C'est mon destin # Fearchach

Samedi 4 novembre

Nous étions déjà en novembre. Je m'étais laissée le temps avant de reprendre contact avec Fearchach, peut-être par peur. Sûrement d'ailleurs. La dernière, et seule d'ailleurs, fois que j'avais passé la bague à mon doigt, j'avais ressenti quelque chose d'étrange qui m'avait destabilisé. J'avais dû reprendre mes esprits, ce qui expliquait que ce n'était que maintenant que je me décidai à me rendre de nouveau dans l'allée des embrumes.

J'avais revêtu une cape à capuche que j'avais achetée pour l'occasion. Je ne voulais pas me faire remarquer et, même si mon coeur battait la chamade à l'idée de répondre positivement à l'invitation du mage noir, je voulais aller jusqu'au bout de mon plan. La discussion que j'avais eu un peu plus d'une semaine avant avec ma mère m'avait conforté dans ma décision, et je croisais les doigts pour qu'elle ne comprenne pas rapidement ce qui se tramait entre Fearchach et moi.

Puis il y avait Zion ... Je n'aurais pas misé là-dessus un mois plus tôt, mais le jeune homme comptait de plus en plus dans ma balance. Son sourire et sa malice étaient une lumière dans mes ténèbres, et, en pensant à lui, je me promettais d'être prudente et de ne pas me laisser avoir par la facilité ... La magie noire ...

J'avais fait une copie des notes de ma mère que j'avais embarquées à Poudlard, et que j'avais planquées sous mon oreiller. Je les avais attentivement parcourues et je pensais avoir compris la philosophie de ce mage. Arrivée dans l'allée des embrumes, je me cachais sur le côté d'une boutique spécialisée dans les potions, et je mis la bague de Fearchach. Fermant les yeux, je pris une profonde respiration. Qu'allait-il se passer ?

Codage par Libella sur Graphiorum

Samedi 4 novembre

Je m'attendais clairement à ce que le mage noir reprenne la même enveloppe corporelle qu'à notre première rencontre. Il devrait certainement se dire que cela me rassurerait ... Et il n'avait pas tort. J'étais pourtant très attentive car je n'étais pas certaine de ce que j'avançais. Ce pouvoir signifiait que n'importe qui pouvait être lui ... Et même si j'avais pu m'apercevoir qu'un corps possédé avait des caractéristiques particulières, je n'étais à l'abri de rien.

Lorsque j'aperçus l'apothicaire au loin, je ne baissai pas la tête, bien au contraire. Tête haute, pas assuré, je voulais montrer à Fearchach que j'étais certaine de moi. J'avais tellement réfléchi depuis le jour où j'avais passé la bague à mon doigt, me retrouvant submergée par toutes ces âmes, dont celle de mon père, que j'avais évidemment ressentie et reconnue. Mille et une idées étaient passées par mon esprit, sans compter le fait que j'avais fait des recherches plus approfondies, obtenant un accès à la réserve de la bibliothèque, auprès du professeur Miller que j'avais un peu manipulée en lui expliquant que je faisais des recherches sur les potions, mais que je ne trouvais rien à la bibliothèque.

Mon regard se plongea dans celui de l'apothicaire, tandis que celui l'habitant me demandait si j'étais prête. Fille de l'Ouest ... Il avait compris qu'il ne fallait plus me vexer en m'appelant fille de l'Ourse, comme cela l'avait amuser la fois dernière.

"Vous croyez sincèrement que je serais ici si je ne l'étais pas ?"

Ma voix était plutôt froide, et je passais devant lui pour entrer dans la boutique de l'apothicaire. Une fois qu'il fut à son tour entré, je me surpris moi-même à parvenir à rester aussi glaciale. Je refermai donc la porte, puis, j'enlevai mon capuchon en me tournant vers lui.

"On sait tous les deux que vous avez besoin de moi. J'ai une proposition à vous faire."

Je pris mon temps, caressant les étagères en bois sur lesquelles on pouvait voir des potions et des ingrédients ... Certaines devaient être extrêmement puissantes ... C'était un endroit fascinant.

"Libérez l'âme de mon père et je suis entièrement à vous. Je vous propose même de faire un serment inviolable."

J'avais retourné la situation dans tous les sens ... Et c'était la seule solution que j'avais trouvée, en lisant les notes de ma mère. Il était le seul à pouvoir le libérer ... Ou nous devions le tuer. Personne n'ayant réussi, il ne me restait qu'à faire en sorte qu'il le fasse de lui-même.

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Samedi 4 novembre

Evidemment que j'étais inquiète au fond de moi. Je savais très bien que je n'avais pas le niveau pour m'opposer à Fearchach, s'il décidait d'en finir avec moi. Alors bien sûr, j'avais bien compris que dans cette enveloppe, il n'était pas aussi puissant que par le passé. Et j'imaginais qu'il voulait retrouver une enveloppe corporelle et que, par conséquent, j'allais très certainement être un outil à cela. Mais je ne trouvais pas d'autres solutions à toute cette problématique, et je savais que jamais Maeve ni Luke n'auraient tenté cette approche.

Tandis que je lui proposais ce serment inviolable, je l'observais attentivement. Même s'il tentait d'être imperturbable face à ma proposition, je pus voir ce petit tic au coin de l'oeil. Qu'est-ce que cela signifiait ? Etait-il déboussolé par ce serment inviolable ? Ou alors était-ce la façon dont je semblais si sure de moi qui ne lui convenait pas. L'espace d'un instant, je me surpris à vouloir saisir ma baguette pour lui lancer un sort. Mais mes chances de réussite étaient bien trop minces.

Les paroles qu'il prononça alors me glacèrent le sang et je reconnus l'endroit que j'avais vu lorsque j'avais mis la bague à mon doigt. Je ne devais pas craquer, même si je ressentais la présence de mon père. Je restais stoïque, même si dans cette rigidité, on voyait bien que j'étais décontenancée.

"Comment puis-je être certaine que vous n'allez pas briser son âme, même si je vous suis ? J'ignorais qu'il était possible de rompre un serment inviolable ... Cela vous montre le travail que vous aurez à faire si vous voulez que je sois votre apprentie."

Je devais absolument céder ... C'était la seule opportunité que j'avais et si je la loupais, j'allais m'en vouloir durant toute ma vie. Je savais, par les paroles de ma mère, que quelqu'un avait l'intention de mettre fin à la vie de mon père.

"Cessez de m'appeler ainsi."

Décidément, moi qui avais cru qu'il avait compris que ce surnom m'agaçait ...

"Vous me donnez aujourd'hui ma première leçon. Si celle-ci me convainc, j'accepte."

Je ne lâchais pas ... Pourquoi ressentais-je le besoin de repousser l'acceptation ? Juste pour lui montrer que j'avais du caractère et que je n'étais pas aussi faible qu'il le pensait. Mais ne jouais-je pas avec le feu ?

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Samedi 4 novembre

J'essayais de garder mon calme, et ma respiration calmait les battements de mon coeur qui démontraient un stress certain. J'avais appris ces techniques de méditation en lisant de nombreux livres sur le sujet, et cela m'avait toujours permis de gérer des situations dans lesquelles je ne me sentais pas à l'aise : comme aujourd'hui. Même si j'étais venue de moi-même vers le mage noir, je n'en étais pas pour autant très sereine.

"Ca nous fait un point commun. Le travail ne me fait pas peur."

Je fus surprise par son calme. Ce qui était étrange, c'est que, même si l'apothicaire Finan n'avait pas le plus grand des charismes, Fearchach parvenait à en dégager à travers lui. Mon coeur se calma d'ailleurs doucement en écoutant sa voix posée et assurée. Alors que je me pensais en danger, j'en fus presque à l'oublier et à me sentir grisée par la situation. Pourtant, dans mon esprit, je gardais mon plan en tête. Mais pour combien de temps ?

J'esquissai une grimace agacée face à sa réflexion. Il voulait que je lui démontre que je n'étais pas attachée à mon père, et ce n'était pas possible. Je faisais tout cela pour lui ...

"Vous semblez ne pas comprendre : cessez de réduire mon père à une apparence d'ours ... Surtout que ce n'est plus le cas. Vous prenez du plaisir à me faire souffrir, si c'est ainsi que vous voyez notre future relation, j'ai du mal à croire qu'elle pourra évoluer."

J'avais dit cela sans trembler, et lorsqu'il me dit de le suivre, je le fis sans même une quelconque hésitation. J'observais, un instant, l'escalier qui se trouvait devant nous. Ce dernier semblait infini, mais cela ne me fit pas peur. J'avais conscience que la magie pouvait offrir ce genre d'illusion. Tandis que je grimpais les marches, je dus me concentrer sur mes pas pour ne pas me retrouver figer par l'ambiance.

Les yeux écarquillés, je fixais avec fascination le tourbillon de magie qui transperçait la tour, se perdant dans les cieux nocturnes. La lueur verdâtre émanant de cette colonne mystique jetait des reflets vacillants sur nos silhouettes, créant une atmosphère à la fois envoûtante et effrayante.

Fearchach s'approcha du flux magique, semblant défier le précipice sans la moindre crainte. Je le regardais, intriguée, alors qu'il tendait la main vers la colonne lumineuse. Une vibration intense parcourut l'air, et soudain, une forme commença à se dessiner dans le flux magique. Un jeune homme émergea, son visage exprimant une terreur palpable, avant d'être libéré par le mage noir et de se fondre à nouveau dans l'énergie tourbillonnante.

Les paroles de Fearchach résonnèrent dans mon esprit alors qu'il posait sa main sur mon épaule, une sensation rassurante malgré l'intensité de la scène qui se déroulait devant nous. Je sentis un frisson me parcourir l'échine, à la fois excité et nerveux à l'idée de plonger dans cet univers magique encore inconnu pour moi.

Je suivis ses instructions à contrecoeur, mes paupières se fermant lentement alors que je m'enfonçais dans un état de méditation forcée. Des images obscures et cauchemardesques commencèrent à se former dans mon esprit, des visions de ténèbres et de destruction qui menaçaient de me submerger. J'étais inquiète, mais pourtant, je ne rouvris pas les yeux, sentant la présence du mage noir à mes côtés. C'était le moment de voir si j'allais pouvoir suivre son enseignement, et si lui-même serait à la hauteur de la tâche qu'il s'était donné.

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Samedi 4 novembre

Je reste silencieuse, observant attentivement la scène qui se déroule sous mes yeux, mon cœur battant la chamade dans ma poitrine. Le sourire énigmatique de Fearchach me met mal à l'aise, mais je garde mon sang-froid, consciente que je dois rester concentrée pour ce qui va suivre.

Je le suis docilement jusqu'au cœur de la tour des âmes, ressentant une vague d'appréhension monter en moi. L'idée d'attirer une âme à moi semble à la fois excitante et effrayante, mais je me force à rester calme, me rappelant que je suis parfaitement capable de relever ce défi.

La main de Fearchach sur mon épaule me procure un sentiment de réconfort, mais je sens aussi son pouvoir magique qui m'entoure, me guidant et me protégeant dans cette entreprise risquée. Je me concentre, laissant mon esprit s'ouvrir à la magie qui nous entoure, prête à accueillir l'âme qui viendra à moi.

Soudain, quelque chose effleure nos sens, une présence fugace qui semble lutter pour se manifester. Je sens l'urgence dans l'air, la tension monte alors que j'attends, retenant mon souffle.

Et puis, ça arrive. Une voix, lointaine mais distincte, résonne dans la tour, rugissant avec une intensité désespérée. Mon cœur se serre à l'écoute de cette détresse, mais avant que je puisse réagir, la main puissante de mon père s'abat sur celle de Fearchach, brisant son emprise sur moi.

Le regard glaçant de Fearchach me défie alors que nous attendons tous les deux l'apparition imminente. Je sens une boule d'angoisse se former dans ma gorge alors que je me prépare à affronter ce qui se cache derrière ce voile de magie sombre. Mais je le sais, c'est lui ... Je le ressens au plus profond de moi et je ne veux pas faire marche arrière.

L'atmosphère autour de nous semble se figer alors que je me sens prête à affronter ce qui se profile à l'horizon. Je sens mon cœur battre de plus en plus fort, un mélange d'appréhension et de détermination bouillonnant en moi.

Soudain, une lueur vacillante émerge de la tour des âmes, prenant peu à peu forme et substance. Mes yeux s'écarquillent d'incrédulité en reconnaissant la silhouette familière qui se matérialise lentement devant moi. C'est mon père, Eochaid Korrigan, dont l'âme semble piégée dans cet état d'existence intermédiaire.

Un mélange d'émotions me submerge alors que je le vois là, devant moi, à la fois présent et absent. La tristesse m'envahit en réalisant à quel point il a souffert, emprisonné dans cette dimension entre la vie et la mort. Mais en même temps, une lueur d'espoir brille dans mes yeux alors que je me rends compte que je pourrais enfin lui parler, lui exprimer tout ce que j'ai gardé en moi depuis son départ.

Je sens la main de mon père se poser doucement sur mon épaule, me transmettant un sentiment de réconfort et de soutien. Malgré tout ce qui s'est passé, je sens un lien indéfectible entre nous, une connexion qui transcende les limites de la mort.

Je rassemble mon courage et rencontre le regard de mon père avec détermination. Peu importe les dangers qui nous entourent, je suis prête à affronter l'obscurité pour sauver mon père, même s'il faut pour cela défier le mage noir qui se tient à mes côtés.

"Je suis là, père," pensai-je, sentant mes pensées vibrer dans l'air chargé de magie. "Je vais te sortir de là, je te le promets."

Il ne faut pas que Fearchach m'entende ... Mais ce qu'il vient de faire me montre que c'est ainsi que je vais parvenir à libérer mon père. Est-ce que Maeve ou Luke ont seulement réussi à le voir tel que je le vois ? Non ... J'imprime le visage de mon père dans mon esprit, je sais que Fearchach coupera bientôt ce lien ...

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