L'amour le plus discret laisse par quelque marque échapper son secret. Ft Eynaelle

Jaloux n’était pas forcément le bon terme à ses yeux. Déprimé, abattu ou même accablé lui semblait déjà plus approprié. Mais ça, il l’était déjà dans une moindre mesure depuis qu’il avait reçu la dernière lettre d’Artémisia. Sa tête de chien battu en disait bien assez long pour qu’il ne se donne la peine de répondre à la jeune poufsouffle. Jouer sur les mots et les demi-vérités avaient des limites qu’Antor William d’Avalon refusait de voir empiéter sur ses principes. Son amie avait raison et ce serait mentir que d’affirmer le contraire.

Na-Naelle !

N’ayant plus de carnet pour écrire ce qu’il souhaitait dire, il se sentit encore plus démunis qu’avant et forcer de prendre la parole à contrecœur. C’était d’ordinaire un exercice qu’il ne réservait qu’à sa famille proche et plus spécifiquement sa sœur.

F_fait_tes p_pas ce_çela.

Il regrettait d’avoir fait confiance à Eynaelle. Il se sentait trahi par une des seules personnes qui ne s’était jamais ouvertement moquée de lui, une des seules personnes qu’il considérait comme une véritable amie. La trahison n’en était que plus dur à digérer d’autant plus que son air déterminé la rendait encore plus sérieuse.

V_vous n_n’av_vez p_pas l_le d_droit !

Pensant la suite de son parcours scolaire déjà condamné, manquant de confiance en lui, il savait qu’il aurait trop honte pour rester à Poudlard jusqu’à la fin de l’année si Artémisia venait à apprendre par un autre que lui qu’il était l’auteur des lettres.

Yu_yul !

Ça ne lui convenait pas vraiment, ça ne changeait rien à la situation précédente, mais ça pouvait peut-être lui faire gagner un peu de temps avant de réellement se dévoiler. Il ne pouvait qu’espérer que ça suffise à son amie pour qu’elle lui rende son carnet.

J_j’a_ac_cc_cep_pte s_son rend_dez v_vous .

Il montra une fois de plus la dernière lettre qu’il avait reçue pour que la poufsouffle comprenne ou il voulait en venir. N’ayant pas d’autre choix, n’ayant aucun autre support à sa disposition, il retourna la lettre pour écrire à la va-vite quelques lignes et lui montrer.




Ce_cela v_vous con_convient ?

Eyna ne peut pas s’empêcher de pouffer de rire face à la réaction sur exagérée d’Antor

“C’est marrant, tu sais que Nanaelle c’était le surnom que m’a cousine(@Lheina Sanderson) m’a donné quand j’avais genre 4 ans ?”

Elle lève la main très haut et garde le carnet derrière tout en reculant. La réaction d’Antor était définitivement beaucoup plus explosive que ce qu’elle attendait, elle savait que quelqu’un d’aussi discret que lui n’apprécierait pas une telle menace. Pour quelqu’un d’aussi flamboyant qu’Eyna, une petite apparition dans une page d’un journal d’école, c’est vraiment pas la fin du monde. Elle lève les yeux au ciel.

“Je comprends pas pourquoi tout le monde s’inquiète autant à l’idée de sortir dans le journal de Chelsea. Les gars c’est pas la gazette du sorcier, c’est écrit par une petite Serpentard de première année. Dans une semaine ou deux tout le monde aura oublié.”

Elle voit bien la déception dans le regard d’Antor, mais elle trouve juste ça un peu exagéré. Elle n’avait même pas vraiment l’intention de mettre ses menaces à exécution. Elle aura juste dit à Misia que le mec qui avait écrit les lettres n’en valait pas le coup.

“J’ai fais une promesse à Misia, croit moi que j’ai bien l’intention de la tenir.”

Peut être qu’il comprendra mieux sa réaction maintenant. Eyna lit rapidement le message qu’Antor a écrit sur le coup. Elle est plutôt impressionnée de sa vitesse, Si Eyna avait essayé de sortir un truc comme ça, ça lui aurait prit plusieurs heures. Mais elle fronce quand même les sourcils.

“Tu aurais pu mettre ton nom quand même.”

Elle fixe du regards Antor pendant un moment sans rien dire, mais dès qu’elle voit sa tête elle finit par soupirer.

“Bon j’imagine que j'obtiendrais pas mieux que ça.” Dès qu’Antor enverra la note, Eyna lui rendera le carnet. “Mais bon, si tu viens pas après un message comme ça tu peux être sûr que Misia va pleurer et se sentir rejeter. Donc si tu fais ça, tu peux être sûr que je ne vais pas te pardonner.”

Elle n’a plus vraiment le temps de noter dans le carnet, mais elle tend la plume pour qu’Antor puisse lui répondre sur son carnet si il le souhaite.

Même si Antor aurait facilement pu avoir le dessus sur Eynaelle lors d’une confrontation physique, la jeune femme l’aurait envoyé au tapis d’un simple coup de baguette. Ce n’était de toute façon pas sa manière de procéder. Jamais il n’aurait pu confronter une demoiselle bien qu’elle menaçait sa fierté personnelle. Aussi, il ne fit pas un geste pour essayer de lui reprendre son carnet de mains préférant la diplomatie à la force brute.

Le jeune d’Avalon se renfrogna. Que ce soit volontaire ou pas, celle qu’il avait toujours considérée comme une amie proche le comparait à un enfant de quatre ans. Il détestait qu’on lui fasse des remarques sur son handicap et comme si ce n’était pas suffisant, il avait l’impression qu’elle le rabaissait et se gaussait ouvertement de lui. Elle lui faisait preuve d’ irrévérence, l’humiliait et insultait même son honneur. S’il respectait le fait de tenir une promesse, il méprisait tout autant la trahison.

Malgré ses mâchoires serrées et un regard noir, Will se refusait de laisser paraître plus qu’une colère compréhensible. Il se retourna pour ouvrir la fenêtre autant que pour cacher la multitude de sentiment qu’il éprouvait à l’égard d’Eynaelle après ce qu’elle lui avait lâchement fait et les bassesses qu’elle lui lâchait pour couronner le tout.

Après de brèves inspirations pour se calmer, il sortit un sifflet qui n’émit aucun son, mais qui avait pour but d’appeler Owly sa petite chouette épervière. C’était une poids plume, bien plus petite que la plupart des volatiles qu’affectaient d’ordinaire les sorciers. Une fois fait, il s’en retourna auprès de félonne pour attraper le carnet d’un geste sec.

Tenir votre promesse vous honore Mademoiselle Sanderson, mais oseriez vous offensez mon honneur ? Depuis le temps qu’on se connaît, n’avez vous jamais réaliser que je n’ai qu’une parole ?

Le jeune homme rendit le carnet devenu inutile pour attraper un parchemin vierge et recopier le poème pour Artémisia. Une fois roulé et attaché à la pâte de son volatile, il lança ce dernier dans les airs.

R_re_ren_d_dez l_le m_moi !

C’en était fini des « naelle » à l’oral et des mademoiselle Eynaelle à l’écrit, il avait l’impression d’avoir payé très cher la confiance qu’il lui avait accordé.

Eyna avait presque l’impression de voir des éclaires dans le regard d’Antor, c’est la première fois que le garçon lui tenait tête comme ça ça avait le mérite de surprendre. Comme quoi il faudra probablement qu’elle le provoque plus souvent. Elle sourit avant de dire

“Que veux-tu; Les sorciers sont pas toujours les meilleurs pour tenir leurs promesses.”

Elle hausse les yeux et au ciel et finit par rendre le cahier au garçon

“Azy boude pas, c’est pour ton bien. Et puis c’était frustrant de voir Misia s’inquiéter pour ça. Tu me remercieras quand tu connaîtras mieux Misia.”

Elle tourne le dos au garçon et lui fait un signe de la main tout en s’éloignant

“Aller bon courage Antor. Oublie pas que tu peux corrompre Misia avec du chocolat si besoin.”

Après ça, elle s’éloigne sans rien ajouter.