutôt le contraire. En mettant un terme à Fearchach lui-même, nous pourrions bien mettre un terme à tous ses maléfices. »

La théorie était simple mais ambitieuse, elle en avait conscience mais des années de recherche l'avait menée à cette conclusion. Elle savait bien ce qu'en pensait ses proches. Trop de risque, pas assez de certitudes. Mais elle, en était persuadée.

Le rire de Freya qui se mêlait au sien lui mit du baume au coeur. Sans qu'elle s'en aperçoive, leur principal sujet de discorde du moment s'était réinvité dans la conversation, mais cette fois, résolument moins corrosif qu'il ne l'avait été jusque-là. Reconnaissante, Maeve acquiesça silencieusement. Elle n'avait pas espéré que sa fille puisse se tempérer si tôt bien qu'elle entendait et comprenait parfaitement le désir de ne pas être confrontée trop directement à cet autre changement.

« Je n'entends pas te l'imposer. », promit Maeve, « Repose toi ‘nau lygad i. Je te rapporterai mes notes tout à l'heure. Je crois que si je ne libère pas la place, ta grand-mère va passer ses nerfs le premier malheureux qui lui tombera sous la main. »

Alors, avec un dernier baiser sur le front, Maeve quitta la chambre.

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INFOS FICHE DE PERSO

DEC.23-FEV.24

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